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Dans la même collection
Série Points chauds
Colloque de Paris, janvier/février 1981
Le refus de l'oubli
(la politique de disparition forcée de per sonnes)
Abdelkader Maachou
L'OPAEP et le pétrole arabe
Marcel David
La solidarité comme contrat et comme éthique
Institut international d'études sociales
Université et développement solidaire
Série Manuels BL
Madjid Benchikh
Droit international du sous-développement
Edmond Jouve
Relations internationales
du Tiers monde et droit des peuples
(3e édition à paraître)
Série Documents et Essais
Maurice Torrelli
Le médecin et les droits de l'homme
Mondes en devenir
Collection dirigée par Edmond Jouve
Série Manuels BL
1
MohamedBennouna
agrégé des facultés de droit
professeur aux universités de Rabat et de Nice
Droit international
du développement
Tiers monde
et interpellation du droit international
Berger-Levrault
© Berger-Levrault, janvier 1983
229, boulevard Saint-Germain, 75007 PARIS
ISBN 2-7013-0499-7
MONDES EN DEVENIR
Collection dirigée par Edmond Jouve
E. J.
INTRODUCTION
(2) A. Philip, «Les Nations unies et les pays en voie de développement »in L'adapta-
tion de l'ONU au monde d'aujourd'hui, Colloque international de Nice, 27-29 mai 1965,
Paris éditions Pedone, 1965 p. 131-132.
(3) M. Virally, Vers un droit international du développement. AFDI, 1965, p. 3-12.
(4) M. Bedjaoui, Pour un nouvel ordre économique international, op. cité, p. 261.
Et A. Mahiou «Les implications du Nouvel ordre économique international et le droit in-
ternational » in Droit international et développement. Colloque d'Alger, 11-14 octobre
1976, SNED, Alger 1978 p. 309-343.
(5) A. Mahiou, op. cité.
1
TIERS MONDE
ET DROIT INTERNATIONAL
(19) Plan d'action de Lagos en vue de la mise en œuvre de la stratégie de Monrovia pour
le développement économique de l'Afrique, EM/ECO/9/ (XIX), rev. 2. Document
adopté à l'issue du sommet économique des chefs d'Etats africains tenu les 28 et 29 avril
1980.
III
INTERPELLATION DU DROIT INTERNATIONAL
(24) Cours reproduit dans la Revue des droits de l'homme, vol. V, n° 2-3, 1972, p. 505-
534.
(25) K. Vasak «A30 years struggle - The sustained efforts to give force of law to the
universal Declaration of Human Rights », Unesco Courrier, november 1977, p. 29.
(26) Résolution 5 (XXXV, 1979) adoptée à la suite du rapport du secrétaire général de
l'ONU sur «Les dimensions internationales du droit au développement comme un droit
de l'homme». E/CN 4 / 1334 du 11/12/78.
seconds (27). La mesure du droit au développement se fera nécessaire-
ment au niveau individuel en appréciant, en particulier, la satisfaction
des besoins fondamentaux, mais son exercice sera collectif au niveau des
peuples organisés en Etats.
L'évolution du droit international conduit de plus en plus à lever le
voile des formes étatiques pour saisir les peuples et les personnes
humaines destinataires directs de droits et d'obligations internationaux.
Cette évolution s'est réalisée sous l'effet de la reconnaissance internatio-
nale du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et, en tant que
corollaire, de leur souveraineté sur les richesses naturelles et activités
économiques, inscrits à l'article 1 des pactes internationaux sur les
droits de l'homme. Toute collectivité a donc le droit de disposer des
moyens d'assurer à ses membres la satisfaction des besoins fondamen-
taux en choisissant elle-même les modalités appropriées.
Les dimensions internationales du droit au développement rejoignent
ainsi la problématique du droit international du développement, déjà
évoquée, puisqu'il impose d'éliminer tous les obstacles que l'ordre
juridique dresse devant les efforts des peuples pour sortir du
sous-développement, et qu'il met à la charge de tous les Etats un devoir
de solidarité pour favoriser ces efforts. La solidarité peut trouver son
fondement, d'une part, dans l'obligation qui pèse sur les anciennes
puissances coloniales de réparer tous les préjudices et dommages
occasionnés dans le passé aux nouveaux Etats et, d'autre part, dans
l'intérêt bien compris et à long terme des pays industrialisés d'avoir dans
le Tiers monde des interlocuteurs dynamiques et solvables, aptes de la
sorte à participer à un véritable échange international sur des bases
équitables.
Les exigences du développement ne peuvent en aucun casjustifier les
atteintes aux droits fondamentaux de la personne humaine, qu'il s'agisse
de ses conditions de travail et de subsistance ou de ses aspirations à un
espace de liberté face à l'Etat. Mais cette acception du droit au
développement ne se heurte-t-elle pas au principe de non ingérence dans
les affaires intérieures des Etats, ou au respect du domaine réservé à leur
compétence nationale ? La réponse à cette question dépend de la
«faisabilité juridique »(28), en droit international, du concept de droit
(27) Pour une bonne synthèse des discussions relatives au «droit au développement ».
voir P. Alston «The Right to development at the international Level »in colloque sur Le
droit au développement au plan international, Académie de droit international de La
Haye et université des Nations Unies. Sijtoff et Nordhoff, La Haye. 1980, p. 99-114.
(28) Selon l'expression de G. Abi Saab, The légalformulation ofa right to development.
Subjects and content.Colloque sur le droit au développement au plan international, op.
cité, p. 159- 175.
au développement. On sait en effet, que la Cour permanente de justice
internationale a rejeté, dès 1923, la théorie d'un domaine réservé par
nature à l'Etat :
la question de savoir si une certaine matière rentre ou ne rentre pas dans le
domaine exclusif d'un Etat est une question essentiellement relative : elle dépend
du développement des rapports internationaux ... Il se peut très bien que dans
une matière qui, comme celle de la nationalité, n'est pas en principe réglée par
le droit international, la liberté de l'Etat de disposer à son gré soit néanmoins
restreinte par des engagements qu'il aurait pris envers d'autres Etats. En ce cas,
la compétence de l'Etat, exclusive en principe, se trouve limitée par des règles
du droit international (29).
Il apparaît ainsi que les obligations imposées aux pays du Tiers
monde dans la conduite de leur politique sociale et aux pays
industrialisés dans la mise en place d'une politique de coopération sont
fonction de la portée, en droit international et de la nature juridique du
concept de droit au développement. Pour en préciser les contours
juridiques, il faut rechercher, d'une part, le nouveau système de valeurs
soutenu par un large consensus (c'est le cas comme nous le verrons du
NOEI) et, d'autre part, les structures internationales destinées à fournir
une pression constante pour la traduction normative de ce système de
valeurs (30). Le droit au développement procède de la volonté des
acteurs internationaux de déployer une action collective, par voie de
négociations permanentes, dans le but de réduire les inégalités de
développement entre nations et entre les individus en leur sein. Il relève
donc de la catégorie juridique des principes de droit international, qui
ont pour fonction d'orienter et de canaliser la production normative et la
création institutionnelle. Le droit au développement, tel le principe
d'équité, n'est pas «une représentation de justice abstraite » (31), mais
une règle de droit qui prescrit la poursuite d'objectifs convenus en
commun et qui prohibe certains comportements incompatibles avec ces
objectifs. C'est en définitive, le fondement du droit international du
développement et sa justification, le principe de référence, d'analyse et
d'interprétation qui en garantit la cohérence et la continuité.
Comme on le démontrera dans les développements qui suivent sur les
(29) Avis du 7 février 1923, Affaire des décrets de nationalité en Tunisie et au Maroc.
CPJ1. série B. n° 4, p. 23-24.
(30) Voir l'analyse à ce sujet de G. Abi Saab, op. cité.
(31) Cour internationale dejustice. Affaire du plateau continental en merdu Nord entre
la République fédérale d'Allemagne d'un côté et le Danemark et les Pays-Bas de l'autre
(arrêt du 20 février 1969, p. 46 § 87).
méthodes d'analyse, nous n'adhérons pas, en soulignant l'existence d'un
droit au développement, à une vision idyllique des relations internationa-
les. En effet, la concrétisation de ce droit sera à la mesure des luttes des
pays du Tiers monde et de l'évolution des contradictions qui les
opposent aux pays industrialisés. Mais cela ne doit pas conduire à
proclamer «l'ineffectivité du droit au développement »et son caractère
de legeferenda (32) ; car le même raisonnement pourrait alors couvrir
des principes bien établis comme l'égalité, la non-ingérence et la libre
détermination des peuples, dont la mise en œuvre est bien imparfaite.
Leur caractère juridique est pourtant indéniable puisqu'ils bénéficient
d'une opinio juris universelle. Qui aujourd'hui, parmi les acteurs
intervenant sur la scène internationale, pourrait s'opposer au droit au
développement et proclamer une volonté manifeste de ne pas contribuer
à son application ? C'est bien la preuve que ce droit est la traduction
juridique de la prise de conscience, au cours de la deuxième moitié du
XX siècle, du problème des inégalités de développement. Cette prise de
conscience est à l'origine du droit international du développement,
nouvelle approche du droit international qui entraîne en conséquence, la
remise en cause des méthodes d'analyse de cette discipline.
(44) R. Falk «Historical tendancies, modernizing and revolutionnary nations, and the
international law in The strategy of world order, volume II : «International law ». edited
by R. Falk et S.H. Mendlovitz. World law fund. New York. 1966. p. 183.
(45) Voir notre article sur «L'affaire du Sahara occidental devant la Cour internationale
de justice. Essai d'analyse structurale de l'avis consultatif du 16octobre 1975. Revueju-
ridique politique et économique du Maroc, n° 1, décembre 1975. p. 81-106.
de vérité scientifique, présenter toutes les données du réel, en nous
munissant chaque fois des outils méthodologiques qui en autorisent une
ananlyse critique.
Nous rendrons compte aussi bien des domaines où des résultats
concrets ont été atteints que de ceux qui n'ont fait l'objet que de projets
ou de simples revendications contradictoires. N'est-ce pas la seule façon
d'éviter les pièges du positivisme et du dogmatisme que de présenter, en
plus du droit en vigueur, les remises en cause, les formules de rechange
et les propositions destinées à combler les lacunes ? La vision
prospective impose parfois d'imaginer l'avenir pour mieux apprécier le
présent sans se contenter de simples projections à partir de ce qui existe.
Nos développements seront consacrés d'abord au nouvel ordre
économique international en tant qu'expression d'un éventuel système de
valeurs propres au droit international du développement ; nous
aborderons ensuite l'étude des acteurs et des sources de ce droit avant de
nous pencher sur les différents domaines des relations internationales en
cause.
Bibliographie sélective de l'introduction
Ouvrages et cours
- AMin (S.), ARRIGHI (G.), GUNDER-FRANCK (A.), WALLERSTEIN (I.) La crise,
quelle crise ? Dynamique de la crise mondiale, Maspéro, Paris, 1982.
- ALTHUSSER (L.), Pour Marx, Maspero, Paris, 1968.
- CARREAU (D.), FLORY (T.), JULLIARD (P.), Droit international économique,
LGDJ, Paris, 1980 (2 édition).
- CARTAFAN (J.Y.), CONDAMINES (C.), Qui a peur du tiers-monde ? Rapports
nord-sud : les faits, Seuil, Paris, 1980.
- CHAUMONT (C.), Cours général de droit international public, RCADI, 1970
(1), tome 129, p. 343-527.
- COLOMBEAU (A.) DAVIN (C.), GUEYDEAU (C.), RUIZ (C.) : Etudes de
doctrine et de droit international du développement, Paris, PUF, 1975.
- Droit international et développement. Actes du colloque international tenu
à Alger du 11 au 14 octobre 1976, OPU, Alger, 1977.
- DUPUY (R.J.), Communauté internationale et disparités de développement -
Cours général de droit international public, RCADI, tome 165, 1981.
- ELMENJRA (M.), The United Nations system - an analysis, Faber and Faber,
Londres, 1973.
- FALK (R.), The new states and international legal order, RCADI, tome 118,
1977 (II).
- FLORY (M.), Souveraineté des Etats et coopération pour le développement,
RCADI, tome 141, 1974 (1).
- FLORY (M.), Droit international du développement, Paris, PUF.
- GONIDEC (P.F.) et CHARVIN (R.), Relations internationales, Paris,
Montchrestien, 1982, (3 édition).
- JOUVE (E.), Relations internationales du Tiers-Monde et droit des peuples,
Paris, Berger-Levrault, 1979 (2 édition).
- L'adaptation de l'ONU au monde d'aujourd'hui. Colloque international de
Nice, 27-29 mai 1965. Paris, Pedone, 1965.
- La relation du droit international contemporain avec la structure
économique et sociale. Actes de la quatrième rencontre de Reims, Faculté de
droit de Reims, 1978.
Le droit à l'autodétermination, Presses d'Europe, 1980.
Le droit au développement au plan international. Colloque de l'Académie de
droit international de La Haye et de l'Université des Nations unies, Sijtoff et
Nordhoff, La Haye, 1980.
- MENDE (T.) De l'aide à la recolonisation, Seuil, Paris, 1979 (3 édition).
- MERLE (M.), Sociologie des relations internationales, A. Colin, Paris, 1974.
- MUTHARIKA (A.P.), The international law of development, Ocean
publications, New York, 4 volumes (documents) à partir de 1978.
- Pays en développement et transformation du droit international. Colloque de
la société française de droit international, Aix-en-Provence, Pedone, Paris,
1974.