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Joseph KAMA
Louis Marie SENE
Cours secondaire Sacré-Cœur

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


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AVANT-PROPOS

Voici un nouveau fascicule d’histoire. Il doit vous permettre non seulement d’avoir
votre cours, mais de vous entraîner aux devoirs.

C’est dans cet esprit que nous l’avons divisé en trois parties :

La première est intitulée « Documents ». Son rôle est de vous permettre, de manière
méthodique, de découvrir la leçon. Pour cela, nous avons proposons des supports
variés : textes, images, cartes et même des tableaux.

La seconde est le Résumé qui condense l’essentiel de ce que vous devez retenir.

La troisième partie appelée « Entraînement » est destinée à vous donner des


occasions d’apprendre à travailler à partir de diverses propositions : commentaires et
dissertations notamment.

Ce fascicule n’aurait pas pu se faire sans le soutien du Directeur du Collège Sacré-


Cœur, le Frère Luc Brunette qui nous en a donné les moyens. Nous le remercions
sincèrement.

Nous espérons que vous en ferez bon usage et vous souhaitons une bonne année
scolaire pleine de réussite.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE

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INTRODUCTION

1. Histoire : Définition, objet et importance ----------------------------------------------


2. Problématique de l’histoire africaine ----------------------------------------------------

Première partie : La préhistoire africaine.

3. L’Afrique, berceau de l’humanité----------------------------------------------------------


4. Les civilisations paléolithiques ------------------------------------------------------------
5. La révolution néolithique et ses conséquences ----------------------------------------
6. Préhistoire et protohistoire du Sénégal -------------------------------------------------
7. Exercices à la technique de la dissertation --------------------------------------------

Deuxième partie : les civilisations de l’Afrique ancienne

8. La civilisation de l’Egypte pharaonique ------------------------------------------------


9. Axoum--------------------------------------------- ------------------------------------------------
10. La Méditerranée et le monde ---------------------------------------------------------------
11. Etude de la parenté entre la civilisation égyptienne et le reste de
l’Afrique : exemple du Sénégal (sous forme de dossier) ----------------------------

Troisième partie : l’Afrique occidentale du VIIè au XVIIè siècle

12. Les civilisations du Soudan médiéval----------------------------------------------------


13. Le processus d’islamisation en Afrique occidentale ---------------------------------
14. L’empire du Jolof-------------------------------------------------------------------------------
15. L’empire du Gaabu ----------------------------------------------------------------------------
16. Initiation à la technique du commentaire historique--------------------------------

Quatrième partie : La traite négrière et ses conséquences.

17. La traite arabe (origines, extensions, conséquences en Afrique) ----------------


18. La traite atlantique ---------------------------------------------------------------------------
19. Dossier sur la traite au Sénégal -----------------------------------------------------------

Cinquième partie : L’Afrique du XVIIIè siècle à la veille de la poussée


impérialiste.

20. La révolution Torodo --------------------------------------------------------------------------


21. L’empire d’El Hadji Omar Tall ------------------------------------------------------------
22. L’empire zoulou de Tchaka -----------------------------------------------------------------

Sixième partie : L’Europe et l’Amérique de 1776 à 1870.

1. La révolution américaine --------------------------------------------------------------------


2. La révolution française de1789 ------------------------------------------------------------
3. L’indépendance d’Haïti -----------------------------------------------------------------------

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Fouilles archéologiques à Gizeh (Égypte)

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Leçon 1

1. Le sens de l’Histoire

Le mot d'histoire désigne aussi bien ce humaine" : la nature, elle aussi, a son
qui est arrivé que le récit de ce qui est histoire et ses historiens. Il serait inexact
arrivé ; l'histoire est donc, soit une suite de croire que seul l’homme a une
d'événements, soit le récit de cette suite histoire, ou que seul l'histoire des
d'événements. Ceux-ci sont réellement hommes nous intéresse parce que nous
arrivés : l'histoire est récit d'événements sommes hommes nous-mêmes ;
vrais, par opposition au roman, par l'histoire est une discipline
exemple. Par cette norme de vérité, intellectualiste, Elle ne répond pas
l’histoire, comme discipline, s'apparente essentiellement à un besoin existentiel,
à la science ; elle est une activité de elle n'est pas taillée sur le patron d’un
connaissance. anthropomorphisme ou d'un humanisme
[…]
Toutefois, l'histoire s’oppose à la science,
si l'on prend ce mot en un sens étroit et Depuis le début du XXème siècle, l'histoire
si on le réserve à des disciplines telles a accompli sa seconde mutation. La
que la physique ou l'analyse économique première avait été celle par laquelle elle
; en effet, l'histoire est connaissance s'était arrachée à sa fonction de mythe
d'événements, c’est à dire de faits, alors collectif pour devenir connaissance
que la science est connaissance de lois désintéressée de la pure vérité : les
qui régissent les faits. [...]. La Grecs sont les auteurs de cette mutation.
connaissance historique est un corps de La seconde mutation, la nôtre, est celle
faits et la science est un corps de lois. Il par laquelle nos historiens ont peu à peu
peut donc exister, et il existe pris connaissance du fait que tout était
effectivement une histoire de faits digne de l'histoire : aucune tribu, si
physiques (par exemple, l’histoire de la minuscule soit-elle, aucun geste humain,
Terre ou celle du système solaire) ; si insignifiant soit-il en apparence n'est
inversement, il peut ou pourra y avoir un indigne de la curiosité historique. [...] On
jour des sciences relatives aux n'a pas le droit d'ignorer quelle est la
événements humains : ce sont les double leçon du travail des historiens
"sciences humaines", telles que la depuis un siècle : que l'histoire est
théorie économique ou la linguistique connaissance objective, mue par la
générale, mais ces sciences humaines ne curiosité désintéressée, et non
raconteront pas ce qui est arrivé aux expression d'une situation existentielle ;
hommes : elle s’établiront des lois et que tout ce qui est historique est
relatives à des événements humains. digne de l'histoire.

Comme on le voit, "histoire" n'est Paul Veyne, in Encyclopedia Universalis


nullement synonyme d’ "histoire

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2. Historicité

Comme le mot allemand correspondant terme, qui relève plutôt de la


Geschichtlichkeit, le mot "historicité" est terminologie philosophique. Historicité
d'abord employé pour exprimer qu'un signifie alors la constitution foncière de
événement a réellement eu lieu et n'est l'esprit humain qui, à la différence d'un
pas une simple tradition légendaire. intellect infini, ne voit pas d'un seul
Ainsi, l'on parle de l'historicité de la regard tout ce qui ce qui est mais prend
fondation de Rome ou de l'historicité de conscience de sa propre situation
la résurrection de Jésus... historique.

Mais derrière ce concept simple Encyclopédie universelle, tome 11.


d’historicité s’annonce un autre sens du

3. Le devoir de l’historien

« … L’unique devoir de l’historien, c’est étranger dans ses ouvrages, sans pays,
de dire ce qui s’est fait. (…) Tel est, je le sans lois, sans prince, ne s’inquiétant
répète, l’unique devoir de l’historien : ne pas de ce que dira tel ou tel, mais
sacrifier qu’à la vérité, quand on se mêle racontant ce qui s’est fait.
d’écrire l’histoire, et négliger tout le
reste ; en un mot, la seule règle, l’exacte (…) De là, il conclut que l’utilité doit être
mesure, c’est de n’avoir pas égard le but que se propose tout homme sensé
seulement à ceux qui l’entendent, mais à en écrivant l’histoire, afin, que si, par la
ceux qui, plus tard, liront ses écrits. suite, il arrive des événements
semblables, on voie, en jetant les yeux
(…) Ainsi l’historien doit être exempt de sur ce qui a été écrit, ce qu’il est utile de
crainte, incorruptible, indépendant, ami faire.»
de la franchise et de la vérité (…) ne
donnant rien à la haine, ni à l’amitié, Lucien, Comment il faut écrire l’histoire,
n’épargnant personne par pitié, par vers160 après. J.C.
honte ou par respect, juge impartial (…),

4. L’utilité de l’histoire

« Il est juste raison que les hommes adverses rapportés par ceux qui les ont
rendent grâce à ceux qui s’occupent de vécus, renferme un enseignement
relater les choses passées, parce qu’ils exempt de tout danger, il ne fait aucun
ont toujours été très utiles par leurs doute que celui qui lit des histoires
travaux à la vie des mortels ; ils parvient à la sagesse sans mal ni danger
enseignent aux lecteurs, avec des pour lui, mais au contraire aux dépens
exemples des choses passées, ce que les d’autrui. (…) C’est une belle chose,
hommes doivent souhaiter et ce qu’ils assurément, que de tirer exemple des
doivent fuir ; car en lisant les choses erreurs commises par nos aïeux, afin de
qu’à grandes peines et grand danger nos rendre nos vies vertueuses, sans
ancêtres ont expérimentées jadis, nous s’occuper de ce que d’autres firent, mais
lisons sans peine ni danger d’utiles en se proposant d’imiter et de faire ce
admonitions sur la façon de conduire qui a été bien fait (…).»
notre vie. (…) Et parce que la
connaissance qu’on acquiert par la Diodore de Sicile, Bibliothèque historique,
lecture des événements heureux et Introduction, 1er siècle av. J. C.

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I. DEFINITION DE L’HISTOIRE

Selon Fustel de Coulanges (historien au 19ème siècle), « L’histoire est l’étude des sociétés
humaines ». Elle a pour but de décrire, au moyen de documents, les sociétés passées et
leurs métamorphoses. On comprend que l’histoire présente trois caractéristiques
fondamentales : l’humain, la société, l’Espace et le temps.

C’est l’historien Joseph KI ZERBO qui donne une définition beaucoup plus exhaustive de
cette science sociale. En effet, « L’Histoire est une science humaine qui est à la recherche
d’un certain degré de certitude dite morale ou de probabilité qui lui permet de restituer et
d’expliquer le passé de l’homme ». Ainsi, l’histoire cherche à restituer les événements
passés, à décrire les mœurs, les modes d’organisation passées avec le maximum
d’exactitude.

« L’histoire n’est faite ni pour raconter, ni pour prouver, elle est faite pour répondre aux
questions sur le passé que suggère la vue des sociétés présentes. ».

L’Histoire retrace les périodes suivantes :

 Ancienne, de l'Antiquité.
 Le Moyen Âge, du Ve s. à la fin du XVe s.
 L’Histoire moderne, jusqu'en 1789.
 L’Histoire contemporaine, de 1789 à nos jours

II. HISTORICITE

Le mot historicité exprime la réalité d’un événement relaté. Donc, un événement est
historique lorsqu’il a effectivement eu lieu. En ce sens, l’histoire se distingue de la
légende, du mythe. Donc, tout récit n’est pas historique. Pour qu’il le soit, il faut qu’il
renvoie à des faits réels, vérifiables par des documents fiables ou des témoignages
solides. L’historicité renvoie en fin de compte à un esprit critique pour rapporter avec le
maximum de fidélité le passé de l’homme et des sociétés humaines.

III. POURQUOI APPRENONS-NOUS L’HISTOIRE ?

L’historien Lucien FEBRE nous donne cette réponse : « Je définis l’histoire, un besoin de
l’humanité, le besoin qu’éprouve chaque groupe humain, à chaque moment de son
évolution, de chercher et de mettre en valeur dans le passé les faits ; les événements,
les tendances qui préparent le temps présent, qui permettent de la comprendre et qui
aident à vivre ».

Ainsi, l’histoire nous permet de comprendre nos racines, la construction de notre pays et
de la planète par des hommes d’autres temps. Elle nous amène à comprendre les autres
peuples malgré les différences de civilisations, de cultures ; car il n’ y a pas de
civilisation, mais plutôt des différences. Ainsi compris, l’histoire nous débarrasse des
complexes de supériorité ou d’infériorité devenant un facteur de développement, car
valorisant tous les hommes et leurs civilisations. C’est un facteur de tolérance et de
respect de l’autre.

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Quant à l’exigence de la vérité, elle suppose le respect le plus strict des règles de la
profession, règles intellectuelles, déontologiques, éthiques, tout aussi impératives en
situation d’enseignement. Car il n’y a pas fondamentalement de différence de nature
entre la responsabilité de l’historien et celle de l’enseignant, tous deux médiateurs entre
passé et présent, savoirs et société et, ce faisant, reconnus par leur fonction comme
ayant compétence de faire progresser la connaissance. (…) L’historien n’est pas un juge…
Le cours d’histoire n’est pas un cours de morale. La responsabilité de l’enseignant est de
donner aux élèves les connaissances et les outils qui leur permettent de discerner ce qui
est inacceptable, expliquer sans vouloir nécessairement persuader et encore moins
condamner. Poser des éléments de compréhension. Pointer les erreurs, volontaires ou
non. (…) L’histoire est du côté de la connaissance ; elle est mise à distance,
rationalisation, volonté de comprendre et d’expliquer.

Antoine Prost, « Comment l’histoire fait-elle l’historien ? », in Vingtième Siècle, n°65,


janvier-mars 2000

Questions

1) Donnez un titre au texte


2) Résumez le document en 3 phrases
3) Expliquez ce passage : « L’historien n’est pas un juge… Le cours d’histoire n’est
pas un cours de morale. »

Cheikh Anta Diop, célèbre historien sénégalais

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Leçon 2

1. Les sources écrites

L'Afrique a une histoire.


Malheureusement ce continent est resté Les sources arabes sont parmi les plus
trop longtemps méconnu. (…) importantes. (...)

Or, l'histoire de l'Afrique comme celle de Que dire alors des sources européennes
l'humanité entière, c’est l'histoire d’une depuis le Moyen âge, depuis que
prise de conscience. Cette histoire doit l'empereur du Mali (Rex Melli) a été
être réécrite, car elle a été trop figuré en majesté sur le portulan
déformée par l'ignorance ou l'intérêt. d'Abraham Cresques ? C'est une mine
inépuisable qui est pour ainsi dire
Trois sources principales servent pour complémentaire de ses sources arabes
l'investigation historique en Afrique: les parce qu'elle donne, sur la partiel a
documents écrits, l’archéologie et la moins touchée par les Arabes, une foule
tradition orale. Elles sont renforcées par de renseignements de toutes sortes, ....)
la linguistique et l'anthropologie. Aucune Il faut citer aussi les documents d'origine
de ces sources n'est d'office et en proprement africaine comme les récits
permanence prédominante. historiques du Sultan Njoya, en écriture
Bamoun. Dire de l'Afrique Noire sans
Les sources écrites sont, sinon rares, du aucune nuance q u'elle a été un pays
moins mal distribuées dans le temps et sans écriture serait une erreur grossière.
dans l'espace. Les siècles les moins
éclairés par les documents écrits sont Joseph KI-ZERBO, Histoire générale de
ceux qui précèdent et suivent la l'Afrique, Édition abrégée t. 1, Unesco,
naissance du Christ, exception faite pour 1986.
l'Afrique du Nord.

2. L'archéologie

L'archéologie semble fournir des alimentaires, outils de productions


documents muets. En fait le langage des artistiques.
trouvailles exhumées a quelque chose
d’objectif et d'irrévocable. Tout dépend Joseph KI-ZERBO, Histoire générale de
de l'interprétation de ces témoins et l'Afrique, Édition abrégée t. 1, Unesco,
repères de civilisation : objets en fer, en 1986.
verre, en céramique, produits

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3. Un document archéologique : la pierre de Rosette

4. Laboratoire de datation au carbone 14.

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5. Fouilles archéologiques dans un site préhistorique.

6. Les griots (traditionnel et moderne), gardiens de la tradition orale

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L’étude de l’histoire s’appuie forcément sur de nombreux moyens d’investigation. La


reconstitution du passé se réalise par l’intermédiaire de plusieurs témoignages qui sont
les vestiges anciens, des documents écrits, des récits,… leur exploitation permet de
rendre compte de la vie des hommes, de leurs modes de vie, ainsi que leurs mœurs et
réalisations.

I. LES DOCUMENTS ECRITS

 Les sources les plus anciennes ou antiques sont les hiéroglyphes,


documents égyptiens ; ceux de Nubie et gréco-latins.

 Les sources arabes sont parmi les plus importantes. Cependant, leurs
auteurs ne sont pas tous Arabes. Exemple : Mahmoud Kati, historien
soninké de Tombouctou, auteur du Tarikh el Fettach (« Chronique du
chercheur ») ; Es Saadi, d’origine maure, auteur du Tarikh es Sudan
(« Chronique du pays des Noirs »

 Les sources européennes complètent les documents arabes car donnant


des renseignements variés sur la partie la moins explorée par les arabes.
Mais la plupart appartiennent à des collections privées (archives des ports
négriers, des sociétés missionnaires du Vatican…) et sont souvent
inaccessibles. Cependant, de nombreux documents de la période coloniale
appellent à une relecture car tendancieux ou fallacieux.

 Il existe des documents d’origine purement africaine (exemples des récits


du Sultan Njoya en écriture Bamoun, les documents Vaï, Ajami. Ces
derniers peuvent être aussi en arabe, en langue européenne ou
éthiopienne.

La rareté des documents écrits est un problème dans l’histoire africaine ; mais pas un
obstacle. D’ailleurs, une masse considérable de matériel scripturaire à caractère
archéologique ou narratif reste inexplorée.

II. LA TRADITION ORALE

Elle se définit comme un témoignage transmit verbalement, d’une génération à une


autre. C’est l’histoire vécue, conservée par la mémoire collective. Elle conserve et révèle
les usages ainsi que les valeurs qui animent les peuples. Les anciens et les
traditionalistes (griots…) en sont les dépositaires.

Elle a cependant ses limites. En effet, la tradition orale ne permet pas de dater même si
ce problème trouve une solution à travers l’archéologie. Elle est aussi muette sur les
facteurs économiques et structurels. Mais la collecte des traditions locales permet de
réduire le nombre des hypothèses et à détecter d’autres sources telles les manuscrits et
les sites archéologiques. L’historien utilise la tradition orale ave un esprit critique.

Antérieure à l’écriture, elle peut trancher des questions sur lesquelles les documents
écrits restent muets. Elle peut fournir des éclairages aux sources écrites. La chronologie
souvent absente est liée au fait que les anciens comme les griots ne présentent pas le
cours des événements humains avec leurs accélérations ou leurs points de rupture. Ils ne
travaillent pas suivant une trame chronologique. Chaque moment est présenté en lui-

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même comme ayant son sens propre, sans relation avec les autres. Les moments des
événements paraissent alors discontinus.

III. L’ARCHEOLOGIE

C’est la science qui étudie le passé grâce aux vestiges anciens. Elle utilise diverses
techniques ou disciplines permettant de situer dans le temps les étapes de l'évolution
humaine :

- La photographie aérienne
- La stratigraphie
- Les relations typologiques
- La dendrochronologie
- La racémisation des acides aminés
- Le dosage chimique : azote, fluor, l'uranium
- L'hydratation de l'obsidienne
- Les traces biologiques : palynologie, paléontologie, micropaléontologie
- L'archéomagnétisme
- La thermoluminescence
- Les méthodes radioactives : Carbone 14, Potassium-Argon, Uranium/Thorium
- La télédétection…

Des civilisations entières ont été exhumées grâce à l’archéologie. Cette discipline apporte
des confirmations à la tradition orale. Pour donner davantage de poids à ses trouvailles,
elle travaille en relation avec d’autres sciences dont la liste est longue : géomorphologie,
géologie, sédimentologie, pédologie, paléontologie, paléoclimatologie, sciences humaines
(Histoire, anthropologie culturelle) ; sciences physiques, photographie aérienne (Pour
définir la zone à explorer)… Ces disciplines interviennent à tous les niveaux de la
recherche : choix du site, exploration, analyse, interprétation.

Les témoignages fournis par l’archéologie sont souvent plus éloquents que certaines
chroniques. Ils sont très significatifs comme repères et mesures de civilisation.

IV. LA LINGUISTIQUE.

C’est aussi une source historique. L’histoire utilise surtout la linguistique comparative ou
historique. Elle utilise la méthode comparative ou inductive.

Le but poursuivi est la recherche de points de convergence des langues dont on effectue
la comparaison. La langue, outil de communication est alors considérée comme un
phénomène historique. L’investigation linguistique permet de déterminer l’aire
recouverte par plusieurs langues apparemment sans lien alors que la langue peut
déborder de son propre champ et avoir des relations importantes avec d’autres langues
plus ou moins éloignées. Découvrir une communauté linguistique revient à s’informer sur
les rapports culturels des langues dont les racines sont proches, de faire des déductions
sur la parenté ethnique ou d’origine. A partir de la classification des langues, on obtient
des indices de reconstruction de l’histoire des peuples, des directions de migrations, de la
diffusion des cultures.

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Quelle est la fiabilité des sources européennes ?

Réservons nos observations aux seules informations recueillies directement par les
auteurs voyageurs. Celles-ci, en théorie, bénéficient de beaucoup plus de crédit : les
auteurs de ces témoignages sont en général des employés réguliers au service des
compagnies « officielles » ; ils ont donc eu personnellement accès aux informations.

Par ailleurs, leurs témoignages couvrent en général des zones considérées comme
familières, plus fréquentées, relevant du domaine des compagnies « officielles » et donc
d’un commerce réglementaire. Enfin, ces auteurs ne sont pas seulement des marchands
venus sur les côtes d’Afrique à la recherche exclusive de l’or et des esclaves.

Peu d’entre eux, on peut l’affirmer, étaient prédestinés à participer aux entreprises de
commerce ; certains étaient artisans, d’autres chirurgiens-barbiers, fils de pasteur ou
pasteurs eux-mêmes. Mais tous ont voyagé en tant qu’employés de l’une des compagnies
de commerce européennes.

Toutefois, leurs témoignages ne sont pas moins entachés de préjugés, la plupart des
informations recueillies se situant au-delà de la date de 1650, c’est-à-dire à une époque
où le commerce des esclaves l’emporte sur celui de l’or.

Simon Pierre EKANZA, (Université d’Abidjan, Côte d’Ivoire)


Questions

1) Quelle est la principale idée de ce document ?


2) Quel est le côté positif des documents européens ?
3) Quelle est leur part négative ?

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Leçon 3

1. Lucy

2. La place de l’Afrique dans l’histoire de l’Homme

Dans l'état actuel de nos connaissances, L'exploitation grâce à la réduction au rôle


l'Afrique a été le théâtre principal de d'ustensile.
l'émergence de l'homme en tant
qu'espèce royale sur la planète, ainsi Bien que les fouilles archéologiques
que de l'émergence d’une société soient relativement peu développées en
politique. Mais ce rôle d'excellence dans Afrique, tout indique que ce continent a
la préhistoire sera relayé, durant lit été le premier et le principal foyer du
période historique des deux derniers phénomène d’hominisation. Cela est vrai
millénaires, par une "loi" de déjà au stade du Kenyapithèque (1 4
développement placée sous le signe de millions d’années) qui semble être le

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premier maillon initiateur de notre


espèce. Mais cela se vérifie surtout avec Pourquoi cette évolution privilégiée ?
l’Australopithèque (Australopitithecus Parce que I'Afrique est le continent qui
africanus) qui est incontestablement le plonge le plus vers le sud, vers les
premier hominidé comme le prouve la latitudes tropicales et australes. Elle
structure de son cerveau. Il est suivi par bénéficiait d'un climat tempéré favorable
les Zinjanthropes (hommes de Zinj, à l'épanouissement de la vie animale. Et
Afrique orientale) qui sont les premiers pendant les deux cent mille ans (2000
ancêtres de l'homme"moderne". siècles) du Kaguérien, l'Afrique d'alors
montre des progrès suivis dans
Suivent l’homme dit erectus, le l'industrie des outils; en pierre, alors que
Paléanthropien et enfin le type Homo l'Europe restait ensevelie sous les
sapiens d ont on a noté dans la haute montagnes de glaces, sans aucune trace
époque, même en Europe, les traits humaine.
souvent négroïdes.
En effet c'est en Afrique que se Joseph Kl ZERBO, Conclusion Histoire
retrouvent tous les maillons de chaîne générale de l'Afrique t.1, édition
qui nous rallient aux plus anciens abrégée, UNESCO, 1986.
hominidé se t préhominiens [...]

3. L'hominisation : données paléontologiques

Les Hominidés les plus anciens, ceux que Afrique du Sud ; on pense l'avoir trouvé
l'on appelle les Australopithèques, à l'Omo en Ethiopie, à Laetolil en
possèdent déjà la plupart de ces Tanzanie, en Afar, à Lothagam au Kenya.
caractéristiques. Le genre Homo, plus On lui donne une taille de 1,25 m et un
récent, et auquel nous appartenons, s’en poids de 18 à 13 kilos. Sa face est pus
distingue par une augmentation de la projetée que celle de l'Australopithèque
taille, une amélioration de la station (...) La capacité crânienne est en
droite et de la marche bipède, un moyenne de 444 cm3 pour la variété
accroissement du volume du cerveau. En sud-africaine. (...) Cependant, cet
même temps, la denture se transforme Australopithèque est un bipède
par suite d'un changement de régime permanent.
alimentaire ; de végétarien, notre
ancêtre e st devenu omnivore et les L'Homo habilis a été décrit à Olduvai
dents antérieures se sont développées (Tanzanie) en 1964 et il a peut-être était
par rapport aux dents latérales. [ ...] retrouvé à I'Omo (Ethiopie), à l'est du
lac Turkana et à Kanapoi (Kenya). Sa
L'Australopithèque robuste : on le denture s'adapte à un régime plus
connaît en Afrique du Sud dans les diversifié que celui des
grottes de 2 à 2,5 millions d'années, Australopithèques. Les canines et les
dans la vallée de l'Omo en Ethiopie et incisives se développent et arrondissent
dans l'est du lac Turkana au Kenya, aux la mâchoire; les molaires et les
mêmes âges à Olduvai, vers 1,8 millions prémolaires se réduisent. La capacité
d 'années. Sa morphologie crânienne crânienne d’Homo Habilis a été estimée à
révèle un appareil masticateur puissant, 680 cm3. (...) On a estimé sa taille entre
ses molaires et ses prémolaires sont en 1,20 m et 1,40 m.
effet énormes (...) Le corps de cet
Australopithèque est plus massif que L'Homo erectus : enfin à Olduvai
celui des autres espèces. Pour 1,55 m, (Tanzanie) à 1,5 millions d'années, dans
on estime son poids de 35 à 65 kilos. Sa I'est du lac Turkana au Kenya, à la
bipédie n'est pas parfaite. (...) La même date, à Melka Kontouré, à Bodo,
capacité crânienne a été estimée à 330 dans le bassin de I'Omo en Ethiopie
cm3 à Svartkrans et à Olduvai. entre 5 00000 et 1500000 ans, les
fouilleurs annoncent la découverte d
L'Australopithèque gracile : est celui 'Homo erectus, c'est-à-dire d'hominidés
de Makapansgat et de Sterkfontein en plus évolués que les précédents. Il est

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aussi présent en Indonésie et en Chine. Le dernier million d'années voit naître


Un crâne surbaissé épais, comportant un l'Homo sapiens et durant les derniers
fort pincement à l'arrière (bourrelet siècles son extension foudroyante.
occipital), un fort bourrelet au-dessus
des yeux caractérisent l’anatomie de L. BALOUT, L'hominisation: problèmes
d’Homo erectus. Sa capacité crânienne généraux, in Histoire générale de
est évaluée à 1000 c m3. [...] l'Afrique noire, édition Abrégée, tome 1,
UNESCO, 1986.

4. Homo sapiens et ses ancêtres

De gauche à droite : Homo erectus, Autralopithecus afarensis, Homo sapiens

5. L’Homo sapiens

L'Homme d’aujourd’hui, qui appartient Ainsi donc, bien que l'Homo sapiens soit
dans son intégralité à I'espèce Homo faiblement représenté quant au nombre
sapiens sapiens, présente une grande de fossiles, il semble raisonnable de
variété de genres de vie facilitée par le supposer que l'espèce était largement
développement des techniques. Cette répandue en Afrique, et qu'elle apparut
variété s'est révélée tout au long de aussi anciennement que dans le reste du
l'évolution des Homo sapiens primitifs. monde.

En Afrique, plusieurs découvertes R. LEAKEY, Les hommes fossiles


importantes attestent la présence de africains, in Histoire générale de
l'Homo sapiens primitif il y a plus de 100 I'Afrique noire, édition abrégée,
000 ans. [...] UNESCO, 1986.

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6. L’arbre généalogique de l’Homme

Une première synthèse, réalisée en génétique moléculaire. Sans entrer dans


1978, a abordé le problème de l'origine les détails (...), retenons seulement les
de l'Homme à partir d’une perspective conclusions concordantes de ces
pluridisciplinaire combinant à la fois les recherches qui portent principalement
sciences de l'Homme (étude des sur l'ADN (ADN mitochondrial).
différences linguistiques à partir de 5000
langues parlées actuellement) et les "Le modèle qui semble désormais
sciences de la vie. La comparaison des prévaloir, malgré des résistances parmi
différents groupes a permis de certains paléontologistes est celui gui
reconstituer une sorte d'arbre consiste à admettre que les Hommes
généalogique dont le tronc commun se modernes ont pris naissance en une aire
trouve en Afrique. La première focale africaine relativement
subdivision sépare les Africains des non- circonscrite ; ils se seraient par la suite
Africains ; puis d'autres subdivisions propagés rapidement à partir de ce point
créent dans chacun de ces groupes, des pour envahir le reste de l'Afrique ; puis
sous-groupes (...) qui se scindent à leur l'ensemble du monde, remplaçant à cette
tour. occasion les autres populations humaines
préexistantes. ("G. Lucotte, 1995, p .21)
Ce processus s'accompagne de
brassages précoces entre groupes et Elikia M 'Bokolo, Afrique noire : Histoire
sous-groupes. Dans cette seconde et civilisations, Tome 1, Paris, Hatier,
phase, les enquêtes ont puisé presque 1995.
exclusivement dans les ressources de la

7. Les sites d’hommes fossiles

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


20

I. LE CADRE GEOGRAPHIQUE DE LA DECOUVERTE DE L’HOMME.

En Afrique, les différentes étapes de la préhistoire se chevauchent et coexistent durant


de longues périodes. L'Afrique orientale présente des zones privilégiées pour l'étude des
sites historiques. La vallée de l'Omo dans la « Rift Valley » en Ethiopie et la gorge
d'Oldoway en Tanzanie, profonde d'une centaine de mètres, présentent sur leurs
versants des strates horizontales d'origine fluviale et lacustre contenant des vestiges
successifs d'outils, d'ossements qui correspondent aux différentes époques de la
préhistoire. Ils sont datés d'après l'âge des sédiments et des fossiles animaux qui les
accompagnent. A cette chronologie relative, s'ajoute une datation absolue avec la
méthode du Carbone 14 et du potassium. C’est là, précisément que fut découvert l’un
des squelettes humains les plus anciens baptisé Lucy (Australopithèque femelle).

II. LA LENTE EVOLUTION DE L'HOMINISATION.

L'homme est le résultat d'une lente évolution qui n'est pas linéaire. Depuis les primates,
il y a de nombreuses ramifications. La ligne qui conduit à l’homme actuel est composée
de 2 genres : les Australopithèques et les Homo.

1. Les Australopithèques

Leur existence a été démontrée au Botswana en 1924 par le professeur Raymond Dart.
Leur description est plus avancée avec le professeur Leakey et son épouse. Les sites
révélant des vestiges d’australopithèques se retrouvent en Afrique orientale et
méridionale. Exemple : les gorges d’Oldoway en Tanzanie, la vallée de l’Omo et Hadar en
Ethiopie.

On distingue parmi les australopithèques 2 espèces :

 L’Australopithèque gracile ou Australopithèque au sens strict : Il est daté de


4 à 2,7 millions d’années. Lucy ou Birkinesh découverte en 1974 en Ethiopie, dans
l’Afar près de la frontière djiboutienne appartient à cette espèce. Datée de 3
millions d’années, c’était l’ancêtre de l’homme le plus anciennement connu.
Depuis lors, on a découvert des Australopithèques encore plus vieux au Tchad :
Abel (3,5 millions d’années et Ramidus (4,5 millions d’années).

 L’Australopithèque robuste fait son apparition vers 2,2 millions d’années en


Afrique orientale.

Ces hominidés sont quelquefois contemporains. Leur période est située entre les
primates et l’homme. Le passage au genre humain aura lieu quand la bipédie (station
debout) devient permanente. Cette transition se serait passée vers 2 millions d’années.

2. Le genre Homo

Il connaît différents stades dans son évolution. On distingue ainsi :

 L’Homo habilis : Il a été découvert en Afrique orientale, précisément en


Tanzanie dans les gorges d’Olduvai par le Pr Leakey en 1960. Considéré comme le
plus ancien représentant du genre Homo, il marque probablement la transition

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


21

entre les australopithèques et les autres hominidés postérieurs. Il aurait vécu en


Afrique entre – 2,4 à – 1,6 millions d’années.

 L’Homo erectus (« homme dressé ») : il fait son apparition vers 2 millions


d’années. Largement répandu en Afrique, il se retrouve aussi en Asie (notamment
dans l’île de Java en Indonésie, en Chine) et en Europe. Les premiers fossiles
découverts par Eugène Dubois en 1891 ont été baptisés Pithécanthrope, puis
homme de Java. Les fossiles d’homo erectus en Afrique sont nommés
Atlanthropus.

 L’Homo sapiens : l’Homo erectus évolue pour donner l’Homo sapiens vers
300 000 et 200 000 ans. La plupart des savants s’accordent pour dire que l’Homo
sapiens est probablement apparu en Afrique. Il se subdivise en Homme de
Neandertal, branche qui s’est éteinte sans descendance et en Homo sapiens
sapiens, l’ancêtre direct de l’homme actuel. L’Homo sapiens sapiens se répand
dans toutes les parties du monde

III. L’AFRIQUE, BERCEAU DE L’HUMANITE.

On peut dire que le schéma de l’hominisation s’est entièrement réalisé en Afrique, depuis
l’Australopithèque, le premier hominidé jusqu’à l’Homo sapiens. C’est en Afrique que se
retrouvent tous les maillons de la chaîne évolutive de l’homme depuis ses origines. Rien
que pour ces raisons, et ceci jusqu’à preuve du contraire, l’Afrique demeure le berceau
de l’humanité.

Selon Yves Coppens, « L’Afrique, plus précisément l’Afrique orientale et méridionale,


représentent, pour le moment, la seule région du monde à avoir offert à la paléontologie
des hominidés incontestables de 2, 3, 4, 5, 6, peut être 10 millions d’années ». Ce sont
là les preuves de l’ancienneté du peuplement humain en Afrique.

Australopithèques dans les arbres

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


22

Ce qui ne fait pas de doute, en tout cas, c’est le rapport entre le développement d’homo
et l’aridification des années 2 200 000… Un certain nombre de nos caractères, et non des
moindres, sont nouveaux, et ils semblent constituer l’héritage est africain de l’humanité :
il s’agit de la conscience réfléchie, de la vie sociale, de l’émotion, du langage, et ceci sans
doute parce que le milieu difficile où l’homme se trouve exposé l’oblige à un
comportement particulièrement attentif… Une longue fréquentation d’homo habilis me
fait cependant penser que c’est à lui que l’on doit de s’être posé la question de savoir
d’où venions, et où nous allions… Ce premier homme apparaît comme un Primate
supérieur des savanes sèches, omnivore opportuniste, artisan et social, malin et
prudent, conscient et bavard ; l’homme, dans toutes ses caractéristiques
fonctionnelles et comportementales, est là.

Yves Coppens, Le singe, l’Afrique et l’homme, Fayard, 1984

Questions

1. Qu’est-ce qui permet à Yves Coppens de parler, à la ligne 2, de « l’héritage est


africain de l’humanité » ?
2. Expliquez le passage en gras
3. Comparez ces 2 personnages

Homo Habilis Homo erectus

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23

Leçon 4

1. Les divisions du paléolithique en Afrique

Alors que dans la plus grande partie de - Early Stone Age (ou Old Stone Age):
l'Asie, de l'Europe et de l'Afrique du depuis trois millions jusqu'à environ 1
Nord, l’âge de la pierre est divisée 000 00 ans;
conventionnellement en Paléolithique, - Middle Stone Age : d'environ 1 000 000
Mésolithique et Néolithique, ce système à 15 000 ans;
a été abandonné par la plupart des - Late Stone Age: de 15 000 ans environ
spécialistes pour l’Afrique au sud du au début de l'âge du fer, il y a environ
Sahara. L'âge lithique (Stone Age) y est 2000 ans.
généralement connue et étudiée en trois
grandes périodes à partir de la plus Insistons sur le fait que ces dates sont
haute époque (Early, Middle et Late) qui approximatives et controversées [...]. Il
se distinguent par des modifications est important de ne pas considérer ces
importantes et reconnaissables de la séquences comme des périodes statiques
technologie auxquelles s' ajoutent de à l'intérieur desquelles ne se produisent
plus vastes implications culturelles et ni changements ni variations [... .]
économiques [...]
J.E.G.Sutton, Préhistoire de l’Afrique
Les trois périodes africaines sont orientale, dans Histoire générale de
approximativement datées comme suit : l'Afrique, tome1, édition abrégée,
UNESCO, 1986.

2. Les progrès de l’homme au paléolithique

L’Old Stone Age légèrement postérieurs. Ce sont des


galets de la taille d’un poing dont on a
Les outils de fabrication humaine détaché quelques éclats (au moyen
les plus anciens que nous connaissons d'une autre pierre) pour produire des
datent d'une période comprise entre trois outils coupants, grossiers mais utiles.
millions et un million d'années : ils ont [...]
été découverts sur les bords d'anciens Les fabricants de ces galets
lacs ou marais près de la Rift Valley en étaient des chasseurs-collecteurs [...].
Tanzanie septentrionale, au Kenya et en Ces outils (...) peuvent être attribués
Ethiopie. ll s'agit peut-être de ces tout aux hominidés les plus anciens, les
petits galets de quartz débités et utilisés, Australanthropiens ou encore comme
que l'on a retrouvé' dans plusieurs sites certains le soutiennent aujourd'hui avec
du lac Turkana et de la vallée de l'Omo vigueur, spécifiquement aux Homo
en Ethiopie. Leur usage est habilis qui leur succèdent.
problématique. Mieux connus sont les L'Acheuléen ou "civilisation des
galets aménagés contemporains qui sont bifaces" est aussi répandue en Afrique

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


24

que l'Oldowayen et les sites repères plus Du point de vue technologique, le


nombreux. Cela peut être dû à une Middle Stone Age enregistra des progrès
population plus abondante, mais importants. [ ...] Cela permit d'obtenir
également à la fabrication en nombre de des outils plus petits; mais surtout dans
plus en plus important d'outils de la seconde phase du Middle Stone Age,
grandes dimensions facilement une innovation aux conséquences
identifiables: les bifaces et les énormes : l 'emmanchement d’outils
hachereaux. dans du bois ou d'autres matériaux…
L'Afrique fut l'un des cadres dans
lequel l'auteur de ces outils, Homo Le Late Stone Age
erectus évolua [...]
Tout au long du Early Stone Age, Le Late Stone Age se concentra
les populations consistaient en groupes surtout sur les lames en détachant par
de chasseurs-cueilleurs qui se percussion directe ou indirecte des
déplaçaient sans doute à chaque saison, fragments à bords parallèles, longs et
dans les savanes et les régions fins... Ces pièces sont généralement très
faiblement boisées en suivant les petites : ce sont des "microlithes-" d’une
fluctuations des ressources animales et longueur parfois inférieure au
végétales. centimètre. Une forme assez commune
de ces microlithes est appelée segment
Le Middle Stone Age de cercle. [ ...]

Les populations du Middle Stone C'est probablement durant cette


Age appartenaient à l'espèce Homo période que l'arc et la flèche furent
sapiens … Vers la fin du Middle Stone utilisés pour la chasse.
Age, cependant, non seulement l'homme
moderne (Homo sapiens sapiens) devait J.E.G.Sutton, Préhistoire de l'Afrique
être présent mais les caractéristiques orientale, dans Histoire générale de
physiques distinctives des races l'Afrique, tome1, édition abrégée,
existantes devaient être bien UNESCO, 1986.
développées en Afrique comme ailleurs.

3. Quelques outils préhistoriques : les pierres taillées ou bifaces.

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25

4. Gravures rupestres du massif Algérien

5. Un biface

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I. DEFINITION DU CONCEPT.

Le paléolithique est le nom donné à la première partie de l'âge de la pierre, qui couvre la très
longue période allant de l'apparition de l'homme sur la Terre au Néolithique. C’est l’âge de la pierre
ancienne, précédent l’âge de la pierre polie. Cette période retrace les débuts timides et fragiles de
l’homme sur la planète. Elle couvre la plus grande part de l'ère quaternaire. L'économie
paléolithique est fondée sur l'exploitation naturelle des ressources animales (l'homme chasse et
pêche), vivrières (il récolte des baies et cueille des plantes) et sur le nomadisme (il se déplace
selon ses besoins).

II. LES DIFFERENTES PHASES DU PALEOLITHIQUE.

La division du paléolithique en trois stades reflète le rythme de l'évolution technologique. En effet,


elle désigne à la fois l’évolution de l’homme sur le plan morphologique, la civilisation qu’il essaie de
bâtir ainsi que les réalisations dont il est maître.

1. Le paléolithique inférieur ou Early stone age.

Il comprend deux phases : la civilisation oldowayenne et la civilisation acheuléenne.

 La civilisation oldowayenne est celle de l’Homo habilis. Elle révèle les outils de
fabrication humaine les plus anciens que nous connaissons. Ils sont datés de 2,5
millions d’années. Ces outils sont désignés sous le terme générique de galets
aménagés. Ils sont appelés choppers (hâchoirs) quand les éclats sont détachés
sur une seule face du galet, et chopping tools (outils à fendre) quand les deux
faces sont façonnées.
Homo habilis est chasseur et pratique la cueillette. Son habitat est léger, protégé
par des pare-vents. L’organisation de la chasse se développe grâce au langage.
Désormais, l’homme vit en famille et en bandes dans des camps et abris.
 La civilisation acheuléenne a pour acteur l’Homo erectus. Les outils les plus
caractéristiques sont : les bifaces et hachereaux. Le biface est un outil à usage
multiple, présentant une extrémité pointue et de longs tranchants. Le hachereau
dispose d’une extrémité quadrangulaire. Le feu est désormais connu et l’homme
s’installe près des points d’eau, sur le littoral, dans les grottes ; il ajoute à son
alimentation des mammifères marins et des coquillages.

2. Le paléolithique moyen ou Middle stone age

C’est l’époque de l’Homo sapiens. En Afrique, il s’étend entre 150 000 et 30 000 ans. Ses deux
phases sont marquées par les industries à éclats suivies par d’autres inventions beaucoup plus
élaborées : le manche, des outils plus petits, du matériel de broyage, pare-vents… Les techniques
de chasse sont plus affinées. En Afrique, les populations des savanes se spécialisent dans la chasse
au gros gibier à la lance. Dans les zones forestières, les populations s’adonnent à la cueillette des
végétaux et des fruits sans oublier la pêche. Les herbivores sont chassés pour leur chair et les
carnivores pour leur fourrure. C’est l’époque des premières pratiques funéraires.

3. Le paléolithique supérieur ou Late stone age

Il va de – 40 000 à – 15 000 environ. L’homme de cette époque est l’Homo sapiens sapiens. Les
outils sont réalisés à partir de divers matériaux (pierre, os, bois de cervidés, ivoire) et sont
perfectionnés. Ils sont souvent ornés de gravures. La tendance générale est le microlithisme (c’est-
à-dire la fabrication d’outils de pierre de plus en plus petits) et aux lames. L’homme fabrique
également d’autres outils : l’arc, la flèche, les poinçons, les perçoirs à base d’os pour la couture des
peaux, des meules, des racloirs. Les pratiques funéraires deviennent plus élaborées : ocre rouge
sur les sépultures, objets funéraires, perles … l’art se développe sous forme de gravures, de
peintures rupestres, statuettes, gravures sur les outils, coquillages…

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Tableau synthétique des grandes du paléolithique africain

Chronologie Quelques sites Civilisation Grandes acquisitions

3 750 000 Laetoli (Tanzanie) Bipédie attestée.


Pliocène
2 600 000 Hadar, Afar Pré- Plus anciens outils en pierre taillée.
(Éthiopie) acheuléen Galets taillés, polyèdres, nucléus,
éclats.
2 000 000 Omo-Shungura, Shungurien Campements temporaires.
(Éthiopie)
1 800 000 Olduvai Oldowayen Vestiges supposés de la plus ancienne
Pléistocène (Tanzanie) habitation connue : une structure
circulaire en pierres.
1 600 000 à (Olduvai) Oldowayen Invention probable du biface par Homo
1 400 000 Tanzanie évolué erectus. Son développement et celui du
Melka-Kunturé, Acheuléen hachereau caractérisent l'Acheuléen.
(Éthiopie) Apparition de la notion de symétrie.
Sterkfontein Diversification des outils sur éclat.
(Afrique du Sud)
26 000 env. Grotte Apollo 11, Late Stone Des dalles de pierre ornées de peintures
Namibie Age d'animaux de style naturaliste attestent
l'existence d'un art africain au moins
aussi ancien que l'art préhistorique
d'Europe de l'Ouest.
10 000 Sahara Art rupestre saharien. L'art ancien des
av. J.-C. chasseurs, dit aussi Bubalin (nom d'un
buffle africain fossile) est représenté
par des gravures rupestres (animaux
sauvages, figurations humaines,
spirales). Il est probablement antérieur
au Xe millénaire.

Source : Encarta, 2007

En vous aidant de ce tableau, rédigez un paragraphe sur les progrès de l’homme


au paléolithique

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Leçon 5

I. LE « EARLY STONE AGE » (- 2 500 000 à -50 000)

Le Sénégal ne dispose pas de vestiges d’hommes préhistoriques, ou de faune


animale à l’instar de l’ensemble de l’Afrique occidentale. Mais on sait, par les
vestiges témoignant de l’action humaine que le Sénégal, était habité depuis cette
période. Des galets aménagés on été découverts au Sénégal le long du fleuve
Gambie témoignant de l’ancienneté du peuplement. Des bifaces et des
hachereaux ont été retrouvés dans la vallée de la Falémé, dans la pointe de Fann
à Dakar. De même des outils sangoens1.
Ces vestiges Sont datés entre 50 000 et 150 000 ans.

II. LE MIDDLE STONE AGE (-50 000 à -15 000)

Le « Middle stone age » est représenté par des spécimens de type lupembien2 de
tendance moustérienne découverts à Dakar.

Quelques outils comme les racloirs, les grattoirs retrouvés dans la région de
Rufisque (Bargny, Cap des Biches, Sébikhotane) et dans la vallée du fleuve
Sénégal (Richard Toll, Kaédi) permettent de penser que les paléolithiques moyen
et supérieur sont bien représentés dans le pays. Les bifaces découverts à vers
Nianing (Tiémassas) près de Mbour se rattachent à cette période

III. LE LATE STONE AGE

Le « le Late Stone Age » est marqué par les microlithes, petits outils de pierre.
On en a retrouvé à Rufisque. Sur la côte, les populations du Late Stone Age
exploitent les coquillages par la pêche et par la capture à partir du rivage. Leurs
déchets constituaient la matière des amas coquilliers au Sénégal (entre -3000 et
-1000).

1
Le sangoen est une industrie préhistorique caractérisée par des gros pics et plus tard par des des
« têtes de lance » et des tranchets
2
Lupembien : industrie du middle stone age caractérisée par des bifaces mieux travaillés et plus
effilés.
2
Moustérien : industrie de la même période caractérisée par l’abondance de pointes et de racloirs
retouchés sur une seule face, par la persistance de bifaces plats et par l’absence de grattoirs.

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Leçon 6

1. Les grandes innovations du néolithique

Le néolithique marque un changement n’implique pas l’apparition d’un nouvel


fondamental dans l’usage et la taille de âge de pierre, mais l’utilisation de
la pierre. Si, au sens strict, il signifie pierres polies par une utilisation
« âge de la pierre récente » (terme intensive comme meule ou broyeur de
moins employé), il met en évidence céréales. Le terme avait aussi été
l’écartement progressif de la pierre au employé pour caractériser des haches
profit de la céramique et d’un nouveau mésolithiques, polies volontairement
genre de vie fondé sur la domestication pour leur donner plus de résistance.
des plantes et des animaux, et l’abandon
d’une activité de chasseur-collecteur. Source : Encarta 2007
L’usage du terme « pierre polie »

2. Outils agricoles

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3. Habitat néolithique

4. Vase égyptien

5. Les transformations sociales

L’habitat est déjà un cadre les membres de la troupe et les prémun


communautaire. Lieu de ralliement, de itcontre les bêtes, et les angoisses des
repos, d’approvisionnement, de défense, ténèbres…
il sera garni assez vite du feu qui réunit

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31

Ces dispositifs se perfectionneront celle ci était entrée dans les mœurs au


jusqu’aux villages Néolithiques comme Néolithique.
ceux de Tichitt Walata (Mauritanie) qui
perchés sur une falaise à proximité d’un En effet, alors qu’au départ
point d’eau, unissaient les avantages (Paléolithique Inférieure) chacun avait le
suivants : éviter les inondations et parer choix qu’entre la Cueillette, la Chasse ou
aux attaques éventuelles. la Pêche au Néolithique, le choix s’élargit
entre l’agriculture, l’élevage, les
Nos ancêtres préhistoriques savaient Artisanats divers : de la Pierre, du Cuir,
s’organiser pour traquer les bêtes qu’ils du Bois, de la Corne, de l’Os, de la
poussaient vers des falaises et des ravins Poterie et bientôt des Métaux.
où elles s’écroulaient.
J. KI ZERBO, Conclusion : de la nature
Mais pour achever les bêtes, les brute à une nature libérée, in Histoire
dépiécés, transporter les morceaux, il Générale de l’Afrique, tome 1, édition
fallait une certaine division du travail : abrégée, UNESCO, 1986

6. Les conséquences démographiques

La Croissance des forces productives au raisons (Succès ou échecs dans le milieu


Néolithique a du provoquer un essor d’origine) arpenté les espaces immenses
démographique qui a déclenché des (…). Puis à partir du Néolithique la
phénomènes migratoires comme le tendance générale semble être à la
montrent les ateliers d’outils analogues poussée vers l’Est (Vallée du Nil) et à la
qui essaiment parfois sur des espaces descente vers le Sud, sans doute sous
considérables, et cela d’autant plus l’effet répulsif du sahara.
facilement que le poids des outils et des
armes diminuait alors que leur efficacité J. KI ZERBO, Conclusion : de la nature
augmentait. brute à une nature libérée, in Histoire
Générale de l’Afrique, tome 1, édition
L’Afrique est un continent où les abrégée, UNESCO, 1986
hommes ont toujours pour diverses

7. Lance et harpons de l’ère néolithique

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I. QU’EST-CE QUE LE NEOLITHIQUE

Le néolithique est la seconde période de la préhistoire. C’est l’âge de la pierre nouvelle. Il


est caractérisé en premier lieu par la naissance de l’agriculture et de l’élevage, puis par la
pratique de la céramique et la fabrication d’outils en pierre polie.

Ces évolutions ne se produisent pas simultanément. L’Homme devient progressivement


producteur de nourriture, sélectionnant et cultivant des céréales. Ces denrées sont
consommables grâce à la poterie, qui est signalée au Sahara vers -8500. Dans le même
temps l’homme domestique les animaux.

Ces changements se réalisent sur de nombreux siècles. Ils transforment profondément la


vie de l’homme, qui se libère progressivement de la dépendance sur la nature. C’est
pourquoi on parle d’une révolution néolithique.

A la fin du Makalien (vers -9000), phase humide de la fin du Pléistocène, l’état des cours
d'eau favorise non seulement la sédentarisation, mais aussi Ie passage progressif à la
production agricole. Ainsi, dans des foyers privilégiés (comme l'interface forêt-savane,
les environs des cours d’eau, les hautes terres herbeuses d’Afrique orientale), on assiste
à une cueillette intensive qui va déboucher sur l’agriculture.

En Afrique, l'homme domestique plusieurs variétés de plantes. On y reconnaît vers le


6ème millénaire trois grands foyers de sélection et d'exploitation agricole : la vallée du Nil,
le Moyen Niger et l’Ethiopie. Ces foyers ne sont pas fermés ; ils communiquent entre eux
et avec les foyers extérieurs, notamment la Mésopotamie et l’Extrême-orient.

Dans le même temps, l’homme apprend à domestiquer les animaux pour pouvoir en
disposer librement. Les peuples de chasseurs apprennent à se rapprocher des animaux et
à apprivoiser les moins farouches. L’homme se libère ainsi des aléas de la chasse. Il va
utiliser non seulement la chair des animaux mais aussi les sous produits de l’élevage
comme le lait, les peaux, les poils. Ainsi donc, les Africains de la savane ont inventé
l'agriculture de façon autonome parallèlement à l'Asie.

II. CONSEQUENCES DE LA REVOLUTION NEOLITHIQUE

1. Les conséquences sociales de la Révolution néolithique

La pratique de l’agriculture et de l’élevage favorise la vie sédentaire. On assiste à


l’émergence des premiers villages. L’habitat est construit avec les matériaux locaux
(bois, brique, parfois en pierre)

L’accroissement de la production a pour conséquence l’essor démographique. De 15


millions d’hommes à la fin du Vème millénaire avant notre ère, la population mondiale
atteint 150 millions au millénaire suivant. Ces progrès démographiques vont favoriser
des mouvements migratoires. Ainsi en Afrique, on note une poussée vers l’est –
notamment la vallée du Nil- et le sud, sans doute sous l’effet de la dégradation du climat
dans le sahara.

La vie sédentaire entraîne des formes d’organisation sociales. Des chefs sont nommés,
une hiérarchie sociale est mise en place, des coutumes religieuses font leur apparition.

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2. Les conséquences techniques

L’homme du paléolithique connaissait la poterie en terre cuite, mais l’utilisaient rarement,


généralement pour faire bouillir des liquides après y avoir déposé une pierre brûlante. Au
néolithique, la poterie a révolutionné le mode de vie. Elle permet la cuisson des aliments,
le stockage des récoltes, de l’eau et du lait. La poterie du néolithique est souvent décorée
de motifs. Par ailleurs, elle apporte sa part à l’art par la création de figurines variées.

Le travail de la pierre est plus précis. La tendance générale est au microlithisme (de tirer
le maximum de tranchant du minimum de matière première). Les pierres sont polies
partiellement ou entièrement par diverses techniques de frottement. L’os est également
employé dans la confection des outils qui se diversifient de nouvelles pièces : grattoirs,
perçoirs, harpons, hameçons. Le matériel de broyage prend une place importante :
meules, pilons…

Préhistoire : les grandes acquisitions du néolithique en Afrique

Chronologie Quelques sites Civilisation Grandes acquisitions

7 500 av. J.-C. Aïr ( Niger) Néolithique Le Sahara est l'un des foyers
Holocène Ahaggar, Tassili- ancien mondiaux de l'invention de la
n-Ajjer (Algérie) poterie.
Acacus (Libye)
7 000 av. J.-C. Vallée du Nil Centre possible de domestication
des bovins.
5 000 av. J.-C. Désert ouest Développement de l'élevage.
égyptien
vallée du Nil
Massifs centraux
sahariens
Afrique du Nord
2 600 à Azawagh (Niger) Néolithique Métallurgie du cuivre.
2 000 av. J.-C.
1 500 av. J.-C. Termit (Niger) Néolithique Foyer autochtone africain de la
env. sidérurgie, qui exclut
probablement une origine
méditerranéenne ou nilotique de
la métallurgie du fer.

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34

Le développement de cette capacité à trouver des moyens de plus en plus complexes


pour des objectifs de plus en plus élevés et variés, a jalonné les premiers progrès de
l’homme. C’est ainsi qu’aux bifaces ‘‘bon à tout faire’’ du début ont succédé les industries
à ‘‘éclats’’ puis des formes de plus en plus légères, raffinées et spécialisées jusqu’aux
outils de précision en matériaux variés (pierre, os, corne, cuir, paille, bois, terre…) du
Néolithique. Mais cette évolution ne s’est pas faite par phases bien découpées comme les
chapitres d’un livre : c’est par transitions insensibles, par coexistences extrêmement
longues d’outils d’âges divers, que l’ensemble a lentement bougé. Par exemple le
Sangoen (de Sango Bay sur le Lac Victoria) débute dés le premier âge de la pierre et se
prolonge jusqu’au Néolithique.

Des échanges et des emprunts considérables ont marqué cette évolution qui débouche
sur les techniques agropastorales et la poterie.

Blés, orges, Plantes textiles comme le lin du Fayoum, le sorgho, le petit mil, certaines
variétés de riz, le sésame, le fonio et plus au Sud, l’Igname, le qâ, le palmier à huile, le
kolatier, peut être une variété de coton, le café… ont été domestiqués en Afrique. Dés le
VIème millénaire en effet trois foyers de sélection et d’exploitation agricoles ont grandi et
rayonné : la vallée du Nil, celle du moyen Niger et l’Ethiopie. Ils étaient reliés par des
échanges entre eux et avec l’extérieur en particulier, le foyer mésopotamien (blés,
lentilles, oignons, pois…) et extrême oriental (riz, banane et animaux domestiques).

Ces découvertes du Néolithique ont été révolutionnaires, parce qu’elles ont agi
positivement sur le nombre et la qualité des Africains, entraînant ainsi la fixation et la
stabilisation sans lesquelles il n’y a pas de civilisation progressive. Le Néolithique saharo-
nilotique a commencé trois mille ans avant celui de l’Europe Occidentale. Mais en ce qui
concerne la poterie, elle semble avoir été apportée au Soudan Khartoumien puis au
Sahara et à l’Egypte, à partir des hautes terres d’Afrique Orientale. La poterie, invention
décisive de l’humanité a accéléré l’accumulation primitive du capital, favorisée aussi par
l’élevage. Par ailleurs, elle a introduit l’art culinaire par lequel l’homme se démarque
nettement des autres animaux.

J. KI ZERBO, Conclusion : de la nature brute à une nature libérée, in Histoire Générale de


l’Afrique, tome 1, édition abrégée, UNESCO, 1986

Questions :

1. Donnez un titre au texte


2. Recensez les progrès réalisés par l’homme depuis la paléolithique jusqu’au
néolithique selon le texte
3. En quoi l’Afrique occupe-t-elle une place de précurseur dans la révolution
néolithique ?
4. Quels sont les foyers africains de l’agriculture ?
5. Au début du dernier paragraphe, Ki Zerbo souligne que « Ces découvertes
du Néolithique ont été révolutionnaires ». Qu’est-ce qui lui permet de tenir
de tels propos ?

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


35

Leçon 7

1. Les tumulus, vestiges de la protohistoire

Des tumulus funéraires ont également sortes de poteries aux formes simples :
été découverts dans certains secteurs de pots, bols, gobelets et jarres, non peints
cette région, en particulier à Rao, situé à mais surchargés de motifs décoratifs
l’embouchure du Sénégal et dans le Nord compliqués, surtout réalisés par
Sénégal, le long du fleuve. Dans ce cas entaillages et piqûres, sans utilisation du
aussi, la plupart n’ont pas encore été peigne. D’après des fouilles récentes, ces
inventoriés en détail ; toutefois, une tumulus dateraient de 750. […]
étude superficielle a indiqué qu’ils étaient
ensevelis dans des habitacles en bois J. KI ZERBO, Conclusion : de la nature
recouverts de tertres d’au moins quatre brute à une nature libérée, in Histoire
mètres de hauteur et contenant des Générale de l’Afrique, tome 1, édition
outils en fer, des bracelets en cuivre, des abrégée, UNESCO, 1986
colliers, des bijoux en or et plusieurs

2. Les débuts de l’âge du fer

Près de la rivière Gambie, au Sénégal et datations indiquant les VII et VIII


en Gambie, on a retrouvé un grand millénaires. Il semble qu’il s’agisse
nombre de piliers dresses verticalement, d’éléments funéraires.
isolés ou disposés en cercle. Les
mégalithes les plus travaillés sont Th. SHAW, Préhistoire de l’Afrique
doubles et tendent à représenter une Occidentale, in Histoire Générale de
lyre. Les fouilles archéologiques opérées l’Afrique, Tome1, UNESCO, 1986
aux alentours ont été éclairées par trois

3. Des mégalithes

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


36

4. Le peuplement

Dans la région de Sénégambie, les mouton et la chèvre étaient


recherches archéologiques ont montré domestiqués ; la présence du bétail se
que la zone Loudia-Wolof de la Basse maintient tandis que le poisson était une
Casamance était peuplée depuis le des bases de l’alimentation.
premier millénaire de l’ère chrétienne. Il
semble que ces peuples étaient venus de Durant la quatrième et dernière phase,
l’Est car leur poterie se réclame des deux nouvelles espèces domestiques, le
mêmes techniques décoratives par porc et le chien faisaient leur apparition.
exemple les lignes sinueuses gravées en (…)
creux – que la poterie néolithique
largement répandue du Cap Vert au Sud En dehors de la Casamance,
de l’Algérie et même au delà en Afrique l’embouchure du Sénégal , prés de Saint
centrale. Louis et le delta du Saloum (Joal,
Ces habitants de la cote s’adaptèrent par Gandoul, Bandiala) étaient également
la suite à la vie sur le littoral, ainsi qu’en habités à une date aussi ancienne, sinon
témoigne la présence de coquilles de plus. Des fouilles récentes ont révélé des
mollusques. Ils avaient commencé à matériaux de l’age du fer (fers de houe,
pratiquer la riziculture inondée, entre grains de collier, bracelets et poterie).
200 et +200. Cette adaptation, nouvelle […]
et radicale, fut le fait de nouveaux
arrivants, peut-être les ancêtres des B. W. Andah, Les peuples de la Guinée
Diolas qui vinrent du Sud et délogèrent supérieure entre Côte d’Ivoire et
les anciens occupants, dont le nombre Casamance, in Histoire Générale de
était relativement faible. Lors de la l’Afrique, tome 3, édition abrégée,
troisième grande phase d’occupation, le UNESCO, 1997.

Vestiges du Cap Manuel

Galets aménagés Bifaces

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37

I. LE NEOLITHIQUE AU SENEGAL

C’est le Néolithique qui est la phase de la préhistoire la mieux représentée au Sénégal.


Plusieurs civilisations néolithiques ont été détectées.

 Le faciès du Cap Manuel à Dakar et du Cayor : il comprend de


petits outils en pierre de silex et des pointes. La céramique y a été
pratiquée.
 Le Néolithique du littoral : il est illustré par des amas coquilliers
spécifiques à la Casamance, au Sine-Saloum, à la région de Saint-
Louis
 Le Sud-est a révélé des outils en pierre polie

Le néolithique est la phase de la préhistoire la mieux connue du Sénégal. Les vestiges


révèlent plusieurs civilisations difficiles encore à caractériser suffisamment. On distingue
plusieurs faciès culturels et industriels :

 Au Sénégal oriental, on a découvert dans la vallée de la Falémé un matériel varié :


matériel de broyage, outils trillés ou polis dans l'hématite, le quartz ou le grès. Le
plus grand site néolithique de la basse Falémé est celui de Sénédébou à 72 km au
sud-est de Kidira. On y a recueilli des objets en silex, quartz, quartzite, grès et des
traces de céramique. Parmi les trouvailles, on peut noter des haches, des
hachereaux en hématite polie.)

 Le gisement de Khant au nord-est de Saint-Louis fournit des indices d'un


peuplement de pêcheurs dont l'os est à la base de leur outillage.

 Les embouchures du Sénégal, du Sine, et du Saloum révèlent un habitat ancien.


Certains tas d’ordures situés dans les estuaires remontent à la fin du néolithique.

 La presqu'île du Cap-Vert présente un outillage abondant fait de petites pièces de


forme géométrique, d'objets polis ou taillés dans les basaltes, du matériel de
broyage (meules, mortiers ) et de céramique. Les gisements où ont été localisés ces
vestiges se trouvent dans les dunes des Niayes, au Cap Manuel à Dakar et près de
Thiès.

 La basse Casamance fait l’objet d’une occupation ancienne qui remonte au premier
millénaire de l’ère chrétienne. Son occupation s’est réalisée en 4 phases. La
riziculture inondée apparaît entre - 200 et + 200. Le mouton et la chèvre sont
domestiqués au cours de la 3ème phase, le porc et le chien durant la 4è phase.
L’adaptation à la vie sur le littoral est prouvée par des amas de coquillages dont les
auteurs seraient les ancêtres des Diola.

II. LA PROTOHISTOIRE DU SENEGAL

La protohistoire est la période située entre la fin de la préhistoire et l’histoire. C’est une
période de transition. Elle est caractérisée par l’apparition des métaux.

Les sites protohistoriques sont nombreux au Sénégal. On les classe géographiquement


en 4 zones : La vallée du fleuve, la zone des amas coquilliers correspondant aux
embouchures des fleuves (Sénégal, Saloum, Gambie, Casamance) et à une partie du

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


38

littoral, la zone des tumulus (régions de Thiès, Diourbel, Fatick et Kaolack), la zone des
mégalithes (régions de Kaolack et de Tambacounda)

 La vallée du fleuve Sénégal comporte une zone dite des « anciens village »s
allant de Dagana à Bakel. Cette zone se prolonge en territoire mauritanien. Les
sites sont nombreux : Sinthiou Bara, Ogo, Saré … On a retrouvé dans les
différents sites des scories témoignant de la pratique de la métallurgie. Ces
vestiges se rattachent aux cultures mauritaniennes du fer.

 La zone des amas et tumulus coquilliers couvre le littoral sénégalais, en


particulier, la région de Saint-Louis, la Petite-Côte, la Casamance. Ce sont des
accumulations de coquillages marins faites par les hommes. Quand des sépultures
ont été faites sur ces amas on parle de tumulus coquilliers.

Sur ces amas on a retrouvé des objets en divers matériaux (bracelets et armes en
fer, objets en cuivres, poterie). Les amas et tumulus coquilliers du delta du
Saloum remontent à une période allant du IVème eu XVIème siècle. Les mollusques
marins sont intensément exploités au cours de cette période. Leur dépôt a donné
naissance à de véritables îles artificielles. Cependant, les tumulus ont été érigés
tardivement à partir du VIIIème. Les amas coquilliers de basse Casamance
attestent une occupation humaine depuis le IIème siècle avant J-C

 Les tumulus de terre sont des modes d’enterrement très anciens de l’époque
protohistorique. On y retrouve beaucoup d’objets funéraires : grelots en métal,
épées, sagaies, cuillères… Ils sont relativement courants au sénégal. Ils se
retrouvent dans les régions de régions de Thiès, Diourbel, Fatick, Saint-Louis et
Kaolack. La richesse des objets qu’on y a retrouvés permet de penser que ces
sépultures appartiennent à des personnages importants

 Les mégalithes sont de gros blocs de pierres fichés dans le sol. Elles sont pour la
plupart localisées le long de vallées sèches. La zone des mégalithes occupe le
centre-ouest du Sénégal et une partie de la Gambie. Elle a la forme d’une ellipse
dont le grand axe d’environ 350Km relie les villes de Kaolack et Goudiri. Sa
superficie est de près de 38 000Km². L’architecture des monuments permet de les
classer en quatre catégories : le cercle mégalithique, le cercle pierrier, le tumulus
mégalithique et le tumulus pierrier.

o Le cercle mégalithique : dans ce cas, des grands blocs de pierre


encerclent une surface plane ou un peu bombée. Leur poids varie de
quelques centaines de kilogrammes à plusieurs tonnes suivant la taille du
monolithe. Le site le plus remarquable de l’aire mégalithique est
incontestablement celui de Sine Ngayène qui comporte 51 cercles et
tumulus lesquels sont flanqués à l’est d’une arête frontale constituée d’un
ou plusieurs monolithes.

Les fouilles ont révélé que ces monuments ont tous une fonction funéraire
avec très souvent des inhumations multiples qui suggèrent l’existence de
sépultures principales accompagnées de sacrifices. Les individus étaient
entourés d’un mobilier divers : armes, parures, céramique. Des pratiques
rituelles ont été observées sur plusieurs objets; les pointes de lance étaient
recourbées et les fonds des poteries percés.

L’édification des monuments couvre une période assez vaste allant du II ème
siècle avant J-C au début du XVIème siècle. L’origine puis la disparition de la
pratique mégalithique au Sénégal restent énigmatiques. Les sources orales
assimilent les monolithes à des pierres levées symbolisant des mariées
pétrifiées après la violation d’un interdit.

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


39

o Le cercle-pierrier : des mégalithes sortant tout juste du sol encerclent un


espace plat.

o Le tumulus-pierrier : ce sont des monticules surmontés de plusieurs


blocs de latérite

Les sites néolithiques du Sénégal

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


40

Depuis 80 ans environs, on a découvert dans la région de Sénégambie plusieurs grands


ensembles de cercles de pierres, au Nord du fleuve Gambie, dans une zone s’étendant
sur plus de 30 000 km2, depuis Farafenni, à quelque 360 km de l’embouchure du fleuve,
jusqu’à un point aussi éloigné à l’Est de Tambacounda au Sénégal. Les plus anciens
mégalithes connus se composent de pierres dressées et d’alignements de blocs
latéritiques, dont le nombre varie entre huit et vingt-quatre, et dont la hauteur atteint 4
mètres. A Dialloumbéré un groupe peut-être le plus vaste connu jusqu’à présent,
comprend 54 cercles ayant chacun un diamètre de 8 mètres ; généralement, les cercles
sont toutes de la même taille entre 1 et 2 mètres ; généralement, les cercles sont
groupés par deux ou trois. (…)

Ces monuments sont des champs funéraires. Les rangées de cercles juxtaposés étaient
des nécropoles de dynasties de rois ou de prêtres, alors que les cercles plus modestes
étaient celles de chefs ou de prêtres locaux.

B. W. Andah, Les peuples de la Guinée supérieure entre Côte d’Ivoire et Casamance, in


Histoire Générale de l’Afrique, tome 3, édition abrégée, UNESCO, 1997.

Questions

1) Donnez un titre au texte


2) Quelles sont les zones où se rencontrent les mégalithes en Sénégambie ?
3) Dans quel but ont-ils été plantés ?
4) En quoi montre-t-il un degré avancé d’évolution ?

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41

Leçon 8

A. Préliminaires
La réalisation de la dissertation commence au brouillon. Cette phase importante
comprend plusieurs éléments :
 La lecture du sujet plusieurs fois pour le comprendre. Réfléchissez aux dates, aux
mots du libellé pour savoir ce qu’on vous demande et délimiter le sujet. Cela
permet de trouver la problématique, c’est-à-dire la question qui vous est posée et
à laquelle vous devez répondre.
 Construire un plan permettant de disposer de l’armature du sujet. Le plan indique
les différentes parties et sous-parties de votre développement.

B. La rédaction

1. L’introduction

Elle comprend trois moments :


o La présentation du sujet
o La formulation de la problématique
o L’annonce du plan

2. Le développement

C’est la partie la plus importante et la plus délicate. Voici les principes élémentaires du
développement :
 Il faut respecter le plan préparé au brouillon et annoncé à la fin de l’introduction
 Pour chaque partie, on suit la démarche suivante :
o Présenter l’idée générale
o Fournir les informations correspondantes
o Terminer par une transition annonçant la partie suivante

NB : Lorsque dans une partie il y plusieurs idées à défendre, il faut faire des sous parties
qui se voient dans votre texte lorsque vous allez à la ligne et que vous laissez un alinéa.

3. La conclusion

Elle se compose de deux parties :


 Le résumé faisant le bilan de votre développement et répondant à la
problématique.
 L’ouverture qui indique la suite des faits étudiés ou ses conséquences.

C. Exercice

Sujet 1 : L’évolution des caractères physiques et des capacités intellectuelles de


l’Homme au Paléolithique
Sujet 2 : L’historien J. Ki Zerbo dit : « L’histoire est une science humaine qui est à la
recherche d’un certain degré de certitude dite morale ou de probabilité qui lui permet de
restituer et d’expliquer le passé de l’homme. »
A partir de cette affirmation, donnez une définition de l’histoire, et montrez son
importance dans la vie des hommes d’aujourd’hui.

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42

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43

Leçon 9

1. Le pays d’Egypte

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44

2. Une civilisation ancienne

Avant le troisième millénaire avant l’ère également que l’Egypte, qui est une
chrétienne, l’Egypte avait atteint un partie de l’Afrique, a jadis été le principal
niveau intellectuel, social et matériel plus centre de la civilisation universelle d’où
élevé que la plupart des autres régions rayonnaient la science, l’art et la
du monde. Remontant à la nuit des littérature, influençant la Grèce
temps, originale et riche d’initiatives, la notamment. Dans le domaine des
civilisation de l’Egypte ancienne est aussi mathématiques (géométrie,
presque trois fois millénaire. Elle est née arithmétique, etc.), de l’astronomie et de
de la conjonction d’un milieu favorable et la mesure du temps (calendriers, etc.)
d’un peuple résolu à le maîtriser et de la médecine, de l’architecture, de la
l’utiliser à bon escient. En effet, si les musique et de la littérature (narrative,
éléments naturels ont sans doute joué lyrique, dramatique, etc.), la Grèce a
un rôle important et remarquable dans reçu, développé et transmis à l’Occident
son développement, ils ne l’ont fait que une grande partie de l’héritage égyptien
dans la mesure où les Egyptiens ont lutté (…)
pour maîtriser leur environnement,
surmonter les difficultés et les problèmes Les avis sont très partagés sur la
qu’il posait et le mettre au service de la question du peuplement de l’Egypte, qui
prospérité. fait l’objet d’études sérieuses et
approfondies. On espère que les grands
Bien que l’Egypte fut ouverte aux progrès réalisés dans la méthodologie de
courants culturels venant surtout de l’anthropologie permettront d’établir,
l’Orient, ce volume montre que la dans un avenir proche, des conclusions
civilisation repose dans une large mesure définitives sur ce sujet.
sur des bases africaines ; il montre

G MOKHTAR, Conclusion, in Histoire générale de l’Afrique, édition abrégé T 2, UNESCO,


1987

3. Pylônes d’un temple égyptien

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45

4. Un dieu égyptien

5. Le clergé

Le clergé comporte toute une hiérarchie Groupés en quatre classes ou phylé, les
depuis le grand prêtre, ou Premier prêtres officiaient à tour de rôle, chaque
Prophète jusqu’au simple prêtre phylé restant en charge pendant un
purificateur en passant par le prêtre mois. Chaque prêtre n’assurait donc que
lecteur, les deuxième et troisième trois mois de service, il doit s’abstenir de
« serviteurs du dieu » ou les « pères toute relation sexuelle et respecter les
divins ». Ce clergé ne forme pas une interdits alimentaires ou religieux de son
caste à part, on peut cumuler une nome.
fonction civile avec un service religieux. Encyclopédie Universelle

6. Pharaon, roi d’Egypte


Tout relève du roi. En vertu d’un devoir
théologique, il assure l’ordre cosmique,
la sécurité de l’Egypte, le bonheur de ses
habitants en ce monde et dans l’autre,
non seulement en exerçant son métier
de roi, mais en entretenant les divinités,
ce qui l’amène à partager sa prérogative
économique avec les temples.
D’autre part pour rendre le culte dans
ces temples que pour gérer les affaires
de la nation.
Pharaon, seul prêtre théoriquement seul
guerrier, seul juge, seul producteur,
délègue son pouvoir à toute une
hiérarchie d’individu : l’un des moyens
de salariés de ces fonctionnaires est de
leur confier des terres dont ils touchent
le revenu.

J. YOYOTTE, L’Egypte pharaonique, in


Histoire générale de l’Afrique, Edition
abrégé t. 2, Unesco 1987

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46

7. Ruines de la pyramide de Djoser.

8. La vie économique

La constitution de l’Etat pharaonique Certes, il ne permet qu’une récolte par


vers-3000 et la période obscure qui ont an… Les anciens pratiquaient également
suivi sans aucun doute correspondu à un une irrigation pérenne en élevant l’eau
grand développement économique… de canaux ou de bassins creusés jusqu’à
Jusqu’au XIXème siècle de l’ère la nappe souterraine. Mais pendant
chrétienne, la prospérité et la vitalité de longtemps les jambes et les épaules
l’Egypte ont été liées à la culture des d’hommes chargés de palanches furent
céréales (blé, orge).Un système de les seules machines élévatrices connues,
bassins d’inondation, qui disciplinent et et l’arrosage par rigoles resta réservé
étalent, entre des digues de terre, les aux cultures maraîchères aux arbres
eaux et les limons apportés par la crue, fruitiers et aux vignobles.
a duré jusqu’au triomphe actuel de
l’irrigation pérenne. Ce système est J. YOYOTTE, L’Egypte pharaonique, in
attesté dès le Moyen Empire, et on peut Histoire générale de l’Afrique, Edition
supposer qu’il avait été créé à de plus abrégé t. 2, Unesco 1987
hautes époques.

9. Extrait du Livre des morts

Salut à toi, grand dieu! Je te connais et détestent. Je n’ai pas calomnié un


je connais le nom des dieux qui sont inférieur auprès de son maître. Je n’ai
avec toi. Je n’ai pas commis l’injustice. pas affamé. Je n’ai pas fait pleurer. Je
Je n’ai pas maltraité les gens. Je n’ai pas n’ai pas tué. Je n’ai fait de tort à
fait de mal. Je n’ai pas blasphémé les personnes.
dieux. Je n’ai pas privé un pauvre de ses
biens. Je n’ai pas fait ce que les dieux D’après le Livre des morts

10. La momification

Pour être momifié, le cadavre était remis crochets et d’un dissolvant végétal ; les
à des prêtres spécialisés qui enlevaient poumons, le cœur, les intestins ; etc.,
tous les éléments susceptibles de se sont enlevés par une incision dans
corrompre : le cerveau est retiré du l’abdomen faite par un couteau de
crâne par les narines au moyen de pierre. La cavité est rituellement

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


47

nettoyée et purifiée, puis recousue. On des bandelettes de lins imprégnées de


recouvre ensuite le cadavre de natron gomme. Les doigts particulièrement
solide dans lequel il séjourne pendant fragiles, étaient enfermés dans des
soixante-dix jours. Il est alors lavé ; les doigtiers d’or ou d’argent.
cavités - crâne, poitrine, abdomen sont
remplies de résine et de tissus Au cours de ces diverses
imprégnées d’aromates, de façon à opérations, la protection magique du
redonner au corps les formes de la vie. corps est surtout assurée par la
Les viscères, lavées au vin de palme récitation de formules religieuses… Pour
sont placés dans quatre vases, les finir, le corps est enveloppé dans un ou
canopes, au couvercle à l’origine en plusieurs linceuls bien ficelés, puis on
forme de tête humaine. pose un masque sur le visage, à l’image
du mort. La momie est placée dans un
Le corps oint d’huile parfumée et sarcophage.
frottée de myrrhe après lavage, est
enveloppé, membre par membre, dans D’après Encyclopédie Universelle

11.Le sphinx de Gizeh

12.Gravures retraçant les monarques égyptiens

De gauche à droite : Egyptiens, Européens, Soudanais (Nubiens), Sémites.


(Tombeau de Ramsès III)

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I. LES GRANDES ETAPES DE L'HISTOIRE DE L'EGYPTE

L’histoire de l'Egypte comprend plusieurs grandes périodes :

1. L'époque archaïque (- 3200 à -2900)

Le roi Ménès (ou Narmer), régnant sur la Haute Egypte soumet à son autorité la Basse
Egypte. Il fonde la 1ère dynastie. La capitale d'abord Thinis est déplacée à Memphis.

2. L’Ancien Empire (- 2900 à - 2280)

Il est caractérisé par une architecture colossale. Le roi est désormais considéré comme
un dieu. Les pharaons les plus importants sont : Djeser, Khoufou (Cheops), Kafrê
(Chephren), Menkaouré (Mykerinos). Djéser avec son ministre Imhotep édifie à Saqqarah
la première pyramide. Les pharaons de l’ancien empire sont surtout connus à travers les
grandes pyramides. La 4ème dynastie est un des sommets de l'histoire de I'Egypte.
L'Egypte protège ses frontières et développe ses relations commerciales. A partir de la
5ème dynastie les envahisseurs venus du nord menacent le pays. Le pays morcelé. A
partir de la IXème dynastie, plusieurs dynasties cohabitent. Dans le même temps, un
mouvement de révolte populaire se développe parallèlement à la diffusion du culte
d’Osiris.

3. Le Moyen Empire (- 2060 a – 1785)

Les IXe et Xe dynasties contrôlent les deux tiers du pays, alors que la XIe dynastie, plus
guerrière, est installée à Thèbes en Haute Égypte. Cette dynastie ramène l’ordre et la
paix et réunifie le pays. Elle donne naissance au Moyen Empire. La XIIème dynastie
installe la capitale à It-Taoui et s’impose à la Basse-Nubie. La volonté de renforcer l’unité
nationale s’exprime par le compromis religieux entre les clergés de Thèbes et
d’Héliopolis, associant les dieux Amon et Rê. Le pharaon, intermédiaire entre Amon-Rê et
les hommes, renforce son pouvoir. Dans le même temps, l’immortalité n’est plus le
privilège du seul pharaon, elle est désormais accessible à tous.

Les Hyksôs mettent fin au moyen empire. Ce sont des populations venues d’Asie et qui
se sont établies dans le delta du Nil. Profitant de l’affaiblissement des XIII ème et XIVème
dynastie, ils font la conquête de la Basse-Egypte. Ils fixent leur capitale à Avaris.
Toutefois, les princes de Thèbes résistent. Ils chassent les Hyksôs sous Ahmosis 1er.

4. Le Nouvel Empire (- 1580 à - 1085)

La capitale revient à Thèbes. L’Egypte se dote d’une puissante armée pour d’une part se
protéger contre les invasions, et d’autre part mener des conquêtes. Ainsi, l’Egypte étend
sa domination jusqu’en Syrie et en Ethiopie.

Les Egyptiens vont êtres chassés de Syrie par les Hittites. A l’intérieur les prêtres de
Thèbes ont des prétentions religieuses. Le grand prêtre d’Amon parvient à se faire
promouvoir second personnage de l’Etat.

Ce qui amène le pharaon à tenter d’abolir le culte d’Amon au profit d’un dieu unique,
Aton. Cela ne dure que le temps du règne d’Akhénaton.

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


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Pour réduire l’influence de Thèbes, les Ramessides (Ramsès I à XI) déplacent la capitale
à Tanis. Sous leur règne, l’Egypte connaît une longue période de prospérité. Mais
d’autres envahisseurs venant d’Asie mineure et de Grèce menacent l’Egypte. Après
Ramsès III, le Nouvel Empire entame son déclin. Il sera victime des attaques des
Assyriens et des Libyens, alors que le grand prêtre d’Amon prend le pouvoir au sud.

5. Le déclin de l’Egypte (- 1885 à - 332)

Avec la 21e dynastie, le pouvoir est partagé entre Thèbes et Tanis. La 22ème dynastie
remet de l'ordre pour 2 siècles. L'Egypte se disloque de nouveau en Etats rivaux. A partir
de la 26e dynastie, I'Egypte a perdu toute indépendance. Elle subit les assauts des
Perses, puis celle d'Alexandre de Macédoine en -332. La victoire de ce dernier met fin
aux temps pharaoniques.

II. LA CIVILISATION EGYPTIENNE

1. L'organisation politique et sociale

 Le pharaon est un roi de droit divin. C'est un dieu régnant sur les humains,
successeur des dieux fondateurs et ordonnateurs du monde. C'est le grand
prêtre par excellence et le culte est rendu en son nom par les prêtres. Son
pouvoir est absolu. Il assure la prospérité du pays, garantit I'ordre et la bonne
répartition des eaux du Nil. Le pharaon est responsable de la sécurité nationale.
Il est polygame.
 L'administration est dirigée par une sorte de vizir, le Tjaty. Il est responsable
de l'ordre public. C'est la plus haute instance judiciaire après le pharaon et le
ministre de la justice.
 De nombreux cadres administratifs, recrutés parmi les scribes gèrent l'ordre
public et contrôlent la production économique.
 L'armée comprend divers corps : piquiers, archers, fantassins... Elle participe
aux grandes constructions et aux activités d'intérêt économique. Les différents
corps de l'armée ont leurs dieux : Amon, Rê, Ptah, Seth.
 Les nobles vivent à la campagne ou dans la cour du pharaon. Les prêtres sont
puissants en raison de leur prestige auprès du peuple et des dons qu'ils
reçoivent. Les scribes ont la connaissance de l'écriture. Ils sont dépositaires de
la culture profane et religieuse. Ils ont la maîtrise des sciences et des
techniques. Ils vivent aisément.
 La majeure partie du peuple est constituée de paysans. En dehors de la
période agricole, ils sont au service du pharaon ou du temple. Les artisans sont
nombreux dans les villes.
 Les étrangers, peu nombreux, sont des spécialistes de certaines productions
(viticulteurs, bouviers...) ou des colons militaires. Les esclaves sont acquis pour
les tâches domestiques.

2. La vie économique

La production de céréales est la principale richesse de l'Egypte (blé, orge surtout).


Elle est réalisée grâce à un judicieux système d’irrigation. En dehors des céréales,
l'Egypte produit des légumes, de la vigne, des fruits. Les cultures sont effectuées dans la
vallée. Les marais servent de pâturages.
Le désert fournit diverses ressources : les pierres de construction, les pierres
semi-précieuses comme la turquoise, la cornaline, l'améthyste, l'or.
L'Egypte importe du bois, mais exporte de forte quantité de lin et de papyrus. Les
transports ont consolidé la puissance économique. Sur les pistes on retrouve surtout
l'âne. Pour les transports massifs et à longue distance, l'Egypte utilise le Nil et les
canaux.

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


50

3. La religion

Les Egyptiens croient en de multiples dieux dont la plupart sont représentés par un corps
humain surmonté d’une tête d’animal. Exemple : Rê, le Dieu soleil, Amon, Osiris, Isis,
Horus, Anubis. Chaque ville a ses dieux. D’autres divinités représentent des éléments
naturels : Geb, la terre ; Nout, le ciel ; Hapy, le Nil, etc.

Des temples grandioses sont élevés en l’honneur des dieux. Le temple est un modèle de
tout l’univers.

Pour les Egyptiens, l’homme réunit un corps charnel et des âmes (ka et ba). Pour faire
survivre ces âmes après la mort, il faut que le corps soit bien conservé. C’est dans ce but
qu’est pratiquée la momification. Et pour leur donner un cadre de vie agréable, les
tombes comprennent une chapelle et un caveau où repose le défunt avec des objets
magiques ou usuels. Les tombes les plus spectaculaires sont les pyramides. On a par la
suite les hypogées et les mastabas. Les âmes doivent comparaître au tribunal d’Osiris.

4. La vie culturelle

L’écriture est essentiellement pictographique. Elle a connu une évolution. On distingue


ainsi les écritures démotique, cursive, hiératique.

Dans plusieurs sciences comme la chirurgie, la médecine, les mathématiques,


l’astronomie, l’architecture, les Egyptiens ont joué le rôle de précurseurs. L’art est
caractérisé par la présence de nombreux styles.

Hiéroglyphes sur la tombe du prince Amonherkhepeshef

Sujet de dissertation :

Pourquoi dit-on que « L’Egypte est un don du Nil » ? Quel est l’apport de ce pays dans la
civilisation universelle.

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51

Leçon 10

1. Le royaume d’Axoum

2. Situation et débuts d’Axoum

D’après les sources de base, Le territoire Axoumite, selon les


l’histoire d’Axoum s’étend sur près d’un repérages de l’archéologie, s’inscrit dans
millénaire à partir du 1er siècle de l’ère un triangle vertical de 300 Km de
chrétienne. Elle enregistre trois longueur et de 160km de largeur. Ces
interventions armées en Arabie du Sud estimations restent très approximatives.
aux IIIème, IVème et VIème siècles, une Ce rectangle est compris entre 13 et 17
expédition à Méroé au IVème siècle, et au degrés de latitude nord, 38 et 40 degrés
cours de la première moitié de ce même de longitude. Il s’étend de la région
siècle, l’introduction du christianisme. située au nord de Kero jusqu’à l’amba
Une vingtaine de rois, dont la Alagui au Sud, d’Adoulis, sur la côtes
plupart ne sont connus que par les jusqu’aux environs de Takkazé, à l’ouest.
monnaies qu’ils émises, se sont succédés Addo-Dahno est pratiquement le dernier
sur le trône d’Axoum. Le plus site connu de ce côté, à une trentaine de
anciennement attesté de ces rois est kilomètres d’Axoum.
Zoscalès, que mentionne un texte grec
de la fin du premier siècle. Ce nom F.ANFRAY, La civilisation d’Axoum du 1er au
correspond-il au Za-Hakalé des listes VIéme siècle, Histoire générale de l’Afrique,
royales traditionnelles ? La question UNESCO, Paris, 1987
reste posée. (…)

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


52

3. L’architecture axoumite

L’emploi de la pierre, le plan carré ou du rez-de-chaussée, qu’il serait d’ailleurs


rectangulaire, l’alternance systématique préférable d’appeler étage, étant donné
de parties saillantes et de parties sa surélévation. A considérer l’exiguïté
rentrantes, l’élévation en gradins des des pièces de ce premier étage,
soubassements sur lesquels se dressent encombrées de piliers et de poteaux, il
les grands édifices, un type de est probable que les véritables salles
maçonnerie sans mortier autre que de d’habitation se trouvaient à l’étage
terre, tels sont les traits principaux de supérieur. La question est de savoir si
l’architecture axoumite (…) . Tous les les grands châteaux d’Axoum avaient
édifices sont bâtis sur les mêmes socles plusieurs étages.
à gradins. Des escaliers monumentaux y
donnent accès, souvent de sept F.ANFRAY, La civilisation d’Axoum du 1er
marches. Des dépendances les encadrent au VIéme siècle, Histoire générale de
par delà les courettes. l’Afrique, UNESCO, Paris, 1987
On peut être certain que les châteaux et
les villas comportaient u étage au-dessus

4. Obélisque à Axoum

5. Activités économiques

La grande majorité des Axoumites connaissaient aussi la viticulture. Ils


pratiquait l’agriculture et l’élevage et possédaient aussi de grands troupeaux
menait une vie pratiquement identique à de bœufs, de moutons et de chèvres,
celle que mènent aujourd’hui les paysans ainsi que des ânes et des mulets.
du Tigré. Sur les contreforts et dans les Comme les Méroïtiques, les Axoumites
plaines, ils avaient construit des citernes avaient appris à capturer et à
et des barrages pour emmagasiner l’eau domestiquer les éléphants – mais ceux-ci
de pluie, et creusé des canaux étaient réservés à l’usage de la cour du
d’irrigations. D’après les inscriptions, ils roi.
cultivaient le blé et d’autres céréales ; ils

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


53

Les métiers artisanaux pratiqués par les acte non seulement économique mais
forgerons et d’autres artisans politique, proclament devant le monde
métallurgistes révèlent un très haut entier l’indépendance et la prospérité de
degré d’adresse et de sens artistique… l’Etat d’Axoum. Le premier roi d’Axoum à
Le royaume d’Axoum tient, dans le mettre en circulation sa propre monnaie
commerce mondial de l’époque, la place est Endybis, dans la seconde moitié du
d’une puissance de premier plan, comme IIème. Les pièces axoumites offrent les
le prouve la frappe de sa propre monnaie mêmes caractéristiques que les pièces
d’or, d’argent et de cuivre. Ce fut le byzantines de la même époque.
premier Etat de l’Afrique tropicale à
battre monnaie. Battre monnaie, en Y. KOBSHANOV, in Histoire générale de
particulier la monnaie d’or, constitue un l’Afrique, UNESCO, t.2

6. L’introduction du christianisme à Axoum

Se fondant sur les textes apocryphes des pays. Frumence est ensuite appelé
actes des Apôtres, rédigés par un certain « illuminateur » (Kessaté Brhan) ou
Abdia, une partie de la population pense (Abba Selama), ce qui veut dire « père
à tort que saint Mathieu aurait, le de la paix ». (…)
premier, apporté en Ethiopie la religion
chrétienne. Cette thèse ne repose sur Tekle Tsadik MEKOURIA, Axoum
aucun document digne de foi. L’histoire chrétienne, Histoire générale de
des rois Tarike Neguest accorde au l’Afrique, édition abrégée, Tome 2,
fameux Frumence le privilège d’avoir UNESCO, 1987.
introduit le christianisme dans notre

Église Bete Giorgis de Lalibela (Éthiopie)

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I. L’ EVOLUTION HISTORIQUE

Le royaume d’Axoum est la première entité politique établie en Ethiopie. Il s’est


développé entre le Ier et le XIIème siècle après Jésus-Christ. Selon le Kebra Nagast (« la
Gloire des rois »), le livre sacré des coptes, il aurait été fondé par Ménélik 1er fils du roi
Salomon et de la reine de Saba, souveraine d’Axoum. Ménélik aurait volé l’Arche de
l’Alliance à Jérusalem et l’aurait caché à Axoum.

Avant cette époque (l’époque pré-axoumite), d’importants mouvements de populations


s’effectuent entre l’Arabie et l’Ethiopie. On note en particulier la pénétration des Sabéens,
des Minéens, des Homérites venant du Yémen entre 1000 et 400 avant J-C.

Axoum établit des liaisons commerciales avec l’Inde, la Grèce, Rome. Profitant du déclin
des royaumes de l’Arabie, il étend sa domination sur la mer Rouge jusqu’au Yémen.

Au IVème le roi d’Axoum, Ezana se convertit au christianisme. Le royaume d’AXoum


atteint son apogée au Vème siècle.

Au VIème le roi Caleb intervient en Arabie, où le roi d’Himyar converti au judaïsme


menace le christianisme. Son successeur Abraha fait ériger une grande cathédrale à
Sanaa au Yémen, mais échoue devant la Mecque en 571. Axoum s’allie avec Byzance
contre les Perses sassanides et accueille favorablement les partisans du prophète
Mohamed en quête de refuge. Mais au VIIème le royaume amorce son déclin sous l’effet
de la conquête musulmane. Les Arabes s’emparent du port d’Adoulis, isolent l’Ethiopie en
établissant leur domination sur les côtes de la mer Rouge. Axoum est dévasté au X ème
siècle par les troupes d’une reine païenne ou judaïsante. Il disparaît au XIIème siècle. Il
faut attendre le XIIIème pour voir un autre royaume chrétien plus au sud.

II. LA CIVILISATION AXOUMITE

1. Organisation politique

Les structures internes de l'Etat sont mal connues. On sait que l'empereur et les hauts
dignitaires sont issus de la lignée royale. Ils sont tous désignés sous le nom de négus.
Mais le roi d'Axoum porte le titre de négus negast (Roi des rois)". En effet, Axoum est
le noyau central d'un empire dont Ie roi dispose de nombreux vassaux qui lui paient un
tribut. [Les négus reçoivent l'impôt chez eux ou se rendent auprès de leurs sujets pour la
percevoir, devenant ainsi des rois itinérants.

2. Les activités économiques

L'agriculture et l'élevage représentent les activités dominantes. Les champs sont


aménagés en terrasses sur les flancs des collines. Des charrues tirées par les boeufs et
les techniques d'irrigation assurent la production". Les principaux produits sont les
céréales (le blé en particulier) et la vigne. L'élevage est varié : moutons, chèvres, ânes,
mulets.

L'artisanat reste mal connu. Mais l'architecture révèle l'importance de la métallurgie du


fer. Elle s'est développée grâce à l'usage du mortier, du bois et de la pierre.

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3. Les échanges

Axoum a une position de carrefour entre I'empire romain, l'Asie et l'Afrique orientale. Les
exportations portent essentiellement sur les produits de la chasse, de la cueillette et les
esclaves. L’économie de production alimente surtout la consommation. En revanche,
Axoum importe des produits alimentaires variés (huile, céréales, chèvres, canne à
sucre…) des pays méditerranéens comme la Syrie, l’Italie ou de l’Inde. Les grands
centres de commerce sont : Axoum, Adoulis, et les villes bordant le plateau qui servent
de relais. Les grandes villes ont une importante communauté de marchands étrangers.

4. La culture axoumite

La culture axoumite est cosmopolite. Dans la vie religieuse, les cultes pré-axoumites se
sont prolongés dans l’ère chrétienne. Il s’agit de cultes polythéistes portant sur des
divinités d’origines diverses : des dieux asiatiques comme Astar, Béher, Méder, Mahren,
des dieux égyptiens ou méroïtiques (Hator, Ptah, Horus), des dieux grecs (Poséidon). Le
Judaïsme est aussi pratiqué. Mais au IVème siècle, le christianisme s’installe dans le
pays. En effet, le roi Ezana se convertit vers 330-360 sous l’influence d’un moine venu de
Tyr, Frumence. Il fait traduire la Bible fut traduite en guèze, langue sémitique alors
parlée dans le royaume. La conversion massive de la population a été plus tardive. Elle a
été réalisée par missionnaires originaires d'Antioche, venus en Éthiopie au Vème siècle.

Les langues utilisées sont le grec et le guèze, la langue de la monarchie. L’écriture


emprunte ses caractères à l’Arabie du sud et à l’Inde.

Des grandes stèles surplombent les tombeaux des souverains. Ils figurent parmi les plus
grands monolithes jamais façonnés par l'homme. Le plus grand d'entre eux a une
hauteur de 35 mètres.

Selon Elikia M’Bokolo, l’ « émergence d’Axoum est probablement à rapport avec les
développement du négoce international à travers la mer Rouge ». Montrez le rôle
certainement joué par Axoum dans les relations entre l’Afrique Noire et la Méditerranée,
mais aussi avec le monde arabe.

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Leçon 11

1. Les routes transsahariennes

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2. Entre la méditerranée et l’Afrique noire, des échanges multiples

Des sources écrites, relativement des intérêts réciproques. Si le long de la


nombreuses, attestent toutes de vallée du Nil les relations politico-
l’existence de relations entre le continent militaires ont souvent pris le dessus, il
africain (dénommé d’abord ‘‘Libye’’, puis semble bien que dans la longue durée et
‘‘Ethiopie’’) et le monde méditerranéen, dans la plupart des aires géostratégiques
en englobant dans ce terme non et culturelles, les échanges commerciaux
seulement l’ensemble des régions et ont constitué l’aspect dominant. […]
Etats de la Méditerranée, mais aussi
l’Assyrie et la Perse, dont les menées et Une fois établies ces relations
aventures en Afrique se sont mêlées, au d’échanges ont revêtu des tendances et
cours du premier millénaire Av. J.C., à des caractéristiques qui allaient se
celles des Méditerranéens. […] révéler très durables, tant dans la nature
des marchandises que dans
Entre le monde méditerranéen et le reste l’organisation des échanges. Du point de
de l’Afrique, les relations ont visiblement vue des produits, il s’agit avant tout de
couvert tous les champs : migrations des biens rares et de denrées de luxe.
groupes humains en effectifs plus moins
nombreux ; curiosité scientifique ;
conquêtes militaires et hégémonies Elikia M’BOKOLO, Afrique Noire : Histoire
politiques ; échanges de pratiques et Civilisations, Tome 1, Paris, Hatier,
sociales et de croyances ; relations 1995.
marchandes et économiques fondées sur

Caravane à travers le Sahara

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I. LA NATURE DES RELATIONS ENTRE LE MONDE NOIR ET LA


MEDITERRANEE.

Plusieurs sources attestent des relations anciennes et multiples entre le continent


africain et le monde méditerranéen. Il s'agit de migrations de populations, de conquêtes,
d'échanges culturels, de relations économiques. Les produits entrant dans les échanges
sont variés : encens, gomme arabique, parfums, bois précieux, produits de chasse,
animaux pittoresques (singes, éléphants, rhinocéros...), esclaves.
Ce commerce a donné lieu à 2 types d'organisation :
- Les échanges par réseaux (les produits arrivent au consommateur sans intermédiaire).
- Les échanges par relais (plusieurs intermédiaires interviennent dans la distribution).

Trois principaux axes servent de voies de communications entre la Méditerranée et


l'Afrique Noire : la vallée du Nil, la mer Rouge, les pistes transsahariennes.

II. LES GRANDS COURANTS D'ECHANGES.

1. Les relations à travers la vallée du Nil.

L'existence de rapports très anciens entre l'Afrique Noire et le monde


méditerranéen est attestée par de nombreuses sources écrites et archéologiques. Depuis
le 3ème millénaire avant J-C, les pharaons multiplient des expéditions dans les pays du
sud.
Des témoignages de l'époque pharaonique font état des expéditions militaires
égyptiennes jusqu'à la 1ère cataracte, de recrutement de soldats en Nubie, au Darfour.
Cette activité politico-militaire s'accompagne d’échanges commerciaux. Cela s’est
poursuivi jusqu'au-delà des temps pharaoniques.

2. Les relations transsahariennes.

Les sources archéologiques, les écrits d'Hérodote, les sources grecques et


romaines évoquent les rapports qui se sont développés à travers le Sahara.
Les peintures et gravures rupestres représentant des chars prouvent l'existence
de relations suivies entre le nord et le sud du Sahara. Ces échanges ont eu lieu jusqu'au
1er millénaire avant J-C. De grandes routes traversent le Sahara selon une direction
méridienne. Ces chars sont tirés par des boeufs ou des chevaux ; ils seront le principal
moyen de transport dans le Sahara jusqu'à l'apparition du chameau qui aurait lieu en
Egypte vers le V ème ou VI ème siècle avant J-C.
Les textes de l'historien Hérodote évoquent les Garamantes commerçants de
I'ouest du Fezzan (Tassili des Ajjer). Les documents gréco-latins parlent d'autres
expéditions vers le Tibesti vers le 1er siècle de l'ère chrétienne.

3. Les liaisons à travers l’océan Indien.

L'océan Indien met en relation l'Afrique avec les pays de la méditerranée. Ces rapports
se sont intensifiés à partir du 2ème millénaire av. J-C. Les textes égyptiens font état de
voyages vers le "Pays de Pount" (la Corne de l’Afrique), surtout ceux sur l'initiative de la
reine Hatshepsout (vers le XVème siècle av J-C). Un autre voyage est évoqué : celui du
pharaon Néchao au VIème siècle av. J-C qui contourne l'Afrique par l'est de la mer Rouge
pour rejoindre la Méditerranée. D'autres voyages montrent l'importance du commerce
entre les côtes d'Afrique orientale et les pays méditerranéens.

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Leçon 12

Document 1

A – ARGUMENTS GEOGRAPHIQUES

La préhistoire égyptienne, comme celle du Fayoum au Vème millénaire avant


du reste de l’Afrique, est peu connue. notre ère et celle du sud – mauritanien
Mais il y quelques propositions comme du Sahel nigérien, et cela malgré
difficilement contestables. Le les distances considérables. (…) Les gîtes
peuplement le plus ancien du Sahara d’occupation humaine au Tchad
jusqu’à la période histoire était formé en montrent que les plus anciens sont
majorité de Noirs. Au paléolithique, (…), situés au Nord (Tibesti –Ennedi) tandis
le peuplement noir s’étendait jusqu’en que les plus récents sont sur les rives du
Europe et au-delà. Vers l’an 10 000 Logone et du Chari. Enfin, les Kaggidi du
avant J – C. les Dravidiens noirs Nord – Kordofon disent qu’ils sont venus
occupaient une grande partie de l’Inde. A de l’est et la plupart des peuples de
la fin du paléolithique, dit Furon, dans la l’ouest africain montrent le nord et l’Est
province de Constantine, on a découvert quand on leur demande leur origine. (…)
cinq groupements d’hommes fossiles
offrant des affinités avec les Nubiens de Si l’on admet qu’au moment où le
la Haute - Egypte. Dans le niveau Sahara s’est désertifié, les Noirs y
capsien1 du Maghreb, dit Alimen, on étaient en majorité et que déjà
trouve des squelettes à affinités agriculteurs, ils en sont partis les
négroïdes. Le peuplement négroïde premiers pour chercher des terrains plus
ancien de l’Afrique du Nord semble avoir humides, on reconnaîtra volontiers qu’ils
été remplacé graduellement par des ont trouvé ces terrains autour des
négro – méditerranéens. En effet, le nappes d’eau du sud ainsi que dans la
Saharien mésolithique d’Asselar était un vallée du Nil. (…). Donc, il est impossible
nègre de type bantou (…). de ne pas admettre que parmi les
L’homme d’Asselar s’apparente encore peuples qui ont préparé le « miracle
aux restes humains négroïdes – Berbères égyptien » il y avait une majorité de
de Yao (nord – est du lac Tchad), aux négroïdes. (…)
hommes du néolithique de Khartoum,
décrits par Arkell comme des négroïdes Si donc la majorité des agriculteurs qui,
puissamment bâtis, aux incisives partis du désert, sont venus s’installer au
extraites, ainsi qu’aux restes humains de bord du Nil étaient des Noirs, et si l’essor
Taferjet et TamayaMellet, négroïdes de la civilisation égyptienne est de
découverts par Lhotte et qui utilisaient source autochtone et plutôt sudiste
un matériel analogue à celui des (c'est-à-dire à l’endroit où il y avait
hommes de Khartoum. De même, les sûrement encore plus de Noirs), il est
cultures matérielles sont apparentées évident que le rôle des Noirs dans
elles aussi. Mauny note la parenté l’établissement de cette civilisation n’a
indéniable entre la civilisation néolithique pas besoin d’être souligné.

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B – ARGUMENTS ANTHROPOLOGIQUES

Rappelons que d’après Cheikh Anta DIOP Khephren. De même le pharaon Djeser,
« il est exact qu’on peut » « décrasser » de la troisième dynastie, dont les narines
la peau des momies, même les plus lourdes et les lèvres fortes ne détonnent
anciennes et retrouver la pigmentation pas dans une assemblée de Bambara.
de la peau, si celle – ci existe vraiment.
C’est ce que j’ai réalisé effectivement Est – ce dire pour autant que tous les
avec tous les échantillons dont j’ai pu Egyptiens, du début à la fin de
disposer. Mais tous révèlent sans l’Antiquité, aient été des Noirs ?
exception une peau noire de l’espèce de Evidement non. Bien que le type grec
tous les Nègres que nous connaissons à soit pratiquement existant, de
l’heure actuelle. nombreuses effigies montrent aussi des
Mais ripostent certains, cette couleur types de pharaons ou de simples mortels
noire des momies provient de la qui n’ont rien de négroïde augmentait
« matière précieuse divine » espèce de pour prédominer finalement dans le
bitume qu’on utilisait pour embaumer les delta. En effet, des invasions continuelles
morts. Cheikh Anta DIOP répond que venaient de l’est et aussi des Libyens,
l’utilisation des rayons violets permet de ces Libyens que d’aucuns osent assimiler
déterminer la teneur en mélanine d’une aux Egyptiens mais qui étaient
pigmentation. Il rappelle aussi que le d’authentiques Blancs.
canon de Lepsius qui donne les
propositions du corps de l’Egyptien En conclusion, il nous semble donc que
parfait est négroïde. les Noirs ont dû constituer la majorité de
la population dans l’antique vallée du Nil,
Par ailleurs dans les effigies de l’Egypte au moins dans les premiers temps
historique, on note la fréquence des protohistoriques et historiques et dans
types négroïdes dans tous les rangs de la les zones méridionales. Ils ont joué un
société. Le caractère du roi Taharka rôle décisif dans l’établissement de la
(musée de l’Ermitage de Leningrad) ne civilisation égyptienne. Et nombre de
doit pas nous étonner puisqu’il était grands hommes de l’histoire égyptienne
nubien. Mais il faut citer aussi le pharaon étaient des Noirs.

C – PARENTES CULTURELLES

Ajoutons que la civilisation négro – part, leurs lointains ancêtres, qui ayant
africaine actuelle est plus proche de la partagé la même expérience historique
civilisation égyptienne que de toute autre que les Egyptiens dans les vertes prairies
civilisation connue. Bien sûr, il ne faut du Sahara Néolithiques, faisaient alors
pas confondre culture et race. partie de la même aire culturelle, avant
la diaspora des 4ème et 3ème millénaires.
La cause de l’essor des Egyptiens n’était Par ailleurs, des chocs amortis et
pas la couleur de leur peau, mais les dégradés de la civilisation du Nil leur
conditions économiques, sont encore parvenus par les vagues
démographiques et sociologiques dans d’émigrants partis de la Nubie, surtout
lesquelles une population bigarrée s’est depuis la décadence de ce royaume sous
trouvée le long de l’étroite et riche vallée les coups des assyriens, des dynasties
du Nil qui est devenue ainsi le saïtes et enfin des Arabes. Quoiqu’il en
laboratoire d’une humanité nouvelle. soit, la parenté est remarquable aussi
bien dans les cultures matérielles que
Néanmoins des parentés culturelles dans la société et dans la conception
puissantes ont subsisté entre les deux d’ensemble du monde.
zones de dispersion des peuples depuis
le Sahara, et cela, non pas comme on l’a Joseph KI – ZERBO, Histoire de l’Afrique
dit parce que les Noirs subsahariens sont Noire, Paris, Hatier, 1978
venus d’Egypte, mais parce que, d’une

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Document 2

Les Egyptiens vus par eux – mêmes


Km-wr : le grand noir ; surnom d’Osiris
Comment les Egyptiens se voyaient ils Athribis ;
eux mêmes ?dans quelle catégorie Kmj : le noir, le nègre, titre d’Osiris ;
ethnique se classaient-ils ? Comment se Kmt : déesse, la noire ;
désignaient-ils ? La langue et la Km : noir ; est appliqué à Hathor, Apis,
littérature que nous ont léguées les Min et Thot ;
Egyptiens de l’époque pharaonique Set kemet : la femme noire, Isis
fournissent des réponses explicites à ces
questions, que les savants ne peuvent Données culturelles
pas s’empêcher de minimiser, de
déformer ou « d’interpréter). Parmi les innombrables faits culturels
identiques recensés en Egypte et dans le
Les Egyptiens n’avaient qu’un terme monde africain noir actuel, nous ne
pour se désigner eux – mêmes : kmt, retiendrons que le totémisme
littéralement : les Nègres.
C’est le terme le plus fort qui existe en D’après (…) Hérodote, la circoncision est
langue pharaonique pour indiquer la d’origine africaine. L’archéologie a donné
noirceur. Ce mot est l’origine raison au père de l’histoire, car Elliot
étymologique de la fameuse racine kamit Smith a pu constater par l’examen de
qui a proliféré dans la littérature cadavres bien conservés que les
anthropologique moderne. La racine Egyptiens étaient circoncis dès la
biblique kam en dérive. (…) Protohistoire – à dire antérieurement à
4 000 avant l’ère chrétienne.
Les épithètes divines
Le totémisme égyptien est resté vivant
Enfin, « noir » ou « nègre » est l’épithète jusqu’à l’époque romaine
divine qui qualifie invariablement les
principaux dieux bienfaiteurs de l’Egypte, Parenté linguistique
alors que les esprits maléfiques, eux, ont
pour épithète de Srêt, « rouge ». Nous Le wolof, langue Sénégalaise parlée dans
savons que dans l’esprit des Africains, ce l’extrême Ouest africain, sur l’océan
terme désigne les nations blanches. Il Atlantique, est peut – être aussi proche
est à peu près certains qu’il en était ainsi de l’Egyptien ancien que le copte. Une
en Egypte, mais je voudrais ici m’en étude exhaustive consacrée à cette
tenir aux faits les moins discutables. question vient d’être faite. (…) On verra
qu’il s’agit d’une parenté généalogique :
Voici les surnoms des dieux :

Egyptien Copte wolof

Kef : empoigner, prendre, keh : dompter kef : saisir sa proie (de


dépouiller quelque chose)

Feh : s’en aller feh : s’en aller


précipitamment
naj: demander nah: protéger laj:demandertefnut :…
sortie de la salive de Ra
tefnit : « cracher » un être teflit : crachat
humain

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Leçon 13

1. L’empire du Ghana

2. Le faste de la cour du Tounka

Le roi, nous dit Al Bakri, se met au cou Le gouverneur de la ville s’assoit par
et aux bras des bijoux de femmes. Il se terre aux pieds du roi, entouré par les
coiffe de hauts bonnets pointus sertis ministres également assis par terre.
d’or, autour desquels, il enroule un Devant la porte du dôme royal, veillent
turban de cotonnade très fine. Il tient des chiens de garde qui ne quittent
audience et reçoit les doléances sous un presque jamais le roi. Ils ont des colliers
dôme. Tout autour attendent dix d’or et d’argent garnis de grelots des
cheveux aux carapaçons d’étoffe d’or. mêmes matériaux.
Derrière lui se tiennent dix pages L’arrivée du roi à son audience est
porteurs de boucliers en cuir et d’épée ; annoncée par des coups frappés sur une
ils sont superbement vêtus et portent sorte de tambour appelé dûba (tam-
des nattes tressées de fils d’or. tam). Cet instrument est une longue
pièce de bois évidée. En l’entendant, les

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gens se rassemblent. Les gens de la saluer le roi. Les musulmans, eux, se


religion du roi, à son approche, se contentent de battre des mains.’’
mettent à genoux et se jettent de la
terre sur la tête. C’est leur façon de Joseph KI-ZERBO, Histoire de l’Afrique
Noire, Paris Hatier, 1978

3. Les traditions du Tounka

Chaque matin, le souverain, (Tounka), contre ne devait pas être interrompue.


dans une sorte de ronde de la justice, La succession était matrilinéaire, c’est-à-
sortait à cheval accompagné de tous ses dire que c’est le fils de sœur du roi qui
officiers, et faisait le tour de la capitale, lui succédait.
s’arrêtant pour écouter les doléances
éventuelles de ses sujets les plus J.KI-ZERBO, Histoire de l’Afrique Noire,
humbles et leur faire rendre justice Paris, Hatier, 1978
séance tenante. La ronde du soir par

4. L’administration de l’empire du Mali

Pour gouverner cet immense empire organisé selon ce statut. Walata, par
dont on disait, du temps de Mahmoud exemple, à cause de son importance
Kati, qu’il avait environ 400 villes, les comme centre douanier avait un farba
rois du Mali ont adopté un système très qui fut d’ailleurs révoqués en 1352 pour
décentralisé. Leur empire ressemblait à ses abus. Autour de ce noyau central,
une mangue. Au centre un noyau dur une pulpe du royaume maintenu dans
soumis à l’admiration du roi qui y une stricte dépendance, mais qui n’avait
apparaissait partout de temps à autre. été gouverné que par l’intermédiaire de
Ce royaume était subdivisé en provinces leurs chefs traditionnels. Le farba du roi
administrées sur place par un dyamani servait alors, comme ministre résident,
tigui, ou farba. Les provinces elles-même investissant le chef local, parfois selon
se subdivisaient en cantons (Kafo) et en les coutumes du pays.
villages (Dougou). L’autorité villageoise
était parfois bicéphale avec un chef de Joseph KI-ZERBO, Histoire de l’Afrique
terre religieux et un chef politique. Noire, Paris, Hatier, 1978
Parfois un territoire même éloigné était

5. La cour du Roi. Portrait d’un Mansa

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6. L’empire du Mali

7. Une audience de l’empereur du mali

Dés que le roi est arrivé trois esclaves se dont le fourreau est en or ; à ses pieds
précipitent pour appeler son lieutenant. sont des bottes et des éperons… Il tient
Les commandants arrivent ; ainsi que le à la main deux lances courtes, dont l’une
prédicateur, les savants juristes, qui est en argent, l’autre en or, et leurs
s’asseyent à gauche et à droite devant pointes sont en fer… Quiconque désire
les hommes d’armes. A la porte, debout, parler s’adresse d’abord à Dougha ;
l’interprète Dougha en grand arroi ; il a celui-ci parle au dit personnage qui se
sur lui des vêtements superbes en étoffe tient debout et ce dernier au souverain.
de soie fine. Son turban est orné de
franges que ces gens savent arranger D’après Ibn Batouta
admirablement. Il a à son cou un sabre

8. La bataille de Tondibi

En 1591, les Marocains envahirent cavaliers avec mousquets, 1500 Arabes


l’Empire Songhay. A la tête de 4000 armés de lances, un troupeau
hommes environ, le pacha Djouder, considérable de chevaux et de chameaux
l’homme de confiance du sultan chargés de vivres, de munitions, de six
marocain, renégat andalou, capitaine au petits canons et de plusieurs pierriers… Il
grand cœur, atteignit le Niger dans la marcha vers l’est jusqu'à Tondibi, où il
région de Bamba au mois d’Avril. trouva l’armée impériale Songhay.
C’était une armée considérable, la plus
Son armée comprenait l’élite guerrière puissante de l’Ouest africain. Les
du Maroc : 2000 arquebusiers, renégats témoignages diffèrent sur les effectifs.
andalous ou émigrés de Grenade, 500 D’aucuns parlent de 80 000 guerriers,

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dont 8 000 cavaliers. Les auteurs de aussitôt contre les Songhay, tuant et
Tombouctou auxquels nous accordons désorganisant l’armée impériale.
notre confiance, l’évaluent à 30 000
combattant, dont 12 000 cavaliers. Elle Les canons et les mousquets tonnèrent.
était commandée par l’Askya Ishaq II en L’épouvante gagna les soldats songhay.
personne. Tous les princes, tous les Et pourtant, l’armée tint bon. Elle tiendra
grands dignitaires de l’empire étaient là. tant que l’Askia ne lâchera pas. Elle
(…) combattit vaillamment contre un ennemi
Le 12 Avril 1591, les 2 armées supérieur. Bokar Lamba, le traître, entra
s’affrontent dans la plaine de Tondibi, alors en scène et parvint – à force
sur la rive Nord du Niger. Les Songhay d’insistance – à persuader l’Askia de
tentèrent de pallier la faiblesse de leur s’enfuir. Le faible Ishaq II ordonna alors
armement en poussant devant eux un la retraite. Seule la garde impériale, qui
troupeau bœufs qui devait culbuter les ne doit pas fuir resta sur place et sauva
positions ennemies et permettre à par son sacrifice l’honneur des songhay.
l’armée impériale d’avancer.
Malheureuse tactique ! Les coups de Ibrahima Baba KAKE, Les batailles
canon de Djouder semèrent la panique célèbres, Paris, A.B.C., 1976
générale et le troupeau se retourna

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I. L'EMPIRE DU GHANA

L'empire du Ghana est situé au nord des deux boucles divergentes du Sénégal et du
Niger dans une région appelée Wagadu ou "pays des troupeaux". Il est caractérisé par un
climat humide favorisant I'agriculture et l'élevage. Sa situation au contact du Sahara et
de la savane permet I'activité commerciale.

Le peuplement est diversifié : pasteurs berbères cultivateurs noirs, nombreux groupes


métissés. Mais les Soninké sont les fondateurs de l'empire au IIIème siècle
vraisemblablement.

Le roi ou Tounka dispose d'une puissante armée de 20 000 hommes. Il est assisté d'un
Grand Conseil comprenant de hauts dignitaires et des otages (les fils de ses vassaux). La
succession est matrilinéaire. Le Tounka est animiste ainsi que la majorité de ses sujets ;
mais il est tolérant à l'égard de l'islam. Sa capitale est Koumbi Saleh.

Les ressources de l'empire sont d'abord l'agriculture et l'élevage, mais c'est surtout le
commerce et l'or qui font sa richesse. Les régions productrices d'or se trouvent au sud
(Galam, Bambouk, Bouré). Le roi a le monopole des pépites d'or ; seule la poudre d'or a
un cours libre. Le Ghana exporte aussi vers le nord l'ivoire, la gomme, les esclaves. De
grandes pistes caravanières traversent l'empire.

L'empire du Ghana atteint son apogée aux IXème et Xème siecles. Mais au Xème siècle
(vers 1076), les Almoravides détruisent Koumbi. Le Tounka Bassi se maintient au trône
grâce à un lourd tribut.

II. L'EMPIRE DU MALI

1. Naissance et évolution de l’empire

Les Mandingues forment de petites chefferies dans le Haut-Sénégal-Niger dirigées par


des princes-chasseurs. Ce morcellement favorise l'émergence de la principauté du Sosso.
L'évolution du Mali reste mal connue jusqu'au XIIème siècle. On note à cette époque le
nom de Moussa Keita dit Allakoï, père de Naré Famaghan (XIIIème siècle). Ce dernier est
le père de Soundiata Keita ou Mari Diata (le Lion du Mali). A cause de son infirmité, ce
dernier échappe au massacre de sa famille par Soumaoro Kanté, le roi de Sosso. Guéri
miraculeusement, il organise la libération de son pays de la tutelle du Sosso et bat
Soumaoro à Kirina en 1235. II est alors proclamé Mansa ou empereur. Soundiata se
trouve alors à la tête d'un vaste empire qui atteint la Gambie et le Tékrour à l'ouest. Il
installe sa capitale à Niani.

Après les successeurs de Soundiata des difficultés de succession permettent à un


affranchi nommé Sakoura de prendre le pouvoir et d'élargir davantage le territoire. C'est
le 5ème successeur de Soundiata, Kankou Moussa qui est l'empereur le plus célèbre du
Mali. Il le fait connaître dans le monde arabe et même l'Europe. Il porte l'empire à son
apogée au XI ème siècle. Au XVème siècle, les rivalités de palais affaiblissent l'empire.

L’hégémonie passe de plus en plus à Gao, les royaumes vassaux se rendent


indépendants. Au XVIème siècle, le déclin est consommé.

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2. Les ressources économiques

Les revenus de l'empire sont les impôts et taxes, les butins de guerre, le commerce
transsaharien. L’islam et l'animisme se côtoient dans l'empire.

3. L’Organisation politique

L'administration est très décentralisée :

L'Empereur ou Mansa

Il donne audience dans une grande salle d'apparat ou sous un grand arbre où est installé
le trône. Il est assisté de hauts dignitaires. C'est le justicier ; il se fait représenter dans
les provinces par des cadis.

L'administration territoriale comprend le Centre et les Royaumes


vassaux :

o Le centre

II est soumis à une administration directe. Il est partagé en 12 provinces confiées à des
gouverneurs ou farba. Les principales provinces sont : le Tékrour, le Bambouk, le
Diafôunou, le Sonrhay, le Sanagana. Chaque province est divisée en cantons.

o Les royaumes vassaux

Ils sont régis par l'administration indirecte : Ils sont commandés par leurs chefs
traditionnels. Les royaumes vassaux sont le Ghana et le Méma.

o L'armée

Elle comprend plusieurs corps : La cavalerie est un corps d'élite qui est réservée à
l’aristocratie. Elle est commandée par le Mansa. L'infanterie est commandée par la petite
noblesse.

III. L’EMPIRE SONRHAY

1. Constitution évolution de l’empire sonrhay

Au VIIème siècle se forme autour de Koukya sur le Niger oriental un royaume sonrhay
dont la première dynastie est celle des Dia. En 1009, le 15ème roi de cette dynastie Dia
Kossoy, fixe la capitale à Gao. Le royaume de Gao devient une province malienne au
XIVème siècle. Mais les princes Ali Kolen et Souleymane Nar, otages du Mali, libèrent le
royaume et fondent la dynastie des Sonny. Le dernier Sonni règne au 15ème siècle sous
le nom de Sonni Ali Ber. C'est un grand conquérant qui prend Tombouctou, Djenné, le
Macina, le Haut-Niger, laissant l’empire étendu.

Profitant des querelles de succession Mohamed Touré, gouverneur de la province du


Hombori, s’empare du pouvoir sous le nom d’Askya Mohamed. Une nouvelle dynastie voit
le jour : celle des Askya. L’Askya Mohamed, grand organisateur, effectue un pèlerinage à
la Mecque où il reçoit le titre de Khalife du Soudan. A son retour, il se lance dans des
guerres de prosélytisme islamique. Mais il échoue dans sa tentative de conversion des
Mossi, puis se tourne vers le Mali dont il conquiert les provinces septentrionales jusqu’au
Tékrour. A l’Est, il prend une à une les cités Haoussa. Cependant l’Askya sera déposé par
ses fils qui, à leur tour se disputent le pouvoir. Malgré tout ces remous, le royaume
atteindra son apogée s’étendant sur plus de 2000 km du Tékrour à Agadès et de
Teghazza au pays Mossi.

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Mais déjà le Sultan du Maroc convoite les mines de sel du Teghazza devant lui permettre
de tenir la clé du commerce ouest-africain. Profitant des difficultés du Songhaï, une
colonne conduite par un eunuque espagnol Djouder Pacha, équipée d’armes à feu
(mousquets arabes), bat l’Askya Ishaq II à Tondibi en 1591. Mais la domination
marocaine installe l’instabilité politique qui, progressivement mène au déclin du royaume
au XVIIème siècle.

2. L’organisation politique et administrative :

L’Empereur s’appuie sur un pouvoir à demi sacré. Il est considéré comme une source de
fécondité et de prospérité et sa succession est collatérale.

Le gouvernement comprend plusieurs ministres :

 Le Ministre de la marine ou Maître de l’eau (Hi Koy) commande la flottille et les


gouverneurs de provinces.
 Le Ministre de l’agriculture (Fari Monjo)
 L’Inspecteur des eaux et lacs (Hare farma)
 Le Ministre de l’argent (Kalissa farma) avec 3 assistants : Le maître des biens
(Werney), le chargé des salaires (Bana farma) et les chef des achats (Doy
farma).
 Le chef des Armées (Balama)
 Le Ministre chargé des Blancs (Korey farma).

3. L’administration territoriale :

Les provinces conquises sont confiées à des gouverneurs portant le titre de Fari ou farma
ou Farba. Les deux plus grandes provinces ont des chefs de haut rang :

 Le Kurmina est dirigé par le Kurmina Farma ou Kanfari, deuxième personnage


de l’Etat
 Le Dendi a pour gouverneur Le Dendi farma, troisième personnage de l’Etat.

Les pays vassaux sont soumis à l’administration indirecte.

4. L’Armée

Elle compte 3000 cavaliers armés de lances, une infanterie équipée d’arcs, une flotille de
2000 pirogues et une fanfare militaire.

5. La justice

Deux codes de procédure sont appliqués : le malékite (dans ce cas, la justice est rendue
par un cadi nommé à vie) et le droit coutumier qui est le plus répandu.

6. La vie économique et culturelle

o Les activités économiques dominantes sont l'agriculture, la pêche, l'élevage qui


alimentent le secteur le plus important : le commerce. Les échanges se font par le troc et
diverses monnaies : les cauris, l'or, Ie sel, le cuivre. L'empire est traversé par
d'importantes pistes caravanières.

o La vie culturelle est riche. L'arabe est la langue : de culture et d'enseignement.


Les villes de Walata, Djenné, Tombouctou ont leurs université.

o La religion dominante est l'animisme.

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Commentaire de texte

L’histoire de ce royaume est connue à partir du XIIème siècle par les textes arabes
d’origine soudanaise. Mais, dans cette région qui est restée profondément imprégnée
d’animisme, la tradition orale fait remonter à un demi-millénaire plus tôt la naissance de
ce qui fut le plus grand empire de la savane. Il vit le jour chez les Songhaï qui habitaient
la région de Gao, au confluent du Niger et de son affluent le Tilemsi. Les SonghaÏ ont
pour ancêtre fondateur Fara Makan Boké, né d’un père sorko (pêcheur qui assurent les
transports sur le Niger) et d’une mère appartenant aux génies du fleuve, dont le principal
était un poisson, appelé Dia, « qui apparaissait au dessus des eaux à certaines époques,
un anneau dans le nez ». Ce génie animiste fut tué (c’est-à-dire convertie) par un
musulman venu du Yémen, à qui le « peuple prêta serment d’obéissance et en fit roi ».
Les souverains prirent désormais le nom de Dia, mais retournèrent bien vite à la religion
de leurs ancêtres. Gao prit de l’importance avec le développement du commerce
transsaharien et tomba sous la dépendance de l’empire du Mali (1325).

Bernard Nantet, Dictionnaire d’histoire et civilisations africaines, Paris, Larousse, 1999

Questions

1. Donnez un titre au texte


2. Résumez le texte en quelques lignes
3. Quelles sont les circonstances de la fondation de l’empire sonrhay

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Leçon 14

1. L’islam et le Sahara : couloirs méridiens et routes de pèlerinage

2. L’islamisation de l’Afrique de l’Ouest : une histoire difficile à écrire

L’islamisation des pays soudanais, reçues. En outre, les sources qui


comme l’ensemble des évolutions et des pourraient fonder ces démarches
transformations religieuses survenues alternatives – les sources non sunnites
sur le continent africain, constitue un et, en particulier, ibadites, comme les
pan de l’histoire encore très mal connu. nombreux écrits des lettrés musulmans
(…) L’adhésion à la religion nouvelle s’est noirs – sont jalousement dissimulés dans
accompagnée parfois d’une les fonds familiaux ou dans certaines
« arabisation », plus postulée que réelle, bibliothèques nord-africaines.
et d’autant plus intransigeante face aux
interprétations hétérodoxes de l’histoire Elikia M’Bokolo, Afrique Noire : Histoire
et des hagiographies communément et civilisation, tome 1, Paris Hatier, 1995

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3. Le rôle précurseur des Ibadites

L’islam s’est propagé à travers le désert leurs activités missionnaires parmi les
jusqu’au Soudan occidental avant même populations soudanaises. (…)
que le Maghreb et le Sahara eux-mêmes
fussent totalement convertis. Selon Al- On est maintenant certains que des
Zuhri, les chefs de la ville commerçante commerçants ibadites avaient pénétré le
de Tadmekka, les Berbères de Banu Soudan bien avant les Sunnites
Tanmak, furent islamisés sept ans après orthodoxes et il est probable que le
que la population du Ghana eut été ralliement à l’islam de quelques-uns des
contrainte par les nouveaux convertis premiers convertis soudais aient été
ghanéens. Il est fort possible, uniquement dû au prosélytisme des
évidemment que la « conversion » ait ibadites.
consisté, en l’occurrence, à imposer
l’islam almoravide orthodoxe à un peuple Mohamed el Fasi et Yvan Hrbek, Etapes
qui professait déjà la foi kharédjite. du développement de l’islam et sa
Depuis le IXème siècle, des commerçants diffusion en Afrique, in Histoire générale
ibadites venus d’Afrique du Nord de l’Afrique, Tome 5, Paris, UNESCO,
fréquentaient Tadmekka : la ville était 1987
devenue l’un des centres majeurs de

4. La formation d’Etats théocratiques

À l’époque des grands empires sahéliens Fouta-Toro, dans la haute vallée du


(Xe-XVIe siècles), la vie des agriculteurs Sénégal. D’autres mouvements
et des pêcheurs s’améliora dans la réformateurs, agissant souvent en
mesure où l’islam, associé aux nouveaux réaction à la poussée européenne, virent
centres urbains, avait favorisé le jour chez les Peul et les Mandingues.
l’expansion économique et l’émergence Les anciens pouvoirs furent renversés et
d’une classe dirigeante et d’une remplacés par des États théocratiques.
bourgeoisie vivant du commerce à Entre 1804 et 1810, dans les États
moyenne et longue distance. La haoussa, Ousman dan Fodio s’appuya
conversion à l’islam était l’aboutissement sur les Peul, prit la tête d’un mouvement
normal de cette évolution sociale et religieux qui renversa les dirigeants
économique. Les populations rurales, haoussa et fonda l’empire du Sokoto,
quant à elles, restaient pour la plupart dans le nord du Nigeria. Sa tentative
attachées à la religion traditionnelle, ou d’investir le Bornou se heurta à la
continuaient à en perpétuer certaines résistance des chefs religieux locaux.
pratiques. Peu après sa mort, son empire fut repris
en main par son fils, Muhammad Bello
C’est à travers les Kountas, des nomades (1817).
arabo-berbères, que les confréries Un autre État théocratique fut
religieuses musulmanes (tariqa) créé dans le Macina par Cheikou
commencèrent à s’implanter en Afrique Amadou, un marabout peul qui lança une
occidentale. Ainsi, la spiritualité prêchée guerre sainte contre les Bambara
par la Qadiriyya à partir du milieu du animistes et se tailla un royaume dans le
XVIe siècle trouva un terrain favorable Macina (la plaine inondable entre
chez les populations de la boucle du Tombouctou et Djenné). À sa mort, en
Niger. Au cours de cette période, la 1844, son fils prit le pouvoir, mais en
pratique religieuse déclina au sein de la 1862 son petit-fils se heurta à El-Hadj
classe dirigeante et l’islam devint une Omar qui s’empara de la région. Le
religion individuelle, plutôt qu’une conquérant toucouleur ne profita guère
religion d’État. de sa victoire car les populations se
soulevèrent et El-Hadj Omar se tua dans
Au début du XIXe siècle, les Toucouleur, une grotte du pays dogon (1866).
emmenés par El-Hadj Omar, relancèrent
le mouvement d’islamisation à partir du Microsoft Encarta 2007

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I. LA PENETRATION DE L’ISLAM EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Les marchands berbères, notamment ceux appartenant au courant des Ibadites ont été
les premiers à introduire l’islam au sud du Sahara. Plusieurs villes du Soudan témoignent
de la présence d’établissement de marchands ibadites originaires de Tahert, Wargla ou
du sud tunisien. La dynastie ibadite des Banu Khattab domine l’extrême nord de la route
commerciale reliant la Libye au lac Tchad. Au début, ils installent leurs comptoirs en
dehors des villes animistes d’Afrique occidentale. Leur présence aux abords des villes
subsahariennes et le long des axes commerciaux est la base d’un prosélytisme qui,
commence au IXème siècle et dure plusieurs siècles. Cependant, les dogmes véhiculés par
les ibadites n’ont pas laissé de traces en Afrique occidentale. Cela s’explique d’une part,
par la poussée almoravide dont la poussée balaie les influences ibadites au Sahara
méridional et au Soudan occidental, encourageant l’installation du malékisme et d’autre
part par l’invasion des nomades Banu Hillal provoquant le déclin des communautés
ibadites.

Les commerçants ouest-africains vont jouer un rôle important dans l’installation de


l’islam. Des peuples de marchands comme les Haoussa, les Dioula, les Diakhanké ont été
parmi les premiers convertis à l’islam. Ces conversions sont favorisées par les facteurs
économiques et sociaux. En effet, les préceptes moraux et pratiques de l’islam
conviennent parfaitement aux activités marchandes. Ils fournissent aux groupes
ethniques intéressés par le commerce une idéologie unificatrice favorable à la sécurité et
au crédit.

Les musulmans constituent alors de petites communautés dispersées le long des routes
commerçantes quadrillant le Sahel et le Soudan. Ils occupent dans les grandes villes
comme Gao et Koumbi leurs propres quartiers. Ces enclaves qui vont servir de base à
l’expansion de l’islam. Ils ne sont pas tous prédicateurs, mais ils ont suivis par des lettrés
qui, gagnant respect et prestige auprès des population, vont mener des tâches
d’enseignement.

II. L’EXTENSION DE LA POUSSEE ISLAMIQUE

La classe dirigeante en se convertissant à l’islam va favoriser la propagation de l’islam.


Déjà avant la poussée almoravide, on note la conversion d’un chef au Soudan
occidental ; il s’agit de War Diabi au Tékrour en 1030. Il propagera l’islam dans le pays
voisin de Sylla. Son fils Labi se joint au chef almoravide Yakhya ibn Omar pour combattre
les Djuddala rebelles. Avant War Diabi, Dia Kossoy embrasse l’islam dans le royaume de
Gao vers 1009. Un grand royaume bascule dans l’islam : l’empire au Ghana ; les
dirgeants de cet empire étaient exposés à l’islam bien avant l’invasion almoravide en
1076. il s’agissait d’un islam kharéjite, que les Almoravide vont combattre pour imposer
le malékisme. Si l’islam reste la religion officielle du roi, le peuple reste attaché à la
religion traditionnelle.

Ainsi, la première percée de l’islam en Afrique occidentale a lieu au XIème siècle.


Différents souverains aident la propagation de l’islam du Sénégal au lac Tchad. Des
royaumes musulmans vont progressivement se constituer ; leur formation est favorisée
par deux intérêts :

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 Le souci d’entretenir de bonnes relations avec les partenaires commerciaux


d’Afrique du Nord
 La volonté de créer de nouveaux liens religieux entre des empires et des peuples
aux cultes différents. Mais la pénétration de l’islam ne crée pas de rupture avec
les rites traditionnels.

Certains peuples vont manifester une forte résistance à la poussée islamique. C’est le cas
des Bambara et des Mossi.

Dissertation
Comment les populations africaines ont été les principaux agents de propagation de
l’islam en Afrique occidentale.

Mosquée à Ouagadougou

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Leçon 15

1. La légende de Ndiadiane Ndiaye

Yaguiane connaissant l’illégitimité de son sans parler. On fit venir auprès de lui les
frère [né des relations de sa mère avec quatre plus belles jeunes filles du pays,
un captif] et désespéré de le voir et il demanda à l’une d’elle avec un
couronner roi de Brak à son préjudice, se sourire gracieux une pipe dont elle se
jeta, disent les peuples d’Afrique, dans la servait. On présuma alors qu’il avait fait
rivière de Guiasco, qui est une branche son choix et il passa la nuit avec elle. Il
du Sénégal et y trouva une grande se détermina avec beaucoup de peine à
caisse de bois qui lui servit d’asile et où, répondre aux questions, malgré tous les
par un miracle qui ne peut émaner que plaisirs qu’il paraissait goûter. Mais
de Dieu, il demeura huit ans sans avoir enfin, il dit avec le ton les plus fier et le
besoin de subsistance. Un jour disent plus décidé qu’il était né pour être chef
toujours ces mêmes peuples, que de d’une nation ou pour être enseveli dans
jeunes garçons et de jeunes filles étaient l’abîme des mers. Qu’il connaissait tous
venus pêcher sur les bords de cette les moyens de rendre un peuple heureux
rivière, ils eurent une grande dispute et qu’il tenait ce secret de Dieu lui-
pour le partage du poisson ; ils en même ; ce ton mystique fit la plus
vinrent jusqu’à se frapper. Yaguiane grande impression pour ce peuple
sortit aussitôt de sa demeure liquide, crédule et sauvage et Yaguiane fut
vint les séparer, et distribuer à chacun nommé premier Roi des Yoloffes par une
sa part qui devait lui revenir. Ils acclamation générale.
prétendent que cet homme
extraordinaire fut le médiateur de tous D’après J. A. Le Brasseur, Détails
les différents qui survirent entre ces historiques et politiques, mémoire inédit,
enfants, pendant le cours de vingt lunes 1778, cité par J. Boulègue, Le Grand
et qu’enfin, les anciens du pays en ayant Jolof (XIIIème-XVIème siècle), Paris,
été avertis l’enlevèrent et le conduisirent Karthala, 1987
au village de Gar où il resta 17 jours

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2. Le Jolof

3. La dislocation et la fin de l’empire du Jolof

Les lamanes, c’est-à-dire les chefs des Djolof. La dernière est la bataille de Guilé
divers pays soumis au Djolof, firent (1886) à six kilomètres au nord-ouest de
plusieurs tentatives pour recouvrer leur Yang-Yang. Jaloux du Bourba albouri
indépendance. Ce fut le lamane du Cayor Ndiaye, surnomé l’invincible, le Damel
qui rompit le premier. L’événement se Samba Laobé Fal voulut être le
passa en 1559, c’est-à-dire à l’époque vainqueur de l’Invincible. La rencontre
du conquérant Koli Tenguéla. eut donc lieu à Guilé (ou encore
Mbeuleukhé). Les Cayoriens ébranlèrent
Tous les Etats se détachèrent du Djolof, d’abord l’armée djolof. Mais ce fut
à l’exemple du Cayor : le Walo avec le bientôt la défaite infligée au Damel par
Brak, le Baol avec le Tègne, le pays Albouri penda Mboyo, le « Bayard
sérères avec le Bour. Mais le nouveau sénégalais ». Samba Laobé, vaincu, dut
souverain du Cayor, le Damel, resta abandonner ses ambitions et payer une
l’adversaire principale des Bourba qui, indemnité de 20 000 francs.
tout au long du XVIème siècle,
cherchèrent à venger Danki où avait Déjà, le 18 avril 1885, le Djolof avait été
sonné le glas de l’empire. placé sous protectorat français.

Il y eut au cours des siècles d’autres Félix Brigaud, Histoire du Sénégal


manifestations de la rivalité Cayor-

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I. NAISSANCE ET EVOLUTION DU JOLOF

L’empire du Jolof couvre un vaste territoire s’étendant du lac de Guiers à la Gambie. Il a


été fondé par un personnage légendaire, Ndiadiane Ndiaye. Ce dernier serait le fils du
chef Almoravide Aboubacar Ben Omar et de Fatoumata Sall. Nommé d’abord Abou
Dardaï, il devient Ndiadiane à cause de son apparition miraculeuse au Jolof. Selon la
légende il apparaît miraculeusement au marigot de Ndialakhar pour départager des
pêcheurs en conflit. En écoutant le cet événement, Maissa Waly Mané (ou Dione), le roi
du Sine, s’exclame en sérère : « O Ndiadiane o », ce qui peut se traduire par « quel
prodige ! ». Etant resté longtemps muet depuis cette apparition, Abou Dardaï, se
baptisera Ndiadiane Ndiaye lorsqu’il consent à parler. C’était au XIV ème siècle. Après
multiples divagations, il arrive au village de Katite ayant pour chef Jolof Mbengue. Ce
dernier lui laisse la direction du village. Ndiadiane pend alors le titre de Bourba.

Le Jolof de développe entre le XIVème et le XVème siècle, devenant la principale puissance


de la Sénégambie. Dans cet espace, les royaumes échappant à son autorité sont : le
Namandirou, le Sine, le Niani, le Wouli).

Au XVIème siècle, les royaumes vassaux manifestent leur volonté d’émancipation. Les
circonstances leur sont favorables : ils disposent d’armes à feu achetées aux Européens,
la traite négrière a commencé, l’émiettement ethnique ne favorise pas la cohésion,
l’empire est vaste. Le premier à se révolter contre l’autorité du Jolof est le Cayor. Le
damel Amari Ngoné Sobel Fall tue le 15 ème bourba Lélé Fouli Fak à la bataille de Danki en
1556.

A partir de ce moment, les autres Etats vassaux se libèrent tour à tour de la tutelle du
Jolof. L’empire se réduit alors à une royauté au centre est du Sénégal. La situation
s’aggrave avec l’expansion du Fouta qui se fera au dépens du territoire du Jolof.

Au XIXème siècle, le Jolof sera le dernier royaume sénégalais annexé par les Français. Le
dernier bourba est Albouri Ndiaye.

II. LES STRUCTURES POLITIQUES ET SOCIALES

1. L’organisation politique

La capitale du Jolof d’abord installée à Thieng, est déplacée à Yang Yang. Le territoire
est divisé en provinces, dirigées par les lamanes. Le chef de tous les lamanes est le
kangame, qui fait partie des notables qui élisent le bourba. Chaque province ou lamanat
dispose d’une forteresse ou tata.

Le souverain ou bourba est choisi au sein des matrilignages royaux par une assemblée de
grands électeurs, les Diaraf Diambour, au nombre de sept, présidée par un roturier, le
Grand Diaraf. En souvenir du séjour de Ndiadiane Ndiaye dans la rivière, il prend un
bain rituel à son investiture. Il est assisté du vice-roi ou Toubé et de l’héritier
présomptif, le Boumi.

La principale ressource est le commerce transsaharien.

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2. L’organisation sociale

La société est divisée en plusieurs classes sociales :

 Les nobles ou garmi


 Les roturiers ou Geer
 Les hommes de castes ou Nyé nyo ; ils sont eux-mêmes divisés en corps de
métier : les artisans (forgerons, cordonniers, tisserands, fabricants de pirogues,
bûcherons, sculpteurs), les griots
 Les esclaves. Ces derniers sont classés en plusieurs catégories :

o Les esclaves de la couronne : Ils ont un statut très particulier. Leur chef, le
farba kaba, lui-même esclave du roi, fait partie de l'assemblée des grands
électeurs qui élisent le nouveau roi. C'est parmi eux que se recrutent les
guerriers du royaume, les tiédo.
o Les esclaves de case
o Les esclaves de traite

Les 2 ethnies majoritaires sont les Wolofs, agriculteurs, et les Peulh éleveurs.

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79

Leçon 16

1. La partie sénégalaise du Kaabu

2. Le Kaabu province de l’empire du Mali

L’expansion du Mali vers l’océan (gouverneurs). Mais au XVIème siècle,


Atlantique, à travers le bassin de la c’est le farin du Kaabu qui reçoit le
Gambie, avait abouti au XVème siècle, à la tribut des chefs mandén de toute la
mise en place de structures politico- Gambie.
militaires, comme les petits royaumes de
Gambie, Casamance et Guinée-Bissau, Situé entre la moyenne Gambie, le Rio
qui formaient les marches occidentales Grande et le Fouta Djalon, la province
de l’empire mandén. Leurs souverains malienne du Kaabu contrôle le commerce
payaient tribut au mansa du mali, par du Kantor. AU XVIème siècle, le Kaabu
l’intermédiaire de ses farin annexe la province de Sankola au sud de

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80

la Haute Casamance et devient une Guinée, in Histoire générale de l’Afrique,


puissance, bien qu’elle dépende encore Tome 5, UNESCO, 1987
du Mali. Le vieil empire s’affaiblit
cependant sous les coups du Songhay et
la plupart des provinces occidentales se
libèrent de sa domination. Les farin
s’érigent en rois indépendants ; c’est le
cas du Kaabu en 1537.

C. Wondji, Etats et cultures de la Haute

3. Le Kaabu à ses débuts

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81

4. L’ascension du Kaabu

Le Kaabu devient la puissance dominante s’impose à la place du Mali dans


dans la région après le déclin définitif de l’ensemble des Rivières du Sud jusqu’au
l’empire du Mali. Il rencontre à son profit triomphe de la révolution théocratique
le réseau commercial baïnuk et beafada du Fouta Djalon au début du XVIIIème
tout en mettant la main sur les siècle. L’expansion du Kaabu coincide
principautés mandén le long du fleuve avec l’expansion de la traite négrière
Gambie. Les Maane et les Saana, qui mais aussi avec la prise en charge du
constituent la dynastie naanco commerce des Rivières du Sud par les
souveraine de Kansal, renforcent leur Européens.
caractère guerrier et symbolisent dès le
début le règne des ceddo qui dominent B. Barry, La Sénégambie du VIème au
la vie politique en Sénégambie pendant VIIIème siècle : évolution des Wolof, des
la traite négrière. Sereer et des Tukuloor, in Histoire
générale de l’Afrique, Tome 5, UNESCO,
Les XVIème et XVIIème siècles marquent 1987
l’apogée du royaume du Kaabu qui
5. Le Mansa ba, empereur du Kaabu

Le pouvoir fédérateur est celui du Mansa sort qu’une fois l’an pour bénir les
Ba, souverain prestigieux, presque sacré. semailles en vue de bonnes récoltes.
Le Mansa Ba est nécessairement choisi Ainsi, le Mansa Ba, de la race des Nantio,
parmi les nantio des trois provinces est, à l’origine, le roi faiseur de pluies,
nantio (le Sâma, le Patiana, le maître de la fécondité et de la
Djimméra) qui ont le monopole du prospérité. Il est doué de pouvoirs
pouvoir suprême qu’elles exercent à tour mystiques sur les hommes et sur la
de rôle. Il est obligatoirement fils d’une nature.
princesse nantio. Sa nomination, qui ne
paraît pas obéir au critère d’âge mais au On sait qu’il évolua très vite en
choix des dialan royaux, laisse la souverain guerrier et conquérant. On sait
compétition libre entre les nantio. par André Brüe que le Kabou était le
refuge des esclaves et le roi en disposait
Après le choix, il est intronisé dans un de beaucoup pour son armée.
lieu consacré non loin de Kansala. Il est Le Propanna, c’est-à-dire le territoire de
assis en compagnie d’une cordonnière de Kansala, est le domaine commun
xonton Fati, sur une peau de lion, la face attribué au Mansaba qui l’exploite donc
tournée vers l’Est. On le coiffe alors du comme son bien propre. De là il tire une
bonnet impérial. Il change son xonton grande partie des ressources pour
familial, pour celui de Sané ou Mané. Il l’exercice du pouvoir.
prophétise, daali, proclame tout ce qui
doit arriver sous son règne et promet Sékéné Mody Cissoko, in Ethiopiques, N°
généralement la prospérité, le bonheur. 28/numéro spécial, revue socialiste de
Il est alors mansa, personnage sacré que culture négro-africaine, octobre 1981
l’on conduit dans son palais d’où il ne

6. Les liens entre les provinces

Des liens particuliers existent entre correspondante. En somme, il gouverne


certaines provinces nantio et koring : avec l’aide de cette province.
Sâma (nantio) et Toumanna, Patiana
(nantio) et Manna (koring) Djimméra Le koring de Kantora et celui de Sankola
(nantio) et Kantora (koring). Ainsi, sont chargés de la perception des impôts
quand le Mansa Ba est nommé dans telle dans toutes les provinces de l’Empire. Ils
province nantio, il choisit sa garde et son s’en acquittent à la tête d’une armée de
personnel administratif dans la province cavaliers. C’est peut être pourquoi les

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koring de Sankola sont réputés pour leur


bravoure et leur goût du combat. Très Sékéné Mody Cissoko, in Ethiopiques, N°
fidèles au Mansa Ba, ils sont les appuis 28/numéro spécial, revue socialiste de
les plus sûrs de la royauté kabounké. culture négro-africaine, octobre 1981

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I. LA FORMATION DE L’EMPIRE KAABUNKE

Le Kaabu encore appelé Gaabu couvre une région allant de la Gambie à la Guinée Bissau.
Ses premiers occupants sont les Baïnounk. Ils ont d’abord été dirigés par des femmes,
les muso manso, jusqu’à ce que Sira Banna abolisse ce système. Mais l’organisation
baïnounk n’atteint pas le stade de la royauté. Des peuples comme les Beafada, les
Balantes, les Manjaques vivent aussi dans le pays.

La tradition orale attribue la fondation de l’empire du Kaabu à Tiramagan Traoré, l’un des
grands généraux de Soundiata. Des études sérieuses avancent cependant que, bien
avant l’avènement de Soundiata, des Manding sont venus en plusieurs vagues
importantes depuis le Mandé (aux confins de la Guinée et du Mali), et se sont installés en
Sénégambie. Ces migrations datent probablement de la fin du XIIème siècle ou du début
du XIIIème siècle. Dans la seconde moitié du XIIIème siècle, les Mandingues y installent un
gouverneur qui s’appuie sur les chefs locaux et en s’aidant d’une forte armée. Il prélève
un impôt sur les productions locales et le commerce. Le farin kaabu devient au XVIème
siècle, l’un des plus puissant chef de la Haute Gambie.

A cette époque, l’empire du Mali contrôle de nombreux royaumes vassaux en


Sénégambie et en Guinée. La Kaabu est le plus puissant d’entre eux. Jusqu’au XVème
siècle, le Kaabu reste une vaste région composée de royaumes indépendants les uns des
autres, mais soudés par des liens culturels. C’est vers la fin du XV ème siècle, début XVIème
siècle qu’il se transforme en Etat centralisé. Profitant de l’affaiblissement de l’empire du
Mali à la fin du XVIème siècle, le farin Kaabu se rend indépendant et devient le mansa
(roi). Cette expansion est non seulement l’œuvre du Mansaba de Kaabu mais aussi de
princes, qui vont alors gouverner leurs provinces comme un patrimoine personnel.
L’empire intègre des peuples divers.

Le Kaabu atteint son apogée entre le XVIème siècle et le XVIIIème siècle. La grandeur
kaabunke s’achève au XIXème siècle. L’empire sera victime de ses contradictions internes
d’une part, et de l’invasion des Peul du Fouta Djallon. En effet, il est attaqué par les
Foutanké en 1865. Le mansa Dianké Walli est abandonné par les chefs de provinces qui
ne lui donnent pas les renforts attendus. Privé de l’appui traditionnel des chefs de
provinces, il est vaincu et le Kaabu se verra partagé entre ses nombreux ennemis.

II. FONDEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL

Le Kaabu est un pays rural. Il bénéficie d’une pluviosité et d’un réseau fluvial importants.
La population nombreuse, vit de la culture des céréales associée à l’élevage des bovins et
des ovins, à la chasse et à la cueillette. AU XVème siècle, il s’ouvre au commerce
atlantique et devient une voie de passage entre la côte et l’intérieur.

La société comprend trois catégories d’hommes : les hommes libres, les castés et les
esclaves. Parmi les hommes livres on retrouve une puissante noblesse comprenat deux
couches : les nantio et les koring.

 Les nantio peuvent seuls prétendre au mansaya, c'est-à-dire la royauté. On


appartient à ce groupe par sa mère. Les nantio, selon la légende, descendent
d’une princesse légendaire, Ballaba, mère de trois filles qui par la suite vont
épouser les princes des trois provinces : Sâma, Patiana, Djimmera.

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84

 Les koring constituent l’aristocratie guerrière et administrative. Contrairement


aux nantio, on est koring par son père. Ils portent le xonton de Mané, Sané,
Sagnan, Sonko. Ils forment l’essentiel de la noblesse.

III. L’ORGANISATION POLITIQUE

Le pouvoir dans l’empire du Kaabu revêt la forme d’une confédération.

1. Cadre territorial

Les limites de l’Etat kabunké sont incertaines. Le nombre de provinces varie aussi selon
les auteurs, certains parlant de 11 à 12, d’autres 32 à 47. Ces différences s’expliquent
par les variations du commandement au cours des siècles.

Le noyau originel se compose de 6 provinces au nord : le Sama, le Djimméra, le Patiana,


le Kantora, le Toumanna, le Manna. On y ratache les provinces conquises par les princes
du Kaabu. Les autres provinces sont conquises sur les pays voisins. Elles vont du Fouta
Djallon à la Gambie. 0 son apogée au XVIIème siècle, l’empire couvre la majeure partie de
la savane guinéenne et de la Casamance. Son influence va bien au-delà : jusqu’en
Gambie où certains royaumes sont dirigés par des princes kaabunké et au pays sérère,
dont les dynasties régnantes sont originaires du Kaabu.

2. Structure du pouvoir

a. Le pouvoir central

L’empereur, le Mansa Ba (le grand roi) réside à Kansala. Il est toujours choisi parmi les
nantio des 3 provinces de Sâma, Patiana et Djimmera qui exercent le pouvoir à tour de
rôle. Il décide de la paix ou de la guerre. Lui seul a le droit de réunir toutes les forces du
pays. Il perçoit un impôt sur les récoltes et les commerces.

b. Le pouvoir provincial

Les provinces sont sous l’autorité des nantio et surtout des koring. Chacune d’elle a son
roi (le mansa ou farin manso). Il appartient à la famille fondatrice de la province. Il a sa
cour, son armée, perçoit des impôts, rend la justice, fait des conquêtes. La province est
divisée en centres militaires et administratifs : les tata (forteresse) et sansano
(palanques) confiés à des Kanta mansa. On distingue différentes catégories de
provinces :

o Les provinces anciennes : Sama, Patiana, Djimméra sont commandées par des
nantio
o Toumana,Manna, Sankola sont sous l’autorité des koring
o Les provinces conquises ou acquises dépendent non du mansa ba mais des autres
provinces. C’est cela qui va permettre à cetrains chefs de provinces de renforcer
leur puissance et ne fournir que des troupes réduites au mansa dans les guerres.

Les chefs de provinces sont coiffés par le Mansa Ba et sont ses représentants.

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85

Commentaire dirigé

L’influence culturelle manding a très tôt constitué une réalité vivante dans la
majeure partie de l’Afrique de l’Ouest, surtout dans la zone que les Arabes ont
appelée du nom de Bilad-es-Sudan, le pays des Noirs. Cette prédominance de la
civilisation manding est le fruit de la dispersion du peuple manding, et cela en
des temps très anciens. En effet, du vieux Mandé, localisé aux conflits de la
Guinée et du Mali actuel, partirent d’importantes vagues de migrations qui eurent
fort probablement l’allure de conquêtes et qui aboutirent à la création d’une
multitude de colonies de peuplement dans presque tout le Soudan occidental.

On peut citer quelques directions : le Nord-Est, au-delà du pays bambara, vers le


monde sonraï où les Manding furent arrêtés dans leur avancée par les
populations mossi ; le Nord-Ouest, au-delà de Kita, en direction du Khasso et du
Haut fleuve Sénégal : le Sud-Ouest, à travers le Wassoulou, le Dioma, le
Hamana, en direction du Haut-Sénégal Niger. (…) Ils ne se sont pas contentés
des savanes du Nord, leur domaine naturel ; ils ont effectué d’importantes
percées, loin vers le Sud et l’Extrême Ouest, notamment dans les pays guinéo-
gambiens. Et le Kaabu est né de cette conjoncture.(…)

Conquêtes et migrations se multiplient et se suivent sans cesse, faisant


progressivement de l’empire du Mali l’un des plus grands de l’Afrique
précoloniale… C’est dans cette conjoncture de conquêtes qu’est survenue
l’épopée de Tiramangan. Ce dernier après avoir vengé l’affront fait à son
souverain par le roi du Djolof aurait sur son chemin de retour lancé une
expédition militaire qui l’a conduit à conquérir certaines régions de la Haute
Gambie, en particulier le Niani, le Wouli et le Boundou.

D’après Mamadou Mané, Les origines et la formation du Kaabu, Ethiopiques n° 28

Questions

1) Donnez un titre au texte


2) A quelle ethnie appartiennent les fondateurs du Kaabu ?
3) Quels sont les liens entre le Kaabu et l’empire du Mali ?
4) Quel rôle a joué Tirimaghan Traoré ?

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86

Leçon 17

Il y plusieurs types de commentaires, notamment le commentaire dirigé et le


commentaire libre. Vous trouverez ici la méthode à suivre pour réaliser le commentaire
libre.

Avant toute rédaction, il faut d’abord étudier le texte par :

► La numérotation des lignes


► Plusieurs lectures
► Le soulignement des passages importants, des mots difficiles, des expressions ou
idées qui requièrent une explication
► Le partage du texte en plusieurs parties assorties de titres

Le commentaire libre se subdivise en trois parties :

► L’introduction (commentaire externe)


► Le développement
► La conclusion
Ces deux dernières parties constituent le commentaire externe.

I. L’INTRODUCTION

L’introduction suit des règles précises. Elle comprend 4 éléments :

1° Présentation du document : 2 informations sont requises : la nature et l’auteur


du document.

a. La nature du document : Un document correspond à un genre littéraire


précis : discours, lettres, rapport, loi, décret, journal, livre, etc. On doit
indique a quel genre il appartient, en précisant s’il est un extrait ou nom.
D’autres renseignements sont attendus : son titre, la date et le lieu de
parution, son éditeur, son destinataire.
b. L’auteur : son nom, sa fonction, les faits marquants de sa carrière. On peut
préciser s’il est contemporain ou non des faits qu’il rapporte.

2° Le contexte historique : Un document fait référence à des faits, des


événements ; il correspond à une période donnée. Cela constitue son contexte.
L’élève doit donc situer le texte par rapport à ces données. Cette étape est
importante, car elle permet de trouver une base historique au document.

3° Le résumé : Un bref résumé du texte montre que l’élève a compris le document


et est capable de le reformuler pour en faire sortir les lignes maîtresses.

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4° Le plan : Un document met en valeur plusieurs idées ou situations. Pour les


présenter, on divise le texte en plusieurs parties (généralement 2 ou 3). Pour
chaque partie, on donne un titre et on indique les lignes qu’elle englobe.

N.B. Il ne faut pas consacrer tout son temps à l’introduction. C’est le développement qui
est davantage noté. L’introduction est en général notée entre 6 et 7 points, bien que cela
ne soit pas une règle.

II. LE DEVELOPPEMENT

Cette partie est très délicate. Pour se familiariser avec le développement on peut
procéder comme suit dans chaque partie :

► Présenter l’idée générale : celle-ci doit être conforme au titre annoncé dans
le plan
► Citer le texte : c’est-à-dire, relever dans le texte, un passage qui confirme
l’idée générale. N’oubliez pas que vous faites un commentaire de
document, et que votre réflexion s’inspire d’un document. Vous ne pouvez
pas faire un commentaire sans faire appel au texte. Les citations sont
entre guillemets et les lignes correspondantes sont indiquées dans des
parenthèses.
► Expliquer : D’abord dans la citation, puis dans l’ensemble de partie
commentée, certains mots, certaines expressions et dates, ces noms etc.
ont une signification historique qui peut éclairer la compréhension du
document. C’est l’occasion de les expliquer. Attention ! Il ne s’agit pas
d’une explication de vocabulaire. Les éclaircissements se font par rapport à
l’histoire.
► Compléter : dans cette étape, on donne des détails sur les faits qui font
l’objet de la partie étudiée. Les éléments qui appuient votre argumentation
sont en général dans votre cours ou dans vos connaissances personnelles.

III. LA CONCLUSION

Deux questions guident la conclusion :

► Que nous a appris le document par rapport à un fait historique donné ?

► Quelles sont les conséquences ou les suites du document ou des


évoqués ?

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88

L’origine égyptienne de la civilisation et le large emprunt que la Grèce fit à celle-ci étant
une évidence historique, on peut donc se demander, avec Amélineau, pourquoi, en dépit
de ces faits, on met l’accent sur le rôle joué par la Grèce tout en passant de plus en plus
sous silence celui de l’Egypte.

On ne peut saisir la logique de cette attitude qu’en rappelant le fond de la question.

L’Egypte étant un pays de Nègres et la civilisation qui s’y est développée étant due à des
Nègres, toute thèse visant à prouver le contraire ne saurait avoir de lendemain ; les
protagonistes de ces thèses ne sont pas les moins conscients de ce fait. Aussi est-il plus
sage et plus sûre de dépouiller, purement et simplement, de la façon la plus discrète,
l’Egypte de toutes ses créations, au profit d’un peuple d’origine réellement blanche.

Cette fausse attribution des valeurs d’une Egypte qualifiée de blanche à une Grèce
également blanche, révèle une contradiction profonde qui n’est pas la moindre preuve de
l’origine nègre de la civilisation égyptienne.

Comme on le voit, l’homme de couleur, contrairement à ce que pense André


Siegfried, loin d’être incapable de susciter la technique est celui-là même qui la suscita a
le premier en la personne du Nègre à une époque où toutes les races blanches plongées
dans la barbarie, étaient tout juste aptes à la civilisation.

En disant que ce sont les ancêtres des Nègres, qui vivent aujourd’hui en Afrique
Noire, qui ont inventé les premiers les mathématiques, l’astronomie, le calendrier, les
sciences en général, les arts, la religion, l’agriculture, l’organisation sociale, la médecine,
l’écriture, les techniques, l’architecture ; que ce sont eux qui ont, les premiers élevé des
édifices de 6 000 000 de tonnes de pierre (Grande Pyramide) en tant qu’architectes et
ingénieurs et non seulement en tant qu’ouvriers ; que ce sont eux qui ont construit
l’immense temple de Karnak, cette forêt de colonnes, avec sa célèbre salle hypostyle où
entrerait Notre-Dame avec ses tours ; que ce sont eux qui ont sculpté les premières
statues colossales (colosses de Memnon, etc.), en disant tout cela on dit que la modeste
et stricte vérité, que personne à l’heure actuelle, ne peut réfuter par des arguments
dignes de ce nom.

Cheikh Anta Diop, Nations Nègres et Cultures, 1979

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Leçon 18

1. Naissance et développement de la traite arabe

La traite arabe des esclaves d’Afrique africain où prospéraient des plantations


commence alors en 652, vingt ans après de girofliers sur lesquelles travaillaient
la mort du prophète, lorsque Abdallah des esclaves noirs du continent. Les
ben Sayd impose aux Nubiens la conditions de travail y étaient
livraison de 360 esclaves par an. Le épouvantables : «La mortalité était très
trafic suit d’abord les routes élevée, ce qui signifie que 15 à 20% des
transsahariennes. Des caravanes esclaves de Zanzibar (soit entre 9.000 et
vendent à Tombouctou par exemple des 12.000 individus) devaient être
chevaux, du sel et des produits remplacés chaque année», écrit
manufacturés. Elles en repartent l’année Catherine Coquery-Vidrovitch.
suivante avec de l’or, de l’ivoire, de
l’ébène et… des esclaves pour gagner le Le sort de ces esclaves, razziés par les
Maroc, l’Algérie, l’Égypte et, au-delà, le chefs noirs à la solde des marchands
Moyen- Orient. La traite islamique des arabes, est généralement dramatique.
esclaves se déroulait également autour Après l’éprouvant voyage à travers le
du Lac de Giad, Au Congo, où les désert, les mâles sont systématiquement
négriers Jallaba commerçaient avec les castrés avant leur mise sur le marché,
Kreish et avec les Azande. La route qui au prix d’une mortalité effrayante. Selon
suivait la ligne de partage des eaux l’anthropologue et économiste Tidiane
entre le Nil et le fleuve Congo était Ndiaye : «Le douloureux chapitre de la
également très fréquentée par les déportation des Africains en terre
négriers arabes qui arrivaient des zones d’Islam est comparable à un génocide.
orientales de l’Afrique. Dans l’Afrique Cette déportation ne s’est pas seulement
orientale, les promoteurs du commerce limitée à la privation de liberté et au
des esclaves étaient les peuples travail forcé. Elle fut aussi - et dans une
Musulmans Yao, Fipa, Sangu et Bungu. large mesure - une véritable entreprise
Sur la rive de l’actuel lac du Malawi fut programmée de ce que l’on pourrait
institué en 1846 le sultanat musulman qualifier d’’« extinction ethnique par
du Jumbe avec le but précis de favoriser castration » ».
le commerce des esclaves.
On peut d’ailleurs s’étonner de la quasi-
Au XIXe siècle se développe aussi la inexistence de descendants d’esclaves
traite maritime entre le port de Zanzibar noires en pays musulmans alors qu’ils
et les côtes de la mer Rouge et du Golfe sont 70 millions sur le continent
persique. Fondée par des chiite en américain. Les colonisateurs européens
provenance du Golfe persique, Zanzibar ont interrompu ces pratiques au début
(de Zenj et bahr, deux mots arabes qui du XXe siècle.
signifient littoral des Noirs), est une île
de l’Océan indien proche du littoral Cyrine Ben Hamouda

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2. Caravane arabe d’esclaves noirs

3. Un bilan de la traite arabe

La traite d’esclaves d’Afrique de l’historien américain Ralph Austen,


subsaharienne est inévitablement nous fournissent les données les plus
associée au grand trafic transatlantique solides sur le sujet. Selon lui, dix-sept
organisé à partir de l’Europe et des millions de personnes auraient été
Amériques, qui a conduit à la déportation déportées par les négriers musulmans
d’environ 11 millions d’Africains en entre 650 et 1920. Plus généralement
Amérique. Bien que cruel et inhumain, les historiens évaluent de douze à dix-
considérer le commerce transatlantique huit millions d’individus le nombre
d’Africains comme le seul ayant d’Africains victimes de la traite arabe au
contribué à ce crime contre l’humanité, cours du dernier millénaire. Les comptes
c’est oublier, d’abord, les traites précis tenus par l’administration du
internes, destinées à satisfaire les sultan de Zanzibar ont permis d’évaluer
besoins en main-d’œuvre de l’Afrique à plus de 700.000 le nombre d’esclaves
noire précoloniale. Elles auraient qui ont transité par l’île à destination du
pourtant concerné selon Patrick Manning, Golfe arabo-persique entre 1830 et
au moins 14 millions de personnes. C’est 1872. Un chiffre très élevé qui peut
oublier ensuite et surtout les traites « justifier largement le chiffre avancé par
orientales », qui alimentèrent en Ralph Austen. Au total, à elles seules, «
esclaves noirs le monde musulman et les les traites orientales » seraient donc à
régions en relation avec ses circuits l’origine d’un peu plus de 40 % des 42
commerciaux. millions de personnes déportées par
l’ensemble « des traites négrières ».
Ces traites, malgré leurs ampleurs, Elles constitueraient ainsi le plus grand
demeurent mal connues. Leurs commerce négrier de l’histoire.
évaluations chiffrées font l’objet de
nombreuses erreurs. Seuls les travaux Cyrine Ben Hamouda

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4. Les itinéraires de la traite arabe

5. La destination des esclaves

La plupart des esclaves importés en Asie Dans plusieurs autres régions d’Arabie
étaient des enfants, avec une majorité du Sud, des esclaves noirs venus
de filles. Embarqués dans des ports près d’Afrique servaient dans l’armée des
de la côte orientale d’Afrique, les sultans locaux ; on trouve aussi parmi
esclaves étaient habituellement eux des concubines et des domestiques,
transportés jusqu’à Moka, port arabe sur des eunuques, des hommes d’équipage
la mer rouge. A partir de là, un grand et des débardeurs, des ouvriers agricoles
nombre d’entre eux étaient réexpédiés à travaillant dans les marais salants et les
destination d’Hodeïda, et Djeddah, de la plantations de canne à sucre et de
Mecque et d’autres entrepôts d’Arabie. dattes.
D’autres étaient rembarqués à
destination des ports du Golfe persique. Des Africains ont été dispersés sur de
Les ports indiens de Bombay, Goa, nombreuses îles de l’océan Indien…
Surat, Kârikal, Pondichéry et Calcutta
recevaient généralement leurs Les esclaves afriains étaient beaucoup
cargaisons de Moka ou du Golfe plus nombreux en Asie du Sud que dans
persique, mais parfois certains les autres régions du continent,
contingents venaient directement probablement parce que les relations
d’Afrique orientale. commerciales avec l’Afrique étaient plus
En Arabie, Oman occupait une anciennes et plus intenses.
position clé dans la stratégie maritime et
commerciale du Moyen Orient. Sa J. E. Harris et J. E. Enikori, La diaspora
capitale, Mascate commandait l’accès au africaine dans l’Ancien et le Nouveau
golfe Persique, par où étaient convoyé Monde, in Histoire générale de l’Afrique,
un grand nombre d’esclaves africains… tome 5, UNESCO, 1987

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93

I. EVOLUTION DE LA TRAITE ARABE

La traite arabe est antérieure à la traite atlantique et s’est poursuivie encore plus
longtemps. Elle a été pratiquée avant l’ère islamique. Entamée au Moyen Âge, elle s’est
achevée au XXème siècle ; elle aura duré 10 siècles. Le développement de la traite arabe a
été favorisé par la proximité entre l’Afrique et la péninsule arabique et les longues
relations qui se sont établies avec le monde arabe.

L’arrivée de l’islam et surtout les conquêtes arabo-musulmanes accélèrent la traite arabe.


En effet, dès 652, Abdallah ben Sayd impose aux Nubiens la livraison de 360 esclaves
par an. Cette conquête légitimise l’esclavage des sujets païens. Les Arabes, les convertis,
les sujets protégés (les Juifs, les chrétiens, les zoroastriens) ne pouvant être asservis, les
besoins en esclaves ne peuvent être satisfaits que par des achats en dehors de l’empire
musulman, ou par des razzias. Ces 2 solutions donnent un intérêt nouveau pour l’Afrique
noire. Par ailleurs, de plus en plus, les conquérants musulmans vont exiger la perception
de leur tribut en esclaves.

La traite arabe alimente en esclaves le monde musulman qui à son apogée s’étend de
l’Atlantique à l’Inde et à la Chine

II. ORIGINE ET DESTINATION DES ESCLAVES

1. Origine des esclaves

L’esclavage est nourri par les guerres entre les peuples et les Etats africains. Les vaincus
sont réduits en captivité. Ainsi, dans l’empire sonrhay, les guerres de conquête ont eu
pour conséquence la réduction en captivité de beaucoup d’individus. Aux VIII et IX siècle
les Arabes envoient des bandes armées faire des razzias au Darfour, ramenant ainsi des
esclaves. La traite enrichit plusieurs villes et de nombreux trafiquants sur le côte
orientale. Ainsi, la traite arabe prélève les esclaves dans diverses régions de l’Afrique :

 Dans les régions soudanaises, mais aussi autour du lac de Giad, au Congo
 En Nubie et en Ethiopie
 Sur la côte orientale

Les principaux itinéraires sont :

 Les routes terrestres à travers le Sahara : c’est la traite transsaharienne. La


mortalité y est très élevée : 6 à 20% de pertes. Elles relient la Nubie à l’Egypte, la
zone subsaharienne à l’Afrique du Nord. Ces trajets sont à la base de la traite
transsaharienne.

 Les routes maritimes à travers l’océan Indien et la mer Rouge. C’est la traite
orientale.

2. Destination des esclaves

Dès le début de la conquête arabo-musulmane, le manque de main d’œuvre conduit à


utiliser des esclaves dans les chantiers et les mines de sel. Cet intérêt a amené le sultan
d’Oman à transférer sa capitale à Zanzibar, par où transiteront chaque année des milliers
d’esclaves avant leur exportation vers l’Arabie et même le Brésil.

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


94

Les navires venant d’Afrique orientale font escale sur les îles de Socotra ou à Aden pour
joindre ensuite le golfe persique ou l’Inde. Les esclaves noirs se retrouvent dans
l’archipel malais dès le VIIIème siècle. De là, ils sont expédiés en Chine où le principal port
récepteur est Canton.

L’itinéraire transsaharien alimente au-delà de l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient.

III. ORGANISATION DE LA TRAITE ARABE

Toutes les villes de l’empire musulman disposent d’un marché aux esclaves. Ainsi,
Boukhara, Samarkande, Nishapour, Rayy, Marw accueillent les esclaves d’origine turque
ou slave alors que les marchés de Bassorah, Aden, Zabid sont les centres de transit des
esclaves noirs. Les grandes villes où les besoins en main-d’œuvre sont importants ont
aussi un marché aux esclaves. Exemple : Bagdad, Le Caire, Cordoue, La Mecque,
Samarra. En Afrique du Nord, les principaux marchés sont : Alger, le Caire, Tripoli, le
Maroc. Les ventes ont lieu dans des places publiques et dans les souks, après un examen
très attentif. La transaction des eunuques et des concubines se fait dans des maisons
privées. Souvent, les esclaves sont troqués contre des objets de diverses natures :
cotonnades, objets de pacotilles, toiles au lieu de départ, contre des chevaux au
Maghreb, sacs de cauris, etc.

L’Etat exerce un contrôle strict des marchés d’esclaves. Des courtiers, surnommés
« importateurs » ou « marchands de bétail » sont des intermédiaires qui perçoivent des
commissions sur les opérations et qui par ce moyen font fortune.

La valeur commerciale des esclaves dépend de leur origine de leurs capacités, de leur
sexe, de leur âge. Les prix sont très variables. Les esclaves ayant des talents
exceptionnels coûtent très cher, de même que les danseuses.

IV. LES CONSEQUENCES DE LA TRAITE ARABE

Il est très difficile de faire un bilan chiffré de la traite arabe. En plus des esclaves arrivés
à destination, il faut tenir compte de la mortalité qui affecte les caravanes. A titre
d’exemple, Ralph Austen évalue les pertes causées par la traite orientale à 17 millions
d’individus, représentant 40% du bilan global de la traite.

En Afrique du Nord, notamment en Libye et en Egypte, l’esclavage est une des bases
essentielles de l’économie, assurant des revenus substantiels.

En Asie, les esclaves ont contribué à la construction économique, sociale et politique du


monde musulman médiéval.
 Les esclaves sont affectés à diverses tâches : entretien des bateaux, travaux
domestiques pour les femmes et éventuellement concubines, activités de loisirs
(danse, musique, etc…), activité de production (gros travaux, portefaix dans les
villes, palmeraies d’Irak et d’Arabie, armée … Les commerçants et pèlerins se
servent des esclaves comme monnaie d’échange ou d’assurance.
 Les esclaves noirs ont beaucoup apporté à la culture islamique : on compte de
grandes figures noires dans la poésie, les lettres, la musique, les sciences
islamiques.
 Au plan social, la pratique du concubinage avec les esclaves noires a favorisé le
brassage. On compte dans le monde arabe plusieurs princes métis.
 Dans le domaine politique, certains eunuques accèdent à de hautes fonctions. Le
rôle militaire des esclaves noirs a un impact considérable dans la politique
intérieure et extérieure.

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95

Dissertation

La traite arabe : son évolution et ses conséquences.

Commentaire

Après l’interdiction de l’esclavage européen et sa mise en pratique (milieu du


XIXème siècle), les livres et la presse populaire dénoncèrent par le texte comme
par l’image, avec autant de virulence que pour le premier, l’autre « commerce
honteux » pratiqué depuis des siècles en direction du monde musulman. Au
VIIIème siècle, l’esclavage arabe n’avait fait que continuer la traite traditionnelle
pratiquée depuis l’Antiquité, à l’échelle régionale ou à longue distance, par les
royaumes africains (Axoum, Ghana). (…) Comme dans l’Antiquité, le monde
arabe se procurait des esclaves pour effectuer les gros travaux, servir de
portefaix dans les villes, cultiver les palmeraies (Irak, Arabie), accomplir les
travaux domestiques, et les femmes, éventuellement des concubines… Si la
religion musulmane donnait toute liberté au croyant de considérer comme
esclaves potentiel l’animiste, regardé comme païen (kéfir en arabe d’où le mot
cafre retenu par les Européens), elle lui recommandait de ses comporter envers
les captifs avec humanité et, même de favoriser l’émancipation de ses
descendants convertis. Nombreux sont les exemples faisant état d’esclaves
convertis ayant accédé aux plus hauts postes dans l’armée, ou tenant la position
d’hommes de confiance des califes et ses sultans. Vivant dans un monde où
l’esclave était si coutumier, les captifs étaient peu enclins à se révolter…
L’esclavage ne cessa d’irriguer les routes du commerce musulman. Au Moyen
Âge, pour évaluer le prix d’un esclave sur le marché de Tombouctou, on posait
son pied sur une plaque de sel et on en découpait les contours. Cette valeur
dépendait en fait de l’offre et de la demande. La période la plus décrite par les
explorateurs, est celle du clou de girofle à Zanzibar au début de laquelle, le
sultan importa un grand nombre d’esclaves pour entretenir ses plantations
(1818))… La traite est l’esclaves proprement dit furent abolis dans le monde
entier par la convention de Bruxelles (1890). L’un et l’autre ne continuèrent pas
moins à être pratiqués en Afrique orientale.

Bernard Nantet, Dictionnaire d’histoire et civilisations africaines, Paris, Larousse,


1999

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96

Leçon 19

1. La capture des esclaves

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97

2. Une caravane d’esclaves

3. Le début de la traite négrière

Alors que les premiers Noirs d’Afrique alors comme un véritable système,
débarqués dans le Nouveau Monde orchestré par les Européens. Si les effets
faisaient partie des effectifs des de la traite des Noirs sur les sociétés
conquistadores, le fait nouveau du début africaines continuent à nourrir les débats
du XVIème fut l’importation des Africains les plus passionnés, il ne fait plus de
comme force de travail. L’utilisation de la doute que, avant de devenir au XXème
main-d’œuvre servile africaine siècle « le commerce honteux » presque
commença sur une petite échelle et unanimement condamné, elle a été
concurremment avec celle de travailleurs pendant trois siècles une gigantesque et
européens… Très vite cependant, les fructueuse entreprise qui a mobilisé
Africains devinrent dans le cadre de toute l’Europe et n’a épargné aucune
l’esclavage, la main-d’œuvre quasi- région de l’Afrique.
exclusive, principalement dans les
plantations. Le commerce des Noirs à Elikia M’Bokolo, Afrique noire : Histoire
destination des Amériques s’organisa et civilisation, tome 1, Paris Hatier, 1995

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98

4. Le commerce triangulaire

5. Le transport des esclaves : différents plans d’un vaisseau négrier

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99

6. L’origine des esclaves exportés vers l’Amérique

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100

7. Un bilan de la traite négrière

La traite des Noirs a déterminé quatre grands courants de déportation des Africains hors
du continent. Le courant trans-saharien, attesté vers -1500, dura jusqu'au dernier tiers
du XIXème siècle. Formé au VIIIe siècle avec l'expansion islamique, le deuxième courant
installa sur la côte orientale d'Afrique une traite qui se poursuivit jusqu'au XIXe siècle, et
qui connut, à la fin, un fort regain d'activité. Beaucoup plus brève - quatre siècles et
demi - la traite des Noirs à travers l'Atlantique constitua la plus lourde ponction sur les
populations de l'Afrique noire, Enfin, une " traite intérieure " nourrit un esclavage
"domestique ".

Les historiens Fage et Curtin, respectivement anglais et américain, ont renouvelé depuis
1969 l'étude chiffrée des conséquences démographiques des traites négrières.
Considérant leurs durées respectives, les spécialistes acceptent aujourd'hui - encore
qu'avec certaines hésitations - les chiffres suivants, plus ou moins contrôlables: la traite
transsaharienne aurait déporté 5 300 000 individus, la traite par la mer Rouge et la côte
orientale, 2 900 000 ; en quatre siècles et demi, la traite par l'Atlantique en aurait
déporté 11 700 000. Il n'est pas possible d'estimer le chiffre de la traite intérieure.

Au total, les traites négrières d'exportation auraient donc déporté un minimum de 20


millions d'Africains hors du sous-continent noir, la mortalité parmi les déportés atteignant
en cours de route en moyenne 13 %. On discute encore l'effet de cette ponction sur la
démographie africaine. Récemment, l'historien nigérien Inikori a estimé le déficit humain
en 1870 à cent douze millions de personnes, mais les indicateurs retenus pour obtenir ce
résultat sont discutés par les démographes. Une autre question est celle des
conséquences du commerce négrier sur le sous-développement économique des régions
affectées.

Dans un espace de plusieurs millions de kilomètres carrés étaient établis les réseaux qui
acheminaient les Africains noirs destinés à l'esclavage dans des contrées lointaines.

Au début, les foyers négriers d'exportation s' "approvisionnaient" dans les alentours. Aux
XVIIIe et XIXe siècles les zones où l'on allait chercher les futurs déportés s'élargissaient
jusqu'à des distances de plusieurs semaines de marche de ces foyers. A partir de ceux-ci
dans une première phase, des caravanes transféraient les groupes humains vers les "
ports " du désert ou ceux des côtes occidentales ou orientales. Dans le premier cas les
convois suivaient les routes traditionnelles du commerce vers le nord et le nord-est. Dans
le second, avaient lieu les embarquements dans les navires négriers. Certaines côtes
n'entretenaient pas ou peu de foyers de traite ; les plus nombreux étaient implantés sur
les littoraux des sociétés groupées en Etats ou de royaumes souvent puissants, parfois
en rapport avec les présences européennes ponctuelles : Sénégambie ; côtes des
Rivières avec leurs îles ; Sierra Leone jusqu'au cap des Palmes ; Côte de l'Or avec les
fortifications européennes ; côte du golfe du Bénin avec Ouidah, Porto-Novo (Ardrah),
Lagos (Ouni) ; côte du Biafrj avec Bonny, New-Calabar et Old-Calabar ; et, au sud de
l'Equateur, Loango, MaJembo, Cabinda ; en Angola, peut-être le plus important des
secteurs négriers, Mpinda, Loanda et Benguela. Sur la côte orientale, le Mozambique, par
Kilwa Kivinje, Ibo, Quelimane, et, au XIXe siècle, l'île de Zanzibar, alimentaient la traite
orientale en direction de Madagascar, des îles Bourbon (La Réunion) et Maurice et, vers
le nord-est, Mascate et le golfe Persique. Ce même foyer fournissait partiellement la
traite par l'Atlantique

J.F. Ade Ajayi, M. Crowder, Atlas historique de l'Afrique, éditions du Jaguar, 1988, page
98, "La traite négrière atlantique jusqu'à 1810".

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8. Conséquences militaires et sociales

L’une des distorsions majeures fut la par les individus qui, soit comme
création d’aristocraties militaires dont marchands, soit comme fonctionnaires
l’influence devint telle qu’elles de l’Etat, étaient en relation avec le
déterminèrent la ligne politique de commerce d’exportation d’esclaves.
presque tous les Etats africains de
l’époque. L’existence d’un vaste marché Ces processus historiques, qui se sont
d’exportation pour les captifs les incita à étendus sur plus de trois siècles, auront
voir dans la guerre le moyen de se eu globalement pour conséquences en
procurer des prisonniers à vendre plutôt Afrique de détourner le processus
que de nouveaux territoires dont les économique de développement pour
ressources naturelles et humaines l’orienter vers le sous-développement et
pourraient être intégrées ou exploitées. la dépendance…
Cela eut pour ces Etats un double effet
négatif : sur leurs dimensions mêmes qui L’industrialisation fut encore
restèrent limitées, et sur leur stabilité contrecarrée par l’importation effrénée
intérieure, extrêmement fragile. de produits manufacturés en provenance
de l’Europe et d’Orient en échange de
Dans plusieurs sociétés africaines, captifs.
l’existence de ces aristocraties militaires,
conjuguée aux données de la situation J. F. Enikori, L’Afrique dans l’histoire du
économique du monde favorisa aussi monde : la traite des esclaves et
l’essor du mode de production fondé sur l’émergence d’un ordre économique dans
l’esclavage. D’importantes fractions de la l’Atlantique, in Histoire générale de
population des grandes sociétés l’Afrique, tome 5
africaines en vinrent à être assujetties

9. Origine des esclaves en Amérique du Nord

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I. NAISSANCE ET EVOLUTION DE LA TRAITE NEGRIERE

La traite européenne ou traite atlantique est née au 15 ème siècle avec la découverte
de l’Amérique. Pour la mise en valeur de ce continent et l’exploitation de ses nombreuses
richesses (mines d’or et d’argent, plantations de canne à sucre, de café et de coton), les
Européens ont besoin d’une main d’œuvre abondante et peu coûteuse. Mais ils avaient
détruit les civilisations inca et aztèque domiciliées dans les montagnes avant d’asservir
les amérindiens des plaines. Mais les durs travaux et les guerres menées contre eux par
les Européens entraînent une forte mortalité parmi ces populations autochtones.
Face à cette saignée démographique, les Européens se tournent vers l’Afrique pour
y prendre des esclaves. Cependant, la cause fondamentale est d’ordre économique : les
européens veulent gagner beaucoup en réduisant les coûts de main-d’œuvre. L’Afrique
va fournir à l’Amérique la main-d’œuvre dont elle a besoin
Au 16ème siècle, la traite négrière commence lentement. Elle est alors dominée par
les Portugais. Mais à la fin du siècle, le Portugal affaibli par plusieurs défaites militaires
perd ce monopole au profit des Hollandais d’abord, et des Anglais ensuite. La traite
atteint son apogée aux XVIIème et XVIIIème siècles. Au XIXème siècle, la demande se réduit,
à cause de la saturation du marché des esclaves et de la révolution industrielle.

II. L’ORGANISATION DE LA TRAITE NEGRIERE

1. Les compagnies

Les compagnies de commerce sont les principaux outils de la traite. Elles regroupent
des marchands, soutenus par les gouvernements européens. Certaines de ces
compagnies sont appelées compagnies à charte. Elles bénéficient du l’exclusivité du
commerce dans une région donnée ; les rois peuvent même leur en confier
l’administration. Elles possèdent des comptoirs où elles négocient directement avec les
chefs noirs à partir du XVIIème siècle, de nombreuses compagnies reçoivent un monopole
royal pour la traite des esclaves.
L’Espagne crée un type spécial de monopole : l’asiento. C’est un droit d’importer des
esclaves dans les colonies espagnoles vendu à des particuliers ou à un pays tiers.

2. Le commerce triangulaire

La traite a doné naissance à un circuit commercial appelé commerce triangulaire. Il a été


inventé au XVIIIème siècle par les Anglais. Il s’établit ainsi :

 Les navires négriers partent d’Europe chargés de pacotilles (rhum, cotonnades,


fusils de traite, verroterie…) et se rendent en Afrique
 En Afrique, ils échangent la pacotille contre des esclaves razziés à l’intérieur du
continent. Ces derniers sont regroupés dans des fortins ou comptoirs en attendant
l’arrivée d’un navire. Tel a été le rôle de Gorée. Une fois acheté, les captifs sont
marqués au fer au nom de l’acquéreur. Ils sont ensuite dirigés vers l’Amérique au
cours d’un voyage de 2 à 3 mois caractérisé par une forte mortalité (20%
environ)
 En Amérique, les négriers vendent les esclaves. Une fois le navire nettoyé et
réaménagé, ils achètent avec les recettes des produits divers (coton, sucre,
indigo, café, métaux …) et les amènent en Europe.

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103

Les esclaves sont razziés dans une zone comprise entre le Sénégal et l’Afrique
australe. Après leur capture, les esclaves rejoignent par des canots des bateaux
spécialement aménagés pour le transports des esclaves : les négriers.
Pour l’achat des esclaves, les Européens utilisent des intermédiaires côtiers qui se
chargent de la capture. Ils échangent les esclaves contre la pacotille. Les articles les plus
demandés sont les tissus européens ou indiens, les armes à feu et à poudre, les coupe-
coupes, les couteaux, le fer en barre, le cuivre en anneaux ou en barres, les alcools.

III. LES CONSEQUENCES DE LA TRAITE

1. En Afrique

a. Les conséquences humaines

On ne connaît pas avec précision le nombre d’esclaves qui ont quitté l’Afrique au cours
des trois siècles de traite atlantique. Mais la plupart des historiens sont d’accord sur le
chiffre minimal de 15 millions de pertes. Si on ajoute à ces départs, les décès provoqués
par les razzias, les guerres esclavagistes, le transport dans les navires négriers, les
suicides les pertes totales sont plus graves : on les évalue entre 60 et 150 millions.

La traite négrière constitue la cause lointaine du sous-peuplement de l’Afrique.

b. Les pertes économiques

La traite a eu des effets négatifs sur l’économie africaine. Elle a provoqué la décadence
de l’Afrique. Cette décadence est liée à la destruction des richesses, aux razzias. La vie
économique est désorganisée par la l’insécurité permanente, les guerres. La vente des
esclaves constituant la principale activité, on assiste à une réduction de la production. En
arrachant de nombreux actifs à l’Afrique, la traite a diminué les forces productives du
continent. Le déclin de la production économique a entraîné la misère et la famine. Par
ces différents maux, la traite est considérée comme la cause lointaine du sous-
développement actuel de l’Afrique.

c. Les conséquences sociales

La traite négrière installe l’insécurité. Certains chefs ou rois, pour s’enrichir, vont jusqu’à
asservir leurs propres sujets. Ces facteurs donnent lieu à des déplacements de population
à la recherche d’un refuge. Elles se rendent dans des zones difficilement accessibles :
montagnes, zones lacustres, forêts, déserts. Ces migrations dépeuplent des régions qui
jadis étaient bien peuplées. La traite donne lieu à un profond traumatisme

d. Les conséquences politiques

La recherche des esclaves pousse des royaumes à attaquer d’autres royaumes.


Les plus forts menacent les plus faibles.
Les royaumes côtiers imposent leur force grâce aux armes à feu. Cela leur permet
de capturer davantage d’esclaves et d’acheter de nouveau des armes. Ainsi naissent des
Etats esclavagistes dont la puissance repose sur la force armée et la vente des esclaves.
Ils doivent faire la guerre pour se protéger et rechercher les esclaves.

2. En Amérique

 La traite a favorisé la mise en valeur et le développement économique de l’Amérique


en mettant à la disposition du continent la main-d’œuvre dont elle a besoin pour
exploiter ses immenses richesses.
 Les Noirs perdent leurs références sociales. Séparés de leurs familles, ils acquièrent
contre leur gé de nouveaux noms. Ils manifestent leur résistance par le suicide,

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l’automutilation, le sabotage, l’empoisonnement. Certains d’entre eux choisissent la


fuite : ce seront les nègres marrons. Ces derniers trouvent refuge dans des zones
répulsives (forêt, marais, montagnes, déserts) où ils constituent des maquis
dénommés quilombo. L’un d’entre eux,la république de Palmares au nord-est du
Brésil comptera jusqu’à 25 000 fugitifs.
 Dans le domaine politique, les Noirs ont joué un certain rôle dans les mouvements
d’indépendance en Amérique latine. Dans l’île de Saint-Domingue, les esclaves noirs
se soulèvent sous la direction de Toussaint Louverture et créent le premier Etat noir
indépendant de l’Amérique latine, Haïti, en 1804. A Cuba, c’est un général d’origine
africaine qui conduit la guerre d’indépendance en 1868 ; il s’agit de Antonio Macéo.
Par ailleurs la question noire est au centre des divergences qui vont donner lieu à la
guerre de sécession, aux Etats-Unis.
 Dans le domaine culturel, la traite négrière introduit des éléments de culture nègre en
Amérique. Ainsi, malgré le christianisme qui leur est imposé, les Noirs introduisent en
Amérique leurs pratiques païennes. Les dieux africains surtout ceux qui symbolisent
la force, la violence, la vengeance sont invoqués.
 Les complaintes des esclaves on donné naissance aux negro-spirituals, ont inspiré le
jazz. Ces rythmes africains influencent certaines créations propres aux Noirs : les
batuques, la samba… La présence des Noirs a participé à l’augmentation et à la
diversification de la population américaine.

3. Les conséquences de la traite en Europe

La traite a été pour l’Europe une source de prospérité générale. De nombreuses


industries comme la métallurgie, le textile augmentent leur production en raison de la
forte demande d’articles de traite. Le commerce triangulaire a beaucoup enrichi les
négriers qui réalisent des bénéfices de 300 à 500%. Les balances commerciales de
nombreux pays deviennent excédentaires en partie grâce aux profits exorbitants réalisés
au cours du commerce triangulaire.

IV. LA FIN DE LA TRAITE NEGRIERE

Au XVIIIème siècle, la traite commence à être considérée en Europe comme une


mauvaise transaction qui limite la diversification de l’activité économique sur les côtes
africaines. Les abolitionnistes soutiennent que la suppression du trafic négrier, loin de
bouleverser l’ordre économique international favoriserait une production assurée par les
noirs à un moindre coût et avec moins de risques
Du côté des Noirs, aux Etats-Unis, dès la fin de la guerre d’indépendance, des
groupes de militants noirs se forment à Boston, Philadelphie, New York dans le but
d’obtenir la suppression de l’esclavage.
Le premier pays à mettre fin à la traite négrière est l’Angleterre. Après avoir interdit
la pratique de l’esclavage sur son sol en 1772, elle abolit la traite dans ses colonies en
1807, et affranchit tous les esclaves de son empire en 1834. Elle se fait le défenseur de
l’abolition de l’esclavage. Des Etats politiquement faibles cèdent aux pressions
britanniques : le Danemark qui interdit le commerce négrier en 1802 ; les Pays-bas et la
Suède qui signent des traité de répression de la traite avec l’Angleterre ; l’Espagne et le
Portugal qui abolissent la traite en b1817 contre une compensation britannique. Le Brésil
abolit la traite en 1850 et Cuba en 1866.
Les Etats politiquement forts résistent à la pression britannique qu’ils considèrent
comme un empiètement sur leur souveraineté. En 1794, en France, la Convention abolit
l’esclavage en 1794, mais Napoléon le remet en vigueur. L’esclavage sera définitivement
aboli en 1848 sous l’impulsion du ministre ses colonies Victor Schoelcher. Aux Etats-Unis,
l’esclavage est aboli à l’issue de la guerre de sécession.
Cependant, l’abolition touche faiblement la traite orientale qui se poursuit encore
longtemps au XXème siècle.

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Commentaire

Les esclaves étaient obtenus principalement par les guerres ou les razzias et, en
moindre nombre, par la manipulation des institutions légales ou religieuses. La traite eut
donc des conséquences politiques, sociales et économiques importantes pour les régions
affectées. Elle retarda leur développement économique, mais on ne comprend pas encore
très bien de quelle façon et jusqu'à quel point. Des pays que l'on trouve économiquement
développés à la fin du XIXe siècle étaient de ceux qui, depuis plusieurs siècles,
entretenaient de vigoureux et larges courants d'échanges avec l'étranger. Tout au long
du demi-millénaire qui précéda le XXe siècle, le commerce extérieur "normal" fut un
puissant moteur du développement économique. Or, durant la majeure partie de cette
période, pour son malheur l'Afrique noire fut le théâtre d'une forme anormale de
commerce extérieur. Elle en fut appauvrie à deux titres : par la privation des avantages
que procure, pour le développement, un commerce extérieur "normal", par les
répercussions négatives d'un commerce extérieur qui détruisait son tissu humain.

Les conséquences économiques de la traite des Noirs pour les régions qui en furent
affectées doivent donc être dégagées d'une double analyse : d'une part, en étudiant les
effets directs de l'activité négrière sur le développement ; de l'autre, en recherchant
de quelle façon elle a, indirectement, obéré le développement économique."

J.F. Ade Ajayi, M. Crowder, Atlas historique de l'Afrique, éditions du Jaguar, 1988,
page 98, "La traite négrière atlantique jusqu'à 1810".

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106

Leçon 20

Pour la constitution de votre dossier, voici des sites que vous pouvez consulter :

 http://gallica.bnf.fr/document?O=N104521

 http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-

 URL_ID=5322&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

 Histoire générale de l’Afrique. [En ligne]. [Consulté le 28 novembre 2005].


Disponible sur :
http://www.unesco.org/culture/africa/index.html

 Archives de la traite négrière. [En ligne]. [Consulté le 28 novembre 2005].


Disponible sur :
http://portal.unesco.org/ci/fr/ev.php-
URL_ID=8780&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

 Textes sur l’esclavage. In Cliotextes. [En ligne]. [Consulté le 28 novembre 2005].


Disponible sur : http://hypo.ge-dip.etat-
ge.ch/www/cliotexte/html/traite.des.noirs.html

 Sélection de sites sur l’esclavage en Afrique et les traites négrières. In site de


l’Académie de Nice. [En ligne]. [Consulté le 29 novembre 2005]. Disponible sur
:
http://www.ac-nice.fr/histgeo/peda/conf/blois/afrique0.htm

Il s’agit de sites français sur la traite en général. Concernant le Sénégal , consultez le site
du gouvernement ou faites une recherche sur Gorée où vous pourrez trouver des liens
sur l’esclavage au Sénégal.

Consultez ces ouvrages au CDI :


Histoire générale de l’Afrique éditions UNESCO
Mamadou Diouf, Histoire du Sénégal

Cette liste n’est qu’indicative. Vous êtes tenus de faire des recherches plus poussées

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108

Leçon 21

1. Le rôle des Torodo au Fouta

L’islam triomphe au Fouta Toro dans esclaves. Le parti torodo, ayant à sa


la deuxième moitié du XVIIIème siècle tête Suleymane Baal, remporte dès
sous la direction du parti le départ une victoire militaire contre
maraboutique torodo, dirigé par les Ulad Abdallah à Mboya, mettant
Suleymane Baal puis par Abd al- ainsi fin au muudul horma. Après
Kadir. Ici, plus encore qu’au Bundu avoir imposé son autorité dans Fouta
et au Fouta-Djalon, le lien est net central, le parti torodo met fin à
entre le mouvement torodo et le plusieurs siècles de domination
mouvement maraboutique de Nasr denyanké et interdit en juillet 1776,
al-Din de la fi du XVIIème siècle. En tout commerce anglais vers le
même temps, le mouvement torodo, Galam, à la suite des pillages
en relation étroite avec les zawiya organisés par O’Hara pour se
maures, s’inspire largement du procurer des esclaves.
succès du Djihad au Bundu et au
Fouta Djalon. La victoire du parti torodo coïncide
avec la mort de son prestigieux
La crise de succession ouverte vers lieutenant Suleymane Baal.
1716 par Bubakar Sire se prolonge
pendant tout le XVIIIème siècle et Le régime torodo se lance en 1786 à
plonge le Fouta Toro dans l’insécurité la conquête du Trarza où Abd Al
et les guerres civiles. La situation Kadir veut, comme au Brakna,
s’aggrave quand le nouveau imposer son autorité et le paiement
gouverneur anglais O’Hara favorise d’un tribut.
l’occupation du Fouta Toro dirigé par
les Maures du Brakna et du Trarza. B. Barry, La Sénégambie du VIème au
Dans ces conditions, la révolution XVIIIème siècle : évolution des Wolof,
torodo est dirigée non seulement des Sereer et des Tukulor, in Histoire
contre le régime denyanke mais générale de l’Afrique, T. 5, UNESCO,
aussi contre la domination du Brakna 1987
et la vente de musulmans comme

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


109

2. La quête d’un islam en Sénégambie

3. Au bord du fleuve sénégal : le Fouta

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I. LE FOUTA AU XVIIIème SIECLE

Au XVIIIème siècle, un mouvement de réforme transforme profondément le Fouta Toro. A


l’époque, le Fouta abrite une population diversifiée comprenant un groupe dominant, les
Toucouleurs, puis, les Soninké, les Wolof, les Maures, les Peuls. La dynastie régnante est
celle des Dényanké, mais les Toroobé constituent l’élite intellectuelle, religieuse et
politique. L’islam pratiqué par les Dényanké est mêlé de paganisme.

Cette entorse à l’orthodoxie est le prétexte invoqué pour organiser la révolte dans le
pays. Mais de nombreuses crises secouent le Fouta :

 Au plan politique : des crises de successions, la pression des maures voisins


 Au plan économique et social : de fréquentes famines, une traite négrière active

II. LE MOUVEMENT DE REFORME TOROOBE

Les crises de succession plonge le Fouta dans l’instabilité durant tout le XVIII ème siècle.
De plus les Maures trarza et du brakna, avec le soutien des Anglais occupent le Fouta.
Ces déséquilibres favorisent la révolution toroodo, dirigée à la fois contre les dényanké et
les occupants étrangers et la traite d’esclaves musulmans.

Les dirigeants de ce mouvement sont Souleymane Baal et Abdoul Kader Kane, qui
s’inspirant du modèle du Fouta Djalon veulent créer un Etat théocratique. Le mouvement
commence en 1760 sous la direction de Souleymane Ball, et se poursuit après la mort de
ce dernier sous la conduite de Abdel Kader. Il est rejoint par les mécontents, certains
nobles opportunistes et des mercenaires de statut servile, les Sebbe, soucieux
d’améliorer leur sort.

Les Toroobe réussissent à vaincre les Ulad Abdallah à Mboya. En 1776, ils renversent les
Dénianké et proclament l’islam religion d’Etat. Ils battent les Maures Trarza en 1786, puis
lancent la guerre sainte contre le Walo, le Cayor, le Djolof, la Galam, la Gambie. Ces
deux dernières contrées résistent à la poussée toucouleur y voyant une invasion maure.

Grâce à ces succès, les Toroobe peuvent réaliser des réformes :

 Les terres des dnyanké sont distribuées aux vainqueurs, c’est-à-dire, les Toroobe
et leurs partenaires (les Sebbe), les Peulh, les chefs militaires)
 Divers prélèvements alimentent les finances : ils portent sur les céréales, les
tissus, les redevances des chefs locaux, la retenue de 10% des biens, les
redevances des Français de Saint Louis, les butins de guerre.
 Divers compromis servent d’appui à l’autorité politique. Ainsi, les Toroobe font
appel à de puissants pasteurs de la capitale, Thilogne, appelés jaggoorde (princes
sans instruction »), aux familles de lettrés qui ont rallié leur cause.

Le peuple est déçu par ces réformes. Le successeur de Souleymane Baal, Abdel Kader a
surtout procédé à une redistribution des privilèges, négligeant les réformes sociales.

III. LA FIN DE LA REVOLUTION

Dans les années 1790, les Toroobe rencontrent de multiples difficultés :

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111

 L’almamy Abdel Kader exerce un pouvoir tyrannique ; il s’attaque à des royaumes


musulmans. Ces expéditions finissent par affaiblir le Fouta qui est battu par le
Fouta à Bungoy. Cette défaite donne le coup d’envoi à l’insurrection des Etats
voisins.
 Les Jaggorde chassent l’almamy de la capitale. Ses opérations militaires
deviennent incertaines. Il meurt en 1807 dans une guerre contre une coalition du
Bundu et du Kaarta.

Après Abdel Kader, de grands électeurs choisissent l’almamy. Ils seront les véritables
maîtres du pays.

Dissertation

Causes et manifestions de la révolution torodo

Guerrier toucouleur

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112

Leçon 22

1. L’Empire omarien

2. L’empire toucouleur vers 1880

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113

3. La mosquée d’Elh hadj Omar à Dinguiraye

4. L’armée d’El Haj Omar

L’armée du djihad était une force moral à toute épreuve, ils considéraient
multiethnique, comprenant des le djihad comme un devoir religieux.
contingents du Fouta Toro, du pays
haoussa, du Fouta Djalon, du Khasso, du D’autres facteurs contribuèrent aussi au
Kaarta et de ségou. Les plus nombreux succès du djihad. L’un d’eux était le fait
étaient les contingents du Fouta Toro. que l’armée du djihad avait souvent
L’armée se composait de quatre affaire à un adversaire désuni. Elle était
bataillons organisés chacun autour d’un en outre supérieure à ses ennemis en
contingent du Fouta Toro. L’armement se matière de stratégie militaire. De plus,
composait de fusils à deux coups. Les elle utilisait la terreur pour intimider
balles étaient fabriquées par des l’adversaire. Toutefois avant de
forgerons locaux. L’armée avait en outre combattre un groupe, elle lui offrait
deux canons pris aux Français. Mais plus toujours la possibilité d’une conversion
que leurs armées, ce qui faisait la force pacifique ; si celle-ci était refusée, cela
des troupes du djihad était leur foi et entraînait automatiquement la guerre.
une stratégie judicieusement conçue.
Umar donnait du courage à ses M. Ly-Tall, Le Macina et l’empire torodbe
combattants par des prédications (tukulor) jusqu’en 1878, in Histoire
régulières où il leur parlait du paradis et générale de l’Afrique, tome 6, UNESCO,
des récompenses qui les attendaient 1987
dans l’autre monde. Pourvus ainsi d’un

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114

I. LES DEBUTS D’EL HADJ OMAR

El Hadj Omar Tall est né à Halwar, près de Podor, en 1797. Il appartient par sa famille au
groupe maraboutique des Tooroodo Après une solide instruction religieuse, il complète sa
formation par des séjours auprès des maîtres maures de la confrérie des Qadriya au
Tagant et à Walata.

C’est au Fouta Djalon qu’il passe à la Tidjanya sous l’influence du marabout peulh Abdoul
Karim. Pendant de longues années il voyage et s’instruit : il va à Fez sur la tombe de
Tidjani, le fondateur du Tidjanisme, puis à Hamdallay la capitale du royaume peul du
Macina. A 23 ans, il entreprend le pèlerinage à la Mecque : après avoir réuni les fonds
nécessaire au Fouta Toro, il repasse par le Macina, joint le Caire. Le voyage dure 13 ans.
Au Proche Orient, il se déplace plusieurs fois entre le Caire, Médine, La Mecque et
Jérusalem. Son maître Mohamed Ghali le nomme à Médine khalife des Tidjanes pour le
Soudan. Sur le chemin du retour, il passe par le Bornou, arrive à Sokoto en 1831. Il
réalise trois mariages au cours de ce périple : une avec une femme noble du Bornou, les
2 autres à Sokoto (dont l’une avec la fille de Mohamed Bello, l’émir de Sokoto. L’accueil
sera différent au macina où Cheikhou Ahmadou le reçoit froidement. L’’accueil des
Bambara de Ségou est tout à fait hostile. Il regagne le Fouta Djalon. Il avait accumulé
alors d’importantes richesses et noué de solides alliances militaires. En 1845, il
entreprend une tournée dans plusieurs royaumes de la Sénégambie : Sine, saloum, Baol,
Cayor, Fouta Toro. Revenu au Fouta Djalon, l’almamy l’invite à quitter son royaume. Il
s’installe alors plus à l’est, à Dinguiraye, village acheté au roi de Tamba. Il en fait une
ville-forteresse imprenable avec 3 murs d’enceinte.

II. LES CONQUETES OMARIENNES

En 1949, El Hadj Omar lance la guerre sainte à l’issue de l’attaque de Dinguiraye par le
roi animiste de Tamba, inquiet de ses préparatifs militaires. Après sa victoire sur ce
dernier, il lance l’ofensive cintre les royaumes animistes du Bambouk, du Kaarta.
L’avancée française le contraint à opérer davantage à l’est ; il attaque les Bambara de
Ségou et d’autres royaumes musulmans, le Macina en particulier.

Les Français mettent à profit la menace omarienne pour construire de forts sur le fleuve :
à Bakel en 1818, à Podor en 1854, à Sénédébou, à Médine dans le Khasso en 1855. Les
Français et El Hadj Omar se disputent le Khasso : c’est la raison du siège de Médine en
1857 où El Hadj Omar subit de lourdes pertes. Omar décide de se tourner définitivement
vers l’Est après un accord avec les Français en 1860, entraînant à sa suite Toucouleurs et
Peuls du Bundu. Ils laissent derrière eux un pays dévasté par les réquisitions de vivres et
de bétails, ainsi que par « la terre brûlée ». Il lance alors l’offensive sur Ségou sur
laquelle il triomphe à la bataille de Woïtala en 1981. Ségou devient sa capitale où il
installe son fils Ahmadou désigné comme son successeur.

Cette défaite, amène le roi de Ségou, Bina Ali à s’allier avec son ennemi traditionnel, le
Khalife du Macina. Tombouctou rejoint la coalition. El Hadj Omar les bat en 1862.
L’empire omarien, vaste, est cependant mal administré. Ségou sous Ahmadou perd son
rôle de centre de transit qui faisait sa richesse. Les Peul du Macina préparent
l’insurrection générale. Ils établissent le siège devant Hamdallay en 1863 ; en 1864,
Omar doit s’enfuir ; poursuivi par les Bambara il périt avec sa petite troupe dans
l’explosion de ses dernières munitions dans les grottes de Djiguimbéré en pays Dogon.

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115

Le successeur désigné d’El Hadj Omar, Ahmadou doit faire face à toutes les difficultés
antérieures : rivalités familiales, hostilité des Peulh et des Bambara, avancée française.
La victoire des troupes françaises commandées par Archinard précipite le déclin de
l’empire en 1898.

III. ORGANISATION DE L’EMPIRE

Les conquêtes omariennes ont permis de créer un vaste empire s’étendant sur 1000 km
d’est en ouest. Les centres principaux sont Dinguiraye, Nioro, Ségou, Bandiagara.

L’organisation n’est pas centralisée : l’empire a un chef spirituel en la personne de El


Hadj Omar ; il est assisté de Alfa Omar Bayla Wane et Abdullahi Hawsa. Les provinces
sont sous l’autorité de deux chefs : l’un religieux, l’autre militaire. La justice est rendue
par les cadis.

L’armée recrute dans les diverses régions de l’empire ; elle comprend 5 corps dont 3
composés de Toucouleurs.

Le commerce est actif dans certaines parties de l’empire, notamment le long des pistes
caravanières. Mais les recettes de l’empire consistent surtout en divers prélèvements :
zakat, aumône annuelle du ramadan, taxes sur les caravanes

Dissertation

Le rôle politique et religieux d’El hadj Omar en Afrique occidentale

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116

Leçon 23

1. Une case zoulou

2. Le mfecane

3. Une représentation de Chaka

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117

4. La tactique de guerre de Chaka : la « tête de buffle »

5. Le système de Chaka

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118

Le chef zoulou soumit les guerriers à une propres guerriers de Tchaka qui faisaient
discipline rigoureuse. Les hommes ne preuve d’inefficacité. Un commandant
pouvaient ni se marier, ni avoir des sans butin considérable était passible de
relations sexuelles… Les jeunes filles la peine de mort.
participaient à l’armée de Tchaka ;
organisées en classes d’âge, elles Ce système militaire était, bien sûr,
jouaient un triple rôle : réserve politiquement coiffé par un régime
d’épouses pour les hommes, main- despotique. Les conseils de chefs et
d’œuvre pour la subsistance des d’anciens perdirent leurs pouvoir
régiments et les travaux d’intendance, traditionnels et jusqu’au droit de se
responsable des actes rituels. Les jeunes réunir. Le souverain choisit ses
filles comme les jeunes gens des peuples conseillers parmi les indouna, sans pour
vaincus étaient automatiquement autant se sentir obligé de les consulter
intégrés dans les régiments zoulou sur toutes les questions. Il ne faisait
tandis que les vieillards et les infirmes, appel à leur sagacité que quand il le
charge inutile pour cette société jugeait bon.
guerrière, étaient exécutés sans pitié.
Elikia M’Bokolo, L’ère des calamités,
Malheur aux vaincus ! Malheur aux Présence africaine, 1988

6. Guerriers zoulou

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119

I. L’ASCENSION DE CHAKA

Chaka est né en 1797, de l’union illégitime entre Nandi, princesse Langeni, et Senza
Ngakona, chef du clan des Zoulous (une fraction du peuple Ngouni). Senza Ngakona fera
de Nandi sa troisième épouse, et Ckaka, son premier fils constitue son héritier
présomptif. Nandi serait alors la future reine-mère, fonction importante chez les Ngouni.
Sous la pression de son entourage, Senza Ngakona expulse Nandi qui se réfugie chez les
Langeni où le jeune Chaka, considéré comme bâtard, est maltraité par ses camarades.
Sous l’effet d’une grave famine sévissant dans la région, Chaka est recueillie chez les
Abathethwa dont le chef Dinguiswayo le prend sous sa protection. Il devient rapidement
le guerrier le plus remarquable de l’armée de Dingiswayo, et bientôt le chef de l’armée.

À la mort de Senza ngakona, Sigujana, l’un des demi-frères de Chaka, assure la


succession conformément à la volonté de leur père, et devient le chef du clan
zoulou.Avec l’appui de Dingiswayo Chaka prend possession du pouvoir, après avoir
assassiné Sigujana. Il comence alors à appliquer aux zoulou ses idées révolutionnaires
pour créer une puissante armée, tout en continuant à combattre pour Dingiswayo. Après
l’élimination de ce dernier par son ennemi Zwidé, chef de la tribu des Ngwane, l’armée
des bathwetwas élit Chaka au titre de chef souverain.
il attaqua toutes les tribus voisines qu'il soumit à son pouvoir leur laissant comme seul
choix la soumission ou la fuite pour ne pas être exterminées.

II. LA FORMATION DE L’EMPIRE ZOULOU

1. L’armée clé de voûte des conquêtes zoulou

Chaka défait Zwidé lors de deux grandes batailles. Il soumet ensuite les tribus voisines
leur laissant comme seul choix, la soumission ou la mort. Il devient le chef d’une grande
partie des tribus ngouni du Natal et leur fait porter son nom, celui de Zoulou. Il forme
une armée de métier qui sera le pivot de la société. Il astreint au service militaire tous
ses sujets, crée un corps d’amazones, impose la langue zoulou à ses voisins.

L’armée zoulou est réorganisée : l’initiation est remplacé par le service militaire ; les
classes d’âge deviennent les régiments. L’armée zoulou en ordre de bataille se déploie en
demi-cercle. Elle est alors divisée en quatre groupes :

 Les ailes, formées des combattants les plus rapides à la course attaquent en
premier en effectuant un mouvement tournant
 Le centre est chargé de fixer l'adversaire
 À l'arrière enfin, les vétérans, tournant le dos aux combats, constituent la réserve.
Des unités d'égorgeurs achèvent les blessés ennemis, car le but de la guerre n'est
pas de mettre l'adversaire en fuite, mais de le massacrer jusqu'au dernier.

C’est la tactique de la « tête de buffle ».

L'armement individuel est la sagaie et un casse-tête, le knobkirrie. Un bouclier tressé


protège le guerrier, lui couvrant le buste et les cuisses. Les régiments ou impi, (environ
1000 combattants), se distinguent sur le champ de bataille par les couleurs de leurs
coiffures ou de leurs boucliers. Ils sont précédés d'un service de renseignement efficace.
Le ravitaillement est assuré par des adolescents à raison d'un pour trois hommes.
L’armée de Chaka est sans rivale parmi les peuples de l'Afrique australe.

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120

Elle comptera à son apogée comptera plus de 100 000 hommes, auxquels il faut ajouter
environ 500 000 hommes des tribus voisines.

2. Les conquêtes zoulou

Les conquêtes zoulou vont dans deux grandes directions : vers l’ouest et vers le sud
contre les Tembou, Pondo et Xhosa, les Nguni, les Swazi, les Sotho. En 1820, Chaka se
taille dans le Natal un empire plus vaste que la France. Un eugénisme systématique est
pratiqué : les vieillards des peuples vaincus sont supprimés, les femmes et les jeunes
incorporés. Les jeunes sont épargnés à condition de s’enrôler dans les impi,
d’abandonner leur nom et leur langue, et de devenir de véritables Zoulous.

A partir de 1822, Chaka déploie ses armées à l’est du Drakensberg provoquant la fuite de
nombreux peuples. Il cède en 1824 une partie de ses terres aux Anglais installés à Port
Natal (actuel Durban) en échange de leur allégeance. Il s’approvisionne en armes auprès
d’eux

Trois des généraux de Chaka après l’avoir quitté organisent pour leur compte des
conquêtes en appliquant ses méthodes brutales : Moselekatse (ou Mzilikazi), après1821,
se dirige vers le sud-ouest avec les Ndébélé, disperse les Sotho sur les bords du Vaal et
s’installe entre le Vaal et l’Orange jusqu’en 1836 ; Manoukosi (ou Sochangane) soumet
les Tonga au Mozambique actuel (1830) ; Zouangendaba migre trois mille kilomètres
vers le nord.

La capitale de l’empire zoulou est Umgungundlovu. Chaka est le chef suprême,


propriétaire de toutes les terres et juge des crimes de sang. Ses meilleurs conseillers
sont nommés administrateurs des provinces conquises. Les conseils des chefs sont
supprimés.

3. La chute de Chaka

Le déclin de Chaka commence avec sa tendance affirmée de la tyrannie. À la mort de sa


mère Nandi en 1827, Chaka fit exécuter plus de 7 000 personnes. Pendant un an, il fut
interdit aux gens mariés de vivre ensemble et à tous de boire du lait.

Chaka meurt en 1828 poignardé par ses demi-frères Dingane et Mhlangane avec la
complicité de sa tante Mkabayi et d’un de ses hommes de confiance, Mbopa.

L'épopée zouloue se poursuit après la mort de Shaka. Les Zoulou vont combattre les
Boers avant de subir l’invasion anglaise en 1879.

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Leçon 24

1. Les Treize colonies anglaises

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123

2. La "Boston tea party"

Tout fut organisé très régulièrement et mon thé, mais on vint rapidement me
très rapidement... Jeudi matin, à dix dire qu'il se passait quelque chose ; ne
heures, dans le temple Old South, notre voulant rien croire avant de l'avoir vu de
ville et toutes celles des environs avaient mes propres yeux, je sortis pour
organisé une assemblée générale et tous satisfaire ma curiosité. On me dit que
avaient voté unanimement que les deux cents personnes environ s'étaient
cargaisons de thé devraient quitter le rassemblées sur Fort Hill et descendaient
port dans l'après midi ; ils envoyèrent deux par deux au port Griffin où le Hall,
une délégation et M. Rotch, propriétaire le Bruce et le Coffin sont à quai, avec
d'un des bateaux, à la maison des cent quatorze caisses de ce malheureux
douanes pour demander un permis de produit à bord ; les deux premiers
sortie. Le contrôleur leur répondit qu'il n'avaient que ce produit, mais le dernier,
n'avait pas le pouvoir de le leur accorder, arrivé la veille, était chargé de beaucoup
avant que les droits aient été au d'autres choses qu'ils prirent grand soin
préalable payés. Ils envoyèrent alors M. de ne pas endommager ; avant neuf
Rotch à Milton pour demander un laissez heures du soir, toutes les caisses étaient
passer du gouverneur qui leur répondit mises en pièces et jetées par dessus
que « selon les règles du gouvernement bord.
et son devoir envers le roi, il ne pouvait On dit que ceux qui l'ont fait sont des
pas accorder un laissez passer avant Indiens de la baie de Narragansett. Vrai
qu'ils aient produit un permis de sortie ou faux, ils apparaissaient comme tels à
venant du bureau des douanes ». celui qui les regardait. Ils étaient vêtus
M. Rotch revint donc avec ce message... de couvertures, avec la tête entourée
et le lut ; il y eut alors de tels cris que, d'une écharpe et leur teint était cuivré ;
bien que je fusse alors chez moi en train chacun tenait à la main une petite hache
de boire mon thé, je décidai de sortir et un pistolet... et personne ne
pour voir ce qu'il se passait. Il y avait comprenait ce qu'ils disaient. Personne
alors tant de gens dans le temple que je ne fut molesté, à l'exception d'un certain
ne pus pas aller plus loin que le porche capitaine Connor, un loueur de chevaux
où le président était en train de dire que d'ici, arrivé depuis quelques années de
l'assemblée était dissoute ; de grands notre chère Irlande, qui avait décousu la
cris s'élevèrent alors à l'intérieur et à doublure de son manteau et celle de sa
l'extérieur, et trois hourras... Je rentrai veste et avait profité de l'occasion pour
chez moi sans rien dire pour terminer les remplir de thé ; mais ils s'en

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


124

aperçurent et le traitèrent assez pas du tout envie de créer davantage de


durement. Ils lui ôtèrent ses vêtements, désordre qu'ils ne l'ont pas enduit de
le recouvrirent de boue, et par dessus le goudron et de plumes."
marché le blessèrent grièvement. Et
c'est uniquement parce qu'ils n'avaient Extraits de John Anderson : Lettres

3. La déclaration d’indépendance des Etats-Unis

Nous tenons pour évidentes, par elles- nous imposer des taxes sans notre
mêmes, les vérités suivantes : tous les consentement ; nous transporter au-delà
hommes sont créés égaux ; ils sont des mers pour être jugés à raison de
doués par leur Créateur de certains prétendus délits. (...)
droits inaliénables ; parmi ces droits se
trouvent la vie, la liberté et la recherche En conséquence, Nous, les représentants
du bonheur. Les gouvernements sont des Etats-Unis d'Amérique assemblés en
établis par les hommes pour garantir ces Congrès général, prenant à témoin le
droits, et leur juste pouvoir émane du Juge suprême de l'univers de la droiture
consentement des gouvernés. Toutes les de nos intentions, publions et déclarons
fois qu'une forme de gouvernement solennellement, au nom et par l'autorité
devient destructive de ce but, le peuple a du bon peuple de ces colonies, que ces
le droit de la changer où de l'abolir et colonies unies sont et ont droit d'être des
d'établir un nouveau gouvernement. (...) Etats libres et indépendants ; qu'elles
sont dégagées de toute obéissance
L'histoire du roi actuel de la Grande- envers la Couronne de la Grande-
Bretagne est l'histoire d'une série Bretagne ; que tout lien politique entre
d'injustices et d'usurpations répétées elles et l'Etat de la Grande-Bretagne est
qui, toutes, avaient pour but direct et doit être entièrement dissous (...).
l'établissement d'une tyrannie absolue
sur ces Etats.

Il a entretenu, parmi nous, en temps de


paix, des armées permanentes sans le
consentement de nos législatures.

Il s'est coalisé avec d'autres pour


détruire notre commerce avec toutes les
parties du monde ;

4. Independance
Hall de Philadelphie où a
été signée la déclaration
d’indépendance,
puis la constitution des
Etats-Unis.

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125

5. Le Congrès continental de Philadelphie (1775)

6. George Washington

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126

7. La reddition anglaise à Yorktown

8. L’organigramme des Etats-Unis

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127

I. LES TREIZE COLONIES AMERICAINES VERS 1775

Les Anglais dominent le long la côte atlantique de l’Amérique du Nord 13 colonies qui se
sont formées entre le début du XVIIème siècle et le début du XVIIIème siècle. Elles ont
une population totale de 2,1 millions d’habitants en 1770. La population se concentre sur
le littoral où se trouvent les principales villes, notamment Philadelphie, la plus peuplée,
Boston, New York. La population coloniale est très diversifiée : on y retrouve des
britanniques en majorité, mais aussi des Allemands, des Hollandais, des Suisses, des
Irlandais, des Scandinaves, des Français. Parmi eux on retrouve des privilégiés (les
gouverneurs, les planteurs, les grands négociants et armateurs), une classe moyenne
(artisans, représentants du roi, fermiers, petits commerçants). La catégorie inférieure
regroupe les marins, les tenanciers, les domestiques.

Tandis le groupe des privilégiés souhaite le maintien de l’ordre social, les autres colons
supportent mal la pression fiscale des Anglais et l’inégalité foncière. L’effectif des Noirs
est assez important : 575 000 en 1780. Ils ont esclaves dans les colonies du Sud. Les
Amérindiens sont au nombre de 200 000 environ, dans cet espace.

Les 13 colonies forment trois groupes :

 La Nouvelle Angleterre au nord : elle comprend 4 Etats (Massachusetts, New


Hampshire, Rhode Island, Connecticut). Elle est peuplée de petits propriétaires
puritains. L’enseignement y est fortement développé. Ses principales activités
économiques sont la pêche, le commerce maritime et les constructions navales.
 Le Centre : elle regroupe les Etats de Pennsylvanie, de New York, du New Jersey,
et du Delaware. C’est une région de production de blé et de maïs. Philadelphie est
la principale ville.
 Le Sud est formé par le Maryland, la Virginie, les 2 Carolines (Nord etSud), la
Georgie. Il est spécialisé dans les plantations de tabac, d’indigo de riz. La main-
d’œuvre est fournie par les esclaves noirs.

II. LA GUERRE D’INDEPENDANCE

1. Les origines du conflit

Après leur victoire sur les Français en 1763, les Anglais deviennent maîtres du Canada.
Ils dominent l’est du Mississipi et comptent exploiter seuls, cet espace, l’interdisant aux
colons américains. De plus, ils cherchent à appliquer de manière stricte le système
mercantiliste en renforçant le monopole commercial, dans le souci de protéger leur
industrie et leur artisanat. De ce fait les colonies ne doivent acheter que des produits
anglais. Cette politique commerciale est dénoncée par les colons.

A l’issue de la guerre de Sept ans (1756-1763), l’Angleterre, faisant face à une crise
économique, décide de faire supporter aux Treize colonies les frais de guerre. Elle prend
des mesures qui vont irriter les colons :

 Une Proclamation royale de 1763 interdit aux colons américains de s’installer à


l’ouest des Appalaches, provoquant le mécontentement de ces derniers qui
doivent revenir dans les treize colonies
 En 1764, un impôt frappe l’importation de sucre et de mélasse

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


128

 En 1765, un timbre fiscal est rendu obligatoire pour tout document officiel,
journal, diplôme etc.
 La loi sur le thé de 1773 qui doit permettre à la Compagnie anglaise des Indes
orientales de vendre son thé en Amérique sans payer de taxe

Ces taxes sont au seul profit du Trésor anglais. Les colons américains les considèrent
comme illégales. La loi sur le thé de 1773 est très mal reçue. C’est pourquoi, le 16
décembre 1773, des jeunes colons déguisés en Indiens jettent à la mer la cargaison de
navires anglais dans le port de Boston : c'est la Boston Tea Party. L'Angleterre riposte en
fermant le port de Boston en mars 1774, et en imposant une lourde.

2. La guerre d’indépendance

La guerre entre les colons américains et les Anglais commence en avril 1775, par
l’attaque d’une colonne anglaise à Lexington. Les combats s'étendent bientôt à la région
de Boston. La milice américaine (les Insurgents) est commandée par George Washington.
L’idée d’indépendance fait son chemin. Réunis en Congrès à Philadelphie, les colons
adoptent le 4 juillet 1776, la Déclaration d’indépendance, qui consacre la rupture
définitive avec l’Angleterre.

Les Anglais alignent moins de 40 000 hommes, tandis que les Insurgents ne parviennent
pas à dépasser 20 000 combattants. Ils reçoivent cependant des renforts de l’étranger :
notamment de la France avec le marquis de La Fayette.

En 1777, les Insurgents obtiennent une victoire décisive à Saratoga. Ils font capituler les
Anglais à Yorktown en 1781.

La paix est signée à Versailles en 1783. les Anglais reconnaissent l’indépendance des
Etats-Unis et leurs cèdent les territoires qu’ils contrôlent à l’est du Mississipi. Le nouvel
Etat se donne une constitution en 1787. Elle entre en vigueur en 1789 avec l’élection de
George Washington comme premier président.

La bataille de Lexington (1775)

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129

Commentaire

J'ai la conviction profonde que la durée de la guerre, la plupart des revers que nous
avons essuyés ainsi que les doutes que nous avons éprouvés, sont dus pour une large
part à notre système d'engagements temporaires (...). Une armée d'un effectif moyen
mais bien groupée, recrutée sur la base d'un engagement permanent et capable
d'assimiler la discipline qu'exigent les opérations militaires, nous eût permis de marquer
des points sur l'ennemi : et ce de façon infiniment plus décisive que ne l'ont permis les
hordes de la milice qui, à certains moment cruciaux, n'étaient pas sur le champ de
bataille mais s'y rendaient ou en revenaient. Toutes les milices sont caractérisées par la
même absence de continuité dans l'action et on ne peut exercer sur elles aucune
contrainte. C'est pourquoi dans la pratique, il a été impossible de retenir les hommes
sous les armes même pendant la durée légale de leur engagement; d'une manière
générale les engagements ont été si brefs que, la plupart du temps, il nous a fallu payer
et nourrir deux équipes, celles des hommes qui rejoignaient leurs corps et celle des
hommes qui le quittaient.

Circulaire de George Washington, 18 octobre 1780 (citée dans Daniel Boorstin, Histoire
des Américains , tome I, éd. A. Colin, Paris, 1982)

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130

Leçon 25

1. Chronologie de la révolution française

2. Qu'est-ce que le Tiers état ?

"Le plan de cet écrit est assez simple. en effet, quelque chose. Ainsi nous
Nous avons trois questions à nous faire : dirons :
4°. Ce que les ministres ont tenté, et
1°. Qu’est-ce que le tiers état ? Tout. ce que les privilégiés eux-mêmes
2°. Qu’a-t-il été jusqu' à présent dans proposent en sa faveur.
l’ordre politique ? Rien. 5°. Ce qu’on aurait dû faire.
3°. Que demande-t-il ? À y devenir 6°. Enfin, ce qui reste à faire au tiers
quelque chose. pour prendre la place qui lui est
On verra si les réponses sont justes. due.
Nous examinerons ensuite les moyens Qui donc oserait dire que le tiers état
que l’on a essayés, et ceux que l’on doit n'a pas en lui tout ce qu'il faut pour
prendre, afin que le tiers état devienne, former une nation complète ? Il est

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


131

l'homme fort et robuste dont un bras est d'avoir montré que les privilégiés, loin
encore enchaîné. Si l'on ôtait l'ordre d'être utiles à la nation, ne peuvent que
privilégié, la nation ne serait pas quelque l'affaiblir et lui nuire, il faut prouver
chose de moins, mais quelque chose de encore que l'ordre noble n'entre point
plus. Ainsi, qu'est-ce que le tiers ? Tout, dans l'organisation sociale ; qu'il peut
mais un tout entravé et opprimé. Que bien être une charge pour la nation, mais
serait-il sans l'ordre privilégié ? Tout, qu'il n'en saurait faire une partie.
mais un tout libre et florissant. Rien ne
peut aller sans lui, tout irait infiniment Emmanuel Sieyès, Qu'est-ce que le Tiers
mieux sans les autres. Il ne suffit pas état ?

3. L’ouverture des Etats-Généraux à Versailles

4. Récit sur la prise de la Bastille (14 juillet 1789)

"Vers trois heures de l'après-midi, une cette porte comme ils avaient fait la
troupe de bourgeois armés, mêlés de première. On leur demandait ce qu'ils
quelques gardes françaises, nous vinrent voulaient, et ce fut un cri général qu'on
attaquer. baissât les ponts ; on leur répondit que
cela ne se pouvait pas et qu'ils devaient
Ils entrèrent sans difficultés dans la se retirer, sinon qu'on les chargerait ; ils
première cour, un invalide seul ayant été redoublèrent de crier : Bas les portes !
laissé pour garde de la porte, lequel le Bas les portes !
gouverneur ne voulut pas même qu'il fût
armé ; ils montèrent sur le pont qui Alors on ordonna à une trentaine
fermait la cour du gouvernement et qui d'invalides, qui étaient postés dans les
était levé ; ils coupèrent les balanciers créneaux, aux deux côtés de la porte, de
auxquels sont attachées les chaînes, et faire feu, le gouverneur étant monté
le pont tomba (...). Après avoir abattu le avec trente hommes sur les tours.
pont, ils percèrent facilement les portes
à coups de hache et la foule vint dans la Les assiégeants tirèrent de leur côté
cour du gouvernement, et sur le pont de contre les créneaux et sur ceux qui
pierre qui conduit le long des cuisines au étaient sur les plate- formes (...).
corps de la place, et ils se disposaient à
vouloir agir de la même manière avec

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


132

Moi, avec mon détachement et une approcher les portes, je lui remis le
dizaine d'invalides, nous étions postés billet, mais il fut sans effet; les cris de :
dans la cour de la Bastille même en face Point de capitulation ! et : Bas les ponts
de la porte où j'avais derrière trois ! furent toute la réponse ; je retournai
pièces de canon (...) qui devaient être vers le gouverneur et lui rapportai ce qui
servis par douze de mes soldats, pour en était, et revins de suite vers ma
défendre l'entrée de la place en cas que troupe que j'avais fait ranger à gauche,
les portes fussent forcées. (...) vers la porte, attendant le moment où le
gouverneur exécuterait sa menace ; je
Le gouverneur demanda à capituler ; on fus très surpris quand (...) je vis quatre
ne voulut point y souscrire ; les cris invalides approcher les portes, les ouvrir
redoublèrent de : Bas les ponts ! Telle et baisser les ponts.
fut la réponse (...). Je cherchais après
cela le gouverneur afin de savoir quelles La foule entra tout à coup, on nous
étaient ses intentions ; je le trouvai dans désarma dans l'instant, et une garde fut
la salle du Conseil occupé à écrire un donnée à chacun de nous ; on entra
billet, par lequel il marquait aux dans tous les appartements, en
assiégeants qu'il avait vingt milliers de saccageant tout. On s'empara des armes
poudre dans la place, et que si on ne qui y étaient, on jeta les papiers
voulait point accepter de capitulation, d'archives par les fenêtres et tout fut au
qu'il ferait sauter le fort, la garnison et pillage.
les environs. Il me remit ce billet avec
ordre de le faire passer (...). Il n'y a pas de mauvais traitement que
nous n'ayons essuyés dans ce moment,
Je fis passer le billet à travers les trous et nous étions menacés d'être massacrés
que j'avais fait percer précédemment de toutes les manières possibles. "
dans le pont-levis. Un officier ou du
moins un quelqu'un qui portait l'uniforme Louis de Flüe, chef des mercenaires
d'officier du régiment de la Reine s'était suisses
fait apporter une planche pour pouvoir

5. La prise de la Bastille

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


133

6. Serment du Jeu de Paume

7. La nuit du 4 août

« Versailles, 7 août 1789. sacrifice, pour les six derniers mois de


Monsieur, la séance du mardi au soir, 4 1789.
août, est la séance la plus mémorable Les circonstances malheureuses où se
qui se soit tenue jamais chez aucune trouve la Noblesse, l'insurrection
nation. Elle caractérise le noble générale élevée de toutes parts contre
enthousiasme du Français. Elle montre à elle, les provinces de Franche-Comté, du
l'univers entier quelle est la générosité et Dauphiné, de Bourgogne, d'Alsace, de
les sacrifices dont il est capable, lorsque Normandie, de Limousin, agitées des
l'honneur, l'amour du bien, l'héroïsme du plus violentes convulsions, et en partie
patriotisme, le commandent. ravagées ; plus de cent cinquante
M. le Vicomte de Noailles fit une motion, châteaux incendiés ; les titres
et demanda que les droits de banalité, seigneuriaux recherchés avec une espèce
rentes nobles foncières, droits de de fureur, et brûlés ; l'impossibilité de
minage, exclusifs de chasse, de fuie, s'opposer au torrent de la Révolution, les
colombier, cens, redevances, dîmes, malheurs qu'entraînerait une résistance
rachats, tous droits qui pèsent sur le même inutile ; la ruine du plus beau
peuple, et sont la source des royaume de l'Europe, en proie à
déprédations des justices subalternes, l'anarchie, à la dévastation ; et, plus que
des vexations des officiers, puissent être tout cela, cet amour de la patrie inné
rachetés à un taux fixé par l'Assemblée dans le coeur du Français, amour qui est
nationale. Le comte Mathieu de un devoir impérieux pour la Noblesse,
Montmorency appuya fortement cette obligée par état et par honneur, de
motion. Plusieurs membres de la Haute dévouer ses biens, sa vie même pour le
Noblesse se joignirent à lui. Les ducs Roi et pour la Nation, tout nous
d'Aiguillon, du Châtelet, proposèrent prescrivait la conduite que nous devions
que, dès le moment, la Noblesse et le tenir ; il n'y eut qu'un mouvement
Clergé prononçassent le sacrifice de général. Le Clergé, la Noblesse se
leurs privilèges pécuniaires. Le président levèrent et adoptèrent toutes les motions
de Saint-Fargeau ajouta qu'ils proposées. Les témoignages les plus
consentissent à faire rétrograder le flatteurs de reconnaissance furent

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


134

prodigués. Mais c'était le moment de Généraux), Correspondance inédite,


l'ivresse patriotique. 1789, 1790, 1795, publiée et annotée
par H. Carré, Paris, A. Colin, 1932
Marquis de FERRIERES (député de la
noblesse de Saumur aux Etats

8. La déclaration des droits de l’Homme et du citoyen (26 août 1789)

L'Assemblée Nationale reconnaît et peut exercer d'autorité qui n'en émane


déclare, en présence et sous les auspices expressément.
de l'Etre suprême, les droits suivants de
l'Homme et du Citoyen. Art. 10. - Nul ne doit être inquiété pour
ses opinions, même religieuses, pourvu
Art. 1er. - Les hommes naissent et que leur manifestation ne trouble pas
demeurent libres et égaux en droits. Les l'ordre public établi par la Loi.
distinctions sociales ne peuvent être
fondées que sur l'utilité commune. Art. 11. - La libre communication des
pensées et des opinions est un des droits
Art. 2. – Le but de toute association les plus précieux de l'Homme : tout
politique est la conservation des droits Citoyen peut donc parler, écrire,
naturels et imprescriptibles de l'Homme. imprimer librement, sauf à répondre de
Ces droits sont la liberté, la propriété, la l'abus de cette liberté dans les cas
sûreté, et la résistance à l'oppression. déterminés par la Loi.

Art. 3. – Le principe de toute Art. 15. – La Société a le droit de


Souveraineté réside essentiellement demander compte à tout Agent public de
dans la Nation. Nul corps, nul individu ne son administration.

9. L’exécution de Louis XVI

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


135

I. LA FRANCE AU XVIIIème SIECLE

La société française est divisée en trois ordres :

 deux ordres privilégiés : le clergé et la noblesse


 un ordre privilégié : la tiers état, regroupant les bourgeois et les paysans.

L’impôt est inégalement réparti entre ces ordres, les non privilégiés supportant les plus
lourdes charges. La bourgeoisie marchande ou financière dans les villes, est riche et
aspire à occuper de hautes fonctions.

La vie politique est dominée par la monarchie absolue de droit divin.

Les bases de ce système sont contestées au XVIIIème siècle. La philosophie des Lumières
influence la pensée politique. Elle soutient que le pouvoir suprême émane de la Nation.
Elle s’est diffusée dans la noblesse et la bourgeoisie.

Les rois, Louis XIV, puis Louis XVI manque d’autorité pour imposer des réformes,
notamment dans le domaine fiscal, devant la résistance des privilégiés. Mais une
assemblée des trois ordres menace de ne plus payer d’impôt tant que les Etats-généraux
n’auraient pas été tenus. Louis XVI cède à leur demande et convoque les Etats-Généraux
pour le 1er mai 1789.

II. LE DEBUT DU PROCESSUS REVOLUTIONNAIRE

Les 3 ordres ont du mal à s’entendre sur les modalités des Etats-généraux.
Traditionnellement, les 3 ordres se réunissent séparément. Le vote de chaque ordre
comptant que pour une voix, le tiers-état se trouve souvent en minorité. C’est pourquoi,
il demande le doublement de ses représentants et le principe du vote par tête. La
première requête est acceptée par le roi qui en même temps évite de se prononcer sur le
vote par tête. A l’ouverture des Etats-généraux, aucune réforme n’est annoncée ; le
tiers-état s’engage dans la résistance en refusant d’abord les réunions par ordres séparés
Le Tiers-État s'engage alors dans un processus de résistance en refusant de se réunir
séparément des deux autres ordres. Le 17 juin, il se proclame assemblée nationale et fait
le serment de ne pas se séparer avant d’avoir donné à la France une constitution. Dix
jours plus tard, le roi ordonne la tenue d’une assemblée unique. Le 9 juillet, le tiers état
se proclame assemblée constituante.

Louis XVI fait venir à paris ses troupes. Le peuple craint que ces dernières ne lui coupent
les routes du ravitaillement alors que sévit une pénurie alimentaire suite aux mauvaises
récoltes de 1788. Des émeutes éclatent ; le roi renvoie ses ministres les plus libéraux :
notamment Necker le contrôleur des finances. Cela généralise l’émeute à paris. Une
milice bourgeoise se forme.

Le 14 juillet 1789 les émeutiers parisiens prennent les armes et s’attaquent à la Bastille
symbole à leurs yeux de l’arbitraire royal. Sylvain Bailly président de l’assemblée
nationale est nommé par maire de paris, et La Fayette commandant de la garde
Nationale.

Dans les campagnes des rumeurs installent la confusion et la peur : c’est ce qu’on
appellera la Grande Peur. Les paysans s’attaquent aux châteaux des seigneurs.

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


136

L’assemblée réagit à cette violence en abolissant les privilèges des nobles, les droits
seigneuriaux et la dîme le 4 août 1789. Cela marque la fin de l’Ancien régime.

Le 26 août, l’assemblée constituante vote la Déclaration des Droits de l’Homme et du


citoyen.

III. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE

De 1789 à 1791, l’Assemblée réorganise la vie politique, administrative, judiciaire,


financière et religieuse.

En 1791, la constitution est promulguée. L’assemblée législative vote les lois et le


budget, le roi conserve le pouvoir exécutif. Cependant le vote est réservée aux seuls
citoyens actifs, c’est-à-dire, ceux qui peuvent payer un impôt, le cens. . la France est
divisée en 83 départements. La justice devient publique gratuite et indépendante

Malgré ces reformes, les problèmes demeurent, en particulier, la crise financière. A cet
effet, l’Assemblée confisque les biens du clergé. Ce dernier est régit par une loi, la
constitution civile du clergé.

IV. LA CHUTE DE LA MONARCHIE

Le roi tente d’entraver la marche de l’Assemblée. Il essaie de fuir pour rejoindre son
armée au nord-est, en Lorraine, sans succès.

Malgré l’idée de la république qui s’installe, l’assemblée refuse de destituer le roi. Elle
fera même tirer sur la foule venue réclamer son départ, perdant ainsi la confiance du
peuple.

En 1792, le roi avec le soutien de l’assemblée déclare la guerre à l’Autriche. Ceci dans le
but de retrouver son pouvoir grâce à une défaite de l’armée révolutionnaire. La défaite
qui survient effectivement est considéré comme une trahison du couple royal. Le peuple
de Paris attaque alors le palais des Tuileries. Les députés votent l’arrestation de Louis
XVI et élisent une nouvelle assemblée au suffrage universel masculin : elle sera appelée
Convention. Cette dernière abolit la monarchie et proclame la république.

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


137

Dissertation
La révolution française au XVIIIème siècle et ses conséquences dans l’évolution politique
de la France

Commentaire

L'année mil sept cent quatre vingt neuf sera à jamais mémorable par les
événements et les révolutions extraordinaires qui sont arrivés. 1°. L'hiver a été
des plus rigoureux. 2°. Les grains ont été extrêmement rares et chers. 3°. Les
commerces de toile et de filature de coton sont tellement interrompus que bien
des gens du peuple ont été réduits à la misère pour ne pas trouver d'ouvrage et
ne gagnent presque rien. 4°. On a assemblé les états généraux du royaume. 5°.
La France au mois de juillet a été dans le trouble et l'épouvante par les faux
bruits répandus que des brigands attroupés mettaient tout à feu et à sang par où
ils passaient. Toutes les paroisses se sont armées pour se défendre, on a sonné
partout le tocsin. 6°. Plusieurs châteaux ont été incendiés par des gens de
campagnes attroupés. 7°. On a décrété dans l'assemblée des états généraux que
les biens ecclésiastiques étaient à la disposition de la nation. 8°. On a imposé à
la taille tous les privilégiés quelconques. 9°. On a demandé le quart du revenu de
tous les biens d'une année pour aider à payer les dettes de l'Etat."

Le prêtre de la commune de Mars, petit village de la Loire limitrophe au Rhône,


sur le registre des Baptêmes-Mariages-Sépultures du village à la fin de l'année.

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138

Leçon 26

1. Haïti

2. La vie de Toussaint Louverture

François-Dominique Toussaint esclave au gérant de l'habitation du


Louverture, né le 20 mai 1743, mort en Comte de Bréda, dans la province du
captivité le 8 avril 1803 au Fort de Joux, Nord, près du Cap-Français. C'est dans
à La Cluse-et-Mijoux (Doubs), est le plus la plantation de ce domaine que naquit
grand dirigeant de la Révolution Toussaint, prenant alors le nom de son
haïtienne, devenu par la suite propriétaire, Bréda, comme le voulait
gouverneur de Saint-Domingue (le nom l'usage. Son maître, M. Baillon de
d'Haïti à l'époque). Libertat, était relativement humain. Il
encouragea Toussaint à apprendre à lire
Son grand-père, Gaou-Guinou, serait un et à écrire et en fit son cocher et le
Africain né au Dahomey (actuel Bénin), commandeur (c’est-à-dire le
issu d'une famille royale d'Allada. contremaître) de l'habitation.
Déporté à Saint-Domingue, son père Toussaint, malgré une petite taille et une
Hippolyte Gaou fut vendu comme laideur qui lui valait le surnom de Fatras-

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


139

Bâton, gagna une réputation d'excellent mois plusieurs victoires. On le surnomma


cavalier et de docteur feuille, maîtrisant dès lors Louverture. Il devint général des
la médecine par les plantes. Il épousa armées du roi d'Espagne.
une femme libre du prénom de Suzanne
dont il eut deux fils : Isaac et Saint-Jean. Le 29 août 1793, Toussaint lança sa
Il adopta aussi un premier fils de proclamation où il se présentait comme
Suzanne, le métis Placide, et eut une le leader noir :
nombreuse descendance illégitime. Il fut
affranchi en 1776, à l'âge de 33 ans. « Frères et amis. Je suis Toussaint
Selon les archives coloniales, il loua une Louverture ; mon nom s'est peut-être
ferme de café d'une ½ quinzaine fait connaître jusqu'à vous. J'ai entrepris
d'hectares avec treize esclaves.(…) la vengeance de ma race. je veux que la
liberté et l'égalité règnent à Saint-
En août 1791, les esclaves de la plaine Domingue. Je travaille à les faire exister.
du Nord se révoltèrent suite à la Unissez-vous, frères, et combattez avec
cérémonie de Bois-Caïman. Toussaint moi pour la même cause. Déracinez avec
Bréda devint aide-de-camp de Georges moi l'arbre de l'esclavage. »
Biassou, commandant des esclaves qui,
réfugiés dans la partie orientale de l'île, Votre très humble et très obéissant
s'allièrent en 1793 aux Espagnols qui serviteur, Toussaint Louverture, Général
l'occupaient pour renverser les français des armées du roi, pour le bien public.
esclavagistes. Toussaint fut initié à l'art
de la guerre par les militaires espagnols. Source : Wikipédia
À la tête d'une troupe de plus de trois
mille hommes, il remporta en quelques

3. Toussaint Louverture

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


140

4. La première abolition de l'esclavage. Décret du 16 pluviôse an II (4


février 1794).

"La Convention nationale déclare aboli domiciliés dans les colonies, sont
l'esclavage dans toutes les colonies ; en citoyens français, et jouiront de tous les
conséquence, elle décrète que tous les droits assurés par la Constitution.
hommes, sans distinction de couleur,

5. Rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises. Décret du 20


mai 1802

"Article 1. - Dans les colonies restituées Art. 3. - La traite des Noirs et leur
à la France, en exécution du traité importation dans lesdites colonies auront
d'Amiens du 6 germinal an X, l'esclavage lieu conformément aux lois et aux
sera maintenu, conformément aux lois et règlements existant avant ladite époque
règlements antérieurs à 1789. (...) de 1789."

6. Jean-Jacques Dessalines

Il se proclame gouverneur d’Haïti, puis empereur sous le nom de Jacques 1 er. Il est
assassiné en 1806, après deux ans de dictature.

Joseph KAMA Louis Marie SENE Cours Sacré-Cœur DAKAR


141

I. LA COLONISATION FRANÇAISE

Au XVème siècle, les Espagnols découvrent l’île qu’ils nommeront Hispaniola. Ils
soumettent les autochtones, les Arawaks, au travail forcé pour extraire l’or, provoquant
par la même occasion une forte mortalité. Dès le début du XVIème siècle, ils font venir des
Noirs pour pendre la place des Indiens. Lorsque les ressources en or se réduisent, les
espagnols concentrent leur effort sur la partie orientale de l’île abandonnant l’ouest, où
les Français commencent alors à s’implanter. Ils en deviennent maîtres à la fin du XVII ème
siècle, formant ainsi la colonie de Saint Domingue. Dans le même temps la traite
négrière s’amplifie. A la fin du XVIIIème siècle, la colonie de saint Domingue est la plus
riche des Antilles.

II. LA REVOLTE DES NOIRS


La révolution française entraîne de profonds bouleversements. Alors que les colons
blancs réclament l’autonomie, les gens de couleur réclament l’égalité avec les Blancs.

C’est en 1791 que débute la révolte des Noirs. Conduits par des chefs dont le plus
important est Toussaint Louverture, ils passent de la révolte à la guerre de libération,
bénéficiant de l’aide des espagnols alors en guerre contre la France. A partir de 1793, les
autorités issues de la révolution françaises proclament la liberté des esclaves, confirmée
en 1794 par la Convention qui abolit l’esclavage dans toutes les colonies françaises.

Rallié à la République, Toussaint Louverture est nommé général de division et vice-


gouverneur de l’île. Il négocie alors avec les Britanniques la libération des ports sous leur
contrôle. En 1800, il prend la tête d’une guerre civile à la suite de laquelle il impose la
suprématie des Noirs sur les mulâtres. L’année suivante il établit son autorité sur
l’ensemble de l’île en envahissant l’est occupé par les Espagnols. Il se fait alors nommer
gouverneur à vie.

Sous prétexte de rétablir l’ordre, Napoléon Bonaparte organise l’expédition de saint


Domingue en 1802. Son but réel est de rétablir l’esclavage. Malgré une vive résistance,
les Noirs reculent devant les assauts français. Les généraux de Toussaint, notamment
Christophe et Dessalines, après 3 semaines de combat inégal se rendent aux français ;
Toussaint capitule en mai 1802. Il sera arrêté et déporté en France où il meurt en 1803.
Les Français installent dans l’île la terreur.

III. LA GUERRE D’INDEPENDANCE

Le rétablissement de l’esclavage à la Guadeloupe conduit Alexandre Pétion à lancer


l’insurrection en octobre 1802 ; il est rejoint par d’autres chefs noirs. Réunis en congrès à
Arcahaye en 1803, ils créent leur drapeau. Ils obtiennent la capitulation des Français qui
évacuent l’île. Dessalines fait alors massacrer la population blanche et redonne à Saint
Domingue son nom arawak : Ayiti ou Haïti. Il proclame la république d’Haïti le 1er janvier
1804. C’est la première république noire qui voit le jour. Cependant, Dessalines, après
s’être proclamé empereur, impose une dure dictature, provoquant des troubles qui se
poursuivent pendant plusieurs années.

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