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REPUBLIQUE DU SENEGAL

Un peuple-Un But-Une Foi


°°°°°°°°°
MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE

ACADEMIE DE ZIGUINCHOR

CELLULE DEPARTEMENTALE

FASCICULE HISTOIRE TERMINALE

EDITION 2021-2022
Cellule départementale-Terminales L & S

PREFACE
De la première édition

Ce FASCICULE HISTOIRE TERMINALE est le fruit d’un travail collaboratif de recherche des
professeurs d’Histoire et de géographie de la Cellule Pédagogique Mixte 2nd cycle des lycées du
département de Ziguinchor. Ce document, destiné aux élèves, aux étudiants, aux professeurs, et tout autre
usager du programme d’Histoire de la classe de terminale au Sénégal se présente comme suit :
- présentation du programme en vigueur ;
- mise à disposition, pour chaque leçon, des supports nombreux, variés et accompagnés de consignes
pour faciliter l’exploitation ;
- un contenu détaillé pour traces écrite du cours pour être le plus exhaustif possible ;
- une épreuve d’évaluation sur les OS de la leçon.
Au Sénégal, la volonté de réformer le système s’est traduite par la promulgation de la loi 2004 -37 sur
l’obligation scolaire de 6 à 16 ans, complétant la loi 91-22 d’orientation de l’éducation. L’évaluation de la
réforme a montré que l’accès est satisfaisant mais qu’il restait beaucoup à faire dans le cadre de la qualité
des enseignements/apprentissages. Entre autres facteurs explicatifs de cette mauvaise qualité de
l’enseignement- apprentissage : effectifs pléthorique, non harmonisation des contenus, absence de manuels.
La mise à disposition de ce fascicule, comme un instrument d’aide à l’enseignement -apprentissage du
nouveau programme d’Histoire en classe de Terminales, peut contribuer à booster la qualité.
Le but de ce travail est donc d’amener les apprenants à s’intéresser et à s’approprier la méthode interactive
gage de réussite sur la centralité de l’apprenant. Ainsi, les auteurs à travers ladite approche incitent les
apprenants à participer à l’élaboration de leur savoir favorisant ainsi l’appropriation des cours.
Pour les enseignants, ce document vient en appui pour mieux dérouler les différents enseignements-
apprentissages sans angoisse.
Toutefois, l’enseignant peut, s’il le désire, concevoir d’autres types de supports ou formuler d’autres
consignes pour mieux expliciter les supports du document.
C’est dire que nous accueillons avec une grande satisfaction le fascicule que nous présente la CPM 2 nd
cycle car ce manuel didactique et pédagogique répond, incontestablement, à un besoin. Ses auteurs
praticiens de l’enseignement et pédagogues avertis, étaient particulièrement qualifiés pour offrir aux
professeurs, aux étudiants, aux élèves et autres usagers de la discipline, un instrument de travail simple,
pédagogique et didactique.
Le fascicule que nous proposent ces professeurs chevronnés, sera nous en sommes certains, un guide
précieux pour tous ceux qui veulent acquérir ou améliorer leur aptitude à enseigner le programme d’histoire
en terminale. Nous exprimons notre très vive gratitude à chacun d’eux pour leur utile contribution à
l’amélioration de la qualité des enseignements- apprentissage.

Ziguinchor le 28 octobre 2021

Guène FAYE,

Formateur en HG au CRFPE de Ziguinchor

Fascicule d’Histoire. 2e Ed. 2021_2022 _


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PROGRAMME D’HISTOIRE DE LA CLASSE DE TERMINALE

LE MONDE CONTEMPORAIN EUDE DES CIVILISATIONSINTRODUCTION


PREMIERE PARTIE :
LE MONDE AU LENDEMAIN DE LA PREMIERE PARTIE :
DEUXIEME GUERRE MONDIALE : LES CIVILISATIONS NEGRO-AFRICAINES
1945-1990
Leçon 1 : Les conséquences de la guerre et les Leçon 10 : Introduction à l’étude des civilisations : le
règlements du conflit 3h concept de civilisation 1h
Leçon 2 : Les relations Est/Ouest
Leçon11 : Cadre géographique et étude historique 1h
*Les blocs
*Les crises (Berlin, Corée, Cuba)
Du rapprochement entre les blocs à la chute du Leçon 12 : Organisation sociale, politique et
mur de Berlin économique 1h
Leçon 3 : La Chine de 1945 aux années 1990
Leçon 13 : Les religions traditionnelles 1h
2h
DEUXIEME PARTIE : Leçon 14 : L’évolution du monde négro-africain :
DECOLONISATION ET AFFIRMATION influence de l’Islam, du Christianisme et de la
DU TIERS MONDE décolonisation. 2h
Leçon 4 : Causes générales de la DEUXIEME PARTIE
décolonisation 2h LA CIVILISATION MUSULMANE
Leçon 5 : Les formes de la décolonisation Leçon 15 : La naissance de l’Islam : l’Arabie
2h préislamique 1h
Leçon 6 : La décolonisation en Asie : Inde et
Leçon 16 : Le Coran et les fondements de l’Islam 1h
Indochine 3h
Leçon 7 : La décolonisation au Proche-Orient :
Leçon 17 : La constitution du monde musulman :
la question palestinienne et les relations
expansion et organisation 2h
israélo-arabes 3h
Leçon 8 : La décolonisation au Maghreb : Leçon 18 : La culture musulmane : pensée religieuse,
l’Algérie 3h vie intellectuelle et artistique 2h
Leçon9 : La décolonisation en Afrique noire : Leçon 19 : Unité et diversité du monde musulman :
1. Les tendances historiques :
*Gold Coast1h - Chiites, Sunnites, Kharijites
- Les grandes écoles (malikite, hanbalite, chaféite,
*Sénégal 3h hanafite) 1h
2) Les tendances actuelles
- Nouvelles idéologies ou courants de pensée
*Guinée Bissau et Angola 2h
(Réformisme, Islamisme)
- Nouvelles formes d’organisation (Ligue Islamique
Mondiale, O.C.I.) 1h

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Table des matières


Avant-propos ............................................................................................................................... 1

Programme d’histoire de la classe de terminale ........................................................................... 2

A- LE MONDE CONTEMPORAIN
PREMIER PARTIE : LE MONDE CONTEMPORAIN .......................................................... 5

Leçon 1 : Les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale et les règlements du conflit ........... 5

Leçon 2 : Les Relations EST/OUEST : Les blocs, les crises (Berlin, Corée, Cuba), du
rapprochement entre les 2 blocs à la chute du mur de Berlin ..................................................... 15

Leçon 3 : La Chine de 1945 aux années 1990 ............................................................................ 29

DEUXIEME PARTIE : DECOLONISATION ET AFFIRMATION DU TIERS MONDE ........... 37

Leçon 4 : Causes générales de la décolonisation ........................................................................ 37

Leçon 5 : Les formes de décolonisation ..................................................................................... 43

Leçon 6 : La décolonisation en Asie : Inde et Indochine ............................................................ 48

Leçon 7 : La décolonisation au PROCHE ORIENT : La question palestinienne et les relations


israélo-arabes ............................................................................................................................. 57

Leçon 8 : La décolonisation au Maghreb: L’Algérie .................................................................. 64

Leçon 9 : La décolonisation en Afrique Noire ........................................................................... 70

A-Le cas de la Gold -Coast .................................................................................................... 70

B-le cas du SENEGAL ......................................................................................................... 73

C-Le cas de la Guinée Bissau et de l’Angola ......................................................................... 78

B- ETUDE DE CIVILISATION
PREMIERE PARTIE: CIVILISATION NEGROAFRICAINE
Leçons 10 à 14 : Les civilisations négro-africaines .................................................................... 82

DEUXIEME PARTIE: CIVILISATION MUSULMANE


Leçons 15 à 19 : La civilisation musulmane .............................................................................. 86

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PREMERE PARTIE LE MONDE CONTEMPORAIN PREMIERE PARTIE


LEÇON 1 : LES CONSEQUENCES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET LES
REGLEMENTS DU CONFLIT

SUPPORTS SUR LES CONSEQUENCES DE LA 2NDE GUERRE MONDIALE

Document 1 : Les victimes de la seconde guerre mondiale


Pays Victimes militaires Victimes civiles % de la population totale
Allemagne 3 850 000 3 810 000 7
Canada 42 000 - 0,4
Chine 3 500 000 10 000 000 2,2
États-Unis 298 000 - 0,2
France 211 000 330 000 1,5
Grèce 74 000 500 000 2,4
Italie 230 000 150 000 1
Japon 1 220 000 700 000 3
Pays-Bas 10 000 200 000 2,5
Pologne 320 000 5 500 000 14
Royaume Uni 245 000 150 000 1
URSS 7 500 000 10 000 000 12
Yougoslavie 410 000 1 400 000 10
Source :Histoire Terminales, Collection J. Marseille, Nathan, 1998, p. 71
CONSIGNE
1. Montrer que la Seconde Guerre Mondiale est une hécatombe humaine.
2. Rechercher les facteurs de l’hécatombe humaine.

Document 2 : Le choc moral


« Cela n'en finissait pas de finir, et nous étions las. La prise de Berlin, celle de Hambourg, l'agonie des tyrans,
la capitulation des armées ennemies, les unes après les autres, tous les grands événements ne nous saisissaient
pas comme ils auraient dû le faire. Il est vrai les mêmes nouvelles qui nous annonçaient les progrès de la
délivrance nous révélaient d'inimaginables horreurs. Chaque pas des Alliés en Allemagne découvrait un
nouveau charnier, et il semblait que nous fussions nous-mêmes souillés par toutes ces horreurs. Si près de la
victoire, nous n'avions jamais peut-être été si près du désespoir, car ces crimes, par leur monstruosité, mettaient
en cause notre foi même en l'humanité. Plus d'un d'entre nous, ces derniers jours, aura éprouvé une sorte de
peur sacrée devant l'homme, devant ce qu'il lui fallait bien voir que l'homme peut être encore, en dépit de ses
vantardises de civilisé. Je craignais pour moi, quand sonneront les cloches, de ne pas parvenir à être assez
joyeux...
Nous savons désormais que la guerre et la paix ne sont pas comme la nuit et le jour, deux mondes tels qu'on
sortirait de l'un pour entrer dans l'autre, mais que l'une et l'autre sont là toujours, à chaque instant, comme le
bien et le mal, dans la société et dans l'individu. Un peu moins de raison dans les peuples, un peu moins de
volonté, un peu moins de présence d'esprit un peu moins de loyauté, et l'une se change dans l'autre,
insensiblement.
Source : Extrait d'un éditorial de Jean Guéhenno (1) dans « Le Populaire » (2), 8 mai 1945.
(1) Jean Guehenno est un essayiste (1890-1978), élu en 1962 à l'Académie Française.

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CONSIGNE
1- A partir de vos connaissances citer des atrocités commises pendant la seconde guerre mondiale
2- A partir du texte montrer en quoi la seconde guerre mondiale a provoqué un choc moral

Document 3 : La France détruite


Pendant de longues semaines, la capitale restera sans moyens de communiquer régulièrement avec les
provinces. Les lignes téléphoniques et télégraphiques ont subi des coupures sans nombre. Les postes radio
sont détruits. Il n’y a pas d’avions de liaison français sur les terrains criblés d’entonnoirs. Les chemins de
fer sont quasi bloqués. De nos 12 000 locomotives, il nous reste 2 800. […] Quant aux routes, 3 000 ponts
ont sauté, 300 000 véhicules, à peine, sont en état de rouler sur 3 millions que nous avion eus ; enfin, le
manque d’essence fait qu’un voyage en auto est une véritable aventure. […] En même temps, l’arrêt des
transports désorganise le ravitaillement. D’autant plus que les stocks avoués de vivres, de matières
premières, de combustibles, d’objets fabriqués, ont entièrement disparu. […] Ainsi qu’on pouvait le
prévoir, la Libération ne va, tout d’abord, apporter au pays, disloqué et vidé de tout, aucune aisance
matérielle.
Source : Général de Gaulle, Mémoires de guerre, Plon, 1959.
CONSIGNE : Relever dans le texte les dégâts matériels et économiques de la seconde guerre mondiale.

Document 4a: Situation économique et monétaire des pays capitalistes avant et après la guerre.
Pays Réserves en or et devise en millions de dollars
En 1938 En 1947
Allemagne - -
France 2791 802
Italie 201 246
Pays-Bas 1003 334
Royaume-Uni 2877 2079
Etats-Unis 14592 22868

CONSIGNE : Comparer la situation économique et monétaire des quelques pays capitalistes avant et après
la guerre.
Document 4b : Qu’appelle-t-on le système de Bretton Woods ?

Le système de Bretton Woods est mis en place pour définir, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les
contours d’une nouvelle architecture financière internationale. Fondé sur des accords signés dès 1944 par
44 gouvernements, il organise le système monétaire mondial autour du dollar américain, seule
monnaie à être désormais convertible en or. On parle de Gold, alors Exchange Standard, une once d’or
fin correspondant à 35 dollars.
Il s’agit d’éviter une crise économique comme celle des années 1930, due aux changes flottants (évolution
de la valeur des monnaies en fonction de l’offre et de la demande), aux dévaluations monétaires et à
l’absence d’entente entre les États. Sur le plan institutionnel, les accords de Bretton Woods créent le Fonds
monétaire international (FMI) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement
(BIRD).
Le FMI doit permettre de fournir des liquidités aux pays en difficulté pour éviter de nouvelles
dévaluationsque la BIRD (aujourd’hui une des composantes de la Banque mondiale) doit favoriser le
développement économique.
Source : https://www.vie-publique.fr/fiches/38285-systeme-de-bretton-woods-fmi-bird-1944-1971. 15-09-
2021.
CONSIGNE : Donnez la date et les résolutions de la conférence de Brettonwoods.

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Document 5 : Une nouvelle hiérarchie mondiale


La grande transformation […] qui se manifeste dans les relations internationales au moment où s’achève la
deuxième guerre mondiale, c’est le "reclassement" qui s’est établi, […] non seulement entre les forces
respectives des grands États, mais aussi entre le rayonnement des grandes civilisations. L’Europe
occidentale et centrale avait longtemps dominé la vie politique et économique du monde. […] En 1945, les
intérêts européens dans la vie générale du monde sont plus profondément atteints qu’ils ne l’avaient été
vingt-cinq ans auparavant. […] L’Europe est morcelée plus profondément que jamais ; elle a vu
s’effondrer les fondements financiers de sa puissance et disparaître la majeure partie de ses forces armées,
militaires ou navales ; elle est "envahie par le doute" ; elle a perdu - selon la remarque de Charles Moraze -
son originalité créatrice dans le domaine des sciences et des techniques. […] Enfin, bien que la culture
européenne garde une force de rayonnement, les valeurs intellectuelles sur lesquelles elle repose sont
remises en question depuis qu’elle subit la concurrence des civilisations américaines et russes.
En contraste avec ce déclin, s’affirment la puissance des États-Unis et celle de l’URSS. Les États-Unis
étaient déjà la première puissance industrielle du monde ; ils ont maintenant acquis le premier rang dans
presque tous les domaines qui confèrent les moyens d’action dans la politique extérieure. […] L’URSS, en
1945, est loin de posséder tous ces avantages.
Source : Pierre Renouvin, "Histoire des relations internationales", Tome VIII, "Les crises du XXe siècle",
Hachette, 1956
CONSIGNE : Montrer la recomposition politique d’après-guerre.

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SUPPORTS SUR LES REGLEMENTS DU CONFLIT


Document 6 :
« (…) Nous nous sommes mis d’accord sur une politique et sur des plans communs pour amener à une
reddition sans conditions ; nous l’imposerons à l’Allemagne nazie, après que la résistance armée aura été
définitivement écrasée dans ce pays. (…) Les forces des trois puissances occuperont chacune des zones
différentes de l’Allemagne. Il a été décidé que la France, si elle le désire, sera invitée par les trois
puissances à occuper une des zones. (…) Nous sommes résolus à établir, aussitôt que possible, avec nos
alliés, une organisation générale internationale en vue de maintenir la paix et la sécurité. Nous croyons que
cela est essentiel, à la fois pour prévenir les agressions et pour écarter, par une collaboration intime et
permanente de tous les peuples pacifiques, les causes politiques, économiques et sociales d’une guerre. (…)
L’établissement de l’ordre en Europe et la reconstruction des économies nationales doivent être réalisés par
des procédés qui permettent aux peuples libérés de détruire les derniers vestiges du nazisme et du fascisme
et d’établir des institutions démocratiques de leur choix. (…) La libération complète de la Pologne par
l’Armée rouge a créé dans ce pays une situation nouvelle. Cette situation exige l’établissement d’un
nouveau gouvernement provisoire polonais qui s’engagera à procéder à des élections libres sur la base du
suffrage universel.
Source : F. D. Roosevelt, J. Staline, W. Churchill, Les accords de Yalta (extraits du communiqué de presse
du 11 février 1945)
Document 7
Elle se tint à Potsdam, près de Berlin, du 17 juillet au 2 août 1945, et devait préciser et mettre en œuvre les
accords clôturant la conférence de Yalta. Les États-Unis furent représentés par le président Harry S. Truman
et l'URSS par Joseph Staline. Quant à la Grande-Bretagne, elle fut représentée par Winston Churchill,
auquel succéda, au cours du mois de juillet 1945, Clément Attlee.
La conférence traita principalement de la situation en Europe et des futurs traités de paix. Un processus de
dénazification, c'est-à-dire de destruction du Parti national-socialiste, et de démocratisation devait également
être mis en place. En outre, l'économie du pays devait être réorganisée et l'Allemagne devait verser
20 milliards de dollars de réparations. Concernant la guerre dans le Pacifique, l'URSS accepta de s'allier aux
puissances occidentales afin d'exiger une capitulation japonaise.
La conférence de Potsdam fut donc considérée comme un succès ; pourtant, nombre des accords qui en
résultaient ne furent jamais respectés, du fait des relations de plus en plus conflictuelles entre l'URSS et
l'Europe occidentale.
Source : La conférence de Potsdam du 17 juillet au 2 août 1945.
Document 8
L'URSS et les États-Unis sont entrés tardivement en guerre, respectivement le 22 juin et le 7 décembre
1941. Mais c'est grâce à leur aide militaire que les Alliés remportent la guerre en anéantissant l'Allemagne,
l'Italie et le Japon. Ce sont eux qui ont libéré l'Europe. Officiellement, les États-Unis, l'URSS, la Grande-
Bretagne, la France et la Chine sont les vainqueurs de la seconde guerre mondiale. Dans les faits, seuls les
deux premiers pays exercent une autorité. Lors de la conférence de Yalta, en 1945, ce sont Roosevelt et
Staline qui discutent du futur des frontières des pays de l'Europe. […]
La Société des Nations laisse place à l'Organisation des Nations unies (ONU). Contrairement à son
prédécesseur, l'ONU possède un véritable pouvoir. Le tribunal militaire international de Nuremberg instruit
un procès contre 24 dignitaires nazis pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, de novembre 1945
à octobre 1946. Pour la première fois, des responsables de guerre sont traduits devant un tribunal
international pour répondre de leurs actes.
Source : La rédaction de Futura, Réponse à la question : Seconde guerre mondiale : quelles ont été les
conséquences ? www.futura-sciences.com
CONSIGNE :
1- Citez les participants aux différentes conférences.
2- Donnez pour chaque conférence la date de sa tenue et au moins deux décisions

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RESUME DU COURS

INTRODUCTION
Les capitulations de l’Allemagne nazie et du Japon, respectivement, le 8 mai 1945 et le 2 septembre 1945,
mettent fin à la seconde guerre mondiale (1939-1945). Ce fut une guerre longue et meurtrière qui a entrainé
désastre humain, matériel et économique, un traumatisme moral et de profonds bouleversements politiques.
Les Alliés, conduits à la victoire par les Etats-Unis, l’URSS et la Grande Bretagne, ont organisé durant et
après la guerre, plusieurs conférences, pour régler les questions nées du confit et jeter les bases d’un monde
futur de paix et de sécurité.
I. UN BILAN GLOBAL NEGATIF
1. L’hécatombe humaine
La Seconde Guerre Mondiale est le conflit le plus meurtrier de tous les temps, avec des pertes estimées
entre 50 et 60 millions de morts. L'ampleur des pertes humaines est liée à l’avancée de la technologie
militaire, les stratégies de bombardements massifs adoptées par les deux camps, la science mise au service
de la guerre (bombe atomique à Hiroshima et Nagasakiet gazage des Juifs par les nazis), la durée de la
guerre, (6 ans) et la multiplication des zones géographiques de combats,(trois continents et sur terre, sur
mer et dans les airs).
La guerre a entraîné plusieurs conséquences démographiques : un déséquilibre entre les sexes,le recul de
l’espérance de vie… Certains pays durement touchés par les pertes humaines ont adopté, à la fin du conflit, la
politique du baby-boom.
2. Un désastre matériel, économique et financier.
Le coût économique de la Seconde Guerre mondiale est énorme : 1000 milliards de dépenses militaires et
2000 milliards de dégâts matériels. La destruction des unités de production et des infrastructures de
communications ont partout paralysé l’économie et les échanges et provoqué la chute des productions
agricoles et industrielles et l’effondrement des PNB : 48 % aux Pays-Bas, 46 % en Italie, 44 % en France,
13 % en URSS et 9 % en Grande-Bretagne. Par ailleurs, les pays européens connaissent des difficultés
financières : ils subissent une forte inflation et sortent endettés du conflit. Contrairement à certains qui ont
largement tirés profit de la guerre : USA, Canada, Afrique de Sud, l’URSS… En outre, le monde connaitra
la réorganisation de son système monétaire international (institution du dollar comme monnaie de référence
convertible en or) et économique (création de la BIRD, actuelle BM et du FMI)à travers les accords de
Bretton Woods en 1944.
3. La morale bafouée
Elle se manifeste par les atrocités commises (camps de concentration : Auschwitz,Tréblinka, Sobibor,
Belzec et d’extermination), sur les Juifs, les Tziganes et les Slaves. L’utilisation de l’arme atomique à
Hiroshima 130.000 morts,6 Aout 1945 et Nagasaki 70.000 morts, 9 Aout 1945 fût qualifiée par l’écrivain
français Albert Camus comme « le dernier degré de la sauvagerie ». Traumatisme que le cinéma, la
peinture et la littérature ont largement repris.
4. UN nouvel ordre politique mondial
La Seconde Guerre Mondiale entraîne une recomposition de la géopolitique mondiale, avec le déclin de l’Europe et
l’émergence de deux supers puissances : les Etats-Unis et l'URSS.
L’Europe sort de la Seconde Guerre Mondiale dévastéeet ruinée. Elle perd son statut de puissance politique
dominante et tombe sous le contrôle des deux « Grands » : l’Europe de l’Ouest placée sous l’influence des
Etats-Unis et l’Europe de l’Est, sous l’hégémonie de l'URSS.
La puissance politique de l’Europe est aussi remise en cause dans les colonies où les nationalistes
intensifient les revendications pour l’indépendance.
Par ailleurs, les deux superpuissances sont antagonistes, car elles sont opposées sur les plans idéologique, politique,
économique et culturel.
II. LES REGLEMENTS DU CONFLIT.
Durant et après la Seconde Guerre Mondiale, les Alliés ont tenu plusieurs conférences pour régler le conflit
et réorganiser le monde d’après-guerre.

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1. La conférence de Téhéran : 28 novembre au 2 décembre 1943


Participants: F.D. Roosevelt (USA), J. Staline (URSS), W. Churchill (Grande Bretagne)
Ordre du jour: Hâter la fin de la guerre
Les grandes décisions :
 L’ouverture d’un second front à l’OUEST avec le débarquement de Normandie 6 JUIN 1944
 Mise en place d’une stratégie qui consiste à éliminer l’Allemagne d’abord, l’Italie ensuite et enfin
le japon
 Le principe de la création d’une nouvelle organisation internationale, pour remplacer la SDN, est
retenu
2. La conférence de Yalta du 4 au 11 février 1945
Participants: F.D. Roosevelt (USA), J. Staline (URSS), W. Churchill (Grande Bretagne)
Ordre du jour: Régler le sort l’Allemagne, garantir la stabilité du monde au-delà de la victoire.
Les grandes décisions prévoyaient :
 La division de l’Allemagne en zones d’occupation
 La démilitarisation, la dénazification, la désindustrialisation, la démocratisation (4D)
 Organisation d’élections libres et transparentes dans tous les pays de l’Europe libérée
 La frontière entre l’Allemagne et la Pologne suivra la ligne Oder-Neisse
 L’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon dans les trois 3 mois qui suivront la défaite de
l’Allemagne
 Les bases de la future organisation internationale (ONU) sont précisées.
3. Postdam du 17 juillet au 2 Aout 1945
Participants: Truman (USA), J. Staline(URSS), C. Atlee (Grande Bretagne)
Ordre du jour : fixer le sort des nations ennemies
Les grandes décisions :
 L’Allemagne, sa capitale Berlin et l’Autriche sont divisées chacune en quatre zones
d’occupation (Américaine, Soviétique, Britannique et Française)
 Les quatre D sont mise en place
 Création du tribunal de Nuremberg pour juger les criminels nazis en novembre 1945
 L’Allemagne doit payer 20 milliards de réparation de guerre
 La frontière entre l’Allemagne et la Pologne est désormais fixé le long de la ligne Oder-Neisse
et la Pologne perd des territoires à l’Est au profil de L’URSS
4. La conférence de Paris juillet 1947
Elle règle essentiellement des questions territoriales:
 Europe : une nouvelle carte se dessine au profil de l’Urss
 Asie : le Japon perd ses colonies qui sont partagées entre les USA et l’URSS
 Afrique : l’Italie perd ses colonies d’Afrique de l’Ouest
Pour sceller définitivement la paix, l’ONU est créée (cf dossier ONU)
CONCLUSION
La Seconde Guerre Mondiale fut à tout point de vue une tragédie sans précédent pour l’humanité toute entière. La
mort, les destructions et la ruine se sont abattues sur des populations entières semant désolation, inquiétude et colère.
Les Etats-Unis et l’URSS sont les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale, mais, leurs divergences
sur la réorganisation du monde sont les signes avant-coureurs de leursfutures rivalités.
Pour éviter que pareille tragédie puisse se répéter, les vainqueurs se sont attelés à la création d’une grande
organisation qui se chargerait d’asseoir la paix et la sécurité dans le monde. Cette organisation est l’ONU.

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DOSSIER
L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU)

INTRODUCTION
La création, en 1945, de l’ONU découlait de la volonté des vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale de
mettre sur pied un organisme international, enfin capable, de garantir la paix et la sécurité internationales.
C’est dans ce contexte que, le 26 juin 1945, la Charte de l’ONU est signée à San Francisco, par 51 Etats.
Pour atteindre son objectif majeur, l’ONU s’est dotée de plusieurs organes de fonctionnement.
En juin 2021, l’ONU aura 76 ans d’existence avec un bilan mitigé, fait de réussites, et d’échecs. Depuis la
chute du mur de Berlin, elle doit faire face à de nouveaux défis, d’où la nécessité de la réforme de ses
institutions.
I. L’HISTORIQUE DE LA CREATION
1. Les rencontres préparatoires:
- août 1941 : la Charte de l'Atlantique est signée par Roosevelt des USA et Churchill du R-U. Vision de
Roosevelt d’un monde des Nations-Unies dirigé par les trois Grands plus la Chine ;
- janvier 1942 : la Déclaration des Nations Unies signée par 26 pays autour des Etats-Unis contre l’Axe.
1ère utilisation officielle de l’expression Nations Unies ;
- octobre 1943 : conférence de Moscou : les gouvernements de l’URSS, du Royaume-Uni, des Etats-Unis
et de la Chine proclament « la nécessité d’établir aussitôt que possible, une organisation générale fondée
sur le principe d’une égale souveraineté de tous les Etats pacifiques, afin d’assurer le maintien de la paix et
de la sécurité internationales » ;
- 21 septembre au 7 octobre 1944 : conférence de Dumbarton Oaks (Etats-Unis) définition des structures
de fonctionnement de la future organisation ;
- avril - juin 1945 : conférence de San Francisco : Signature, le 26 juin 1945 de la charte, un texte qui
comporte 111 articles signé par 51 pays ;
- 24 octobre 1945 : la charte est ratifiée par les parlements des Etats-Unis, de la Grande Bretagne, de
l’URSS et de la Chine : début de l’existence officielle de l’ONU.
2. Les Buts, les principes et les organes de fonctionnement
 Les principaux buts de l’ONU
- Maintenir la paix et la sécurité internationale et à cette fin prendre des mesures collectives efficaces en
vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, le règlement des
différends ;
- Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits
des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes ;
- Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d’ordre économique,
social, intellectuel ou humanitaire et faire respecter les droits de l’homme.
 Les principes de l’ONU
L’égale souveraineté de tous les Etats, quelques soit leur taille ou leur puissance ; La non-ingérence dans
les affaires intérieures de chaque pays ; Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; Le règlement
pacifique des différends entre pays membres.
II. Les organes de fonctionnement
 Les organes centraux
Assemblée générale, Conseil de sécurité, Secrétariat général, Conseil Economique et Social, Cour
internationale de justice.
 Les organes spécialisés : PNUD, BIT, UNESCO, UNICEF, OMS, HCR, FAO…

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III. LE BILAN MITIGE DE L’ONU.


1. Les réussites
Actions politiques : envoi de casques bleus comme forces d’interposition et susciter un cessez-le-feu dans
certains points chauds du globe. De 1948 à 2020, les Nations Unies ont mené 71 opérations de maintien de
la paix. : Liban (1978), Koweït (1991), Yougoslavie (1995), Timor-est (1999), Côte-D’ivoire (2004)…
actuellement il y a 14 opérations de maintien de la paix en cours.
Actuellement, 14 opérations de maintien de la paix, mobilisant 103300 casques bleus sont en cours.
 Actions militaires : utilisation de la force pour rétablir la légalité du droit international. Exemple :
en Corée en 1950 et en Irak en 1992.
 Actions diplomatiques : médiation pourtrouver une solution pacifique à certains conflits. Exemple
guerre Iran-Irak (1980-1988), ce qui lui a valu d’ailleurs de recevoir le prix Nobel de la paix en
1988.
 Actions humanitaires : travail au quotidien des institutions spécialisées (HCR, OMS, FAO,
PNUD, FNUAP, UNICEF, UNESCO…) autour de l’assistance technique, l’aide alimentaire, la
lutte contre les épidémies, l’assistance aux réfugiés, l’enfance déshéritée, la sauvegarde du
patrimoine de l’humanité.
2. Les échecs de l’ONU
 Paralysie pendant la Guerre Froide
L’ONU éprouve des difficultés à appliquer certaines résolutions du fait de l’abus du droit de veto par les 5
membres permanents. De 1945 aux années 1980, l’URSS a opposé 117 fois son droit de veto, les Etats -
Unis 78 fois, la Grande-Bretagne 32 fois, la France 18 fois et la Chine 4 fois.
 Situation financière catastrophique :
Le budget de l’ONU pour 2018-2019 s’élève à 5,4 milliards de dollars pour les dépenses de
fonctionnement et 6,7 milliards de dollars pour les opérations de maintien de la paix.
L’endettement structurel de l’ONU s’explique par :
- La lourdeur bureaucratique, avec aujourd’hui 39 651 fonctionnaires
- Les arriérés de cotisation, car à ce jour, seuls 112 pays, sur les 193 que compte l'ONU, sont à jour
de leur contribution.
Les difficultés financières bloquent le financement de plusieurs projets.
 Une sécurité collective mise à rude épreuve :
Elle se manifeste par le déclenchement de nombreuses guerres en dehors des mécanismes prévus, par
l’URSS en Hongrie (1956), en Tchécoslovaquie (1968) et en Afghanistan (1979) et les Etats-Unis au
Nicaragua (1980), à la Grenade (1983), au Panamá (1989) et en Irak (2004). En outre, les conflits de «
basse intensité » se sont multipliés et que l’occupation de la Palestine par les forces militaires israélienne
perdure.
IV. L’URGENCE DE LA REFORME DES INSTITUTIONS
Depuis la chute du mur de Berlin, d’autres puissances ont émergé et de nouveaux défis qui interpellent
l’ONU sont apparus, rendant nécessaire la réforme du mode de fonctionnement de l’Organisation pour
réactualiser ses objectifs et la rendre plus crédible aux yeux de l’opinion internationale.
1. De nouveaux défis
La recrudescence des actes terroristes : une des principales sources de violence et de déstabilisation de la
sécurité mondiale.
La détermination de certains pays (Corée du Nord, Iran..) de se doter de l’arme nucléaire constitue une
violation du traité de non-prolifération et une menace réelle contre la sécurité dans le monde.
La pauvreté qui touche à près de trois milliards de femmes et d’hommes qui vivent aujourd’hui avec moins
de 2 dollars par jour.
2. L’introuvable réforme
Elargir le conseil de sécurité pour qu’il soit plus représentatif de la géopolitique internationale ; Réformer
le droit de veto, pour éviter les blocages qui empêchent l’action de maintien de la paix l’ONU (cf. la crise
syrienne) ;Codifier l’entrée en guerre, pour éviter la répétition de l’exemple irakien ; Trouver une stratégie
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commune de lutte contre les actes terroristes ; Lutter contre la faim et la pauvreté dans le monde, par un
renforcement financier des capacités d’intervention des organismes onusiens de développement
économique et social ;
Les réformes souhaitées sont toujours bloquées par les rivalités régionales, dans l’attribution des sièges
permanents au Conseil de sécurité (Chine et Japon ; Inde et Pakistan ; Brésil et Argentine ; Allemagne et
Italie et en Afrique cinq pays (Afrique du Sud, Nigeria, Egypte, Sénégal et Kenya) avaient acte de
candidature, pour deux places, le non-respect des pays riches à donner à l’ONU, 0,7% du PNB pour
éradiquer la pauvreté dans le monde. La difficulté à trouver une définition commune au terrorisme est due à
l’intransigeance des pays arabes qui refusent que les actes de violence commis contre l’occupation
étrangère en Palestine et en Irak soient assimilés à des actes terroristes.
CONCLUSION
L’ONU n’a pas pu éradiquer une organisation indispensable, à réformer afin de l’adapter à l’évolution du
monde contemporain.

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EVALUATION

Sujet : Ccommentaire de texte


Texte : Yalta
La puissance matérielle qui obéit aux Américains est indicible. Au service des Alliés, ses manifestations
stratégiques et militaires ont accéléré la capitulation de l’Allemagne nazie. […] En bonne logique, ce sont
les Américains qui devaient dominer cette conférence de Yalta. Et pourtant, ils se présentent en
demandeurs […]
Ce que cherche l’Amérique, c’est, avant tout, d’obtenir la participation de la Russie à la guerre du
Pacifique, et accepte de la payer à n’importe quel prix.
Demanderesse, l’Amérique l’est aussi pour l’enfant chéri de Roosevelt, l’ONU […] Les Américains
continuent encore de vivre dans l’espérance que le monde va sortir de la guerre unifié dans la même foi
démocratique, dans les mêmes principes de respect de la personnalité humaine et de gouvernement du
peuple par le peuple.
L’ONU permettrait la gestion collégiale des affaires du monde […] Staline a finalement accepté d’y
participer, mais il demande que chacune des 16 républiques soviétiques ait une voix à l’Assemblée
Générale. […]
Churchill, lui, sait que le monde sortira de la guerre plus divisé que jamais : à la place des ruines
matérielles de l’Europe, l’homme d’Etat voit des ruines plus graves : les ruines politiques.
A la conférence, il défend chaleureusement la France contre les USA et l’URSS, et milite pour son
acceptation à la commission de contrôle de l’Allemagne […]
La Pologne fut une bataille perdue d’avance par les Occidentaux, à l’image de celle des autres pays
d’Europe Orientale, balkanique et danubienne. Pour Staline, tout ce qui aura été libéré par le drapeau rouge
sera rouge. […] On dit que Yalta a livré à l’empire soviétique 100 millions d’Européens : ce n’est vrai qu’à
titre symbolique. Quand la conférence s’est réunie, la Roumanie, la Bulgarie, la Yougoslavie, la Hongrie,
un morceau de la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Prusse et la Silésie avaient été conquis par les Russes.
Source : Raymond CARTIER, revue Historia, Hors-Série n°6.
Raymond Cartier (1904-1975) est un journaliste français.

CONSIGNE
1- Présentez les acteurs de la conférence de Yalta en indiquant deux évènements historiques auxquels
chacun d’eux a participé.
2- Dégagez le contexte historique de la conférence de Yalta. Puis citez les décisions de cette
conférence.
3- Dégagerl’intérêt historique du texte en mettant l’accent sur l’impact des décisions sur la relation
entre les Etats unis et l’Urss.

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LEÇON 2 : LES RELATIONS EST/OUEST : LES BLOCS, LES CRISES (BERLIN,


COREE, CUBA), DU RAPPROCHEMENT ENTRE LES 2 BLOCS A LA CHUTE DU
MUR DE BERLIN

SUPPORTS
SEQUENCE 01 : 1945-1953
Document 1 : La guerre froide
La « guerre froide » est un conflit dans lequel les parties s’abstiennent de recourir aux armes l’une contre
l’autre.
[…] les belligérants cherchent à marquer le maximum de points en employant toutes les ressources de
l’intimidation, de la propagande, de la subversion, voire de la guerre locale, mais en étant bien déterminés à
éviter de se trouver impliqués dans des opérations armées les mettant directement aux prises. Quand le
désir de ne pas se laisser entraîner dans une confrontation militaire prend le pas sur celui de l’emporter, la
« coexistence pacifique » se substitue à la guerre froide.
Source : André Fontaine, « guerre froide », Encyclopédie universalis, vol. VIII.
CONSIGNE : A partir du texte proposer une définition de la guerre froide.

Document 2 : Le rideau de fer


Une ombre est descendue sur les scènes si récemment éclairées par la victoire alliée. Nul ne sait ce que la
Russie soviétique et son organisation internationale communiste entendent faire dans l’immédiat et quelles
sont les limites, s’il y en a, à leur mouvement d’expansion et de prosélytisme. J’ai beaucoup d’admiration
et de respect pour le vaillant peuple Russe et pour mon camarade de guerre, le maréchal Staline. […] Il est
de mon devoir, cependant, de vous exposer certains faits concernant la situation actuelle en Europe.
De Stettin dans la Baltique à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est tombé sur le continent. Derrière
cette ligne, se trouvent toutes les capitales des anciens États d’Europe centrale et de l’Est […] et toutes sont
soumises, d’une manière ou d’une autre, non seulement à l’influence soviétique mais à un contrôle étroit et,
dans certains cas, croissant de Moscou. […] Les partis communistes, qui étaient très faibles dans ces États
de l’Est de l’Europe, ont obtenu une prééminence et un pouvoir qui dépassent de beaucoup leur importance
et ils cherchent partout à exercer un contrôle totalitaire. Des gouvernements policiers s’installent à peu près
partout, au point qu’à l’exception de la Tchécoslovaquie, il n’y a pas de vraie démocratie. […]
Quelles que soient les conclusions qu’on puisse tirer de ces faits, cette Europe n’est certainement pas
l’Europe libérée pour laquelle nous avons combattu. Ni une Europe qui offrirait les éléments essentiels
d’une paix permanente.
Source : W. Churchill, discours à l’Université de Fulton (Missouri), 5 mars 1946.
CONSIGNE :
1. Relever, puis expliquer l’information principale du discours de Churchill.
2. Indiquer l’attente de Churchill en exposant aux Américains la politique soviétique en Europe de l’Est.

Document 3 : La doctrine Truman


« Je crois que la politique des Etats-Unis doit être de soutenir les peuples libres qui résistent à des tentatives
d’asservissement, qu’elles soient le fait de minorités armées ou de pressions étrangères. Je crois que nous
devons aider les peuples libres à forger leur destin de leurs propres mains. Je crois que notre aide doit
consister en un soutien économique et financier […].
Les semences des régimes totalitaires sont nourries par la misère et le dénuement. Elles croissent et se
multiplient dans le sol aride de la pauvreté et du désordre. Elles atteignent leur développement maximal
lorsque l’espoir d’un peuple en une vie meilleure est la mort. Cet espoir, il faut que nous la maintenions en
vie... »
Source : H Truman, Déclaration, 12 mars 1947.

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CONSIGNE :
1. Montrer la corrélation entre les discours deChurchill à Fulton et de Truman.
2. Relever les deux axes de la politique internationale des Etats-Unis.
3. Relever les aspects et caractériser chaque mode de vie défini par Truman.

Document 4 : Le plan Marshall


(…) C’est en 1947 qu'une aide économique organisée est proposée aux pays détruits.
Plus connue sous le nom de plan Marshall, cette aide économique est l'initiative du général George
Marshall, secrétaire d'Etat américain depuis janvier 1947, et ancien chef d'état-major des Etats-Unis entre
1939 et 1945. Ce plan naît lors du discours qu'il prononce le 5 juin 1947 à l'université de Harvard, le jour
symbolique de la remise des diplômes, devant l'ensemble des étudiants et professeurs : il s'agit donc d'un
discours officiel. Cet événement fait suite au discours du 12 mars prononcé par le président américain,
Harry Truman, devant le Congrès. C'est là qu'il lance une politique d' « aide aux peuples libres » dont il
estime qu'elle doit impérativement passer par le biais de l'économie, et éradiquer le totalitarisme
qu'incarnent les régimes communistes. Cette politique dite de containment ou d'endiguement du
communisme espère aboutir au retour de la stabilité politique et économique mondiale, condition pour la
paix.
Le plan Marshall constitue donc cette aide promue par le président Truman.
A travers l'étude du discours du 5 juin, nous tenterons de comprendre, par l'interprétation de ses arguments,
comment le général Marshall justifie ce plan : pourquoi l'Europe a-t-elle besoin d'une aide, et pourquoi
cette aide doit-elle venir des Etats-Unis, quels buts se donne-t-elle ? Ainsi, nous nous pencherons sur les
deux problèmes que soulève l'auteur : l'instabilité de la structure économique mondiale, et l'état désastreux
de l'Europe, analysant à chaque fois le bilan qui en est dressé, et les solutions qui y sont proposées.
Source : https://www.pimido.com/histoire-et-geographie/texte-plan-marshall
CONSIGNE :
1. Montrer la corrélation entre le discours de Truman et le planMarshall.
2. Montrer que ce texte s’inscrit dans la politique de l’endiguement du communisme.

Document 5 : La doctrine Jdanov


« L’aide » américaine entraîne presque automatiquement des modifications de la ligne politique du pays
qui reçoit cette « aide » ; viennent au pouvoir des partis et des personnalités qui, obéissent aux directives de
Washington, sont prêts à réaliser, dans leur politique intérieur et extérieur, le programme des Etats –Unis.
[ … ]Apparaissent les deux directions principales de la politique internationale de l’après-guerre,
correspondant à la disposition en deux camps des forces politiques sur l’arène mondiale : le camp anti -
impérialiste et démocratique, et le camp impérialiste.
Les Etats-Unis sont la principale force dirigeante du camp impérialiste […], soutenu par l’Angleterre, la
France, les Etats possesseurs des colonies ou dépendants des Etats-Unis. Les forces anti-impérialistes et
antifascistes forment l’autre camp. L’URSS, les pays anti-impérialistes, le mouvement ouvrier
démocratique et les partis communistes
Source : Andreï Jdanov, Rapport de la situation internationale à la conférence constitutive du Kominform
à SzklarskaPoreba, septembre 1947.
CONSIGNE :
1. Montrer que ce texte est une réponse au discours de Truman.
2. Identifier les caractéristiques de chacun des deux camps évoqués par Jdanov.
Document 6 : Le blocus de Berlin 1948-1949

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Blocus de Berlin Pont aérien de Berlin


CONSIGNE :
Identifier les différentes puissances présentes à Berlin en 1948.
Document 7 : La Guerre de Corée

CONSIGNE :
A partir de la légende
les principaux
belligérants de la crise.

SEQUENCE 02 : 1953-1962

Document 8 : Khrouchtchev et la cœxistence pacifique


« Parce que nous voulons préserver l’humanité de la guerre, nous appelons les puissances occidentales à la
compétition pacifique et noble ; prouvons les avantages de nos systèmes non pas à coups de poings, ni par
la guerre, mais par la compétition économique. L’union soviétique et les autres pays socialistes existent,
c’est un fait réel, réel également le fait que les Etats-Unis d’Amérique et les autres capitalistes vivent sous
d’autres régimes sociaux. Reconnaissons cette situation, ne cherchons pas à la changer »
Source : Nikita Khrouchtchev, La Pravda, 6 septembre 1959.
CONSIGNE: Identifier dans le texte deux raisons de la coexistence pacifique pour
Khrouchtchev, puis montrer le secteur où, selon lui, les rivalités entre les deux Grands doivent
s’exercer.

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Document 9 : le mur de Berlin Document 10a: la crise de Cuba

CONSIGNE : Localiser Cuba sur la carte et justifier la réaction de Kennedy après l’installation des fusées.

Document10b : Au bord d’une guerre nucléaire


Bonsoir mes compatriotes,
Fidèle à sa promesse, le gouvernement a continué de surveiller de très près les préparatifs militaires
soviétiques à Cuba. Au cours de la dernière semaine, nous avons eu des preuves incontestables de la
construction de plusieurs bases de fusées dans cette île opprimée. Ces sites de lancement ne peuvent avoir
qu’un but : la constitution d’un potentiel nucléaire dirigé contre l’hémisphère occidental. (...)
Cette transformation précipitée de Cuba en importante base stratégique, par suite de la présence de ces
puissantes armes offensives à long rayon d’action et qui ont des effets de destruction massive, constitue une
menace précise à la paix et à la sécurité de toutes les Amériques.
J’ai donné des instructions pour que soient prises immédiatement les mesures initiales suivantes :
Une stricte "quarantaine" sera appliquée sur tout l’équipement militaire offensif à destination de Cuba...
J’ai donné des ordres pour que l’on établisse une surveillance étroite, permanente, de Cuba, et la mise en
place d’un dispositif militaire...
Les Etats-Unis auront pour politique de considérer tout lancement d’un engin nucléaire à partir de Cuba
contre une nation quelconque du continent américain comme une attaque de l’Union soviétique contre les
Etats-Unis, attaque exigeant une riposte sur une grande échelle contre l’Union soviétique...
Comme précaution militaire impérieuse, j’ai renforcé notre base à Guantanamo (...)
Source : John F. Kennedy discours télévisé prononcé le 22 octobre 1962.

Document 10c : La réponse de l’URSS


" Le gouvernement soviétique avait attiré à maintes reprises l’attention des gouvernements de tous les pays
et de l’opinion mondiale sur le grave danger que représente pour la cause de la paix la politique appliquée
par les Etats-Unis à l’égard de la République cubaine.
En cette heure inquiétante, le gouvernement soviétique estime de son devoir de donner un grave
avertissement au gouvernement des Etats-Unis, de le mettre en garde pour la grave responsabilité qu’il
assume pour les destinées du monde en réalisant les mesures annoncées par le président Kennedy, en
menant un jeu insensé avec le feu.
Source : Extraits de la déclaration du gouvernement soviétique du 23 octobre 1962.
CONSIGNE
1. Document 10 a et 10 b. Localiser Cuba sur la carte et Lister les mesures prises par le président Kennedy
après l’installation des fusées.

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1. Documents 10 c montrer la réaction de Khrouchtchev.

SEQUENCE 03 : 1962-1975

Document 11 : Transformer les règles du jeu international


« Dans le domaine des relations internationales, la période d’après-guerre a pris fin […]. A cette époque,
nous nous trouvions face à un monde communiste monolithique. Aujourd’hui, la nature de ce monde a
changé : la puissance individuelle des pays communistes a augmenté, mais l’unité internationale du
communisme a été rompue. Ce qui était autrefois un bloc homogène a vu sa solidarité détruite par les
forces du nationalisme. L’Union soviétique et la Chine communiste, qui étaient naguère liées par un pacte
d’amitié, se sont transformées en adversaires implacables ver s le milieu des années 60. Depuis la Seconde
Guerre mondiale, l’Union soviétique n’a utilisé l’Armée rouge que contre ses alliés : en Hongrie en 1956 et
en Tchécoslovaquie en 1968. Le rêve marxiste de l’unité communiste internationale s’est évanoui.
A cette époque, les Etats-Unis avaient le monopole en matière d’armes nucléaires. Aujourd’hui, la
révolution qui s’est produite dans la technologie de la guerre a modifié la nature de l’équilibre. Les armes
d’une conception nouvelle posent des dangers nouveaux.La chine communiste a acquis des armes
thermonucléaires.L’Union soviétique et les Etats-Unis ont maintenant la capacité de s’infliger
mutuellement des pertes inacceptables, quel que soit l’attaquant. La puissance qui provoquerait une guerre
thermonucléaire ne pourrait s’attendre à aucun avantage et certainement à aucune victoire. C’est pourquoi
les deux camps ont reconnu qu’ils avaient un intérêt mutuel vital à interrompre la dangereuse
intensification de la course aux armements nucléaires. »
Source : Discours prononcé par Richard Nixon, le 14 juin 1969, à l’occasion de la Remise des diplômes à
l’Ecole de l’Air.
CONSIGNE :
1-Relever dans le texte les facteurs de la détente.

SEQUENCE 04 : 1975-1985

Document 12 : Initiative de défense stratégique (IDS) ou « Guerre des étoiles » (1983)

Programme américain visant à détruire en


vol tout missile menaçant les États-Unis ou
leurs alliés, d’après le célèbre film Star War
réalisé en 1977 par George Lucas.
Lancé par le président Reagan en 1983, ce
projet militaire fait appel à des technologies
plus proches de la science-fiction que des
réalités pratiques. Par exemple, des lasers à
rayons nucléaires, dirigés sur des miroirs
placés en orbite terrestre, doivent
atteindrepar réflexion les missiles adverses
et les détruire.

SEQUENCE 05 : 1985-1991

Document 13 :L’analyse du dernier secrétaire générale du PCUS

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« En analysant la situation nous découvrîmes en premier lieu un ralentissement économique. Au cours des
quinze années qui avaient précédé, le taux de croissance du revenu national avait décliné de plus de
cinquante pour cent pour tomber au bout des années quatre-vingts à un niveau proche de la stagnation. De
plus le fossé, en efficacité de production, qualité des produits, production et utilisation des techniques de
pointe par rapport aux nations les plus avancées ne cessait de se creuser à notre désavantage. […]
Perestroïka, cela signifie surmonter le processus de stagnation, rompre le mécanisme de freinage, créer des
systèmes fiables et efficaces…Perestroïka, cela signifie aussi initiative de masse. C’est le développement
complet de la démocratie, l’autonomie socialiste, l’encouragement de l’initiative et des attitudes créatives,
c’est aussi davantage d’ordre et de discipline, davantage de transparence, la critique et l’autocritique dans
tous les domaines de notre société.
Perestroïka, cela signifie le développement prioritaire du domaine social, avec pour objectif de satisfaire les
aspirations du peuple à de meilleures conditions d’existence. […] Les relations de la communauté socialiste
sont déjà en réadaptation aux exigences de l’époque […].Avant tout, le cadre entier des relations politiques
entre pays socialistes doit être strictement fondé sur l’indépendance absolue ».
Source:M Gorbatchev, Perestroika, Flammarion, 1987.
CONSIGNE
1. Relevez les problèmes de l’économie soviétique.
2. Identifiez la principale réforme initiée par Gorbatchev.
3. Montrer que Gorbatchev compte redéfinir les relations dans le bloc socialiste.

Document 14 : Adieu les démocraties populaires


« L’année 1989 restera dans l’histoire celle de la chute des régimes communistes d’Europe de l’Est. De
Varsovie à Budapest, de Berlin-Est à Prague, de Sofia à Bucarest, en quelques mois, tout l’édifice érigé par
Staline entre 1945 et 1949 s’effondrera comme un château de cartes. […] A Moscou, le régime a été la
victime du marché dont le succès, à l’échelle mondiale, a convaincu une fraction des dirigeants que l’URSS
allait perdre la bataille économique. En Europe orientale, au contraire, c’est la contagion démocratique
venue de l’Ouest qui, en proposant un modèle aux aspirations des peuples, a balayé un communisme
importé. Qui ne savait […] que l’ordre socialiste dans les démocraties populaires devrait sa pérennité à la
présence de l’Armée rouge et se lézarderait en quelques mois si devenait exclue la menace d’une
intervention militaire du Kremlin ? […] Il ne faut pas oublier que depuis le début des années 80 les pays
d’Europe de l’Est sont en pleine débandade économique, et que s’y déroule une bataille pour le pouvoir
entre les septuagénaires conservateurs (les Erich Honecker, Gustave Husak, Jonas Kadar, Nicolae
Ceausescu Todor Jivkov) et des quinquagénaires de la génération de Gorbatchev, convaincus de l’urgence
des réformes, et qui, surtout, se trouvent bloqués par les précédents aux portes du pouvoir suprême. »
Source : J. Lesourne, B. Lecomte, l’après communisme, R. Laffont, 1990.
CONSIGNE
1. Identifier les démocraties populaires et expliquer le titre du texte.
2. Chercher dans le texte deux facteurs, (l’un économique et l’autre politique) à l’origine de la chute des
régimes communistes.

Document 15.
Chers compatriotes, concitoyens.
En raison de la situation qui s’est créée avec la réforme de la communauté d’Etats indépendants, je mets fin
à mes fonctions de Président de l’URSS. (…) Le destin a voulu qu’au moment où j’accédais aux plus
hautes fonctions de l’Etat, il était déjà clair que le pays allait mal. Tout ici est en abandon : la terre, le
pétrole, le gaz, le charbon, les métaux précieux, sans compter l’intelligence et les talents que Dieu nous a
pas comptés, et pourtant nous vivons bien plus mal que dans les pays développés, nous prenons toujours
plus de retard par rapport à eux. La raison en était déjà claire. La société étouffait sous le carcan du système
administratif de commande. Condamnée à servir l’idéologie et à porter le terrible fardeau de la
militarisation à outrance, elle était à la limite du supportable. Toutes les tentatives de réforme partielle ont
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échoué… Il n’était plus possible de vivre ainsi, il fallait tout changer. Je comprends qu’entamer des
réformes d’une telle envergure et dans une société comme la nôtre était une œuvre de plus haute difficulté
et, dans une certaine mesure risquée. Mais il n’y avait pas de choix. Aujourd’hui encore je suis persuadé de
la jeunesse historique des réformes démographiques entamées au printemps de 1985…
Je quitte mon poste avec inquiétude, mais aussi avec espoir, avec foi en votre sagesse et en votre force
d’esprit…Il dépend de tous et de chacun de nous qu’elle renaisse pour une nouvelle vie, moderne et digne.
Source : Discours de Michael Gorbatchev annonçant sa démission le 25 décembre 1991 à la télévision
CONSIGNE : Relever dans le texte les raisons de la démission de Michael Gorbatchev.

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RESUME DU COURS

INTRODUCTION
La Guerre Froide renvoie à la période de tensions qui domine les relations internationales. Elle consiste en
un affrontement idéologique et politique entre les deux grandes puissances, les Etats-Unis et l’URSS, sans
que jamais celles-ci ne passent au stade de la guerre ouverte. Période de ni guerre, ni paix, elle a créé un
monde bipolaire, qui prend fin, en 1991, après l’implosion de l’URSS.
I. LA MARCHE VERS UN MONDE BIPOLAIRE. 1945-1947.
1. La méfiance réciproque.
Les prémices de la guerre froide apparaissent dès 1945 à la conférence de Potsdam, lorsque la méfiance
réciproque s’est installée entre les deux grands qui se sont accusés mutuellement d’avoir violé délibérément
l’esprit de Yalta. En réalité, les critiques mutuelles traduisent l’existence d’intérêts opposés. La maîtrise de
l’arme nucléaire conforte l’idée des Etats-Unis d’être la 1 ère puissance mondiale et amplifie les craintes de
Staline. Ce dernier, pour sécuriser l’URSS, met en place un glacis défensif et place sous son contrôle les
pays de l’Europe de l’Est, violant de fait les accords de Yalta sur l’Europe libérée. Le 5 Mars 1946,
Churchill, à Fulton (Missouri), dénonce le glacis défensif, en parlant de rideau de fer qui s’est abattu sur
l’Europe et qui divise le continent en deux territoires.
2. La rupture.
Les doctrines Truman et Jdanov constituent les déclarations de guerre froide.
La doctrine Truman, rendue officielle, le 12 mars 1947, par le président américain, est axée sur
l’endiguement du communisme. La stratégie de l’endiguement consiste à détourner les pays d’un
alignement derrière l’URSS en leur proposant une protection militaire et une aide économique. Le plan
Marshall voté le 5 juin 1947, une aide économique de 13.2 milliards $ destinée aux pays européens.
L’endiguement appliqué pour la 1 ère fois en Grèce et en Turquie qui reçoivent un soutien financier pour
lutter contre des rébellions communistes soutenues par Moscou.
La doctrine Jdanov est la réponse soviétique à la doctrine Truman. Elle définit un monde divisé en 2 camps
dont le 1 er« anti-démocratique et impérialiste » est dirigé par les Etats-Unis, tandis que le second «
démocratique et anti- impérialiste » est dirigé par l’URSS. Elle est officialisée le 22 septembre 1947 à
l’occasion de la création du Kominform. Organe de coordination des partis communistes en Europe, le
Kominform est destiné à diffuser la doctrine officielle de l’URSS.
Le rapport Jdanov et la création du Kominform visent un double objectif : d’une part accélérer la
satellisation de l’Europe de l’Est, et d’autre part inciter les partis communistes occidentaux à mener la lutte
révolutionnaire contre les gouvernements de leurs pays, alliés des Etats-Unis, par des actions subversives,
(grèves, des manifestations de rue, soulèvements populaires…).
L’annonce des doctrines Truman et Jdanov marque la rupture officielle des relations entre les deux Grands.
II. FORMATION DES BLOCS ET LES PREMIERES CRISES. (1947-1953)
1- Les blocs
Les deux grands organisent leur camp respectif par la création d’organisations militaires et économiques
qui les lient avec leurs alliés.
Dans le camp occidental, les Etats-Unis poussent leurs alliés européens à créer en 1948 l’OECE pour gérer
l’aide Marshall. Puis, ils tissent un réseau planétaire d’alliances militaires qui leur permet d’installer partout
des bases militaires et d’encercler l’URSS et la Chine : 1948 : l’OEA, 1949 : l’OTAN, 1951 :l’ANZUS,
1954 : l’OTASE.
Dans le camp oriental, l’URSS crée en 1949 le CAEM ou COMECON qui planifie et harmonise
l’ensemble des économies des pays de l’Europe de l’Est et 1955 le Pacte de Varsovie qui intègre, sous
commandement soviétique, les différentes armées des pays de l’Europe de l’Est, excepté la Yougoslavie :
c’est la satellisation de l’Europe orientale.
2- Les premières crises
Deux crises majeures ont éclaté pendant la guerre froide : le blocus de Berlin et la guerre de Corée.
a- Le blocus de Berlin.
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En Allemagne, Américains, Britanniques et Français décident de réorganiser le statut politique de leurs


trois zones d’occupation et d’accélérer son redressement économique afin de faire renaître une Allemagne
forte, capable de faire barrage au communisme et de favoriser la réconciliation entre l’ex-Allemagne nazie
et ses voisins. Ils créent la bizone en 1947 et la trizone en 1948. Une nouvelle monnaie et une banque
centrale sont aussi créées et une assemblée constituante convoquée.
Staline réagit vivement à cette décision et réplique le 24 juin 1948, en organisant le blocus de Berlin :
toutes les voies ferrées et routières reliant Berlin-ouest à la zone occidentale sont coupées. Les Etats-Unis
mettent en place un pont aérien pour ravitailler la ville (275.000 vols en 11 mois)
Le 8 mai 1949, la trizone devient la République Fédérale d’Allemagne (RFA). Staline constate l’échec du
blocus et y met fin le 12 mai. Le 7 octobre 1949, la zone d’occupation soviétique devient la République
Démocratique d’Allemagne(RDA). La division de l’Allemagne achève le partage de l’Europe.
b- La guerre de Corée.
Annexée en 1910 par le Japon, la Corée a été divisée à sa libération en deux zones d’occupation, sur le
38ème parallèle : la Corée du Nord, pro communiste, dirigée par Kim II Sung et la Corée du Sud, pro
américaine, dirigée par Syng Man Rhee.
Le 25 Juin 1950 les troupes nord-coréennes envahissent la Corée du Sud. Kim II Sung veut imiter Mao en
Chine et étendre le communisme dans toute la péninsule coréenne. Les Etats-Unis profitent de l’absence de
l’URSS à l’ONU pour faire voter une résolution contre la Corée du Nord. Seize pays vont constituer
l’armée d’intervention, et les Etats-Unis envoient immédiatement leurs forces navales postées au Japon. Le
général Douglas MacArthur est placé à la tête de l’armée unifiée de l’ONU.
En octobre 1950, les troupes onusiennes parviennent à chasser les troupes nord-coréennes de la Corée du
Sud et pénètrent à leur tour en Corée du Nord. Quand elles atteignent la frontière chinoise, Mao décide
d’intervenir, non officiellement, en mettant « 500000 » volontaires à la disposition de la Corée du Nord.
Craignant le désastre, Mac Arthur propose à Truman le Roll back des Chinois par l’arme atomique. Truman
refuse et, le 11 avril 1951, le remplace par Ridgway.
A partir de juillet 1951, des négociations sont engagées. Elles aboutissent le 27 juillet 1953 à la signature de
l’armistice à Panmunjom. La guerre a fait 2 millions de morts et donné une dimension mondiale à la guerre
froide. Les deux Corées sont toujours séparées par le 38ème parallèle.
III. LA COEXISTENCE PACIFIQUE : RAPPROCHEMENT ENTRE LES DEUX BLOCS. 1953-
1962
Au milieu des années 50, les relatons Est-Ouest évoluent vers un dégel appelé coexistence pacifique. Celle-
ci rendue possible grâce à la combinaison de plusieurs facteurs, s’est manifestée par la signature de
nombreux accords. Ce dégel n’exclut pas pourtant de nouvelles crises.
A partir de 1953, les deux blocs ouvrent l’ère de la coexistence pacifique, une reconnaissance mutuelle.
1. Les causes de la coexistence pacifique
Quatre causes peuvent être retenues :
- l’avènement de nouveaux dirigeants à la tête des deux puissances :Khrouchtchev remplace Staline
en septembre 1953 modifie considérablement la politique intérieure et extérieure de l’URSS. Eisenhower
succède à Truman en 1953 aux Etats-Unis. Ils sont favorables aux compromis.
- l’équilibre de la terreur : Dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les deux grands se lancent
dans la course aux armements. L’URSS se dote de la bombe atomique en 1949, puis rattrape son retard
militaire sur les Etats-Unis en se dotant de la bombe à hydrogène, en 1953.
Dès lors, ils disposent de capacités nucléaires et s’anéantiront en cas de conflit. Dès lors, la psychose de la
peur s’installe en eux.
- Au plan international : L’émergence du tiers monde à la suite de la conférence de Bandung en 1955
et la création du mouvement des non-alignés à la conférence de Belgrade en 1961, changent les règles du
jeu au plan international et consacre l’avènement d’une 3ème force politique : le Tiers-monde. Avec
l’adhésion du tiers-monde aux principes de la coexistence pacifique, l’affrontement direct entre les deux
grands cède la place à une compétition de type nouveau. Dans leurs assauts de séduction en direction des

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Etats du Tiers-monde, américains et soviétiques comprennent que l’avantage est à celui qui manifeste le
plus une volonté de paix et un respect des souverainetés nationales.
2. Les manifestations de la coexistence pacifique
La coexistence pacifique se manifeste au plan politique par des contacts entre les dirigeants des deux
superpuissances et la résolution de nombreuses crises : en juillet 1953 l’armistice de Pan Mun Jom met fin
à la guerre en Corée, en juillet 1954 le traité de Genève met fin à la guerre en Indochine. En mai 1955
l’URSS reconnaît la République Fédérale d’Allemagne dont le chancelier Adenaeur se rend en visite
officielle à Moscou. La fin de la crise de Suez en 1956.L’URSS adhère à l’UNESCO et le Kominform est
dissout en 1956. Cette nouvelle ère se concrétise avec les rencontres entre Khrouchtchev et Eisenhower en
1956 au Royaume-Uni, en 1959 aux États-Unis, en1960 en France. Khrouchtchev rencontre aussi Kennedy
en 1961 à Vienne : c’est l’apogée de la coexistence pacifique. Ce dégel n’exclut pas pourtant de nouvelles
crises.
3- Les limites de la coexistence pacifique.
La 2ème crise de Berlin et la crise de Cuba montrent la difficulté d’asseoir la coexistence pacifique.
- La 2ème crise de Berlin éclate en 1961.
Pour stopper l’exode des Allemands de l’Est vers Berlin-Ouest, puis la RFA, Khrouchtchev exige que
Berlin-Ouest soit érigée en ville libre, hors de leur contrôle. Face au refus des Etats-Unis, Khrouchtchev
prend une décision radicale. C’est ainsi que, dans la nuit du 12 au 13 août 1961, est érigé un mur séparant
la zone soviétique des zones occidentales: c’est le mur de Berlin ou « mur de la honte ». Il devient le
symbole de la division de l’Allemagne et de l’Europe et, il matérialise le « rideau de fer » sur plus de 40
kilomètres.
- La crise des missiles à Cuba en 1962.
En 1959, Fidel Castro renverse Batista, allié des Etats-Unis, nationalise les terres et les entreprises, lésant
les grandes entreprises américaines, puis intégré le bloc soviétique.
Après l’échec de la tentative de débarquement de la baie des cochons, en avril 1961, d’anticastristes
entraînés et armés par la CIA, Castro fait appel l’URSS pour sa protection. En 1962, Khrouchtchev
s’accorde avec Castro pour installer des rampes de missiles à tête nucléaire susceptibles d’atteindre
directement le territoire des Etats-Unis et notamment la Floride. Elles sont repérées, le 14 octobre 1962,
par l’aviation américaine.
Le 24 octobre, Kennedy informe le peuple de la situation, exige le retrait des missiles et prend des mesures
fortes : le blocus pour tout navire portant des armes offensives, la mobilisation de soldats prêts à envahir
l’île et menace l’URSS de représailles si un des missiles est tiré depuis Cuba sur un pays du bloc
occidental. Le monde fut au bord d’une guerre nucléaire entre les deux Grands. Le dénouement de la crise
intervient à la suite de la médiation du pape Jean XXIII et de l’ambassadeur russe à Washington DC. Le 28
octobre 1962, Khrouchtchev accepte de démanteler les rampes des missiles à Cuba contre le
démantèlement de celles américaines en Turquie. Dès la mi-novembre, la promesse russe est exécutée. La
fin de la crise laisse place à l’embargo économique décrété par les Etats-Unis contre Cuba. Toutefois,
depuis quelques années, les deux pays se sont engagés dans un processus de rapprochement. L’embargo
économique est assoupli. Sur le plan politique, le 17 décembre 2014, ils ont repris leurs relations
diplomatiques ; le 22 juillet 2015, ils ont ouvert des ambassades ; le 20 mars 2016, Obama s’est rendu à La
Havane, pour effectuer la première visite d’un président américain en exercice sur l’île depuis la crise.
Cette volonté de rapprochement entre les deux Etats est remise en cause par le président Trump.
IV. LA DÉTENTE : 1962-1975
La détente est une période d’accalmie entre les deux blocs qui se manifeste par la signature de nombreux
accords politiques et militaires et dont le prolongement va entraîner la fin de la Guerre Froide.
1. Les facteurs de la détente
Durant les années 1960, les deux Grands connaissent des difficultés économiques et politiques qui les
incitent à mettre en place le processus de la détente.
a. Essoufflement économique : Les Etats-Unis et l’URSS souffrent de difficultés économiques qui
rendent difficile la poursuite de la course aux armements.
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b- Prolifération des armes nucléaire : De plus, ils sont inquiets du développement de l’arme
atomique dans le monde (Royaume-Uni, France, Chine).
c- Les fissurations des blocs
 Dans le bloc de l’Ouest,
 Le Général De Gaule affirme une réelle volonté d’indépendance face aux Etats- Unis. Ainsi il
convertit des millions de dollars de la Banque de France en or, ce qui entraîne la chute du dollar. Il
dote son pays d’une force nucléaire et se retire du commandement intégré de l’OTAN en 1966, à la
suite de l’affectation des forces françaises stationnées en Allemagne au commandement des alliés
de l’Europe. . Elle reconnaît la Chine de Mao en 1964 et condamne l’interventionnisme américain
au Vietnam.
 Dans le bloc de l’Est,
 La Chine dénonce le modèle soviétique. Elle reproche à Khrouchtchev sa politique de
déstabilisation et condamne la coexistence pacifique avec les Etats-Unis.En 1964, sans l’aide des
soviétiques, elle fait exploser sa première bombe atomique.
 L’URSS doit en même temps gérer les volontés d’autonomie des démocraties populaires. L’armée
rouge a réprimé en 1966 la politique libérale d’Imre Nagy en Hongrie. En Tchécoslovaquie, la
volonté d’Alexander Dubcek de suivre la voie libérale est violemment réprimée en août 1968 par
les troupes du Pacte de Varsovie : c’est le printemps de Prague.
2. Les manifestations de la détente
La détente se manifeste par la signature de nombreux accords entre les deux blocs.
-Au plan économique,
L’embargo économique américain de 1949 est abandonné, ce qui se traduit par une progression des
échanges Est - Ouest de 500%.
-Au plan du désarmement
 Accords de Moscou portant sur l’interdiction des essais nucléaires en 1963.
 Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. (TNP) en 1968.
 Les Accords Salt1 (Stratégique Armement Limitation Talks), sont signés en 1972 à
Moscou et vise à limiter les vecteurs lanceurs d’armes atomiques.
 En 1973 à Washington et en 1974 à Moscou Nixon et Brejnev signe des accords de
coopération technique ainsi qu’un traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
-Au plan politique
 L’installation du téléphone rouge en Aout 1963.
 En 1972 le chancelier ouest-allemand Willy Brandt entreprend la politique de
rapprochement entre les deux Allemagnes (OSTPOLITIK). Elles se reconnaissent
mutuellement et sont admises à l’ONU en 1973.
 La détente atteint son apogée en Europe en 1975 avec la conférence d’Helsinki sur la
sécurité et la coopération. Les 35 états signataires s’engagent à maintenir le statu quo
politique en Europe et à respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales.
 En Asie, la reconnaissance officielle de la Chine communiste par les États-Unis, facilite la
signature des accords de Paris en 1973 qui mette fin à la guerre du Vietnam.
3. Les limites de la détente.
a. L’affrontement au Sud.
En réalité, la guerre froide n’est pas terminée : la compétions entre les deux systèmes s’est
déplacée au Sud.En Amérique latine des guérillas antiaméricaines sont financées par l’URSS.
La CIA joue un rôle important lors du coup d’Etat organisé au Chili en 1973 par le général
Pinochet contre le gouvernement socialiste de Salvador Allende.
b. La guerre du Viêt Nam (1965-1973).
 C’est en Asie que la menace de l’extension du communisme semble la plus forte. Les accords de
Genève ont partagé provisoirement le Viêt Nam en deux. Mais le Viêt Nam du Nord, soutenu par

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l’URSS et la Chine veut annexer le Viêt Nam du Sud, protégé par les Etats-Unis, et y installer le
communisme.
 Les Etats-Unis organisent une aide militaire au Viêt Nam du Sud, puis à partir de 1965,
interviennent massivement sur le terrain sans succès décisif.
 Ils se désengagent alors en signant les accords de Paris (1973). Mais en 1975, les troupes du Nord
envahissent le Sud et le Viêt Nam, réunifié, devient communiste.
Cet échec persuade les Etats-Unis que la détente est néfaste car elle facilite l’expansion du communisme.
La « guerre fraîche » marque le retour à des relations plus tendues entre les deux Grands.
V. DE LA GUERRE FRAICHE A LA FIN DE LA GUERRE FROIDE (1975- 1991)
La période 1975-1991 est marquée d’une part par le retour de la tension et d’autre part par une nouvelle
détente jusqu’à l’éclatement de l’URSS et la dislocation du bloc de l’Est.
1. la guerre fraiche. 1975 1985
Les années 1970 marquent un tournant dans l’histoire des relations internationales. L’éclipse des Etats-Unis
permet en effet à l’URSS d’étendre son influence dans le Tiers-Monde. Les relations entre les deux Grands
se dégradent : c’est la « guerre fraiche ». Elle marque le retour de la tension qui s’explique par la poussée
communiste, à la faveur de la crise économique dans le monde occidental et du Watergate : en Afrique
(Ethiopie, Angola, Mozambique), en Asie (Vietnam), en Amérique Latine (Nicaragua, 1979) et
l’intervention soviétique à Kaboul, en Afghanistan (1979). Reagan taxe l’URSS de l’empire du mal et
lance le programme IDS (Initiative de Défense Stratégique). Les missiles sont à nouveau installés en
Europe : SS20 soviétiques et Pershing II américains.
a- Les causes de la guerre fraiche
 Une URSS expansionniste face à une Amérique affaiblie
La position internationale des Etats-Unis marque un recul, provoqué par l’éclatement de l’affaire Watergate
(écoutes téléphoniques illégales des républicains envers les démocrates) entrainant la démission de
Nixon en 1974, l’enlisement dans le bourbier vietnamien et la dépression économique. Cela occasionne une
percée soviétique au Cambodge (1975), au Nicaragua (1979), en Afghanistan (1979) et en Afrique….
Signe de cet affaiblissement, des gouvernements communistes s’imposent au cœur même de la sphère
d’influence américaine (Nicaragua et la Grenade en 1979).
L’URSS profite de cette éclipse pour rattraper son retard dans le domaine de l’armement nucléaire. Dans
les pays du pacte de Varsovie, elle déploie des missiles SS20.
 L’extension du communisme dans la péninsule indochinoise
Le désengagement américain du Viêt Nam entraine la victoire des armées communiste dans cette région :
en avril 1975, les Khmers rouges, dirigées par Pol Pot, prennent le pouvoir au Cambodge. Ils mettent en
place un régime de terreur, exterminant massivement la population (2millions de morts). Un régime
communiste s’installe aussi à Laos.
Le 30 avril 1975, les communistes nord vietnamiens prennent Saigon. Le Viêt Nam devient entièrement
communiste, ce qui déclenche la fuite des boat people (réfugiés fuyant par la mer).
 L’influence soviétique croissante en Afrique.
Jusqu’au début des années 1970, l’Afrique est restée à l’écart de la confrontation Est-Ouest. C’est alors
que l’URSS s’implante en somalie et en Ethiopie puis, à la faveur de la décolonisation portugaise en 1975,
en Angola et au Mozambique.
L’URSS noue aussi des liens privilégiés avec l’Algérie, la Lybie, le Congo, le Bénin puis le Zimbabwe.
 Le réveil des tensions Est-Ouest.
 Le choc de la révolution iranienne et l’invasion de l’Afghanistan.
En marge de la guerre froide, les Etats-Unis enregistrent un grave revers avec la révolution iranienne de
1979, car ils perdent un allié précieux au Moyen-Orient. La prise d’otages à l’ambassade des Etats-Unis et
l’échec de l’opération militaire chargée de les libérer traumatisent l’Amérique.
C’est l’intervention soviétique en Afghanistan, en décembre 1979, qui marque le tournant des relations Est-
Ouest. L’URSS pénètre dans le pays afin de venir en aide au gouvernement prosoviétique, au pouvoir

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depuis le coup d’Etat de 1978 et menacé par la guérilla musulmane. Les armées soviétiques, tenues en
échec par la résistance afghane aidée par les Etats-Unis, s’enlisent dans cette guerre.
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 fragilisent les deux grands, chacun veut garder sa zone d’influence.
 Le réveil américain.
Le président démocrate, Carter, tente de riposter à la politique soviétique. Mais les prises sont peu efficaces
(boycott des jeux Olympiques de Moscou en 1980, embargo des exportations des céréales vers l’URSS,
non-ratification par le congrès des accords de désarmement SALT-II).
C’est pourquoi les Américain élisent le républicain Ronald Reagan en 1980. Celui-ci, convaincu que la
détente n’a profité qu’à l’URSS, prône la fermeté contre l’ « Empire du mal ». Dès 1982, les Etats-Unis
relancent la course aux armements par une augmentation massive du budget militaire.
En Europe, à la demande des alliés occidentaux alarmés par l’installation des missiles soviétiques, les
Etats-Unis, déploient dans les pays de l’OTAN des missiles de croisière et de Pershing II, malgré la vague
de protestation des pacifistes européens (crise euromissiles).
En mars 1983, Reagan annonce le lancement du projet d’IDS (Initiative de défense stratégique) ou « guerre
des étoiles » qui prévoit la construction d’un bouclier spatial antimissile au-dessus du pays. Ce défi
technologique fragilise l’URSS, incapable de tenir la compétition.
b- Les manifestations de la guerre fraiche
Il s’agit de :
 Retour la vieille logique des blocs et course aux armements
 Forte implication des superpuissances dans les conflits localisés : Afghanistan, Mozambique,
Nicaragua, Guatemala…..
 Refus de ratifier les accords SALT II signés en juin 1979.
 Boycott des jeux olympiques de Moscou de 1980
 Mise en place du programme IDS (initiative de défense stratégique) par Ronald Reagan ou guerre
des étoiles
Installation des SS 20 par L’URSS et des Pershing II, des Cruisers par l’0TAN en Europe
 Embargo sur les livraisons de blé à l’URSS
2- Une nouvelle détente et la fin de la guerre (1985 1991)
A la fin des années 1980, le monde, stupéfait, assiste à l’effondrement de l’URSS. La guerre froide prend
alors fin.
a. Une nouvelle détente, prônée par l'URSS.
 Les causes
L’URSS connait depuis les années 1970 des difficultés économiques dues à la faible productivité des
entreprises et au retard technologique (explosion de la centrale nucléaire Tchernobyl en 1986).
Les difficultés sont aussi politiques : la guerre en Afghanistan s’enlise, la dissidence se développe.
Gorbatchev, nommé secrétaire du PCUS en 1985, lance le programme de réformes : La Glasnost
(« transparence ») doit responsabiliser les soviétiques par un langage de vérité. La Perestroïka est une
politique de restructuration de l’économie.Mais l’absence de circuits économiques non étatisé entraine une
désorganisation générale. La montée des prix et les pénuries s’aggravent.
 La détente prônée par Gorbatchev
Gorbatchev est conscient que le pays ne peut faire face à la compétition militaire (IDS). Les capitaux
soviétiques doivent aller en priorité à l’économie.
De plus, pour accéder à une technologie qu’elle ne maîtrise pas (informatique), l’URSS doit coopérer avec
l’occident.
Gorbatchev, dès 1985, renoue le dialogue avec les Etats-Unis. Les négociations aboutissent aux accords de
Washington de 1987 qui prévoient la destruction sous trois ans sur les forces nucléaires intermédiaires ou à
moyenne portée basés en Europe, entre Reagan et Gorbatchev.

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Au sommet de Malte en 1989, Gorbatchev et Bush annoncent un accord sur le désarmement chimique
(signé en 1990) et le futur accord START (StrategicArmsReductionTalks) sur la réduction des armements
stratégiques.
Résolution des conflits en Angola au Cambodge au Nicaragua retrait soviétique en Afghanistan
b. La fin de la guerre froide
 La fin du bloc soviétique et la disparition de l’URSS.
La chute du Mur de Berlin en novembre 1989 est le signe le plus manifeste de la nouvelle indépendance
des pays de l’Est jusqu’alors satellite de l’URSS.
Le pouvoir soviétique se disloque avec l’aggravation de la crise économique. Gorbatchev, de plus en plus
critiqué, doit faire face au putsch du 19 aout 1991 organisé par des hauts dignitaires du PCUS. Malgré
l’échec du putsch, le pouvoir est fragilisé.
Les différentes républiques proclament alors leur indépendance entre avril et décembre 1991 : la fin de
l’URSS est officialisée le 8 décembre 1991. Elle est remplacée par une fédération souple, la Communauté
des Etats indépendant (CEI). Gorbatchev, président d’une URSS qui n’existe plus démissionne.
 Le repli international de la Russie
La nouvelle Russie, dirigée par Eltsine, n’a plus les moyens de mener une politique internationale
d’envergure car la survie du pays dépend de l’aide accordée par les Etats-Unis.
Aussi fait-elle profil bas à l’ONU, s’alignant sur les propositions américaines.
CONCLUSION
Les relations Est/Ouest ont été marquées par une guerre froide violente (1947-1953), une pause relative
(1953-1975), une reprise de la tension (1975-1985) et une détente (1985-1991). La fin de la confrontation
entre les deux blocs ouvre pour les relations internationales une nouvelle ère dans laquelle dans laquelle les
Etats-Unis entendent jouer un rôle de superpuissance et gendarme planétaire.

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EVALUATION

Sujet : commentaire de texte

L'Europe au sortir de la guerre, réoccupée par deux gigantesques armées étrangères, fut
politiquement coincée entre deux centres de pouvoirs périphériques qui durent tôt y avouer leur
antagonisme fondamental. […]
Le point de vue le plus courant et le plus défendable fait naître la guerre froide dans
l'intervalle qui sépare la Conférence de Yalta (février 1945) et les grandes initiatives américaines
de la doctrine Truman (mars 1947) et du plan Marshall (juin), suivi du boycottage rageur de ce
plan par l'Union soviétique (juillet), de la constitution du Kominform. [...]. Trois ans d'histoire,
marqués par l'incapacité de faire la paix, d'où sort la guerre froide.
Le point névralgique européen par excellence restait évidemment l'Allemagne. L'année 1948
vit une intégration graduelle de ce pays au sein des puissances occidentales. […]. À la suite de
plusieurs conférences, l'Allemagne reçut progressivement un nouveau statut politique et
économique. […]. Cela, l'Union soviétique ne pouvait pas le tolérer. Elle décida d'employer la
manière forte. […].Les Occidentaux relevèrent le défi […]
À partir de 1950, la situation européenne devient relativement figée. […].La Corée, pour des
raisons analogues à l'Allemagne, deviendra un autre théâtre premier de la guerre froide. [..]. La
lutte entre les deux Corées entraînait la participation des U.S.A., laquelle entraînait celle de la
Chine, laquelle risquait d'entraîner en réaction en chaîne celle de l'U.R.S.S […].
Gérard Bergeron, « La guerre froide inachevée », Les Presses de l’Université de Montréal, 1971,
315 pp.

CONSIGNE
1- Présenter Harry Truman et Joseph Staline en précisant pour chacun sa fonction, sa nationalité,
son idéologie, et trois événements datés entre 1946 et 1953 auxquels son nom est attaché.
2- Dégager le contexte historique des événements en rappelant brièvement, de 1945 à 1947, les
éléments ayant contribué à la rupture de la grande alliance.
3- Commenter les passages soulignés.

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LEÇON 3 : LA CHINE DE 1945 AUX ANNEES 1990

SUPPORTS
Document 1 : La Chine en 1945
« Huit années de guerre avaient laissé derrière elles dévastations, désorganisation et souffrances physiques
(…) Seul un gouvernement fort désintéressé et efficace aurait pu faire face à ces difficultés aussi graves.
Le Guo Ming Dang qui sortait de la guerre, était loin d’avoir ces qualités. Les forces les plus réactionnaires
contrôlaient le parti. Le but suprême était de s’enrichir rapidement (…) Ses partisans avaient toujours été la
bourgeoisie industrielle et commerçante et les propriétaires fonciers. Il ne pouvait donc être question de
réforme agraire.
Il était alors évident que les communistes chinois étaient devenus une force indispensable à la consolidation
de la résistance (contre les japonais) mais aussi à la construction de l’avenir du pays. L’expansion
territoriale n’était qu’un des aspects du succès des communistes. L’autre résidait dans leur programme
politique et économique (…) Ils comptaient sur l’organisation des masses rurales. Leur nouvelle politique
agraire, plus tolérante, les aidait à attendre leur but.
Source : Tibor Mende, des mandarins à Mao, 1895-1949, le Seuil, 1962
CONSIGNE :
1- Relever dans le texte les protagonistes de la guerre civile en chine.
2- Montrer les facteurs favorables à la victoire des communistes en 1949.

Document 2 : La Chine à l’école du modèle soviétique.


Le premier plan quinquennal qui couvre les années 1953-1957, permit le démarrage industriel. Mais, bien
qu’exécuté de manière satisfaisante et ayant donné d’excellents résultats, il présentait de nombreux
inconvénients.
Il maintenait la chine dans la dépendance économique de l’U.R.S.S., les projets, le matériel, et la technique
étant tributaires de l’aide soviétique. Il se révélé très coûteux, « l’aide » soviétique n’étant pas gratuite, les
études voyant les choses trop en grand, avec d’imposant complexes onéreux à construire, lents à démarrer
et longs à amortir. Enfin, il mettait en place un type d’économie qui ne correspondait pas aux besoins réels
des chinois. Le modèle d’industrialisation soviétique se faisait au détriment de l’agriculture, en pressurant à
l’excès les paysans, c’est-à-dire la masse de la population. »
Source : TsienTcheHao,« L’empire du milieu retrouvé » Edition Flammarion, 1979.

Document 3 : Le Bilan du Grand Bond en avant


Les cadences démesurées imposées aux travailleurs et au matériel finirent par les épuiser. Et pour avoir
méconnu les limites matérielles de toute activité humaine que ne saurait remplacer l’élan révolutionnaire, le
« Grand Bond en Avant », hors de proportion avec les potentialités du pays, avait engendré des tensions que
sont venues aggraver les mauvaises récoltes (dues aux calamités naturelles ainsi qu’à la mise en place des
Communes populaires, […]), et surtout le retrait de l’aide soviétique. Les récoltes de céréales […] tombent de
190 à 155 millions de tonnes. Le PNB décroît de 32 % entre 1960 et 1961. Voilà donc remise en question la
politique d’industrialisation à outrance qui porte l’empreinte de l’esprit prométhéen de Mao. Le numéro 2 du
régime, Liu Shao-chi, et les éléments « réalistes » du parti vont s’opposer à l’aventure et contraindre Mao à
abandonner la présidence de la République pour ne lui laisser que la direction spirituelle du P.C.
Source :J.P. Brulé, La Chine a vingt ans, Fayard, 1969
CONSIGNE :
1- Document 2, Relever les facteurs de l’échec du premier plan quinquennal.
2- Document 3, Relever les causes de l’échec du Grand Bond en Avant et sa conséquence politique.

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Document 3 a: La Révolution culturelle


Où va la Chine ? Suivra-t-elle la voie socialiste ou la voie capitaliste ? C'est là non seulement la question
fondamentale de la politique chinoise, mais aussi une question touchant le sort de la révolution prolétarienne
mondiale. Sur cette question fondamentale, il existe, depuis plusieurs décennies, dans chaque étape du
développement de la révolution chinoise et à chaque tournant de la révolution, deux lignes diamétralement
opposées au sein du parti communiste chinois, entre lesquelles la lutte est acharnée. Une ligne soutient que la
révolution chinoise doit nécessairement, sous la direction du prolétariat, être menée jusqu'au bout pour réaliser
finalement le communisme. C'est là la ligne révolutionnaire prolétarienne incarnée par notre grand guide, le
président Mao.
L'autre ligne se propose de pratiquer le réformisme bourgeois, s'oppose à la révolution socialiste et à la
dictature du prolétariat, emprunte la voie capitaliste, c'est-à-dire cherche à ramener la Chine sur la voie
ténébreuse du régime semi colonial et semi féodal (...).
Source : Article publié à Pékin le 15 août 1967 par les rédactions du Drapeau Rouge et du Quotidien du
Peuple.

Document 3 b :
« Durant l’été 1966, les écoliers et étudiants deviennent les Gardes rouges. Encadrés par l’armée, ils sont
lancés à l’assaut de tous les pouvoirs établis, brûlent des livres et humilient les intellectuels. Les hommes en
place sont brutalisés, sont contraints à des autocritiques, se suicident. […] Des familles entières sont
emprisonnées. Les grandes villes sont paralysées par les grèves et les combats de rue. Les pouvoirs en place
sont remplacés à partir de l’été 1967 par les comités révolutionnaires. […]
On estime que la Révolution culturelle a causé entre 1 à 4 millions de morts. Mais on évalue à 100 millions le
nombre de ceux qui ont été estropiés, martyrisés, maltraités, humiliés.
Source : Jean Luc Domenach, « Les années Mao : révolution et tragédie », L’Histoire, n° 300, juillet-août
2005.
CONSIGNE
1. Document 3 a : Identifier les deux lignes politiques dans le parti communiste chinois et expliquer pourquoi
elles sont inconciliables.
2. Document 3 b : Relever dans le texte les conséquences humaines et sociales de la révolution culturelle.

Document 4-a : La politique économique Deng Xiaoping


Nous voici encore à un tournant de l’histoire de la Chine. En 1978, nous avons lancé « les quatre
modernisations ». Pour nous autres Chinois, il s’agit là, en un sens bien réel, d’une révolution ; et c’est une
révolution socialiste. Le but d’une révolution, consiste à libérer les forces productives d’un pays et à les
développer. Si une révolution perd de vue le développement et la modernisation de la production alors les
intentions et les finalités de cette révolution se réduisent à des mots sans contenu…
La Chine a maintenant adopté une politique d’ouverture sur le monde. Naturellement nous devons compter
avant tout sur nos propres ressources et efforts. Mais la modernisation serait ralentie si nous rejetons la
coopération internationale. Il n’existe aucun pays où le processus de modernisation s’est déroulé dans un
isolement total…
Source : Deng Xiaoping, les Questions fondamentales de la Chine aujourd’hui, 1982.

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Document4-b : Deng Xiaoping et lesZES


La réforme dans les régions rurales a porté ses fruits au bout de trois ; celle dans les villes demandera au moins
trois à cinq années avant de donner des résultats tangibles. […]Les zones économiques spéciales sont comme
des fenêtres ouvertes sur le monde ; elles permettent de faire rentrer chez nous les techniques, les modes de
gestions et les connaissances d’autres pays, et aussi de faire connaître notre politique extérieure. Par le biais de
ses zones, nous pouvons introduire des technologies, acquérir des connaissances et assimiler de nouvelles
méthodes de gestion, la gestion est aussi une forme de savoir. Certains des projets mis en œuvre peuvent
n’être pas très rentables pour le moment, mais à envisager les choses à long terme, ils sont avantageux et
fructueux.
Source : Deng Xiaoping, les Questions fondamentales de la Chine aujourd’hui, 1982.
CONSIGNE
1. Documents 4 a et 4 b : Identifier les deux axes de la politique économique de Deng Xiaoping.
2. Documents4 b : Expliquer l’intérêt des ZES pour le développement chinois.
3. Documents 4 a et b : Montrer que la politique économique de Deng Xiaoping Deng Xiaoping se démarque
de celle de Mao Zedong.

Document 4 : Les réformes libérales en chine


On peut distinguer deux phases dans les réformes. La première, entre 1978 et 1984, a concerné les zones
rurales. L’augmentation du prix des produits agricoles, l’encouragement à la consommation et le
développement de l’industrie locale ont progressivement réduit l’écart de revenus entre villes et campagnes. Si
l’introduction partielle de mécanismes de marché a joué un rôle annexe dans cette évolution positive, les
réformes étaient fondées sur des pratiques traditionnelles chinoises de répartition de la terre obéissant à des
principes d’égalité. La productivité agricole a augmenté et, pendant un temps, la polarisation entre zones
urbaines et rurales s’est atténuée. En 1984 a commencé une seconde phase, urbaine et généralement considérée
comme décisive pour le développement de l’économie de marché. Du point de vue social, cette période a été
caractérisée par la « décentralisation du pouvoir et des intérêts » (fangquanrangli) : un processus de
redistribution des avantages sociaux et des intérêts économiques, via le transfert à des intérêts privés des
ressources précédemment contrôlées et coordonnées par l’Etat (1). Les dépenses publiques ont fortement
baissé après 1978 et les gouvernements locaux se sont vu accorder un pouvoir et une indépendance accrus.
Source : Wang Hui, Le Monde Diplomatique, avril 2002.
CONSIGNE
1- Identifier les deux phases des réformes initiées en Chine après Mao
2- Dégager l’impact de ces réformes sur l’évolution économique de la Chine

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RESUME DU COURS

INTRODUCTION
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la guerre civile reprend en Chine, entre les nationalistes
du Guomindang et les communistes du PCC. Le 1 èr octobre 1949, Mao Zedong, secrétaire général du
PCC, s’installe à Pékin, marquant ainsi le triomphe de la deuxième révolution chinoise : la révolution
communiste qui donne à la République Populaire de Chine.
Depuis 1949, les communistes tentent d’édifier un Etat socialiste en Chine, à travers plusieurs
réformes économiques et sociales initiées d’abord par les conservateurs, puis par les réformateurs.
Après la période maoïste (1949-1976), Deng Xiaoping débute l’ère des réformateurs en abandonnant
la politique de Mao et en ouvrant la Chine sur monde occidental.
L’insuffisance des résultats ou l’échec de certaines des réformes ont conduit à des crises politiques et
sociales et à des situations de tension et de violence extrêmes.
I- LA DEUXIEME GUERRE CIVILE : 1945-1949.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la guerre civile reprend en Chine, entre les nationalistes
du Guomindang et les communistes du PCC. La naissance de la république populaire de Chine,
proclamée par Mao Tsé Toung à Pékin le 1 er Octobre 1949, est l’aboutissement d’une guerre civile
opposant nationaliste et communiste depuis 1927. Vaincus, les nationalistes se retirent dans l’île de
Formose actuel Taiwan.
II. La Chine sous l’ère MAO : 1949-1976
C’est la période dite des conservateurs. Mao entreprend de grandes réformes dans le but de
reconstruire son pays et d’édifier une société socialiste. Mais les échecs de certaines réformes
entraînent des crises politiques et sociales profondes.
1- Les débuts de la république populaire de Chine (1949-1953)
La tâche du nouveau régime apparaît alors difficile. Il faut reconstruire un pays entièrement dévasté,
réorganiser l’administration, moderniser l’économie et changer radicalement les mentalités.
-Au plan économique, La réforme agraire du 28 Juin 1950 redistribue 47 millions d’hectares de terre à
300 millions de paysans et les entreprises étrangères et celles de l’aristocratie chinoise sont
nationalisées.
-Au plan social, des efforts immenses ont été consentis en matière d’éducation et de santé. La loi sur le
mariage de 1950 cherche à émanciper la femme chinoise du système patriarcal. Une lutte a été
engagée contre la corruption, le gaspillage, la bureaucratie et les religions étrangères. Une dure
répression s’abat sur les « contre-révolutionnaires » qui sont physiquement éliminés (au moins 1
million de victimes) ou « rééduqués ».
2- Le 1er plan quinquennal : 1953-1957
En 1953 est adopté un plan quinquennal inspiré dans ses grandes lignes du modèle soviétique. Dans la
pure tradition stalinienne, il privilégie l’industrie (58,2% des investissements) au détriment de
l’agriculture (7,6%). Lancée avec prudence en 1953, la collectivisation des campagnes est
brusquement accélérée par Mao Tsé Toung. Quelques 120 millions de familles paysannes se
retrouvent ainsi organisées en coopératives à la fin de l’année 1956.
Malgré quelques résultats satisfaisants, le premier plan quinquennal présente beaucoup de
d’inconvénients: il maintient la Chine sous la dépendance de l’URSS parce que les projets, le
matériel, la technique, les techniciens, les investissements viennent de l’Union Soviétique. Les
complexes industriels sont onéreux (coûteux) à construire, lents à démarrer et longs à amortir. Ce
plan a mis en place un type d’économie qui ne correspondait pas aux besoins réels des chinois.
Lepremier plan quinquennal est donc un échec.
A la suite des difficultés économiques, la politique de Mao est remise en cause, lors du VIII ème
congrès du Parti Communiste Chinois (septembre 1956), Liu Shoaqi présente le rapport politique qui
est un désaveu modéré de la ligne de Mao et un plaidoyer pour une construction « pas à pas » du

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socialisme. Pour tenter d'apaiser les revendications, Mao encourage les chinois à critiquer les défauts
du régime : c’est la « campagne des Cent-Fleurs »(1956-1957).
En juin 1957, face aux critiques virulentes menées surtout par les intellectuels et les étudiants qui
dénoncent le mobilisme du parti, il lance la campagne de rectification et rééducation. Des milliers de
cadres et d’intellectuels sont arrêtés et envoyés dans les campagnes pour être rééduqués par le travail
manuel.
3- Le Grand Bond en Avant : 1958-1961
Il constitue une rupture nette avec le modèle soviétique et se fonde sur une stratégie de développement
décentralisé. Voie chinoise de développement, un raccourci vers le socialisme, le Grand Bond en
Avant devait permettre à la Chine de rattraper son retard sur la Grande Bretagne en 7 ans et sur les
Etats-Unis en 15 ans. Le Grand Bond consiste à mobiliser toutes les forces humaines pour pallier au
manque de capitaux et de techniciens par le travail des masses paysannes sous-employées. Les
communes populaires sont créées et deviennent alors une nouvelle unité de base. Elles sont non
seulement des unités économiques de production, mais aussi des unités de formation scolaire,
idéologique, sanitaire et militaire.
Les activités industrielle et agricole sont réconciliées : deux millions de hauts-fourneaux miniature
doivent fournir la fonte pour fabriquer les outils agricoles. A la fin de 1958, 750.000 coopératives
agricoles avaient été regroupées en 26.578 communes populaires avec, en moyenne, 5.000 familles
(environ) 22.000 personnes qui disposent de 4.500 ha de terre.
Le Grand Bond est aussi social par l’instauration d’un mode communautaire (crèches, repas communs
et gratuits, maisons de retraite) qui doit stimuler la productivité et créer une nouvelle forme de vie
égalitaire. Mais, le Grand Bond fut un échec retentissant qui s’explique avant tout par le caractère
irréaliste et improvisé de l’expérience, aggravé par :
- les calamités naturelles : typhon, inondation, sécheresse… ;
- les erreurs techniques : défrichement abusif entraînant l’érosion des terres ;
- les défaillances humaines ;
- le brusque retrait de l’aide et des experts soviétiques en 1960.
Les trois années de mauvaises récoltes entraînent une régression de 25% de la production agricole et la
famine qui suivit fait 30 millions de morts.
Au sein du parti, Mao est sévèrement critiqué par une tendance réformatrice animée par Liu Shoaqi,
Deng Xiao Ping, Peng Dehuaï… Ces derniers contraignent en 1959 Mao à céder la présidence de la
République à Liu Shoaqi. En 1961, Zhou En Laï procède à un réajustement économique et social :
redistribution de lopins de terre aux paysans, importations de produits alimentaires et contrôle des
naissances.
Au total, Mao a introduit plusieurs réformes, mais les erreurs qu’il a commises ont provoqué de graves
crises politiques.
4- La révolution culturelle prolétarienne de 1966
Elle est lancée officiellement le 16 mai. Pour Lin Biao, « la grande révolution culturelle prolétarienne
vise précisément à éliminer l’idéologie bourgeoise, à établir l’idéologie prolétarienne en transformant
l’âme du peuple, en révolutionnant son idéologie, en extirpant les racines du révisionnisme et en
développant le système socialiste. ». En réalité, la révolution culturelle est pour Mao un prétexte pour
reprendre le pouvoir perdu après l’échec du Grand bond en Avant. Mao s’appuie sur la jeunesse
étudiante contestataire, organisée en Gardes Rouges, contre les réformateurs accusés de s’être engagés
dans la voie capitaliste. Des affrontements violents opposent les deux campsfaisant des millions de
morts aboutissent au retour de Mao au pouvoir en 1969.Cependant à partir de 1969, la chine entre dans
une nouvelle phase avec son accession à la scène internationale (membre permanent du conseil de
sécurité en 1971, visite officielle du président Nixon à Pékin en février 1972).
Entre 1971 et 1976, la Chine entre dans une période d’anarchie politique causée par les divergences
entre Mao et Lin Biao. Mao affaibli, la vie politique se réduit de plus en plus à une lutte au sommet

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entre les conservateurs, dirigé par la « bande des quatre » dont la femme de Mao, Jiang Qing, Wang
Hongwei, Zhang Shunqio, Yao Wenyuan etles réformateurs dirigés par Hu Yao Bang et Deng
Xiaoping.
En Janvier 1976 Zhou En Laï meurt, suivi en Septembre par Mao. La disparition de Mao entraîne
l’élimination des conservateurs, car dans la nuit du 6 au 7 octobre 1976, Hua Guofeng, 1 er ministre
depuis la mort de Zhou En Laï et qui assurait la présidence du parti, fait procéder à l’arrestation de la «
bande des quatre».
II- LA CHINE SOUS L’ERE DES REFORMATEURS
Ecarté du pouvoir pendant la révolution culturelle, Deng Xiaoping est réhabilité. En juillet 1977, il
devient vice- président, du comité central, vice – premier ministre et chef d’état-major. En 1978, il
parvient à conquérir tout le pouvoir.
Deng Xiaoping adopte l’économie socialiste de marché. Elle axée sur la décollectivisation des
campagnes et l’ouverture sur le monde occidental :
1. Décollectivisation des campagnes et politique d’ouverture
La réforme économique intérieure met l’accent sur l’abandon des communes populaires et le
lancement des quatre modernisations (agriculture, industrie, défense nationale et science et technique).
La terre est louée aux paysans sur des bases familiales, marquant le retour à l’exploitation familiale qui
s’accompagne d’une spécialisation et d’une orientation des cultures vers la commercialisation. Le
paysan livre une partie de sa production à l’Etat à un prix fixé et vend le reste sur le marché libre.
Au plan international, Les grands choix de développement ouvrent le pays sur le monde capitaliste. En
1980, la Chine adhère au FMI et à la banque mondiale, afin de disposer du financement occidental et,
en 1984, les ZES sont créées sur la façade orientale du pays et réservées aux entreprises occidentales.
Au plan politique, la Chine entretient des relations diplomatiques avec les Etats-Unis, le Japon et
l’URSS.
2. Une évolution politique contrôlée par le parti.
Le maintien de la mainmise du PCC et de l’armée sur les instances dirigeantes de l’Etat montre
clairement l’opposition de Deng Xiaoping à faire des réformes démocratiques. Cela conduit à de
graves crises politiques : affrontements violents au Tibet entre 1987 et 1990 et répression des étudiants
à la place Tian An Men, en avril-juin 1989, pour avoir réclamé la « 5 èmemodernisation », c’est à dire
plus de démocratie.
En 1993, Jiang Zemin remplace Deng Xiaoping et initie un système d’actionnariat privé dans les
entreprises d’Etat. Le 5 mars 1998, le 1er ministre Li Peng annonce une restructuration de
l’administration accompagnée de licenciements massifs.
CONCLUSION
La construction du socialisme en Chine s’est réalisée en deux phases :
- De 1949 à 1976, les conservateurs, sous la direction de Mao ont maintenu un cadre politique
rigoureux et développé, une économie fortement marquée par la planification et les grands projets qui
ont souvent échoués.
- Et de 1978 à nos jours, les réformateurs, dirigés par Deng Xiaoping ont entrepris le processus de
modernisation de la Chine avec le socialisme de marché. Le pays est ouvert aux investissements
étrangers.
Toutefois le régime chinois reste encore dur et réfractaire aux influences étrangères. Finalement, la
Chine est économiquement ouverte et politiquement fermée aux influences étrangères

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EVALUATION

Sujet : Commentaire de texte


Le 1er octobre 1949, Mao Zedong consacre sa victoire du haut du cœur symbolique de la
Chine : la place Tiananmen. Devant lui, plusieurs centaines de milliers de personnes sont
rassemblées…Loin d’exalter les valeurs marxistes, les premiers mots de Mao Zedong ont une
tonalité nationaliste. « Nous les 475 millions de Chinois, nous nous sommes levés et notre
futur est infiniment lumineux! » clame-t-il. En cet automne 1949, au sortir d’une guerre civile
et d’un conflit avec le Japon dont le bilan en vies humaines s’élève sans doute à une quinzaine
de millions de morts, Mao veut incarner la revanche de la Chine contre ces puissances
nippone, européennes et russe qui, à partir du milieu du XIXe siècle, ont imposé leurs diktats
économiques et militaires à une Chine affaiblie. Le lendemain de ce discours, l’Union
Soviétique, dirigé par Staline, reconnaît officiellement le « gouvernement central populaire de
la Chine », dont on estime à Moscou qu’il « exprime la volonté de l’écrasante majorité du
peuple chinois ». Alors que la Chine s’apprête à célébrer en fanfare, le 1er octobre 2009, le
soixantième anniversaire de la création de la République populaire, l’image du président Mao
reste avant tout celle du vainqueur, de celui qui a redonné à l’Empire sa dignité. Avec le
temps, les souvenirs du catastrophique «du Grand Bond en Avant », de la terrible révolution
culturelle et de la dictature maoïste semble s’être estompés. Pour beaucoup de jeunes, ces
tragédies sont perçues, au mieux, comme les étapes regrettables d’un passé flou et souvent
presque ignoré. Deng Xiaoping, qui fut un disciple de Mao et qui lui succéda à la tête du pays
à sa mort en 1976, estimait que Mao, c’était « bien à 70% et mauvais à 30% ». Ses
successeurs ont repris la formule et personne, au faîte du pouvoir, n’irait se risquer à écorner
l’image du Grand Timonier par crainte d’éroder la légitimité du parti.
Source : Bruno Philip « Mao Zédong à la barre de l’Histoire », LE MONDE 22-07-2009

CONSIGNE
1- Présentez le principal personnage évoqué dans le texte en précisant sa nationalité, sa
fonction et son idéologie politique.
2- Dégagez le contexte historique des événements relatés dans le texte. Puis relever deux
événements qui ont marqués le règne de Mao en chine et expliquer un de votre choix.
3- dégager la portée historique de l’échec de la politique économique de Mao en mettant
l’action sur les réformes économiques initiées par son successeur.

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DEUXIEME PARTIE : DECOLONISATION ET AFFIRMATION DU TIERS MONDE


LEÇON 4 : CAUSES GENERALES DE LA DECOLONISATION

SUPPORTS
Document1 :
« On ne peut lutter contre la servitude fasciste et en même temps ne pas libérer sur toute la surface du
globe les peuples soumis à une politique coloniale rétrograde. »
Source : Propos du président des Etats-Unis, Roosevelt à Churchill, le 14 août 1941.

Document 2 :
Au XIXe siècle, les puissances occidentales ont pratiqué le colonialisme. […]Il est inéluctable que ce
colonialisme soit transitoire et ne se supprime de lui-même. […] Nous n’avons pas oublié que nous
fûmes la première colonie à arracher l’indépendance. Et nous n’avons donné de chèque blanc à aucune
puissance coloniale. Il n’a pas le moindre doute dans notre conviction que la transition du statut
colonial à l’autonomie doit être menée à une complète réalisation.
Source : J F Dulles, secrétaire d’Etat des Etats-Unis, discours devant le Congrès des organisations
industrielles 18 novembre 1953.

Document3:
« La crise du système colonial se manifeste par le puissant essor du mouvement de libération nationale
dans les colonies et les pays dépendants. […] L’URSS est le seul vrai défenseur de la liberté et de
l’indépendance de toutes les nations, un adversaire de l’oppression nationale et de l’exploitation
coloniale sous toutes ses formes. »
Source : Andreï Jdanov, Rapport sur la situation internationale, septembre 1947.

Document4:Résolution de l’ONU sur la décolonisation en 1952


« Les États membres de l’Organisation doivent reconnaître et favoriser la réalisation, en ce qui
concerne les populations des territoires sous tutelle placés sous leur administration, du droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes et doivent faciliter l’exercice de ce droit aux peuples de ces
territoires, compte tenu des principes et de l’esprit de la charte des Nations unies en ce qui concerne
chaque territoire et de la volonté librement exprimée des populations intéressées, la volonté de la
population étant déterminée par voie de plébiscite ou par d’autres moyens démocratiques, reconnus, de
préférence sous l’égide des Nations unies. »
Source : ONU Résolution 637. Droit des peuples et des nations à disposer d’eux-mêmes. Nations
unies, 403ème séance plénière, 26 décembre 1952.
CONSIGNE : A l’aide des documents 1 à 4 Montrez la position des deux superpuissances et de
l’ONU sur la question coloniale et leurs motivations.

Document 5 :L’impact de la Seconde guerre Mondiale


Un effort de guerre exceptionnel fut demandé aux peuples africains (…). La fin de la guerre va amener
le légitime désir de retrouver un rythme de vie normal, moins inhumain. Mais les principes coloniaux
eux-mêmes inculqués par l’Education et la pratique administrative, ne débouchaient-ils pas sur la
revendication anticolonialiste quand on les poussait au bout de leur logique ? (…).
N’oublions pas non plus que les pays colonisateurs ne présentaient pas un front homogène à cet égard.
Source : Joseph Ki-Zerbo, Histoire de l’Afrique Noire d’Hier à demain, Hatier, Paris, 1978.

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Document6 : La colonisation s’est autodétruite


On ne saurait comprendre les décolonisations sans prendre en compte les bouleversements engendrés
par les colonisateurs. Un des résultats majeurs de celles-ci, fut d’avoir déterminé l’apparition de
catégories sociales nouvelles, qui, le moment venu, se retournèrent contre les colonisateurs.
Le poids de la seconde guerre mondiale fut tout autre (…). La victoire de l’Allemagne avait ébranlé
l’Afrique et le Moyen-Orient. Le conflit transforma ainsi les empires coloniaux en enjeux majeurs et
sanctionna l’abaissement des puissances coloniales
Les puissances coloniales européennes ne peuvent ignorer les contestations grandissantes dans leurs
possessions coloniales, d’autant plus que ces dernières s’inspirent des principes de liberté et de droits
des peuples à disposer d’eux-mêmes invoqués par les alliés et rencontrèrent la sympathie et le soutient
effectif (…) des Etats-Unis. A la fin de la guerre, il n’était plus possible aux puissances européennes
de ne pas tenir compte de l’opinion internationale.
Source : Marc Michel, Décolonisation et émergence du Tiers-monde, Hachette, 1933.
CONSIGNE
1. Documents 5 et 6 : Relever les facteurs internes de la décolonisation.
2. Document 6 : Citer les conséquences de la seconde guerre mondiale sur le processus de
décolonisation.

Document 7 : L’affirmation du tiers-monde


« Nous sommes résolus à n’être d’aucune façon dominés par aucun pays, par aucun continent. Nous ne
sommes pas des « béni-oui-oui » qui disent oui à tel ou tel pays. Nous sommes des grands pays du
monde et nous voulons vivre libres sans recevoir d’ordre de personne. Nous attachons de l’importance
à l’amitié des grandespuissances, mais à l’avenir, nous ne coopérerons avec elles que sur pied
d’égalité. C’est pourquoi, nous élevons notre voix contre le colonialisme dont beaucoup d’entre nous
ont souffert pendant longtemps. Et c’est pourquoi nous devons veiller à ce qu’aucune forme de
domination ne nous menace. Nous voulons être amis avec l’Ouest, avec l’Est, avec tout le monde. Le
seul chemin qui nous va droit au cœur et à l’âme est celui de la tolérance, de l’amitié et de la
coopération. »
Source : extrait du discours de Nehru, Bandung, 24 avril 1955.

Document8 : Le communiqué final de la de conférence de Bandung


« La conférence est d’accord pour déclarer que le colonialisme est un mal auquel il doit être mis fin
rapidement :
1- Pour déclarer que la question des peuples soumis à l’assujettissement à l’étranger, à sa domination et
à son exploitation constitue une négation des droits fondamentaux de l’homme, est contraire à la
charte des Nations Unies empêche de favoriser la paix et la coopération mondiales.
2- Pour appuyer la cause de la liberté et de l’indépendance des peuples.
3- Pour demander aux puissances intéressées qu’elles accordent la liberté et l’indépendance de ces
peuples.
Source : Communiqué final de la conférence de Bandung, 24 avril 1955.
CONSIGNE
1. Donner deux raisons à l’origine de la conférence de Bandung et dresser la liste des pays présents,
en en identifiant les initiateurs et les pays africains.
2. Document 3 : Expliquer le refus de l’alignement des pays présents à Bandung et le changement
qu’il introduit dans la géopolitique mondiale.
3. Document 4: Expliquer l’engagement des signataires du communiqué final à lutter contre la
colonisation.

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RESUME DU COURS

INTRODUCTION
La décolonisation est le processus par lequel, les peuples colonisés cherchent à reconquérir leur
indépendance, leur souveraineté, leur identité et leur reconnaissance internationale.
Débuté dans la période entre les deux guerres mondiales, le processus de décolonisation s’est accéléré
après 1945, grâce à contexte international favorable, l’essor des mouvements d’indépendance dans les
colonies et l’affaiblissement des puissances coloniales européennes sortent très de la guerre.
Les causes de la décolonisation sont donc à la fois externes et internes. La décolonisation a donné
naissance à la plupart des pays africains et asiatique et reste un des faits marquants de l’après-guerre
Seconde Guerre Mondiale.
I. LES CAUSES INTERNES
Par causes internes de la décolonisation, il faut comprendre l’ensemble des éléments ayant rendu
possible le processus de décolonisation et qui sont à rechercher au sein des empires coloniaux ou des
colonisés.
1- Les contradictions internes du colonialisme et la prise de conscience
La colonisation est victime de ses propres contradictions. En effet, dans sa « mission civilisatrice »,
l’Europe a inculqué les idéaux de liberté, d’égalité et de justice aux peuples colonisés sans toutefois
les appliquer. La mise en place de l’administration coloniale, l’effort de guerre, la création de certaines
institutions, la formation des cadres africains et code de l’indigénat qui encourageait les pratiques
ségrégationnistes et avilissantes ont alimenté une grande prise de conscience au sein des colonisés.
Ces derniers dénoncent la langue, les pratiques et la civilisation du colonisateur, affirment leurs
identités et affichent leur désir de se libérer. Ceci va très vite favoriser une prise de conscience et
l’éclosion d’un sentiment national.
2. L’affirmation du nationalisme
Les mouvements nationalistes se sont souvent déjà manifestés dans l’entre-deux-guerres, sans réellement
inquiéter les métropoles.
Avant la Seconde Guerre mondiale, ils se sont développés sous l'impulsion de nouvelles élites
indigènes. Elles été souvent formées à l'école de l'Occident mais se voient exclues des responsabilités
politiques et administratives des colonies. Gandhi, leader de l'émancipation indienne, a fait ses études
d'avocat au Royaume-Uni. Nehru est arrivé en Grande-Bretagne à l'âge de seize ans et a fait ses études
à Cambridge. Ferhat Abbas, l'un des auteurs du Manifeste du peuple algérien, était pharmacien. Habib
Bourguiba, leader nationaliste tunisien, a étudié le droit en France. Senghor fut le 1 er noir agrégé en
grammaire
Après la Seconde guerre mondiale, ces élites reprennent à leur compte les idéaux de démocratie et de
liberté développés en Occident et réclament l’application à leurs métropoles du droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes, contenu dans la Charte de l’Atlantique puis repris par la charte des Nations-
unies.
Accédant à la conscience politique, les élites retournent à leurs cultures originelles pour mener leurs
peuples à l’indépendance : Gandhi, à la conscience religieuse, Senghor développe la négritude… Le
nationalisme est souvent renforcé par un idéal révolutionnaire comme au Vietnam.
Ces élites deviennent des hommes-symboles et se mettent à la tête des partis politiques, véritables
moteurs de l’émancipation et dont certains comme le PAI (Parti Africain pour l’Indépendance),
L’ISTIQLAL ( Maroc), le parti du Congrès (Inde), le Vietminh (Ligue pour l’indépendance du
Vietnam)… ont très tôt affiché leur principal objectif, l’indépendance et ont reçu le soutien des
syndicats, des mouvements étudiants et religieux.
3. Des conférences importantes
Elles ont marqué l’opposition des Asiatiques et des Africains à toute forme de domination.

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- Conférence de Bandung : 14-25 avril 1955, la conférence afro-asiatique qui s’est tenue à Bandung
(Indonésie) a réuni 29 Etats, 23d’Asie et 6 d’Afrique, (Egypte, Ethiopie, Ghana, Libéria, Libye et
Soudan) pour la plupart récemment décolonisés. La résolution finale condamne la colonisation sous
toutes ses formes et exigent des grandes puissances qu’elles respectent leur indépendance par la non -
ingérence dans les affaires intérieures des Etats, le respect des droits de l’homme… C’est à Bandung
que les premiers signes de l’affirmation du tiers monde sont apparus.
- Conférence d’Accra : Novembre-Décembre1958, la Conférence panafricaine des Peuples qui réunit
à Accra (Ghana), les Etats indépendants d’Afrique (Egypte, Ethiopie, Ghana, Libéria, Libye, Maroc,
Soudan, Tunisie) proclament le principe du soutien aux mouvements émancipateurs de la tutelle
coloniale en Afrique.
Conférence de Belgrade : 1-6 septembre 1961, à Belgrade (Yougoslavie), une nouvelle conférence
réunit les pays afro-asiatiques auxquels se joignent Cuba et la Yougoslavie. A l’initiative de Tito et de
Nehru y est défini le concept de neutralisme. Les signataires de la Conférence déclarent œuvrer pour la
coexistence pacifique, soutenir les mouvements de libération nationale comme le FLN algérien,
n’appartenir a aucune alliance et refusent toute base militaire étrangère sur leurs territoires.
Mais assez rapidement le mouvement des non-alignés prend un caractère ambigu. En effet, le
mouvement des non-alignés n’est plus uniquement un groupement d’anciennes colonies (présence de
la Yougoslavie), et surtout certains pays membres sont tout à fait communistes (Yougoslavie, Cuba,
Vietnam). Son caractère neutraliste devient donc pour le moins suspect. A ces conférences on peut
ajouter des courants de pensées tels que l’Asiatisme, Panarabisme le Panafricanisme…
II. LES CAUSES EXTERNES
Elles sont liées à la seconde guerre mondiale.
1. L’impact de la Seconde Guerre Mondiale
La 2 ème guerre mondiale a porté un coup rude au prestige des puissances coloniales se croyaient
impériales. Les défaites rapides de la France, la Belgique, des Pays-Bas et les souffrances de la Grande
Bretagne devant l’Allemagne, ont permis aux soldats coloniaux de démythifier la suprématie de
l’homme blanc. Ces puissances coloniales sont sorties de la guerre affaiblies et n’ont plus les moyens
d’imposer l’ordre colonial.
Enfin, la charte de l’atlantique, signée en Août 1941, par Roosevelt et Churchill, proclame le droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes. Une fois la guerre terminée, les peuples coloniaux vont réclamer ce
même droit à leurs métropoles.
2. L’anticolonialisme des deux superpuissances
Les Etats-Unis et l’URSS ont eu une attitude anticoloniale qui a été d’un grand apport dans
l’émancipation des colonies. Cependant, ils avaient des motivations différentes.
L’anticolonialisme des Etats-Unis s’explique par trois raisons principales : Une raison d’ordre
historique, car les Etats-Unis ont connu aux cours de l’histoire, la colonisation britannique. Ils se sont
libérés après une guerre d’indépendance et par conséquent, comprenaient les aspirations d’un peuple à
recouvrer sa liberté. Une raison d’ordre commerciale, au nom de la doctrine de la « porte ouverte » et
une raison politico-stratégique qui s’inscrit dans la politique d’endiguement du communisme.
L’anticolonialisme de l’URSS est d’abord d’ordre idéologique. La pensée marxiste-léniniste s’oppose
à toute exploitation de l’homme par l’homme. Pour Lénine, « l’impérialisme est le stade suprême du
capitalisme ».Depuis le Congrès de Bakou en 1920, le Kominterm (IIIème Internationale Socialiste)
soutient l’émancipation des peuples colonisés. Ensuite, le prestige de l’URSS après 1945, l’ext ension
du socialisme à d’autres pays, et les solidarités qui unissent les Etats-Unis aux colonisateurs
européens, contribuent à rapprocher communistes et nationalistes. En Indochine, la France doit
affronter un mouvement dirigé par le communiste, Ho Chi Minh, soutenu par l’URSS et, à partir de
1949, par la Chine Populaire.
Enfin, dans le contexte de la guerre froide, le communisme international a intérêt à aider des
mouvements qui affaiblissent et déstabilisent les puissances européennes.

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3. Le rôle de l’ONU
L’ONU a été créée pour maintenir la paix la paix et la sécurité internationales et la charte de
l’organisation en 1945 insistait sur le droit des peuples à un gouvernement autonome. En Décembre
1960, l’assemblée générale de l’ONU adopte une résolution dont l’article 1 stipule « la sujétion des
peuples à une domination et à une exploitation étrangères, constitue un défi des droits fondamentaux
de l’homme et contraire à la charte des nations unies et compromet la cause de la paix et de la
coopération internationales. » Le Conseil de tutelle devait prendre en charge la question de
l’émancipation des colonies d’abord italiennes et allemandes.
L’ONU servira de tribune où les pays récemment émancipés viendront critiquer les méfaits de la
colonisation.
CONCLUSION
Après la seconde guerre mondiale, la décolonisation devient une question importante dans la
géopolitique internationale. Lorsque le processus s’est accéléré grâce aux retombées de la guerre, il fut
irréversible tant la détermination des nationalistes était grande. Les métropoles en déclin seront alors
contraintes à leur accorder l’indépendance.

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EVALUATION

Sujet : Commentaire de texte


A la différence de sa devancière, la deuxième guerre mondiale est marquée par tout un
ensemble de reculs impériaux et entraîne une contestation radicale du pouvoir colonial. […]
L’effondrement sur le plan international des pays coloniaux va de pair avec la promotion des
deux grands vainqueurs de la guerre favorable l’un et l’autre à la décolonisation. […] Ce
double anticolonialisme n’est exempt ni d’hypocrisie ni d’arrière-pensées dans la mesure où il
s’accommode d’un impérialisme des deux puissances sur leur sphère de domination
respectives, dans la mesure où ce zèle masque mal une certaine convoitise sur les dépouilles
des empire coloniaux. […]
Fondée sur les principes du maintien de la paix et de la libération des peuples, l’ONU a
également épaulé la décolonisation. Si les dispositions de la Charte sont en matière assez
timorées, l’ONU s’est investie dès 1948 dans l’indépendance de l’Indonésie, et la création en
1960 d’un Comité de décolonisation a été un puissant levier. […] La montée de l’afro-
asiatique va trouver à la conférence de Bandung, en avril 1955, un écho médiatique qui va
puissamment accélérer les indépendances africaines.
Bernard Droz, La décolonisation, Revue La documentation photographique, n° 8062,
mars-avril
CONSIGNE
1- Présenter deux figures de la décolonisation en Afrique et en Asie en précisant pour chacun
sa nationalité la forme de décolonisation choisie.
2- Dégager le contexte historique des événements du texte en citant les causes de la
décolonisation qui y sont abordées expliquer une cause de votre choix.
3- Dégager la portée historique des faits relatés dans le texte les différentes forme de
décolonisation

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LEÇON 5 : LES FORMES DE DECOLONISATION

SUPPORTS

Document 1 : La décolonisation non violente selon Kwame Nkrumah


« Je signalai qu‘il y avait deux manières d‘acquérir l‘autonomie, l‘une par la révolution armée et
l‘autre par des méthodes non violentes constitutionnelles et légitimes. (…) Nous préconisions la
seconde méthode. La liberté, on ne l‘avait cependant jamais accordée à un aucun pays colonial sur un
plateau d‘argent ; on ne l‘avait gagnée qu‘après d‘amères et de vigoureuses luttes. A cause du retard
des colonies en matière d‘instruction, la majorité des gens était illettrée et il y avait une seule chose
qu‘ils puissent comprendre, à savoir l‘action. Je décrivis l‘action positive comme l‘a doption de tous
les moyens légitimes et constitutionnels par lesquels nous pouvions attaquer les forces de
l‘impérialisme dans le pays. Les armes étaient l‘agitation politique, les campagnes de presse et
d‘enseignement et, comme dernière ressource, l‘application constitutionnelle de grèves, de
boycottages et de non coopération basés sur le principe de non-violence absolue, tel que Gandhi en a
usé dans l‘Inde »
Source : Kwame Nkrumah, « La naissance de mon parti et son programme d‘action positive »,
Présence Africaine, mars 1957.
CONSIGNE
1- Identifiez les formes de décolonisation évoquées dans le texte.
2- Relever dans le texte les moyens de lutte de la forme développée par l’auteur de
décolonisation.

Document 2
Dans l’ensemble, les métropoles n’étaient pas prêtes à admettre le nouveau statut dont se réclamaient
les colonies. La Grande Bretagne seule appliqua avec succès dès le lendemain de la guerre aux Inde et
Ceylan le « procédé du Commonwealth », avant d’en faire bénéficier non sans réticences et difficultés
ses possessions Ouest Africaines.
Les autres puissances coloniales refusèrent de pratiquer la décolonisation « acceptée ». Elles
n’admettaient pas que les mouvements qui se manifestent parmi les peuples d’Asie et d’Afrique
constituaient une vague de fond dont la marche était irréversible.
L’esprit de domination subsistait chez elles et trouvait son principal aliment dans leur faiblesse
momentanée : tout abandon d’une parcelle de suprématie politique leur paraissait être le d ébut de la
décadence totale ; le maintien de l’autorité était la condition indispensable au maintien d’intérêts et de
liens économiques, gage de leur puissance future… Ne pouvant arrêter une évolution foudroyante qui
emportait l’ensemble du monde extra européen, elles s’efforçaient de la neutraliser dans leurs
possessions…
Ce n’est qu’après des expériences amères, des échecs répétés que les puissances coloniales prirent
conscience de la réalité et cherchèrent avec les populations colonisées la création de nouveaux
rapports.
Source : Henri Grimal, la découverte de 1919 à nos jours, Edition Complexe, 1985.
CONSIGNE
1- Montrez le réalisme politique de la Grande Bretagne.
2- Expliquer le passage souligné en insistant sur le cas de la France et du Portugal.

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Document 3 : Les vertus de la non-violence
« La non-violence est la plus grande force que l‘humanité ait à sa disposition. Elle est plus efficace que
l‘arme la plus destructrice inventée par l‘homme. La résistance passive est une arme dont les vertus
sont multiples. Elle attire des bénédictions sur celui qui en fait usage. Et sur celui contre qui on
l‘emploie. Sans faire couler une goutte de sang, elle obtient des résultats extraordinaires. Cette arme ne
rouille jamais et personne ne peut la voler… Notre non-coopération ne s’en prend pas aux Anglais, ne
à l’Occident, mais au système que les Anglais nous ont imposé et à la civilisation matérialiste qui
encourage la cupidité et l‘exploitation des faibles… Notre non -coopération se traduit par un refus
de coopérer avec les administrateurs anglais à partir des conditions qui sont les leurs… Le
nationalisme indien ne jette aucune exclusive, n‘a rien d‘agressif et ne veut rien détruire. Il cherche à
redonner la santé, il est religieux et, de ce fait, humanitaire. »
Source : Mahatma Gandhi, Tous les hommes sont frères, Gallimard.
CONSIGNE :
1- Identifiez la forme de décolonisation adoptée par le Mahatma Gandhi.
2- Relever dans le texte les vertus de la non-violence selon Gandhi.

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RESUME DU COURS
INTRODUCTION
Considérée comme une nécessité historique et irréversible, la décolonisation n’a pas revêtu partout la
même forme. Elle a été tantôt violente, tantôt pacifique. Les formes dépendent des réalités propres à
chaque pays, de l’attitude de la puissance colonisatrice et à un contexte international très favorable.
Cependant, il est difficile de faire un bilan des impacts des deux formes de décolonisation dans les
Etats africains, car elle les a entrainés soit dans une situation d’instabilité socioéconomique et
politique ou les a mis dans un état de dépendance nouvelle à la métropole (néocolonialisme).
I. LA FORME PACIFIQUE
1- Définition
On parle de décolonisation pacifique lorsque l’indépendance est obtenue sans le recours à la lutte
armée entre la colonie et la métropole. Dans ce cas on dit que la métropole a « réussi » sa
décolonisation.
Toutefois, cette forme ne signifie pas passivité ou docilité généralisée des mouvements nationalistes.
Dans certains cas, la revendication de l’indépendance est très vigoureuse, même s’il n’y a pas eu
guerre de libération nationale.
2- Les causes de la décolonisation pacifique
On peut retenir trois conditions fondamentales :
- Le réalisme politique de la métropole : il est en grande partie tributaire de la politique coloniale
adoptée par la métropole.
 « L’indirect rule » britannique a toujours accepté dans ses principes l’émancipation des
colonies. De ce fait, après l’indépendance du Ghana en 1957, les autres colonies anglaises
d’Afrique Noire obtiennent l’indépendance par la négociation. En Asie l’Inde et les pays
environnant (Birmanie, Ceylan, Malaisie, Singapour) accèdent à l’indépendanceengagement
armée contre les anglais. La plupart des ex-colonies adhèrent le « Commonwealth » créé en
1931.
 La France, bien qu’ayant accepté difficilement et tardivement l’irréversibilité de la
décolonisation au Maroc et en Tunisie. Elle est parvenue à une décolonisation pacifique en
Afrique noire où les pays sont passés par divers statuts (loi-cadre, autonomie interne) avant de
parvenir à l’indépendance en 1960.
- L’existence d’une élite disposée au dialogue : l’élite politique ne pose pas l’indépendance comme
un objectif immédiat à atteindre. Elle est souvent disposée à collaborer encore avec le colonisateur.
-L’impact de la guerre froide : la menace communiste a contraint, pour une part, la puissance
coloniale à lâcher le pouvoir au profit des nationaux. Le souci de limiter l’expansion communiste est
d’ailleurs l’une des conditions politiques de décolonisation de l’occident.
L’interaction de tous ces facteurs a favorisé la décolonisation pacifique avec des conséquences
considérables dans l’évolution future des nouveaux Etats indépendants.
3- Les impacts de la décolonisation pacifique
Elles se traduisent par le maintien des intérêts du colonisateur grâce à des hommes sûrs qualifiés
souvent « d’amis ».
Les relations politiques, économiques, militaires et culturelles sont toujours maintenues par la création
(Commonwealth, Francophonie) ou de structures appropriées, telles que les zones monétaires
(CFA). En somme, c’est cette décolonisation qui constituait la germe de ce qui est appelé aujourd’hui
le néocolonialisme.
II- LA DECOLONISATION VIOLENTE
C’est une forme de décolonisation ou l’indépendance est obtenue à la suite d’une lutte armée entre la
métropole et la colonie. On dit que la décolonisation est « ratée ».

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1- Les facteurs ou conditions de la décolonisation violente
Trois facteurs expliquent cette décolonisation violente :

-L’entêtement du colonisateur : il est le plus souvent, lié à trois types de pressions : le poids
économique et stratégique de la colonie pour la métropole, l’existence de groupes de pressions sur le
pouvoir colonial à l’intérieur de la colonie (exemple des pieds noirs en Algérie) et le rôle des forces
conservatrices dans la métropole (qui s’opposent à l’indépendance).
-L’existence de mouvements de libération radicaux et organisés : ce sont des mouvements
suffisamment mûrs pour revendiquer l’indépendance immédiate, sans compromis ni conditions. C’est
le cas des mouvements marxistes-léninistes (Vietminh en Indochine, colonies portugaises) ou bien
nationalistes comme le FLN d’Algérie
-L’existence d’un soutien extérieur : les guerres de libération doivent leur durée et leur ampleur au
soutien extérieur. Celui-ci obéit souvent à des préoccupations idéologiques et stratégiques. Ce soutien
peut aussi traduire une solidarité culturelle comme l’action du monde arabe en Algérie.
2- Les conséquences de la décolonisation violente
D‘une manière générale, la décolonisation violente a entrainé une rupture brutale et totale entre
l‘ancienne colonie et métropole. Comme le redoutait l‘Occident, ces nouveaux Etats renforcent le
camp socialiste d‘où des tentatives de déstabilisation menées par les Occidentaux qui soutiennent des
mouvements de guérillas comme l‘UNITA en Angola et la RENAMO au Mozambique.

CONCLUSION
Les mouvements de décolonisation ont favorisé la naissance de nouveaux rapports dans les relations
internationales, soit par le biais du néocolonialisme soit par celui de la guerre froide.

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EVALUATION
Sujet : Commentaire de texte
Document 1 : La décolonisation non violente selon Kwame Nkrumah
« Je signalai qu‘il y avait deux manières d‘acquérir l‘autonomie, l‘une par la révolution armée
et l‘autre par des méthodes non violentes constitutionnelles et légitimes. (…) Nous
préconisions la seconde méthode. La liberté, on ne l‘avait cependant jamais accordée à un
aucun pays colonial sur un plateau d‘argent ; on ne l‘avait gagnée qu‘après d‘amères et de
vigoureuses luttes. A cause du retard des colonies en matière d‘instruction, la majorité des
gens était illettrée et il y avait une seule chose qu‘ils puissent comprendre, à savoir l‘action. Je
décrivis l‘action positive comme l‘adoption de tous les moyens légitimes et constitutionnels
par lesquels nous pouvions attaquer les forces de l‘impérialisme dans le pays. Les armes
étaient l‘agitation politique, les campagnes de presse et d‘enseignement et, comme dernière
ressource, l‘application constitutionnelle de grèves, de boycottages et de non coopération
basés sur le principe de non-violence absolue, tel que Gandhi en a usé dans l‘Inde »
Source : Kwame Nkrumah, « La naissance de mon parti et son programme d‘action positive
», Présence Africaine, mars 1957.
CONSIGNE
1- Présenter l’auteur du texte en précisant sa nationalité, sa fonction et deux événements datés
dans lesquels il s’est illustré.
2- Dégager le contexte historique du des évènements relatés dans le texte en rappelant un
facteur ayant favorisés la décolonisation pacifique.
3- Dégager la portée historique des événements relatés dans le texte en analysant les relations
entre les puissances coloniales et leur ex colonie.

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LEÇON 6 : LA DECOLONISATION EN ASIE : INDE ET INDOCHINE

A. LA DECOLONISATION DE L’INDE

SUPPORTS

Document 1 : Gandhi exalte les vertus de la non-violence


« La non-violence est la plus grande force que l’humanité ait à sa disposition. Elle est plus puissante
que l’arme la plus destructrice inventée par l’homme…
La résistance passive est une épée dont les vertus sont multiples. On peut l’utiliser de différentes
manières. Elle attire les bénédictions sur celui qui en fait usage et sur celui contre qui on l’emploie.
Sans faire couler une goutte de sang, elle obtient des résultats extraordinaires. Cette arme ne rouille
jamais et personne ne peut la voler (…).
Notre non coopération ne s’en prend ni aux Anglais ni à l’Occident, mais au système que les Anglais
nous ont imposé et à la civilisation matérialiste qui encourage la cupidité et l’exploitation des
faibles… Elle se traduit par un refus de coopérer avec les administrateurs anglais à partir des
conditions qui sont les leurs. Nous leur disons : « Venez coopérer avec nous selon nos conditions et il
en résultera un grand bien pour nous, pour vous et le monde entier… Le nationalisme indien ne jette
aucune exclusive, n’a rien d’agressif et ne veut rien détruire. Il cherche à redonner la sant é ; il est
religieux et, de ce fait, humanitaire. »
Source : Gandhi. Tous les hommes sont frères. Ed. Gallimard, pp. 153,174, 208,209.
CONSIGNE :
1. Indiquer les avantages de la résistance passive non-violente selon Gandhi.
2. Montrer la stratégie mise en place par Gandhi pour lutter contre la colonisation anglaise.

Document 2 : L’Angleterre pour l’indépendance


«Le gouvernement de sa Majesté pense que le moment est venu de faire passer la responsabilité du
gouvernement de l’Inde dans les mains indiennes (…). Le gouvernement de sa Majesté désire
transmettre ses responsabilités à des autorités établies (…). Il souhaite faire savoir clairement qu’il est
dans son intention définitive de prendre les mesures nécessaires pour effectuer le transfert du pouvoir
entre des mains responsables au plus tard en juin 1948.
Le gouvernement de sa Majesté exprime, au nom des peuples britanniques, sa bienveillance et des
bons vœux au peuple de l’Inde dans sa marche vers l’étape finale et l’accomplissement du
gouvernement autonome. Les habitants de nos îles britanniques souhaitent que, malgré les
changements constitutionnels, l’association des peuples britannique et indien ne connaisse pas son
terme. »
Source : Extraits de la déclaration Premier ministre Attlee, à la chambre des Communes, 20 février
1947.
CONSIGNE
1. Relever dans le texte la décision prise par le gouvernement britannique en 1947.
2. Montrer les avantages qu’il compte tirer de cette décision.

Document 3 : Ali Jinnah et la partition de l’Inde


« La solution du parti du congrès peut être résumée ainsi : le gouvernement britannique doit d’abord
accorder l’indépendance et transmettre l’appareil civil et militaire de l’Etat aux hommes du « congrès
» qui mettront en place un gouvernement national selon leurs propres conceptions…Quand leur
pouvoir leur autorité seront bien en place, ils convoqueront une Assemblée constituante avec une
autorité souveraine qui décidera finalement du destin des quatre cents millions d’habitants de ce vaste
sous-continent. Puis, d’après le Pandit Nehru, les différentes communautés devront se soumettre ou

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choisir le combat : la réalité alors surgira. Au contraire, la Ligue musulmane se fonde sur la réalité.
J’ai expliqué en détail les différences fondamentales entre hindous et musulmans. Il n’y a jamais eu,
Pendant tous ces siècles, d’unité sociale ou politique entre ces deux principales nations. L’unité
indienne dont on parle aujourd’hui ne relève que de l’administration britannique qui n’a maintenu la
paix, la loi et l’ordre dans ce pays que par le recours ultime à la police et à l’armée. La revendication
du congrès est fondée sur une nationalité qui n’existe pas, sauf dans l’esprit de doux rêveurs Notre
solution se fonde sur la partition du territoire de ce sous-continent en deux Etats souverains :
L’Hindoustan et le Pakistan. »
Source : Ali Jinnah, Discours à la convention législative de la Ligue musulmane, 7 avril 1946 à Delhi.

Document 4 : Les violences postindépendance entre l’Union indienne et le Pakistan


« Quelques heures avant la première proclamation de l’indépendance, la ville de Lahore a connu les
plus sanglantes journées de ces cinq derniers mois.Deux cent treize personnes ont été tuées en l’espace
de deux jours et plusieurs centaines blessées, au cours des violentes échauffourées qui ont opposé les
musulmans aux sikhs et aux hindous (…). Des temples sikhs ont également été incendiés, ainsi que de
nombreux magasins.
Selon des informations officieuses, 400000 hindous et sikhs de Lahore auraient fui la cité, la laissant
totalement entre les mains des musulmans.
Des troubles ont également éclaté à Amritsar, à 50 kilomètres de Lahore, et les bagarres continuent. Le
Mahatma Gandhi a décidé de quitter sa résidence de Calcutta pour une cabane de la campagne voisine.
Des pierres avaient été jetées, la veille, contre les vitres de sa demeure. »
Source : Extrait d’article publié par l’Aurore, le 15 août 1947.
CONSIGNE :
1. Document3 : Identifier les deux grandes communautés religieuses en Inde et montrer comment le
colonisateur anglais a maintenu la stabilité sociale.
2. Document3 : Relever le souhait de Jinnah à l’indépendance de l’Inde.
3. Document4 : Dresser, le bilan des violences postindépendances en Inde.
4. Montrer le caractère raté de la décolonisation en l’Inde.

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RESUME DU COURS
INTRODUCTION
Favorisée par l’ancienneté et la structuration des mouvements nationaux, les colonies asiatiques, entre
1947 et 1954 se sont libérées de la domination coloniale occidentale.
L’Inde, colonie Britannique, a connu, en 1947, une décolonisation pacifique sous la direction du
Mahatma Gandhi. Deux Etats sont créés : l’Union indienne pour les Hindous et le Pakistan pour les
Musulmans.
L’Indochine, colonie Française, a connu une décolonisation violente. Elle obtient, en 1954, son
indépendance, à la suite de la guerre qui a opposé la métropole française et les nationalistes conduits
par Ho Chi Minh.
Les crises post politiques dans les deux anciennes colonies révèlent une décolonisation manquée.

A - RESUME DU COURS (INDE)

I. UNE DECOLONISATION PACIFIQUE


1. Début du nationalisme indien
La présence Britannique en Inde remonte depuis 1857. L’Inde est considérée comme le joyau de la
couronne, car elle était la colonie la plus peuplée et la plus riche.
Le nationalisme dans l’empire des Indes est ancien, avec la création de deux partis : le Parti du
Congrès créé, en 1885, qui est le parti des Hindous et la Ligue musulmane créée, en 1906, qui est le
parti des Musulmans. Ce sont deux partis fortement ancrés sur des fondements religieux.
Toutefois, le père de l’indépendance de l’Inde est Mahatma GANDHI (1869-1948). Il développa une
doctrine de résistance pacifique non violente, inspirée des traditions religieuses et particulièrement de
l’hindouisme. Il devint le guide moral et religieux des nationalistes du parti du Congrès, tandis que la
direction politique de ce parti est confiée, à partir de 1928, à Nehru.
2. Nationalistes indiens face aux Britanniques
En 1919, à la suite de l’effort de guerre fourni par l’Inde pendant le premier conflit mondial, les
Britanniques proposent un nouveau statut de la colonie qui permet aux Indiens de participer aux tâches
administratives. Cette réforme est jugée insuffisante par les nationalistes et, dès le début des années
1920, Gandhi lance la campagne de non coopération, de boycott des produits anglais et de
désobéissance civile qui perturbe profondément l’exploitation de la colonie. En 1922, il est arrêté lors
de manifestations nationalistes et emprisonné pendant 6 ans. Cela n’empêche pas aux Britanniques de
proposer, en 1935, un nouveau statut de dominion, refusé encore par les Indiens.En 1942, les
Britanniques reviennent à la charge en proposant aux Indiens « d’établir une assemblée constituante
pour une Inde pleinement autonome après la guerre ». Nouveau refus des nationalistes qui publient, en
1942, la résolution QuitIndia qui réclame le départ immédiat des Britanniques.La situation sociale de
la population se dégrade à cause de l’effort économique de guerre et provoque une famine, au Sud-Est
et Nord-Est, qui fit 2 à 3 millions de morts et une agitation nationaliste durement réprimée par les
Britanniques.
Après la 2nde guerre mondiale, les Britanniques acceptent d’accorder l’indépendance à l’Inde. C’est à
alors que les divergences entre Hindous et Musulmans bloquent le processus avant d’aboutir à une
indépendance séparée.

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II. L’ACCESSION A L’INDEPENDANCE


Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les Britanniques décident d’accorder l’indépendance à
l’Inde. Le processus est alors retardé par l’opposition entre Hindous et Musulmans.
1. L’opposition entre Hindous et Musulmans
Elle remonte à la création des deux partis. La naissance du parti du Congrès en 1885 suscite des
inquiétudes au sein des élites musulmanes de voir leur communauté soumise à l’hégémonie hindoue,
dans une Inde indépendante au système parlementaire, car les musulmans sont minoritaires.
La polarisation des masses se manifeste aux élections de 1945. Le Congrès l’emporte largement dans
l’électorat hindou, tandis que la ligue est plébiscitée par les électeurs musulmans.
En mai 1946, le Congrès et la Ligue s’affrontent lors des négociations avec les britanniques sur la
composition du gouvernement intérimaire qui assurerait la période de transition avant l’indépendance.
Les Britanniques décident alors de quitter l’Inde, lorsque le 1er ministre Attlee déclare, le 20 février
1947, le pouvoir sera transmis en « des mains indiennes au plus tard en juin1948 ». Le nouveau vice-
roi des Indes, Lord Mountbatten, qui arrive en mars 1947, réussit à arbitrer entre hindous et
musulmans. Le 15 août 1947, deux Etats accèdent à l’indépendance après que Sir Cyril Radcliffe eut
procédé hâtivement à la délimitation des frontières : L’Union indienne et le Pakistan (séparé en
Pakistan occidental et Pakistan oriental).
2. Les conséquences de la partition de l’Inde
La partition de l’empire s’opère dans un climat de violences extrêmes. Les transferts de près de 14
millions de personnes, de l’Inde vers le Pakistan pour les musulmans et du Pakistan vers l’Inde pour
les hindous, s’accompagnent d’une violence inouïe faisant quelques 500000 morts en quelques mois.
Le 20 janvier 1948, Gandhi est assassiné par un jeune fanatique hindou, NathuramGodse, qui lui
reproche d’avoir cédé aux exigences des musulmans.
Le contrôle du Cachemire, région de 220000km 2, peuplé à 80% de musulmans, mais sous le contrôle
du maharajah hindou Hari Sing, entraîne deux guerres entre les deux nouveaux Etats : la guerre de
1947-1948 qui se termine en 1949 par un cessez-le-feu sous l’égide de l’ONU et la division du
Cachemire en deux territoires et la guerre de 1965 sanctionnée par une victoire indienne et un retour à
la situation initiale.
Les deux Etats se sont affrontés à nouveau en 1971, lors de l’indépendance du Pakistan oriental qui
deviendra le Bengladesh.

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B. LA DECOLONISATION DE L’INDOCHINE

SUPPORTS

Document 1 : Déclaration d’indépendance du Vietnam 2 septembre 1945


« Tous les hommes ont été créés égaux (…). Leur Créateur leur a conféré certains droits inaliénables.
Parmi ceux-ci, il y a la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »
Ces paroles immortelles sont tirées de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique en
1776. Prises au sens large, ces phrases signifient : tous les peuples sur terre sont nés égaux ; tous les
peuples ont le droit de vivre, d’être libres, d’être heureux.
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de la Révolution française (1789 ) a également
proclamé « Les hommes sont nés et demeurent libres et égaux en droits. »
Depuis plus de quatre-vingt années, les colonialistes français, reniant leurs principes, « Liberté,
Egalité, Fraternité », ont violé la terre de nos ancêtres et opprimé nos compatriotes. Leurs actions sont
contraires à l’idéal d’humanité et de justice. Dans le domaine politique, ils nous ont privés de toutes
les libertés. Dans le domaine économique, ils nous exploités jusqu’à la moelle. Pour ces raisons, nous
proclamons solennellement que le Vietnam a le droit d’être libre et indépendant.La vérité est que nous
avons saisi notre indépendance des mains des Japonais et non des mains des Français ».
Source : Hô Chi Minh, discours, Hanoï, le 2 septembre 1945.
CONSIGNE
1. Dans quel contexte s’est tenu le discours de Hô Chi Minh, puis expliquer le choix d’une telle date.
2. Relever les griefs de Hô Chi Minh aux colonialistes français.

Document 2: L’accord Ho Chi Minh-Sainteny 6 mars 1946.


Le gouvernement de la République française, représenté par M. Sainteny, délégué du haut-
commissaire de France, régulièrement mandaté par le vice-amiral d’escadre Thierry d’Argenlieu, haut-
commissaire de France, dépositaire des pouvoirs de la République française, d’une part, et le
gouvernement de M. Hô Chi Minh, et le délégué du conseil des ministres, d’autre part, sont convenus
de ce qui suit :
1° Le gouvernement français reconnaît la République du Vietnam comme un Etat libre ayant son
gouvernement, son parlement, son armée et ses finances, faisant partie de la fédération indochinoise et
de l’Union française, et s’engage à entériner les décisions prises par les populations consultées par
référendum.
2° Le gouvernement du Vietnam se déclare prêt à accueillir amicalement l’armée française lorsq ue,
conformément aux accords internationaux, elle relèvera les troupes chinoises (…).
3° Les stipulations ci-dessus formulées entreront immédiatement en vigueur aussitôt après l’échange
des signatures. Chacune des parties contractantes prendra toutes mesures nécessaires pour faire cesser
sur le champ les hostilités, maintenir ses troupes sur leurs positions respectives et créer un climat
favorable à l’ouverture immédiate de relations amicales avec la France. Ces négociations porteront
notamment sur les relations diplomatiques du Vietnam avec les Etats étrangers, le statut futur de
l’Indochine, les intérêts économiques et culturels. »
Source : L’année politique, 1946.
CONSIGNE
1. Replacer l’accord Hô Chi Minh-Sainteny dans le contexte mondial et vietnamien de l’époque.
2. Identifier les points d’accord entre la France et le gouvernement de Hô Chi Minh et analyser leur
portée dans leurs relations.

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Document 3 : La chute de DiênBiên Phu 7 mai 1954.


Retranchées dans la région de DiênBiên Phu, les forces françaises sont envahies par les troupes
communistes du Vietminh, alors sous le commandement du général Giap. Les Français, dirigés par le
colonel de Castries, ont résisté avec détermination pendant près de 60 jours. Mais une fois la base
tombée aux mains du Vietminh, ils sont contraints à la capitulation. Les accords de Genève, signés le
21 juillet mettront fin au conflit. La France devra alors quitter l’intégralité du territoire vietnamien.
Quant au Viêt-Nam, il sera divisé en deux.
Source : L’année politique, 1954.
CONSIGNE
1. Quelle est l’issue de la bataille de DiênBiên Phu ?
2. A la lumière du document 3, montrer que l’accord Sainteny-Ho Chi Ming fut sans suite et que
DiênBiên Phu a précipité la fin de la présence française au Vietnam.

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RESUME DUCOURS (INDOCHINE)

I. UNE DECOLONISATION VIOLENTE


La fédération indochinoise comprend une colonie, la Cochinchine et quatre protectorats : Annam,
Tonkin, Laos et Cambodge. Le Viêtnam était formé de la Cochinchine, de l’Annam et du Tonkin, (les
trois kys ou provinces). Une guerre de libération oppose, entre 1946 et 1954, la France, aux
combattants du Vietminh.
1. Les enjeux économiques du Viêtnam
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France ne colonisait pas uniquement pour regagner du
prestige perdu sur la scène politique internationale, mais aussi pour des raisons économiques.
L’Indochine était une colonie d’exploitation qui rapportait beaucoup de dividendes aux Français. A
l’exception de l’Algérie, elle reçut le plus d’investissements qui furent évalués à 6,7 milliards de franc-
or en 1940. Les investissements étaient orientés principalement vers les mines (zinc, charbon étain…),
les plantations d’hévéas, de thé et de café, ainsi que vers certaines industries de transformations : les
textiles, les brasseries, les cigarettes, les distilleries, le ciment. Les intérêts économiques de Français
de la métropole influents au Parlement dans ces secteurs étaient très importants. A partir de 1938, au
moins 57% des exportations vietnamiennes étaient contrôlées par des compagnies françaises.
Le Vietnam, en raison de sa population, fournissait aussi aux Français un très bon marché pour la
vente des produits manufacturés de la métropole.
2. les désaccords politiques entre la France et le Vietminh
Pendant la seconde guerre mondiale, le vide politique laissé par la capitulation française permit au
Vietminh d’engager la guérilla antijaponaise.
Après le départ des japonais en septembre 1945, Ho Chi Minh proclame l’indépendance de la
République Démocratique du Viêtnam. Indépendance non reconnue par De Gaulle qui envoie le
général Leclerc et la 2 èmeDivision Blindée (DB) restaurer l’autorité de la métropole. Mais la France,
consciente de sa faiblesse et du puissant sentiment nationaliste vietnamien, cherche à négocier.
Les négociations entre Jean Sainteny et Ho Chi Minh aboutissent aux accords du 6 mai 1946 aux
termes desquels le Vietnam est libre, mais pas indépendant, car il fait partie de l’Union Française. Ces
accords ne durent pas car l’amiral Thierry d’Argenlieu, Haut-commissaire français en Indochine et
farouche partisan du maintien de l’Empire, bloque la réunification et le 1 er juin 1946, il proclame la
naissance de la République de Cochinchine.
La politique française visant à affaiblir les nationalistes provoque de multiples incidents entre les
troupes françaises et celles du Vietminh. Le 23 novembre 1946, la marine française bombarde le port
de Haiphong faisant près de 6000 morts. Le Vietminh riposte, le 19 décembre 1946, en massa crant
200 européens à Hanoi : c’est le signal de la guerre.
II. LA GUERRE D’INDEPENDANCE
1. La victoire du Vietminh
Lorsque la guerre d’Indochine éclate en 1946, l’inégalité des forces entre le Corps d’expéditionnaire
français en Indochine et le Vietminh est très flagrante. C’est pourquoi, le Vietminh, jusqu’en 1949,
mène une lutte essentiellement défensive, ponctuée par des actions de guérilla.
Pour briser l’influence grandissante du Vietminh, la France crée, le 5 juin 1948, un gouvernement
fantoche dirigé par Bao Daï, l’ex empereur d’Annam : suite aux accords de BAIE DALONG.
A partir de 1949, la victoire de Mao Zedong en chine permet au Vietminh de recevoir du matériel
militaire important venu de Chine, de l’URSS et des autres pays du bloc communiste et de faire subir
aux Français plusieurs revers. En 1952, le général Vo Nguyen Giap passe à l’offensive.
En janvier 1954, la France accepte l’idée d’une conférence internationale pour régler l’ensemble des
problèmes indochinois. Mais, voulant arriver à la table de négociations en position de force, elle
provoque une dernière grande bataille, qui lui fut fatale, contre les troupes vietnamiennes dans la
cuvette de DiênBiên Phu. Après 60 jours de résistance, les troupes françaises capitulent le 7 mai 1954.

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A Paris, une nouvelle crise parlementaire fait tomber Bidault et Pleven, partisans de la poursuite des
opérations, et amène au pouvoir Pierre Mendès France, comme président du conseil, avec un
programme de négociations.
2. Les accords de Genève
La conférence de Genève consacrée au règlement de la question indochinoise s’ouvre le 26 avril 1954
et aboutit, le 21 juillet 1954, par des accords qui reconnaissent l’indépendance du Viêtnam.
Le Viêtnam sera coupé en deux parties à partir du 17e parallèle : au Nord, la République démocratique
du Viêtnam (communiste), au Sud se trouvera un Viêtnam pro-occidental. Par la suite, l’indépendance,
du Laos et du Cambodge est reconnue.
Selon les accords de Genève, des élections devront être tenues dans les deux ans afin d’unifier le
Vietnam. Mais le non-respect de cette échéance entraîne une reprise de la guérilla communiste dans le
Sud. À partir de 1964, les États-Unis soutiendront massivement, d’un point de vue militaire, le
gouvernement sud-vietnamien et cela plongera le Viêtnam dans une autre guerre jusqu’ en 1975 et la
Chute de Saigon.
CONCLUSION
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les mouvements nationalistes asiatiques donnent le
signal de la décolonisation. En Inde, la Grande Bretagne, après plusieurs réfor mes constitutionnelles
de la colonie, finit par accorder l’indépendance.
Quant à la France, la guerre d’Indochine marque une double défaite : défaite comme puissance
coloniale cherchant à sauvegarder son Empire et défaite membre du bloc occidental capitaliste tentant
d’endiguer l’expansion du communisme. Elle laisse son armée démoralisée et son opinion publique
déçue.

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EVALUATION
Sujet : Commentaire de texte
Discours de Ho chi Minh sur la fin de la guerre entre la France et le Viet Nam du
Nord, dirige par les nationalistes – communistes.
Aux compatriotes,combattants et cadres du pays tout entier, la conférence de Genève a pris
fin .Notre diplomatie vient de remporter une grande victoire.(….)Nos grandes victoires
sont également dues au soutien apporte à notre lutte politique par les peuples amis, le
peuples de France et les peuples épris de paix du monde.
Ces victoires et les efforts soutenus des délégués de l’URSS à la France. La lutte de notre
délégation à Genève, appuyée par les délégations soviétique et chinoise, a été couronnée
d’un grand succès : la reconnaissance par le gouvernement Français de notre indépendance
et souveraineté nationale de notre unité et intégrité territoriale, et son engagement à retirer
ses troupes hors de notre pays , etc…(…) A cet effet , il importe de regroupement les
forces armées des deux parties dans deux régions différentes , ce qui revient à délimiter
les zones de regroupements... Cette délimitation, a aucun égard, ne saurait signifier le
démembrement, le partage de notre pays. (…) Compatriotes du sud , vous avec les
premiers combattu l’adversaire et fait preuve d’une haute conscience politique ; vous
saurez mettre les intérêts immédiats et unir vos efforts à ceux de la nation entière dans la
lutte pour consolider la paix réaliser l’unité, l’indépendance et la démocratie (…) Nous
sommes pour une application rigoureuse des accords que nous avons signes avec le
gouvernement Français et nous exigeons que ce dernier en fasse autant. (…) Nous
consoliderons la grande amitié qui nous unit à l’Union Soviétique, à la Chine et aux autres
pays amis. Pour la cause de la paix, nous devrons raffermir les liens qui nous unissent au
peuple de France , aux peuple d’Asie et du monde entier. (…) Vive le Viêt-Nam
pacifique, uni, indépendant et démocratique !
Source : Département de la presse et de l’information du ministère des affaires Etrangères de la RDV, Hanoi, 1956

CONSIGNE
1- Présenter l’auteur de ce discours en précisant sa nationalité, sa fonction et deux événements
datés dans lesquels il s’est illustré.
2- Dégager le contexte historique des faits relatés dans le texte en rappelant deux
évènements survenus respectivement dans le monde et en Asie, liés à ce contexte, notamment
au cours de la période 1946-1956.
3- Dégager la portée historique du texte en analysant deux faits survenus dans les relations
internationales au cours de la période allant de 1954-1975.

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LEÇON 7 : LA DECOLONISATION AU PROCHE ORIENT : LA QUESTION


PALESTINIENNE ET LES RELATIONS ISRAELO-ARABES

SUPPORTS

Document 1 : 1947-1949 : Naissance d’Israël Document 2 : 1967 : Les conquêtes israéliennes

Document 3 : La proclamation de l’Etat d’Israël. (14 mai 1948)


Article 1 er La terre d’Israël a été le berceau du peuple juif. C’est là que s’est formée son identité
spirituelle, religieuse et nationale. […]
Article2 Contraint à l’exil, le peuple juif est resté fidèle à la terre d’Israël dans tous les pays où il s’est
retrouvé dispersé […].
Article 4 En 1897, le premier congrès sioniste […] a proclamé le droit du peuple juif au renouveau
national dans son propre pays. Ce droit a été reconnu par la déclaration Balfour du 2 novembre
1917[…].
Article 8 Le 29 novembre 1947, l’Assemblée Générale des Nations unies a adopté une résolution
recommandant la création d’un Etat juif en Palestine. […] Cette reconnaissance par les Nations unies
du droit du peuple juif à établir son Etat indépendant est irrévocable.
Article 9 C’est le droit naturel du peuple juif de mener, comme le font toutes les autres nations,, une
existence indépendante dans son Etat souverain. En conséquence, nous proclamons la création de
l’Etat juif en Palestine, qui portera le nom d’Israël.
Source : David Ben Gourions, Discours d’Indépendance de l’Etat d’Israël, à Tel-Aviv, 14 mai 1948.
CONSIGNE : Relever d’après Ben Gourionles fondements de la proclamation de l’Etat hébreux.

Document 4 : La Charte nationale palestinienne (1968).


Article 1 : La Palestine est la patrie du peuple arabe palestinien. Elle constitue une partie de la grande
patrie arabe, et le peuple palestinien fait partie intégrante de la nation arabe. […]
Article 9 : La lutte armée est la seule voie menant à la libération de la Palestine. […]
Article 15 : La libération de la Palestine est, du point de vue arabe, un devoir national ayant pour objet
de repousser l’agression sioniste et impérialiste contre la patrie arabe et visant à éliminer le sionisme
en Palestine.

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Article 19 : Le partage de la Palestine en 1947 et l’établissement de l’Etat d’Israël sont entièrement


illégaux.
Source : Extrait de la charte de nationale palestinienne de 1968, qui modifie la Charte de 1964.
CONSIGNE
1. Montrer la position de l’OLP sur la création de l’Etat d’Israël et l’objectif qu’elle poursuivi.
2. Documents1 et 2 : Expliquez pourquoi les deux positions étaient difficilement conciliables.

Document 5 : La résolution 242 du Conseil de sécurité


Le Conseil de sécurité…
1-Affirmeque l’accomplissement des principes de la Charte (de l’ONU) exige l’instauration d’une
paix juste et durable au Moyen-Orient qui devrait comprendre l’application des deux principes
suivants :
- Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ;
- Cessation de toutes assertions de belligérance ou de tous états de belligérance et respect et
reconnaissance de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque Etat de la région et
de leur droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, à l’abri des menaces ou
d’actes de force.
2 -Affirme en outre la nécessité :
A / De garantir la liberté de navigation sur les voies d’eau internationales de la région.
B / De réaliser un juste règlement du problème des réfugiés.
C / De garantir l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique de chaque Etat de la région…
Source : Résolution 242 sur les conditions de la paix au Moyen-Orient de l’ONU, 22 novembre 1967.
CONSIGNE
1- Identifier les axes de la résolution 242 de l’ONU.
2- Quelle est la suite donnée à cette résolution par Israël.

Document 6: Pourquoi les accords d’Oslo ont-ils échoué ?


Les accords d’Oslo, qui auraient dû déboucher sur l’indépendance et la prospérité, ont engendré pour
les Palestiniens vexations et privations, sans même garantir la sécurité aux Israéliens. C’est avant tout
la gangrène de la colonisation, dévorant inexorablement les terres, qui éroda l’espoir de paix chez les
Palestiniens. Quelques chiffres parlent d’eux-mêmes : en 1993, on comptait environ 120 000 colons en
Cisjordanie […]. Quand éclate la seconde Intifada, le nombre de colons en Cisjordanie dépasse les 200
000 (plus un nombre équivalent à Jérusalem-Est, autre « territoire occupé »). […] L’esprit d’Oslo
aurait supposé, durant les cinq ans d’autonomie, une évacuation militaire de l’immense majorité des
territoires palestiniens occupés ; il n’en fut rien.
Source : Alain Grés, Le Monde diplomatique, 22 octobre 2007.
CONSIGNE
1. Retrouver les signataires et les termes des accords d’OSLO.
2. A partir des documents et de vos connaissances, expliquer les obstacles à la résolution de la
question palestinienne.

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RESUME DU COURS
INTRODUCTION
Territoire sous domination de l’empire turc ottoman jusqu’à la 1 ère guerre mondiale, la Palestine est
placée sous mandat britannique, en 1920, par la SDN avec le trait de Sèvres.
La politique britannique favorisant le retour des Juifs et ses contradictions ont conduit à une situation
conflictuelle entre les communautés arabe et juive de Palestine. Ce conflit occupe une place majeure
dans la géopolitique du Proche-Orient., car depuis 64 ans, la question palestinienne, conséquence
d’une décolonisation manquée, est à l’origine des relations tendues entre Israël et le monde arabe.
I. LES ORIGINES DU PROBLEME PALESTINIEN.
1. Le retour des Juifs en Palestine
L'antisémitisme qui régnait en Europe au XIXe siècle, particulièrement en Pologne en Ukraine et
en Russie, où des massacres de juifs(POGROM) se sont répétés, mais aussi en France avec l'affaire
Dreyfus, a entraîné la naissance du sionisme (mouvement nationaliste juif qui prône le retour à Sion,
c'est-à-dire à Jérusalem, pour y ressusciter l'antique État d'Israël, dont les Juifs avaient été chassés).
En 1896, Theodore Herzl, juif autrichien, publie l’Etat Juif .Il y propose la création d’un Etat juif
garanti par le droit public, la fondation d’une banque nationale et d’un fonds destiné à aider les juifs à
regagner la Palestine.
En août 1897, se tient à Bâle (Suisse) le 1er congrès sioniste qui crée l’Organisation Sioniste Mondiale
(OSM) pour représenter le peuple juif tout entier. L’OSM rachète des terres en Palestine et développe
l'immigration, pour renforcer la présence juive sur le territoire.
La demande du mouvement sioniste – le retour en Palestine- trouve un écho favorable en Grande
Bretagne où Lord Balfour déclare, le 2 novembre 1917 « le gouvernement de sa majesté envisage
favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif. ». La déclaration de
Balfour est donc la consécration du sionisme politique, car elle reprend des termes du congrès de Bâle
et elle a une portée internationale.
L’immigration juive entraîne une modification des rapports démographiques et pose, dès le début des
années 1920, une concurrence entre arabes et juifs sur la gestion des terres et de l’eau. Les premières
émeutes anti-juives se produisent aux mois de mars et avril1920 à Jérusalem, puis en mai 1921 à Jaffa
et font plus de 50 morts. En 1929, la situation s’aggrave brutalement avec de violentes émeutes
antijuives à Hébron, Jérusalem et Safed qui font près de 150 victimes juives et une centaine de
victimes arabes. Les Juifs commencèrent à immigrer en plus grand nombre en Palestine, surtout dans
les années 1930 à cause de la politiqueantisémite d'Hitler. Face à La multiplication des incidents entre
Arabes et Juifs, les Anglais prônent, en octobre 1930, un strict contrôle de l’immigration juive et de
l’achat des terres. En 1939, devant les menaces de guerre avec l'Allemagne, les Anglais, voulant éviter
l'instabilité et que les Arabes ne rejoignent les forces de l'Axe imposent la limitation de l’immigration
juive qui s’était fortement accrue : En 1914, les Juifs représentaient 13% de la population totale de la
Palestine et, en 1939, ils passaient à 30%.
2. La naissance de l’Etat d’Israël
L’année 1944 marque le début des actions armées des organisations militaires sionistes clandestines
que sont l'Irgoun, le Lei et La Haganah contre les Arabes et les Anglais. En 1945, La pression sioniste
s'accentue, pour permettre l'accueil en Palestine des rescapés des camps de concentration nazis, la
découverte de l'Holocauste (ou Shoah) provoquant un courant de sympathie pour la cause sioniste. Le
Royaume-Uni s'y oppose, déclenchant la colère des mouvements juifs. Le 22 juillet 1946, l’Irgoun
dynamite l’hôtel King David, quartier général des anglais en Palestine, faisant 110 morts. L’opinion
anglaise exige alors la fin du mandat.
Pour trouver un règlement au conflit, la Grande Bretagne s’adresse alors à l’ONU. Celle-ci charge une
commission d'enquête, l'UNSCOP (United Nations SpecialCommittee On Palestine) de trouver une
solution au problème et recommande le Partage de la Palestine le 29 novembre 1947, le plan de
partage de la Palestine élaboré par l’UNSCOP est approuvé par l’Assemblée Générale de l’ONU, à
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New York par 33 voix contre 13 et 10 abstentions : c’est la résolution181 Ce plan propose le partage
de la Palestine en 3 parties : deux États, l’un juif, l’autre arabe et les lieux saints (Jérusalem,
Bethléem…) sous contrôle international.Accepté par les Juifs, le plan est refusé par les pays arabes.
Face au statu quo, les Anglais fixent leur départ de la Palestine au plus tard le 14 mai 1948. A
l’expiration du délai, David Ben Gourion, président de l’agence juive, proclame la naissance de l’Etat
d’Israël.
II. L’EVOLUTION DU CONFLIT ARABO-ISRAELIEN
1. Les guerres israélo-arabes
La naissance de l’Etat d’Israël déclenche une série de conflits entre Arabes et Israéliens.
La 1ère guerre éclate les 15 mais 1948, lorsque les armées de l'Egypte, du Liban, de la Syrie de l'Iraq
et de la Transjordanie (Jordanie actuelle) vont déferler sur le nouvel Etat. Les Arabes plus nombreux
que les Juifs sont repoussés pourtant par Israël qui s'empare alors de Nazareth et de la Galilée
occidentale, puis du nord du désert du Néguev. Plus de 700000 Arabes fuient le territoire israélien
pour se réfugier en Syrie, au Liban et en Transjordanie.
La 2ème guerre israélo-arabe correspond à la crise de Suez en 1956. À la suite de la nationalisation
du canal de Suez par le président égyptien Nasser, aux dépens d'un consortium franco-britannique, le
gouvernement d'Israël, qui estime menacée l'existence de l'État hébreu, s’associe au corps
expéditionnaire franco-britannique et attaque l'Égypte le 29 octobre 1956.
La 3ème guerre (guerre des six jours) débute le 5 juin. Les casques bleus de l'ONU, installés le long
du canal de Suez à l'issue de la deuxième guerre israélo-arabe, se retirent de leur zone d'occupation le
19 mai 1967 sur injonction de Nasser, désormais allié à l'URSS. Les troupes égyptiennes réoccupent
alors le port de Charm el-cheikh, ce qui déclenche une intervention militaire israélienne contre tous ses
voisins, entre le 5 et le 10 juin 1967. Israël occupe le Sinaï égyptien, la Cisjordanie, une partie du
plateau syrien du Golan et annexe la partie Est de Jérusalem.
Le 22 novembre 1967, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 242 qui prévoit la fin de
l'état de guerre et le retrait des troupes israéliennes des territoires qu'elles occupent, proclame
l'intégrité d'Israël et celle des États arabes dans les frontières dessinées en 1948 et prône la libre
circulation des navires sur le canal de Suez et le règlement du problème palestinien. Le gouvernement
israélien refuse cette résolution, et conserve ses acquis.
La 4ème guerre (guerre du Kippour) débute les 6 octobres 1973, pendant la fête juive de Yom
Kippour, l'Égypte et la Syrie attaquent par surprise Israël, dont l'armée subit tout d'abord de sérieux
revers avant de lancer une contre-offensive victorieuse, du 11 au 15 octobre 1973. Une résolution 338,
américano-soviétique de cessez-le-feu, est alors adoptée dans l'urgence par l'ONU le 22 octobre et
acceptée immédiatement par Israël et l'Égypte, puis, le 24, par la Syrie.
En définitive, Israël a profité de ces victoires contre les Arabes pour occuper des territoires arabes : ce
sont les territoires occupés.
L’intervention israélienne au Liban en 1982 : c’est l’opération paix en Galilée dirigée par A.
Sharon. Elle intervient dans un contexte de guerre civile au Liban entre phalangistes chrétiens et les
musulmans du hezbollah. Elle se solda par le massacre d’environ 1500 réfugiés dans les camps de
Chatila et Shabra.
2. Les tentatives de paix
Jusqu’aux années 1960, ce sont les pays arabes qui se sont chargés de la lutte du peuple palestinien. Le
relais est pris, le 29 mai 1964, par l’OLP (Organisation pour la Libération de la Palestine) créée à
Jérusalem. Le 5 février 1969, Le Conseil national Palestinien réuni au Caire élit Yasser Arafat
président du comité exécutif. L’OLP est admise à l’ONU, en 1974, à titre d’observateur.
Les 1 ers accords de paix interviennent en septembre 1978 à Camp David, entre le président égyptien
Anouar El Sadate et le 1 er ministre israélien Menahem Begin et conduisent à la restitution du Sinaï à
l’Egypte.

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Entre Palestiniens et Israéliens, après la 1 ère Intifada en 1987, un pas important est franchi, en 1988,
avec le Conseil national palestinien qui reconnaît le droit à l’existence d’Israël. De son côté, Israël ne
considère plus l’OLP comme une organisation terroriste.
La géopolitique mondiale marquée, en 1989, par la disparition du bloc de l’Est et, en 1990-1991, par
la guerre du Golfe, fait évoluer la position des principaux acteurs.
Sous l’égide de la communauté internationale, une conférence pour la paix est organisée à Madrid, le
30 octobre 1991, prélude aux accords secrets d’Oslo, puis à la signature à Washington, le 13
septembre 1993 entre Arafat et Rabin, de la déclaration de principe « Paix contre Terre ».
L’assassinat de Yitzhak Rabin, le 4 novembre 1995, porte un coup dur au processus de paix, car aucun
de ses successeurs ne s’est engagé résolument dans la voie d’une solution définitive, tant est si bien
qu’en janvier 2000, l’autorité palestinienne ne contrôle que 11,1% de la Cisjordanie et n’administre
que 28,9% du territoire, sous contrôle sécuritaire israélien.
Les accords de Wye Plantation d’octobre 1998, par lequel Israël accepte de rétrocéder 13% des
territoires occupés à l’autorité palestinienne .Cette rétrocession s’est limitée à 2%.Malgré la décision
prise par Ehud Barak d’évacuer une partie des territoires occupés le processus de paix est interrompu
par l’échec des sommets de Camp David en 2000 et de Charm-El Cheikh en 2000, le déclenchement
de la seconde Intifada et l’arrivée de A. Sharon au pouvoir qui remet en question les accords d’Oslo.
La reprise des négociations se fera, en avril 2003, avec la feuille de route du quartette (ONU, Etats-
Unis, Russie, UE) destinée à aboutir, par étapes, à un règlement permanent du conflit israélo-
palestinien, sur la base du principe de l’existence de deux Etats et l’Initiative de Genève (décembre
2003) proposée par les sociétés civiles israélienne et palestinienne.
La mort d’Arafat, le 11 novembre 2004, ôte à l’autorité palestinienne un leader charismatique dans les
négociations de paix. Les années qui suivent sont marquées par le retour de la violence, malgré la
décision unilatérale prise, en 2005, par Israël de quitter Gaza, mais aussi de construire un mur de
séparation de 730 km qui, en certains endroits, empiète sur le territoire palestinien.
L’absence de paix entraîne la recrudescence de la violence depuis cinq ans.
En 2006, La tension avec les Palestiniens continue d'être encore vive (tirs de roquette "Qasam" sur les
villes israéliennes et représailles de Tsahal). Le 25 juin, le caporal GiladShalit (libéré le 18 / 10 / 2011)
est enlevé lorsd’une attaque contre un poste militaire de Tsahal en territoire israélien. En riposte, le
cabinet israélien déclenche l'opération Pluie d'été
En, 2007, à la Suite de la prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza, le gouvernement
israélien décide du blocus du territoire fin juin 2007.
Le 5 novembre 2008, après 5 mois de trêve partielle Israël procède à un raid contre un tunnel du
Hamas qui entraîne des échanges de feu et la mort de 6 membres du Hamas. A partir du 27 décembre,
l'aviation israélienne bombarde les infrastructures du Hamas à Gaza : c'est le début de l'opération
Plomb durci.
Le 3 janvier2009, l'opération « Plomb durci » connaît une nouvelle phase quand les Israéliens envoient
des troupes dans la bande de Gaza. L'opération fait selon les sources palestiniennes plus de 1 300
morts à Gaza et 13 du côté israélien selon les sources israéliennes. A la suite de ces opérations
militaires, le blocus de la bande de Gaza est renforcé.
3. Les obstacles à la paix
Le chemin d’un règlement définitif du conflit israélo-palestinien est encore parsemé de beaucoup
d’obstacles parmi lesquels :
- le statut de Jérusalem : haut lieu saint des trois religions révélées, Arafat de son vivant a toujours
revendiqué Jérusalem-Est comme devant abriter la capitale du futur Etat palestinien. Israël est opposé
à cette revendication.
- la question des réfugiés : l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency), fait état de 4,7
millions de réfugiés. réfugiés palestiniens dans les pays limitrophes. Israël s’oppose à leur retour, à
cause du déséquilibre démographique qui lui serait défavorable. Israël compte 6 990 046 habitants et
la Palestine 3 889 249 habitants.
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- les colonies israéliennes en Cisjordanie : Elles abritent près de 650000 israéliens dans les
implantations construites dans les territoires palestiniens. Convaincus que ces territoires font partie de
la Terre promise, les colons considèrent souvent leur présence comme totalement justifiée et refusent
de quitter.
- les « ennemis de la paix » : l’activisme des extrémistes dans les deux camps opposés à tout
règlement consensuel du conflit est une menace permanente pour la paix. En Israël, les partis religieux
ultra-orthodoxes comme le Shas et YisraelBa’aliyah russophone, rêvent toujours du Grand Israël qui
regrouperait toute la Palestine. Du côté palestinien, Le Hamas, fondé en 1987 et qui a remporté le 26
janvier 2006 les élections législatives palestiniennes, ne reconnaît pas Israël. En prenant de force la
bande de gaza en juin 2007, le Hamas a provoqué une lutte fratricide entre lui et le Fatah, qui fragilise
la position de l’autorité palestinienne au moment des négociations avec Israël.
CONCLUSION
La question palestinienne est très complexe et occupe une place majeure dans la géopolitique du
Proche-Orient. Son règlement passera nécessairement par des concessions mutuelles entre Israéliens et
Palestiniens.
La communauté internationale doit davantage peser de tout son poids, dans une démarche équidistante
des intérêts des deux partis, afin de trouver une solution à l’une des plus grandes menaces à la pa ix et
la sécurité internationales.

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EVALUATION
Sujet : Commentaire de texte
Texte : Pourquoi les accords d’Oslo ont-ils échoué ?
Les accords d’Oslo, qui auraient dû déboucher sur l’indépendance et la prospérité, ont
engendré pour les Palestiniens vexations et privations, sans même garantir la sécurité aux
Israéliens. C’est avant tout la gangrène de la colonisation, dévorant inexorablement les terres,
qui éroda l’espoir de paix chez les Palestiniens. Quelques chiffres parlent d’eux-mêmes : en
1993, on comptait environ 120 000 colons en Cisjordanie ; leur nombre augmente de 40 000
sous les gouvernements travaillistes (celui de Rabin, puis celui de Pérès, juin 1993-mai
1996) ; de 30 000 sous le gouvernement de droite de Benyamin Netannyahou (1996-mai
1999) et encore de 20 000 durant le gouvernement d’Ehud Barak (mai 1999-février 2001).
Quand éclate la seconde Intifada, le nombre de colons en Cisjordanie dépasse les 200 000
(plus un nombre équivalent à Jérusalem-Est, autre « territoire occupé »). « Un gouvernement
du Likoud annonce la construction de dix implantations, mais n’en construit qu’une ; les
travaillistes en annoncent une mais en construisent dix », disait un adage populaire israélien
des années 1980. Durant les années 1990, « années de paix », ces différences entre les deux
formations disparaîtront et chacune multipliera les faits accomplis. L’esprit d’Oslo aurait
supposé, durant les cinq ans d’autonomie, une évacuation militaire de l’immense majorité des
territoires palestiniens occupés ; il n’en fut rien.
Alain Gresh, Le Monde diplomatique, 22 octobre 2007
CONSIGNE
1- Présenter Itzhak Rabin, et Yasser Arafat en précisantpour chacun sa nationalité, sa fonction
et deux événements datés auxquels ils se sont illustrés.
2- Dégager le contexte historique des événements du texte en citant les principales guerres
entre l’Etats d’Israël et ses voisins arabes, puis expliquer une guerre de votre choix.
3- Dégager la portée historique des faits relatés dans le texte en rappant les facteurs qui
bloquent le processus de paix.

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LEÇON 8 : LA DECOLONISATION AU MAGHREB: L’ALGERIE

SUPPORTS

Document 1 : Des situations inégalitaires en Algérie en 1954


Indicateurs socioéconomiques Musulmans Européens
Représentants à l’assemblée nationale algérienne 60 députés 60 députés
Populations
- 1906 4,478 000 680000
- 1954 8,450 000 980000
Taux de natalité (‰) 45 19
Taux de mortalité (‰) 14 9
Taux de mortalité infantile (‰) 180 46
Scolarisation dans le primaire (%) 20 100
Taille moyenne des exploitations agricoles (ha) 14 109
Salaire journalier moyen d’un salarié agricole (en franc de 1954) 380 1 000
Source : Histoire-Géographie 3e, Belin, 2003.

Document 2 : Pourquoi la France est-elle attachée à l’Algérie ?


« Si cette guerre a été si longue et cruelle, c’est que l’Algérie, en 1954, représente trois départements
français. Beaucoup plus qu’une simple colonie lointaine comme le Sénégal, ou la Tunisie, simple
protectorat. Il semble donc hors de question d’abandonner un territoire rattaché à la France depuis cent
trente ans, avant même la Savoie (en 1860). Un million d’Européens y vivent et y travaillent depuis
des générations. La découverte du pétrole en 1954, la nécessité d’utiliser l’immensité saharienne pour
le début d’expériences nucléaires ou spatiales, sont des motifs qui viennent s’ajouter pour refuser toute
“sécession” de ce territoire français du Sud. Neuf millions d’Algériens musulmans sont de faux
citoyens d’une République qui se veut pourtant égalitaire : ils votent dans un collège séparé de celui
des Européens depuis 1947. Le principe d’égalité, “un homme, une voix”, n’est pas respecté. L’idée
d’indépendance rencontre dans ces conditions un écho croissant chez les Algériens musulmans. »
Source : Tramor Quémeneur, La guerre d’Algérie, sous la direction de Benjamin Stora, Géo presse,
collection « Les dossiers de l’histoire », 2015.
CONSIGNE
1. Documents 1 et 2 : Comparer la situation économique et sociale des algériens musulmans et des
européens d’Algérie.
2. Document 2 : Expliquer l’attachement de l’Algérie à la France

Document 3: Proclamation du Front de Libération Nationale


« Les grandes lignes de notre programme politique »
But : Indépendance nationale par :
1- La restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes
islamiques.
2- Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions…
Nous avançons une plate-forme honorable de discussion aux autorités françaises :
1- La reconnaissance de la nationalité algérienne par une déclaration officielle abrogeant les édits,
décrets et lois faisant de l’Algérie une terre française en déni de l’histoire, de la géographie, de la
langue, de la religion et des mœurs du peuple algérien.
3- L’ouverture de négociations avec les porte-parole autorisés du peuple algérien sur les bases de
la reconnaissance de la souveraineté algérienne…

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En contrepartie :
1- Les intérêts français, culturels et économiques, honnêtement acquis, seront respectés.
2- Tous les Français désirant rester en Algérie auront le choix entre leur nationalité d’origine et seront
considérés comme tels en droits et en devoirs.

3- Les liens entre la France et l’Algérie seront définis et feront l’objet d’un accord entre les deux
puissances sur la base de l’égalité et du respect de chacun. »
FLN, 1er novembre 1954.
CONSIGNE
1. Souligner les raisons pour lesquelles le FLN veut l’indépendance de l’Algérie.
2. Montrer à partir du texte que le FLN se préoccupe de garder de bonnes relations avec la France.

Document 4 : Réaction du gouvernement français.


« A la volonté criminelle de quelques hommes doit répondre une répression sans faiblesse, car elle est
sans injustice. Les départements d’Algérie font partie de la République, ils sont français depuis
longtemps (…). Jamais la France, jamais aucun parlement, jamais aucun gouvernement ne cédera sur
ce principe fondamental. Qu’on n’attende de nous aucun ménagement à l’égard de la sédition, aucun
compromis avec elle. On ne transige pas lorsqu’il s’agit de défendre la paix intérieure de la Nation et
l’intégrité de la République (…) entre l’Algérie etla Métropole, il n’y a pas de sécession concevable.
Cela doit être clair pour tout le monde.
Source : Déclaration du président du Conseil, Pierre Mendès France, à l’assemblée nationale, 12
novembre 1954.
CONSIGNE
1. Caractériser la réaction de l’autorité française à la volonté d’indépendance de l’Algérie par le FLN.
2. Relever les facteurs avancés par Pierre Mendès France pour la justifier.

Document 5 : Le droit à l’autodétermination, 16 septembre 1959


« Grâce au progrès de la pacification, au progrès démocratique, au progrès social, on peut maintenant
envisager le jour où les hommes et les femmes qui habitent l’Algérie seront en mesure de décider de
leur destin, une fois pour toutes, librement, en connaissance de cause.
Ou bien : la sécession, où certains croient trouver l’indépendance. La France quitterait alors les
Algériens qui exprimeraient la volonté de séparer d’elle. Ceux-ci organiseraient sans elle, le territoire
où ils vivent, les ressources dont ils peuvent disposer, le gouvernement qu’ils souhaitent. Je suis pour
ma part convaincu qu’un tel aboutissement serait invraisemblable et désastreux…
Ou bien : la francisation complète, telle qu’elle est impliquée dans l’égalité des droits ; les Algériens
pouvant accéder à toutes les fonctions politiques, administratives et judiciaires de l’Etat et entrer dans
tous les services publics.
Ou bien : le gouvernement des Algériens par les Algériens, appuyé sur l’aide de la France et en union
étroite avec elle pour l’économie, l’enseignement, la défense, les relations extérieures…
Source : Charles de Gaulle, Discours et messages, 1970.
CONSIGNE
1. Relever les propositions faites par de Gaulle aux Algériens et sa préférence.
2. Documents 3 et 4 : analyser l’évolution de la position française entre 1954 et 1959.

Document 6: Les accords d’Evian, 18 mars 1962


1. L’Etat algérien exercera sa souveraineté pleine et entière à l’intérieur et à l’extérieur.
Cette souveraineté s’exercera dans tous les domaines, notamment la défense nationale et les affaires
étrangères. L’Etat algérien se donnera librement ses propres institutions et choisira le régime politique
et social qu’il jugera le plus conforme à ses intérêts. Sur le plan international, il définira et appliquera
en toute souveraineté la politique de choix. (…)

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2. Des droits et libertés des personnes et de leurs garanties


Les citoyens français de statut civil de droit commun nés en Algérie et justifiant de dix années de
résidence habituelle et régulière sur le territoire algérien au jour de l’autodétermination et dont le père
ou la mère né en Algérie remplit, ou aurait pu remplir, les conditions pour exercer les droits civiques ;
ou justifiant de vingt années de résidence sur le territoire algérien au jour de l’autodétermination,
bénéficieront, de plein droit, des droits civiques algériens. »
CONSIGNE : Donnez la portée des accords d’Evian sur l’évolution politique de l’Algérie.

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RESUME DU COURS
INTRODUCTION
La décolonisation de l’Algérie est particulière en Afrique du nord. Conquise en 1830, l’Algérie était
considérée comme partie intégrante de la France. Elle était sous l’autorité d’un gouverneur général
soumis au ministre de l’intérieur. Si le Maroc et la Tunisie ont eu leur indépendance sans problèmes
majeurs, il en est autrement de l’Algérie dont la décolonisation est émaillée d’incidents et de
rebondissements.
I. L’ALGERIE FRANÇAISE
1. Un régime inégalitaire
La population algérienne comprend la communauté européenne minoritaire considérée les citoyens et
la communauté arabo-berbère musulmane et majoritaire. Pour devenir citoyen, les musulmans doivent
renoncer à titre individuel au statut coranique. Les musulmans non citoyens sont soumis à partir de
1881 au régime de l'indigénat, avec l'obligation d'un permis de circulation. Bien que non -citoyens, ils
n'en sont pas moins astreints au paiement de l'impôt et au service militaire.
Le pouvoir politique et administratif est entre les mains du gouverneur assisté par trois structures : le
conseil du gouvernement, le conseil supérieur et les délégations financières. Toutes ces structures sont
contrôlées par les colons français et la participation indigène est limitée.
La population européenne constituait l’essentiel des personnels d’encadrement dans le secteur
économique avec 92,42% des cadres supérieurs et 82,4% des techniciens et agents de maîtrise et dans
le secteur de la fonction publique avec 86% des mêmes catégories socioprofessionnelles.
Dans les campagnes, la structure sociale de la population est marquée par le chômage et le sous-
emploi.
Dans les villes, la population arabo-berbère vit dans des conditions sociales difficiles. Par exemple, en
1954, 30% de la population du Grand - Alger, vivaient dans les bidonvilles.
2. Naissance du nationalisme algérien
Au début du nationalisme, trois grands mouvements apparaissent:
-Le mouvement nationaliste des « évolués » : en 1920, Ferhat ABBAS et Ben DJELLOUL créent le
mouvement appelé « les jeunes algériens ». Ils réclament l’assimilation complète, l’extension de la
citoyenneté française et l’égalité (ce mouvement regroupe les bourgeois indigènes et intellectuels
occidentalisés).
-L’association des Oulémas : créée en 1931 par Abdel Ben BADIS. Elle réclame l’existence d’une
nation algérienne musulmane et arabe. Leur slogan résume leur position. « L’islam est ma religion,
l’arabe est ma langue et l’Algérie est ma patrie ».
-Le courant populiste : incarné au début par l’étoile nord-africaine (créée en 1926 et dirigé par
Messali HADJ), ce courant est révolutionnaire et réclame l’indépendance. L’étoile nord-africaine sera
remplacée par le P.P.A (Parti du Peuple Algérien) en 1937.
En réponse aux revendications nationalistes, le gouvernement français du Front Populaire de Léon
Blum propose des réformes par l’élargissement du corps électoral. Mais le projet de loi Blum-Violette
est vite abandonné car bloqué par les protestations des « pieds noirs » (les français d’Algérie).
II. EVOLUTION DE L’ALGERIE DE 1942 A 1954
1. Evolution du nationalisme
La chute du régime de Vichy en 1942, donne de nouvelles forces au nationalisme algérien. Le 21 mars
1943, Ferhat ABBAS publie « le Manifeste du peuple algérien ». En 1945, la célébration de
l’armistice donne le coup d’envoi à de sanglantes émeutes qui commencent à Sétif pour gagner le reste
du pays, l’armée française intervient violemment faisant des milliers des victimes. Après ces troubles,
un nouveau Statut de l’Algérie voit le jour en 1947 : un double collège est institué avec une chambr e
de 60 députés. En même temps, un vaste plan d’équipement est lancé avec la scolarisation
systématique et généralisée de tous les jeunes algériens. Toutefois une nouvelle génération nationaliste
apparaît sur la scène politique. Il s’agit de Ben KASSEIM, Ait AHMED, Mohamed BOUDJAF,
Rabah BITAT et Ahmed Ben BELLA. Ces derniers radicalisent la lutte de libération, galvanisés par
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la défaite française à Dien Bien Phu. Le 25 juillet 1954, le comité des cinq se prononce pour une
révolution illimitée jusqu’à l’indépendance. Le 10 Octobre 1954, le FLN (Front de Libération
Nationale) est créée. Son objectif, restaurer un "Etat algérien souverain, démocratique et social dans le
cadre des principes islamiques.
2. L’insurrection algérienne
L'insurrection commence comme prévu par une série d'attentats, dans la nuit du 31 Octobre au 1er
Novembre 1954, contre les intérêts français : c’est « la Toussaint rouge ».
En Août 1955, le FLN organise des massacres d’européens dans le Constantinois, les autorités
françaises répliquent par une répression faisant un millier de victimes du côté algérien. Désormais
c’est la rupture entre les deux communautés. Toute l’Algérie est prise par un front de 1400 km allant
de la ville d’Oran à la ville de Constantine. Les chefs du FLN lancent à travers les ondes de la « voix
des arabes » au Caire, la création de l’Armée de Libération Nationale (A.L.N) .En France, le Front
Républicain promet de rétablir la paix, Guy MOLLET envoie un contingent pour protéger les
européens et installe un ministre résident libéral d’abord à la personne du Général CATROUX puis
Robert LACOSTE.
III. DE LA GUERRE A L’INDEPENDANCE
1. L’extension du conflit
Devant le refus du FLN à la nouvelle proposition française, « cessez le feu, négociations et élections »,
les autorités françaises portent les troupes 50000 à 400 000 soldats. Elles mènent la bataille d’Alger :
fouilles, arrestations, exécutions sommaires, tortures sont mises en œuvre pour démanteler les réseaux
du FLN.
En août 1956, lors du congrès tenu en Kabylie, le FLN désigne les membres du Conseil National pour
la Révolution algérienne (CNRA). Les Moudjahidines (combattants de la foi) intensifient la lutte et
créent des réseaux urbains.
L’enlisement de la France en Algérie entraîne, en 1958 après des mois de crise ministérielle, le
Général De Gaulle revient au pouvoir. Le 13 mai 1958, il engage la France dans la voie de la
décolonisation. Lors de son voyage en Alger, il lance sa fameuse phrase « je vous ai compris ». En
France la guerre d’Algérie divise l’opinion en deux camps : les partisans de l’Algérie française et ceux
de l’Algérie indépendante.
2. La recherche d’une solution politique
Sur le plan diplomatique, la France est de plus en plus isolée. En Algérie le Général Massu reçoit
l’ordre de ramener la paix et la sécurité à tout prix. Toutefois le Général De Gaulle préconise « la paix
des braves » qui n’exclut pas le principe de l’auto- détermination. Cette proposition, d’une part est
perçue comme une trahison par les partisans de l’Algérie française, soutenus par de nombreux officiers
d’activeet d’autre part, reste sans réponse de la part du FLN qui forme au Caire un Gouvernement
Provisoire de la République Algérienne (G.P.R.A) présidé par Ferhat ABBAS. En 1959, De Gaulle
propose l’organisation d’un référendum. En réaction contre ce projet, l'organisation de l’Armée
Secrète (O.A.S.) se livre au terrorisme contre les musulmans et les gaullistes. Cette opposition culmine
en avril 1961 avec la tentative de coup d'Etat militaire organisée à Alger par les généraux français
Salan, Challé, Jouhaud et Zeller qui sera finalement neutralisé. L'échec du Putsch marque la fin de la
solution "Algérie française
Les négociations entre l’Etat français et le FLN aboutissent aux accords d’Evian du 18 mars 1962. Le
1er juillet 1962, les algériens votent à 99,7 % pour l’indépendance, Ahmet Ben Bella devient le 1 er
président de la République algérienne démocratique et populaire.800 000 « pieds noirs » quittent alors
l’Algérie pour la France.
CONCLUSION
Après huit années de guerre, les Algériens arrachent leur indépendance aux mains des français. Ils
choisissent le socialisme comme voie de développement après avoir imposé à la Révolution d’être
musulmane. Cette décolonisation violente de l’Algérie a laissé des séquelles profondes entre les
communautés française et algérienne.

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EVALUATION
Sujet : Commentaire de texte
Texte : Les raisons de la révolte en Algérie
Les années 1920 avaient été marquées, au Maghreb, par la « pacification » du Maroc,
l’insurrection d’Abd El-Krim et la guerre du Rif. Au cours de la décennie suivante, les
opérations militaires diminuent, mais la colonisation s’intensifie. Confisquées aux paysans
locaux, de nouvelles terres sont distribuées aux colons européens, lesquels arrivent en masse
en raison du chômage – crise de 1929 – qui frappe l’Europe, ou pour se soustraire aux
répressions fascistes (c’est le cas de milliers d’Espagnols réfugiés en Algérie pour fuir Franco,
ou des Italiens installés en Tunisie pour échapper à Mussolini).
La seconde guerre mondiale constitue une coupure dans l’histoire coloniale du Maghreb. La
défaite de la France en 1940 frappe soudain les esprits. Victorieux et dominateurs depuis
longtemps en Afrique du Nord, les militaires français se retrouvent rapidement vaincus en
métropole. Occupante du Maghreb, la France devient à son tour occupée par les Allemands.
Qui plus est, pour sa propre libération, elle doit compter sur les goumiers marocains, les
spahis algériens et les tirailleurs tunisiens qui, sur le sol européen, participent en masse aux
combats et à la victoire des Alliés contre l’Allemagne nazie. Plus rien ne sera comme avant.
Dès leur création, en octobre 1945, les Nations unies affirment « le principe de l’égalité de
droit des peuples, et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Au nom de ces principes
qui fondent le monde contemporain, les sociétés maghrébines reprennent leur marche vers la
liberté.
Ignacio Romanet, Le Monde Diplomatique Avril-mai 2006
CONSIGNE
1- Dégager le contexte historique des documents puis présenter aux choix trois leaders
nationalistes algériens en précisant le mouvement ou le parti politique auquel appartient
chacun d’entre - eux et ce que son mouvement demande à la France.
2- Analyser le document.
3-D’après le texte, quelles sont les raisons qui motivent la révolte des algériens.
4- Commenter les passages soulignés.

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LEÇON 9 : LA DECOLONISATION EN AFRIQUE NOIRE :


A-LE CAS DE LA GOLD -COAST

SUPPORTS

Document 1 : Programme d’action de NKRUMAH


Je signalai qu'il y avait deux manières d'acquérir l'autonomie, l'une par la révolution armée et l'autre
par des méthodes non-violentes constitutionnelles et légitimes. [...] Nous préconisions la seconde
méthode. La liberté, on ne l'avait cependant jamais accordée à aucun pays colonial sur un plateau
d'argent; on ne l'avait gagnée qu'après d'amères et de vigoureuses luttes. A cause du retard des colonies
en matière d'instruction, la majorité des gens était illettrée et il y’ avait une chose qu’ils puissent
comprendre, à savoir l’action [...]
Les armes étaient l'agitation politique, des campagnes de presse et d'enseignement et, comme dernière
ressource, l'application constitutionnelle de grèves, de boycottages et de non- coopération basés sur le
principe de non-violence absolue, tel que Gandhi en usé dans l’Inde.
Source : Kwamé Nkrumah, la naissance de mon parti et son programme d’action positive dans
présence africaine, revue culturelle du monde noir, numéro 12, mars-avril 1957.

Document2 : La survivance de l'Afrique libre, les progrès de son indépendance et l'avance vers
l'avenir radieux auquel tendent nos espoirs et nos efforts, tout cela dépend de l'unité politique. […]
Tel est le défi que la destinée a jeté aux dirigeants de l'Afrique. C'est à nous de saisir cette occasion
magnifique de prouver que le génie du peuple africain peut triompher des tendances séparatistes pour
devenir une nation souveraine, en constituant bientôt, pour la plus grande gloire et prospér ité de son
pays, les Etats-Unis d'Afrique.
Source : KwaméNkrumah, l’Afrique doit s’unir, 1963.

CONSIGNE
1. Document 1 : Indiquer la méthode et les moyens de lutte adoptée par Nkrumah.
2. Document 2 : Souligner l’idée défendue par Nkrumah et son intérêt pour les nations africaines.
3. Au regard de la situation politique actuelle de l’Afrique, montrer que Nkrumah n’a pas été entendu
et suivi par ses pairs.

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RESUME DU COURS

INTRODUCTION
La Gold-Coast est une colonie britannique constituée de quatre régions : le Nord, le Sud, l’Ashanti et
le Togo sous tutelle britannique. Très tôt la Gold-Coast connaît le développement d’un nationalisme
ardent.
L’évolution de ce nationalisme permet alors d’accéder à l’indépendance sans grande difficulté.
I. EVOLUTION DU NATIONALISME DE 1925 A1948
Riche colonie britannique, la Gold-Coast produit essentiellement le cacao dont la commercialisation
est contrôlée par les européens. L’office de commercialisation du cacao (Cacao Marketing Board) fixe
des prix très bas aux producteurs ce qui permet à la colonie de dégager des excédents budgétaires.
Au début des années 20 se développe en Gold-Coast un nationalisme à la fois aristocratique bourgeois
et populaire. La pression de ce nationalisme aboutit à la mise sur pied d’une Constitution en 1925.
Celle-ci permet la participation des chefs traditionnels au Conseil législatif. Au lendemain de la 2 nd
GM, une nouvelle Constitution permet l’installation d’une majorité africaine au conseil législatif et
l’entrée de trois africains au Conseil Exécutif. Cependant, le pouvoir est réellement entre les mains des
anglais et la représentation africaine privilégie les chefs traditionnels.
Les élites intellectuelles, mécontentes, créent le 1er Parti nationaliste en août 1947 : United Gold Coast
Convention (U.G.C.C.) fondé par l’avocat John Danquah et ayant pour secrétaire général le docteur
KwaméNkrumah. La Gold-Coast connaît alors un mécontentement plus ou moins généralisé,
politiquement formulé par Kwamé Nkrumah qui s’appuie sur les paysans, les jeunes et les travailleurs
des villes. Ce mécontentement s’explique en partie par la crise du cacao. En effet, de 1936 à 1946, la
maladie des cacaoyers attaque les plantes dont des millions sont abattues sur ordre de l’autorité
coloniale. S’y ajoute le problème des anciens combattants et des jeunes instruits.
En février 1948, à la suite d’une manifestation pacifique des anciens combattants réclamant une
réduction du coût de la vie et le paiement de leur pension, des troubles éclatent à Accra, p uis se
propagent à l’intérieur du pays à Koumassi. Ils se soldent par 29 morts, 237 blessés et l’arrestation
puis la déportation dans le nord du pays de Nkrumah et de 5 autres membres de l’U.G.C.C. pour
atteinte à la sûreté de l’Etat.
II. LA MARCHE VERS L’INDEPENDANCE
Les événements de février 1948 entraînent des divergences au sein de l’UGCC, sur la conduite à
adopter face à la métropole britannique.Nkrumah, après sa libération par la commission d’enquête
Watson, quitte l’UGC qu’il juge trop intellectuel et crée le, 12 juin 1949, son propre Parti, la
Convention People’s Party (CPP). Son programme est axé sur l’amélioration des conditions socio-
économiques, la démocratisation, l’autonomie totale dans l’unité et le panafricanisme en Afrique
occidentale. N’Nkrumah fait de la CPP un parti populaire de masse qui recrute au niveau de toutes les
couches sociales et collabore avec les organisations syndicales, féminines et de jeunes.
La commission Coussey totalement constituée d’africains devant préparer certaines réformes ne
précise pas de date pour le self-government, Nkrumah lance alors en 1950 une « campagne d’action
positive » non violente soutenue par les syndicats qui déclarent une grève générale dans toute la
colonie. L’Angleterre réagit par l’état d’urgence et l’arrestation de Nkrumah. Une nouvelle
constitution promulguée en Décembre 1950 transforme le conseil législatif en Assemblée Nationale et
le conseil exécutif en Cabinet Ministériel dont 8 des 11 membres sont des africains. Les élections de
février 1951 sont remportées par la CPP par 34 sièges/38 malgré l’emprisonnement de son leader.
Nkrumah libéré par le gouverneur Charles Arden Clarke est nommé leader of government business,
titre qui deviendra en 1952 celui de premier ministre. Pour la première fois en Afrique un noir assure
la direction politique dans son propre pays. Nkrumah s’engage à collaborer avec les autorités
britanniques tout en demandant l’africanisation complète du gouvernement, l’institution d’une
assemblée unique élue au suffrage universel. En Avril 1954, la Grande-Bretagne promet une
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constitution garantissant l’autonomie interne complète. A l’idée de Nkrumah d’une indépendance dans
l’unité, s’opposent les chefs traditionnels du Nord et de l’Ashanti et certains bourgeois et intellectuels.
La Grande-Bretagne essaye alors de concilier les positions. C’est dans ce contexte que sont organisées
les élections de 1956 qui donnent 72 des 104 sièges au CPP.La Grande-Bretagne ne pouvant plus
reculer accorde, le 6 mars 1957, l’indépendance à la Gold-Coast. Premier Etat indépendant de
l’Afrique noire colonisée, la Gold-Coast prend le nom de GHANA en symbole de la renaissance de
l’Afrique noire. La république est proclamée en 1960 avec à sa tête Francis Kwamé Nkrumah.
La bourgeoisie locale n'apprécie guère l'artisan de l'indépendance du pays. En pleine guerre froide, le
charismatique Nkrumah est surveillé de près par les américains qui ont la hantise de la contagion
communiste, et qui sont prêts à tout pour l'éviter. Les conditions sont donc réunies pour une éviction
de Nkrumah. Il est renversé par un coup d'état en 1966, alors qu'il se trouve en voyage en Chine. Il se
réfugie alors dans la Guinée de Sékou Touré. Il décède en 1972, à Bucarest.
CONCLUSION
Suite à une évolution politique lente et pacifique, la Gold-Coast sous l’impulsion de Nkrumah accède
à l’indépendance sous le nom historique de GHANA. La marche vers l’indépendance est dominée par
la stature et le charisme de Nkrumah à tel point qu’on a pu penser à une certaine identité entre le pays
et son chef. Celui-ci a en effet représenté une certaine idée de l’Afrique noire. Mais sa chute survenue
en février 1966 sans qu’aucun sursaut ne se produise dans le pays montre la complexité des problèmes
de l’Afrique indépendante dont le Ghana est le modèle caricatural.

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B-LE CAS DU SENEGAL

SUPPORTS
Document 1 :
Le « Bon Nègre » est mort ; les paternalistes doivent en faire leur deuil. Trois siècles de traite, un
siècle d’occupation n’ont pu nous avilir, tous les catéchismes enseignés n’ont pu nous faire croire à
notre infériorité.
Nous voulons l’égalité dans la cité. Nous disons bien l’EGALITE.
Que l’Assemblée constituante complète la Déclaration des droits de l’Homme en ajoutant à la liberté
et à l’égalité celles des peuples et des races. Que la métropole laisse les autochtones eux-mêmes
modifier leurs institutions. Que la justice soit la même pour les autochtones comme pour les
Européens. Que le travail forcé sous quelque nom qu’on le déguise soit supprimé.
Source : D’après Léopold Sédar Senghor, « Défense de l’Afrique noire », Esprit, le 1er juillet, 1945.

Document 2: Léopold Sédar Senghor, une vision de la décolonisation.


II est vain de s'insurger contre l'Histoire, de lui opposer les fragiles digues des armes. (...)
Ce serait l'intérêt de la France d'admettre l'événement, voire de le favoriser, de l'infléchir vers elle.
C'est ce qu'a fait la Grande Bretagne, d'une façon réaliste, méthodique. D'autant que cette
indépendance, les peuples d'Afrique noire n'entendent pas la conquérir par la violence : ils ne la
veulent pas contre la France, mais par la France, en association avec la France.
Source : Léopold Sédar Senghor (1906-2001), « les cahiers de la République», revue bimestrielle de
politique, septembre-octobre 1958.

CONSIGNE : Documents 1 et 2. Relever les revendications de Senghor adressées à la métropole et


sur quoi il les fonde.

Document 3:Extraits de la constitution de 1958 sur la Communauté française.


« Titre XII - De la Communauté
Art. 77. - Dans la communauté instituée par la présente Constitution, les Etats jouissent de l'autonomie
; ils s'administrent eux-mêmes et gèrent démocratiquement et librement leurs propres affaires. Il
n'existe qu'une citoyenneté de la Communauté.
Tous les citoyens sont égaux en droit, quelle que soit leur origine, leur race et leur religion. Ils ont les
mêmes devoirs.
Art. 86. - La transformation du statut d'un Etat membre de la Communauté peut être demandée, soit
par la République, soit par une résolution de l'Assemblée législative de l'Etat intéressé, confirmée par
un référendum local dont l'organisation et le contrôle sont assurés par les institutions de la
Communauté. […]Dans les mêmes conditions, un État membre de la Communauté peut devenir
indépendant. Il cesse de ce fait d'appartenir à la Communauté. »
CONSIGNE
1. Identifier, puis définir la notion qui symbolise la proposition française à ses colonies et dire le
processus pour y aboutir.
2. Dégagez les conséquences pour une colonie qui refuse la proposition.

Document 4
Il ne peut y avoir aucune hésitation. La politique du Sénégal s’est fixé trois objectifs qui sont, dans
l’ordre où elle veut les atteindre : l’Indépendance, l’Unité Africaine et la Confédération.
Nous disons Indépendance d’abord, mais en nous fixant ce préalable, nous ne faisons qu’interpréter
l’aspiration profonde des peuples d’Afrique Noire à la reconnaissance de leur existence nationale.

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L’Indépendance est un préalable. Elle n’est pas une fin en soi. Elle n’est pas idéale en elle-même, mais
pour ce qu’elle rend possible. Elle ne véhicule pas une volonté de sécession… C’est pourquoi le
dilemme fédération ou sécession nous parait un faux dilemme et à cet égard, notre réponse court le
risque de recevoir arbitrairement une interprétation qu’elle n’implique pas naturellement.
Je peux et j’ai même le devoir de déclarer que demain, tous les « OUI » ne comporteront pas une
renonciation délibérée à l’Indépendance et que tous les « NON » ne traduisent pas une volonté de
rupture complète.
Il y a là une possibilité de malentendu aussi grave dans l’un comme dans l’autre sens.Il serait
également contraire au droit et à l’équité de considérer comme en état de sécession le territoire qui fait
aujourd’hui partie intégrante de la République et qui demain voterait NON.
Source : ValdiodioN’diaye, Août 1958.
CONSIGNE
1. Soulignez les trois priorités de la politique du Sénégal.
2. Expliquez l’attitude qui doit être celle de la France face au « Oui » ou au « Non », selon
ValdiodioN’diaye.

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RESUME DU COURS
INTRODUCTION
De toutes les colonies françaises d’Afrique, c’est le Sénégal qui bénéficiait le plus des faveurs de
l’administration métropolitaine : réseau routier, installations portuaires les plus modernes, industries,
sans oublier Dakar, capitale de l’AOF.
Le Sénégal a connu une décolonisation pacifique, voire" offerte", qui s’est déroulée dans le cadre des
réformes institutionnelles entreprises par la métropole française, après la seconde guerre mondiale,
dans ses colonies.
I. L’EMERGENCE DU NATIONALISME ET L’EVOLUTION DE LA LUTTE
ANTICOLONIALE
1. L’émergence du nationalisme
Après la conquête coloniale, le Sénégal devient une colonie française avec deux statuts bien distincts :
les territoires annexés des « 4 communes » (DAKAR, GOREE, RUFISQUE, ST-LOUIS) dont les
habitants sont « citoyens français », régis par les lois françaises et les territoires protégés de l’intérieur
du Sénégal où les populations sont des « sujets français », régis par le code de l’indigénat. Mais, quel
que soit le statut des populations indigènes, celles-ci vivaient les mêmes conditions de pauvreté, de
misère, et de marginalisation politique, économique et sociale. En fait tous les pouvoirs étaient
concentrés entre les mains du Gouverneur de la colonie et de ses collaborateurs blancs et métis. Par
l’exploitation des populations, la France pillait les ressources naturelles agricoles de la colonie.
C’est dans ce contexte qu’est né le nationalisme sénégalais qui va s’organiser autour des partis
politiques, de syndicats, d’organisations de paysans et d’étudiants, pour mener la lutte anticoloniale.
Le mouvement nationaliste s’était déjà montré actif avant la Seconde Guerre Mondiale. En 1919, les
premières grèves ouvrières avaient contribué à éveiller la conscience nationale et des syndicats furent
crées, qui devinrent légaux en 1937. Entre 1932 et 1934, le concept de négritude fut forgé par Senghor,
Césaire et Damas.
Après la Seconde Guerre mondiale, en contre partie de leur aide économique et militaire, les
Sénégalais espéraient obtenir un assouplissement du régime colonial. Le refus de la France de
réintégrer des anciens combattants ou de les rémunérer convenablement entraîna la mutinerie des
tirailleurs sénégalais et le massacre de Thiaroye, le 30 novembre 1944.
2. Une évolution dans le cadre des réformes institutionnelles françaises
Après la Seconde Guerre mondiale, le processus menant à l’indépendance du Sénégal s’est déroulé
dans le cadre des réformes institutionnelles introduites par la France dans ses colonies. C’est ainsi que
dans le processus, on distingue les étapes suivantes :
- la Conférence « française- africaine » de BRAZZAVILLE de 1944.
En1944, la France est assurée de la victoire prochaine des Alliés sur les pays de l’Axe. Elle envisage
de réorganiser ses colonies d’Afrique noire pour mieux les exploiter mais aussi pour se protéger des
menaces des mouvements anticoloniaux qui se profilent en Asie et en Afrique du nord (Vietnam,
Algérie). Pour réaffirmer son autorité dans les territoires coloniaux, la France convoque du 30 janvier
au 8 février 1944 la conférence de Brazzaville. Elle regroupe les gouverneurs des colonies, les
commandants de cercles et les hauts fonctionnaires de l’administration coloniale française. Aucun
Africain de l’AOF, de l’AEF et de Madagascar n’est invité. Simple réunion d’administrateurs
coloniaux, elle ne préfigurait en rien une quelconque indépendance ni même une simple autonomie.
Elle se limitait à des réformes administratives et sociales, dénudées de tout prolongement politique
Les nationalistes africains qui ont soutenu la France dans la guerre, ayant pourtant fondé beaucoup
d’espoir sur cette conférence et s’attendant à une évolution favorable de leurs colonies vers
l’autonomie interne, furent déçus. La lutte anticoloniale se radicalise alors à travers des manifestations
de protestations populaires qui obligent la France à réformer le statut de ses colonies.

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Le 22 août 1945, une ordonnance établit que les élections auront lieu, outre-mer au Double Collège,
qui comprenait d’une part les citoyens français et ceux des quatre communes, et d’autre par les
"indigènes". En novembre, Lamine Gueye est l’élu du Premier Collège, Léopold S. Senghor, celui du
Second. Les deux appartenaient à la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière), ancêtre du
Parti Socialiste français.
- la réforme de l’UNION FRANÇAISE de 1946.
A la fin de la 2nde guerre mondiale, le contexte international est favorable à la décolonisation. En fait
l’ONU, les USA et l’URSS sont opposés à toute forme de domination coloniale. En plus il faut ajouter
qu’en Indochine Hô Chi Minh était sur le point de déclencher la guerre de libération nationale.
La France soumise à ces multiples pressions aussi bien internes qu’externes, décide de mettre sur pied
une nouvelle Constitution à laquelle les députés sénégalais à l’Assemblée nationale française, Lamine
Gueye et Léopold S. Senghor participent à l’élaboration.
La constitution de 1946 crée l’Union Française, qui modifie le statut des colonies qui deviennent des
"départements et territoires d’outre-mer" (DOM-TOM). La réforme est acceptée par les nationalistes
modérés, car « l’Union Française » offrait un certain nombre de privilèges qui allaient faciliter la lutte
anticoloniale. Ex : une Assemblée territoriale est créée dans chaque colonie, les droits d’association et
de réunion sont reconnus et autorisés, ainsi que la liberté de presse. Un Conseil législatif est élu et
chargé de voter le budget colonial et de fixer les tarifs des impôts.
Le 25 avril 1946, est votée la loi dite "Lamine Gueye" qui donne la citoyenneté française à tous les
Africains de l’AOF. Le travail forcé, de même que le code de l’indigénat sont abolis.
Aux élections législatives de 1946, Senghor et Lamine Gueye sont réélus. Lamine Gueye devient
secrétaire d’Etat à la présidence du conseil du Gouvernement de Léon Blum. Senghor élu sous
l’étiquette SFIO ne tarde pas à comprendre que seul un parti authentiquement africain peut permettre
de répondre aux aspirations du peuple. Il fonde, en 1948, avec son ami Mamadou Dia le Bloc
Démocratique Sénégalais (BDS). Celui-ci, soutenu par les masses paysannes remporte, en 1951, les
élections de l’Assemblée territoriale. D’autres partis politiques apparaissent sur la scène politique :
l’Union Démocratique Sénégalaise (UDS) de Maître Doudou Gueye et le Parti Africain pour
l’Indépendance (PAI) de Majmout Diop. Tous ces partis revendiquent l’indépendance du Sénégal mais
dans la rivalité. La France profite pour quelques temps de cette division mais, la fin de la guerre en
Indochine (juillet.1954) et le début de la confrontation militaire en Algérie et la conférence de
Bandoeng en 1955 remettent la pression anticoloniale sur la France. C’est dans ce contexte qu’en
1956, elle procède à une 2nde réforme.
- la réforme de la « LOI CADRE » ou LOI GASTON DEFERRE de 1956.
Le 23 juin 1956, l’Assemblée Nationale vote la Loi-cadre de Gaston Déferre. Celle-ci modifie le statut
des colonies d’Afrique noire. Elle accorde le suffrage universel aux populations, renforce les pouvoirs
de l’Assemblée Territoriale et opère une décentralisation administrative. L’OAF est divisée en huit
états. Cette mesure constitue une promotion pour les populations indigènes dans les colonies où il est
institué un Exécutif local appelé le Conseil du Gouvernement.
Au Sénégal, Mamadou Dia est nommé vice-président de ce Conseil alors que la présidence est
réservée au Gouverneur de la colonie. Il faut noter qu’à cette période la vie politique a redoublé
d’intensité par le renforcement des Partis à travers des associations et des fusions diverses. Ex : le
BDS fusionne avec l’UDS pour donner naissance au BPS (Bloc Progressiste Sénégalais). Ce parti
gagne les élections législatives de 1957 face au parti de Lamine Gueye, le PSAS (Parti Sénégalais
d’Action Sociale). Plus tard, le BPS et le PSAS fusionnent pour donner naissance à l’Union
Progressiste Sénégalaise (UPS). Cependant toutes ces réformes de la loi cadre ne satisfont pas les
aspirations des nationalistes pour l’indépendance. En fait, les vrais pouvoirs de décisions restent
toujours entre les mains de la France à travers le gouverneur de la colonie et ses proches
collaborateurs.

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Avec l’indépendance de la Gold- Coast en 1957, la loi cadre paraît dépassée. Sous la pression plus
insistante des nationalistes la France procède à son ultime réforme conduisant les colonies d’AOF à
l’indépendance.
II. LA MARCHE VERS L’INDEPENDANCE
1- La réforme de la Communauté franco-africaine de 1958
Les gouvernements trop instables de la IVème République française, incapables de gérer le mouvement
d’indépendance surtout avec la crise algérienne, entraîne, le 1 er juin 1958le retour de De Gaulle au
pouvoir. Le 28 juillet 1958, il fait adopter une nouvelle constitution de la V ème République, qui
transforme l’Union Française en une Communauté française, une sorte de confédération qui
regrouperait la France et ses colonies. En août 1958, DE Gaullese rend dans les colonies d’Afrique
noire pour proposer un référendum d’autodétermination : « Oui » pour rester dans la communauté, ou
« Non » pour l’indépendance immédiate. Mais dans cette communauté, le pouvoir réel de
commandement demeure toujours entre les mains de la France. Ex : la présidence, la politique
étrangère, l’économie, la défense, la communication, la justice l’enseignement supérieur sont
confisqués par les autorités coloniales françaises.
Au Sénégal les avis sont partagés : Au sein de l’UPS, Senghor et Lamine Gueye propose de voter
pour le « Oui », tandis qu’Abdoulaye Ly, Amadou MoctarMbow et AssaneSeck sont favorables
au« Non ». Ils quittent l’UPS et créent plus tard le Parti du Rassemblement Africain du Sénégal
(PRA).
Le « oui » l’emporte massivement, lors du référendum du 28 septembre 1958: 97,6% soit 870 000
voix pour le OUI contre 21000 voix pour le NON. Le parti dominant de Senghor, l’UPS, et les
autorités religieuses ont pesé de tout leur poids. Le 5 novembre 1958, le Sénégal devient une
République. La capitale est transférée de Saint louis à Dakar.
2. L’indépendance dans l’éphémère fédération du Mali
En 1959, Léopold Sédar Senghor du Sénégal et Modibo Keita du Soudan occidental, opposés à la
"balkanisation de l’Afrique "décident de regrouper le Sénégal, le Soudan, la Haute-Volta, le Niger, le
Dahomey, la Côte-d’Ivoire et la Mauritanie dans une fédération appelée « Fédération du Mali ». Mais
tous les autres pays finissent par se retirer et la fédération se limite à ses deux premiers créateurs. Le
20 Janvier 1960, après avoir signé un accord de coopération technique et économique avec les deux
pays, la France accorde au Sénégal et au Soudan l’indépendance. Le 4 Avril 1960 marque le transfert
des compétences de la Communauté Française à la Fédération du Mali. Modibo Keita est nommé
président du gouvernement fédéral, Mamadou Dia vice-président et Senghor président de l’Assemblée
fédérale. Dakar devient la capitale de la fédération.
Mais, des divergences idéologiques entre Modibo Keita, d’obédience marxiste et Senghor, socio-
démocrate, entraînent des options politiques différentes et conduisent à l’éclatement de la Fédération
du Mali, dans la nuit du 19 au 20 août 1960. Le 20 août 1960, au matin, le Sénégal proclame
officiellement son indépendance. Un régime semi-présidentiel est mis en place Senghor est président
de la République et Mamadou Dia président du Conseil. La date du 4 avril est retenue comme date
officielle de commémoration de l’indépendance du Sénégal.
En décembre 1962 Senghor évince Dia et fait voter une nouvelle constitution qui dote le Sénégal d’un
régime présidentiel fort.
CONCLUSION
Au mois d’août 1960, le Sénégal est enfin indépendant. Après une longue lutte politique marquée par
plusieurs réformes successives, la France finit par accepter l’indépendance en raison de la
détermination des nationalistes, notamment de leurs leaders politiques Senghor, L. Gueye et Mamadou
Dia. Le régime bicéphale installé ne dure que 2 ans car, en décembre 1962, le président du Conseil M.
Dia est renversé. Par Senghor qui installe un régime présidentiel fort.

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C-LE CAS DE LA GUINEE BISSAU ET DE L’ANGOLA

SUPPORTS

Document 1 : L’attitude du Portugal


« Nous ne sommes pas en Afrique comme tant d’autres. Nous continuerons comme par le
passé notre politique d’assimilation. Pour cela, il nous faut être ce que nous toujours été et ne
changeront pas »
Source : Déclaration officielle du Portugal, novembre 1960.

Document 2: Le régime de l’indigénat


A partir de 1933, date de la fondation de l’Estado Novo (Nouvel Etat) par Antonio de
Oliveira Salazar, au Portugal, le régime colonial se durcit considérablement. On sait que le
régime de salazar fut un amalgame d’Etat totalitaire catholique et de dictature fasciste. L’Acto
Colonial (Acte colonial) de salazar codifia et centralisa l’Administration des colonies qui
furent soumises au contrôle direct de la Métropole par l’intermédiaire d’un gouverneur
général. Celui-ci fut placé au sommet d’une hiérarchie administrative bureaucratique, d’une
réputation souvent douteuse, dont le chef de village (le regulo) représentait au bas de l’échelle
le seul élément indigène, lequel était chargé d’exécuter les exigences coloniales. Le régime
exerça une sévère répression à l’égard des élites qui revendiquaient une représentation
politique et l’amélioration des conditions de vie des populations autochtones. Parallèlement,
la dictature portugaise encouragea l’établissement des colons en Angola et en Guinée Bissau,
mais ceux-ci n’arrivèrent en masse que vers les années cinquante. Nombre de ces colons
appelés les « degradados », étaient des forçats ayant un passé judiciaire et politique. Ils
arrivaient, malgré leur volonté, en Angola et en Guinée-Bissau pour accroitre la présence
portugaise et fournir une main d’œuvre utile à l’Administration coloniale.
L’idéologie portugaise de l’époque elle, véhiculait la croyance, ou plutôt la certitude que le
Portugal devait apporter aux indigènes son « génie » et sa civilisation.
Source : google.com / Guinée Bissau.
CONSIGNE
1. Montrer la sévérité de la colonisation portugaise.
2. En corrélant les documents 1 et 2, expliquer la seule alternative qui s’offre aux nationalistes
des colonies portugaises pour accéder à l’indépendance.

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RESUME DU COURS
INTRODUCTION
L’Empire portugais demeure l’un des derniers bastions du colonialisme blanc dans les années 1960 et
1970 en Afrique. En Angola et en Guinée Bissau, le régime du dictateur Salazar au Portugal s’obstine
à maintenir les vestiges de l’Empire portugais. Face à l’attitude de refus de la métropole d’accepter
leurs aspirations à l’indépendance, les nationalistes bissau-guinéens et angolais déclenchent la lutte de
libération, soutenus par le bloc communiste (Chine, URSS). Ainsi, la décolonisation portugaise
contribue ainsi à faire entrer la guerre froide en Afrique.
Il faut attendre la “révolution des œillets” au Portugal en 1974 et la chute de la dictature pour que des
indépendances bâclées soient accordées en 1974 et 1975 aux deux colonies. En Angola, le départ
précipité des Portugais laisse le pays livré aux mouvements nationalistes rivaux qui vont se faire la
guerre.
I. LA POLITIQUE COLONIALE DU PORTUGAL
Pays pauvre, le Portugal tire 25% de son budget de l’exploitation de ses colonies. Il y mène une politique
d’assimilation et de ségrégation politique, économique et sociale afin d’accaparer les immenses richesses
naturelles, principalement en Angola. L'Acte colonial de Salazar, en 1930, codifia l'unification de
l'administration et des finances.
Les habitants des colonies sont divisés en trois groupes : les civilizados (civilisés), les assimilados (assimilés) et
les indigènes. Les premiers sont les citoyens portugais, des immigrants, qui ont tous les droits et les seconds sont
les noirs et les métis n’ont aucun droit et sont soumis au régime de l'indigénat (impôt, travail obligatoire,
châtiments corporels...).
II. LES GUERRES DE LIBERATION
1. La Guinée Bissau
En Guinée Bissau fut fondé, le 19 septembre 1956, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée
et du Cap Vert, le P.A.I.G.C. Son chef Amilcar Cabral, lança, en 1963 la lutte armée. Disposant de
conditions physiques et sociales par la mobilisation des populations paysannes favorables et de
soutiens extérieurs (Guinée Conakry, Sénégal, URSS…) les cinq mille combattants du PAIGC
réussissent à faire face aux 40000 soldats portugais et à contrôler, en 1969, les deux tiers du pays.
Dans les territoires sous son contrôle, Amilcar Cabral y crée des comités de village (composés de cinq
membres, dont obligatoirement deux femmes), chargés de l’organisation sociale des zones libérées,
par exemple : la construction d’écoles, de postes sanitaires et d’hôpitaux de brousse. En moins de dix
ans, 300 infirmiers et 400infirmières sont formés, ainsi qu’une dizaine de médecins – à comparer aux
35 infirmiers et infirmières issus de l’administration coloniale et dénombrés en 1956, pour l’ensemble
de la Guinée Bissau et du Cap Vert. Une autre priorité du PAIGC est l’enseignement, avec la
construction d’écoles et l’admission des filles dans les écoles du maquis : 200 écoles son t construites
pendant les onze années de lutte, 20 000 enfants sont scolarisés en internat ou semi-internat, tandis que
300 élèves sont envoyés à l’étranger dans des écoles professionnelles ou supérieures. Le Portugal lui,
en 500 ans de colonisation (fondation de Cacheu en 1588), n’avait scolarisé que 2 000 enfants, soit
quatre par an, et formé 14 universitaires. La pertinence des réformes initiées par le PAIGC amène, en
novembre 1972, l’ONU à le reconnaître comme « seul et authentique représentant des populations ».
Malgré l’assassinat d’Amilcar Cabral, le 20 janvier 1973 à Conakry, par un dissident du PAIGC,
l’Assemblée Nationale Populaire proclame l’indépendance le 24 septembre 1973.
2. L’Angola
L’Angola comptait à l’époque environ 4 millions de Noirs, moins de 80000 Blancs et environ 30000
assimilados. A la naissance trois mouvements de libération à caractère ethnique, qui s’opposent de par
leurs idéologies, leurs zones d’influence et leurs alliés extérieurs, ont vu le jour en Angola :
- l’Union des Peuples du Nord de l’Angola (UPNA), créée en 1954 et dirigée, à partir de 1957, par
Holden Roberto. Il devient en 1962 le Front National de Libération de l’Angola (FNLA). Capitaliste,
elle défend l’ethnie Bakongo du Nord.

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- le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA), crée en 1956 par Mario de Andrade
et dirigé dès 1957 par Agostinho Neto. Communiste, il s’appuie sur l’ethnie Kimbundu du Centre
Ouest.
- l’Union Nationale pour l’Indépendance totale de l’Angola (UNITA), créée en 1956 par Jonas
Savimbi. Capitaliste, elle s’appuie sur l’ethnie Ovimbundu.
La guerre de libération débute en 1961 par l’attaque du MPLA de la prison de Luanda et
l’insurrection déclenchée dans le Nord par l’UPNA contre les planteurs de café portugais et qui fait
1800 morts du côté des colons. La guérilla est ravitaillée en armes par les pays voisins et par les deux
grandes puissances : l’UNITA, par le Zaïre (actuel RDC), la Zambie et les Etats-Unis ; le MPLA par
l’URSS.
A cause des rivalités entre les mouvements et l’immensité du territoire, les résultats de la lutte de
libération sont médiocres jusqu’en 1974.
III. LA MARCHE VERS L’INDEPENDANCE
1. Le changement de régime au Portugal
L’échec de la politique portugaise en Afrique et les revers militaires en Guinée Bissau et en Angola
entraînent un coup d’Etat au Portugal. Le 25 avril 1974, l’armée renverse le gouvernement de Marcelo
Caetano et place à la tête de la révolution le général Spinola, l’un des principaux protagonistes du
putsch. Le 1 er mai 1974, des milliers de portugais manifestent dans les rues, un œillet rouge à main,
pour soutenir la révolution : c’est la révolution des œillets. Désormais, la révolution a l’appui du
peuple, elle peut donc commencer les négociations avec les colonies. Le mot d’ordre est « Démocratie
chez nous, Décolonisation en Afrique. » Un cessez-le feu est signé le 6 mai 1974.
2. Les Indépendances
Pour la Guinée Bissau, les négociations commencent le 25 mai 1974 à Londres. Mais elles butent sur
le refus du Portugal d’une indépendance immédiate, associée à celle du Cap-Vert. Avec le changement
de gouvernement au Portugal, le 13 juillet 1974 et la médiation du secrétaire général de l’ONU, Kurt
Waldheim, les négociations conduisent, le 10 septembre 1974, à l’in dépendance de la Guinée Bissau.
D’autres négociations conduiront, le 5 juillet 1975, à celle du Cap-Vert.
En Angola, la Révolution des Œillets provoque une redéfinition des relations avec les mouvements de
libération. Un cessez-le-feu est conclu avec l’UNITA en juin 1974 et avec les autres mouvements en
octobre 1974. Un gouvernement de transition dirigé par le général Silva Cardoso, comprenant six
membres de chaque mouvement, devait être nommé et une constitution provisoire adoptée en janvier
1975, en attendant l'indépendance fixée pour le 11 novembre 1975.
Dès le 26 mars 1975, une guerre civile opposant les mouvements de libération éclate dans un contexte
international marqué par la Guerre Fraîche. La situation chaotique dans le pays est accentuée par
l'appui de l'URSSet de soldats cubains au MPLA, et celui des Américains et de troupes sud-africaines
au FNLA et à l’UNITA. Le MPLA et son chef, Agostinho Neto, prendront le contrôle du pays en 1976
et son gouvernement sera reconnu officiellement, le 17 février 1976 par la CEE et Le Portugal.
CONCLUSION
Les décolonisations de ces deux colonies portugaises s’achèvent après de longues années de guérilla :
onze ans en Guinée Bissau et quatorze ans en Angola. L’indépendance des possessions portugaises se
traduit par le brusque départ des colons portugais : 500 000portugais vont retourner au Portugal.
L’indépendance ne débouche pas pour autant à unestabilité politique, car elle fut prolongée en Guinée
Bissau par de nombreux coups d’Etat militaires et, en Angola par une guerre civile qui ne prend
véritablement fin qu’avec la mort de Jonas Savimbi en février 2002.

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EVALUATION
Sujet : Commentaire de texte
Texte : De Gaulle et la décolonisation.
Loin d’envisager un relâchement quelconque des liens entre la métropole et ses possessions
lointaines, les principes fixés dans l’ancienne capitale de l’Afrique-Equatoriale française
(AEF) les déclaraient irrévocables (...) L’image d’une France assez généreuse pour avoir
préparé sans contraintes l’émancipation totale de ses anciens sujets, dès la fin de la Seconde
Guerre mondiale, ne crédite pas seulement le général de Gaulle du rare privilège d’avoir su,
prévu et voulu l’essentiel avant tout le monde. Elle reconstruit le passé selon les intérêts du
jour et couvre rétrospectivement d’un pur esprit libéral des actes décidés dans l’incertitude,
sous la pression de circonstances parfois imprévisibles. En réalité, la métropole ne passa pas
sans malentendus ni dérobades du programme relativement temporisateur fixé à Brazzaville à
l’émancipation rapide et complète de ses territoires africains. Ses choix comportèrent
beaucoup plus d’hésitations, d’ambiguïtés, qu’il semble d’ordinaire, et quelques-unes de leurs
Conséquences compromettant toujours l’équilibre des jeunes Etats indépendants (...).
Lorsqu’il revint au pouvoir, le fondateur de la Ve République trouva cependant, de Dakar à
Tananarive, des interlocuteurs si peu unanimes à désirer l’indépendance qu’il leur proposa
d’établir, entre eux et avec Paris, une communauté fédérale, contractuelle et organique (...).Au
Niger, en Guinée son projet suscita l’opposition des dirigeants locaux. Partout ailleurs, il
éveilla des ralliements parfois proches de l’enthousiasme (...).
Source : Gilbert COMTE (1eravril 1980 in Le Monde), Dossiers et documents, L’Histoire au
jour le jour 1955-1962. Le temps des ruptures, P 131.
CONSIGNE
1. Présenter le général De Gaulle en indiquant trois évènements dans lesquels il s’est illustré
en Europe et en Afrique. (04points).
2. Dégager le contexte historique des évènements évoqués dans le texte.
3. Identifier dans le texte le nom de l’ancienne capitale de l’AEF, puis préciser la date et la
nature de l’évènement qui s’y est produit dans la période évoquée dans le texte.
4. Identifier la date, la nature et le contenu ; de la proposition évoquée dans les deux derniers
paragraphes, puis analyser l’accueil que les dirigeants des colonies ont réservé à cette
proposition à travers deux exemples différents, ainsi que la portée historique de cet accueil.

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LEÇONS 10 A 14 : LES CIVILISATIONS NEGRO-AFRICAINES

SUPPORTS
Document 1 : La culture de l’Afrique Noire est distincte des autres cultures et qu’elle doit être
comprise et respectée… Tous les ethnologues sont d’accord aujourd’hui pour reconnaître que
l’Afrique a inventé une civilisation qu’on ne trouve nulle part ailleurs, parfaitement valable et
intéressante, qu’il ne faut pas déduire de son retard technique, son infériorité dans les autres domaines
politiques.
La civilisation européenne a déjà, pris pied sur le continent africain, troublé les esprits et crée de
nombreux besoins… A l’école des blancs on enseigne, une philosophie, non seulement, la puissance
technique et scientifique, mais aussi une morale, une religion, une philosophie qui les séparent de la
civilisation africaine…
Les intellectuels africains revendiquent la liberté créatrice de l’homme en dehors de toute imitation
occidentale. Ils manifestent valablement les valeurs africaines d’aujourd’hui. « Ce qu’ils ont gagné
vaut-il ce qu’ils ont perdu ? » se demandent-ils ? Certains d’entre-deux préconisent une réconciliation
des valeurs africaines avec celle du Monde occidental, une synthèse de deux cultures antagonistes et
de civilisations différentes mais complémentaires. Le nègre devient un homme pareil aux autres en
liquidant ses anciens complexes tant d’infériorité que d’agressivité compensatoire…Mais il faut
reconnaître que l’assimilation totale dans la culture occidentale n’est pas possible. L’africain se sent
noir avant de se sentir homme….
Source : LilyanKestelot « Anthologie négro-africaine », 1967.

CONSIGNE
1. Montrer l’originalité de la civilisation africaine.
2. Expliquer l’impact politique et économique de la colonisation en Afrique noire.
3. Commenter cette phrase « Mais il faut reconnaître que l’assimilation totale dans la culture
occidentale n’est pas possible. L’africain se sent noir avant de se sentir homme.

Document 2
Sur le plan socioculturel et moral, les effets du système colonial qui se perpétuent encore de nos jours,
sont assez patents et parfois dramatiques. Deux systèmes socio-politiques et deux visions du monde
ont su se mettre en face du colonisé faisant de lui ni chauve ni souris. […]
Les colons infligeaient aux nègres des humiliations de toute genre : paroles amères, injures et
brutalités diverses qui finirent par les rendre très complexés moralement. Pire, les colonisateurs vont
s’employer à détruire toute la culture, toute l’organisation sociale des africains. Le but recherché
apparaît plus une agonie de la culture préexistante que sa disparition totale. Jadis vivante et ouverte sur
l’avenir, la culture locale va se fermer et se figer dans le statut colonial. Opprimée, elle ne va pas
pourtant disparaître mais sera à la fois présente et momifiée. Cette momification culturelle entraînera
celle de la pensée individuelle et la logique de cette opération savamment orchestrée, c’est l’apathie ou
l’inertie dont on reproche les indigènes comme s’il leur était possible de s’épanouir dans une culture
étrangère. La race noire ayant fini par se convaincre de son infériorité, partagera avec la race blanche
supérieure toutes les convictions et idées la concernant. Ainsi a-t-elle jugé, condamné, abandonné, ses
formes culturelles, son mode de vie, de penser et se ruer tel un naufragé vers la culture imposée sans y
parvenir.
Source : José KaputaLota, Identité africaine et occidentale, l’Harmattan, 2006, pp 125-126.
CONSIGNE
1. Montrer le traitement que la colonisation a réservé à la culture africaine.
2. Expliquer les conséquences de ce traitement sur la culture sur l’Homme africain.

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RESUME DU COURS
INTRODUCTION
Le mode négro-africain regroupe les pays situés au sud du Sahara. C’est un espace géographique
compris entre le tropique du Cancer et le Cap de bonne espérance. Berceau de l’humanité, le monde
négro africain a développé de brillantes civilisations, mais a connu une évolution mouvementée à
cause des agressions extérieures. L’Islam et la colonisation ont eu des impacts considérables sur les
cadres de vie des populations.
I. LA NOTION DE CIVILISATION
La civilisation se définit comme étant l’ensemble des manifestations et pratiques culturelles, mais
aussi l’ensemble des valeurs intellectuelles, philosophiques ou spirituelles, visibles et invisibles,
subjectives ou objectives qui donnent à un peuple un esprit et une âme et qui se manifeste à travers le
manger (culinaire), le parler (l’art oratoire), le faire (l’artisanat, la musique, le chant, la danse) et l’Etre
en tant que manière de penser.
La définition se base sur des faits sociologiques bien précis : croyance, coutume, mœurs, langues,
institutions politiques, sociales, économiques.
Une civilisation doit pouvoir définir des attitudes à suivre devant des faits naturels et surnaturels. Elle
doit pouvoir donner des réponses aux grands problèmes moraux, métaphysiques, sociaux et politiques.
Pour donner de telles réponses la civilisation se base sur les traditions.
En définitive, la civilisation est comprise comme l’ensemble des caractères appartenant à une certaine
société, vivant sur un territoire déterminé à un certain moment de son histoire.
Les grandes civilisations se diffusent grâce aux guerres, aux langues commerciales, aux échanges
intellectuels, à la colonisation, la religion, les masses médias…
II. L’ORIGINALITE DES CIVILISATIONS NEGRO-AFRICAINES
Elle réside dans l’organisation sociale, économique, les institutions politiques et les croyances
religieuses.
1. Les structures sociales
La société négro-africaine est essentiellement communautaire et hiérarchisée. Les individus sont
regroupés en clans et tribus, mais l’élément fondamental reste la collectivité familiale. Dans le clan,
tous les membres sont frères et sœurs sous l’autorité d’un patriarche. Le pouvoir est gérontocratique
et un conseil des anciens assiste le chef et participe à la prise de décision. Chaque unité sociale forme
un tout au sein duquel l’homme se sent pleinement intégré. Un profond lien de solidarité unit les
membres de la famille, du clan, tous sensibles à leur commune appartenance. En général, les mariages
sont des alliances scellées par la dot.
Les jeunes, pour accéder au groupe des adultes doivent être initiés : circoncision, excision,
scarification…
La société négro-africaine est fortement hiérarchisée et comprend 3 groupes :
- Les Nobles : on naît noble .On les trouve à la tête de l’État et de l’armée.
- Les hommes libres et les gens de castes : Ils sont artisans ou agriculteurs et travaillent pour
leur propre compte. Les gens de castes sont spécialisés dans le travail artisanal. En général les gens de
caste ne peuvent se marier qu’entre eux.
- Les esclaves : ils sont au bas de l’échelle sociale. Ce sont les principaux producteurs de la
société. Ils ont des descendants et possèdent des cases et des terres .Ils peuvent être affranchis.
2. Les institutions politiques
On distingue plusieurs formes d’organisations politiques :
- La tribu : c’est un assemblage de clans liés en général par la langue. A sa tête, il y a un chef
qui à un caractère religieux. Celui-ci est assisté d’un conseil de chefs de clans et de dignitaires.
- Le royaume : La monarchie constitutionnelle est la forme la plus répandue : c’est un état
centralisé. Le roi appartient à la lignée fondatrice du royaume. Il avait un caractère sacré et détenait

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tous les pouvoirs politiques militaires et religieux. Mais son pouvoir est limité par des conseillers et
surtout par des coutumes ancestrales. En réalité, le roi règne mais la coutume gouverne.
- les sociétés égalitaires : Dans certaines sociétés comme en basse Casamance, on note une
absence d’hiérarchie. Le pouvoir était collectif et détenu par les anciens.
3. Une économie rurale
Dans les sociétés négro-africaines, on note une spécialisation de certains groupes sociaux :
agriculteurs, éleveurs. Chasseurs…
L’agriculture de substance, pour les besoins de l’alimentation,est la principale activité économique. La
terre était une propriété collective avec un système de faire valoir direct, mais le travail se fait en
commun.
Chez les éleveurs Peuls, le bétail, signe de richesse, peut être une propriété collective ou individuelle.
Le système de troc a permis l’échange des produits, mais l’Afrique a connu aussi la monnaie faite de
coquillages (cauris) ou de pièces métalliques.
4. Les religions traditionnelles
Elles sont marquées par une croyance vivace en l’existence de deux mondes : visible et invisible. Entre
ces deux mondes, l’homme est le sujet central, à la fois matérielle (corps), et immatérielle (âme). La
mort n’est pas la fin de la vie, mais sa continuation et les morts restent des membres de la société. Ils
veillent sur les vivants.
L’animisme est la religion première des africains qui croient en l’existence d’une divinité supérieure.
Mais, ils ne peuvent l’atteindre que par l’intermédiaire des génies, des esprits, les mânes des ancêtres
auxquels est voué un culte quotidien. On fait souvent des offrandes aux génies, aux divinités, et aux
ancêtres.
III. LES BOULEVERSEMENTS DU MONDE NEGRO-AFRICAIN
La pénétration de l’Islam, du Christianisme et la colonisation ont provoqué des mutations profondes
dans les sociétés négro-africaines jusqu’à leur faire perdre son authenticité.
1. Les transformations sociales
Elles se traduisent par l’apparition d’une nouvelle hiérarchie sociale. La bourgeoisie noire, constituée
de grands planteurs, de commerçants, de hauts fonctionnaires et d’hommes d’affaires, est au sommet
de la nouvelle hiérarchie sociale.Des élites aliénées, méprisant leurs cultures sont devenues les
subalternes dans l’administration coloniale. Cette bourgeoisie a un niveau de vie très développé qui
tranche avec celui de leurs compatriotes. En effet, à côté de cette classe favorisée, on trouve les petits
salariés, les ouvriers et les sans-emplois qui constituent la population la plus nombreuse.
La colonisation a entraîné un déséquilibre entre villes et campagnes et l’exode rural. L’introduction de
l’argent dans les sociétés a eu pour conséquence la dislocation des familles. L’individu à la recherche
de l’argent tend à se délivrer de la tutelle familiale.
2. Les bouleversements des structures politiques
La colonisation a entraîné la destruction des royaumes traditionnels. Elle a porté des coups durs aux
chefs traditionnels qui ont été écartés du pouvoir, remplacés par des fonctionnaires nommés par
l’autorité coloniale. De nouvelles organisations politiques font leur apparition dans les colonies : partis
politiques, associations…
La colonisation a provoqué la balkanisation du monde négro-africain, marquée par la création d’une
multitude de petits Etats aux frontières héritées du congrès de Berlin qui depuis les indépendances, à
l’origine de nombreux conflits frontaliers et de guerres inter étatiques.
3. Les transformations économiques
La colonisation a entraîné un bouleversement de l’économie par l’introduction des cultures
commerciales qui ont fait reculer les cultures vivrières, provoquant une insuffisance alimentaire et une
alimentation extravertie.
Les infrastructures de transports (routes, chemins de fer, ports, aéroports…) et de transformation
(usines) étaient orientées vers l’exploitation des richesses et l’exportation des matières premières vers

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la métropole, au détriment du développement local. Les importations de produits manufacturés ont
détruit l’artisanat africain et freiné l’essor technologique.
4. Les mutations religieuses
L’Islam a bousculé les religions traditionnelles il a apporté l’écriture, le calendrier, changé le mode
vestimentaire, le mode d’héritage, enrichi les langues africaines, influencé la pratique du mariage,
l’autorité familiale…
Mais les survivances de pratiques animistes, les Africains islamisés font du syncrétisme religieux. On
parle alors d’un islam noir.
Le christianisme n’a pas eu le même succès que l’islam. Il a eu du succès en Afrique Orientale et en
Afrique Centrale. Il a longtemps méprisé en bloc la superstition, le fétichisme et la sorcellerie des
africains. C’est ce qui explique que les missionnaires n’aient pas réussi à implanter le christianisme en
profondeur. Mais par contre, l’Afrique a africanisé le christianisme car, beaucoup de religions
syncrétiques sont nées sur la base des emprunts au christianisme et à l’animisme .Ex. Le
Kimbanguisme au Congo ; le Harrisme en Côte d’Ivoire.
CONCLUSION
La civilisation négro-africaine caractérisée d’une part par l’importance des liens de parenté et la vie
communautaire et d’autre part par une économie de subsistance a connu de profondes mutations.
Partout les Etats ont mis en place des économies modernes et des systèmes de gouvernement qui
parachèvent ainsi la transformation des sociétés résolument tournées vers l’Occident.

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LEÇONS 15 A 19 : LA CIVILISATION MUSULMANE

SUPPORTS
Document1 : La profession de foi.
L’acte de naissance spirituelle du musulman, la Shahada, le témoignage, commence par l’expression «
Il n’y a pas de dieu sauf Dieu », qu’on peut entendre par « tout est relatif sauf l’Absolu ». Il y a là une
invitation à refuser toutes les formes d’idolâtrie, à garder ses distances, à rester toujours indépendant,
en état de veille, de vigilance, d’écoute, à ne pas délaisser la puissance vitale de l’interrogation, de
l’étonnement, lieu de la raison ; à être maître de soi et hospitalier pour l’autre, lieu du politique et de
l’éthique ; à rester attentif à l’existence et au mystère, lieu de la religion. Le témoignage, la Shahada,
ce « tout est relatif sauf Dieu », est un principe qui libère l’être humain de toutes les contingences,
Cette manière d’être libre, ouvert et responsable, soucieux de solidarité et de vrai dépasse le caractère
éphémère et relatif des choses.
Source : Mustapha Chérif, L’Islam. Tolérant ou intolérant ? Paris, Odile Jacob, 2006, pp. 276-284.

Document 2
L’islam n’est pas la religion d’un peuple ni d’une race. Il se présente plutôt comme un universalisme,
s’adressant à tous les hommes, sans distinction aucune. En effet, la profession de foi en l’unicité de
Dieu et en la mission prophétique de Mahomet, les cinq prières quotidiennes, le jeûne du mois de
ramadan, l’aumône légale et le pèlerinage à la Mecque pour quiconque en a les moyens constituent les
devoirs de prescription divine, incombant à tous les musulmans des deux sexes. Sur le plan du dogme,
les obligations, c’est-à-dire l’ensemble des rites et des pratiques culturelles, sont imposées à l’adepte
de l’islam blanc ou noir ou jaune, homme ou femme. Malgré les divergences de peuples, de races, de
langues, de passé et du destin historique, tous les musulmans se reconnaissent participants d’une forme
d’unité qui puise en la foi religieuse de base, une attitude commune face au monde et aux hommes
face à Dieu.
Source : Amar Samb, « Islam arabe et islam noir » Ethiopiques n°2, avril 1975.
CONSIGNE
1. Document 1 : Montrer le comportement d’un bon musulman.
2. Document 2 : Donner un titre au texte, puis relever le caractère universaliste de l’islam.

Document 3 : mondialisation
Les sociétés musulmanes, même les plus riches, connaissent une subite accentuation des inégalités,
l’oppression et la morgue des classes dirigeantes, l’étalage impudent des richesses, toutes choses
condamnées aussi bien par le marxisme que par l’Islam. Ensuite, l’aliénation, par mimétisme pro -
occidental, est peut-être encore plus grande aujourd’hui que sous la domination coloniale, parce
qu’elle est déculpabilisée et intériorisée. Quand des libéraux ou des intellectuels musulmans dénoncent
cette aliénation, on ne les entend pas : qu’ont-ils d’autre à proposer qu’une copie de l’occident ? En
revanche, les islamistes offrent une alternative autrement plus séduisante lorsqu’ils parlent de revenir
aux sources, de retrouver des racines perdues. Ils sont les seuls – avec les marxistes – à proposer une
réponse globale aux problèmes de l’aliénation. (…). L’Islam est communautaire et qu’il est même,
tout comme le communisme, profondément égalitariste. D’où l’attraction actuelle de cet Islam des
origines.
Source : Interview d’Habib Boulares, ancien ministre tunisien de l’information, au Nouvel
Observateur, 12 mars 1979.
CONSIGNE
1. Montrer les conséquences de l’introduction de la culture occidentale dans les sociétés musulmanes.
2. Expliquer l’essor actuel de l’islamisme.

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RESUME DU COURS

INTRODUCTION
Troisième religion révélée, l’Islam est né au VIIème siècle dans la péninsule arabique. Il est aujourd’hui
pratiqué par plus de 1 milliard d’adeptes, à travers toutes les régions du monde. Religion monothéiste
révélée au prophète Mouhammed, l’Islam s’appuie sur le coran, livre sacré et se caractérise par son
dynamisme, malgré les nombreux courants qui le traversent et qui sapent son unité organique. La
Umma tente de s’organiser à travers des organisations telles que l’Organisation de la Communauté
Islamique.
Depuis la disparition du bloc de l’Est et la crise des idéologies occidentales, l’Islamisme s’oppose au
capitalisme triomphant.
I. L’ARABIEPREISLAMIQUE
1. Un milieu physique hostile
La péninsule arabique est située à la jonction des continents asiatique et africain, au sud des deux
grandes puissances de l’époque, l’Empire Byzantin et l’Empire Perse. Cette zone est dotée d'un climat
désertique ou semi désertique. Montagneuse à l'Ouest et au Sud, elle est relativement plane à l'Est. Au
Yémen. Le climat y est plus doux, notamment en raison de l'influence de la Mousson. L'Arabie
centrale est quant à elle une vaste zone de steppes arides, entrecoupées de grandes mers de sable. La
chaleur diurne y est insupportable en été. Un peu partout de longues dépressions forment cependant le
réceptacle d'oasis parsemées de plantations de palmiers-dattiers.
2. Une population nomade et polythéiste
Les Arabes du Sud sont polythéistes. Ils adorent de nombreux dieux et déesses que personnifient les
planètes Chaque tribu avait une divinité particulière, différente de la divinité de la tribu voisine.
Cependant les statuettes représentant ces divinités semblent avoir été rassemblées au sanctuaire central
de l'Arabie, la Kaaba, ce qui est le signe d'une certaine unité.
Des villes-marchés, la Mecque se distingue comme centre commercial et déjà comme lieu de culte,
mais aussi comme étape obligée pour les nombreuses caravanes qui sillonnent les pays du Yémen à la
Palestine et de l'Ethiopie au Golfe persique. La ville est également lieu de pèlerinage et l'on vient
chaque année visiter la Kaaba et vénérer ses idoles.
Mais l'Arabie connaissait aussi l'influence des deux religions monothéistes d'alors : le Judaïsme et le
Christianisme. Les Juifs sont plus nombreux que les Chrétiens et forment d'importantes communautés
comme à Yathrib ou au Yémen.
II. LA NAISSANCE DE L’ISLAM
1. Mohammed reçoit la révélation
La religion musulmane apparait au VII ème siècle de l’ère chrétienne. Le prophète Mohammed est né
vers 570 à la Mecque.À l'âge de quarante ans, Mohammed reçut sa première révélation de Dieu par
l'intermédiaire de l'ange Gabriel, lors de l’une de ses retraites dans une grotte du mont Hira, qui lui
signifia qu’il a la mission de messager de Dieu. Les révélations se poursuivirent pendant vingt-trois
ans.
L’opposition violente de l’aristocratie mecquoise contraint Mohammed, en 622, à l’exil à Yathrib (la
future Médine): c’est l’Hégire qui marque le départ de l’ère musulmane. De Médine, il mènera
plusieurs batailles contre les Mecquois. En 630, il s’empare de la Mecque. En 632, il disparaît à
Médine.
2. Les principes de l’Islam dans le Coran
Islam est un mot arabe signifiant paix. Dans le contexte religieux, Islam signifie soumission à la
volonté de Dieu. En tant que révélation, divine, il implique la foi en un Dieu unique et absolu, Allah et
à son envoyé Mohammed. L’Islam exige une soumission inconditionnelle à Dieu et à sa volonté. Il
condamne toute association à Allah d’une autre divinité, tout attachement à un être ou une cause

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pouvant faire oublier dieu ou de s’éloigner de lui. Il s’affirme non seulement comme la foi en un Dieu
unique, mais aussi comme un cadre juridique de toute vie personnelle ou collective, constitué par la loi
islamique ou charia.
Le message de l’Islam est un message de paix de liberté, de fraternité et de charité. Religion
universelle, l’Islam a réussi à unir Arabes, Persans, Noirs, Blancs, Américains, Turcs, Indiens,
Chinois…dans une seule communauté (Umma) sans distinction de couleurs de peau, de langues ou de
rang social.
3. Une expansion rapide
Par leur position géographique, les territoires de Syrie et de Palestine sont les premiers à subir les raids
musulmans. L'offensive contre les territoires du Nord dominés par les Byzantins commence dès 632, à
peine quelques semaines après la mort du Prophète. Damas est prise une première fois en 635, perdue
puis définitivement reconquise fin 636. La même année, une armée envoyée par l'empereur byzantin
Héraclius est défaite par les musulmans à Yarmuk. Les Byzantins se replient alors vers le Nord pour
tenter d'y réorganiser leur défense ; Jérusalem tombe en 638. Deux ans plus tar d, les musulmans
deviennent les maîtres de la Syrie. Dès 639, les musulmans se lancent à la conquête de l'Egypte. Quant
à l'Empire Perse sassanide, il ne résiste pas à la défaite de Névahend en 642. Les musulmans
s'emparèrent de Persépolis en 648 et de Kaboul en 652.
En une centaine d’années, l’Islam se diffuse rapidement à l’ensemble du bassin méditerranéen par
l’intermédiaire des Arabes qui conquièrent l’Afrique du nord peuplée de longue date par les Berbères,
puis, la péninsule ibérique dirigée par des peuples germaniques. En Europe Occidentale, ils sont
arrêtés à Poitiers par Charles Martel en 742.
La rapidité de la conquête s'explique par plusieurs facteurs, en premier lieu la faiblesse des empires
byzantin et sassanide, sortis d'une guerre de cinquante ans ; mais aussi l'effet de surprise pour les
Byzantins (les Arabes n'ayant jamais constitué un danger), l'enthousiasme religieux (guerre sainte),
l'intendance de qualité (tradition caravanière) et une parfaite connaissance du terrain.
II. DIVERSITE ET ORGANISATION DU MONDE MUSULMAN
1. Les courants dans l’Islam
La religion islamique est unie, mais les expressions sont différentes du fait de la sensibilité des peuples
qui composent la Umma. On distingue deux grandes branches :
- les Sunnites : composés de quatre courants, Hanafite, Malikites, Chaféites et Hanbalites. Les
Sunnites sont majoritaires dans le monde islamique et prennent pour critère de foi la sunna du
prophète et de ses compagnons. Ils estiment que le calife doit être choisi en fonction de son érudit, sa
sagesse… et non son appartenance familiale.
- les Chiites : Ils représentent 10à 15 % des musulmans et sont les partisans d’une continuité
dans la descendance du prophète. Ils ne reconnaissent que l’autorité religieuse des imans descendants
d’Ali.
L’Islam n’a pu imposer une uniformité comportementale de tous ses adeptes. Tout au contraire, en se
"délocalisant", l’Islam a puisé dans le fonds culturel des peuples non -arabes qui ont élargi sa base
d’expansion territoriale, renforcé sa vitalité confessionnelle et consolidé ses ambitions universelles. Si
nous prenons pour exemple l’Afrique occidentale, de l’atlantique à la boucle du Niger, les croyances
traditionnelles sont restées vivaces dans l’esprit des populations qu’elles soient urbaines ou rurales.
Elles ont conduit à une modification notable des organisations et pratiques religieuses importées. Au
Sénégal, le phénomène des regroupements confrériques musulmans s’explique en partie par le très fort
sentiment des populations sénégalaises d’appartenir à une vieille civilisation dont les valeurs doivent
être préservées à tout prix. C’est ainsi que la création des grandes confréries religieuses musulmanes
que sont les Mourides, les Tidjanes, les Khadres et les Layènes du Sénégal constituent aux yeux des
populations, une réponse culturelle donnée à l’absence de clergé et donc d’autorité formelle qui
caractérise l’islam sunnite.

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2. Les tentatives d’organisation de la Umma


La Umma regroupe des Etats pétroliers très riches et des Etats pauvres comme la Sierra Léone ou le
Niger. Organiser tout ce monde et faire face aux défis du XXIème siècle tel est la mission dévolue
principalement à l’Organisation de la conférence islamique.L’OCI est créée, en septembre 1969 au
Maroc, en pleine crise palestinienne, après l’incendie de la mosquée Al-Qods de Jérusalem, 3ème
grande mosquée de l’Islam. Son objectif initial était alors de prendre en charge la lutte du peuple
palestinien. La charte de l’OCI signée, en 1972 à Djeddah, vise à sauvegarder les lieux saints et
soutenir la cause palestinienne, mais aussi la consolidation de la solidarité islamique entre les Etats
membres, le renforcement de la coopération et l’élimination de la discrimination raciale et du
colonialisme sous toutes ses formes.
L’OCI regroupe 57 pays membres, ce qui en fait est aujourd’hui la deuxième plus grande organisation
intergouvernementale après les Nations unies
La solidarité islamique se manifeste à travers les nombreux dons et subventions alloués aux pays
pauvres de la Umma par les pays riches à travers des ONG comme le Fonds Koweitien de
Développement et le Secours Islamique France (SIF), fondé en 1991 qui a une vocation sociale et
humanitaire. Il soutient les populations défavorisées dans plus de 30 pays.
Le 11ème sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), en mars 2008 à Dakar a mis en
place Un observatoire contre l’"islamophobie", afin de faire échouer toutes les campagnes de
diffamation tendant à présenter l’Islam comme une religion de violence, de guerre ou de terrorisme.
Elle s’est engagée à venir en aide aux pays sous-développés, notamment à travers un Fonds de
solidarité islamique mis en place depuis 2007, grâce à l’appui de la Banque islamique de
développement (BID), d’un montant provisoire de 2,5 milliards de dollars.
La nouvelle charte signée à Dakar veut faire de l’OCI un acteur international reconnu, de par sa
contribution à l’instauration de la paix et la sécurité internationales, de l’entente et du dialogue des
civilisations et la promotion des relations d’amitié et de bon voisinage, ainsi que le respect mutuel et la
coopération.
III. L’ISLAMISME FACE A LA CRISE DES IDEOLOGIES
1. L’islamisme, une doctrine politique
L’islamisme est un courant politique qui prône l’installation d’un Etat islamique. Il vise une
application intégrale de la charia à tous les aspects de la vie quotidienne, la soumission de l’existence
humaine dans toutes ses dimensions individuelles comme collectives à la loi coranique. L’islamisme
est donc une idéologie qui se sert de l’Islam pour asseoir son autorité et accéder au pouvoir politique.
Il est à distinguer de l’Islam, car, si tous les islamistes sont musulmans, tous les musulmans ne sont
pas islamistes.
Au 19ème siècle, le triomphe de la Révolution industrielle et la domination du monde arabe par les
puissances occidentales avaient affaibli l’islam. L’islamisme était alors, un moyen de lutter contre la
colonisation. Jusqu’au début des années 1990, l’islamisme était en retrait à cause des rivalités entre
capitalisme et communisme pendant la Guerre Froide. A la disparition du communisme, Francis
Fukuyama avait prophétisé la fin de l’histoire et le début de la pensée unique. Ce fut une erreur de sa
part, car la place laissée vacante par le communisme va être occupée par l’islamisme.
L’essor de l’islamisme est lié, d’une part à l’échec du capitalisme dans les sociétés du tiers-monde où
il s’est imposé. En effet, il y a créé des inégalités sociales très fortes, développé l’individualisme, la
corruption, la perte de la dignité humaine, autant de maux combattus par l’Islam. Par contre,
l’islamisme puise ses valeurs dans le coran et la sunna du prophète et prône la solidarité, la tolérance,
l’humilité…, interdit l’injustice, l’égoïsme, le mensonge… D’autre part il est lié aux humiliantes
défaites du monde arabe face à Israël soutenu par les occidentaux et principalement les Etats -Unis
d’Amérique.
La première victoire de l’islamisme fut obtenue en 1979 avec la révolution iranienne qui porta
l’ayatollah Khomeiny à la tête de l’Iran
L’essor de l’islamisme dans le monde à amener Samuel Huntincton à évoquer le choc des civilisations.
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2. Les modes d’actions des islamistes


On distingue deux principales modes d’action, l’une violente, l’autre pacifique :
- la mode violente : elle est portée par les intégristes djihadistes qui prônent une application
stricte de la charia. (Membres d’Al-Qaïda, Talibans en Afghanistan et au Pakistan, Aqmi en
Afrique…). Ils commettent des attentats contre les occidentaux ou leurs intérêts, pour faire passer
leurs messages : attentats à New York (11sept.-11), à Bali (Indonésie), à Londres, à Djerba (Tunisie),
d’autres comme Aqmi s’adonne à des rapts d’occidentaux. Ils sont en conflit avec l’occident.
- la mode pacifique : Elle est utilisée par les islamistes modérés et consiste à diffuser les
principes islamiques à partir de cassettes, par des causeries, des conférences… afin de susciter des
adhésions volontaires des individus aux thèses des islamistes.
CONCLUSION:
La civilisation musulmane est portée par des valeurs fortes et positives et continue de rayonner dans le
monde, mille trois cents soixante-dix-neuf ans après la mort du prophète. Seconde grande religion par
le nombre, derrière le Christianisme, l’Islam est aujourd’hui l’objet de plusieurs attaques venues de
l’occident qui lui trouve un certain archaïsme. L’OCI tente de faire face à ces attaques en organisant la
Umma et en encourageant le dialogue islamo-chrétien.

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EVALUATION

Sujet : Commentaire de texte


Document : Islam et mondialisation
Les sociétés musulmanes, même les plus riches, connaissent une subite accentuation des
inégalités, l’oppression et la morgue des classes dirigeantes, l’étalage impudent des richesses,
toutes choses condamnées aussi bien par le marxisme que par l’Islam. Ensuite, l’aliénation,
par mimétisme pro-occidental, est peut-être encore plus grande aujourd’hui que sous la
domination coloniale, parce qu’elle est déculpabilisée et intériorisée. Quand des libéraux ou
des intellectuels musulmans dénoncent cette aliénation, on ne les entend pas : qu’ont-ils
d’autre à proposer qu’une copie de l’occident ? En revanche, les islamistes offrent une
alternative autrement plus séduisante lorsqu’ils parlent de revenir aux sources, de retrouver
des racines perdues. Ils sont les seuls – avec les marxistes – à proposer une réponse globale
aux problèmes de l’aliénation. (…). L’Islam est communautaire et qu’il est même, tout
comme le communisme, profondément égalitariste. D’où l’attraction actuelle de cet Islam des
origines.
Source : Interview d’Habib Boulares, ancien ministre tunisien de l’information, au Nouvel
Observateur, 12 mars 1979.
CONSIGNE
1. Montrer les conséquences de l’introduction de la culture occidentale dans les sociétés
musulmanes.
2. Expliquer l’essor actuel de l’islamisme
3. Analyser de l’attitude de l’islamisme face à l’évolution du monde actuel.

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