CHAPITRE IX
De la tolérance en fait de religion.
Nous sommes ici politiques, et non pas théologiens; et, pour les théologiens mêm
es, il y a bien de la différence entre tolérer une religion et l'approuver.
Lorsque les lois d'un État ont cru devoir souffrir plusieurs religions, il faut
qu'elles les obligent aussi à se tolérer entre elles. C'est un principe, que tou
te religion qui est réprimée devient elle-même réprimante; car sitôt que, par qu
elque hasard, elle peut sortir de l'oppression, elle attaque la religion qui l'a
réprimée, non pas comme une religion, mais comme une tyrannie.
Il est donc utile que les lois exigent de ces diverses religions, non seulement
qu'elles ne troublent pas l'État, mais aussi qu'elles ne se troublent pas entre
elles. Un citoyen ne satisfait point aux lois en se contentant de ne pas agiter
le corps de l'État: il faut encore qu'il ne trouble pas quelque citoyen que ce s
oit.
CHAPITRE X
Continuation du même sujet.
Comme il n'y a guère que les religions intolérantes qui aient un296 grand zèle p
our s'établir ailleurs, parce qu'une religion qui peut tolérer les autres ne son
ge guère à sa propagation, ce sera une très bonne loi civile, lorsque l'État est
satisfait de la religion déjà établie, de ne point souffrir l'établissement d'u
ne autre[381].
Voici donc le principe fondamental des lois politiques en fait de religion. Quan
d on est maître de recevoir dans un État une nouvelle religion, ou de ne la pas
recevoir, il ne faut pas l'y établir; quand elle y est établie, il faut la tolér
er.
CHAPITRE XI
Du changement de religion.
Un prince qui entreprend dans son État de détruire ou de changer la religion dom
inante s'expose beaucoup. Si son gouvernement est despotique, il court plus de r
isque de voir une révolution que par quelque tyrannie que ce soit, qui n'est jam
ais, dans ces sortes d'États, une chose nouvelle. La révolution vient de ce qu'u
n État ne change pas de religion, de mœurs et de manières dans un instant, et au
ssi vite que le prince publie l'ordonnance qui établit une religion nouvelle.
De plus, la religion ancienne est liée avec la constitution de l'État, et la nou
velle n'y tient point: celle-là s'accorde avec le climat, et souvent la nouvelle
s'y refuse. Il y a plus: les citoyens se dégoûtent de leurs lois; ils prennent
du mépris pour le gouvernement déjà établi; on substitue des soupçons contre les
deux religions à une ferme croyance pour une; en un mot, on donne à l'État, au
moins pour quelque temps, et de mauvais citoyens et de mauvais fidèles.
CHAPITRE XII
Des lois pénales.
Il faut éviter les lois pénales en fait de religion. Elles impriment de la crain
te, il est vrai; mais, comme la religion a ses lois pénales aussi qui inspirent
de la crainte, l'une est effacée par l'autre. Entre ces deux craintes différente
s, les âmes deviennent atroces.
La religion a de si grandes menaces, elle a de si grandes promesses,297 que, lor
squ'elles sont présentes à notre esprit, quelque chose que le magistrat puisse f
aire pour nous contraindre à la quitter, il semble qu'on ne nous laisse rien qua
nd on nous l'ôte, et qu'on ne nous ôte rien lorsqu'on nous la laisse.
Ce n'est donc pas en remplissant l'âme de ce grand objet, en l'approchant du mom
ent où il lui doit être d'une plus grande importance, que l'on parvient à l'en d
étacher: il est plus sûr d'attaquer une religion par la faveur, par les commodit
és de la vie, par l'espérance de la fortune; non pas par ce qui avertit, mais pa
r ce que l'on oublie; non pas par ce qui indigne, mais par ce qui jette dans la
tiédeur, lorsque d'autres passions agissent sur nos âmes, et que celles que la r
eligion inspire sont dans le silence. Règle générale: en fait de changement de r
eligion, les invitations sont plus fortes que les peines.
Le caractère de l'esprit humain a paru dans l'ordre même des peines qu'on a empl
oyées. Que l'on se rappelle les persécutions du Japon[382]; on se révolta plus c
ontre les supplices cruels que contre les peines longues, qui lassent plus qu'el
les n'effarouchent, qui sont plus difficiles à surmonter, parce qu'elles paraiss
ent moins difficiles.
En un mot, l'histoire nous apprend assez que les lois pénales n'ont jamais eu d'
effet que comme destruction.
CHAPITRE XIII
Très humble remontrance aux inquisiteurs d'Espagne et de Portugal.
Une juive de dix-huit ans, brûlée à Lisbonne au dernier auto-da-fé, donna occasi
on à ce petit ouvrage; et je crois que c'est le plus inutile qui ait jamais été
écrit. Quand il s'agit de prouver des choses si claires, on est sûr de ne pas co
nvaincre.
L'auteur déclare que quoiqu'il soit juif, il respecte la religion chrétienne, et
qu'il l'aime assez pour ôter aux princes qui ne seront pas chrétiens un prétext
e plausible pour la persécuter.
«Vous vous plaignez, dit-il aux inquisiteurs, de ce que l'empereur du Japon fait
brûler à petit feu tous les chrétiens qui sont dans ses États; mais il vous rép
ondra: Nous vous traitons, vous qui ne croyez pas comme nous, comme vous traitez
vous-mêmes ceux qui ne croient pas comme vous; vous ne pouvez vous plaindre que
de298 votre faiblesse, qui vous empêche de nous exterminer, et qui fait que nou
s vous exterminons.
«Mais il faut avouer que vous êtes bien plus cruels que cet empereur. Vous nous
faites mourir, nous qui ne croyons que ce que vous croyez, parce que nous ne cro
yons pas tout ce que vous croyez. Nous suivons une religion que vous savez vous-
mêmes avoir été autrefois chérie de Dieu; nous pensons que Dieu l'aime encore, e
t vous pensez qu'il ne l'aime plus: et, parce que vous jugez ainsi, vous faites
passer par le fer et par le feu ceux qui sont dans cette erreur si pardonnable,
de croire que Dieu aime encore ce qu'il a aimé[383].
«Si vous êtes cruels à notre égard, vous l'êtes bien plus à l'égard de nos enfan
ts; vous les faites brûler, parce qu'ils suivent les inspirations que leur ont d
onnées ceux que la loi naturelle et les lois de tous les peuples leur apprennent
à respecter comme des dieux.
«Vous vous privez de l'avantage que vous a donné sur les mahométans la manière d
ont leur religion s'est établie. Quand ils se vantent du nombre de leurs fidèles
, vous leur dites que la force les leur a acquis, et qu'ils ont étendu leur reli
gion par le fer: pourquoi donc établissez-vous la vôtre par le feu?
«Quand vous voulez nous faire venir à vous, nous vous objectons une source dont
vous vous faites gloire de descendre. Vous nous répondez que votre religion est
nouvelle, mais qu'elle est divine; et vous le prouvez parce qu'elle s'est accrue
par la persécution des païens et par le sang de vos martyrs; mais aujourd'hui v
ous prenez le rôle des Dioclétiens, et vous nous faites prendre le vôtre.
«Nous vous conjurons, non pas par le Dieu puissant que nous servons vous et nous
, mais par le Christ que vous nous dites avoir pris la condition humaine pour vo
us proposer des exemples que vous puissiez suivre; nous vous conjurons d'agir av
ec nous comme il agirait lui-même s'il était encore sur la terre. Vous voulez qu
e nous soyons chrétiens, et vous ne voulez pas l'être.
«Mais, si vous ne voulez pas être chrétiens, soyez au moins des hommes: traitez-
nous comme vous feriez si, n'ayant que ces faibles lueurs de justice que la natu
re donne, vous n'aviez point une religion pour vous conduire et une révélation p
our vous éclairer.
«Si le Ciel vous a assez aimés pour vous faire voir la vérité, il vous a fait un
e grande grâce: mais est-ce aux enfants qui ont eu l'héritage de leur père de ha
ïr ceux qui ne l'ont pas eu?299
«Que si vous avez cette vérité, ne nous la cachez pas par la manière dont vous n
ous la proposez. Le caractère de la vérité, c'est son triomphe sur les cœurs et
les esprits, et non pas cette impuissance que vous avouez, lorsque vous voulez l
a faire recevoir par des supplices.
«Si vous êtes raisonnables, vous ne devez pas nous faire mourir, parce que nous
ne voulons pas vous tromper. Si votre Christ est le Fils de Dieu, nous espérons
qu'il nous récompensera de n'avoir pas voulu profaner ses mystères; et nous croy
ons que le Dieu que nous servons vous et nous ne nous punira pas de ce que nous
avons souffert la mort pour une religion qu'il nous a autrefois donnée, parce qu
e nous croyons qu'il nous l'a encore donnée.
«Vous vivez dans un siècle où la lumière naturelle est plus vive qu'elle n'a jam
ais été, où la philosophie a éclairé les esprits, où la morale de votre Evangile
a été plus connue, où les droits respectifs des hommes les uns sur les autres,
l'empire qu'une conscience a sur une autre conscience, sont mieux établis. Si do
nc vous ne revenez pas de vos anciens préjugés, qui, si vous n'y prenez garde, s
ont vos passions, il faut avouer que vous êtes incorrigibles, incapables de tout
e lumière et de toute instruction; et une nation est bien malheureuse, qui donne
de l'autorité à des hommes tels que vous.
«Voulez-vous que nous vous disions naïvement notre pensée? Vous nous regardez pl
utôt comme vos ennemis que comme les ennemis de votre religion: car si vous aimi
ez votre religion, vous ne la laisseriez pas corrompre par une ignorance grossiè
re.
«Il faut que nous vous avertissions d'une chose; c'est que, si quelqu'un dans la
postérité ose jamais dire que dans le siècle où nous vivons les peuples d'Europ
e étaient policés, on vous citera pour prouver qu'ils étaient barbares; et l'idé
e que l'on aura de vous sera telle qu'elle flétrira votre siècle et portera la h
aine sur tous vos contemporains.»300
NOTES EXPLICATIVES
Note [C1]: (p. 95). «Par leurs fantaisies.» C'est là l'idée maîtresse de l'Espri
t des lois. Ce ne sont pas les caprices des législateurs ni les fantaisies des p
euples qui ont fait ici ou là des lois différentes. Ce sont des causes générales
qui ont lié certaines lois à certaines conditions politiques ou sociales. La pr
incipale de ces causes, suivant Montesquieu, c'est la forme des gouvernements; m
ais ce n'est pas la seule.
Note [C2]: (p. 96). «On ne trouvera pas ces traits saillants.» Montesquieu se fa
it tort à lui-même; ou plutôt par une modestie calculée, il va au-devant d'une o
bjection qu'on pourra lui faire. Car ce qu'on lui a précisément reproché, c'est
qu'il a dans son livre trop de traits saillants et à effet. La marquise du Deffa
nd disait de ce livre: «C'est de l'esprit sur les lois.»
Note [C3]: (p. 97). Ludibria ventis, le jouet des vents.
Note [C4]: (p. 97). Bis patriæ cecidere manus: Deux fois mes mains paternelles t
ombèrent.
Note [C5]: (p. 100). Par cela seul qu'une chose existe, elle a des propriétés, c
'est-à-dire une nature: les autres choses qui l'environnent ont aussi des propri
étés et une nature. Lorsque ces choses se rencontrent, il résulte de leurs propr
iétés réciproques certains rapports nécessaires, toujours les mêmes: c'est ce qu
e Montesquieu appelle des lois. Ainsi les astres ayant une certaine masse et éta
nt à une certaine distance, c'est une loi qu'ils s'attirent en raison directe de
leurs masses, et en raison inverse du carré des distances.
Destutt de Tracy, dans son Commentaire de l'Esprit des lois, dit: «Des lois ne s
ont pas des rapports; et des rapports ne sont pas des lois.» Helvétius disait au
ssi que les lois ne sont pas des301 rapports, mais «les résultats des rapports».
Voyez plus haut dans notre Introduction (p. 12) la réponse à ces objections.
Note [C6]: (p. 100). «Quelle plus grande absurdité... etc.» Montesquieu cite ce
passage en réponse aux attaques de certaines feuilles jansénistes qui l'accusaie
nt de spinozisme, c'est-à-dire de fatalisme, pour avoir dit que les lois sont de
s rapports nécessaires (Voir la Défense de l'Esprit des lois).
Bossuet a dit dans le même sens que Montesquieu: «On ne saurait comprendre dans
ce tout qui n'entend pas, cette partie qui entend, l'intelligence ne pouvant naî
tre d'une chose brute et insensée.» (Connaissance de Dieu et de soi-même, ch. iv
.)
Note [C7]: (p. 101). «... parce qu'elles ont des rapports avec sa sagesse et ave
c sa puissance.» On voit que par rapports nécessaires Montesquieu n'entend pas p
arler des lois inhérentes à la matière, mais des lois instituées par Dieu, et qu
i sont nécessaires parce qu'il les a établies. Plus loin, il ne parle plus que d
es lois invariables et de rapports constamment établis. A l'origine, ces lois on
t été l'œuvre de sa sagesse, et d'une volonté libre: mais à nos yeux et par rapp
ort à nous, elles sont nécessaires. Il est nécessaire, par exemple, qu'une pierr
e abandonnée à elle-même tombe à la surface de la terre.
Note [C8]: (p. 101). Pour que le monde subsiste, il faut qu'il y ait des lois, c
'est-à-dire des rapports fixes entre les parties; le Créateur qui a établi ces l
ois ne peut gouverner sans elles: ce n'est pas l'arbitraire; mais ce n'est pas d
avantage la fatalité des athées; c'est ce que Leibnitz appelait la nécessité de
convenance, la nécessité morale, ce sont des lois d'ordre, d'harmonie, non de né
cessité aveugle.
Note [C9]: (p. 101). «Chaque diversité est une uniformité; chaque changement est
constance,» c'est-à-dire: quoique dans chaque cas particulier, la masse et la v
itesse puissent être différentes, c'est cependant toujours la même loi qui s'acc
omplit: les lois du mouvement sont universelles et invariables. Dans un sens plu
s précis encore, on peut dire que, quels que soient les changements, il y a une
quantité constante, toujours la même: c'est ce que les Cartésiens appelaient qua
ntité de mouvement et Leibnitz la quantité de force vive, et enfin de nos jours
la quantité d'énergie.
Note [C10]: (p. 101). Voltaire critiquant ce passage dit dans son Commentaire de
l'Esprit des lois: «Je ne rechercherai pas si Dieu a ses lois... ni s'il y avai
t des rapports de justice avant qu'il existât des hommes: ce qui est l'ancienne
querelle des réaux et des nominaux.» C'est en effet cette querelle; mais cela mê
me prouve que cette querelle302 n'était pas frivole. Il s'agit de savoir s'il y
a une justice éternelle et absolue, ou si elle n'est que le résultat des circons
tances.
Note [C11]: (p. 102). Ce n'est pas seulement parce que les êtres intelligents so
nt bornés, qu'ils ne suivent pas constamment leurs lois: c'est encore parce qu'i
ls ont la liberté. Les choses matérielles sont aussi bornées, et cependant elles
suivent servilement les lois qui leur sont imposées. C'est pourquoi Montesquieu
ajoute, que «d'un autre côté les êtres intelligents agissent par eux-mêmes,» c'
est-à-dire qu'ils sont libres: et c'est là en effet la vraie raison de leurs éga
rements; et en même temps il est aussi vrai de dire que s'ils n'étaient pas born
és par leur nature, leur liberté ne s'égarerait pas. Les deux raisons sont donc
nécessaires à la fois pour expliquer les égarements des créatures; et c'est ce q
ue dit Montesquieu.
Note [C12]: (p. 102). «On ne sait si les bêtes sont gouvernées par les lois géné
rales du mouvement ou par une motion particulière.» Cette proposition est obscur
e parce qu'elle est exprimée d'une manière trop concise. Elle signifie: on ne sa
it pas si les animaux sont des automates, comme le pensait Descartes; ou s'ils s
ont doués de mouvements spontanés. Dans le premier cas, en effet, les automates
sont régis uniquement par les lois de la mécanique, c'est-à-dire par les lois gé
nérales du mouvement; dans le second cas, ils ont un principe intérieur du mouve
ment.
Note [C13]: (p. 102). «Les bêtes ont des lois naturelles...; elles n'ont pas de
lois positives.»
Les animaux ont des lois naturelles. Il ne faut pas confondre ces lois naturelle
s qui sont toutes physiques, et qui ne sont que les lois de l'organisation et de
l'instinct, avec ce qu'on appelle en morale la loi naturelle, qui est la loi de
justice innée chez tous les hommes.
Les lois positives sont des lois écrites, nées de la volonté et de la convention
des hommes. Les animaux n'ont pas de telles lois parce qu'ils n'ont ni la liber
té ni la parole. Comment pourraient-ils s'entendre les uns avec les autres, et f
ixer les résultats de leurs conventions, sans avoir de signes?
Note [C14]: (p. 103). «Avant toutes ces lois sont celles de la nature.»
C'est ici surtout qu'il faut distinguer les lois de la nature, comme l'entend Mo
ntesquieu, de la loi naturelle, telle que Cicéron la décrit dans un célèbre pass
age, et que Voltaire la chante dans le poème qui porte ce titre. Montesquieu ne
parle ici que des lois d'instinct qui résultent de l'organisation même de l'homm
e, et non de la loi morale, c'est-à-dire d'une loi de raison qui commande à la v
olonté, sans la contraindre, par le principe du devoir. Montesquieu303 se place
ici au point de vue de ce qu'on appelait au xviiie siècle l'état de nature, c'es
t-à-dire l'état primitif de l'homme avant l'établissement des sociétés. Ce sont
surtout les philosophes Hobbes et Rousseau qui ont insisté sur ce point de vue.
Montesquieu reconnaît quatre lois naturelles, qu'il expose sans beaucoup d'ordre
: 1o la loi qui porte vers le Créateur; 2o la loi qui porte vers le sexe; 3o le
besoin de se nourrir; 4o le besoin de société.
Note [C15]: (p. 104). Hobbes, philosophe anglais du xviie siècle, auteur du Levi
athan, ouvrage singulier où sous ce nom qui désigne dans l'Écriture sainte une b
ête monstrueuse, il désigne lui-même le corps politique, l'État ou le prince, au
quel il donne tous les pouvoirs et par conséquent le pouvoir absolu en politique
et en religion. (Voir sur la politique de Hobbes notre Histoire de la science p
olitique, t. II, liv. IV, ch. i).
Note [C16]: (p. 104). «Hobbes demande...» Hobbes avait dit que l'état naturel de
l'homme est la guerre et que la loi primitive a été la guerre de tous contre to
us, et pour le prouver, il disait que les hommes vont armés. Montesquieu, comme
on le voit, soutient le contraire. Il est certain que même chez les animaux il y
a quelquefois des guerres de troupe à troupe, de tribu à tribu (par exemple, ch
ez les fourmis); mais en général, la guerre n'a lieu qu'entre espèces différente
s. On ne voit pas que les chevaux, les éléphants, qui vivent en troupe, connaiss
ent la guerre; cela donnerait à penser qu'en effet dans l'homme la guerre n'a pa
s été tout à fait primitive; elle peut représenter un état ultérieur. J.-J. Rous
seau croit aussi comme Montesquieu que le premier sentiment des hommes n'a pas é
té la guerre, mais la pitié. (Discours sur l'inégalité.)
Note [C17]: (p. 105). Gravina, jurisconsulte italien (1664-1718).
Note [C18]: (p. 105). Cette doctrine qui fonde le pouvoir politique sur le pouvo
ir paternel a été souvent soutenue. Mais elle a trouvé surtout son théoricien en
Angleterre, au xviie siècle, dans le chevalier Filmer, auteur du Patriarca (Lon
dres, 1680). D'après cet auteur, le pouvoir politique aurait son origine dans Ad
am. Le premier homme a été le premier souverain. Le pouvoir a dû se transmettre
ensuite de génération en génération et s'est partagé entre les différents rois d
e la terre, qui doivent être considérés comme les successeurs d'Adam et d'Ève. C
ette doctrine a été réfutée par Sidney (Algernon) dans ses Discours sur le gouve
rnement, et par Locke, dans son Essai sur le gouvernement civil. J.-J. Rousseau
y fait allusion dans le Contrat social (l. I, ch. ii): «Je n'ai rien dit du roi
Adam ni de l'empereur Noé. J'espère qu'on me304 saura gré de cette modération. C
ar descendant directement de l'un de ces princes et peut-être de la branche aîné
e, que sais-je si par la vérification des titres je ne me trouverais pas le légi
time roi du genre humain?»
Note [C19]: (p. 106). «Le gouvernement le plus conforme à la nature est celui qu
i se rapporte le mieux à la disposition du peuple pour lequel il est établi.»
On ne saurait trop méditer cet axiome de la science politique, à savoir qu'il n'
y a pas un type de gouvernement absolu, mais des formes de gouvernement relative
s à l'état social du peuple auquel elles s'appliquent. Mais cet axiome s'appliqu
e aussi bien à la monarchie qu'à la république; et lorsqu'un peuple a mis la dém
ocratie dans ses lois, il est dans la nature des choses qu'il la mette aussi dan
s son gouvernement. Au reste, J.-J. Rousseau adopte les mêmes principes que Mont
esquieu: «Quand on demande quel est le meilleur gouvernement, on fait une questi
on insoluble comme indéterminée; ou, si l'on veut, elle a autant de solutions po
ssibles qu'il y a de combinaisons possibles dans les positions absolues et relat
ives des peuples.» (Contrat social, l. II, c. ix.)
Note [C20]: (p. 106). «La loi en général est la raison humaine...» En effet les
lois ont pour objet de substituer le règne de la raison au règne de la force bru
tale. Elles cherchent à prévoir d'avance tous les cas de conflit qui peuvent se
présenter entre les hommes, et à les régler conformément à la justice et à l'int
érêt de tous. Toutes les lois particulières doivent donc être les conséquences d
e ce principe général, que c'est la paix et non la guerre qui doit régner entre
les hommes.
Note [C21]: (p. 107). On voit ce que Montesquieu entend par l'esprit des lois. C
'est l'étude des lois dans leurs rapports avec toutes les circonstances qui les
modifient. Telles sont, par exemple: le gouvernement, le climat, le genre de vie
(laboureurs, chasseurs ou pasteurs); la liberté politique, la religion, le comm
erce, les manières, etc. Montesquieu a surtout considéré la nature et le princip
e des gouvernements: «C'est de là, dit-il, que l'on verra couler les lois comme
de leur source.» Mais peut-être trouvera-t-on qu'il a ici interverti les termes
et que le gouvernement est au moins autant la conséquence des lois civiles que l
e principe. C'est l'état social du peuple, sa situation physique, géographique,
ses mœurs, sa religion qui sont la cause de ses lois; et la résultante de toutes
ces circonstances est la forme du gouvernement. Montesquieu n'en doit pas moins
être considéré, selon Aug. Comte (Cours de philosophie positive, t. IV,305 47e
leçon) comme le vrai fondateur de la philosophie sociale pour avoir dit «que les
phénomènes politiques sont aussi bien soumis à des lois naturelles que les autr
es phénomènes quelconques».
Note [C22]: (p. 107). «Il y a trois espèces de gouvernement...» On a vu plus hau
t, dans notre Introduction (p. 21), la critique de cette opinion. La théorie d'A
ristote sur ce point, qui est la théorie classique, nous paraît plus logique que
celle de Montesquieu. Elle consiste à diviser d'abord les gouvernements d'après
le nombre des gouvernants; de là, trois espèces fondamentales, et ensuite ces e
spèces en deux, selon que l'on considère la forme régulière ou la force abusive
de chacune d'elles. Puisque le gouvernement est l'autorité suprême des États, et
que cette autorité suprême doit être entre les mains d'un seul ou de plusieurs,
ou de la multitude, il s'ensuit que lorsqu'un seul, plusieurs, ou la multitude
usent de l'autorité en vue de l'intérêt général, la constitution est bonne; et q
ue si l'on gouverne dans l'intérêt exclusif des gouvernants, la constitution est
viciée. On donne le nom de royauté au gouvernement d'un seul, d'aristocratie à
celui de plusieurs, de république à celui de tous, quand ces gouvernements ont p
our but le bien général. Quand les formes en sont viciées, ces trois gouvernemen
ts deviennent la tyrannie, l'oligarchie et la démagogie (III, v).
Note [C23]: (p. 108). «Voilà ce que j'appelle la nature de chaque gouvernement.»
Montesquieu distingue deux choses dans les gouvernements: leur nature et leur p
rincipe. Il donne plus loin l'explication de cette distinction: «Il y a cette di
fférence entre la nature du gouvernement et son principe, que sa nature est ce q
ui le fait être et son principe ce qui le fait agir. L'une est sa structure part
iculière; et l'autre les passions humaines qui le font mouvoir» (III, c. i). Mon
tesquieu ajoute en note: «Cette distinction est très importante, et j'en tirerai
bien des conséquences; elle est la clef d'une infinité de lois.» Voir dans notr
e Introduction (p. 24) le développement de cette distinction.
Note [C24]: (p. 108). J.-J. Rousseau dit également dans le Contrat social (III,
iii): «Le souverain peut en premier lieu soumettre le dépôt du gouvernement à to
ut le peuple ou à la grande partie du peuple, en sorte qu'il y ait plus de citoy
ens magistrats que de citoyens simples particuliers. On donnera à cette forme de
gouvernement le nom de démocratie.»
Note [C25]: (p. 108). J.-J. Rousseau dit également que dans la démocratie «les c
itoyens sont souverains d'un côté et sujets de l'autre». (Contrat social, III, i
).306
Note [C26]: (p. 108). «La volonté du souverain est le souverain lui-même.» J.-J.
Rousseau a développé cette idée dans le Contrat social. Pour lui la souverainet
é est dans la volonté générale.
Note [C27]: (p. 109). «Le peuple est admirable.» C'était aussi l'opinion de Mach
iavel: «Que l'on compare, dit-il, un prince et un peuple dans le choix des magis
trats. C'est une chose sur laquelle le peuple ne se trompe jamais; ou s'il se tr
ompe, c'est bien moins souvent que ne ferait un petit nombre d'hommes ou un seul
. L'exemple de Rome est admirable. Pendant plusieurs centaines d'années, il n'y
eut peut-être pas quatre choix dont on eut à se repentir.» Machiavel prévoit l'o
bjection que l'on peut tirer de l'exemple des républiques anarchiques et corromp
ues; mais il dit avec raison qu'il faut comparer les républiques corrompues aux
princes corrompus, et les princes sages aux républiques sages. Dans ces limites
«vous verrez toujours moins d'erreurs dans le peuple que dans le prince». (Disco
urs sur Tite-Live, I, ch. lviii.)
Note [C28]: (p. 110). «Servius Tullius suivit, dans la composition de ces classe
s, l'esprit de l'aristocratie.» On s'occupe beaucoup de Servius Tullius au xviii
e siècle. J.-J. Rousseau lui consacre un chapitre dans le Contrat social, et il
emprunte cette observation à Montesquieu: «Des 193 centuries, dit-il, qui formai
ent les six classes de tout le peuple romain, la première classe en comprenait q
uatre-vingt-dix-huit: la voix ne se comptant que par centuries, cette seule prem
ière classe l'emportait en nombre de voix sur toutes les autres.» (IV, iv). Sur
les réformes de Servius Tullius, voir l'Histoire romaine de Mommsen et celle de
Duruy.
Note [C29]: (p. 111). «Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie
.» Il n'est nullement vrai que le suffrage par le sort soit de la nature de la d
émocratie. La démocratie doit être éclairée et non aveugle. Le choix du peuple a
pour objet de faire arriver les hommes de talent, et non d'établir au hasard un
e égalité brutale. Déjà, dans l'antiquité, le choix par le sort était l'objet de
la critique des esprits éclairés: «Quelle folie, disait Socrate, qu'une fève dé
cide du choix des chefs de la république, tandis qu'on ne tire au sort ni un arc
hitecte, ni un joueur de flûte.» (Xénophon, Mémorables, I, ii). Platon critique
également le choix par le sort dans le Dialogue des Lois (l. VI).—Voir les Reche
rches sur le tirage au sort, par Fustel de Coulanges (Nouvelle revue historique
des droits, 1870).
Note [C30]: (p. 112). «Les suffrages doivent être publics.» C'est encore une err
eur de Montesquieu, de croire que le suffrage public est de l'essence de la démo
cratie. Au contraire, dans les temps modernes, plus les institutions307 sont dev
enues démocratiques, plus le suffrage secret a pris de prépondérance. Si tous le
s hommes étaient des héros, sans doute il serait rationnel qu'ils déclarassent h
autement leurs choix; mais comme dans le fait le plus grand nombre est dans la d
épendance du plus petit nombre, la publicité détruirait toute liberté des suffra
ges. Au moins en est-il ainsi pour les votes dans les élections. Quant aux votes
des représentants dans le Parlement, il n'en est pas de même. Par cela seul qu'
ils sont des représentants, il importe, sauf exception, que leurs résolutions so
ient connues de ceux qui les nomment. Aussi le vote secret a-t-il très rarement
lieu dans nos assemblées législatives.
Note [C31]: (p. 112). «C'est une loi fondamentale de la démocratie que le peuple
seul fasse des lois.»
C'est encore là une opinion très contestable. Montesquieu n'a parlé de la démocr
atie qu'au point de vue des républiques de l'antiquité, primitivement resserrées
dans une seule ville, et qui, en s'étendant, ne faisaient que des sujets, sans
augmenter le nombre des souverains. Or, le régime de la démocratie ancienne étai
t celui du gouvernement direct, c'est-à-dire du gouvernement immédiat du peuple,
qui était chargé en corps de la puissance législative, et même souvent, au moin
s en partie, de la puissance exécutive et judiciaire. Montesquieu ne connaît pas
le régime représentatif qui s'applique aujourd'hui dans la démocratie aussi bie
n que dans la monarchie. Il est même probable que lorsque Montesquieu a écrit se
s premiers livres, il ne connaissait pas encore le gouvernement anglais, par con
séquent, ni le principe de la représentation, ni celui de la séparation des pouv
oirs. Enfin, quand il connut la théorie des deux chambres, il crut que cette thé
orie n'était applicable qu'au gouvernement mixte composé de monarchie d'aristocr
atie et de démocratie, comme était alors le gouvernement anglais. Depuis, on a r
econnu que le partage du pouvoir législatif en deux assemblées n'avait rien de c
ontraire au principe de la démocratie, et par conséquent qu'il n'est pas juste q
ue «le peuple seul fasse des lois,» si ce n'est en tant que souverain; mais il p
eut transmettre son pouvoir législatif à la fois à la Chambre populaire et au Sé
nat, comme cela a lieu dans la Constitution de 1875.
Note [C32]: (p. 113). «Ce sera une chose heureuse dans l'aristocratie si par que
lque voie indirecte, on fait sortir le peuple de son anéantissement.»
C'est une vue très juste de Montesquieu, que, quelle que soit la forme du gouver
nement, il faut essayer de faire une part à l'élément308 social qui est plus ou
moins exclu par cette forme. C'est ainsi que la royauté, en France, faisait une
part si large au tiers état dans la distribution des hautes fonctions que Saint-
Simon a pu dire de Louis XIV, que son règne avait été un règne de vile bourgeois
ie. C'est ainsi que l'aristocratie anglaise a toujours été largement ouverte aux
membres de la bourgeoisie. Aristote disait dans le même sens: «Bien des institu
tions en apparence démocratiques sont précisément celles qui ruinent la démocrat
ie; bien des institutions en apparence oligarchiques détruisent l'oligarchie. Da
ns les démocraties, les démagogues, par leurs attaques continuelles contre les r
iches, divisent toujours la cité en deux camps, tandis qu'ils devraient ne paraî
tre préoccupés que de l'intérêt des riches; de même dans les oligarchies, le gou
vernement ne devrait paraître avoir en vue que l'intérêt du peuple.» (Politique,
l. VIII, c. vii.)
Note [C33]: (p. 114). «Telle était Rome avec ses dictateurs.» J.-J. Rousseau pen
se également que la «dictature» est quelquefois nécessaire dans un pays libre. «
L'inflexibilité des lois, dit-il, qui les empêche de se plier aux événements peu
t, en certains cas, les rendre pernicieuses et causer par elles la perte de l'Ét
at dans une crise. L'ordre et la lenteur des formes demandent un espace de temps
que les circonstances refusent quelquefois. Il peut se présenter mille cas auxq
uels le législateur n'a point pourvu.» (Contrat social, IV, vi). Il ne faut poin
t abuser de ces principes; mais il est certain qu'il y a des cas extrêmes où la
concentration du pouvoir est nécessaire; mais dans ce cas, comme dit Montesquieu
, il faut compenser «la grandeur de la puissance par la brièveté de la durée». D
ans nos constitutions modernes, on ne prévoit pas la nécessité d'une dictature:
ce serait en quelque sorte l'encourager et la provoquer d'avance. C'est toujours
sous le coup des circonstances que le pouvoir légal se réserve de décréter tell
e ou telle suspension des formalités légales.
Note [C34]: (p. 115). «Plus une aristocratie approchera de la démocratie, plus e
lle sera parfaite.» C'est ce qui a fait la grandeur de l'aristocratie anglaise,
qui, en s'élargissant sans cesse dans le sens populaire, a su conserver la confi
ance et le respect du peuple.
Note [C35]: (p. 116). «Les pouvoirs intermédiaires constituent la nature du gouv
ernement monarchique.» C'est là une des grandes vues de Montesquieu. Là où la ro
yauté ne s'associe pas certains pouvoirs déterminés, qui concourent avec elle au
gouvernement, elle dégénère en despotisme. Ces pouvoirs intermédiaires étaient
par exemple dans l'ancienne monarchie les Parlements, la Noblesse et le Clergé,3
09 les Corps des villes; ces pouvoirs étaient subordonnés au pouvoir royal, mais
servaient dans une certaine mesure à le contenir. A mesure que la royauté a aba
issé ces pouvoirs, elle est devenue un gouvernement arbitraire qui s'affaiblissa
it lui-même en affaiblissant ses auxiliaires naturels. Il n'y eut plus alors qu'
à choisir entre «l'état despotique et l'état populaire»; et l'état despotique ét
ant devenu impossible par l'impuissance même du pouvoir, c'est ainsi que la soci
été française a passé de la monarchie à la démocratie. On voit que la Révolution
française n'a été que la conséquence logique de cette révolution continue que l
es rois ont opérée en France du xve au xviiie siècle, en détruisant tous les pou
voirs intermédiaires.
Note [C36]: (p. 116). «Point de monarque, point de noblesse; Point de noblesse,
point de monarque.» A propos de cette maxime de la monarchie, Voltaire, dans son
Commentaire, fait la remarque suivante: «Cette maxime fait souvenir de l'infort
uné Charles Ier qui disait: point d'évêques, point de monarque. Notre grand Henr
i IV aurait pu dire à la faction des Seize: Point de noblesse, point de monarque
.» Puis il ajoute: «J'aurais désiré que l'auteur nous eût appris clairement pour
quoi la noblesse est l'essence du gouvernement monarchique.» Mais Montesquieu ne
dit pas qu'elle est l'essence de ce gouvernement, mais seulement qu'elle entre
dans cette essence, et il nous semble qu'il l'explique, en disant que sans noble
sse il y a despotisme et non monarchie. La noblesse est un de ces «canaux moyens
par où coule la puissance». Sans ce secours, et d'autres encore (clergé, villes
, parlements), il n'y a plus que «la volonté momentanée et capricieuse d'un seul
».
Note [C37]: (p. 116). «Abolissez dans une monarchie les prérogatives des seigneu
rs, du clergé et des villes, vous aurez ou un État despotique, ou bien un État p
opulaire.»
Cette maxime est justifiée par l'histoire de la monarchie française. La royauté
ayant successivement détruit le pouvoir féodal des grands seigneurs, les liberté
s des communes et l'autorité du Parlement, est devenue monarchie absolue, et ell
e-même, succombant à son tour par ses excès, n'a laissé de place qu'à l'État pop
ulaire.
Note [C38]: (p. 117). «Comme la mer...» A l'occasion de cette phrase, Voltaire n
ous dit: «Voilà donc, poétiquement parlant, l'Océan qui est monarque ou despote.
Ce n'est pas là le style d'un législateur. Mais assurément ce n'est ni de l'her
be ni du gravier qui cause le reflux de la mer, c'est la loi de la gravitation;
et je ne sais si la comparaison des larmes du peuple avec du gravier est bien ju
ste.»
Note [C39]: (p. 117). «Les Anglais ont ôté toutes les puissances intermédiaires.
..»310 Voltaire fait encore ici observer avec raison que la pensée n'est pas jus
te: «Les Anglais, dit-il, ont rendu plus légal le pouvoir des seigneurs spiritue
ls et temporels et augmenté celui des communes.» Ce n'était pas là détruire les
pouvoirs intermédiaires. Ce n'est pas ainsi que Montesquieu lui-même juge la Con
stitution anglaise au l. XI de l'Esprit des lois. C'est pourquoi je conjecture q
u'il ne connaissait pas encore bien cette Constitution lorsqu'il a écrit ces pre
miers livres.
Note [C40]: (p. 117). «Il faut encore un dépôt de lois.» Ce corps politique qui
devait être «le dépôt des lois, qui annonce les lois quand elles sont faites et
les rappelle quand on les oublie», n'est autre que le Parlement. On voit que Mon
tesquieu était partisan des doctrines parlementaires qui avaient essayé de s'éta
blir à l'époque de la Fronde. Machiavel déjà, aux xve et xvie siècles, avait mon
tré le caractère original du gouvernement français qui était alors une monarchie
tempérée par les Parlements: «La France, disait-il, tient le premier rang parmi
les pays bien gouvernés. Une des institutions qu'on y remarque est, sans contre
dit, celle du Parlement dont l'objet est de veiller à la sûreté du gouvernement
et à la liberté du sujet. Les auteurs de cette institution, connaissant d'un côt
é l'insolence et l'ambition des nobles, de l'autre les excès du peuple, ont cher
ché à contenir les uns et les autres.» (Le Prince, ch. xix.)
Note [C41]: (p. 118). Voltaire reproche encore à Montesquieu d'avoir établi trop
de différence entre la monarchie et le despotisme: «Ce sont, dit-il, deux frère
s qui ont tant de ressemblance qu'on les prend souvent l'un pour l'autre. Avouon
s que ce furent de tout temps deux gros chats à qui les rats essayèrent de pendr
e une sonnette au cou.» Il est certain que le despotisme n'est pas une forme de
gouvernement, mais un abus de gouvernement. A ce titre, il est l'abus de toutes
les formes en général; car il peut y avoir une tyrannie démocratique et une tyra
nnie aristocratique, comme un despotisme monarchique. Ce que Montesquieu appelle
le despotisme, c'est la forme des monarchies d'Orient; mais il y a peut-être pl
utôt là une différence de civilisation qu'une différence essentielle.
Note [C42]: (p. 119). Sur la distinction de la nature et du principe du gouverne
ment, voir notre Introduction (p. 15).
Note [C43]: (p. 120). «Il ne faut pas beaucoup de probité.» Cette maxime est exp
rimée sous une forme qui paraît un peu épigrammatique; et cependant elle est fon
dée. Il est évident que dans un pays libre, où le peuple fait la loi, où il est
la source de toutes les magistratures, il est moins contenu que sous le gouverne
ment d'un seul. Il faut donc qu'il311 fasse de lui-même ce qu'il ferait par crai
nte ou par obéissance dans le gouvernement monarchique; en un mot, il faut qu'il
remplace l'autorité des lois par celle de la vertu. C'est ce qui fait que le go
uvernement républicain est le plus difficile de tous à faire réussir, mais aussi
le plus noble de tous quand il réussit.
Note [C44]: (p. 120). Sur ce principe que «la vertu est le principe des démocrat
ies», voir notre Introduction (p. 29). Cette doctrine est aussi celle d'Aristote
; mais il l'applique à l'État en général: «Une conséquence, c'est que l'État le
plus parfait est en même temps heureux et prospère. Or il est impossible d'être
heureux quand on ne fait pas le bien, et le bien n'est jamais possible ni pour u
n homme ni pour un État sans la vertu et la raison... Concluons que la vie parfa
ite et pour l'individu et pour l'État en général est celle qui joint à la vertu
assez de biens extérieurs pour pouvoir faire ce que la vertu commande... Si on e
stime l'individu surtout pour la vertu, on regardera l'État le plus vertueux com
me le plus heureux... Il faut donc que le meilleur gouvernement soit celui dont
la constitution est telle que chaque citoyen puisse être vertueux et vivre heure
ux.»
Note [C45]: (p. 121). «Les politiques grecs ne reconnaissaient d'autre force que
celle de la vertu. Ceux d'aujourd'hui ne nous parlent que de manufactures, de r
ichesses.»
Platon, dans le Gorgias, fait le même reproche aux politiques de son temps: «Ils
ont agrandi l'État, dit-il, mais ils ne s'aperçoivent pas que cet agrandissemen
t est une enflure, une tumeur pleine de corruption; et c'est là tout ce qu'ont f
ait les anciens politiques pour avoir rempli la république de ports, d'arsenaux,
de murailles, de tributs et d'autres bagatelles, sans y joindre la tempérance e
t la justice.» (Gorgias).
Note [C46]: (p. 122). Voir également dans Platon la vive peinture des excès des
gouvernements démocratiques. Il compare aussi les démagogues à des esclaves écha
ppés: «Lorsqu'un État démocratique dévoré de la soif de la liberté trouve à sa t
ête de mauvais échansons, qui lui versent la liberté toute pure outre mesure et
jusqu'à l'enivrer, alors si ceux qui gouvernent ne sont pas tout à fait complais
ants et ne donnent pas au peuple de la liberté tant qu'il en veut, celui-ci les
accuse et les châtie comme des traîtres et des partisans de l'oligarchie... Le p
ère s'accoutume à traiter son enfant comme son égal, à le craindre même... Le ma
ître craint et ménage ses disciples; ceux-ci se moquent de leur maître... En gue
rre, les jeunes gens veulent aller de pair avec les vieillards. Les vieillards d
e leur côté descendent aux manières des jeunes gens, et affectent le ton léger e
t badin...312 Les esclaves ne sont pas moins libres que ceux qui les ont achetés
... Il n'est pas jusqu'aux animaux qui ne soient là plus libres que partout aill
eurs... Les chevaux et les ânes eux-mêmes, accoutumés à une allure fière et libr
e, s'en vont heurter ceux qu'ils rencontrent, si on ne leur cède le passage.»
Note [C47]: (p. 123). «La modération est donc l'âme de ces gouvernements.» Le pr
incipe de la modération est vague et assez faiblement choisi pour caractériser l
'aristocratie. D'une part la modération convient à tous les gouvernements. Suiva
nt Platon il ne faut dans un État quelconque ni trop de pouvoir, ni trop de libe
rté: «Si au lieu de donner à une chose ce qui lui suffit, on va beaucoup au delà
, par exemple si on donne à un vaisseau de trop grandes voiles, au corps trop de
nourriture, à l'âme trop d'autorité, tout se perd: le corps devient malade par
excès d'embonpoint; l'âme tombe dans l'injustice, fille de la licence. Que veux-
je dire par là? Qu'il n'est pas d'âme humaine qui soit capable de soutenir le po
ids du souverain pouvoir.» Platon rapporte également ce proverbe que, «souvent l
a moitié est plus que le tout». Et cela est vrai de la liberté comme du despotis
me. La modération est donc, comme on le voit, de l'essence de tout gouvernement
raisonnable. Il n'a rien qui caractérise expressément le gouvernement aristocrat
ique.
Note [C48]: (p. 125). «L'ambition dans l'oisiveté...» Voltaire relève ce qu'il y
a d'excessif dans le ton satirique de ce chapitre: «C'est une chose assez singu
lière que ces anciens lieux communs contre les princes et leurs courtisans soien
t toujours reçus d'eux avec complaisance comme les petits chiens qui jappent et
qui amusent... Il en est de ces déclamations comme de la satire des femmes de Bo
ileau; elle n'empêchait pas qu'il n'y eût des femmes très honnêtes et très respe
ctables.» Voltaire a raison sans doute de critiquer le ton de la satire dans un
ouvrage scientifique; mais lui-même parle ici un peu légèrement. Tous les public
istes ont reconnu que les nobles s'affaiblissent lorsqu'ils deviennent courtisan
s, et lorsqu'ils sont obligés de sacrifier leurs privilèges à la faveur du princ
e; seulement Montesquieu, en exagérant ici la corruption des cours, se rend très
difficile à lui-même de prouver plus tard que le principe de la monarchie, c'es
t «l'honneur.» (Chap. vii.)
Note [C49]: (p. 125). «Le cardinal de Richelieu dans son Testament politique...»
Le Testament politique de Richelieu a paru en 1668. Voltaire en a contesté l'au
thenticité; mais personne ne doute aujourd'hui que, sauf la question de rédactio
n, Richelieu n'en soit le véritable auteur.
Note [C50]: (p. 125). Montesquieu cite ici infidèlement le Testament du cardinal
Richelieu. Voltaire, qui ne croit pas (quoique à tort) à l'authenticité313 du t
estament, restitue le texte ainsi qu'il suit: «Il faut qu'un magistrat ait l'âme
d'une trempe bien forte, si elle ne se laisse quelquefois amollir par la consid
ération de ses intérêts.»
Note [C51]: (p. 125). Sur le principe de l'honneur, voir notre Introduction, p.
31.
Note [C52]: (p. 126). «La nature de l'honneur est de demander des préférences et
des distinctions.» Voltaire demande avec raison s'il n'en est pas de même dans
le gouvernement républicain: «Les haches, les faisceaux, le triomphe valaient bi
en des rubans de toutes couleurs.» Cependant, toutes choses égales d'ailleurs, i
l y a plus de distinctions honorifiques dans les monarchies que dans les démocra
ties. Il y en a encore beaucoup dans notre république; mais cela tient à ce qu'e
lle est sortie de la monarchie. Il n'y en a pas, ou très peu, dans la république
des États-Unis.
Note [C53]: (p. 128). Voltaire relève encore ici l'inexactitude de la citation;
Ricaut dit seulement: «Il y a même de ces gens-là qui soutiennent que le grand s
eigneur peut se dispenser de promesses qu'il a faites avec serment, quand pour l
es accomplir il faut donner des bornes à son autorité.» Ricaut, dit Voltaire, ne
parle ici que d'une secte «à morale relâchée. On dit que nous en avons eu chez
nous de pareilles» (allusion à la morale des Jésuites). Voltaire ajoute que cett
e prétendue décision des cadis, que Montesquieu donne comme une preuve du despot
isme des sultans, serait plutôt au contraire une preuve qu'il est soumis aux loi
s, puisqu'il serait obligé de consulter des docteurs pour se mettre au-dessus de
s lois. «Nous sommes voisins des Turcs et nous ne les connaissons pas.»
Note [C54]: (p. 129, dernière ligne). «Toute la différence est que...» Il est do
nc vrai que la différence de la monarchie et du despotisme n'est pas une différe
nce d'essence, mais une différence de degré. Il ne fallait donc pas en faire un
principe de classification. Il en est de même du reste entre la démocratie et la
démagogie. Montesquieu n'a pourtant pas trouvé là le principe de deux gouvernem
ents différents: seulement l'un est la corruption de l'autre. On s'expliquera be
aucoup mieux que Montesquieu ait voulu faire du despotisme un gouvernement à par
t, si l'on réfléchit que ce qu'il avait surtout dans l'esprit, c'était de combat
tre les tendances qui entraînaient en France la monarchie vers le despotisme. Il
fallait donc mettre en relief l'idée du despotisme, et combattre sous son nom l
es excès de la monarchie et en même temps se précautionner contre les risques de
sa critique, en ayant bien soin de séparer la monarchie du despotisme.
Note [C55]: (p. 130). «Sans quoi le gouvernement serait imparfait.» Montesquieu
n'a donc pas voulu prétendre qu'en fait il y a toujours eu de314 la vertu dans l
es républiques et de l'honneur dans la monarchie; mais que ce sont là les princi
pes par lesquels ces gouvernements se conservent, et sans lesquels ils se perden
t.
Note [C56]: (p. 130). «Les lois de l'éducation seront donc différentes...» Volta
ire dit à ce propos: «J'ai vu des enfants de valets de chambre à qui on disait:
M. le marquis songera à plaire au roi; j'ai ouï dire qu'à Venise les gouvernante
s recommandent aux petits garçons de bien aimer la république; et que dans les s
érails du Maroc et d'Alger, on crie: «Prenez garde au grand eunuque noir.»
Note [C57]: (p. 130). «Dans les républiques la vertu.» Comprenons toujours bien
qu'il s'agit de la vertu politique (voir l'Avertissement, p. 99), c'est-à-dire l
'amour de la liberté, le respect des lois et des magistrats, le sentiment de l'é
galité: principes en effet sans lesquels le gouvernement républicain tombe en po
ussière. Il va sans dire que cette vertu politique ne peut aller non plus sans l
a vertu privée; et quoique celle-ci soit obligatoire sous tous les gouvernements
, elle l'est plus encore dans le gouvernement républicain, parce que les citoyen
s y sont moins contenus par les lois; et en outre, parce que la république étant
le plus noble des gouvernements lorsqu'elle est pure, il est du devoir des cito
yens de ne pas l'altérer et la corrompre par les désordres que l'on reproche pré
cisément aux autres gouvernements.
Note [C58]: (p. 131). «C'est lorsqu'on entre dans le monde que l'éducation comme
nce.» En effet, dans l'ancien régime, l'éducation, toute scolastique, n'avait pr
esque aucun rapport avec le monde dans lequel les jeunes gens allaient entrer; a
ujourd'hui on s'efforce davantage de mettre l'éducation en harmonie avec l'état
social dans lequel nous sommes.
Note [C59]: (p. 131). «Non comme bonnes, mais comme belles.» Voilà en effet le v
rai principe de l'honneur, et non pas, comme il le dit plus haut, «le préjugé de
chaque personne et de chaque condition». Seulement il est vrai de dire que dans
chaque condition, et selon la situation des personnes, il y a certaines actions
qui paraissent particulièrement belles et honorables.
Note [C60]: (p. 132). «Dans les monarchies...» Tout ce portrait de la cour est c
harmant, plein de grâce et d'esprit, et peut être comparé aux meilleurs chapitre
s de La Bruyère. Seulement, n'est-ce pas là un de ces passages qui justifient pl
us ou moins le mot attribué à Mme Du Defant, sur le livre de Montesquieu: «Ce n'
est pas l'Esprit des lois, c'est de l'esprit sur les lois.»
Note [C61]: (p. 134). Aristote ne dit pas précisément que l'esclave n'a pas de v
ertu. Mais il pose l'alternative suivante qui était le problème même de l'esclav
age: «Des deux côtés, dit-il, il y a sujet de doute; si l'on suppose315 ces vert
us aux esclaves, où sera leur différence avec les hommes libres? Si on les leur
refuse, la chose ne sera pas moins absurde; car ils sont hommes et ont leur part
de raison.» Pour résoudre la difficulté, Aristote ajoute: «Le maître est l'orig
ine de la vertu de son esclave.» (Politique, l. Ier.)
Note [C62]: (p. 135). «Nos petites âmes.» Toujours le ton de la satire. Il ne fa
ut pas s'exagérer l'héroïsme de l'antiquité vu à distance. En fait, l'histoire d
e France peut citer des exemples semblables; et les Du Guesclin, les Bayard, les
Jeanne d'Arc, les L'Hôpital, les Catinat, les d'Assas, les Latour-d'Auvergne va
lent bien, après tout, les Léonidas et les Thémistocle.
Note [C63]: (p. 135). «C'est dans le gouvernement républicain...» Aussi voit-on
que dans les républiques, les États-Unis, la Suisse, les intérêts de l'éducation
sont placés au premier rang. C'est en vertu de la même loi que la France, depui
s qu'elle est en république, a donné le pas sur tous les autres problèmes politi
ques aux questions d'éducation. Le ministère de l'instruction publique est deven
u l'un des premiers ministères, et a même joui du privilège de fournir un présid
ent du conseil: ce qui n'était jamais arrivé auparavant.
Note [C64]: (p. 136). «Les Sévarambes...» C'est le nom d'un peuple imaginaire da
ns une espèce de roman politique ainsi intitulé, et dont l'auteur est Vairasse d
'Alais. (Voir t. V des Voyages extraordinaires.)
Note [C65]: (p. 137). A propos du larcin permis et presque recommandé à Lacédémo
ne, Rollin fait des observations très judicieuses: «Plutarque, qui rapporte cett
e coutume, dans la Vie de Lycurgue, dans les Mœurs des Lacédémoniens, et en plus
ieurs autres endroits, n'y donne jamais le moindre signe d'improbation; et je ne
me souviens pas qu'aucun des anciens en ait fait un crime aux Lacédémoniens et
à Lycurgue. D'où peut donc être venu le jugement peu favorable des modernes, si
ce n'est qu'ils ne prennent pas la peine d'en peser les circonstances et d'en pé
nétrer les motifs? 1º les jeunes gens ne faisaient ces larcins que dans un temps
marqué, par ordre de leur commandant et en vertu de la loi; ils ne volaient jam
ais que des légumes et des vivres, comme supplément au peu de nourriture qu'on l
eur donnait exprès en petite quantité; 2º le législateur avait pour but de rendr
e les possesseurs plus vigilants à serrer et à garder leurs biens; d'inspirer au
x jeunes gens tous destinés à la guerre plus de hardiesse et plus d'adresse, et
surtout de leur apprendre à vivre de peu, à pourvoir eux-mêmes à leur subsistanc
e.» (Rollin, Traité des études, t. III, 2e partie.)
Note [C66]: (p. 137). Sur les institutions de Lycurgue, voir l'Histoire de la316
Grèce, de Grote (2e partie, ch. VI). Rien de plus obscur que les renseignements
que nous avons sur Lycurgue. Les plus anciens (ce sont ceux d'Hérodote) sont en
core postérieurs de quatre siècles à l'époque de Lycurgue.
Note [C67]: (p. 137). G. Penn, fondateur de la première colonie américaine, appe
lée de son nom Pensylvanie. Ce rapprochement de Penn avec Lycurgue est tout à fa
it arbitraire, et Voltaire a grande raison de dire: «Je ne sais rien de plus con
traire à Lycurgue qu'un législateur et un peuple qui ont toute guerre en horreur
.» Penn et ses compagnons étaient en effet Quakers, c'est-à-dire appartenaient à
une secte à qui le service militaire est interdit. On ne peut guère moins resse
mbler aux Spartiates.
Note [C68]: (p. 137). «... à la Société», c'est-à-dire à la société des Jésuites
. Le Paraguay, en effet, a été gouverné pendant plus d'un siècle par les Jésuite
s qui y avaient introduit une sorte de monarchie paternelle, avec la communauté
des biens. Ce régime dans un peuple d'enfants avait eu, paraît-il, de très bons
résultats. Il faut savoir gré aux Jésuites, comme le fait Montesquieu, d'avoir a
pporté la charité et l'humanité dans le gouvernement des Indiens si atrocement o
pprimés par les Espagnols. Mais il ne faut pas conclure de ce gouvernement d'enf
ants que la communauté soit un régime praticable et souhaitable dans un pays civ
ilisé.
Note [C69]: (p. 139). «Ces sortes d'institutions peuvent convenir dans les répub
liques.» On s'étonne que Montesquieu parle sérieusement, comme d'une chose possi
ble dans les temps modernes, de la communauté des biens, de la proscription de l
'argent, de la séparation d'un peuple avec les étrangers, enfin des monopoles du
commerce entre les mains du magistrat. Ce sont là des institutions et des lois
qui, en supposant même qu'elles aient existé réellement telles qu'on les rapport
e, n'ont pu s'appliquer qu'à un état rudimentaire de la société. Elles sont d'ai
lleurs contraires à toute liberté et à tout développement de la civilisation.
Note [C70]: (p. 139). «Mais dans les grandes sociétés...» Montesquieu, après avo
ir approuvé les institutions dont il vient de parler, fait ici de sages réserves
; mais c'est à tort qu'il attribue à la corruption l'abandon de tels usages, et
qu'il voit dans ces usages une conséquence de la vertu dans les républiques. Ce
sont ces fausses idées qui, dans la Révolution française, ont inspiré les doctri
nes jacobines, c'est-à-dire la prétention d'imposer par la terreur la vertu et l
'égalité.
Note [C71]: (p. 141). «On était donc fort embarrassé dans les républiques grecqu
es.» Montesquieu explique ingénieusement le rôle de la musique317 dans les répub
liques grecques. Au reste Platon donne une explication assez analogue. L'éducati
on, suivant lui, comprend deux parties. On considère à tort suivant lui la musiq
ue comme devant former l'âme, et la gymnastique le corps. La seule chose importa
nte est l'âme. La gymnastique avait l'âme pour objet, de même que la musique; ma
is elles la forment différemment. Elles lui procurent ces qualités contraires do
nt l'homme d'État doit composer un solide et moelleux tissu. Ainsi que le fer s'
adoucit au feu, le dur courage se plaît et s'assouplit par l'effet de la poésie,
des beaux airs, des harmonies et des proportions. La gymnastique, au contraire,
lui donne le sentiment de ses forces, le courage et l'énergie. (Platon, Républi
que, l. IV.)
Note [C72]: (p. 142). «Un mode à un autre...» Voir dans Platon l'analyse qu'il f
ait des différents modes musicaux.—«Quelles sont les harmonies plaintives? Dis-l
e moi, car tu es musicien.—C'est la lydienne mixte et l'orgue.—Et quelles sont l
es harmonies molles et usitées dans les festins?—L'ionienne et la lydienne, qu'o
n appelle harmonies lâches.—Peuvent-elles être de quelque utilité à la guerre?—D
'aucune; ainsi il pourrait bien ne rester que les harmonies phrygienne et dorien
ne... Ces deux modes d'harmonie, l'un énergique, l'autre d'un mouvement tranquil
le, qui imiteront les accents de l'homme courageux et sage, malheureux ou heureu
x, voilà ce qu'il faut nous laisser.» (Platon, Républ., l. III.)
Note [C73]: (p. 143). «D'une réaction.» Montesquieu veut dire que le principe du
gouvernement exerce une action sur les lois du législateur, et que ces lois à l
eur tour exercent leur action sur le principe du gouvernement. Il y a donc, comm
e en mécanique, action et réaction.
Note [C74]: (p. 143). «La vertu dans une république...» Nous avons dit déjà plus
ieurs fois quel sens Montesquieu attache au mot vertu; ce n'est pas la vertu pri
vée, mais la vertu publique: ce n'est pas seulement l'amour de la patrie; c'est
l'amour de l'État, et de la forme du gouvernement, par conséquent l'amour de la
république dans «une république». Seulement on peut se demander s'il n'en est pa
s de même dans une monarchie, et si un royaume où les sujets n'aimeraient pas la
royauté pourrait subsister. En France, sous l'ancien régime, les sujets aimaien
t le roi; et il a fallu une suite de fautes inouïes pour déraciner ce sentiment.
Note [C75]: (p. 143). «Moins nous pouvons satisfaire nos passions particulières.
» Montesquieu se représente toujours la république sous la forme des institution
s antiques: lois somptuaires, censure des mœurs, frugalité imposée par la loi, e
n un mot quelque chose de semblable à un couvent. Aussi dit-il: «Pourquoi les mo
ines aiment-ils leur ordre?»318 Mais il n'en est pas ainsi dans les républiques
modernes, dont le principe est la liberté. La liberté, bien loin de s'opposer à
la satisfaction des passions, semble au contraire la favoriser. Mais le principe
de Montesquieu n'en est que plus évident et plus obligatoire; en effet, si cett
e liberté de l'individu n'est pas contenue et compensée par l'amour de la patrie
et des lois, par le respect du droit, par le sentiment de la justice, la républ
ique ne peut que tomber dans la corruption, et devient une proie à la tyrannie.
Note [C76]: (p. 144). «L'amour de la frugalité...» On voit que Montesquieu assoc
ie toujours l'idée de frugalité à celle de république ou du moins de démocratie.
Il n'admet que le nécessaire pour chaque citoyen, et le superflu pour l'État; a
utrement «les richesses donnent une puissance dont un citoyen ne peut pas user p
our lui; elles procurent des délices dont il ne doit pas jouir». C'est une grand
e erreur de Montesquieu de ne pas comprendre l'égalité civile et politique sans
l'égalité des fortunes: c'est là le principe funeste du socialisme moderne.
Note [C77]: (p. 144). «De gens médiocres.» C'est encore une erreur de Montesquie
u de croire que la démocratie ne doit aspirer qu'à la médiocrité des talents et
des fortunes. Ce serait un pauvre gouvernement que celui qui ne pourrait vivre q
ue par la médiocrité des talents. Quant à celle des fortunes, elle ne pourrait ê
tre obtenue que par des mesures arbitraires qui auraient pour résultat non pas u
ne aisance médiocre, commune à tous, mais une misère générale.
Note [C78]: (p. 145). «Les lois ont établi l'une et l'autre.» On voit encore que
pour Montesquieu les lois doivent établir la frugalité: toujours même erreur. D
e quel droit l'État imposerait-il à chacun la mesure de ses jouissances, en tant
qu'elles ne nuisent pas à autrui? Montesquieu, comme les législateurs antiques,
ignore entièrement le droit de l'individu. Ce serait d'ailleurs, dans nos socié
tés modernes, rendre la démocratie impossible que de l'associer à la proscriptio
n du luxe et des jouissances délicates de la vie. L'exemple de la Suisse et des
États-Unis prouve bien que la démocratie peut très bien coexister avec l'inégali
té des fortunes.
Note [C79]: (p. 146). «Partagèrent les terres comme Lycurgue.» C'est une grande
erreur historique, d'après les recherches savantes de M. Fustel de Coulanges, de
croire que Lycurgue a établi le partage des terres. (Voir Fustel, De la communa
uté à Sparte, Comptes rendus de l'Académie des sciences morales, 1880.)
Note [C80]: (p. 146). «Il faut donc que l'on règle...» Malgré toute notre admira
tion pour Montesquieu, nous devons cependant faire remarquer combien tout cela e
st erroné et dangereux. Ainsi tout serait réglé319 par la loi (bien entendu dans
un sens restrictif et prohibitif): les dots, les donations, les testaments et t
outes les manières de contracter; rien de plus contraire au droit de propriété,
à la liberté du travail et des échanges, enfin à tous les principes de l'économi
e politique. Disons, pour expliquer l'erreur de Montesquieu, qu'il a écrit ces p
ages avant que les grands économistes Ad. Smith et Turgot eussent établi les vra
is principes.
Note [C81]: (p. 146). «C'était donc une bonne loi.» Nous ne rechercherons pas, a
u point de vue historique, si toutes ces lois que Montesquieu approuve étaient b
onnes, eu égard aux institutions des républiques anciennes. Nous nous contentero
ns de dire que de telles lois ou des lois semblables ne sont nullement nécessair
es dans toutes les démocraties; et qu'en général elles sont contraires à l'espri
t de la démocratie moderne.
Note [C82]: (p. 147). «Silanus qui avait épousé sa sœur.» Le fait est fort doute
ux; Montesquieu exagère ici beaucoup la portée d'un texte de Senèque.
Note [C83]: (p. 148). «Phaléas de Chalcédoine...» Aristote dans sa Politique, l.
II, ch. IV, expose et réfute le système de Phaléas. «Les bases de l'État, selon
celui-ci, étaient l'égalité des biens et l'égalité d'éducation.» «Il ne suffit
pas, dit Aristote, de rendre les fortunes égales; il faut leur donner de justes
proportions: le point important c'est de niveler les passions bien plutôt que le
s propriétés... Et cette éducation, que sera-t-elle? Ce n'est rien que de l'avoi
r faite la même pour tous... Les révolutions naissent aussi bien de l'inégalité
des hommes que de l'inégalité des fortunes... C'est le superflu et non le nécess
aire qui fait commettre les grands crimes. On n'usurpe pas la tyrannie pour se g
arantir de l'intempérie de l'air... Phaléas ne dit mot ni de l'organisation mili
taire, ni des finances publiques... Il a tort aussi d'appeler égalité de fortune
, l'égale répartition des terres: car la fortune comprend encore les esclaves, l
es troupeaux, l'argent et toutes les propriétés que l'on appelle mobilières.»
Note [C84]: (p. 149). «Toute inégalité dans la démocratie doit être tirée de la
nature de la démocratie.» Rien de plus vrai que ce principe; il prouve que l'iné
galité n'est nullement contraire en elle-même au principe de la démocratie. Ce q
ue la démocratie condamne et exclut, c'est l'inégalité de privilège fondée par l
a loi; par exemple, si la loi exempte des impôts certaines classes de citoyens p
our les faire porter sur les autres, ou si elle interdit aux uns les emplois et
les grades qu'elle réserve aux autres. Mais l'inégalité résultant du libre emplo
i des facultés individuelles, l'inégalité de mérite, l'inégalité de fonctions, l
'inégalité même des propriétés résultant du droit égal320 de chacun d'user de so
n industrie sont des inégalités qui n'ont rien de contraire à l'égalité; et c'es
t le mérite de la démocratie de substituer les inégalités naturelles aux inégali
tés artificielles.
Note [C85]: (p. 149). «Il faut qu'elles soient petites.» C'est toujours la même
erreur. La loi n'a pas à faire que les parts soient petites: elle n'a qu'à assur
er la liberté de la propriété et des échanges. Sans doute par là même, la propri
été tend à se diviser et à se réduire à de petites portions; mais ce n'est que l
a conséquence de la liberté. En outre, dans la démocratie moderne on arrive au m
ême résultat par une autre voie: c'est l'égalité des partages dans les successio
ns: mais cette égalité n'est encore que la suppression d'une inégalité artificie
lle, celle du droit d'aînesse. C'est la suppression d'un privilège, et non la vi
olation d'un droit ou d'une liberté.
Note [C86]: (p. 149). «... lorsque la démocratie est fondée sur le commerce.» Mo
ntesquieu s'aperçoit tout à coup d'une grave objection à son système. Comment, d
ans un gouvernement fondé sur le commerce, peut-on établir ce régime égalitaire
et frugalitaire dont il fait la base des républiques? Il répond en disant que l'
esprit de commerce entraîne avec lui l'esprit d'économie et de travail, et que d
ans ce cas «les richesses n'ont aucun mauvais effet». Mais c'est par là qu'il fa
llait commencer. Sans doute l'excès des exclusions et de l'inégalité peut amener
la corruption et détruire l'égalité même. Mais ces désordres ne peuvent être co
mbattus que par l'éducation et par la vertu des citoyens, et non par des lois re
strictives du travail et de la propriété.
Note [C87]: (p. 150). «Le fassent eux-mêmes.» C'est-à-dire qu'il faut détruire l
es monopoles, et surtout les monopoles par l'État. D'ailleurs pourquoi dire: les
principaux citoyens? Pourquoi pas tous, ou du moins ceux qui le peuvent?
Note [C88]: (p. 150). «Divisant les fortunes à mesure que le commerce les grossi
t.» Très bien s'il s'agit de la division qui résulte de l'abolition des privilèg
es et des monopoles; mais non d'une division qui reviendrait à un partage égalit
aire de fortunes.
Note [C89]: (p. 150). «C'est une très bonne loi...» Cette loi du partage égal de
s enfants dans la succession des parents est devenue la loi fondamentale de notr
e droit civil, et est en effet la base d'une démocratie. Cependant notre système
laisse encore sous le nom de quotité disponible une part libre au père de famil
le. On remarque que plus les républiques sont démocratiques, plus cette part est
petite. Dans notre code, cette part est égale à une part d'enfant.
Note [C90]: (p. 150). «Chacun doit l'avoir.» Ce principe est dangereux: car321 s
i l'État impose à chaque citoyen l'obligation d'avoir le nécessaire, il s'engage
par là même à lui fournir les moyens de l'acquérir, ce qui conduit tout droit à
ce qu'on appelle «le droit au travail», principe qui ferait de l'État le pourvo
yeur universel.
Note [C91]: (p. 150). «On ne peut pas toujours établir un partage égal.» Montesq
uieu reconnaît ici lui-même que dans la démocratie l'égalité de partage n'est pa
s toujours nécessaire ni possible: en quoi il a raison; mais il a tort de dire q
ue le partage doit avoir alors des équivalents. Les institutions dont il va parl
er peuvent être bonnes, mais elles sont alors bonnes en elles-mêmes et non comme
équivalents d'un partage illégitime.
Note [C92]: (p. 151). «Le simulacre des dieux.» Il est difficile d'admettre que
les sénateurs doivent être les simulacres des dieux; et il est douteux qu'il en
ait jamais été ainsi. En tout cas, ce serait un principe qui serait beaucoup plu
s propre à une aristocratie qu'à une démocratie.
Note [C93]: (p. 151). «Les institutions anciennes.» Il faut tenir grand compte d
es coutumes anciennes. Les sociétés vivent de traditions. Les générations doiven
t être soudées ensemble par des mœurs persistantes et des institutions durables.
Tout cela est vrai; mais il ne faut pas oublier cependant que l'humanité est un
e espèce mobile et changeante, que c'est là même ce qui la distingue des autres
espèces animales. Elle est perfectible, et la perfectibilité implique le changem
ent. Il y a donc une juste mesure à tenir entre la persistance absolue aux ancie
ns usages et «une démangeaison d'innover», comme dit Bossuet, qui ne laisse rien
mûrir et fructifier. C'est au Sénat dans les républiques, à trouver cette mesur
e; mais il faut pour cela qu'il ne soit pas tellement attaché aux institutions a
nciennes qu'il s'oppose absolument à tout changement. Il est l'organe du progrès
prévoyant et sage, et non de l'immobilité absolue.
Note [C94]: (p. 152). «Ils doivent être choisis pour la vie.» On peut douter qu'
un sénat à vie soit de l'essence d'une démocratie. Nous avons eu pendant quelque
s années un quart du sénat inamovible; peut-être était-ce une bonne institution,
et aurait-on dû la garder: c'était le maintien de la tradition; mais personne n
'a jamais demandé que le sénat tout entier fût inamovible; et ce serait là une i
nstitution beaucoup plus aristocratique que démocratique. Il est vrai que Montes
quieu parle d'un sénat fait pour être «la règle des mœurs», et dont les membres
doivent être «des modèles perpétuels», conception qui pouvait avoir sa raison d'
être dans les États antiques, petites républiques qui n'étaient qu'une extension
de la famille, mais qui n'ont322 plus guère d'applications. Les sénats de nos j
ours sont faits «pour préparer les affaires».
Note [C95]: (p. 152). «Lacédémone.» Montesquieu oublie qu'il s'agit ici des lois
de la démocratie: or Lacédémone était plutôt une aristocratie. L'opposition que
Xénophon établit ici entre Lacédémone et Athènes est précisément l'opposition d
e l'aristocratie à la démocratie.
Note [C96]: (p. 153). «Droit de vie et de mort sur leurs enfants.» Il est étrang
e que Montesquieu approuve un droit aussi exorbitant. Il se place trop au point
de vue politique, et pas assez au point de vue du droit naturel.
Note [C97]: (p. 153). «Mais cela n'est pas de l'esprit de la monarchie.» On peut
dire que ce n'est pas davantage de l'esprit d'une démocratie éclairée. On peut
sans doute demander que la majorité civile ne soit pas fixée trop tôt; mais il f
aut qu'à un moment le citoyen puisse arriver à l'émancipation et avoir la libre
disposition de ses biens. Montesquieu n'oublie qu'une chose dans son plan de la
démocratie: c'est la liberté.
Note [C98]: (p. 154). «L'esprit de modération est ce qu'on appelle la vertu dans
l'aristocratie.» L'esprit de modération est de tous les gouvernements: il est m
ême peut-être plus nécessaire au gouvernement démocratique qu'à tout autre.
Note [C99]: (p. 154). «Il oublie sa faiblesse.» Un meilleur moyen encore, c'est
celui qu'emploie l'aristocratie anglaise: c'est d'ouvrir ses rangs aux citoyens
distingués et d'avoir autant de considération pour les nouveaux nobles qui se so
nt élevés par leur mérite que pour ceux qui doivent leur noblesse à leur naissan
ce.
Note [C100]: (p. 156). «Il faut qu'elles soient un tribun elles-mêmes.» Cette pe
nsée est très belle et peut s'appliquer dans tous les gouvernements. Elle signif
ie que les lois doivent garantir les droits des citoyens, sans avoir besoin d'un
e institution spéciale comme celle du tribunat.
Note [C101]: (p. 156). «Ce gouvernement a besoin de ressorts violents.» Il est d
outeux qu'une aristocratie raisonnable ait besoin de ressorts aussi violents que
la délation, ou que le gouvernement des inquisiteurs de Venise. Les éphores à S
parte étaient tout autre chose, et ressemblaient plutôt à des tribuns qu'à des i
nquisiteurs.
Note [C102]: (p. 157). Il est encore bien difficile d'admettre cette assimilatio
n des inquisiteurs d'État de Venise avec les censeurs romains. A Venise, l'inqui
sition était secrète; à Rome, la censure était publique. D'ailleurs, l'inquisiti
on de Venise était beaucoup plus politique que morale.
Note [C103]: (p. 158). Il semble que le droit d'aînesse soit au contraire essent
iel323 aux aristocraties. On le voit par l'exemple de l'Angleterre. Il est vrai
que l'Angleterre est une monarchie.
Note [C104]: (p. 158). «Enfin il ne faut point...» Le principe général développé
par Montesquieu, dans ce chapitre, c'est que dans l'aristocratie le principe d'
égalité doit s'appliquer aux nobles pris ensemble, comme dans la démocratie il s
'applique à tous. Nous ne savons si, dans la pratique, il en a toujours été ains
i. A Venise, il y avait trois institutions: à la base, le grand conseil, qui éta
it la base démocratique de la constitution, et qui se composait de l'assemblée g
énérale des nobles; au centre, le sénat, composé de 300 membres; au sommet, le c
onseil des Dix; or ces deux derniers corps avaient fini par annihiler le grand c
onseil.
Note [C105]: Substitutions (p. 158). On appelle ainsi, en jurisprudence, la disp
osition par laquelle on appelle successivement deux ou plusieurs héritiers, pour
que celui qu'on a institué le premier ne puisse pas aliéner les biens sujets à
la substitution.
Note [C106]: Retrait lignager (p. 158). On appelle retrait, en jurisprudence, l'
acte de retirer, ou de reprendre un héritage qui avait été vendu, en en restitua
nt, bien entendu, le prix. Il est lignager, c'est-à-dire que ce domaine appartie
nt au lignage ou à la famille qui use de ce droit.
Note [C107]: (p. 159). «Il l'aurait eu dans la tête.» Cette opinion de Montesqui
eu sur le cardinal de Richelieu était celle des parlementaires, c'est-à-dire des
partisans des parlements, qui eussent voulu limiter et tempérer le pouvoir mona
rchique par les prérogatives des corps judiciaires. Ce fut l'opinion de la Frond
e, que le cardinal de Retz exprime en termes aussi forts que Montesquieu: «Il a
formé, dit-il, en parlant de Richelieu, dans la plus légitime des monarchies, la
plus scandaleuse et la plus dangereuse tyrannie qui ait jamais asservi un État.
»
Note [C108]: (p. 159). «Les corps qui ont le dépôt des lois...» Il est évident,
par ce passage et par le suivant, que Montesquieu n'admettait d'autres limites a
u pouvoir absolu des rois que celle des parlements. Il est à remarquer que, pas
une seule fois, il ne fait allusion aux États généraux qui eussent été la vraie
représentation de la nation, s'ils n'étaient pas tombés en désuétude par l'oubli
commun de la royauté et des parlements.
Note [C109]: (p. 162). «Pas de gloire.» Ce chapitre est court, dit Voltaire, est
-il plus vrai? On ne peut, ce me semble, refuser la magnanimité à un guerrier ju
ste, généreux, clément, libéral. Je sais trois grands vizirs Kiuperli qui ont eu
ces qualités. Si celui qui prit Candie assiégée pendant des années, n'a pas enc
ore la célébrité des héros du siège324 de Troie, il avait plus de vertu et sera
plus estimé des vrais connaisseurs qu'un Diomède et qu'un Ulysse. Le grand vizir
Ibrahim qui, dans la dernière révolution, s'est sacrifié pour conserver l'empir
e à son maître Achmet III, et qui a attendu à genoux la mort pendant six heures
avait, certes, de la magnanimité.
Note [C110]: (p. 162). «Voilà le gouvernement despotique.» Cette brièveté de cha
pitre est, il faut le dire, une petite affectation de Montesquieu, pour faire va
loir le trait qu'il décoche contre le despotisme. Voltaire dit que ce trait est
un proverbe espagnol: «Élaguer sans abattre.» Cependant il signale encore une au
tre source; c'est un passage tiré des Lettres édifiantes, dans lequel un jésuite
nommé Marest dit en parlant des naturels de la Louisiane: «Nos sauvages ne sont
pas accoutumés à cueillir les fruits aux arbres. Ils croient faire mieux d'abat
tre l'arbre même.» Voltaire met en doute l'exactitude des faits: «Il n'y a, dit-
il, sauvage si sauvage qui ne s'aperçoive qu'un pommier coupé ne porte plus de p
ommes. Mais le jésuite Marest a cru dire un bon mot.»
Note [C111]: (p. 164). «On a cassé les grands corps de troupes.» Dans les gouver
nements despotiques, le souverain est à la merci de ses soldats. Aussi a-t-on vu
plusieurs fois le pouvoir essayer de s'affranchir par la destruction et le mass
acre même des corps privilégiés, devenus les véritables maîtres de l'État. C'est
ainsi que Pierre le Grand, en Russie, a détruit la milice des Strélitz; le sult
an Mahmoud, en Turquie, le corps des janissaires, et en Égypte, le vice-roi Méhé
met-Ali, le corps des Mameloucks.
Note [C112]: (p. 164). «C'est de la religion.» Rien de plus vrai. La plus grande
force du sultan de Constantinople est d'être le chef de la religion, le représe
ntant de Mahomet pour tous les Musulmans. Montesquieu, pour rester fidèle à son
principe, dit que c'est «une crainte ajoutée à de la crainte». Mais il ajoute qu
e la religion «corrige un peu la constitution turque». C'est, en effet, une limi
te au pouvoir du prince, et par conséquent ce gouvernement ne repose pas exclusi
vement sur la crainte.
Chardin, dans son Voyage en Perse (ch. XI), dit que l'autorité du grand seigneur
, en Turquie, est bien moins absolue que celle du roi de Perse: «L'empereur des
Turcs, dit-il, ne fait mourir aucune personne considérable sans consulter le mup
hti ou grand pontife de la religion. Celui des Persans, au contraire, bien loin
de consulter personne, ne se donne pas seulement le loisir de penser, la plupart
du temps, aux ordres de mort qu'il prononce.»
Note [C113]: (p. 164). Montesquieu fait toucher du doigt la stérilité du communi
sme.325 Là où le prince est le seul propriétaire, il n'y a plus ni industrie ni
agriculture, et le résultat serait le même si, au lieu du prince, c'était le peu
ple tout entier qui fût propriétaire. Chacun, étant nourri par l'État, négligera
it tout travail, à moins d'y être forcé; or, le travail forcé, c'est l'esclavage
. Le communisme ne peut donc reposer que sur l'esclavage. Il est évident que dan
s ce régime, comme dans celui dont parle Montesquieu, «on ne réparerait rien; on
ne bâtirait que pour la vie». La civilisation retournerait à l'enfance.
Note [C114]: (p. 166). «Étrangler ses frères.» Rien de plus fréquent que ces meu
rtres de famille, et le souverain lui-même n'est pas à l'abri. Aussi, a-t-on dit
que la monarchie asiatique était le pouvoir absolu tempéré par l'assassinat. «E
n Perse, dit Chardin, on fait arracher les yeux à tous ceux qui viennent du sang
royal, ou on les laisse mourir quand ils naissent, en ne les allaitant pas.»
Note [C115]: (p. 166). «Choisir son successeur.» C'est le comble du despotisme q
uand le prince peut choisir lui-même son successeur. L'hérédité est une limite,
un frein. Par l'adoption, au contraire, le despote règne encore après sa mort.
Note [C116]: (p. 167). «La plupart des peuples y sont soumis.» C'est beaucoup di
re. L'Europe entière, moins la Russie, toute l'Amérique, l'Australie, vivent sou
s l'empire de gouvernements tempérés. L'Asie et l'Afrique seules appartiennent a
u despotisme. Ce qui est vrai, c'est que les gouvernements libres ou seulement m
odérés sont très difficiles à fonder et à maintenir, et que les peuples n'en son
t pas toujours capables.
Note [C117]: (p. 168). «Continuation du même sujet.» Nous avons expliqué, dans n
otre Introduction, pourquoi Montesquieu s'étend avec tant de complaisance sur le
despotisme. C'est qu'il était persuadé que la monarchie française, par la suppr
ession des pouvoirs intermédiaires, des parlements, des communes, des États géné
raux (dont cependant il ne parle jamais), s'acheminait vers le despotisme. C'éta
it un épouvantail qu'il présentait à la France, pour lui donner le désir d'un go
uvernement libre.
Note [C118]: (p. 168). «La cession de biens.» On appelle cession de biens la pra
tique en vertu de laquelle le débiteur se libère envers le créancier, par l'aban
don total de ce qu'il possède. C'est une sorte de quittance.
Note [C119]: (p. 169). «Le péculat est naturel dans les États despotiques.» Le p
éculat n'est autre chose que la concussion: c'est l'administrateur qui se paye l
ui-même sur les fonds des administrés. Il est étrange d'entendre dire qu'un tel
vice puisse être «naturel» dans un gouvernement326 quelconque. On voit que Monte
squieu se place uniquement au point de vue des faits, sans croire nécessaire d'y
mêler ni approbation ni blâme. Mais on peut dire que cette sorte d'excuse impli
cite du péculat est au fond un blâme du gouvernement despotique. Un tel gouverne
ment reposant sur la spoliation est par là même condamné.
Note [C120]: (p. 169). «Les confiscations...» C'est l'honneur de la société mode
rne d'avoir aboli le principe de la confiscation.
Note [C121]: (p. 169). «Les acquêts.» Biens acquis pendant le mariage, au profit
de la communauté, en opposition aux propres, qui sont les biens particuliers de
chaque époux.
Note [C122]: (p. 169). «Le vizir est le despote lui-même.» C'est ce qui est arri
vé, même en France, lorsque Richelieu et Mazarin se sont trouvés investis par la
confiance de la royauté de la puissance souveraine. Aussi était-ce avec raison
qu'à la mort de Mazarin, Louis XIV voulut déclarer qu'il ne prendrait pas de pre
mier ministre, et qu'il entendait gouverner par lui-même. C'était revenir à l'es
prit de la monarchie.
Note [C123]: (p. 172). «Des témoignages de cette vertu.» Ainsi les distinctions
purement honorifiques, qui ne sont pas accompagnées d'argent et qui ne conduisen
t pas à la fortune, n'ont donc rien de contraire à la nature des républiques. Se
ulement, ce que Montesquieu dit de la grandeur des récompenses, peut se dire de
leur nombre. Ce serait un signe de corruption, si ces témoignages d'honneur s'av
ilissaient par leur extension abusive. Aussi a-t-on bien fait de limiter parmi n
ous le nombre des décorations honorifiques.
Note [C124]: (p. 173). «Dans le gouvernement républicain.» Cette réponse me para
ît contestable. Un citoyen qui remplit de force une fonction, ne peut pas bien l
a remplir. Ce qui est vrai, c'est que lorsqu'un citoyen est indiqué pour un empl
oi (et il ne s'agit que des plus hauts), il se fait autour de lui une telle pres
sion qu'il est difficile qu'il résiste. S'il le fait, c'est qu'il sent son impui
ssance, et c'est lui qui est le meilleur juge. Il faut aussi compter sur l'ambit
ion qui est en général toujours prête.
Note [C125]: (p. 174). «Une place inférieure à celle qu'il a occupée.» Il est ra
re qu'on ait à employer un citoyen dans un rang inférieur. En principe, cela n'e
st pas juste: en fait, si cela est utile, c'est un sacrifice qu'il faut laisser
au libre arbitre de chacun: la vertu forcée n'est plus la vertu.
Note [C126]: (p. 174). «Les emplois civils et militaires. Il faut les unir dans
les républiques.» Rien de plus inexact; la séparation du civil et du327 militair
e est, au contraire, de l'essence des démocraties. Le danger de faire «un état p
articulier» dont parle Montesquieu est bien moins grand que celui de mettre l'ad
ministration civile entre les mains de la force armée. Un tel régime conduirait
ou bien au gouvernement militaire, destructif de toute liberté, ou bien à une ab
sorption du militaire par le civil, destruction de toute armée. Sans doute, c'es
t en tant que citoyen qu'on est soldat; mais en tant que soldat, on ne doit qu'o
béir et non commander.
Note [C127]: (p. 175). «Un état particulier des gens de guerre.» En effet, en An
gleterre (et c'est à cet état que Montesquieu fait allusion), la crainte des arm
ées permanentes est traditionnelle; et ce sentiment a depuis passé en Amérique;
mais cela tient à la situation particulière de ces deux États, l'Angleterre et l
es États-Unis étant suffisamment protégés par la mer, pour n'avoir pas besoin de
soldats. Mais en Europe, où les nations doivent se protéger elles-mêmes, une ar
mée est nécessaire, et si cette armée se confondait avec le gouvernement, elle s
erait tout, et il n'y aurait plus de liberté. La séparation du civil et du milit
aire est donc obligatoire là où une armée permanente est de toute nécessité.
Note [C128]: (p. 175). «Métier de famille.» Voltaire proteste ici avec chaleur c
ontre cette expression: «La fonction diverse de rendre la justice, de disposer d
e la fortune et de la vie des hommes, un métier de famille! De quelles raisons l
'auteur soutient-il une thèse si indigne de lui?... Une monarchie, selon Montesq
uieu, n'est donc fondée que sur des vices? Mais pourquoi la France est-elle la s
eule monarchie de l'univers qui soit souillée de cet opprobre de la vénalité?...
Il eût mieux valu, dit un sage jurisconsulte, vendre les trésors de tous les co
uvents que de vendre la justice... Vendre publiquement la justice et faire jurer
à ce juge qu'il ne l'a point achetée, c'est une sottise sacrilège.» La vénalité
des charges judiciaires qui avait été introduite pour procurer de l'argent à l'
État, a été abolie par la Révolution. Il ne faut pas confondre les charges judic
iaires avec les offices ministériels (notaires, avoués, greffiers, etc.), où la
vénalité, abolie également par la Révolution, a été rétablie implicitement en 18
16, par une loi financière.
Note [C129]: (p. 176). «Il faut des censeurs dans une république.» Montesquieu e
st toujours placé au point de vue des républiques anciennes, qui n'étaient au fo
nd que des gouvernements de famille. L'État était le représentant et l'héritier
du père de famille, et avait hérité d'une partie de l'autorité paternelle. Mais
dans nos sociétés modernes, républiques ou monarchies, on ne supporterait pas l'
institution de328 la censure. Ce n'est pas à dire que les lois ne doivent pas fa
ire ce que faisaient les censeurs à Rome, c'est-à-dire défendre les mœurs contre
la corruption, qui se glisse sous le nom de liberté. L'impudicité publique est
la honte des gouvernements libres. Dans des États modernes, c'est la presse qui
fait la censure des mœurs. Seulement elle aurait bien souvent besoin elle-même d
e censeurs.
Note [C130]: (p. 176). «On n'est surpris...» Voltaire répond encore ici à Montes
quieu, avec la vivacité de son bon sens et de son cœur: «Non, je ne suis pas sur
pris de ces deux jugements atroces; car je n'en crois rien... Je ne crois pas qu
e les Athéniens aient eu l'absurdité aussi ridicule que barbare de tuer des homm
es et des enfants pour des moineaux. «C'est un jugement de mœurs,» dit Montesqui
eu. Quelles mœurs! Quoi donc! N'y a-t-il pas une dureté de mœurs plus horrible à
tuer votre compatriote qu'à tordre le cou à un moineau?»—L'observation de Volta
ire est juste s'il s'agit de condamner à mort pour un moineau: c'est une peine d
isproportionnée au délit. Mais il n'en est pas moins vrai que l'État a le droit
de punir la cruauté envers les animaux, qui devient souvent la cruauté envers le
s hommes. C'est ce qu'a fait parmi nous avec beaucoup de raison la loi Grammont,
qui punit les mauvais traitements envers les animaux.329
TABLE DES MATIÈRES
Introduction de l'éditeur
Éloge de Montesquieu, par d'Alembert
L'ESPRIT DES LOIS
Préface
Avertissement
Livre I
— II
— III
— IV
— V
APPENDICE
Extraits de Montesquieu
Notes explicatives
NOTES
[1] Cette Introduction est extraite de notre Histoire de la science politique da
ns ses rapports avec la morale (2 vol. in-8o, 3e édition, 1887). Notre éditeur,
M. Félix Alcan, a bien voulu nous autoriser à la publier.
[2] Machiavel, auteur du Prince et des Discours sur Tite-Live (xve siècle).
[3] Grotius (xviie siècle), auteur du Traité du droit de la paix et de la guerre
.—Bodin (xvie siècle), de la République.
[4] Les Lettres persanes sont de 1721; les Considérations sur les causes de la g
randeur des Romains et de leur décadence sont de 1734; l'Esprit des lois de 1748
. (Voir Louis Vian, Montesquieu, sa vie et ses œuvres d'après des documents nouv
eaux et inédits.—Caro, la Fin du xviiie siècle, vol. I, c. 2.)
[5] Lettre xxxviii.
[6] Lettre xxix.
[7] Lettre xcii.
[8] Lettre xcviii.
[9] Lettre cxvii.
[10] Lettre xcviii.
[11] Lettre cix.
[12] Voir la lettre cxxiv tout entière: «Ordonnons... que tout laboureur ayant c
inq enfants retranchera journellement la cinquième partie du pain qu'il leur don
ne,» etc.
[13] Lettre cii.
[14] Lettre cv.
[15] Lettre cii.
[16] Lettre lxxxix. On voit par ce passage que Montesquieu ne distinguait pas en
core, comme il l'a fait plus tard, l'honneur et la vertu. Ce passage suffit à mo
ntrer ce qu'il y a d'artificiel dans sa théorie des trois principes. L'origine d
e la théorie de l'honneur, comme principe monarchique, se trouve dans la lettre
suivante, xc.
[17] Considérations, viii.
[18] Considérations, viii.
[19] Ibid., xi.
[20] Ibid., ix.
[21] Considérations, xiii.
[22] L'Esprit des lois parut à Genève, sans date (2 vol. in-4o); mais la critiqu
e est d'accord pour en fixer la date en 1748. L'ouvrage contient 14 cartons exig
és par la censure; M. Vian (Hist. de Montesquieu, sa vie et ses œuvres, Paris, 1
877) a relevé sur deux exemplaires qui subsistent, le texte primitif. Les change
ments sont de peu d'importance d'ailleurs.
[23] Voy. Barthélemy Saint-Hilaire, Introduction à sa traduction de la Politique
d'Aristote.—«Le droit politique est encore à naître, dit J.-J. Rousseau (Émile,
l. II). Le seul moderne en état de créer cette grande science eût été Montesqui
eu; mais il n'eut garde de traiter des principes des droits politiques; il se co
ntenta de traiter des droits positifs des gouvernements établis.»
[24] Espr. des lois, l. I, c. iii. La même doctrine est exprimée dans les Lettre
s persanes: «La justice est un rapport de convenance qui se trouve réellement en
tre deux choses: ce rapport est toujours le même... Quand il n'y aurait pas de D
ieu, nous devrions toujours aimer la justice... Voilà ce qui m'a fait penser que
la justice est éternelle et ne dépend pas des conventions humaines.»
[25] Esprit des lois, l. I, c. iii.
[26] Aug. Comte (Cours de philosophie positive, t. IV, 47e leçon) a bien vu le g
rand mérite de Montesquieu, et le considère comme le vrai créateur de la science
sociale.
[27] Spinoza, philosophe du xviie siècle qui soutenait le fatalisme, c'est-à-dir
e la doctrine de la nécessité universelle.
[28] «Quelle apparence qu'une cause inintelligente ait donné naissance à des êtr
es intelligents?»
[29] Cet intéressant et instructif ouvrage est de 1796.
[30] L. I, c. ii.
[31] L. II, c. i.
[32] L. III, c. ii.
[33] L. II, c. ii.
[34] Espr. des lois, l. II, c. ii. «Le peuple est admirable pour choisir ceux à
qui il doit confier une partie de son autorité. Il n'a qu'à se déterminer par de
s choses qu'il ne peut ignorer et des faits qui tombent sous les sens. Il sait t
rès bien qu'un homme a été souvent à la guerre, qu'il y a eu tels ou tels succès
: il est donc très capable d'élire un général...»
[35] Esprit des lois, l. III, c. iii.
[36] L. II, c. iii.
[37] L. III, c. iv.
[38] Avertissement.
[39] Esp. des lois, l. II, c. iv.
[40] L. III, c. vi et l. IV, c. ii.
[41] L. II, c. v, et l. V, c. xiv, xv.
[42] L. III, c. ix.
[43] L. VIII, c. i.
[44] L. VIII, c. ii, iii, iv.
[45] L. VIII.
[46] Ib., c. ii.
[47] L. VIII, c. v.
[48] L. VIII, c. vi et vii.
[49] L. VIII, c. x.
[50] Voltaire, Comment. sur l'Esprit des lois, iv.
[51] Esprit des lois, l. III, c. vi.
[52] Nous avons vu que, dans les Lettres persanes (voir plus haut), Montesquieu
confondait encore l'honneur et la vertu, et leur attribuait un rôle égal dans le
s républiques; mais en même temps il était frappé du rôle que jouait en France l
'amour de la gloire et le point d'honneur. C'est cette vue particulière très jus
te dont il a fait, plus tard, un principe systématique passablement arbitraire.
[53] Sur le principe de l'honneur dans les monarchies, voyez surtout liv. III, c
h. vi et vii; liv. IV, ch. ii; liv. V, ch. ix, et liv. VIII, ch. vi et vii.
[54]
Platon, Rép., l. IX, ἡ μὲν ἀριστοκρατία ἀρίστη, ἡ δὲ τυραννὶς κακίστη.
. I, p. 143.
[55] Ag., e C v . De , l v. I , c. v.
[56] L e M , l. II, 8.
[57] L. , c. x v.
[58] E p. e l , l. II e l. .
[59] M
e q e e pe e q ' x ép bl q e c e e ; e v p p q
le mé e e e p c é é le ém c e (v le N e ).
[60] L. II, c. x.
[61] Ib.
[62] Ib.
[63] L. . c. x .
[64] L. III, c. v .
[65] L. III, c. v .
[66] L. III, c. v .
[67] L. XI, c. xx.
[68] l le e à M. l' e Be l , q v f e à M e q
e ' v évélé x A gl ex-même l be é e le g ve eme . M e q
e éc e ce él ge, q 'e e p m v .
[69] L. I, c. .
[70] L. XI, c. v .
[71] L. XI, c. v .
[72] Ce e gé e e e ex c e expl c
' p ge b c , è mp
le y ème
e M e q e , é é ée p l' e ' Mém ec é
p l'I l Sép e p v (v le pp e M. A c c l
e c c el f à l Sép e p v , ex e C mpe e e l
'Ac ém e e c e ce m le e p l qe , 1879).
[73] L. I, c. x e c. x . C mp ez Le e pe e , le e lxxx.
[74] L. I, c. xv .
[75] L. X , c. .
[76] L. X , c. .
[77] L. X, c. v.
[78] L. XX , c. x.
[79] L. XX , c. x .
[80] y. e H e e l c e ce p l qe, l. III, c. v.
[81]Dep qe ce p ge éé éc e , qe l'e cl v ge éé b l
x É -U , e le e v ge e R e: velle c qêe e pbl c e x
v e ècle.
[82] L. XXIII, c. xx x.
[83] C'e là p c pe b e ge ex, M e q e e v y p e
le c éq e ce .
[84] P
exemple v éjà qe T cy c mme ce è le p em e l v e p
e c c e e m l éf m l . Le l e p , c mme l
e M e q e, le pp éce e q é ve e l e, e l
e e c
e ; e l 'e p pp , e pp 'e p e l . D
e M e q e: épbl qe, m
le l v eII à l v e g ve eme
c e, e p me, l e b e e b ff c leà
v e
e e
l p q e: 1 le g ve eme f é le gé é x e mme ; 2
cex q ep é e e f é e p cl e
. Il
éc e le l
v e IIIle pc pe m p M eq e: l ve ,l' e e l c
e, e l e b e el ' c c è e b , l . De là
ce ègle b e ; le g ve eme f é l pe ve
e l éve
' q'à
l ppe l' c
p bl q e; le g ve eme
f é l
l e g l e, e c. O ppve v ge ce p c pe
p pe c
j q ' l e p bl c e : l'effe l xe e 'empl ye le v l ' e m
è e le e ble.—Le c
p e le pl mp l v e e T cy e c
el ù l c mb le p e M e q e l m c e c elle
, e b e e ée p p e , q à pe p è celle q v e éé é
e, pbl
l ée l c e l' III; m
e e ppléme
ée l Re î é ve ce ée . O pe ee c e qe
, l p
l c q e e ée éc m q e e M e q e e gé é leme j c e e. E
é mé l' v ge e T cy f pe e . Il e è mp c mme é
le é mé e ée p l qe e l'éc le é l g qe.
[85] Ov ge e Df e y, leqel le S m j e ôle l ge à cel
Pe le Le e pe e .
[86] Le e pe e , x , x , x , x v.
[87] All p j é e e x m cle c e Pâ .
[M14] De y 'H l c
e, Élge 'I c e, p. 97, . II, é e Wec el
.—P llx, l v. III, c . x, . 130.
[M15] yez l' e Dém è e, e F l Leg , e l' c e T m q
e.
[M16]O mêmep c qepl ce e x b lle : l' , q l pl ce;
l' e, q mm cel q ev ccé e , e c qe le p em e fû eje
é.
[M17] L v. Ie e III e L .
[M18] Elle ' ppel e l bl e . O à c qe c ye
e x ble
: l p em è e, m qée ' A, p e q ; l' e, ' U e ' R,
g .
[M19] A è e , lev le m .
[M20] C mme à e e.
[M21] Le e e y 'A è e v l e qe le ff ge e é p g e f
e p bl c , p le ge à le f e. (Ly , O . c Ag .,
c p. v .)
[M22] y. De y 'H l c e, l. I e IX.
[M23] y. M. A , y ge 'I l e, p. 16.
[M24] Il le f e ' b p le c l .
[M25] C'e ce q e e. yez le C é
ve l ép bl qe m
le c e e l g e e R m e e le éc e ce.
[M26] y ge e T ef .
[M27] A Lcqe , le m g e é bl qe p ex m .
[M28] D e, l v. X III, p. 691, é e R m .
e pl lég l le p v e e g e p
A c e, le A gl
[M29]
el e emp el , e gme é cel e c mm e . ( l .)
[M30] Fe , 'A g , e f g m î e e e ; e cel el l é
l c .
[M31] Le 'O e j e v z , M. C .
e b e e c éqe c
[M32] Ce e c e è mp e, e j'e
e : elle e l clef ' e f é e l .
[M33] C mwell.
[M34] Pl qe, Pé clè .—Pl , C .
[M35] Il 'y v v g
e m lle c ye , x m lle é ge , q e ce
m lle e cl ve . yez A é ée, l v. I.
[M36] Elle v v g m lle c ye . yez Dém è e, A g.
[M37]
Il v e f e l p p
e m cel
q p p e e c ve
x ge e l g e e l' ge e é p le éâ e .
[M38] Ce e ge e .
[M39] Le c me pbl c y p ê e p , p ce qe c'e l' ffe e
; le c me p cl e 'y e p p , p ce qe l' ff e e e
e e le p p .
[M40] Je ple c e l ve pbl q e, q e l ve m le, le e q
'elle e ge b e gé é l; f pe e ve m le p cl è e , e
p e ce
e ve q pp x vé é évélée . O ve b e
cec l v. , c . .
[M41] E e ez cec le e e l e p écé e e.
[M42] Ce m mme e b e e 'e e c qe e p l qe.
[M43] yez Pe y, p ge 447.
[M44] C mme l ve ve l' c e m l e.
[M45] R c l , e l'Emp e O m .
[M46] yez l' e e ce e év l , p le P. Dce ce .
[M47] S g ve eme é m l e; ce q e e e e pèce g ve eme
e p qe.
[M48] yez C .
Ce
ef év q é p vel é ,
[M49] pp é f l g le l
v e 'E e ,e v c l p c p le p : U e e l e , q
b m e lle (Am ) exe , c e e . (C
. xv , ve . 7.
)
[M50] yez C .
[M51] yez l'H e e 'Ab g é.
[M52] O c ceq e , e p
ce q ê e: l' e e p éj
gé qe l el g v lle ô à é e, ô à égle .
[M53] P l q., l v. I.
c g le L céém e ' b e l m è e e
[M54] P l pœme
j e âme g
le e f
,c b e q e,
cel , l e
e e le cœ . (Pl ., e e P l pœme . yez T e-L ve, l v. XXX III.)
[M55] Elle éfe pe e l
e l be é ( yez le l v. XC
III, XCIX e C e T e-L ve, l'Ep me e Fl ). Elle f pl e é
ce qe le pl g .
[M75] C u t .
[M76] L v. II.
[M77] A st t, l t q., l v. X.
[M78] A st t, l t q., l v. VIII, ch. .
[M79] A st t d t qu ls f ts ds L cédém s, qu c mm ç
t cs x c
cs dès l'âg l lus
t d ,
c t ct t t d fé c té. ( l t q., l v
. VIII, ch . v.)
[M80] «J ét ds t f ds c t qus g mm t c ls à u h mm d gé
; m s j' u s s uh té qu'u éc v s s tul t s mâl s fût s v d'
u ut x ss qu cll d j u d l f ug l té. J' u s dés é b d
v t g qu' l 'ût t d t qu'Alc b d fut dm é d l'u v s, u s'êt
c f mé d s L cédém à l s b été ds S t ts. Il f ut t, à m
v s, d gu s ls l ud ssm ts d l'u v s. Alc b d ét t u s ml
c t y , ch, mb t ux, v , déb uché, s l t, d'u c ctè v s t l.
J v s d' dm bl à f qulqu tms m uv s chè vc ls L cédé
m s, l squ' l st c d m é d s Athè s u ul lus v , lus s l
t t lus lég qu lu , s ttm t su st t ux, j l ux, c st t, ss t
ch qu j u d l témé té à l c st t , d g f d l' b d s l
qul l c u t lâchm t du s t t d s ècl. J v s d s Alc b d u b v
ét u d qu mé t c t m t s l' dm t d l'u v s, u v c
mu l fmm d'Ag s, s hôt t s tctu ; u s'êt f t ch
ss d
S t; u s'êt édu t à m d u uvl
s l chz u s t d s,
t u y é t ls b s d'u c u t s . lut qu t M tsqu u m'
m s t t: j' dm t C t t M c-Au èl u dm Alc b d.» (N
t d V lt.)
[M81] lut., V d S l .
[M82] Ib d.
[M83] h l l üs d C th ét bl t à Athè s (l sz à Thèbs) qu l mb d
t s d t t clu ds hé éd tés s t t uj u s l mêm. (A st.,
l t
q., l v. II, ch. v .)
[M84] Réubl., l v. VIII.
[M85] C él us N s, f.—Ct us g ét t ds m s tms. Auss Ab h m d
t- l d S : «Ell st m sœu , f ll d m è , t d m mè .» Ls mêm
s s s v t f t ét bl u mêm l chz d ffé ts uls.
(N t d l'éd tu .)
[91] Au M zul t , ' u déc uv qu' l y ût d l éc t. V yz l Rc
u l ds V y gs qu t s v à l'ét bl ssm t d l C m g ds I ds, t m
IV, t m è , g 391. Ls I d s s ègl t, d s ls jugm ts, q
u su d c t s c utums. L Vd m t ut s l v s ls c t t
t d l s c v ls, m s ds écts l g ux. V yz Ltt s éd f ts, qu
t z èm cu l.
[92] Qu d ls l s s t t ès s mls, l 'y guè d cès ù l'u ds du
x t s s t év dmm t u f , c qu ls d scuss s ul t su d
s f ts, t su l d t. V là u qu f t, d s l'O t, u s g d
us g ds tém s d s ls ff s c v ls, t qu' d st bu qulquf s ds
c us d bât ux l du s t ux tém s qu t m sé à l just c. (N
t d V lt.)
[137] L v. I .
[138] œ s f c um ux t, cum l cults f c l us scl s bl g t, q
u d tg s t m s xul t. (Suét , Jul Cæs .) «Il ugm t l
ds c ms; ls chs fft s' g g t f c lm t d s l c m, s ch
t qu' ls c s v t t ct lu t m ll t x l.»
[166] Cum m x mus m um mtus d luxu m sst. (Ib d.) «L' métu s té d t
us ls t î t u lux.»
[167] Ls Su s ccu t ctt t d l'Eu qu us c ss s uj u
d'hu s us l m d Suèd. (N t d V lt.)
[168] D M bus G m um.
[169] D C ss us, l v. LIV.
[170] T c t, A l., l v. III.
[171] Mult du t vt um ml us t læt us mut t . (T c t, A ., l v. III.)
[172] Oul t tu m x gst tm. (Fl us, l v. III.) «L' ul c, qu d
t g d b tôt l uv té.»
[173] C st tut d J cqus I , l' 1234, t. 6, d s M c , H s., . 1439
.
[174] O y déf du ls v s xqu s, t ut s m ch d ss éc uss.
[175] V yz l v. XX.
[176] L lux t uj u s été êté.
[177] D s u d c té l . Duh ld, t. II, . 497.
[178] H st d l Ch , v gt t u èm dy st , d s l' uv g du . Duh l
d , t. I.
[179] D s u d sc u s té l . Duh ld, t. II, . 418.
[180] «Qu t u v m u , d t lut qu, ls fmms 'y t ucu t». (OEu
v s m l s, T té d l' m u , . 600.) Il l t c mm s s ècl. V yz Xé
h , u d l gu t tulé H é .
[216] Hé d .
[217] A st t, l t., l v. II, ch. x.
[218] O s éu ss t t uj u s d' b d c t ls m s du dh s, c qu s'
l t sy c ét sm. (
lut qu, OEuv s m ls, . 88.)
[257] O uv t ccus ls m g st ts m s ès lu m g st tu . V yz d
s D ys d'H l c ss, l v. IX, l' ff du t bu G ut us.
[258] D m bus bus c s c sult t, d m j bus m s: t t m ut
qu qu qu um s lbm b t um st, ud c s t ct tu . «Ls
g ds t t t ds m d s ff s; ls lus g ds s t du ss t d t us,
d tll f ç c d t qu mêm clls qu s'élèv t du ul s t uss t
tés ls g ds.»—Est- l ss bl qu' fft l ch mb ds s, cll
ds c mmu s, l c u d'équ té, l c u d l' m uté, v t d l F êt-N
? J' m s ut t d qu ls s m s d T ll ts t d Sm l dg fu t
ut f s c m sés ls s c è s tudsqus, qu jug t ds succès d l gu
l m è d t c ul t l s g ds s s qu'lls mm l t. L
s m uf ctu s d d d'A glt ' t-lls s été t uvés uss d s ls
b s ù ls G m s m t m ux v v d s qu d t v ll , c mm l
d t T c t?
u qu ' v s t uvé lutôt l d èt d R t sb qu l lm t d'A g
l t d s ls f êts d'Allm g ? R t sb d t v f té lutôt qu L
d s d'u systèm t uvé G m . (N t d V lt.)
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N ts su l t sc t :
Ls u s cl m t t du ts l ty g h t été c gés. L' th g
h d' g été c s vé. L txt d l t 89 été d té à c l v
élct qu.
MONTESQUIEU
ES RIT DES LOIS
LIVRES I-V
RÉCÉDÉS D'UNE INTRODUCTION DE L'ÉDITEUR
t su v s d'u A d c
MEMBRE DE L'INSTITUT
ROFESSEUR A LA FACULTÉ DES LETTRES
DEUXIÈME ÉDITION
ARIS
LIBRAIRIE CH. DELAGRAVE
15, RUE SOUFFLOT, 15
1892
1
DE
L'ES RIT DES LOIS
INTRODUCTION[1]
L lus g d l v du xv s ècl, s s ucu d ut, st l'Es t ds l s;
t mêm, d s l'h st d l sc c l t qu, l sul uv g qu lu s t c
m bl (j' s à d sué u ), u l'ét du du l , l ch
ss d s
f ts, l l b té d s v st g t s t l f c d s c s, st l l t qu
d'A st t. M ch vl[2] v t ut-êt ut t d f du t d s g c té q
u M tsqu u, m s l c ss t t u d f ts, t d' llu s s s t
c mu lu mtt t s d s'élv j m s b h ut; f l ' s,
u mêm dg é qu'A st t u M tsqu u, l d sué u d l gé é l s t .
Qu t à G t us t B d [3], qulqu just st m qu' lu d v, l ' t
j m s, j c s, d s l's t d s d ls c m , u l té ds
vus t du gé , à l' utu d l'Es t ds l s.
2Étud s d' b d, d s M tsqu u lu -mêm, ls técéd ts d s œuv f d
m t l, qu v t été écédé, c mm s t, dux l v s d gé : ls L
tt s s s t l G du t l Déc d c ds R m s[4]. M tsqu u
t
t d s l l t qu dux v s d ffé ts, l s t t l'h st . lus t
d, t uv cs dux flu cs d s l m um t déf t f d s sé.
Ls Ltt s s s.—Ls Ltt s s s s t m qu bls l t d l b
té s ctuus vc l qull l' utu s'x m à l'ég d d t
uts ls ut
tés s c ls t l g uss. C 'st lus l f d d sc l, qu
sult l g du t ut l' m s t ux h mms c mm écss : c'st l dét c
hm t d'u s t qu v t l v d ds v lls st tut s, t c mm c à
êv d' ut s. M s qu uv t- l dv d'u s c été ù ls m llu s t l
s lus écl és c mm ç t déjà à 'êt lus dus d ? Qu'ût d t B ssu
t t d t l s du g d : «Il éfè u h mm qu l désh b ll
u qu lu d l s v tt, à u ut qu lu d ds v lls u lu g g
ds b t lls... O lu vu d u t t s à u h mm qu fu du
x l us, t u b g uv m t à u ut qu v t fu qu t ... Il y l
us d st tus d s s l s qu d c t y s d s u g d v ll[5].» Éc ut
s-l m t t l du : «L st l chf ds ch ét s. C'st u v
ll d l qu' c s h b tud[6].» Ds lm ts: «Ls lm ts ss
mbl t à cs g ds u s qu l' f ul ux ds... Cs g ds c s t su
v l dst ds ch ss hum s; ls t cédé u tms qu dét u t t ut, à l
c ut ds mœu s qu t ut ff bl , à l' ut té su êm qu t ut b ttu
[7].» D l blss: «L c s ds l qu s st lus sct bl F c qu'
llu s: c'st u sém d g ds 3s g u s. Il ml t l v d ds ut s é
t ts[8].» Ds êt s: «Ls d v s t t lu s m s squ t uts ls ch
sss d l'Ét t: c'st u s c été d g s v s qu t t uj u s t
d t j m s[9].» Ds chs: «A f c d mé s ls chs, v t f à
mé s ls chsss.» Ds f m s gé é ux: «Cux qu lèv t ls t buts g
t u m l u ds t és s: m ux l y u d T t ls[10].» D l'U v s t
é: «L'U v s té st l f ll î é ds s d F c, t t ès î é; c ll
lus d uf c ts s; uss êv-t-ll qulquf s[11].» E f l' bus ds
s s t ds f vu s y ls lu suggè u m c u d'u s gl t,
s é à l f s l mé s ds c u s t l' m u du ul[12].
Ct s t d s t t d' , d s c qu' l c d'xcss f, t t s s d u
t à l ju ss; c M tsqu u us s lus t d «qu' l ' v t s l'
s t dés b tu ». M s qulqus-u s ds dés ds Ltt s s s subs st
t t s t uv t d s l'Es t ds l s. L'u ds lus m t ts, c'
st l'ff du ds t sm, t l s t m t ds v cs d ctt f m d g uv m
t. Il v t déjà l t qu t î ls m ch s u é s v s l ds
t sm: «L lu t ds g uv m ts d'Eu , d t- l, s t m ch qus, u lu
tôt s t s lés; c j s s s s' l y j m s u vé t blm t d
tls. Au m s st- l d ff c l qu' ls t subs sté l gtms d s lu u
té. C'st u ét t v l t qu dégé è t uj u s ds t sm u éubl qu.
L u ss c ut j m s êt ég lm t t gé t l c t l ul
. L'équ l b st t d ff c l à g d [13].» A ctt é qu M tsqu u 'st
s c f é du méc sm g uv m t l lqul ls A gl s4 t ss y
é d t uv u m y t m t l ds t sm t l éubl qu; l c ss
t c qu ls st tut s d l m ch t d t ll t st c t qu
, té u s à R chl u; m s déjà l v t m qué l c ctè vlu d
ctt ut té «qu v t t ut b ttu»; déjà l ss t t, c mm l l d l
us t d d s l'Es t ds l s, qu'll t d t s t u ds t sm s t à l'ét t
ul . Déjà uss l v t c d m qu bl d s s d s u f t t c
ul t éc s t ut u sé d c uss t d'ffts. C'st s qu l' v t
ds b mbs lu ît êt u ds c uss qu t m é Eu l m ch
bs lu. «C fut u étxt u ux d' t t d g s c s d t us é
glés, vc lsqulls ls t d s l su t mé lu s sujts[14].»
Né m s M tsqu u t ès b s s l d ffé c ds m ch s u é s
t ds m ch s s t qus. Il m t dm blm t c mm t l uv ds m
qus u é s st é l té lus g d qu clu ds ds ts s t qus,
éc sém t c qu' l st lus l m té[15].
M s déjà v t d d s M tsqu u l g ût d'u ut ét t l t qu qu
clu d l m ch bs lu. Déjà l l b té gl s x c év dmm t u g
d st g su s s t. Il l, s s dm t sc èt, «d l'humu
m t t ds A gl s qu l ss t guè à lu l tms d' s t s
ut té»; t qu , s t uv t ls lus f ts c t u d lu s s, t dé
cl é «qu c'ét t u c m d lès-m jsté à u c d f l gu à ss
sujts». Il s s t s b c ls ss ts du g uv m t gl s, qu'
l déc uv lus t d vc u m v llus f du : m s l st f é du
sct cl ét g qu' ff à ss yux u ys « ù l' v t l l b té s t s
s css ds fux d l d sc d t d l séd t : l c t uj u s ch cl
t su u t ô éb l bl; u t m t t, s g d s s fu u mêm.» A
côté d c5 bl t bl u, M tsqu u j ut d' ut s, t us f v bls ux
éubl qus: «Ctt éubl qu d H ll d, s scté Eu , s f m d bl
As , ù ss ég c ts v t t t d s st és dv t ux;»... «l
Su ss, qu st l' m g d l l b té». Il f t m qu qu l H ll d t l
Su ss, qu s t «ls dux ys ls lus m uv s d l'Eu , s t c d t ls
lus ulés». L sué té m l ds éubl qus écl t f d s cs
ls: «L s ctu d l'h u , d l éut t t d l v tu smbl êt ét
bl d s ls éubl qus, t d s ls ys ù l' ut c l m t d t
. A R m, à Athè s, à L cédém , l'h u y t sul ls s v cs ls lu
s s g lés[16]».
Ctt lys suff u f s s d s ls Ltt s s s l m è
g ds dés l t qus d M tsqu u. Ls ut s l g s t ff tés s
t d qués lus l d s l' lys mêm d l'Es t ds l s. Du s t st
ss s m t t à l'h st , t lv s d s l' dm bl éc t su ls C us
s d l g du t d l déc d c ds R m s (1734) ls vus gé é ls qu s
'y t t à l l t qu.
C s dé t s su ls R m s.—L' uv g d M tsqu u ut êt ché d
clu d M ch vl su T t-L v; c'st d t t d' ut u h l s h d l'
h st m . M s l l v d M tsqu u st b uc u lus h st qu; cl
u d M ch vl lus l t qu. Ls D sc u s su T t-L v s t u m ul d l
t qu t qu; ls C s dé t s s t u ch ch ds l s gé é ls d l'h
st . O y t uv d c écss m t m s d c s l t qus. E ut
l l t qu d M tsqu u d ffé d cll d M ch vl sulm t
l h utu m l, m s l's t. L l t qu d M ch vl st t ut m
qu: cll d M tsqu u6 st lus sc t f qu: l'u t l' ut s' u t su
l'h st ; m s l'u u y t uv ds xmls t ds m y s d' ct , l' u
t u y t uv ds l s t ds s s. L'u ssmbl lus à l méc qu
t qu, l' ut à l méc qu bst t, t uts dux ét t é m s f dés
su l'xé c.
C c ctè sc t f qu, qu f l g du d l'Es t ds l s, st déjà s
s bl d s ls C s dé t s su ls R m s. Il y m t dm blm t c mm
t u Ét t st c t qu t d t uj u s à dv ul , d mêm qu' l d q
u t déjà d s ls Ltt s s s t ccus d v t g c d s l'Es t d
s l s l t d c d l m ch à dv ds t qu. O v t c mm t ls
t c s, u s' ff ch ds s, fu t bl gés d d u ul «u m
u mm dé é d l l b té»; c mm t l ul s' çut qu «ctt l b té d t
v ul t lu d t t d' m u , l l' v t s»; c mm t ls sujts d'u
s t m s dév és d' v qu cux qu bé ss t ux g ds, «c'st u qu
vu d t ut tms l ul détst ls sé tu s;» c mm t « u m l
d ét ll ds h mms, ls lébé s qu v t bt u ds t bu s u s d
éf d , s' s v t u tt qu »; c mm t f , d t lus u s s ècls l
c st tut fut dm bl, « c qu t ut bus d uv y uv t t uj u s
êt c gé»; d' ù ctt l dm bl, lvé M tsqu u, «qu'u ys l
b , c'st-à-d t uj u s g té, s u t s m t s' l 'st, ss
s l s, c bl d c ct [17]».
O v t qu l g uv m t gl s st déjà dv u u lu l' bjt d'u x m
lus tt t f; c l l c t, éc sém t à l' u d l l écéd t, c mm
ét t t uj u s c bl d c ct : «L g uv m t d'A glt st lus s
g, c qu' l y u c s qu l'x m c t ullm t, t qu s'x m c
t ullm t lu -mêm; t tlls s t ss u s, qu'lls s t j m s l g
us, t qu l's t d' tt t 7 qu'lls d t à l t , lls s t s
uv t ut ls[18].»
Déjà uss v y s- us ît g m d s ls C s dé t s l c d
l sé t ds uv s: «Ls l s d R m v t s gm t d v sé l u ss
c ubl qu u g d mb d m g st tu s qu s s ut t, s' êt
t t s tmé t l'u l' ut .»
M s c'st u ut déf ut d l thé d M tsqu u d sé bs lum t, c
mm dux g s à t, l ds t sm d l m ch . Il s , s s d ut,
d d st gu l g uv m t d'u sul, l m té ds l s f d m t ls, t
l g uv m t d'u sul l v é u sul c c. M s ctt d st ct ut v
l u d s t us ls g uv m ts. Il y ds dém c t s ù l ul c mm
d qu ss c cs, u l u d g uv ls l s; l y uss ds
st c t s ù l v l té ds bls t t l u d l s f d m t ls. D là l
d st ct t qu ds s x g uv m ts, t s b s t t s m uv s: ls
m s bé ss t ux l s t v ul t l b ds sujts, ls sc ds ' bé ss t
qu'à lu f t s t ch ch t qu lu b . O ut ch s , s s
d ut, c c d d v s t c mm c c ît dux g ds cl sss
d g uv m ts, sl qu' ls bé ss t u ' bé ss t s à ds l s, t d v
s su t23 ch cu d cs cl sss t s sècs, sl qu l uv st
t ls m s d'u , d lus u s t d t us; ut, u c t , d
u c d d v s l d st but d l s uv té, t bt s t
s g uv m ts f d m t ux, qu l' subd v s su t ch cu dux sèc
s. M s ut s mêl cs dux c s, t d st gu l m ch d
l dém c t l'u , t l m ch du ds t sm l' ut .
E ut , s y g d d lus ès, v qu l d ffé c d l m ch
t du ds t sm 'st s uss g d qu l d t l' utu . C , d s l m
ch u (t c'st d cll-là qu' l s' g t; c t t c qu ds
g uv m ts s mls), d s l m ch , d s-j, l c, xcté u t ès
t t mb d l s f d m t ls, ut t uj u s ch g ls l s; s' l ls ch
g s, c'st qu' l l v
ut s. S v l té st l su êm l : c'st là l
c mêm du ds t sm. u qu' l ût bs lum t s ch g ls l s,
l f ud t qu'lls fuss t tégés t g t s u uv u c t
s uv s dét m és. M s c'st l s u m ch l m té, st c t qu,
lm t , és t t v, sl l tu ds l m ts qu s t sés u
uv y l. C'st u g uv m t m xt; c 'st lus l m ch m
t d t. S s d ut, l y ds m ch s ù l m qu g uv sl ls l
s, t cl st d d s ls ys écl és t c v l sés; m s d t, l
m ch , s ll st bs lu, ut t uj u s ch g l l ; t s ll 'st
s bs lu, ll 'st lus l m ch d t l st qust ; ll st u d c
s mb bls t s ct s, qu s'ét bl ss t d s l t qu t ls f m
s élém t s d l l t qu, m s qu d t s t d s u d v s b
st t t sc t f qu, ù l' d ls dés d s lu gé é l té.
D' llu s, s' l 'st s x ct d d qu l m ch s t écss m t s
um s à ds l s f xs, st- l lus x ct d d qu l ds t sm 'st s um s
bs
lum t à ucu l ? A qu f -t- c qu l g uv m t ds Tu cs,
d s s s t ds Ch s s t bs lum t s s ègl, s s f ,24 s s us gs
, s s qulqu ch s f qu l m t l v l té b t du c u d ss
sub d és? Qu'u tll f m d g uv m t s c t h s d, l squ'
u C c ll u u Hél g b l ccu l t ô , cl ut s s ; m s q
u c s t là u f m m l t v m t ss t ll d g uv m t m l
s h mms, c'st c qu st c t à l tu ds ch ss. J vux qu, d s l
s g uv m ts t ux, l y t m s d l s qu m us, m s d s
ct d l s t ds b s, t su t ut qu ssmbl à c qu us
l s u c st tut ; f , l y s s d ut ds d ffé cs t ls g uv
m ts b b s t ls g uv m ts c v l sés; m s ctt d ffé c '
s jusqu'à f qu ls h mms s t qu ds b uts. C'st c qu v t
, s' l uv t x st u g uv m t smbl bl à clu qu dé t M tsqu u
s us l m d ds t sm. E u m t, l 'y t d d ffé c ss t ll
t l ds t sm t l m ch : «C s t, d t V lt , dux f è s qu t
t t d ssmbl c qu' ls d s uv t l'u u l' ut . Av u s qu c
fu t d t ut tms dux g s ch ts à qu ls ts ss yè t d d u s
tt u c u[50].»
Ls l s
l t v s à l m ch qu t à s tu s t: 1 l'x st c d'u
bl ss : « t d m qu , t d bl ss ; t d blss, t d m
qu ;» ut m t c' st u d s t ; 2 l'x st c d'u cl gé: «Aut t l uv
du cl gé st d g ux d s u éubl qu, ut t l st c v bl d s u
m ch ... b è t uj u s b , qu d l 'y s d' ut s.» 3 L'x
st c d'u déôt d l s t ls m s d'u c s jud c dé d t. Ls
l s l t vs u c s t: 1 ls subst tut s qu c s v t ls b s
d s u f m ll; 2 l t t l g g , qu d ux bls ls t s qu l
d g l té d'u t u l é és; 3 ls v lègs ds t s bls, l d
g té du bl s sé t s d cll d s f f; 4 l d t d' î ss.
Qu t u ds t sm, c'st à s' l ds l s; t l' 'y d st gu s f
c lm t ls l s l t vs à l tu d clls qu s t l t vs u c
. D s c g uv m t, l' st tut d'u v z st u l f d m t l. Ls g
u s s'y f t d s t uts lu s fu u s tu lls. S l c st s
, l st c sé m t. L' mé st s uv m ît ss
. L l g u g d
flu c; c'st u c t j uté à u c succss à
t . s d l d
l c u : l c ch s t s succ ss u . s d c ss d b s; usu x
gé é ; écul t t c f sc t .39
M tsqu u lm t .—N us ' v s t té jusqu' c d l thé d M ts
qu u qu c mm d'u thé bst t t sc t f qu, ù l ' u t été gu d
é qu l cu s té sécul t v. E y g d t d lus ès, l st m ss b
l d'y méc ît u t t , u dss t l t c d l's t du tms. S
' l f t d s s l v u s g d l c u ds t sm, s' l s st vc t
t d' m tum su ls m ux qu' l du t, t vc t t d c ml s c su l d f
fé c du ds t sm t d l m ch , c'st év dmm t c qu' l c t v
d s l t sf m t ds st tut s m ch qus d F c u t m f
st v s l ds t sm. L m ch tll qu' l l déc t, c'st l' c m
ch f ç s, l m ch lm t t c fé d l, t u é d c
s d'Ét t, f dé su u h é ch d v lègs, d é g t vs, d f ch s
s, d d ts t cul s, qu t t l u ds d ts gé é ux, f u m
ch tmé é s t su ds l s f d m t ls, t s ut u ds uv
s t méd s, sub d és t dé d ts.
Tl ét t d s l ssé l' dé l d M tsqu u: c'st u lm t , t l y
lu u v ux st ds thé s d l F d. Il ubl ls ét ts gé é ux,
t l d t s u m t d ctt g d st tut d l' c m ch . M
s l c mm d ls v lègs ds s g u s, du cl gé, d l blss t ds
v lls[60]. Il 'st s m ds t bu ux cclés st qus[61]. Et f , c
qu st l t t l lus m qu bl d s l t qu, l dm d qu' l y t d
s l m ch u déôt d l s[62]. Il d t s ù d t êt c déôt; m s
l l l ss à dv : «L c s l du c 'st s u déôt c v bl.» C
d t l' g c d l blss t s mé s u l g uv m t c v l x g
t qu' l y t «u c s qu f ss s s css s t ls l s d l uss è .»
C c s, c'st év dmm t l lm t. O , M tsqu u d t qu c déôt d l
s ut êt qu d s40 ds c s l t qus. Ls lm ts ét t d c ds
c s l t qus: c'st l d ct d l F d.
Il 'st s lus d ff c l d c m d ls mb uss llus s qu M t
squ u f t à c vllm t g dué t css t, qu été l t v l d l' c
m ch jusqu'à c qu'll-mêm y é ss. Il vu vc u f d s
g c té ls f ll bls c séqu cs. «Dét u sz ls é g t vs d s u m
ch , v us u z b tôt u Ét t ul u u Ét t ds t qu.» C'st c qu
st vé F c; m s l'Ét t ds t qu m é l'Ét t ul . L squ'
l l ds A gl s, qu , s' ls dét u s t ls c s t méd s, s t
là mêm, d s lu l b té, l ul l lus scl v d l t , l st m
ss bl d s v là u t u su l g uv m t f ç s. Au st, c
chm t dv t s s bl l squ M tsqu u j ut mméd tm t ès: «
M. L w fut u ds lus g ds m tu s du ds t sm Eu .» L ds t sm
s' t du s t d c Eu : «Il v ul t ôt ls gs t méd s t é
t ls c s l t qus.» N'ét t-c s l c us d l h d S t-S m
c t L u s XIV? N'ét t-c s l c ds éf ms l t qus qu l' ê
v t d s l t t c cl du duc d B uv ll s, d Fé l t du duc d B u g
g ? Qu v ul t cs éf m tu s, s u st u t d l m ch s
t c t qu, qu d j u j u d s ss t v s blm t dv t l m ch u
? M tsqu u, tt bu t u tl dss à L w, uv t- l s v qu
l y uté l' v t déjà g d t cc ml ? L m è d t l l du c
d l d R chl u d qu b qu' l c s dè l m ch f ç s c mm
lté é. «L c d l d R chl u vut qu l' év t d s ls m ch s ls é
s ds c m g s qu f t ds d ff cultés su t ut. Qu d ct h mm ' u t
s u l ds t sm d s l cœu , l l' u t u d s l têt.» M s c qu' v
t v ulu R chl u, 'st-c s c qu' uss v ulu L u s XIV? t ' ét t- l
s c d mêm s us L u s XV? D s u ut ss g, M tsqu u d t qu «R
chl u v l ls d s d l'Ét t»[63]. M s l d t s41 qu' ls t é
t bl s du s lu . O u m ch ù ls d s s t v l s cl u ds t
sm. L m ch f ç s cl t d c u ds t sm. Rm quz qu M tsqu
u d t s u m t d L u s XIV. C s l c su u èg s g d, qu' l v
t déjà jugé d s ss Ltt s s s vc u s ç t sévé té, 'st- l
s uss l s g d'u sé qu s m t s t ut t è , m s qu s l
ss dv ? N'st-c s u dsc t mè d l m ch f ç s qu c
tt tu [64]? «Ls m ch s s c m t l squ' ôt u à u ls é
g t vs ds c s u ls v lègs ds v lls... C qu d t ls dy st s d
Ts t ds S ü , d t u utu ch s,... c'st qu ls cs v ulu t g
uv t ut mméd tm t ux-mêms.» Qu us f t Ts t S ü ? Cs ms
ch s s t- ls s là à l l c d' ut s ms qu' vut s c ?
«L m ch s d l squ l c, t t t ut u qum t à lu ,
ll l'Ét t à s c t l, l c t l à s c u , t l c u à s sul s .
» N'st-c s là u llus d ct t f t? V s lls 'ét t- l s d
v u t ut l F c t l t ut l'Ét t? «L m ch s c mt l squ l
'h u été m s c t d ct vc l
s h u s, t qu
l' ut êt à l
f s c uv t d' f m t d d g tés.» uv t- l c s l g s s s s g
u c d l Dub s?
E m l u, u m d ss c s t d l'xé c, l tst c t
l b b d s ls s[73]. «L sévé té, d t- l, t l t d là l sé
vé té xt êm, c v t lus u g uv m t ds t qu, qu g t l t u
, qu' ux g uv m ts m ch qu u éubl c , qu g ss t l'h u
t l v tu.» D s cs g uv m ts, l st cl qu l h t d t êt lu
s u ss t qu l : c l h t ét t mu ss t, l l'st ég lm
t. D s ls b s g uv m ts, l v ut m ux év qu u , t u ss
t ml y u c t d ucu , lus l gu u c du g uv m t. L
sévé té ds s st c t à l l b té, t vc l l b té ls s57
s' d uc ss t. Ls s c ulls s t ut ls, c l' m g t s'y h b tu.
D' llu s, d s ls Ét ts m dé és, l t d l v st lus c ull qu d
s ls Ét ts m lhu ux ls lus ff ux sul cs. A f c d' ugm t l sévé
té ds s, ôt l ss t du g uv m t, t l' bus ds sul cs f
t qu'y d ls h mms d ffé ts, t d s b ds c s ssu l' mu té d
u c m l. O v t t qu l du té d s ls l s st u lus g d m l q
u ls m ux qu' vut u : c ll c mt l c mêm d l'Ét t. L m
l t l ut s gué ; l m l qu tt t l c st cu bl. M tsqu
u, d s ss b ux ch t s su l d ucu ds s, s g d b d' tt qu
ls l s d s t : c l ' t, c mm l l d t, l's t dés b t
u ; m s l st év d t qu' ss c t l c u uté ds s u c ds g
uv m ts ds t qus, l v t t ls g uv m ts m dé és à f d s ît
l b b d lu s c ds. Il c s c qu qulqus l g s à l t tu ,
m s lls d s t ssz; u t u t cul d s gé , l é èt u
f d ds ch ss ss t ls fflu . «N us v y s, d t- l, uj u d'hu ,
u t t ès b l cé l jt s s c vé t. Ell 'st d c s
écss d s tu .—J' ll s d qu'll uv t c v d s l g uv m
t ds t qu, ù t ut c qu s l c t t lus d s ls ss ts d
s g uv m ts, j' ll s d qu ls scl vs chz ls G cs t ls R m s..
. M s j' t ds l v x d l tu qu c c t m [74].» O sé qu M
tsqu u v t squ v ulu just f l t tu cs ls, t qu' l
s'ét t êté qu u s t d h t. M s d qu l t tu ut c v
u ds t sm, st-c just f l t tu , u flét l ds t sm? D qu
'll st u ds c séqu cs d l'scl v g, st-c just f l t tu , u f
lét l'scl v g?
L'scl v g st l qust qu M tsqu u t té vc l lus d f c, d
f du t d'écl t[75]. G t us f d t l58 d t d l'scl v g su u ét
du d t d gu qu ut s l v quu à tu s s . S v lu
t t, à lus f t s s l b té; l édu à l'scl v g, c'st lu
f g âc. M tsqu u é d: «Il 'st s m s d tu d s l gu , s
uf l c s d écss té; m s dès qu'u h mm f t u ut scl v,
ut s d qu' l t été d s l écss té d l tu , u squ' l l' s f
t.» L c séqu c t mb vc l c ; l st sulm t l d t d t
l v cu s u s g t d ss t ss (c séqu c év t
bl du m lhu ux d t d gu ), m s s d' ss v t d' à
t us g clu qu st t ég l l d t d l tu . O f d c l
'scl v g su u ét du c t t, u s t d t f c. L'h mm l b , d t- ,
ut s v d . M tsqu u é d dm blm t: «L v t su s u x; l'
scl v s v d t, t us ss b s t t d s l été du m ît , l m
ît d t , t l'scl v cv t ...» E ut , «l l b té
d ch qu c t y st u t d l l b té ubl qu». O t uss l'
g d l'scl v g à l ss c: l f ls d'scl v ît scl v; c l è
ut lu c mmu qu qu s qu l té. «M s s u h mm ' u s v
d , c m s -t- l u v d s f ls qu 'ét t s é. S u s
d gu ut êt édu t s v tud, c m s ss f ts.» E f M
tsqu u bs v qu t uts ls l s s c ls s t f ts f vu d cux mêm
s qu'lls f t. Ells u ss t l v l t du d t, cl st v ; m s
lls tég t l d t d s l s mêm d clu qu ls v l. Au c
t , l l d l'scl v g st t uj u s c t l'scl v, j m s u lu . S
l' d t qu l'scl v g ssu l subs st c d l'scl v, l f ud t l'
t d qu ds h mms c bls d g g lu v lu t v l. M s
vut s d cs scl vs-là. L'scl v g, u m t, u c d t qu d u
h mm tllm t à u ut h mm, qu' l st l m ît bs lu d s v t
d ss b s, 'st s b s tu [76].
59
M tsqu u v t d scuté l s m t l'scl v g gé é l; m s l f
ll t tt qu ds ms lus v vs t lus ç ts u c utum qu s ut
t t t d' té êts t d t l'él g m t d uc ss t l'h u à l' m g t
. A l d scuss l subst tu l' , l' d uc d S c t, s
l' t s uv t gl cé d V lt , m s u s gl t t mêm
t ms t uch t, c qu'll t du cœu . «L suc s t t ch , d t M
tsqu u, s l' f s t t v ll l l t qu l du t ds scl v
s... Cux d t l s' g t s t s du s ls ds jusqu'à l têt, t ls t
l z s éc sé, qu' l st squ m ss bl d ls l d . O ut s m
tt d s l's t qu D u, qu st u êt t ès s g, t m s u âm, su t u
t u âm b , d s u c s t ut ... U uv qu ls èg s ' t s
l s s c mmu , c'st qu' ls f t lus d c s d'u c ll d v qu d l' ,
qu , chz ds t s l cés, st d'u s g d c séqu c... D t ts s
ts x gè t t l' just c qu l' f t ux Af c s; c , s ll ét t
tll qu' ls l d s t, s t- l s v u à l têt ds cs d'Eu , q
u f t t ux t t d c v t s ut ls, d' f u gé é l f vu
d l m sé c d t d l t é[77]?» G ds t gé é uss ls, qu f t
h u à l s t u cœu d t lls s t s t s, u s ècl ù lls t
u êt cés, à l l b té qu ls s és, ux uls f qu t
ss yé à lu s squs t é ls d é l s c bl vœu!
67
ÉLOGE
DE M. LE RÉSIDENT DE MONTESQUIEU
AR D'ALEMBERT
(M s à l têt du c qu èm v lum d l'E cycl éd ).
L' té êt qu ls b s c t y s t à l'E cycl éd , t l g d mb d
g s d ltt s qu lu c s c t lu s t v ux, smbl t us mtt d l
g d c mm u ds m um ts ls lus s à êt dé s t s ds s t m
ts d l t , t ds h mm gs qu'll d t ux h mms célèb s qu l' t h
é.
su dés é m s qu M. d M tsqu u ét t d t d' tt d d' ut
s égy sts qu us, t qu l d ulu ubl qu ût mé té ds t èts
lus él qu ts, us uss s f mé u dd s d us-mêms s justs g
ts t t sct u s mém ; m s l' vu d c qu us lu dv s us
st t éc ux u l ss l s à d' ut s. B f tu d l'hum té
ss éc ts, l d g é l'êt uss d ct uv g; t t c ss c
vut t c qu qulqus l g s u d d s st tu.
Il fut çu, l 3 v l 1716, d s l' c dém d B d ux, qu f s t qu d
ît . L g ût u l mus qu t u ls uv gs d u g ém t, v t d'
b d ssmblé ls mmb s qu l f m t. M. d M tsqu u c ut, vc s
, qu l' du ss t t ls t l ts d ss c f è s u t s'x c
c vc lus d' v t g su ls bjts d l hys qu. Il ét t su dé qu l
tu , s d g d'êt bs vé t ut, t uv t uss t ut ds yux d g
s d l v : qu' u c t ls uv gs d g ût s uff t t d méd c
té, t l c t l ét t c g l c t ds lum è s t ds sc u s, l
ét t t d ff c l d ssmbl l d'll u ssz g d mb d'éc v
s d st gués. Il g d t ls s c étés d bl s t, s ét gm t mult l é
s d s s v cs, c mm u sèc, u lutôt c mm u mb d lux l tté
, qu u t à l' ul c éll s s mêm ff l' c. Hu usm t
M. l duc d l F c, u x qu' l v t d f d à B d ux, v t sc
dé ds vus s écl és t s justs. O jug qu'u xé c b f t s
t éfé bl à u 70 d sc u s f bl u à u m uv s èm, t B d ux ut u
c dém ds sc cs.
L d t ds g s st tu llm t f dé su c c , qu ls d v ss t
s d v t s f d s l x l lus d b , t d s l gu l m s d
m l qu' l st ss bl, s s u à lu s vé t bls té êts.
L' bjt d l gu , c'st l v ct ; clu d l v ct , l c quêt; clu
d l c quêt, l c s v t . D c c t du écéd t d v t dé v
t uts ls l s qu f m t l d t ds g s.
L b gu st d g us d s u sé t; ll st d g us d s u c s d b
ls: ll l'st s d s l ul, d t l tu st d' g ss . D
s ls Ét ts ù l ' t d t u g uv m t, l s'éch uff u u c
tu c mm l u t f t u ls ff s. L m lhu d'u éubl qu, c'st
l squ' l 'y lus d b gus; t cl v l squ' c mu l ul à
x d' g t: l dv t d s g-f d, l s' ffct à l' g t; m s l
s' ffct lus ux ff s: s s s uc du g uv m t, t d c qu' y
s, l tt d t qu llm t s s l .
J su s t têté ds v lègs ds cclés st qus; m s j v ud s qu'
f xât b u f s lu ju d ct . Il 'st t qust d s v s
u s d l'ét bl , m s s ll st ét bl , s ll f t u t ds
l s du ys, t s ll y st t ut l t v; s , t dux uv s qu l'
c ît dé d ts, ls c d t s d v t s117 êt éc qus; t
s' l 'st s ég l à u b sujt d déf d l just c du c, u ls l m
ts qu'll s'st d t ut tms sc ts.
Aut t qu l uv du cl gé st d g ux d s u éubl qu, ut t st- l
c v bl d s u m ch , su t ut d s clls qu v t u ds t sm. Où
s t l'Es g t l
tug l du s l t d lu s l s, s s c uv
qu êt sul l u ss c b t ? B è t uj u s b l squ' l '
y t d' ut : c , c mm l ds t sm c us à l tu hum ds m u
x ff y bls, l m l mêm qu l l m t st u b .
C mm l m [C38], qu smbl v ul c uv t ut l t , st êté l
s h bs t ls m d s g v s qu s t uv t su l v g; s ls m
qus, d t l uv ît s s b s, s' êt t ls lus t ts bst cl
s, t s umtt t lu f té tu ll à l l t t à l è .
C ll fus d' ss ss l duc d Gu s; m s l ff t à H III d s b
tt c t lu . A ès l S t-B thélm , Ch ls IX y t éc t à t us ls g
uv u s d f m ss c ls hugu ts, l v c mt d'O t, qu c mm d t d
s B y , éc v t u [M51]: «S , j ' t uvé m ls h b t ts t l
s g s d gu qu d b s c t y s, d b vs s ld ts, t s u b u u:
s , ux t m sul s V t M jsté d'ml y s b s t s v s à ch ss
f s bls.» C g d t gé é ux c u g g d t u lâchté c mm u ch s
m ss bl.
Dux ch ss s t c uss d s l'
st c t : l uv té xt êm ds bl
s, t l u s ch ss s x b t t s. u év
lu uv té l f ut su t ut
ls bl g d b hu à y lu s dtts. u m dé lu s chsss,
l f ut ds d s s t s s gs t s s bls; s ds c f sc t s, ds l
s g s, ds b l t s d dtts, qu f t ds m ux f s.
Ls l s d v t ôt l d t d' î ss[C103] t ls bls[M108], f qu,
l t g c t ul ds succss s, ls f tu s s mtt t t uj u s d
s l'ég l té.
L s tu ds ch gs du t d' b d l t v l; l t v l, l' cc blm t;
l' cc blm t, l's t d ss.
CHA ITRE X
D l mt tud d l'xécut d s l m ch .
L g uv m t m ch qu u g d v t g su l éubl c : ls ff s
ét t m és u sul, l y lus d mt tud d s l'xécut . M s c m
m ctt mt tud u t dégé é d té, ls l s y mtt t u c
t l tu . Ells d v t s sulm t f v s l tu d ch qu c s
t tut , m s c méd ux bus qu u t ésult d ctt mêm
tu .
L c d l d R chl u[M111] vut qu l' év t d s ls m ch s ls é
s ds c m g s, qu f m t ds d ff cultés su t ut. Qu d ct h mm ' u t
s u l ds t sm d s l cœu , l l' u t u d s l têt[C107].
Ls c s qu t l déôt ds l s[C108] ' bé ss t j m s m ux qu qu d ls
v t à s t d fs, t qu' ls t t160 d s ls ff s du c ctt é
flx qu' ut guè tt d du déf ut d lum è s d l c u su ls l
s d l'Ét t, d l éc t t d ss c s ls[M112].
Qu s t dv u l lus bll m ch du m d, s ls m g st ts, lu
s l tu s, lu s l ts, lu s è s, ' v t êté l c u s ds
v tus mêms d cs s, l squ cs m qus, c sult t qu lu g d
âm, u t v ulu éc m s s s msu ds s v cs dus vc u c u g
t u f dél té uss s s msu ?
CHA ITRE XI
D l'xcll c du g uv m t m ch qu.
L g uv m t m ch qu u g d v t g su l ds t qu. C mm l st
d s tu qu' l y t s us l c lus u s d s qu t t à l c st
tut , l'Ét t st lus f x, l c st tut lus éb l bl, l s d
cux qu g uv t lus ssu é.
C cé [M113] c t qu l'ét bl ssm t ds t bu s d R m fut l s lut d l
éubl qu. «E fft, d t- l, l f c du ul qu ' t d chf st lus
t bl. U chf s t qu l' ff ul su lu , l y s; m s l ul,
d s s métu s té, c ît t l é l ù l s jtt.» O ut l qu
ctt éflx à u Ét t ds t qu, qu st u ul s s t bu s; t à u
m ch , ù l ul qulqu f ç ds t bu s.
L f c 'ét t s d s l'Ét t, m s d s l' mé qu l' f dé, l f ud t,
u déf d l'Ét t, c s v ctt mé: m s ll st f m d bl u c.
C mm t d c c c l l sû té d l'Ét t vc l sû té d l s ?
V yz, j v us , vc qull dust l g uv m t m sc v t ch ch à s
t du ds t sm, qu lu st lus s t qu' ux uls mêms. O c ssé l
s g ds c s d t us[C111], d m ué ls s ds c ms, ét bl
ds t bu ux, c mm cé à c ît ls l s, st u t ls uls. M
s l y ds c uss t cul è s qu l mè t ut-êt u m lhu qu' l
v ul t fu .
D s cs Ét ts, l l g lus d' flu c qu d s ucu ut ; ll st u
c t j uté à l c t. D s ls m s m h mét s, c'st d l l g
qu ls uls t t t l sct ét t qu' ls t u lu
c.
C'st l l g [C112] qu c g u u l c st tut tu qu. Ls sujts qu
s t s tt chés à l gl t à l g du d l'Ét t h u , l s
t l f c t l c d l l g .
175
V yz, d s u t ù l éubl qu s c ch s us l f m d l m ch ,
c mb l' c t u Ét t t cul d g s d gu [C127], t c mm t l g
u st t uj u s c t y , u mêm m g st t, f qu cs qu l tés s t
u g g u l t , t qu' l' ubl j m s.
Ctt d v s d m g st tu s c v ls t m l t s, f t ls R m s
ès l t d l Réubl qu, fut s u ch s b t ; ll fut u s
u t du ch gm t d l c st tut d R m: ll ét t d l tu du g uv
m t m ch qu; t c qu fut qu c mm cé s us August[M141], ls m
u s su v ts[M142] fu t bl gés d l' chv , u tmé l g uv m t m
l t .
A s c , c cu t d V l s à l'm , 'y t d t , l squ, d
t à H m sd s, c du s g y l d
s, l d g té d c sul[M143],
l d t à ctt m g st tu l c mm dm t ds més qu'll v t ut f
s; à m s qu' l 'ût ds s s t cul è s. U h mm qu s à l s uv
té ch ch m s c qu st ut l à l'Ét t qu c qu l'st à s c us.
Qu t èm qust .—C v t- l qu ls ch gs s t vé ls? Ells d v t
s l'êt d s ls Ét ts ds t qus, ù l f ut qu ls sujts s t l cés
u dél cés d s u st t l c.
Ctt vé l té st b d s ls Ét ts m ch qus, c qu'll f t f ,
c mm u mét d f m ll[C128], c qu' v ud t s t d u l
v tu; qu'll dst ch cu à s dv , t d ls d s d l'Ét t lus
m ts. Su d s[M144] d t t ès b qu'A st s v t f t d l'm u sè
c d' st c t , v d t t uts ls m g st tu s.176
l t [M145] ut s uff ctt vé l té. «C'st, d t- l, c mm s , d s u
v , f s t qulqu'u l t u m tl t u s g t. S t- l ss b
l qu l ègl fût m uv s d s qulqu ut ml
qu c fût d l v , t
b sulm t u c du u éubl qu?» M s l t l d'u éubl qu
f dé su l v tu, t us l s d'u m ch . O , d s u m ch
ù, qu d ls ch gs s v d t s u èglm t ubl c, l' d g c
t l' v d té ds c u t s s ls v d t t ut d mêm, l h s d d d m
llu s sujts qu l ch x du c. E f , l m è d s' v c ls c
hsss s t t t t l' dust [M146]: ch s d t ctt sèc d g uv
m t g d bs .
C qu èm qust .—D s qul g uv m t f ut- l ds c su s? Il f ut d s
u éubl qu[C129], ù l c du g uv m t st l v tu. C s t
s sulm t ls c ms qu dét u s t l v tu, m s c ls égl g cs, l
s f uts, u c t t édu d s l' m u d l t , ds xmls d g ux
, ds sm cs d c ut ; c qu ch qu t ls l s, m s ls élud; c
qu ls dét u t s, m s ls ff bl t: t ut cl d t êt c gé l
s c su s.
O st ét é d l u t d ct é g t qu v t tué u m u qu , u
su v u é v , s'ét t éfug é d s s s . O st su s[C130] qu
l' é g t f t m u u f t qu v t c vé ls yux à s s u. Qu'
f ss tt t qu' l s' g t t là d'u c d m t u c m, m s d
'u jugm t d mœu s d s u éubl qu f dé su ls mœu s.
D s ls m ch s, l f ut t d c su s: lls s t f dés su l'h
u ; t l tu d l'h u st d' v u c su t ut l'u v s. T ut h m
m qu y m qu st s um s ux chs d cux mêms qu ' t s.
Là, ls c su s s t gâtés cux mêms qu' ls dv t177 c g . Ils
s t s b s c t l c ut d'u m ch ; m s l c ut d
'u m ch s t t f t c t ux.
O s t b qu' l f ut t d c su s c t ls g uv m ts ds t qu
s. L'xml d l Ch smbl dé g à ctt ègl; m s us v s d s l
su t d ct uv g ls s s s gul è s d ct ét bl ssm t.
179
A ENDICE[90]
LIVRE SIXIÈME
CONSÉQUENCES DES RINCI ES DES GOUVERNEMENTS, AR RA ORT A LA SIM LICITÉ
DES LO
IS CIVILES ET CRIMINELLES, LA FORME DES JUGEMENTS ET L'ÉTABLISSEMENT DES EINES.
CHA ITRE REMIER
D l s ml c té ds l s c v ls d s ls d v s g uv m ts.
L g uv m t m ch qu c m t s ds l s uss s mls qu l ds t
qu. Il y f ut ds t bu ux. Cs t bu ux d t ds déc s s. Ells d v
t êt c s vés, lls d v t êt ss, u qu l' y jug uj u d'hu
c mm l' y jug h , t qu l été t l v ds c t y s y s t s
su és t f xs c mm l c st tut mêm d l'Ét t.
D s u m ch , l' dm st t d'u just c qu déc d s sulm t d
l v t ds b s, m s uss d l'h u , dm d ds ch chs sc uulu
ss. L dél c tss du jug ugm t à msu qu' l u lus g d déôt, t qu
' l c su d lus g ds té êts.
Il f ut d c s êt ét é d t uv d s ls l s d cs Ét ts t t d è
gls, d st ct s, d'xt s s, qu mult l t180 ls c s t cul s, t
smbl t f u t d l s mêm.
L d ffé c d g, d' g , d c d t , qu st ét bl d s l g uv
m t m ch qu, t î s uv t ds d st ct s d s l tu ds b s; t
ds l s l t vs à l c st tut d ct Ét t uv t ugm t l mb d
cs d st ct s. A s , m us, ls b s s t s, cquêts, u c quê
ts; d t ux, h ux; t ls t m t ls; mubls d lus u s sècs;
l b s, subst tués; du l g g, u ; bls f c- llu, u tu s;
ts f c è s u c st tués à x d' g t. Ch qu s t d b s st s um s
à ds ègls t cul è s: l f ut ls su v u d s s : c qu ôt c
d l s ml c té.
D s s g uv m ts, ls f fs s t dv us hé éd t s. Il f llu qu l
blss ût u c t b , c'st-à-d qu l f f ût u c t c s st
c, f qu l ét du f f fût ét t d s v l c. Cl dû
du b ds v étés: xml, l y ds ys ù l' ' u t g
ls f fs t ls f è s; d s d' ut s, ls c dts t u v lu subs st
c vc lus d'ét du.
199
CHA ITRE XVII
D l t tu u qust c t ls c m ls.
c qu ls h mms s t méch ts, l l st bl gé d ls su s m llu s
qu' ls s t. A s l dé s t d dux tém s suff t d s l u t d
t us ls c ms. L l ls c t, c mm s' ls l t l b uch d l vé
té. L' jug uss qu t ut f t c çu d t l m g st lég t m: l l
c f c l mè , c mm s ll ét t l ud c té mêm. M s l qust
c t ls c m ls 'st s d s u c s f cé c mm cux-c . N us v y s u
j u d'hu u t [150] t ès b l cé l jt s s c vé ts. Ell
'st d c s écss s tu [151].
202
LIVRE SE TIÈME
CONSÉQUENCES
DES DIFFÉRENTS RINCI ES DES TROIS GOUVERNEMENTS, AR RA ORT AUX L
OIS SOM TUAIRES, AU LUXE ET A LA CONDITION DES FEMMES.
CHA ITRE REMIER
Du lux.
L lux st t uj u s t vc l' ég l té ds f tu s. S d s u Ét
t ls chsss s t ég lm t t gés, l 'y u t d lux: c l 's
t f dé qu su ls c mm d tés qu' s d l t v l ds ut s.
u qu ls chsss st t ég lm t t gés, l f ut qu l l d
à ch cu qu l écss hys qu. S l' u dlà, ls u s dé s t, ls
ut s cqu t, t l' ég l té s'ét bl .
205
CHA ITRE III
Ds l s s mtu s d s l' st c t .
L' st c t m l c st tué c m lhu qu ls bls y t ls chsss,
t qu c d t ls d v t s dé s ; l lux, c t à l's t d m
dé t , d t êt b . Il 'y d c qu ds g s t ès uv s qu u
v t s cv , t ds g s t ès chs qu uv t s dé s .
A V s, ls l s f c t ls bls à l m dst . Ils s s t tllm t cc u
tumés à l'é g , qu' l 'y qu ls c u t s s qu u ss t lu f d
d l' g t. O s s t d ctt v u t t l' dust : ls fmms
ls lus mé s bls y dé s t s s d g , d t qu lu s t but s y mè
t l v du m d l lus bscu .
S xt-Qu t smbl v ul uvl l' ccus t ubl qu[188]. M s l f u
t qu'u u d éflx u v qu ctt l , d s u m ch tll qu l
s , ét t c lus dél cé qu d s t ut ut .
CHA ITRE XII
D l tutll ds fmms chz ls R m s.
Ls st tut s ds R m s mtt t ls fmms d s u étull213 tutll
, à m s qu'lls fuss t s us l' ut té d'u m [189]. Ctt tutll ét
t d é u lus ch ds ts, mâls; t l ît, u x ss
vulg [190], qu'lls ét t t ès gê és. Cl ét t b u l éubl qu
, t 'ét t t écss d s l m ch [191].
Il ît, ls d v s c ds ds l s ds b b s, qu ls fmms chz ls
m s G m s ét t uss d s u étull tutll[192]. Ct us g ss
d s ls m ch s qu' ls f dè t: m s l subs st s.
CHA ITRE XIII
Ds s ét bl s ls m u s c t ls déb uchs ds fmms.
L l Jul ét bl t u c t l' dultè . M s, b l qu ctt l
t clls qu l' f t du s là-dssus fuss t u m qu d l b té ds mœu s
, lls fu t u c t u m qu d lu dé v t .
T ut l systèm l t qu à l'ég d ds fmms ch g d s l m ch . Il
fut lus qust d'ét bl chz lls l u té ds mœu s, m s d u lu s
c ms. O f s t d uvlls l s, u u cs c ms, qu c qu'
u ss t lus ls v l t s qu 'ét t t cs c ms.
214
O t uv b d s ls h st s ds jugm ts g ds dus s us August t
s us T bè c t l' mud c té d qulqus d ms m s; m s, us f s
t c ît l's t d cs èg s, ls us f t c ît l's t d cs jug
m ts.
August t T bè s gè t c lm t à u ls déb uchs d lu s t
s. Ils u ss t t ls dé èglm ts ds mœu s, m s u c t c m d
' m été u d lès-m jsté[194] qu' ls v t v té, ut l u l sct,
ut l u lu v g c. D là v t qu ls utu s m s s'élèv t s f t
c t ctt ty .
L d l l Jul ét t légè [195]. Ls m u s v ulu t qu d s ls
jugm ts ugm tât l d l l qu' ls v t f t. Cl fut l suj
t ds vct vs ds h st s. Ils 'x m t s s ls fmms mé t t
d'êt u s, m s s l' v t v lé l l u ls u .
U ds c ls ty s d T bè [196] fut l' bus qu' l f t ds c s
l s. Qu d l v ulut u qulqu d m m u dlà d l té
l l Jul , l ét bl t c t ll l t bu l d mst qu[197].
Cs d s s t s à l'ég d ds fmms g d t qu ls f m lls ds sé t
u s, t s clls du ul. O v ul t ds étxts ux ccus t s c t
ls g ds, t ls dé tm ts ds fmms uv t f u s s mb .
222
L m ch s d l squ'u c c t qu' l m t lus s u ss c ch
g t l' d ds ch ss qu' l su v t; l squ' l ôt ls f ct s tu l
ls ds u s u ls d b t m t à d' ut s; t l squ' l st lus m
u ux d ss f t s s qu d ss v l tés.
L m ch s d l squ l c, t t t ut u qum t à lu , ll
l'Ét t à s c t l, l c t l à s c u , t l c u à s sul s .
228
O c ît ls d gs d l c su chz ls R m s. Il y ut u tms ù ll
dv t s t; m s l s ut t, c qu' l y v t lus d lux qu d c
ut . Cl ud us l' ff bl t; t, ct ff bl ssm t, l c ut dv
t c lus g d qu l lux; t l c su [234] s' b l t, u s d ,
d'll-mêm. T ublé, dm dé, s, qu tté, ll fut t è m t t m
u jusqu' u tms ù ll dv t ut l, j vux d ls èg s d'August t
d Cl ud.
CHA ITRE XV
M y s t ès ff c cs u l c s v t ds t s c s.
J u m f t d qu l squ' u lu ls qu t ch t s su v
ts.
CHA ITRE XVI
étés d st ct vs d l éubl qu.
Il st d l tu d'u éubl qu qu'll ' t qu'u t t t t ; s s
cl ll ut guè subs st . D s u g d éubl qu, l y d g ds
f tu s, t c séqu t u d m dé t d s ls s ts: l y d t
g ds déôts à mtt t ls m s d'u c t y ; ls té êts s t cul
s t; u h mm s t d' b d qu' l ut êt hu ux, g d, gl ux, s s s
t ; t b tôt, qu' l ut êt sul g d su ls u s d s t .
D s u g d éubl qu, l b c mmu st s c f é à m ll c s dé t s:
l st sub d é à ds xct s; l dé d ds cc d ts. D s u t t, l
b ubl c st m ux s t , m ux c u, lus ès d ch qu c t y ; ls bus
y s t m s ét dus, t c séqu t m s tégés.
C qu f t subs st s l gtms L cédém , c'st qu' ès t uts ss gu s
ll st t uj u s vc s t t . L sul but d L cédém ét t l l b
té; l sul v t g d s l b té, c'ét t l gl .
S l u ss c lég sl t v l ss à l'xécut c l d t d'm s ds c t
y s qu uv t d c ut d lu c du t, l 'y lus d l b té, à m
s qu' ls s t êtés u é d s s dél à u ccus t qu l l
du c t l; uqul c s ls s t éllm t l b s, u squ' ls s t
s um s qu'à l u ss c d l l .
M s s l u ss c lég sl t v s c y t d g qulqu c ju t s
c èt c t l'Ét t, u qulqu tll g c vc ls m s du dh s, ll
u t, u u tms c u t t l m té, mtt à l u ss c xécut c d f
êt ls c t y s suscts, qu d t lu l b té u u tms
qu u l c s v u t uj u s.
Et c'st l sul m y c f m à l s d sulé à l ty qu m g st
tu ds éh s, t ux qu s tu s d'Ét t d V s, qu s t uss ds t qu
s.
240
L g d v t g ds és t ts, c'st qu' ls s t c bls d d scut ls
ff s. L ul 'y st t du t ut : c qu f m u ds g ds c
vé ts d l dém c t .
L u ss c xécut c, c mm us v s d t, d t d t à l lég sl t
s f culté d'mêch ; s s qu , ll s b tôt dé u llé d ss é
g t vs. M s s l u ss c lég sl t v d t à l'xécut , l u ss c
xécut c s ég lm t du.
L c st tut ét t m ch qu, st c t qu t ul ; t tll fut l'h
m du uv qu' v t j l us d sut d s ls m s èg s.
L c mm d t ls més, t v t l' t d c ds s c f cs; l v t l
u ss c d jug ls ff s c v ls[269] t c m lls[270]; l c v qu t
l sé t; l ssmbl t l ul; l lu t t d c t s ff s, t ég
l t ls ut s vc l sé t[271].
L sé t v t u g d ut té. Ls s t s uv t ds sé tu s u
jug vc ux; ls t t t d' ff s u ul qu'lls 'uss t
été dél bé és[272] d s l sé t.
L ul v t l d t d'él [273] ls m g st ts, d c s t ux uvlls
l s, t, l squ l l mtt t, clu d décl l gu t d f
l x. Il ' v t t l u ss c d jug . Qu d Tullus H st l us v y
l jugm t d'H c u ul, l ut ds s s t cul è s, qu l' t u
v d s D ys d'H l c ss[274].
Ch qu é l étu f m t u l st[302] u t bl u d cux qu' l ch s ss
t u f l f ct d jugs d t l' é d s m g st tu . O
t l mb suff s t u ch qu ff . Cl s t qu à u ès d mê
m A glt . Et c qu ét t t ès f v bl à l l b té[303], c'st qu l
étu t ls jugs du c s tm t[304] ds t s. L g d mb ds
écus t s qu l' ut f uj u d'hu A glt v t à u ès à
c t us g.
D s ls ys ds t qus, ù l' st déjà s us l'scl v g l t qu, l'scl v
g c v l st lus t lé bl qu' llu s. Ch cu y d t êt ssz c t t d'y
v s subs st c t l v . A s l c d t d l'scl v 'y st guè lu
s à ch g qu l c d t du sujt.
M s, d s l g uv m t m ch qu, ù l st s uv m t m t t d
t b tt u v l l tu hum , l f ut t d'scl vs. D s l
dém c t , ù t ut l m d st ég l, t d s l' st c t , ù ls l s d v
t f lu s ff ts u qu t ut l m d s t uss ég l qu l tu du
g uv m t ut l mtt , ds scl vs s t c t l's t d l c st tu
t : ls s v t qu'à d ux c t y s u u ss c t u lux qu' ls
d v t t v .
CHA ITRE II
O g du d t d l'scl v g, chz ls ju sc sults m s[332].
O c t j m s qu c'ût été l t é qu ût ét bl l'scl v g, t qu,
u cl , ll s'y fût s d t s m è s[333].
L'scl v g st d' llu s uss sé u d t c v l qu' u d t tu l. Qul
l l c v l u t mêch u scl v d fu , lu qu 'st t d s l
s c été, t qu c séqu t ucu s l s c v ls c c t? Il ut êt
t u qu u l d f m ll, c'st-à-d l l du m ît .
CHA ITRE III
Aut g du d t d l'scl v g.
J' m s ut t d qu l d t d l'scl v g v t du mé s qu'u t
c ç t u u ut , f dé su l d ffé c ds c utums.
L ès d G m [338] d t «qu ls Es g ls t uvè t, ès d S t-M th, d
s s ù ls h b t ts v t ds d és: c'ét t ds c c s, ds l m
ç s, ds c g ls, ds s ut lls. Ls v quu s f t u c m ux v cu
s.» L' utu v u qu c'st là-dssus qu' f d l d t qu d t ls Amé
c s scl vs ds Es g ls, ut qu' ls fum t du t b c, t qu' ls s f
s t s l b b à l's g l.
Ls c ss cs d t ls h mms d ux; l s t à l'hum té: l 'y
qu ls éjugés qu y f ss t c .
CHA ITRE IV
Aut g du d t d l'scl v g.
J' m s ut t d qu l l g d à cux qu l fss t u d t d
édu s v tud cux qu l fss t s, u t v ll lus sém
t à s g t .270
D t ts s ts x gè t t l' just c qu l' f t ux Af c s: c , s
ll ét t tll qu' ls l d s t, s t- l s v u d s l têt ds
cs d'Eu , qu f t t ux t t d c v t s ut ls, d' f u gé
é l f vu d l m sé c d t d l t é?
LIVRE DIX-NEUVIÈME
LOIS DANS LE RA ORT QU'ELLES ONT AVEC LES RINCI ES QUI FORMENT L'ES RIT GÉNÉRA
L, LES MOEURS ET LES MANIÈRES D'UNE NATION[342].
CHA ITRE REMIER
Du sujt d c l v .
Ctt m t è st d'u g d ét du. D s ctt f ul d' dés qu s és t
à m s t, j s lus tt t f à l' d ds ch ss qu' ux ch ss mêms.
Il f ut qu j'éc t à d t t à g uch, qu j c, t qu j m f ss j u
.
CHA ITRE II
C mb , u ls m llu s l s, l st écss qu ls s ts s t é
és.
R ut lus su t bl ux G m s[343] qu l t bu l272 d V us.
Clu qu Just é g [344] chz ls L z s u f l cès u mu t
d lu lu ut u ch s h bl t b b . M th d t[345], h g
u t c
t ls R m s, lu ch su t ut ls f m l tés[346] d lu just
c. Ls ths u t su t c qu , y t été élvé à R m, s d
t ff bl[347] t ccss bl à t ut l m d. L l b té mêm u su t b
l à ds uls qu 'ét t s cc utumés à j u . C'st s qu'u
u st qulquf s u s bl à cux qu t vécu d s ds ys m éc gux.
U Vé t , mmé B lb , ét t u égu[348], fut t du t chz l . Qu d c
lu -c t qu' l 'y v t t d à V s, l f t u s g d écl t d
qu'u t ux l t, t qu' l ut b uc u d à l à ss c u t
s s. Qul st l lég sl tu qu u t s l g uv m t ul à
ds uls ls?
CHA ITRE III
D l ty .
Il y dux s ts d ty : u éll, qu c s st d s l v l c du g u
v m t; t u d' , qu s f t s t l squ cux qu g uv t ét b
l ss t ds ch ss qu ch qu t l m è d s d'u t .
D d t qu'August v ulut s f l R mulus; m s qu' y t s qu l
ul c g t qu' l v ulût s f , l ch g d dss . Ls m
s R m s v ul t t d , c qu' ls ' uv t s uff l
u ss c; ls R m s d' l s v ul t t d , u ' t s uff
ls m è s. C , qu qu Cés , ls t umv s, August, fuss t d vé t bl
s s, ls v t g dé t ut l'xté u d l'ég l té, t lu v vé c t
t u sèc d' s t vc l f st ds s d' l s; t, qu d ls v
ul t t d , cl s g f t qu' ls v ul t g d lu s m è s t
s d clls ds uls d'Af qu t d'O t.273
Cux qu g uv t y t u u ss c qu s m t, u s d , t s
f t t us ls j u s, u t lus d'ég d u cux qu lu s t ut ls qu
u cux qu ls d v t ss t; s , y v t u d c u t s s, d fl ttu
s, d c ml s ts, f d t uts cs s ts d g s qu f t y ux g d
s l v d mêm d lu s t.
O 'y st m t guè ls h mms ds t l ts u ds tt buts f v ls, m
s ds qu l tés élls; t d c g l 'y qu dux: ls chsss
t l mé t s l.
Il y u t u lux s l d, f dé, s su l ff m t d l v té, m s
su clu ds bs s éls; t l' ch ch t guè d s ls ch ss qu l
s l s s qu l tu y m s.