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Porte d'Ishtar

une des po es de la cité de Babylone

Po e d'Ishtar
Ištar-sakipat-
tebiša

La po e d'Ishtar au
musée de Pergame
(Berlin)
Présentation
DestinationPo e de vill
initiale
Construction
Inconnue,
restaurée ve
580 av. J.-C
Commanditaire
Nabuchodo
II
Localisation
Pays Empire
néo-
babylonien
CommuneBabylone
Coordonnées32° 32′ 37″
44° 25′ 21″ E
Localisation sur la
ca e d’Irak

La po e d'Ishtar est une des huit po es de la cité intérieure


de la ville de Babylone, dans la Mésopotamie antique. Située
au nord-est de la ville, elle est traversée par la voie
processionnelle qui est l'a ère principale de la ville et la plus
impo ante sur le plan cérémoniel. Sa date de création est
inconnue, elle est connue par son état nal, dû à une
restauration vers 580 av. J.-C. (empire néo-babylonien) sur
ordre du roi Nabuchodonosor II. Cette po e est dédiée à la
déesse éponyme Ishtar. Elle a été dégagée lors des fouilles de
la ville du début du XXe siècle, à la suite desquelles elle a été
pa iellement reconstruite au Pergamon Museum de Berlin.
Localisation et phases de construction
Plan de la ville intérieure de Babylone au VIe siècle av. J.-C. : la po e d'Ishtar est localisée sur le mur nord. «  Livius » (http://www.livius.org)  [archive]

La po e d’Ishtar est l’aboutissement de la voie processionnelle


au nord de la ville intérieure de Babylone. Son nom cérémoniel
est Ištar-sakipat-tebiša, ce qui peut être traduit par « Ishtar est
victorieuse de ses ennemis » ou « Ishtar renverse ses
assaillants ».
Elle est attestée pour la première fois dans la tablette V du
texte topographique TINTIR = Babilu, daté du XIIe siècle av. J.-C.,
qui comprend une description de la géographie sacrée de
Babylone, et donne les noms cérémoniels de ses principaux
édi ces. La Po e d'Ishtar n'est pas attestée dans les textes de
la première dynastie de Babylone (v. 1900-1600 av. J.-C.). À
cette époque la ville pourrait couvrir un espace plus réduit que
par la suite, auquel cas ses murailles ne s'étendraient pas
jusqu'à l'emplacement de la po e, mais ce point est débattu.
On ne sait pas exactement quand le tracé dé nitif de la ville
intérieure de Babylone est établi : il serait au moins en place
sous la dynastie kassite (v. 1500-1155 av. J.-C.), puisque le mur
intérieur de Babylone (Imgur-Enlil) semble attesté à la n de
cette période ; ou alors juste après sous la seconde dynastie
d'Isin, en tout cas avant la rédaction de TINTIR qui est écrit au
plus tard vers 1100 av. J.-C. si on suit la proposition d'A.
George. Le plan de la ville de Babylone qui resso de ce texte
ne semble pas altéré durant les siècles suivants et est repris
lors des reconstructions de l'époque de domination assyrienne
(747-626 av. J.-C.) puis celles de l'empire néo-babylonien (626-
539 av. J.-C.)[1].
Quoi qu'il en soit les états de la po e d'Ishtar antérieurs à la n
du VIIe siècle av. J.-C. ne sont pas connus par l'archéologie. La
po e est reconstruite sous le règne de Nabuchodonosor II
(604-562 av. J.-C.), en même temps que d'impo ants travaux
d'aménagement modi ent le secteur de la ville où elle se
trouve, qui comprend deux palais royaux. Ces aménagements
s'accompagnant d'une surélévation de ces constructions dont
les fondations anciennes semblent avoir été à cette époque
très érodées par la nappe phréatique[2]. Plusieurs
reconstructions ont lieu sous Nabuchodonosor. Dans un
premier temps la po e est reconstruite avec une façade en
briques crues non émaillées comprenant des taureaux et
dragons. Mais les réaménagements du palais voisin entraînent
une modi cation du tracé des fo i cations, qui sont avancées
vers l’extérieur et surélevées, ce qui oblige par suite à relever
également la voie processionnelle, et donc la po e d'Ishtar.
Cette surélévation se fait en prenant appui sur la po e de la
phase précédente. C'est à ce moment que l'édi ce reçoit son
parement en briques à glaçure, qui n'est jamais achevé. On en
pro te également pour dégager une esplanade d'une trentaine
de mètres de long à l'entrée de la ville[3]. De nouveaux
aménagements du secteur palatial conduisant à une nouvelle
élévation de la voie processionnelle, la po e d'Ishtar doit être
aménagée une troisième fois, sous le même modèle que
précédemment. C'est son état nal[4].
« Quant à « Ishtar renverse ses assaillants ! », les
entrées des deux portes, celle d'Imgur-Enlil et celle
de Nimit-Enlil, étaient devenues trop basses à cause
du remblaiement de la Rue de Babylone (la Voie
processionnelle). Je démolis ces portes et je posai à
nouveau leurs fondations, en bitume et en briques
cuites, jusqu'au niveau de la nappe d'eau. »
— Extrait d'une inscription de Nabuchodonosor II,
commémorant la reconstruction de la Po e
d'Ishtar[5].
Plan
Détail du secteur de la po e d'Ishtar, d'après un plan des fouilles de Babylone du début du XXe siècle.

Comme l'indique le texte précédent la po e est construite


selon le principe de la double po e, car Babylone est défendue
par une double enceinte contenant un mur extérieur (Nimit-
Enlil) et un mur intérieur (Imgur-Enlil), chacun d'eux disposant
d'une po e. Cette organisation se retrouve sur les trois autres
po es de la ville fouillées, elles aussi situées dans la pa ie
orientale de la ville (po es de Marduk, de Zababa et d'Urash).
L'ensemble de la po e fait une cinquantaine de mètres de long.
La première po e (intérieure) fait 28 m de large, 11 m de long
et est anquée de deux tours de pa et d’autre du passage. La
seconde po e (extérieure) est la plus grande ; elle est
encastrée dans le rempa intérieur et est anquée de deux
tours qui ont pu s'élever jusqu'à une trentaine de mètres. Entre
les deux tours se trouve un passage allongé (15 × 8 mètres).
Les entrées des po es sont étroites, environ 4,5 mètres, et
fermées par des battants en bois de cèdres couve s de
bronze[6].
Décors
Sur les murs des po es se trouvent des rangées de taureaux
et de dragons, censés assurer une protection symbolique à la
po e, invoquant le pouvoir apotropaïque de ces créatures et
peut-être aussi celui des dieux auxquels elles sont associées.
Le taureau (rīmu) est représenté la tête légèrement baissée,
comme s'il voulait charger un ennemi ; il symbolise le dieu
Adad, le dieu de l’Orage. Le dragon (mušhuššu) est une
créature hybride : une queue et un corps de serpent, les
pattes arrière en serres d’aigle ; il est représenté avec la langue
apparente, la tête et la queue relevées ; il symbolise Marduk, le
dieu tutélaire de Babylone, et également son ls Nabû. La voie
processionnelle est quant à elle ornée de représentations de
lions (nēšu), animal-attribut d'Ishtar, qui ne se retrouve pas sur
la po e à son nom. D'après des inscriptions commémoratives
de Nabuchodonosor II, on sait que des représentations sur
briques glaçurées de taureaux et dragons se trouvaient
également sur les autres po es de la ville qui n'ont pas été
fouillées, et que des statues en bronze de ces mêmes animaux
étaient disposées sur leurs rebords[7].
Sur la po e on peut également noter la présence d’une
inscription de Nabuchodonosor II signi ant les détails de la
construction, comme sur la voie processionnelle.
Po e d'Ishtar : décorations
Dragons et taureaux sur la po e d'Ishtar. Pergamon Museum.

Taureau.

Mušhuššu
Brique non glaçurée de l'avant-dernière phase de la po e,
représentant une tête de mušḫuššu.

Inscription commémorative de Nabuchodonosor II sur la po e


d'Ishtar.
Voie processionnelle (décorations)
 

Reconstitution de la Voie processionnelle sur le site de Babylone.

Décor de la Voie processionnelle reconstitué au Pergamon


Museum.

Lion.

Autre lion.
Fouilles et restauration
L'ensemble daté d'environ 2 600 ans, qui a été entièrement
reconstitué à pa ir de briques vernissées originales[8], est
conse é au musée de Pergame de Berlin. La po e d'Ishtar a
pu être reconstruite à pa ir de fragments trouvés sur place
par l'archéologue allemand Robe Koldewey qui menait des
fouilles dans la métropole mésopotamienne depuis 1899. En
1927, 800 boîtes contenant des centaines de milliers de
fragments de briques furent envoyés vers la capitale de la
République de Weimar. Le successeur de Koldewey,
l'archéologue allemand Walter Andrae, a fait reconstruire une
pa ie de la po e à pa ir des fragments collectés,
correspondant à la po e intérieure.
La Po e d'Ishtar restaurée au Pergamon Museum

La po e d'Ishtar reconstituée au Pergamon Museum.


Fouilles : photographies et plans
 

Vue générale des ruines depuis le nord.

Ruines de tours orientales de la po e.

Dessin représentant une pa ie de la po e : les briques glaçurées


surmontent les pa ies anciennes non glaçurées, qui sont
enterrées et réemployées comme fondations.
 

Photographie de la section précédente.

Proposition d'élévation des tours par Koldewey, à pa ir des ruines


restantes.
Le musée archéologique d'Istanbul dispose également de
fragments de bas-reliefs de la po e d'Ishtar.
Fragments de la po e d'Ishtar et de la Voie processionnelle
exposés au musée archéologique d'Istanbul
 

Bibliographie
Béatrice André-Salvini, Babylone, Paris, Presses universitaires
de France, coll. « Que sais-je ? », 2009
Béatrice André-Salvini (dir.), Babylone, Paris, Hazan - Musée
du Louvre éditions, 2008
Joachim Marzahn, La po e d'Ishtar de Babylone, la Voie
processionnelle, la fête du Nouvel an à Babylone, Berlin et
Mainz, Staatliche Museen zu Berlin et Philipp von Zabern,
1993
Helen Gries, Das Ischtar-Tor aus Babylon : Vom Fragment
(de)

zum Monument, Regensburg, Schnell & Steiner, 2022


(également disponible en version anglaise chez le même
éditeur)
Notes et références
. Sur ces questions : (en) Andrew R. George, Babylonian
Topographical Texts, Louvain, Leuven Depa ement
Oriëntalistiek, coll. « Orientalia Lovaniensia Analecta »,
1992, p. 13-29.
. André-Salvini 2009, p. 71.
. André-Salvini 2009, p. 72.
. André-Salvini 2009, p. 74.
. Traduction reprise de Babylone 2008, p. 235.
. André-Salvini 2009, p. 70-72
. C. E. Watanabe, « The Symbolic Role of Animals in
(en)

Babylon: A Contextual Approach to the Lion, the Bull and


the Mušḫuššu », dans Iraq 77, 2015, p. 215–224
. (de) Das Ischtar-Tor von Persepolis : La po e
Karin Schlott, « 
d'Ishtar de Persépolis » (https://www.wissenschaft.de/geschi
chte-archaeologie/das-ischtar-tor-von-
persepolis/)  [archive], sur wissenschaft.de,
23 décembre 2016 (consulté le 27 juin 2020).

Annexes

A icles connexes
Babylone
Empire néo-babylonien
Ishtar
Liens internes
Babylone
Ishtar
Liens externes
Helen Gries, « The Ishtar Gate of Babylon: One Monument,
(en)

Multiple Narratives » (https://www.asor.org/anetoday/2023/0


4/ishtar-gate-babylon/)  [archive], sur Asor.org - ANE today,
avril 2023 (consulté le 27 avril 2023)

Ressource relative à la géographie :


Digital Atlas of the Roman Empire (https://imperium.ahlfeldt.se/
Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie
généraliste :
Britannica (https://www.britannica.com/topic/Ishtar-Gate)  [arch
Notices d'autorité :
LCCN (http://id.loc.gov/authorities/sh86001923)  ·
GND (http://d-nb.info/gnd/4323970-5)  ·
Israël (http://uli.nli.org.il/F/?func= nd-b&local_base=NLX10& nd_c
 · Tchéquie (http://aut.nkp.cz/ph846927)
  Po ail du Proche-Orient ancien
  Po ail de l’archéologie
  Po ail de la Mésopotamie   Po ail de l’Irak
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