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Université Saint Thomas d’Aquin (USTA)

Faculté des Sciences Juridiques et Politiques


Année Universitaire : 2009-2010

INSTITUTIONS INTERNATIONALES
(II)

Cours annuel
Polycopié

Enseignant : Pr. Benoît KAMBOU


Professeur titulaire

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INSTITUTIONS INTERNATIONALES
(Cours 2009-2010, Pr. Benoît KAMBOU, Professeur titulaire)

Bibliographie

I. Ouvrages généraux :

Nguyen Quoc Dinh, Alain Pellet et Patrick Daillier, Droit international public,

librairie générale de Droit

Simone Dresfus, Droit des relations internationales , Cujas Paris

II. Ouvrages spécialisés :

Bettati Mario, Le Droit des Organisations Internationales , PUF collection « Que

sais-je ? »

Claude Albert Colliard, Institutions des Relations Internationales , Dalloz 9ème

édition 1990

Claude Albert Colliard et Louis Dubois, Institutions et Relations

Internationales, Dalloz 1995

Jean Combacau et Reuter Claude, Institutions Internationales, PUF 9ème édition

1980

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Dormoy Daniel, Droit des organisations Internationales, Dalloz 1

Fontanel Jacques, Les Organisations Economiques Internationales, Masson 1981

Glélé Hahanhanzo et Maurice, Introduction à l’Organisation Africaine et aux

organisations régionales africaines, Librairie générale de Droit et de

jurisprudence (LGDJ)

Edmond Jouve, L’Organisation de l’Union Africaine, PUF 1984

Raymond Ranjeva, La succession d’Organisations Internationales en Afrique , A.

Pedole 1978

Raymond Ranjeva, Encyclopédie juridique de l’Afrique , 1982 (Titre 3 : Le Droit

relationnel, Chap. 8 : Les Organisations Internationales)

Société française pour le Droit International (SFDI), Colloque de Strasbourg,

Les Organisations contemporaines, A. Pedole 1988

Francis Vangah Wodié, Les Institutions Internationales et Régionales en

Afrique Occidentale et Centrale, LGDJ, 1970

Jean-Pierre Cot et Alain Pellet, La charte des Nations Unies, Economia Bruylant

Charles Zorgbibe, Les Organisations Internationales, PUF 1986

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Introduction
Les principaux acteurs des Relations Internationales sont les Etats qui
opèrent généralement entre eux par la conclusion de divers traités et accords
internationaux. Si l’Etat est le sujet originaire du droit international les
organisations internationales (OI) en sont les sujets dérivés. Elles ne sont pas
des entités souveraines comme les Etats. Elles n’ont ni territoire, ni population,
et pour exercer leurs compétences, elles concluent des accords de siège avec les
Etats hôtes. Elles sont différentes des conférences internationales par leur
caractère permanent et par le fait qu’elles accomplissent une mission de service
public international.
L’époque contemporaine est marquée par la floraison d’institutions
internationales dont il convient d’examiner la genèse.
Les organisations internationales (OI) sont constituées par les
Organisations Non Gouvernementales (ONG) et les Organisations
Intergouvernementales (OIG).
Les OIG sont relativement ressentes. Toutefois leurs origines sont
anciennes. On peut en effet voir dans les amphictyonies (associations de Cités ou
de Peuples) et les ligues de Grèce Antique. Mais les organisations internationales
(OI) au sens moderne du terme ont commencé à se développer avec la naissance
de l’Etat moderne. L’institutionnalisation de la société internationale (ou
communauté internationale) s’est alors manifestée par les tentatives de
dépassement de l’inter étatisme dicté par les solidarités qui sont surtout
marquées au plan régional. Ces solidarités les ont conduits à s’associer et à
coopérer étroitement dans le cadre d’institutions internationales nouvelles qu’ils
ont créées pour atteindre des objectifs et réaliser des buts communs.
Ces institutions sont les organisations internationales. Elles sont apparues
ème
au 19 siècle dans des communications sous la forme de commissions fluviales
internationales (la Commission Centrale du Rhin prévue par l’acte final du Congrès
de Vienne de 1815 et créée par la Convention de Mayenne de 1831 et la
Commission Européenne du Danube établie par le Traité de Paris de 1856). Elles
sont également apparues sous la forme d’Union Administrative et Technique
Internationale qui étaient au nombre de 14 parmi lesquelles l’Union Télégraphique
Internationale créée en 1865, l’Union Radio Télégraphique Internationale ou
Télégraphie Sans Fil créée en 1906. Ces deux Unions fusionnèrent en 1932 pour
former l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), institution
spécialisée de l’ONU.
A la même époque, d’autres institutions virent le jour. Il en est ainsi de
l’Union Générale des Postes créée en 1874 et transformée en 1878 en Union
Postale Universelle (UPU) et doyenne des organisations internationales ; l’Union
pour la Protection de la Propriété Industrielle apparue en 1883 et l’Union pour la

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Protection des Œuvres Littéraires et Artistiques fondée en 1886. Ces deux
Unions forment l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI)
depuis la Convention de 1967 devenue institution spécialisée de l’ONU en 1974.
Après la 1ère Guerre Mondiale (1ère GM), il fut créé la Société des Nations
(SDN) conformément au 14ème point du fameux message du président américain
Wilson du 8 janvier 1919. Le pacte de la SDN fut annexé au Traité de paix de
Versailles le 28 avril 1919. Mais la Société des Nations fut un échec en raison de
la non participation des Etats-Unis d’Amérique et de l’URSS. Depuis 1945, date
de la naissance de l’Organisation des Nations Unies (ONU), les gouvernements
vainqueurs de la guerre ont pris conscience de l’interdépendance des problèmes
économiques, techniques et du maintien de la paix. L’ONU compte aujourd’hui 192
Etats membres et 16 Institutions spécialisées. D’autres Organisations
Internationales, sans être qualifiées d’institutions spécialisées, font parties du
système des Nations Unies. Il s’agit de l’AIEA (Agence Internationale de
l’Energie Atomique) créée en 1970, l’Autorité Internationale des Fonds Marins
(AIFM) qui a conclut en 1997 un accord avec l’ONU, la Cour Pénale Internationale
(CPI), l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) créée en 1994 à Marrakech.
Les solidarités régionales sont marquées par l’Union Européenne (UE),
l’Organisation de Coopération pour le Développement Economique (OCDE),
l’Association de Libre Echange Nord Américain (ALENA) et l’Union Africaine
(UA). La Guerre Froide et la décolonisation vont conduire à la démocratisation
des structures institutionnelles et favorisée la naissance d’autres organisations
régionales.
Le 20ème siècle verra se développer des Organisations Internationales plus
nombreuses et plus diversifiées.
Depuis 1945, on en dénombre plus de 350. Mais les ONG sont de loin les
plus nombreuses. On en dénombre plus de 5000. Elles sont créées non par des
Etats, mais par des individus, c'est à dire des personnes privées qui partagent un
intérêt commun ou une profession commune. Ces ONG sont constituées selon les
lois des pays déterminés. La plupart de ces organisations ont une tâche
spécifique.
Exemple : en matière scientifique on a l’International Law (loi en anglais),
l’Institution de Droit International ; en matière de droits humains on a l’Amnistie
Internationale qui défend les prisonniers politiques ou d’opinions, la Human
Rights Watch, l’Association Internationale des Juges Démocrates (AIJD), la
Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), l’Union Internationale
des Droits de l’Homme (UIDH) ; en matière environnementale on a Greenpeace et
l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) ; en matière
humanitaire on a Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde et le Comité
Internationale de la Croix Rouge (CICR).

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D’autres ONG coopèrent dans des domaines très vastes comme la Chambre
de Commerce Internationale (CCI) et l’Union Internationale Parlementaire (UIP).
D’autres encore accomplissent des fonctions gouvernementales importantes,
c’est le cas de l’Organisation Internationale de Police Criminelle communément
appelée Inter Pol créée en 1923 et dont le siège est à Paris, et le Comité
Internationale de la Croix Rouge (CICR).
On a également des regroupements internationaux de syndicats comme la
Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL) ou la Fédération
Syndicale Mondiale (FSM).
On assiste à une irruption d’Organisations non gouvernementales ou de la
société civile dans les relations internationales. A titre d’illustration, on peut
souligner leur activisme en Droit International de l’environnement, en droit
humanitaire surtout lors de l’adoption de la convention de 1997 sur les mines
antipersonnelles et des avis consultatifs de la Cour Internationale de Justice sur
la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires et enfin dans les
négociations sur le statut de Rome sur la Cour Pénale Internationale.
Les Organisations non gouvernementales interviennent dans les
négociations internationales dont les Etats ont le monopole de la conduite alors
qu’elles sont sans légitimité. Elle participe ainsi à la vie de la société
internationale et à la formulation de ses normes. Il n’y a pas de définition
généralement admise d’une Organisation non gouvernementale. Cependant, selon
la Résolution du e du 27 février 1950 : « Toute Organisation Internationale qui
ne sera pas créée par voie d’accords intergouvernementaux sera considérées
comme une organisation non gouvernementale internationale ». Les Organisations
non gouvernementales ne poursuivent pas de buts lucratifs mais elles possèdent
la personnalité morale. Elles ont des liens avec les Organisations
Intergouvernementales. Leurs rapports avec l’ONU sont prévus par la Charte
dont l’article 7 indique : « le e peut prendre toutes les dispositions utiles pour
consulter les Organisations non gouvernementales qui s’occupent des questions
relevant de sa compétence ». De nombreuses Organisations non
gouvernementales ont un statut consultatif auprès de l’ONU ou d’une institution
spécialisée. Il en va ainsi de la Fédération Mondiale des villes jumelées, mais
seules les Organisations Intergouvernementales possèdent la qualité de sujet
dérivé du Droit International.
Les Organisations Intergouvernementales sont différentes de simples
Conférences internationales par leur permanence et parce qu’elles accomplissent
une mission de service public international. Ce ne sont pas des entités
souveraines. Elles n’ont ni territoire ni population. Un accord de siège conclu avec
l’Etat hôte leur permet d’exercer leurs compétences dans un cadre spécial qui
n’est pas une enclave bénéficiant de l’extraterritorialité. Elles peuvent conclure
des traités (article 6 de la Convention de Vienne de 1986) et l’expression de leur

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consentement à être lié s’appelle l’acte de confirmation formelle. Alors que
l’action des Organisations non gouvernementales est la manifestation de la
diplomatie transnationale, celle des Organisations Intergouvernementales est la
manifestation de diplomatie multilatérale. Le Droit International contemporain
est fortement marqué par l’apport normatif des organisations universelles et
régionales. A preuve, l’internationalisation croissante des problèmes a conduit à
l’extension de la compétence de l’ONU à des matières qui relevaient autre fois
du Droit International. C’est le cas des activités économiques et sociales et les
Droits de l’Homme.
Pour bien comprendre l’organisation et le fonctionnement des
Organisations Internationales, nous étudieront d’abord la théorie générale des
Organisations Internationales avant d’étudier telle ou telle Organisation
Internationale à travers la pratique de ces organisations.

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Titre 1 : La théorie générale des Organisations
Internationales
Les Organisations Internationales sont des associations d’Etats souverains
poursuivant un but d’intérêt commun aux moyens d’organes qui leur sont propres.
Elles disposent d’une organisation propre et des structures spécifiques
distinctes de celles des Etats. Elles fonctionnent selon des règles particulières
et disposent de compétences d’attribution.

Chapitre 1 : L’Organisation Internationale : sujet de


Droit International
Toute Organisation Internationale est dotée dès sa naissance de la
personnalité juridique internationale. Cette personnalité juridique est
généralement reconnue dans son acte constitutif de manière expresse, ce qui lui
permet d’agir au plan international et au plan interne conformément à son statut.
Toutefois, toutes les Organisations Internationales n’ont pas les mêmes
capacités d’action, à cet égard, il existe plusieurs catégories d’organisations
internationales qu’il convient de classifier suivant des critères précis.

Section 1 : Définition de l’Organisation Internationale


La CDI (Commission de Droit International) définit l’Organisation
Internationale comme : « une association d’Etats dotée d’une constitution et
d’organes communs et possédant une personnalité juridique distincte de celle des
Etats membres ». Cette définition doctrinale est satisfaisante car elle met en
relief deux aspects fondamentaux d’une Organisation Intergouvernementale, il
s’agit d’abord de son fondement conventionnel et ensuite de sa nature
institutionnelle, mais cette définition n’a pas été retenue par la Convention de
Vienne de 1969 sur le Droit de traiter entre Etats pour qui l’Organisation
Internationale s’entend d’une Organisation Internationale gouvernementale, car
ce sont les Etats qui créent les Organisations Internationales. Cette définition a
été reprise par la Convention de Vienne du 23 mars 1986 sur le droit de traiter
entre Etats et Organisations Internationales ou entre Organisations
Internationales.

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Paragraphe 1 : L’acte constitutif de l’Organisation Internationale  : Acte
fondateur
L’Organisation Internationale est créée par un traité multilatéral qui peut
avoir des dénominations variées : charte (charte des Nations Unies), pacte,
constitution, accord, statut, convention, protocole, modus vivendi, mémorandum
d’accord, échange de lettres, code de conduite,…. En principe, c’est un traité en
forme solennelle qui la crée, c'est-à-dire un accord qui doit faire l’objet de
ratification. Mais le GATT (Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le
Commerce) a été créé par un accord en forme simplifiée (c’est un accord qui
entre en vigueur après signature, tel l’Exécutive Agreement aux Etats-Unis
d’Amérique) différent de l’accord en forme solennelle (c’est un accord qui entre
en vigueur après ratification).
Ce qui distingue une Organisation non gouvernementale d’une Organisation
Intergouvernementale (OIG), c’est l’absence de traité constitutif pour la
création d’une Organisation non gouvernementale (ONG). Le Traité constitutif
d’une Organisation Intergouvernementale (OIG) doit comprendre au minimum des
dispositions relatives aux buts, aux structures et aux compétences de
l’organisation. Il doit également préciser le siège de l’organisation.
L’Organisation Internationale est donc une institution permanente créée
par voie de Traité entre plusieurs Etats pour gérer leurs coopérations dans un
domaine déterminé. Elle est dotée d’organes propres chargés de mener une
action autonome. Elle fonctionne selon le Droit International, et n’est rattachée
à l’ordre juridique d’aucun Etat particulier. Elle est détachée des Etats membres
comme une Société peut l’être de ses actionnaires. C’est un sujet dérivé du Droit
International.

Paragraphe 2 : Le statut juridique de l’Organisation Internationale


L’Organisation Internationale ne dispose pas d’un territoire. Pour
fonctionner aisément et avec une suffisante indépendance, elle doit disposer
d’une capacité juridique sur le territoire des Etats sur lesquels elle opère et
notamment sur celui de l’Etat de siège.
Ainsi, l’article 104 de la Charte de l’ONU dispose que « l’Organisation jouit
sur le territoire de chacun de ses membres de la capacité juridique qui lui est
nécessaire pour exercer ses fonctions et atteindre ses buts ». Il résulte de
cette disposition que les Etats membres sont tenus de faire en sorte que leurs
droits internes permettent à cette Organisation de jouir de cette personnalité.
En général, les actes constitutifs sont muets quant à la personnalité juridique
internationale de l’organisation qu’ils créent. Cette question est souvent réglée
par les accords de siège. Cependant, la Convention de Montégo Bay (Jamaïque) du
10 décembre 1982 sur le nouveau Droit de la Mer, précise que l’Autorité
Internationale des Fonds Marins (AIFM) possèdent la personnalité juridique qui

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lui est nécessaire pour assurer ses fonctions et atteindre ses buts (article 176
de la Convention).
Etant titulaire de Droit et d’obligation, l’Organisation Internationale a-t-
elle le Droit de présenter les réclamations internationales ? De conclure des
Traités et d’établir des relations diplomatiques ?

Parenthèse : différence entre Etat accréditant et Etat accréditaire


Etat accréditant c’est celui qui envoie son représentant dans un autre Etat ; Etat
accréditaire c’est celui qui reçoit un représentant d’un autre Etat.

Dans son avis consultatif rendu le 11 avril 1949 dans l’affaire des
réparations des dommages subis aux services des Nations Unies, la CIJ (Cour
Internationale de Justice) a reconnu que l’ONU a ce Droit parce qu’elle possède
la personnalité juridique internationale, laquelle personnalité est opposable aux
Etats membres et ceux non membres de l’organisation. Cette personnalité revêt
un caractère objectif (elle est erga omnes). Cette solution dégagée par la Cour,
en ce qui concerne les Nations Unies, a été étendue et appliquée à toutes les
Organisations Internationales.
Pour la capacité de conclure des traités, l’Organisation Internationale a
également ce pouvoir, ce qui lui permet de participer à la vie internationale.
Ainsi, elle peut conclure des accords soit avec des Etats membres, soit avec des
Etats non membres, soit avec des Organisations Internationales.
Exemple : les accords sur le statut du siège et sur les privilèges et
immunités fonctionnels.

Parenthèse : dans le Droit des immunités, on distingue l’immunité de juridiction


et celle d’exécution.

Du reste, la Convention de Vienne sur le Droit des traités entre Etats et


Organisations Internationales ou entre Organisations Internationales du 21 mars
1986, réglemente les accords que les Organisations Internationales sont amenés
à conclure. Cette Convention est semblable à celle de Vienne de 1969 sur le Droit
des traités entre Etats.
Quant au Droit d’établir des Relations diplomatiques, beaucoup d’Etats
membres et non membres d’Organisations Internationales ont accrédité des
missions permanentes auprès des Organisations Internationales. Plusieurs Etats
africains et latino-américains ont ainsi accrédité un ambassadeur auprès de
l’Union Européenne à Bruxelles. C’est un représentant permanent. Le statut de
ces missions permanentes est semblable à celui des missions diplomatiques. Elles
sont accréditées auprès du secrétariat de l’organisation et de l’Etat hôte qui est

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en principe obligé, au titre de l’accord de siège d’accorder à ces missions
permanentes des privilèges et immunités.
A leur tour, les Organisations Internationales peuvent dépêcher des
représentants auprès des Etats et d’autres Organisations Internationales.
Beaucoup d’Organisations Internationales ont une représentation permanente
auprès des Nations Unies. La représentation des Etats auprès des Organisations
Internationales a un caractère universel et est régie par la Convention de Vienne
du 14 mars 1975, convention non encore en vigueur. Des Organisations
Internationales envoient des représentants auprès d’autres Organisations
Internationales pour suivre les travaux de ces organisations et éventuellement
coordonner leurs programmes.
Exemple : Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement)
accrédite des représentants résidant auprès des gouvernements des pays en
développement.
Enfin, le Droit de reconnaître de nouveaux sujets de Droit International
est une prérogative des Etats. Les Organisations Internationales n’ont que le
pouvoir d’admettre ces nouveaux sujets comme membres, mais l’admission ne
signifie pas que les Etats membres de l’organisation se reconnaissent
mutuellement.

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Section 2 : La typologie des Organisations Internationales
A cet égard, il existe plusieurs classifications. Les Organisations
Internationales sont créées conformément à des critères divers qui peuvent
être classés en plusieurs catégories. Ainsi, selon leur portée géographique on
distingue des organisations à vocation universelles et des organisations à
vocation régionales ; selon leur domaine d’activité on distingue les organisations à
vocation générale et les organisations à vocation spécialisée ; selon les pouvoirs
qui leur sont reconnus on distingue les organisations de simple coopération ou
organisations interétatiques et les organisations d’intégration ou supranationales.

Paragraphe 1 : Les organisations à vocation universelle et les


organisations à vocation régionale
Les organisations à vocation universelle sont celles qui sont ouvertes à
tous les Etats sans exclusive. Elles recherchent une universalisation au niveau de
la participation et les règles qu’elles édictent sont en principe destinées à tous
les Etats du monde entier. Elles sont généralement fondées par des traités
ouverts et cherchent à agrandir le nombre de leurs membres.
Parmi ces organisations on peut citer la SDN (Société des Nations) et
l’ONU. On peut également mentionner les institutions spécialisées des Nations
Unies, comme la FAO, l’OMS, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
Internationale (FMI).
Les organisations à vocation universelle se caractérisent en règle générale
par leur hétérogénéité. Et du fait de cette hétérogénéité et de leur diversité,
elles embrassent les domaines les plus variés comme les relations politiques,
économiques, culturelles ou militaires.
En revanche, les organisations à vocation régionale sont ouvertes à un
nombre limité d’Etats. En règle générale, ces Etats sont liés par une solidarité
géographique ou politique. Il peut s’agir d’organisations regroupant des Etats
appartenant à une région déterminée. Il en va ainsi de l’organisation des Etats
Américains (OEA), de l’Union Africaine (UA), du Conseil de l’Europe (CE) ou
Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).
Il peut s’agir également des organisations regroupant des Etats
appartenant à une même sous région telles le Benelux (Union douanière formée
en 1944, effective en 1948, entre la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas),
l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africain), l’UE (Union
Européenne), la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de
l’Ouest).
Ces organisations fondées généralement sur des traités fermés se
caractérisent le plus souvent par leur homogénéité, du fait de la solidarité
géographique et politique qui existe entre leurs Etats membres.

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Paragraphe 2 : Les Organisations Internationales à vocation générale et
les Organisations Internationales à vocation spécialisée
Il s’agit là d’une classification des Organisations Internationales selon leur
domaine d’activité. A cet égard, les Organisations Internationales sont en
principe spécialisées et travaillent étroitement dans un domaine déterminé.
Elles sont unifonctionnelles et peuvent intervenir par exemple dans le
domaine économique, culturel, militaire ou de la santé (le Fonds Monétaire
International, la Banque Mondiale, l’Organisation Mondiale du Commerce). Elles
apparaissent comme des Organisations Internationales spécialisées dans le
domaine économique tout comme l’Union Européenne, la Communauté Economique
Africaine (CEA), La CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de
l’Ouest) et l’UEMOA (l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain).
Par contre, l’OTAN est une organisation spécialisée dans le domaine de la
défense tandis que le CILSS (Comité Internationale de Lutte contre la
Sècheresse dans le Sahel) est une organisation spécialisée dans le domaine de
l’environnement. Mais, l’expression « organisation spécialisée » est souvent
réservée aux institutions des Nations Unies qui sont aujourd’hui au nombre de
16.
Un nombre plus restreint d’Organisations Internationales ont au contraire
un but général. Leur champ d’activités n’est pas limité à un ou plusieurs objets
spéciaux. Leur tâche est de nature générale. Elles peuvent ainsi discuter de tout
objet pour autant qu’il n’a pas été exclu. Une telle exclusion peut être expresse
comme dans le cas du Conseil de l’Europe où les questions de défense sont
exclues.
Elles ont un pouvoir de recommandation, mais rarement un pouvoir de
décision. Une exception cependant, le Conseil de Sécurité de l’ONU peut adopter
des règles obligatoires pour le maintien de la paix et de la sécurité
internationale.

Paragraphe 3 : Les Organisations de simple coopération ou interétatiques


et les Organisations d’intégration ou supranationales
La distinction entre les organisations de simple coopération et les
organisations d’intégration repose sur le critère de l’étendue de leurs pouvoirs.
En effet, les organisations d’intégration ont en principe un pouvoir plus étendu
que les organisations de simple coopération.
Dans les organisations de simple coopération, les Etats membres
n’abandonnent guère leur souveraineté mais consentent à coopérer au mieux de
leurs intérêts réciproques. Elles ont pour rôle de promouvoir la coopération entre
les Etats membres dans le respect de leur souveraineté. Elles se caractérisent
par l’absence ou le faible développement du pouvoir de décision et par le
fonctionnement des organes, suivant le procédé de l’unanimité.

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Les Etats participants ne peuvent être liés par les décisions de ces
organes que pour autant qu’ils y marquent leurs accords éventuellement par la
ratification.
En pratique, la plupart des Organisations Internationales sont des
organisations de simple coopération (ONU, Communauté Européenne ou Union
Européenne, Union Africaine).
Quant aux organisations d’intégration, ce sont des organisations dans
lesquelles les Etats membres acceptent de céder une partie de leurs
compétences au profit d’organes communautaires, appelés à agir en leurs noms
dans les domaines déterminés et en règle générale dans le domaine économique
tel le commerce, la monnaie et les finances. Elles disposent d’un pouvoir de
décision, connaissent le vote majoritaire et ont une autorité directe et
immédiate dans l’ordre interne des Etats membres.
Elles sont peu nombreuses et en raison des compétences supranationales
dont elles disposent, on les qualifie souvent d’organisations supranationales et
lorsqu’elles interviennent dans le domaine économique ont parle d’organisations
d’intégration économique. Mais elles peuvent également intervenir dans d’autres
domaines comme le domaine politique. Dans ce dernier cas, il s’agit
d’organisations de type fédéral.
Le modèle achevé de l’organisation d’intégration est sans doute le cas de
l’Union Européenne, dont tous les organes (Conseil, Commission de l’Union
Européenne, Parlement européen et Cour de Justice de l’Union Européenne)
disposent de réels pouvoirs supranationaux en matière de commerces
internationaux.
En Afrique, l’UEMOA (l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain) et
la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest), aussi la
CEEAC (Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale), la Communauté
Economique des Pays des Grands Lacs, l’Union du Maghreb Arabe, apparaissent
comme des organisations d’intégration économique régionales relativement
avancées.

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Chapitre 2 : Organisation et structure des
Organisations Internationales

Section 1 : Les structures des Organisations Internationales


Une Organisation Internationale se présente comme une structure
permanente. Elle comprend au moins deux organes, l’un au sein duquel siège les
représentants des Etats membres, et l’autre qui est constitué par le secrétariat
de l’organisation. Mais, au fur et à mesure du développement des Organisations
Internationales, ce schéma initial s’est compliqué afin de permettre une plus
grande efficacité de l’institution. Ce qui fait qu’à l’heure actuelle, les
Organisations Internationales modernes ont une structure reposant sur un
minimum de 3 organes à savoir : une Assemblée Générale, un Conseil de Sécurité
et un Secrétariat. Ce sont les organes principaux. Ces organes peuvent être
classés selon plusieurs critères.

Paragraphe 1 : Les organes pléniers et les organes restreints


Toute Organisation Internationale comporte un organe plénier où tous les
Etats membres sont représentés sur un pied d’égalité. C’est l’organe suprême et
les noms qui les désignent varient. Ainsi, dans la plupart des organisations
universelles, il s’appelle l’Assemblée Générale, la Conférence générale ou le
Congrès.
Dans l’organisation des Nations Unies, l’organe plénier est l’Assemblée
Générale. Il se réunit une fois par an, de Septembre à Décembre. L’organe
plénier est également un organe délibérant. Il comprend des délégués
gouvernementaux, c'est-à-dire des agents désignés par les gouvernements des
Etats membres. Toutefois, certaines Organisations Internationales font une
place à côté des délégués gouvernementaux, à une représentation extra
gouvernementale.
Exemple : l’OIT (Organisation Internationale du Travail) où sont
représentés à la fois des délégués gouvernementaux et des délégués des
employeurs. En effet, la Conférence Internationale du Travail, qui est l’organe
plénier de cette organisation comprend les représentants de chaque Etat
membre dont les 2 sont des délégués du gouvernement, et les 2 autres
représentants d’une part les employeurs, et d’autre part les syndicats des
travailleurs.
Mais, pour les impératifs tenant à la recherche d’une plus grande
efficacité à l’action de l’organisation, on crée des organes restreints qui
comportent un nombre limité d’Etats membres choisis de manière à assurer la
représentation des Etats intéressés par les objectifs de l’organisation ou pour
leur donner plus d’influence. Ainsi, le Conseil de Sécurité de l’ONU qui est
composé de 15 membres, comprend les 5 grandes puissances qui en sont membres

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de droit, en raison du rôle qu’elles ont joué dans la 2 nde Guerre Mondiale contre
les forces de l’axe (Allemagne, Japon, Italie) et pour la construction de l’ONU.
Ces 5 grandes puissances sont les Etats-Unis d'Amérique, l’URSS (Fédération de
Russie), la Chine, le Royaume-Uni et la France. Il comprend en outre 10 membres,
élus par l’Assemblée Générale des Nations Unies sur la base de la répartition
géographique équitable à savoir 3 Etats d’Afrique, 2 Etats d’Asie, 2 Etats
d’Amérique Latine, 1 Etat d’Europe Oriental, 2 Etats d’Europe Occidentale.
10 Etats de l’Organisation Internationale du Travail, les plus industrialisés,
ont un siège de droit dans le Conseil Exécutif de l’organisation. Enfin, au Conseil
de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), les Etats les plus
importants en matière de transport aérien et les Etats qui fournissent la plus
grande contribution en matière de facilité pour la navigation aérienne civile
internationale, ont droit à une représentation adéquate. En général, les organes
restreints sont subordonnés aux organes pléniers.
Exemple : le Conseil Economique et Social et le Conseil de Tutelle sont
placés sous l’autorité de l’Assemblée Générale de l’ONU. Il y a cependant des
exceptions. Le Conseil de Sécurité est indépendant de l’Assemblée Générale de
l’ONU et l’emporte sur elle puisque celle-ci ne peut discuter une question que le
Conseil de Sécurité est en train d’examiner, aussi longtemps que ce dernier n’a
pas rayé cette question de son ordre du jour (article 12 de la Charte des Nations
Unies).
Au titre de la jurisprudence, la Cour Internationale de Justice, dans
l’affaire de l’incident aérien de Lockerbie (en Ecosse) du 21 mars 1986 a refusé
d’ordonner des mesures conservatoires fondées sur la Convention de Montréal
relative à l’aviation civile internationale à cause de la Résolution 748 adoptée par
le Conseil de Sécurité en 1992 contre la Libye qui refusait d’extrader ses
ressortissants soupçonnés d’être à l’origine de cet incident aérien. La Cour
Internationale de Justice a estimé en effet que cette résolution a une force
obligatoire conférée par la Charte de l’ONU en son article 33.
Il ressort de ce qui précède que les organes restreints sont créés pour
des raisons d’ordre politique. Il s’agit de donner à certains Etats une
responsabilité particulière dans certains domaines, en raison de leurs intérêts
et/ou de leurs compétences spéciaux. L’existence de ces organes crée
inévitablement une inégalité fonctionnelle entre les membres. Inégalité que le
tiers monde n’hésite pas à critiquer au niveau des Nations Unies.
Au sein de l’Union Européenne, les représentants des Etats sont élus
depuis 1979 au suffrage universel direct dans le cadre de chaque Etat. Ce sont
les députés du Parlement Européen.

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Paragraphe 2 : Les organes principaux et les organes subsidiaires
La structure interne d’une Organisation Internationale ne comporte pas
seulement les organes prévus par l’acte constitutif car l’organisation, une fois
créée, est amenée à mettre sur pied, pour les besoins de son fonctionnement
régulier, d’autres organes que l’on qualifie d’organes subsidiaires pour distinguer
des organes principaux qui sont les organes originaires mis en place par le Traité
Constitutif de l’organisation.
L’article 7 § 1 de la Charte des Nations Unies, prévoit ainsi que : « il est
créé comme organes principaux de l’ONU, une Assemblée Générale, un Conseil de
Sécurité, un e, une Cour Internationale de Justice, un Secrétariat Général et un
Conseil de Tutelle ».
Les organes subsidiaires d’une Organisation Internationale sont donc ceux
qui sont créés ultérieurement par voie de Résolution adoptée par les organes
principaux. Et selon l’article 7 § 2 de la Charte de l’ONU, les organes
subsidiaires qui se révèleraient nécessaires pourront être créés conformément à
la présente Charte. Les organes subsidiaires relèvent de la compétence implicite
ou impliquée des organes principaux. L’Assemblée Générale et le Conseil de
Sécurité peuvent créer les organes subsidiaires jugés nécessaires par l’exercice
de leurs fonctions respectives (article 22 et 29 de la Charte de l'ONU). C’est
par exemple le cas des tribunaux pénaux internationaux ad Hoc que sont le
Tribunal Pénal International pour la Yougoslavie et le Tribunal Pénal
International pour le Rwanda qui ont été créés par le Conseil de Sécurité par
voie de Résolution prise au titre du chapitre 7 de la Charte de l'ONU, et ce dans
le cadre de sa mission de maintien de la paix et de la Sécurité Internationale.
D’autres organes subsidiaires sont permanents. C’est le cas de la
Commission de Droit International créée par l’Assemblée Générale des Nations
Unies dans le cadre de sa mission d’élaboration du Droit International.
Il s’agit également du Tribunal Administratif des Nations Unies (TANU),
du Tribunal Administratif de l’Organisation Internationale du Travail (TAOIT),
du Tribunal Administratif de la Banque Mondiale (TABM) et du Tribunal
Administratif du Fond Monétaire International (TAFMI).
En principe, les organes subsidiaires sont placés sous l’étroite dépendance
des organes principaux. Mais il existe des organes subsidiaires qui jouissent
d’une autonomie relative. C’est le cas de la Conférence des Nations Unies pour le
commerce et le développement (CNUCED) créée en 1964 pour le Commerce
International, du HCR (Haut Commissariat pour les Réfugiés), de l’UNICEF pour
la protection des enfants, du PNUD (Programme des Nations Unies pour le
Développement) et de l’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le
Développement Industriel). Ce dernier a été créé par voie de Résolution en 1965
et elle s’est transformée en Institution spécialisée depuis l’accord de 1979,
entré en vigueur en 1985. Ces organes subsidiaires signent des accords

- 17 -
internationaux. Au plan statistique, on dénombre plus de 250 organes
subsidiaires aux Nations Unies.

Paragraphe 3 : Les organes composés de représentants gouvernementaux


et les organes composés d’agents internationaux
Les organes composés d’agents gouvernementaux sont appelés organes
interétatiques. Ce sont les représentants des Etats qui y siègent. Il s’agit de
représentants diplomatiques assurant une mission permanente auprès de
l’Organisation Internationale.
Les organes composés d’agents internationaux sont des organes
internationaux, composés d’agents de l’organisation qui ne dépendent que de
l’Organisation Internationale et non des Etats à l’égard desquels ils sont
indépendants car ils peuvent être recrutés sur la base d’un contrat permanent ou
sur la base d’un contrat à durée déterminée. Ils sont liés statutairement à
l’Organisation Internationale et bénéficient à ce titre de la protection
fonctionnelle et jouissent en même temps des privilèges et immunités sur les
territoires des Etats membres. Ils relèvent donc de la fonction publique
internationale et on les retrouve généralement dans les Secrétariats des
Organisations Internationales, dans les Commissions des Organisations
d’intégration et dans les organes juridictionnels et consultatifs. De plus, dans
deux avis consultatifs rendus en 1989 et en 1999, la Cour Internationale de
Justice a considéré des rapporteurs spéciaux de la sous-commission et de la
Commission des Droits de l’Homme devenu Conseil des Droits de l’Homme, comme
des experts en mission, bénéficiant des privilèges et immunités fonctionnels.
Le rôle des agents internationaux est double car ils doivent :
 d’une part, assurer un fonctionnement régulier et permanent de l’organisation
 et d’autre part, favoriser la recherche de solutions répondant aux besoins de
l’ensemble des Etats membres et de l’organisation elle-même.
Mais parmi ces agents internationaux, seuls les fonctionnaires
internationaux sont au service de l’organisation d’une façon continue et exclusive.
Avant la 2ème Guerre Mondiale, on dénombrait 1500 fonctionnaires
internationaux, et aujourd’hui leur nombre dépasse 100 000. Ils n’ont aucun lien
avec leurs Etats et ont besoin d’avoir leur propre système de sécurité sociale et
de pension. Pour garantir leur indépendance, ils bénéficient d’une immunité à la
fois fiscale et juridictionnelle. Leur statut juridique est généralement contenu
dans les règlements de l’organisation.

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Section 2 : La composition des Organisations Internationales
Il s’agit ici de voir qui sont les membres des Organisations
Internationales. A cet égard, les statuts des Organisations Internationales
distinguent généralement les membres qui sont parties à l’Acte Constitutif (au
Traité). Ce sont les membres originaires, et les autres qui ont le statut de
membres associés ou d’observateurs.

Paragraphe 1 : Les membres de l’Organisation Internationale


Ce sont ceux qui participent à la vie de l’organisation. Il s’agit des
membres originaires et des membres admis.

A. Les membres originaires


Ils sont à l’origine de la création de l’organisation puisqu’ils ont participé à
la Conférence d’élaboration de la Charte constitutive et l’ont signée à l’issu de la
Conférence. Ils deviennent membre par sa ratification.
En général, ils se cooptent (c'est-à-dire qu’ils s’admettent dans une
assemblée en faisant élire les nouveaux membres par les membres déjà élus).
Cette qualité n’entraîne pas de privilèges particuliers mais parfois les membres
originaires peuvent se réserver certaines prérogatives. Par exemple celles de
consentir unanimement à l’admission de nouveaux membres comme ce fut le cas à
l’Union Monétaire Ouest Africain (UMOA). A la création de l’ONU, ils étaient 51
membres originaires, et chaque Etat originaire est représenté par un membre.
Mais il y a une exception à cette règle. En effet, le statut de membre a été
accordé à l’Ukraine et à la Biélorussie, alors que le gouvernement de l’Union ne
représente que les autres Républiques de l’URSS. De ce fait, l’URSS disposait de
3 voix. Ceci est le résultat d’un compromis ou d’une concession historique parce
que ces deux Républiques Soviétiques avaient le plus souffert de la 2 ème Guerre
Mondiale. Depuis 1991, seule la Fédération de Russie représente les Etats
membres de la Communauté des Etats indépendants. Par ailleurs, les traités
constitutifs d’Organisations Internationales sont ouverts aux Etats, mais rien
n’interdits qu’ils soient ouverts à d’autres entités non étatiques telles les
mouvements de libération nationale (OLP, SWAPO).

B. Les membres admis


La participation à une Organisation Internationale n’est pas un Droit.
L’Etat doit être admis.
Exemple : Par la Résolution 777 de 1992, le Conseil de Sécurité a demandé
que la Yougoslavie, réduite à la Serbie et au Monténégro, qui ne peut prétendre à
la continuation de la République Socialiste Fédérative de la Yougoslavie, demande
son admission à l’ONU.
Les membres admis sont donc des Etats dont la participation à
l’organisation est soumise à une simple adhésion au traité Constitutif. Mais à

- 19 -
l’ONU, l’admission se fait par la décision de l’Assemblée Générale sur
recommandation du Conseil de Sécurité. Et ne peuvent être admis que les Etats
pacifiques qui acceptent les obligations de la Charte, et qui sont capables de les
remplir, et disposer à le faire (article 4 §1 de la Charte de l'ONU). Mais pendant
la Guerre Froide, l’admission a fait l’objet de blocage, et les admissions se
faisaient au compte goutte. Cela a donné lieu à deux avis rendus par la Cour
Internationale de Justice le 28 mai 1948 et en 1950. Aujourd’hui, l’admission est
quasi automatique et ce fut le cas pour les nouveaux Etats y compris les micro-
Etats issus de la décolonisation. Ce fut également le cas pour les Etats nés de
l’effondrement de l’Union Soviétique et de la République Socialiste Fédérative de
Yougoslavie.
Pour les organisations fermées, la procédure d’admission est plus
complexe. Exemple : Pour l’Union Européenne, l’organe compétent de
l’organisation doit se prononcer à l’unanimité sur la demande d’admission. C’est
donc une procédure sélective et une fois acquise la qualité de membre, l’Etat
parti peut sortir de l’organisation soit en dénonçant le Traité constitutif, soit en
s’y retirant à condition que le Traité offre ces possibilités.
Exemple : Le Maroc s’était retiré de l’OUA (Organisation de l’Unité
Africaine), à la suite de l’admission par son Secrétaire Général, le togolais Edem
Kodjo, de la République Saharaouie.
Les Etats-Unis d'Amérique ont quitté l’Organisation Internationale du
Travail (OIT) en 1977, pour y revenir en 1982. Ils se sont également retirés de
l’UNESCO de même que la Grande Bretagne et Singapour, pour y revenir en 1995.
Par ailleurs, le retrait massif des Etats membres du Pacte de Varsovie a
entraîné sa disparition en 1992.
A la suite des accords du Camp David (1978-1979), l’Egypte a été
suspendue de la Ligue des Etats Arabes en 1979 pour y revenir 10 ans plus tard.
Enfin, l’Acte Constitutif de l’Union Africaine prévoit en son article 31 une
close de retrait, mais son article 30 prévoit que des gouvernements qui accèdent
au pouvoir par des moyens anti-constitutionnels ne sont pas admis à participer
aux activités de l’Union.
Exemple : La Guinée Conakry, la Mauritanie, le Madagascar.
Dans les mêmes conditions, un Etat peut être expulsé ou exclu, ou
suspendu des droits et privilèges inhérents à la qualité de membres ou du droit
de vote. Ces sanctions sont cependant rarement appliquées. On note toutefois un
seul cas d’exclusion : l’Union Soviétique a été exclue de la SDN en 1939 pour
agression contre la Finlande.
Enfin, la perte du statut de membre peut résulter de la dissolution de
l’Organisation Internationale. Ce fut le cas de l’OCAM (Organisation Commune
Africaine et Malgache) et de la CEAO.

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Paragraphe 2 : les autres participants
Ce sont les membres associés, les membres partiels, les observateurs et
ceux qui ont le statut consultatif.
 Les membres associés sont ceux qui ne remplissent pas les conditions pour
devenir membre à part entière. Ils ont en principe les mêmes droits que les
membres à part entière, à l’exception du droit de vote.
 Les membres partiels sont les Etats qui participent à certains organes
d’Organisations Internationales sans être membre de l’organisation elle-
même. La Suisse par exemple participait au Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD) et à divers autres Programmes des Nations
Unies. Elle était aussi partie statut de la Cour Internationale de Justice bien
qu’elle n’était pas membre de l’ONU. Mais depuis le référendum organisé en
mars 2002, la Suisse est devenue membre de l’ONU, après avoir refusé par la
voie référendaire d’adhérer à sa Charte.
 Quant à ceux qui ont le statut d’observateur, il est accordé aux Etats non
membres, à des mouvements de libération nationale et à d’autres
organisations nationales. La plupart des institutions spécialisées,
l’Organisation des Etats Américains (OEA), l’Union Africaine (UA) et l’Union
Européenne (UE) envoient fréquemment des observateurs aux organes de
l’ONU. Les observateurs ont en général des droits limités, mais ils ont le droit
de recevoir la documentation de l’organisation et de participer à ses activités
lorsqu’ils sont directement concernés. Enfin, de nombreuses Organisations
Internationales accordent un statut d’observateurs à des ONG. Exemple : le
Comité Internationale de la Croix Rouge, qui bénéficiait d’un statut
consultatif, s’est vue accordé le 17 octobre 1990, par l’Assemblée Générale
des Nations Unies, le statut d’observateur.
Les droits qui dérivent d’un statut consultatif sont généralement un peu
moindres que ceux des observateurs. En effet, les consultants ne reçoivent
qu’une partie seulement de la documentation de l’organisation et ne peuvent faire
des suggestions qu’à certains organes de l’organisation.

- 21 -
Chapitre 3 : Le fonctionnement et les compétences
des Organisations Internationales

Le fonctionnement interne d’une organisation internationale est régi par un


ensemble de règles contenues à la fois dans son acte constitutif, et dans le
règlement interne adopté par chaque organe délibérant. Ce fonctionnement ne
peut être assuré qu’à la condition qu’un certain nombre de moyen, soit mis à la
disposition de l’organisation par les Etats membres. Il s’agit des moyens
matériels, humains et financiers.

Section 1 : Les règles de fonctionnement


Composées d’Etats souverains, qui sont juridiquement égaux entre eux, les
organisations internationales ne peuvent fonctionner que conformément aux
principes d’égalité des Etats. Ce principe se retrouve dans les modes de votation,
mais dans certains cas il ne s’applique pas. Il existe plusieurs techniques de
votation : le système majoritaire, la règle de l’unanimité et le consensus.

Paragraphe 1 : le système majoritaire


C’est un moyen de démocratiser la vie publique internationale, en ce sens
qu’elle garantit la primauté de la volonté de la majorité, tout en autorisant le
respect du principe « un Etat, une voix ». C’est aujourd’hui la solution
prépondérante dans la plupart des organisations internationales. Les actes
consécutifs des organisations internationales précisent bien souvent des règles
de majorités différentes selon les organes et selon les questions traitées. D’une
manière générale, une distinction est faite entre les questions particulièrement
importantes, et les questions de moindre importance, en d’autres termes entre
les questions de fond, et les questions de procédure, les unes devant être
réglées à une majorité renforcée ou qualifiée, et les autres à une majorité
simple. Ainsi, les décisions de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur les
questions importantes, sont prises à la majorité des deux tiers des membres
présents et votant. Tandis que ses décisions sur d’autres questions sont prises à
la majorité simple des membres présents et votants. Il convient de noter que
l’expression « membre présent et votant », sentant des membres votant pour ou
contre, la proposition soumise aux votants. Les abstentions ne sont pas prises en
compte dans le décompte des voix nécessaires pour constituer la majorité
requise, et les Etats qui s’abstiennent sont donc considérés comme non votant.
Mais comme le vote majoritaire désavantage en fait les Grandes Puissances, on y
remédie dans certaines organisations en recourrant au système inégalitaire de la
pondération des voix.

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Paragraphe 2 : La pondération des voix
Ici le principe un Etat une voix, est non pas écarté, mais aménagé afin
d’introduire une certaine différenciation entre les Etats, laquelle différenciation
aboutit à la reconnaissance d’un statut privilégié au plus importants d’entre eux.
Le vote pondéré permet d’atteindre ce résultat, car tous les Etats n’ont pas le
même poids dans l’adoption des décisions. Il y a deux types de votes pondérés :

 Il arrive que les Etats membres se voient reconnaître un nombre de voix


proportionnel à leur importance ou à la valeur de leurs apports en capital,
c'est-à-dire de leur participation financière à la vie de l’organisation
internationale. C’est dans les organisations économiques et financières,
comme le Fond Monétaire Internationale (FMI) et la Banque Internationale
pour la Reconstruction et le Développement (BIRD), que cette technique est
pratiquée. En effet, dans ces deux organisations, chaque Etat dispose au
Conseil des Gouverneurs comme au Conseil d’Administration, d’un nombre de
voix proportionnelle à son quota au Fond Monétaire Internationale (FMI) ou à
part du capital de la Banque.
L’importance respective de chaque Etat membre peut aussi être appréciée
en fonction du poids relatif de chacun dans l’organisation. Ainsi, dans les
communautés européennes (Union Européenne), les votes des Etats sont
pondérés sur la base d’un critère combinant les éléments démographiques,
économiques et politiques. Ainsi, l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-
Uni ont chacun 10 voix, l’Espagne 8, la Belgique, la Grèce, le Portugal et les
Pays-Bas 5, le Danemark et l’Irlande 3, et le Luxembourg 2 (ces chiffres ne
tiennent pas compte de leur nombre actuel).

 Tout en maintenant le principe un Etat une voix, on exige le vote favorable


des Etats les plus importants, ou d’un certain nombre d’entre eux pour
l’adoption d’une décision. Telle est la règle au Conseil de Sécurité de l’ONU
pour ces questions de fond. Pour ces questions, les décisions doivent être
prises par un vote affirmatif de neuf de ces membres (5 membres
permanents et 10 membres non permanents), dans lequel sont comprises les
voix de tous les membres permanents (article 27 §3 de la charte de
l’ONU alinéa 1 : chaque membre du Conseil de Sécurité dispose d’une voix). Il
faut donc une majorité qualifiée de 9 voix sur 15, et une majorité simple pour
les questions de procédure. Dans la pratique on admet que l’abstention d’un
membre permanent ne fait pas obstacle à l’adoption de la décision.
Exemple : l’abstention de la Chine de Pékin n’a pas empêché l’adoption de la
Résolution 678 du 29 novembre 1990 du Conseil de Sécurité dans la Crise du
Golfe.

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Cette formule de pondération a pour résultat de conférer aux 5 membres
permanents un droit de veto et de maintenir à leur profit la règle de
l’unanimité. Ce droit de veto est source de blocage dans une société
internationale hétérogène et divisé. Aussi, appelle-t-on à sa suppression ou à
son élargissement à d’autres Etats, dans le cadre d’une réforme global de la
charte.

Paragraphe 3 : L’unanimité et le consensus


La règle de l’unanimité permet de respecter la souveraineté absolue de
chaque Etat. Exemple : selon l’article 5 du pacte de la Société des Nations, les
décisions de l’Assemblée et du Conseil, sont prises à l’unanimité, et les questions
de procédures sont réglées à la majorité.
Au cours du 20ème siècle, est apparue une variante de l’unanimité dans la
pratique des Nations Unies. Il s’agit de la technique du consensus. C’est un
système de décision sans vote, où le silence général témoigne de l’absence
d’objection des Etats membres. Cette technique permet à des Etats de se rallier
à une solution contre laquelle ils auraient pourtant été enclins à voter si elle avait
été mise aux voix.
Ainsi, le consensus se rapproche de l’unanimité, sans toutefois se
confondre avec elle car il est d’abord une technique permettant d’escamoter un
vote sur une question où l’on ne souhaite pas voir une opposition se manifester.
L’Assemblée Générale des Nations Unies adopte souvent des décisions par
consensus depuis 1964. Le consensus se rapproche également de la pratique de
décisions adoptée par acclamation qui est suivie par l’Assemblée Générale pour
l’admission d’un nouvel Etat à l’ONU.

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Section 2 : Les moyens de fonctionnement
Il s’agit des ressources humaines et des ressources financières.

Paragraphe 1 : Les ressources humaines : Les agents internationaux


Le fonctionnement continu des organisations internationales ne peut être
assuré que par des organes intergouvernementaux qui se caractérisent par leur
permanence et par leur indépendance. Ce sont les agents internationaux. Ce sont
des personnes qui concourent à titre permanent, au fonctionnement de
l’organisation.

Qu’est ce qu’un agent international ?

Dans son argument consultatif du 11 avril 1949 la CIJ (Cour Internationale


de Justice) a défini l’agent international comme suite : « est agent international,
quiconque, fonctionnaire rémunéré ou non, employé à titre permanent ou non, a
été chargé par un organe de l’organisation d’exercer ou d’aider à exercer l’une
des fonctions de celle-ci. Bref, toute personne par qui l’organisation agit ».
Mais parmi les agents internationaux, seuls sont fonctionnaires
internationaux ceux qui sont au service de l’organisation d’une façon continue et
exclusive. Ils sont recrutés soit par voix de concours, sur titre, soit sur
présentation par les gouvernements des Etats membres. Mais la règle de la
répartition géographique équitable doit être respectée.
Il y a plusieurs catégories de fonctionnaires internationaux, on distingue
en effet le personnel chargé des fonctions de conceptions et de responsabilité,
le personnel d’exécution et des services généraux. La règle de la répartition
géographique équitable est observée pour le recrutement du personnel chargé
des fonctions de conception et de responsabilité. Quelque soit cependant leur
catégorie, les fonctionnaires sont astreints à une obligation de loyauté et de
réserve vis-à-vis des Etats membres. Mais corrélativement ils bénéficient selon
leur rang des privilèges et immunités qui leur sont nécessaires pour exercer en
toute indépendance leurs fonctions. Ces privilèges et immunités sont précisés
dans les accords de siège ou dans les Conventions postérieures : Convention sur
les privilèges et immunités des Nations Unies du 13 février 1946, Convention sur
les privilèges et immunités des institutions spécialisées du 21 novembre 1947.
Ces privilèges et immunités sont : l’inviolabilité de sa personne et de son
domicile, l’immunité de juridiction, et certaines exemptions fiscales. Mais le
régime des privilèges et immunités du Secrétaire Général s’apparente à celui des
agents diplomatiques. Les fonctionnaires internationaux bénéficient également
de la protection fonctionnelle et des garanties dans le déroulement de leur
carrière, de même qu’en ce qui concerne leurs droits à pension. Des voies de
recours leur sont ouvertes devant les juridictions internationales administratives

- 25 -
que sont le Tribunal Administratif de Nations Unies, le Tribunal Administratif de
l’OIT, le Tribunal Administratif de la Banque Mondiale et le Tribunal
Administratif du Fond Monétaire International. Ces Tribunaux sont compétents
pour la défense de leurs droits et aussi pour connaître des recours intentés
(assignés, ester) par des fonctionnaires d’autres organisations internationales.

Paragraphe 2 : Les ressources financières


Toute Organisation Internationale doit faire face à des dépenses
administratives telles la rémunération du personnel, l’achat de matériel, les frais
de secrétariat et de gestion, etc. Certaines d’entre elles sont des dépenses
opérationnelles. C’est notamment le cas de l’entretien des forces internationales
que l’ONU peut être amenée à constituer dans le cadre des opérations de
maintien de la paix comme la force intérimaire des Nations Unies au Liban
(FINUL). Les forces internationales sont les casques bleus. Dans un avis
consultatif rendu le 28 juillet 1962, la CIJ (Cour Internationale de Justice), a
considéré que ces dépenses opérationnelles sont des dépenses obligatoires de
l’organisation au sens de l’article 17 de la Charte de l’ONU « l’AG examine et
approuve le budget de l’organisation… ». Et pourtant, l’URSS, la France et 13
autres pays ont refusé de payer la part du budget de l’ONU après les premières
opérations de maintien de la paix organisées au Congo Léopoldville actuel RDC (il
s’agit de l’organisation des Nations Unies pour le Congo).
Toutes les dépenses de l’Organisation Internationale sont couvertes par
les cotisations des Etats membres. Ce sont les contributions de ces Etats. Elles
sont assises (elles calculées) sur les facultés contributives de ceux-ci et sont
perçues en général annuellement. L’article 17 §2 de la Charte de l’ONU dispose à
cet égard que les dépenses de l’organisation sont supportées par les membres
selon la répartition fixée par l’Assemblée Générale. Dans son avis rendu en 1962,
sur certaines dépenses des Nations Unies, la Cour Internationale de Justice a
estimé que les dépenses autorisées par l’Assemblée Générale au titre de la force
d’urgence des Nations Unies et de l’ONUC (Organisation des Nations Unies pour
le Congo) étaient des dépenses de l’organisation désapprouvant ainsi la France et
l’URSS, de même que les démocraties populaires qui soutenaient le contraire. La
Cour a une accession large des dépenses de l’organisation, puisqu’elle y intègre
les dépenses correspondant à des activités qui relèvent des compétences
implicites de l’organisation. Mais ces oppositions sont aujourd’hui moins vives
parce que l’Assemblée Générale des Nations Unies n’établit plus les OMP
(Opérations de Maintien de la Paix) qui, depuis 1964, sont mises en place par le
Conseil de Sécurité (CS). Cependant, certains pays arabes, n’acceptent pas de
contribuer aux dépenses des forces de maintien de la paix au Moyen Orient car
pour eux, c’est « l’agresseur » israélien qui doit les supporter.

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La détermination des contributions dues par chaque Etat membre, est
réalisée par un barème périodique mis à jour qui détermine la quote-part
incombant à chaque Etat. Aux Nations Unies, ce barème prévoit actuellement que
les Etats-Unis d’Amérique contribue à 25% de l’organisation, l’URSS (Fédération
de Russie) 11,10%, le Japon 9,58%, la RFA 8,31%, et la France 6,28%. Les 10
Etats membres les plus riches, contribue au total à auteur de 72% du budget de
l’ONU, tandis que les autres Etats les plus pauvres, ne contribue chacun que pour
0,01%, soit 0,78% au total. En règle général, aucun Etat ne devrait payer plus de
25% du total des coûts, ni moins de 0,01%. Les Etats-Unis d’Amérique ont
menacé de réduire leurs contributions de 20% du budget annuel total de l’ONU à
cause de la tyrannie exercée au sein de cette organisation universelle par les
pays du tiers monde, qui disposent d’une majorité automatique à l’Assemblée
Générale.
En dehors de ces contributions obligatoires des Etats membres, il existe
aussi un système de contributions volontaires pour le financement de certaines
opérations spécifiques. A l’ONU par exemple, c’est de cette façon que sont
financés de nombreux programmes d’aide et d’assistance dont les plus
importants sont le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement),
le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), le PAM
(Programme Alimentaire Mondial), le HCR (Haut Commissariat des Nations Unies
pour les Réfugiés) qu’il faut distinguer de l’Office de Secours et de Travaux
pour les Réfugiés de Palestine appelé UNWRA et l’UNICEF.
L’Organisation Internationale peut également avoir des ressources
propres, c’est le cas par exemple de l’Union Européenne où les Etats membres
doivent reverser un certain nombre de prélèvements perçus par leurs
administrations nationales. La Communauté Economique du Charbon et de l’Acier
(CECA) est habilitée à recevoir directement le produit d’un prélèvement
spécifique sur les entreprises, relevant du secteur du Charbon et de l’Acier. Ce
pouvoir fiscal qui reconnu à une Organisation Internationale est exceptionnel.
Enfin, les Organisations Internationales peuvent recevoir un appui financier de
sources privées ou faire des placements bancaires. L’UNICEF et le HCR ()
reçoivent beaucoup de donations. Les organisations du groupe de la Banque
Mondiale (BIRD, SFI, AIB) fondent leurs ressources sur leurs activités
bancaires.

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Section 3 : La compétence des Organisations Internationales
En tant que sujet dérivé du Droit International, une Organisation
Internationale ne dispose en principe que de compétences d’attribution. Elle ne
peut mettre en œuvre que les pouvoirs qui lui ont été attribués par les Etats
fondateurs dans son acte constitutif. Depuis l’avis de la Cour Internationale de
Justice du 11 avril 1949, on considère cependant qu’une Organisation
Internationale ne possède pas uniquement des droits qui sont expressément
énoncés dans son acte constitutif mais qu’elle peut également mettre en œuvre
ceux qui sont impliquer par cet acte constitutif (c'est-à-dire les pouvoirs ou les
droits qui sont impliqués par l’acte constitutif), afin de lui permettre d’accomplir
les fonctions que les Etats fondateurs ont entendues lui confier. C’est
l’application de la théorie des pouvoirs implicites ou impliqués. Cette théorie a
été développée aux Etats-Unis d’Amérique pour justifier l’exercice par les
autorités fédérales, des pouvoirs qui ne leur étaient pas formellement reconnus
par la Constitution Fédérale. Du reste, dans l’affaire de la répartition des
dommages subis au service des Nations Unies (avis de la Cour Internationale de
Justice du 11 avril 1949), la Cour a écrit que : « ces pouvoirs se limitant à ceux
qui, s’ils ne sont pas expressément énoncés dans le statut d’un organe, sont, par
une conséquence nécessaire, conférés à cet organe en tant qu’essentiel à
l’exercice de ces fonctions ». D’une manière générale, les compétences d’une
Organisation Internationale sont limitées par le principe de spécialité (chaque
organisation est créée pour un objectif déterminé et n’a donc pas à sortir de cet
objectif). Une organisation internationale ne peut exercer d’autres compétences
que celles pour lesquelles elle a été créée. On parle alors de compétences
fonctionnelles, cela veut dire que l’organisation n’a pas une compétence plénière
comme l’Etat, parce que c’est un sujet fonctionnel. C’est en vertu de ces
compétences fonctionnelles que l’Organisation Internationale peut exercer sa
protection fonctionnelle au profit de ses agents tout comme un Etat a le droit
d’exercer sa protection diplomatique au profit de ses nationaux se trouvant à
l’étranger.
Le principe de spécialité est fondé, comme dans la Théorie des
Etablissements publics en droit interne, sur l’idée que les Organisation
Internationale constituent des moyens pour la poursuite en commun d’objectifs
d’intérêt général.
Cela dit, toutes les Organisations Internationales exercent des
compétences normatives, ne serait ce que pour assurer leur propre
fonctionnement. Elles secrètent ainsi leurs droits internes. A titre d’illustration,
dans le droit dérivé de l’Union Européenne, on distingue les règlements, les
décisions, les directives, les recommandations ou les avis.
Les règlements s’appliquent directement sur les territoires des Etats
membres. Quant aux directives, elles sont obligatoires quant aux objectifs. Les

- 28 -
Organisations Internationales ont également des compétences opérationnelles,
ainsi, elles peuvent participer à des procédures de règlement de différends,
saisir la Cour Internationale de Justice selon la procédure consultative, pour lui
demander un avis qui en principe n’est pas obligatoire.

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Titre 2 : Les Organisations Internationales à
vocation Universelle et les Organisations
Internationales à vocation Régionale

Sous-titre 1 : Les Organisations Internationales à


vocation Universelles

Chapitre 1 : L’Organisation des Nations Unies (ONU)


Elle est née des cendres de la Société des Nations. En effet, créée pour
garantir la paix, la Société des Nations n’a pu exercer une influence pacificatrice
que dans quelques conflits mineurs qui ne mettaient pas en cause les grandes
puissances de l’époque. De plus, elle n’a pu endiguer (contenir) la montée de la
violence dans la monde. Son échec est imputable à plusieurs facteurs : la non
participation des Etats-Unis d’Amérique, le comportement des Etats membres
qui ne respectaient pas les obligations résultant du pacte et leur retrait de
l’organisation. Ainsi, après avoir envahi la Mandchourie, le Japon en guerre avec
la Chine s’est retiré en 1933. L’Italie l’a fait 1937 après l’agression contre
l’Ethiopie. L’Allemagne en 1933 après l’invasion de l’Autriche, de la
Tchécoslovaquie et de la Pologne. L’URSS quant à elle, en a été exclue après la
Guerre contre la Finlande en 1939.
Tirant leçon de l’échec de la Société des Nations (SDN) les alliés ont créé
l’ONU en 1945. Mais les bases de cette organisation qui doit œuvrer au maintien
de la paix et de la sécurité internationale, ont été jetées depuis la Charte de
l’Atlantique signée entre les Etats-Unis d’Amérique et la Grande Bretagne en
1941. Cette charte énonce un certain nombre de principes dont
l’autodétermination des peuples, la coopération et la sécurité internationale, etc.,
qui seront repris dans la déclaration des Nations Unies du 1 er janvier 1942
émanant de 26 Etats. A cette date, les Etats-Unis sont entrés en guerre. Le 30
octobre 1943, par la déclaration de Moscou, les trois grands alliés (Etats-Unis
d’Amérique, URSS, Grande Bretagne, auxquels s’est associée la Chine de
Formose) proclament la nécessité de créer une Organisation Internationale
fondée sur le principe de l’égalité souveraine des Etats. Ces quatre pays se
réunirent peut après à Dumbarton Oaks en 1944 où ils adoptèrent dans ce sens
des propositions que Roosevelt, Staline et Churchill examinèrent à la Conférence
dite de Crimée, tenue à Yalta en février 1945. Cette Conférence de Yalta décida
de convoquer une Conférence des Nations signataires de la déclaration du 1 er

- 30 -
janvier 1942. Les puissances invitantes à cette Conférence devaient être les
Etats-Unis d’Amérique, le Royaume Uni, l’URSS, la Chine et le gouvernement
provisoire de la République française. Mais ce dernier s’y refusa parce qu’il n’a
pas été associé aux travaux préparatoires, et le 26 juin 1945, la Charte de l’ONU
fut adoptée par 51 pays membres originaires à San Francisco. Son siège est à
New York. Elle entra en vigueur le 24 octobre 1945.

- 31 -
Section 1 : La configuration du système de l’ONU
L’ONU est une véritable constellation d’organisations et d’organismes
divers dont le champ d’activité couvre tous les aspects de la coopération
internationale. C’est une organisation intergouvernementale à vocation
universelle. Elle comprend aujourd’hui 192 Etats et pour adhérer à la Charte, il
faut être un Etat pacifique qui s’engage à respecter les obligations de la Charte,
et capable de les remplir, et disposer à le faire. Pendant la Guerre Froide, la
procédure d’admission était marquée par l’usage du Droit de veto par les Etats-
Unis d’Amérique et par l’URSS. Aujourd’hui, elle est quasi automatique. Le
système des Nations Unies comprend, 6 organes principaux qui peuvent créer
des organes subsidiaires et 16 institutions spécialisées. Parmi ces institutions
spécialisées, certaines comme la BIRD (Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement), le Fond Monétaire Internationale, la SFI
et l’AID, ne sont pas proches de l’universalité car les pays de l’Est s’étaient
toujours tenus à l’écart. Leurs attitudes a évolué aujourd’hui (la Chine est à
l’OMC). D’autres comme le GATT et L’AIEA font partie de la famille des Nations
Unies sans avoir le statut d’institutions spécialisées. L’institution spécialisée est
une Organisation Internationale autonome, mais qui entretient avec l’ONU des
liens de coordination. En effet, elle est créée par un traité international qui est
indépendant de la charte, sa composition est différente de celle de l’ONU (elle
ne comprend pas nécessairement les membres de l’ONU et elle comprend des
entités non membres de l’ONU. Exemple : la Cité du Vatican). Elle est également
autonome du point de vue de sa structure et de ses ressources, en ce sens qu’elle
a un budget propre. Le statut juridique de l’institution spécialisée dépend de
l’accord conclu avec l’ONU, c’est cet accord qui précise la nature et le contenu
des liens noués. Mais c’est le Conseil Economique et Social qui coordonne leurs
activités. L’ONU peut cependant provoquer la création d’une institution
spécialisée. C’est ce qu’elle a fait en transformant l’ONUDI (Organisation des
Nations Unies pour le Développement Industriel) d’organe subsidiaire en
institution spécialisée.

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Section 2 : Les organes principaux de l’ONU
L’ONU comprend 6 organes principaux qui sont l’Assemblée Générale, le
Conseil de Sécurité, le e, le Conseil de Tutelle, la Cour Internationale de Justice
et le Secrétariat Général.

Paragraphe 1 : L’Assemblée Générale


C’est l’organe plénier de l’ONU. Elle est composée d’Etats qui sont égaux
sur le plan juridique. Chacun dispose d’une seule voix sauf le cas de l’URSS. Mais
aujourd’hui les données ont changé car au plan extérieur c’est la Fédération de
Russie qui représente la Communauté des Etats indépendants. Des observateurs
sont admis mais sans droits de vote. Elle tient une session par an pendant trois à
quatre mois au siège de l’organisation à partir du premier mardi de septembre.
Elle peut toutefois, lorsque les circonstances l’exigent, être convoquée en
session extraordinaire à la demande de la majorité des Etats membres ou du
Conseil de Sécurité. Il existe également des sessions extraordinaires d’urgence.
Pour l’organisation de ses travaux elle a créé 6 grandes commissions
permanentes sur des question diverses : questions politiques, économiques,
sociales et culturelles, questions relatives à la tutelle, questions administratives
et financières, ou budgétaires. Une commission vérifie les pouvoirs des
délégations. Ses décisions sont prises à la majorité des deux tiers pour les
questions qu’elle juge elle-même importantes, et à la majorité simple pour les
autres. Mais elle utilise de plus en plus fréquemment le consensus.

Mais quelles sont ses compétences ?

L’Assemblée Générale a des compétences de caractère politique. Ainsi, elle


peut discuter toute question ou affaire, rentrant dans le cadre de la charte, et
se rapportant aux pouvoirs et fonctions de l’un quelconque des organes prévus
dans la charte. Elle peut formuler sur ses questions des recommandations. Mais
sa compétence a des limites :
 Elle doit s’abstenir d’intervenir dans les affaires intérieures qui relèvent
essentiellement de la compétence d’un Etat. Donc qui font partie de son
domaine réservé (article 2 § 7 de la Charte).
 Elle ne peut connaître d’un différend (elle ne peut se prononcer) ou d’une
situation dont le Conseil de Sécurité est saisi, à moins de la Résolution 377 V,
on l’appelle Résolution Dean Acheson ou Union pour le maintien de la paix.

Elle partage cependant, certaines compétences avec le Conseil de Sécurité.


Exemple : en matière de choix des juges de la Cour Internationale de Justice,
et en matière d’admission de nouveaux membres (article 4 et 93 de la Charte
de l’ONU). Cela dit, elle exerce certaines compétences à titre exclusif, c’est

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le cas par exemple des élections des membres des autres organes principaux,
et en matière de nomination ou d’élection des membres des organes
subsidiaires.
D’une manière générale, l’Assemblée Générale adopte des textes sans
portée juridique. Ce sont les résolutions de recommandations, mais certaines
résolutions comme la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ont une
valeur coutumière. Comme tout organe principale, l’Assemblée Générale peut
créer des organes subsidiaires (PNUD, PAM, HCR, UNICEF, CDI).

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Paragraphe 2 : Le Conseil de Sécurité
C’est un organe restreint qui comprend 15 membres dont 5 sont membres
de droit ou membres permanents et 10 sont élus.
Les 5 membres permanents sont : la Chine, la France, l’URSS (Fédération
de Russie), le Royaume Uni et les Etats-Unis d'Amérique. Ils ont une position
dominante résultant de la fin de la 2nde Guerre Mondiale. Il s’agit du droit de
veto, privilège historique que les Etats acceptent de moins en moins bien de nos
jours.
Les membres élus le sont par l’Assemblée Générale pour un mandat de
deux ans conformément aux dispositions de l’article 23 de la Charte de l’ONU.
Cet article prévoit des conditions cumulatives mais hiérarchisées pour qu’un
pays soit élu comme membre non permanent. L’Assemblée Générale tient
spécialement compte :
 En premier lieu de la contribution des membres de l’organisation au
maintien de la paix et de la sécurité internationale et aux autres fins de
l’organisation.
 En deuxième lieu, l’Assemblée Générale tient compte aussi de la
répartition géographique équitable.
Le premier critère est un critère déterminant, puisque l’article 23
privilégie la contribution au maintien de la paix.
Le 2nd critère est un critère neutre. Il permet d’assurer l’équilibre entre
les diverses régions représentées au Conseil de Sécurité, à savoir l’Asie qui a 2
sièges, l’Amérique Latine 2, l’Europe Occidentale 2, l’Europe Orientale 1, et
l’Afrique 3. Ce critère signifie qu’un Etat, même dépourvu de richesse peut
prétendre à un siège comme membre non permanent au Conseil de Sécurité,
pourvu qu’il appartienne à une région déterminée. Il permet ainsi, de
démocratiser les Relations Internationales.
C’est en application de ses critères que le Burkina Faso a été élu par
l’Assemblée Générale le 16 octobre 2007 avec 185 voix « pour » comme membre
non permanent en même temps que la Libye, et le Vietnam pour un mandat de 2
ans. Rappelons que le Burkina Faso a déjà siégé en tant que membre non
permanent en 1984-1985, sous l’appellation de Haute Volta (Upper Volta en
anglais), et a présidé le Conseil une deuxième fois à la faveur de l’alphabet, car la
présidence est assurée selon le principe de la rotation alphabétique, dans l’ordre
alphabétique anglais. Il a été élu à une forte majorité de 145 contre 155 voix, le
31 octobre 1983, en remplacement du Togo, et devant l’Inde et l’Egypte.
Le Conseil de Sécurité ne tient pas de session à des dates fixes, mais se
réuni immédiatement lorsque les circonstances l’exigent sur convocation de son
Président. Les délégués qui en font partie doivent donc être en permanence à
New York.

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Peuvent le saisir, tout membre et non membre de l’ONU, l’Assemblée
Générale et le Secrétaire Général.

Comment ses décisions sont elles prises ?

Pour les questions de procédures, on exige une majorité de 9 voix sur 15.
Mais pour les autres questions (fond), les 9 voix doivent comprendre celles des 5
membres permanents (article 27 de la Charte de l’ONU). Au sein du Conseil de
Sécurité, on applique en effet, une règle majoritaire particulière, l’unanimité des
membres permanents leur confère un droit de veto, c'est-à-dire le pouvoir que
détient chaque membre d’empêcher toute décision, par son seul vote négatif.
L’abstention n’empêche pas l’adoption d’une décision. Cela signifie que la règle
fondamentale de l’égalité des Etats n’est pas appliquée au Conseil de Sécurité.
Lorsque le Conseil de Sécurité est bloqué par l’usage d’un membre permanent de
son droit de veto, il y a transfert de compétences du Conseil à l’Assemblée
Générale en vertu de la Résolution 377 V du 3 novembre 1950. Cette résolution
qui modifie l’équilibre établit par la Charte entre les deux organes principaux les
plus importants, a été adoptée à l’occasion de la Crise Coréenne (Nord et Sud).
Sa constitutionalité est contestée surtout par les Etats socialistes parce qu’ils
estiment qu’elles modifient la Charte sans recours à la procédure normale
d’amendement de l’article 108 de la Charte. Elle a été appliquée en janvier 1980 à
la situation en Afghanistan après l’intervention soviétique.

Quelles sont les compétences du Conseil de Sécurité ?

A propos des compétences du Conseil de Sécurité, selon l’article 24 de la


Charte, le Conseil a en matière de maintien de la paix et de la sécurité
internationale la responsabilité principale. Il a donc pour tâche avant tout de
tenter de dénouer les crises, de prévenir les conflits, et si possible d’y mettre
fin. Mais sa mission comporte deux aspects :
 1er aspect : au terme du chapitre 6 il est chargé par le vote de
recommandation, de favoriser le règlement des différends dont il a été saisi
en évitant l’aggravation de la situation. Le chapitre 6 ne lui reconnaît pas par
conséquent le pouvoir d’imposer un mode de règlement ou une solution
juridique aux Etats en litiges.
 2ème aspect : par contre dans le chapitre 7 le Conseil de Sécurité doit
entreprendre une action en cas de menace de la paix, de rupture de a paix et
d’acte d’agression. Dans ce cadre, il peut non seulement voter des
recommandations mais aussi adopter des résolutions qui ont un caractère
obligatoire et prendre des mesures allant jusqu’à l’emploi de la force au
service de la paix. C’est le jeu des mécanismes de Sécurité Collective ou de

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Police Internationale. En effet, le Conseil de Sécurité a été conçu comme un
organe de réaction rapide, « un gendarme international ». Il doit prendre des
décisions rapides et efficaces, dans le cadre de situations concrètes qui
menacent la paix et la sécurité internationale. Ce chapitre 7 comprend 13
articles allant des articles 39 à 51. Mais les articles 41 et 42 ne lui
reconnaissent pas un quelconque pouvoir judiciaire. Il n’a donc pas le pouvoir
de trancher un différend étatique dans une perspective juridique.
Il n’a pas aucune compétence de dire le droit tel un Juge, car il a
essentiellement des pouvoirs de police.
Dans l’affaire Lockerbie le Conseil de Sécurité par sa Résolution 748 de
1992 a imposé à un Etat, en l’occurrence la Libye, l’extradition de ses nationaux,
tranchant ainsi à la faveur des Etats-Unis d'Amérique et de la Grande Bretagne,
et écartant implicitement l’application d’une Convention Internationale invoquée
par la Libye, à savoir la Convention de Montréal de 1971, qui ne fait pas obligation
a un Etat d’extrader ses propres nationaux.
L’article 41 de la Charte permet par conséquent au Conseil de Sécurité de
prendre des mesures qui excluent l’emploi de la force, et qui s’analyse en des
sanctions de caractères économiques ou politiques. Exemple : l’embargo.
Ces mesures s’opposent à celles prises en vertu de l’article 42 car il s’agit
là de mesures de caractères militaires qui n’excluent pas le recours aux forces
aériennes, navales ou terrestres.
La charte prévoit en son article 46, que le Conseil établit un Comité d’état
Major qu’il n’a jamais pu constituer. C’est pourquoi l’ONU utilise les forces
nationales fournies par les Etats membres, notamment les membres permanents.
Depuis 1990, les Nations Unies ont connu un renouveau qui s’est traduit par une
activité intense du Conseil de Sécurité dans le cadre du Chapitre 7, en témoigne
les Résolutions 678 adoptées à l’occasion de l’invasion du Koweït par l’Irak, et la
Résolution 748 imposant un embargo à la Libye au lendemain de l’affaire de
Lockerbie, et la Résolution 1572 du 15 novembre 2004 sur la Côte d’Ivoire (sur
l’importation des armes).
Depuis quelques années, le Conseil de Sécurité participent à une
production normative générale, en appliquant l’article 16 du statut de Rome de la
Cour Pénale Internationale, en créant des juridictions pénales internationales
(TPIY, Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie, TPIR,Tribunal Pénal
International pour le Rwanda), et enfin par la Résolution 1373 prise au lendemain
des évènements du World Trade Center, en 2001 où il impose aux Etats de
nouvelles normes obligatoires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme
mondial.
Le Conseil de Sécurité peut intervenir en vertu de l’article 94 de la Charte
lorsque la Cour Internationale de Justice rend un arrêt favorable à une partie
que l’autre refuse d’exécuter. Mais c’est à la demande de cette partie. Dans ce

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cas, le Conseil de Sécurité peut faire des recommandations, ou décider des
mesures à prendre pour faire exécuter l’arrêt. Enfin, dans le cadre du maintien
de la pax, le Conseil de Sécurité a adopté le 31 juillet 2007, une résolution
prévoyant un déploiement d’une force ONU-UA (Union Africaine) dénommée
UNAMID au Darfour.

Paragraphe 3 : Le Secrétariat Général


C’est l’un des rouages essentiels de l’ONU. Il est dirigé par un Secrétaire
Général, élu par le Conseil de Sécurité qui le recommande, et l’Assemblée
Générale décide. La durée de son mandant est de 5 ans renouvelable une fois.
C’est le premier fonctionnaire international et le premier diplomate international.

Les différents Secrétaires Généraux de l’ONU depuis sa création:


Trygve Lie (norvégien 1946), Dag Hammarskjöld (suédois 1953), U. Thant
(birman 1961), Kurt Waldheim (autrichien 1972), Xavier Perez De Cuellar
(argentin 1982), Boutros Boutros Ghali (égyptien 1992), Koffi Annan (ghanéen
1997), Ban Ki Moon (sud coréen depuis janvier 2007).

Le Secrétaire Général a un rôle politique et administratif.


En matière administrative, il dirige le Secrétariat de l’organisation,
présente chaque année à l’Assemblée Générale un rapport dans lequel il fait le
point de l’activité de l’organisation. Il assure l’exécution des décisions des divers
organes, et il est responsable devant l’Assemblée Générale.
En matière politique, il peut agir de sa propre initiative en attirant
l’attention du Conseil de Sécurité sur toute affaire qui, à son avis, pourrait
mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationale. Il peut
offrir ses bons offices pour faciliter la résolution d’un conflit.
Exemple : Kurt Waldheim s’est rendu à Téhéran pour tenter de dénouer la
crise née des otages américains. Xavier Perez De Cuellar l’a fait également dans
la guerre Iran Irak.
En cela, le Secrétaire Général de l’ONU à un rôle beaucoup plus actif que
son prédécesseur de la Société des Nations.

Paragraphe 4 : Le Conseil Economique et Social


C’est un organe d’initiatives et de coordinations en matière économique et
sociale. Ce n’est pas un organe plénier. Ses membres, au nombre de 54, sont élus
par l’Assemblée Générale pour 3 ans renouvelables. Il est donc subordonné à
l’Assemblée Générale, à laquelle il présente par an un rapport, et dont il exécute
les décisions. Pour accomplir sa mission, il a créé des organes subsidiaires, des
commissions permanentes telle la Commission des Stupéfiants, la Commission des
Droits de l’Homme devenue Conseil des Droits de l’Homme, la Commission de la

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Condition de la Femme. Son action est décentralisée puisqu’il comprend 5
commissions économiques régionales :

La Commission Economique pour l’Europe basée à Genève en Suisse.


La Commission Economique pour l’Afrique siégeant à Addis Abeba.
La Commission Economique pour l’Amérique Latine basée à Santiago du
Chili.
La Commission Economique pour l’Asie et le Pacifique basée à Bangkok.
La Commission Economique pour l’Asie Occidentale basée à Bagdad en Irak.

Les pouvoirs du Conseil Economique et Social consiste à faire ou à


provoquer des études et des rapports sur des questions internationales. Il n’a
aucun pouvoir de décider la solution des problèmes économiques et sociaux
internationaux. Mais il n’est pas rare qu’il intervienne sur des questions
d’alimentation, d’agriculture, de santé, d’éducation, de science ou de culture. Pour
éviter les doubles emplois, des arrangements sont conclus.

Paragraphe 5 : Le Conseil de Tutelle


Il succède à la Commission des mandats qui n’était pas un organe
intergouvernemental. Il existe 3 régimes de mandats :
Le mandat A qui concerne la Syrie, le Liban, l’Irak et la Palestine.
Le mandat B qui concerne le Togo, le Cameroun, le Ruanda-Urundi et le Tangayika.
Le mandat C qui comprend le Sud-ouest africain, sous administration sud
africaine, et les Îles du Pacifique.
Le régime de tutelle fait donc suite au régime des mandats, mais leur but
est le même, à savoir, confier sous le contrôle de l’organisation, l’administration
de territoire non autonome à une autorité de tutelle. La mission de cette
autorité de tutelle est de veiller à l’évolution de ses territoires vers
l’indépendance. L’intérêt du régime de tutelle du point de vue juridique, réside
essentiellement dans sa nature conventionnelle et tripartite. Le Conseil de
Tutelle doit recevoir les rapports annuels des autorités administratives,
examiner les pétitions émanant des territoires sous tutelle, organiser
périodiquement des visites sur place. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus de
territoire sous tutelle. Les seuls qui restaient étaient les Îles du Pacifique, sur
lesquelles les Etats-Unis d'Amérique exerçaient une tutelle stratégique. C’est un
régime spécial pour ces territoires qui étaient considérés comme des zones
stratégiques. C’est pourquoi ils ne relèvent pas de l’Assemblée Générale mais du
Conseil de Sécurité.
Par conséquent il n’y a plus de territoire sous tutelle, car tous ont accédé
à l’indépendance. Il faut souligner que le Comité Spécial chargé de l’application
de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux

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de 1960 a joué un rôle important dans l’évolution de ces territoires. Le seul
problème qui demeurait sans solution était celui du territoire du Sud Ouest
Africain ou Namibie (appelé aussi la Rhodésie du Sud), ancienne colonie allemande
qui avait été placée sous mandat C. L’Afrique du Sud, on se souvient, avait refusé
de le soumettre au régime sous tutelle. Deux avis de la Cour Internationale de
Justice rendus en 1950 et en 1971, et un arrêt rendu en 1966 n’y ont rien fait.
L’ONU n’en a pas moins cessé d’œuvrer à l’indépendance de ces territoires
qui est survenu le 21 mars 1990 grâce au GANUPT (Groupe d’Action des Nations
Unies pour la Période Transitoire). De ce fait, le Conseil de Tutelle n’a plus sa
raison d’être. Il est composé seulement de 4 membres permanents, la Chine
refusant d’y siéger pour des raisons idéologiques.

Paragraphe 6 : La Cour Internationale de Justice


Sa devancière est la CPJI (Cour Permanente de Justice Internationale)
créée sous la Société des Nations. Le statut qui régit sous fonctionnement est
annexé à la charte dont il fait partie intégrante. C’est le principal organe
judiciaire des Nations Unies. Elle est composée de 15 juges, qui sont des
magistrats élus sans égard à leur nationalité parmi les personnalités jouissant de
la plus haute considération morale, remplissant les conditions requises pour
l’exercice, dans leurs pays respectifs, des plus hautes fonctions judiciaires, ou
possédant en tant que juge consulte, une compétence notoire en matière de Droit
International. Ce sont des fonctionnaires internationaux. Ils sont élus pour 9
ans, et sont rééligibles. Ils bénéficient des privilèges et immunités fonctionnels.
Leur choix doit tenir compte de la règle de la répartition géographique équitable,
c'est-à-dire que les principaux systèmes juridiques du monde doivent être
représentés. Des juges ad Hoc (juges pour une affaire donnée pendant un temps
donné) peuvent être désignés. Ils ne sont pas nécessairement ressortissants aux
différends, et une fois désignés, ils ont les mêmes obligations que les juges
permanents pendant la durée du procès. L’institution du juge ad Hoc s’explique
par le fait que les parties n’ont pas souvent de juges de leur nationalité à la Cour.
Le juge ad Hoc peut siéger au plan contentieux comme au plan consultatif. Mais
sa désignation par une partie au différend ne signifie pas qu’il est son avocat.
La Cour comprend des formations restreintes, c'est-à-dire des Chambres
constituées en vue d’affaires déterminées. Ces chambres sont restées pendant
longtemps dans la léthargie (dans l’immobilisme), et les Etats n’ont commencé à y
recourir qu’à partir de 1984. L’avantage du règlement par les chambres s’est qu’il
rapproche le règlement judiciaire du règlement arbitral.
La Cour Internationale de Justice a une double compétence, une
compétence contentieuse et une compétence consultative. Au plan contentieux,
elle ne peut être saisie que par des Etats et à cette occasion elle peut rendre un
arrêt sur les exceptions préliminaires et un arrêt sur le fond. Cette compétence

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contentieuse est fondée sur le consentement des Etats, consentement qui peut
s’exprimer par un compromis lorsque les partis n’ont pas reconnu la compétence
obligatoire de la Cour avant la survenance du litige, par une déclaration
unilatérale, dans un traité bilatéral ou multilatéral, en application de la close
facultative de juridiction obligatoire, prévu à l’article 36 §2 du statut de la Cour
Internationale de Justice. Il y a enfin une forme d’acceptation tacite de la
compétence obligatoire de la Cour, appelée Forum Prorogatum.
Au plan consultatif, la Cour Internationale de Justice émet des avis qui ne
sont pas obligatoires. Même saisie d’une demande d’avis consultatif par une
Organisation Internationale, la Cour peut refuser de se prononcer si cette
demande d’avis revêt en réalité un caractère contentieux ou consultatif. Elle a en
la matière un pouvoir discrétionnaire. Les demandes d’avis ne doivent porter que
sur toute question juridique. Il y a une similitude cependant entre l’avis et
l’arrêt, car l’avis a une forme semblable à celle d’un arrêt puisqu’il peut être
assorti d’opinion individuelle ou d’opinion dissidente.

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Section 3 : Le fonctionnement de l’ONU
La structure de l’ONU est complexe et ses actions sont diversifiées. Pour
les accomplir, il lui faut d’importants moyens d’action (les moyens financiers,
juridiques). S’agissant des ressources de l’ONU, elles comprennent des
contributions obligatoires et des contributions volontaires. Pour les
contributions obligatoires c’est l’Assemblée Générale qui détermine la quote-part
qui incombe à chaque Etat membre. La participation aux dépenses de
l’organisation, est une obligation dont la sanction est la privation du droit de vote
en cas de retard dans le paiement. S’agissant des moyens juridiques, les organes
de l’ONU n’ont pas le pouvoir d’imposer une décision aux Etats membres. Mais en
matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale, le Conseil de
Sécurité dispose au titre du chapitre 7 de la charte d’un réel pouvoir, puisqu’il
est habilité à prendre des décisions obligatoires. La charte lui confère un pouvoir
de contrainte qu’il a tenté d’exercer dans l’affaire de la guerre de Corée en
1950, mais celui-ci n’a pas abouti en raison du veto de l’URSS. De même, des
sanctions économiques ont été adoptées dans le passé contre l’ancienne Rhodésie
du Sud (actuel Zimbabwe) en 1936. En effet, le Conseil de Sécurité en
application des articles 39 et 41 de la charte a ordonné des ruptures
diplomatiques et interdit toutes relations économiques et sociales avec les
autorités de Rhodésie.
Mais l’ONU a d’autres moyens d’action nés de la pratique. Il s’agit des
opérations de maintien de la paix qui ce sont développées et revêtent plusieurs
formes. Les forces des Nations Unies sont la forme la plus connue communément
appelée casques bleus. Il y a d’autres formes dont le groupe d’observateurs des
Nations Unies pour par exemple superviser les élections.
Les opérations de maintien de la paix sont une technique inédite non
mentionnée dans la charte de l’ONU. Il ne s’agit pas ici de réprimer un agresseur
à l’instar des mesures de sécurité collectives ou de polices internationales. Il
s’agit plutôt d’une interposition des forces des Nations Unies entre les
belligérants pour faciliter une éventuelle négociation. 5 principes régissent les
opérations de maintien de la paix :
 Le déploiement des forces de l’ONU en tant que force tampon entre
belligérants en cas de conflit armé international.
 L’autorisation préalable du Conseil de Sécurité et le placement des forces
sous la direction du Secrétaire Général.
 Le consentement des parties au conflit et la fourniture des troupes par les
Etats sur une base volontaire.
 L’impartialité des troupes de l’ONU
 Le non recours à la force par ces dernières sauf en cas de légitime défense

- 42 -
L’évolution du fonctionnement des OMP (Opération de Maintien de la Paix)
se caractérise par leur multiplication, par la diversification de leurs missions et
de leurs moyens et par l’usage de la force. Ainsi, leur déploiement en cas de
conflit interne est fréquent. Leur mandat s’est élargi aux acticités relevant des
compétences étatiques : reconstruction étatique au Salvador, en Somalie, et au
Rwanda, assistance électorale, supervision des opérations électorales, formation
des forces de police, et assistance humanitaire, etc. On parle alors d’opérations
de 2nde génération, c'est à dire les opérations de maintien de la paix dans les
conflits internes. Cette évolution entraîne une remise en cause du principe de
non intervention, car la plupart des opérations de maintien de la paix sont
déployées sur le territoire d’Etats où les structures étatiques se sont
effondrées, et prennent en charge les domaines traditionnellement réservés à
l’Etat. Ce phénomène est courant en Afrique. En effet, le Conseil de Sécurité de
l’ONU a adopté la résolution 794 du 3 décembre 1992 en application du chapitre
7 de la charte pour l’ONUSOM II (Organisation de Nations Unies pour la
Somalie). C’est la première fois qu’une OMP est fondée sur le chapitre 7 dans
l’histoire des Nations Unies en assurant un déploiement unilatéral en dehors du
consentement des parties au conflit. Le Conseil de Sécurité a recouru à la force
en Somalie pour garantir la distribution de l’assistance humanitaire. Il l’avait fait
dans la crise congolaise avec l’ONUC (Organisation des Nations Unies pour le
Congo) pour réduire la Sécession Katangaise et en Bosnie-Herzégovine en 1992
pour acheminer l’aide humanitaire. Nous assistons par conséquent à une
redéfinition du mandat des OMP due à l’émergence de l’humanitaire. En 1992
trois opérations mises sur pied sont investies d’un mandat humanitaire, il s’agit
de l’ONUSOM (Organisation des Nations Unies pour la Somalie) et de
l’ONUMOZ (Organisation des Nations Unies pour la Mozambique). On assiste
également à une redéfinition des moyens d’action, avec le recours à des mesures
coercitives. Initialement, les OMP () comportaient des tâches spécifiques de
nature militaire, confiées à des contingents militaires. De nos jours, à côté de
ces tâches militaires, figurent des tâches de nature civile. Il en résulte un
accroissement des responsabilités de la Société internationale, et une limitation
de l’exercice par les Etats des leurs. Il y a plus d’une cinquantaine d’opérations
de maintien de la paix dans le cadre de l’ONU.
L’activité de l’ONU est donc multiforme car outre le domaine de la
sécurité (maintien de la paix et désarmement), l’ONU intervient en matière de
décolonisation. En effet, grâce à son action, il ne reste guerre de territoire à
décoloniser (la Namibie est indépendante, l’apartheid est démantelée). L’ONU
s’est opposée à la naissance de nouvelles entités étatiques lorsqu’elle les
considère irrégulières, c’est le cas des Bantoustans. Par ailleurs, l’ONU
intervient en matière économique, sociale et humanitaire par divers organismes

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tels le PNUD, le PAM, l’ONUDI, l’UNICEF, les Volontaires des Nations Unies, et
elle développe une activité normative en matière de Droits de l’Homme.

Conclusion :
La tendance a politisé tous les problèmes est cependant croissante à
l’ONU. On peut enfin regretter que ses résolutions soient souvent sans
conséquences pratiques, ou soient soumises à la politique de deux poids, deux
mesures.

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Sous-titre 2 : Les Organisations Internationales à
vocation Régionales

Chapitre 1 : l’Union Européenne


L’idée de l’Europe économique est née de Jean MONNET et de Robert
SCHUMANN qui, ont fait accepter la nécessité d’une mise en commun de
certaines ressources et de certaines industries en vue d’une véritable
intégration économique dont la réalisation se fera par paliers (étapes), le but
final étant l’intégration politique. Le Traité de Maastricht (Pays Bas) du 7
février 1992 sur l’Union Européenne se situe dans cette mouvance puisqu’il
transforme les Communautés Economiques Européennes en Union Européenne à
vocation politique. Il prévoit l’institution d’une monnaie unique en 1997 et d’une
banque centrale, puis crée une citoyenneté européenne. Ce Traité qui comporte 7
titres et 17 protocoles intervient après la signature de l’Acte Unique Européen
signé à Luxembourg 1986 et à la Haye le 28 février 1986. Cet Acte est entré en
vigueur le 1er juillet 1987.

Section 1 : Les institutions européennes


Les théories intégratives
La théorie intégrationniste, distingue diverses formes d’intégration. On a
la zone de libre échange ou de libre commerce où les tarifs douaniers sont abolis
entre les pays membres, mais où chaque pays maintient ses propres tarifs vis-à-
vis des Etats tiers. On a ensuite l’union douanière où il existe en plus
l’établissement d’un tarif extérieur commun. Vient à près l’union douanière le
marché commun où sont abolis les discriminations tarifaires au commerce et les
restrictions à la circulation des personnes et des capitaux. Après le marché
commun, vient l’Union économique, où existe une harmonisation des politiques
économiques, monétaires, fiscales (impôts), sociales et où l’on met en œuvre les
politiques communes dans d’autres domaines tels que l’industrialisation, le
commerce, les transports, etc. Vient l’intégration économique totale ou union
totale, qui est le stade ultime de l’intégration économique. Elle s’accompagne
d’une autorité supranationale dont les décisions obligent les Etats membres.
C‘est cette dernière étape que vise l’UEMOA, la CEEAC, et bien d’autres espaces
économiques. Mais toutes ces étapes se retrouvent dans les objectifs des
traités consécutifs de ces organisations.

La genèse ou l’origine de l’Union Européenne


Les communautés européennes étaient constituées de 3 organisations, la
Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) créée par le Traité de
Paris le 18 avril 1951 signé pour 50 ans. Il est entré en vigueur le 1 er janvier 1952

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et a expiré en 2002. Elle (CECA) était fondée sur le plan SCHUMANN qui
proposait de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et
d’acier sous une haute autorité commune. Le Traité instituant cette communauté
était signé par 6 pays, l’Allemagne, la Belgique, la France Italie Luxembourg, les
Pays Bas. La Grande Bretagne étant restée à l’écart. Puis le 25 mars 1957, les
mêmes Etats signèrent les Traités de Rome instituant la Communauté
Européenne de l’Energie Atomique (CEEA) appelée également EURATOM
(initiative de SCHUMANN) et la Communauté Economique Européenne (CEE), à
l’initiative de Jean MONNET parce que l’arme nucléaire ne pouvait rester le seul
monopole de l’URSS et des Etats-Unis d'Amérique. Mais l’objectif poursuivi par
la Communauté Economique Européenne était la création d’un vaste marché
commun permettant la libre circulation des personnes et des biens, aux moyens
d’une union douanière, c'est-à-dire l’abolition des barrières douanières entre les
Etats membres.
Chacune de ces 3 organisations possédait des organes propres. Seules
l’Assemblée et la Cour de Justice, créées dans le cadre de la CECA (Communauté
Européenne du Charbon et de l’Acier) étaient communes. Aussi, une unification
des institutions s’imposait elle. C’est ce qui est arrivé avec le Traité conclu à
Bruxelles le 8 avril 1965. Ce Traité fusionne les organes des 3 organisations.
En 1972, les Communautés Européennes ont enregistré l’entrée de 3
nouveaux membres. Il s’agit du Danemark, de la Grande Bretagne et de l’Irlande.
Ce qui portera leur nombre à 9. La Norvège aurait pu, à cette époque en faire
partie, mais les résultats du référendum organisé sur son adhésion ont été
négatifs.
Le 28 Mai 1979, la Grèce fit son entrée et l’Espagne et le Portugal furent
admis le 11 juin 1985. En 1986, l’Acte unique européen fut adopté. Il prévoit des
modifications aux 3 traités fondateurs dans le sens de la construction
européenne au-delà de l’économie. C’est dans ce contexte que fut adopté le
Traité de Maastricht aux Pays Bas le 7 février 1992, Traité instituant un
système monétaire européen, avec la création de l’ECU puis de l’Euro le 1 er
janvier 1999. Ce Traité supprima les entraves à la libre circulation des
marchandises et des personnes. A long terme, ce Traité permet la réalisation
d’une Europe politique, mais en attendant, le respect par l’Union des droits
fondamentaux (droits de l’Homme, droits humains) a une place de choix. Par
ailleurs, il annonce des valeurs communes de paix, de développement, de la
démocratie, de sécurité, d’où la Politique Etrangère et de Sécurité Commune
(PESC). Il institue la citoyenneté européenne qui se superpose aux citoyennetés
nationales et qui se traduit par le droit de vote et le droit d’être éligible aux
élections municipales dans tout Etat membre. Mais bien avant ce Traité
instituant l’Union Européenne (UE), certains Etats sont liés aux Communautés par
des accords d’association. Il s’agit de certains pays et territoires, qui

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entretiennent des relations particulières avec certains Etats membres, tels que
la Belgique, la France, l’Italie, les Pays Bas et le Royaume Uni. Ainsi, des accords
d’association ont été conclus avec ces pays.
C’est la Convention de Yaoundé signée le 20 juillet 1963 et prorogé
(prolongé) de 5 ans, ce qui donna Yaoundé 2 en 1969. Puis vint le système de
Lomé désigné sous le nom de Convention de Lomé. Ainsi, la 1 ère Convention de
Lomé a été signée le 28 février 1975. Elle lie 46 Etats ACP (Afrique – Caraïbes -
Pacifique). La 2ème Convention, Lomé 2, fut signé le 31 octobre 1979, et lie 51
Etats ACP. Cette Convention mit en place un Conseil des ministres, un Conseil des
Ambassadeurs, et une Assemblée consultative. Le STABEX qui était créé est
maintenu, et un nouveau système est établit, le SYSMIN (Système Minier), suivi
du protocole sucrier. La Convention de Lomé 3 a été signé le 8 décembre 1984.
Elle lie 66 Etats et conserve le STABEX, le SYSMIN, et renouvelle le protocole
sucrier. Pour la 1ère fois, elle comporte des dispositions relatives aux Droits de
l’Homme. La Convention de Lomé 4, fut signé le 15 décembre 1989 pour 10 ans.
Elle lie 68 Etats, et établit en son article 5 une corrélation entre l’aide public au
développement et l’instauration de la démocratie dans les pays ACP. Cette
Convention a été révisé à l’île Maurice en 1995, entre 15 pays Européens et 68
pays ACP. La dimension politique du partenariat prend ici un relief particulier. Il
n’y a pas eu de Lomé 5. A la place, c’est l’accord de partenariat entre les pays
d’Afrique, les Caraïbes et du Pacifique, et la Communauté Européenne et ses
Etats membres, qui a été signé à Cotonou le 23 juin 2000. C’est un Traité
multilatéral à caractère multidimensionnel. Il définit le cadre juridique du
partenariat ACP – Union Européenne pour une période de 20 ans entre les
membres du groupe des Etats ACP d’une part, et la Communauté Européenne et
ses Etats membres d’autre part. Ce partenariat est centré sur l’objectif de
réduction, et à terme, d’éradication de la pauvreté en liaison avec les objectifs
du développement durable et d’une intégration progressive des pays ACP dans
l’économie mondiale. Ce partenariat implique l’abandon du principe des
préférences non réciproques, et l’intégration progressive de la réciprocité dans
les échanges ACP – Union Européenne.
Sur le plan des structures institutionnelles, après la fusion des organes
intervenue le 8 avril 1965, les communautés comprennent désormais :
 La Commission qui remplace la Haute autorité de la CECA (Communauté
Européenne du Charbon et de l’Acier) et les 2 commissions de la CEE
(Communauté Economique Européenne) et de la CEEA (Communauté
Européenne de l’Energie Atomique). Ces membres sont des fonctionnaires
internationaux.
 Le Conseil des ministres, appelé depuis 1974 le Conseil Européen.
Ces deux organes sont des organes exécutifs, mais à côté il y a des
organes de contrôle qui sont l’Assemblée, appelée Parlement Européen. Elle est

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formée de parlements nationaux, dont les membres sont élus au suffrage
universel direct depuis 1979. Le scrutin s’opère selon des modalités propres à
chaque Etat.

La Cour de Justice des Communautés Européennes :


Elle est compétence en matière d’interprétation et d’application du Traité de
Rome, et des règlements d’exécution. Elle est composée de Juges nommés d’un
commun accord et elle apparaît tantôt comme une juridiction administrative,
comme une juridiction internationale, et tantôt comme une juridiction
constitutionnelle. Et pour éviter de la surcharger, il a été créé le 24 octobre
1988, un Tribunal de 1ère Instance des Communautés Européennes, qui comprend
12 Juges.
Qui peut saisir cette Cour ?
Cette cour peut être saisie par les Etats membres, par les organes des
Communautés, et par de requérants individuels dans certains cas, c'est-à-dire
quand ils sont destinataires de décisions contestées.
Mais, à côté des organes d’action, il existe des organes de gestion qui
sont : l’Agence de l’Euratom, organisme subsidiaire de l’Agence Atomique
Européenne et les organismes de gestion du marché commun tels que le Fond
Spécial, la Banque Européenne d’Investissement, et le Fond Européen
d’Orientation et de Garantie Agricole.
L’évolution institutionnelle de l’Union Européenne est marquée d’abord par
le Traité de Maastricht, le Traité d’Amsterdam du 20 octobre 1997, qui prolonge
le Traité de Maastricht, en engageant la construction européenne dans une voie
de plus en plus politique, le Traité de Nice du 20 février 2001, le Traité de Rome
de 2005 portant sur la Constitution Européenne, qui n’a pu entrée en vigueur, en
raison des résultats négatifs qui ont sanctionnés les opérations référendaires
organisées aussi bien en France et qu’au Pays Bas, et le Traité de Lisbonne,
entrée en vigueur en décembre 2009. Mais auparavant, l’Europe a admis de
nouveaux Etats, ce qui a porté leur nombre d’abord à 25, depuis le 1 er Mai 2004,
et à 27, avec l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie.

L’arrivée massive de nouveaux Etats ne va-t-elle pas faire perdre à


l’Europe son âme ?

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Section 2 : Le Droit Communautaire
Il ne s’aurait y avoir d’espace économique intégré qui ne soit pas fondé sur
une espace juridique unifié, d’où la nécessité d’un droit communautaire. Le droit
communautaire comprend 2 catégories de normes juridiques, à savoir le droit
communautaire originaire et le droit communautaire dérivé ou institué.

Le droit communautaire originaire :


Il comprend en ce qui concerne l’Union Européenne, les 3 Traités
fondateurs, CECA de 1951, CEE de 1957, et l’Euratom ou CEEA, ensuite l’Acte
Unique Européen, le Traité de Maastricht, le Traité d’Amsterdam, le Traité de
Nice, le Traité de Rome et le Traité de Lisbonne, sans oublié l’ensemble des
actes constitutifs des communautés servant de cadre à l’ordre juridique
communautaire.

Le droit communautaire dérivé :


Il est subordonné à tous ces Traités. Ce sont les Actes unilatéraux des
organes des Communautés. Ils sont marqués par leurs diversités. Selon l’article
189 du Traité de Rome de 1957 créant la CEE, ce sont les actes suivants du
Conseil Européen et la Commission :
 Le règlement : il a une portée générale et est obligatoire dans tous ses
éléments. Il est directement applicable dans tout Etat membre.
 La directive : elle est de portée restreintes puisqu’elle ne lie que tout Etat
membre destinataire quant au résultat à atteindre. Le choix est laissé aux
autorités étatiques d’en déterminer la forme et les moyens.
 La décision : elle est obligatoire en tous ses éléments pour les destinataires
qu’elle désigne qu’il s’agisse d’individus ou d’entreprises.
 Enfin, les recommandations et les avis : ils sont dépourvus de forces
obligatoires.

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