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Pénélope Riboud

Le cheval sans cavalier dans l'art funéraire sogdien en Chine : à


la recherche des sources d'un thème composite
In: Arts asiatiques. Tome 58, 2003. pp. 148-161.

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Riboud Pénélope. Le cheval sans cavalier dans l'art funéraire sogdien en Chine : à la recherche des sources d'un thème
composite. In: Arts asiatiques. Tome 58, 2003. pp. 148-161.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_2003_num_58_1_1509
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Les communautés sogdiennes de la soient religieux ou sociaux. Mais bien Présence du thème
Chine médiévale font l'objet d'une attention qu'elles soient d'une grande utilité pour
constante depuis plus d'un siècle. Pourtant, saisir l'ampleur du fait sogdien en Chine, dans les reliefs funéraires
jusqu'au milieu des années 1990, le réper ces publications ont néanmoins largement sogdiens chinois
toire artistique laissé par ces colonies de contribué à transmettre l'image d'une com
langue iranienne implantées dans l'empire munauté figée, qui se mélangeait social
chinois était fort maigre. Aux murs somp ementaux Chinois et aux Turcs, mais restait Les trois groupes de panneaux funé
tueusement ornés de peintures à Pendji- conservatrice de ses traditions. B.I. Mar- raires sur lesquels apparaissent des che
kent et à Samarcande, aux ossuaires mis shak a très finement analysé ce qu'il vaux sellés sans cavalier sont, dans l'ordre
au jour en Asie centrale, ne répondaient nomme une «sinisation du langage arti chronologique: ceux dits «d'Anyang», ceux
guère en Chine qu'une peinture sur papier stique» de ces reliefs, évolution qu'il situe acquis par le musée Miho, et ceux mis au
rapportée par Paul Pelliot de sa fructueuse sur une période de cinquante ans, dans la jour dans la tombe de Yu Hong10.
expédition à Dunhuang2, ainsi que divers deuxième moitié du VIe s.8 Mais n'est-il pas
éléments d'un lit funéraire sculpté datant permis de se demander si, tout comme les
de la période des Qi du Nord3. Rien donc, sources écrites, ces reliefs funéraires ne Les reliefs «d'Anyang»
ou presque, qui évoquât la richesse et la témoignent pas eux aussi d'une réalité cul
diversité de l'art de la Sogdiane, et corres turelle plus complexe? Et par conséquent, Des chevaux sellés apparaissent sur les
pondît même aux descriptions des temples certains thèmes, qu'il est possible de ratta deux panneaux du lit funéraire d'Anyang
sogdiens dans les textes chinois4. cher à une tradition iconographique ira appartenant au Museum of Fine Arts de
Le paysage de l'art sogdien en Chine nienne, ne se prêtent-ils pas à de multiples Boston, et sur les deux portails qui enca
s'est néanmoins considérablement trans lectures? draient «l'entrée» du lit appartenant au
formé depuis une dizaine d'années, puisque La figure du cheval, qui apparaît à Museum fur Ostasiatische Kunst de Cologne.
le nombre de lits funéraires présentant un maintes reprises dans les reliefs sogdiens Les deux dalles rectangulaires, en roche
lien avec les communautés sogdiennes se de Chine, est à ce titre exemplaire. Quoi de basaltique, présentent chacune trois re
porte maintenant à cinq, à quoi il faut ajou plus banal, en effet, que la présence gistres verticaux, entourés d'un cadre com
terdeux bases de lits récemment publiées, d'images de chevaux dans la Chine du vrs., posé de perles et de motifs végétaux.
appartenant à une collection privée5. Tous héritière des traditions équines chinoise et Chaque registre est lui-même divisé en
datent de la deuxième moitié du vr s. Cha nomade9? Pourtant, elle illustre parfait deux scènes superposées. Dans le tableau
cun de ces ensembles révèle une iconogra ement la difficulté d'interprétation de cer formé par le registre de droite, on retrouve
phie foisonnante, évoquant chasses et ban tains thèmes iconographiques, lorsqu'ils sur chacune des deux dalles le même type
quets, aristocrates et divinités, musique et surgissent dans un contexte culturel mixte. de composition: la partie supérieure met
rites. Quoique récentes, ces fabuleuses dé Ainsi, dans les quelques pages qui vont en scène plusieurs personnages assis, en
couvertes ont donné lieu à des publications suivre, nous attacherons-nous à présenter train de boire autour d'une ou deux figures
abondantes, suscitant l'intérêt des histo cette complexité à travers l'analyse d'un centrales, ici sous une tonnelle de laquelle
riens de l'art, des archéologues et des histo thème iconographique précis, le thème du pendent des grappes de raisin (fig. 1), là
riens, aussi bien chez les sinologues que cheval sellé, sans cavalier, qui apparaît sous un dais.
chez les spécialistes de l'Asie centrale6. dans trois des cinq groupes de reliefs funé La partie inférieure, celle qui nous inté
Ainsi, alors que l'étude des communaut raires cités plus haut. Nous commencerons resse, est très similaire dans les deux
és sogdiennes en Chine est en train de par décrire ces représentations une à une, tableaux. On y a représenté (fig. 2) un port
devenir un objet historique bien défini7, les et proposerons, dans un deuxième temps, ail, vers lequel convergent plusieurs per
reliefs funéraires découverts en Chine en quelques pistes d'interprétation. sonnages. Au centre de la scène, devant la
constituent une parfaite illustration. La li terrasse qui mène à l'entrée, un person
t érature scientifique publiée à ce sujet s'est nagetient de sa main gauche deux rênes
d'ailleurs appliquée à identifier les aspects au bout desquelles sont attachés deux che
iraniens visibles sur ces reliefs, qu'ils vaux, sellés, sans cavalier. On n'aperçoit

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I
l,v,

Illustration non autorisée à la diffusion

Fig. 1
Scènes de banquet et de chevaux. Premier panneau latéral, lit funéraire, ca 60 x 100 cm, roche basaltique, Anyang, 2e moitié du \ies.,
Boston Museum of Fine Arts (phot. Boston Museum of Fine Arts)

Illustration non autorisée à la diffusion

Fig. 2
Chevaux sans cavalier,
détail du registre de droite.
Deuxième panneau latéral,
lit funéraire,
roche basaltique,
Anjang, 2e moitié du \i"s.,
Boston Museum of Fine Arts
(phot. Boston Museum of Fine Arts) Là».

149
semblent porter le même harnachement
que sur les reliefs décrits plus haut, à ce
détail près que l'un deux a la crinière libre.
Les reliefs acquis par le musée Miho
Comme le monument d'Anyang décrit
ci-dessus, onze panneaux rectangulaires et
deux éléments en forme de bâtiment à
triple toiture en marbre sculpté et peint,
formaient les quatre côtés de la partie
supérieure d'un lit funéraire. Dans cet
ensemble de reliefs mis en vente sur le
marché de l'art en 1992, puis acquis par le
musée Miho en 1996, des chevaux sellés
sans cavalier apparaissent à la fois sur un
Illustration non autorisée à la diffusion panneau rectangulaire et sur les deux él
éments architecturaux, les tours, qui fo
rmaient le quatrième côté.
Il existe un parallèle frappant entre les
deux ensembles d'Anyang et de Miho dans
la composition des scènes représentées sur
les deux bâtiments encadrant l'entrée. Il
s'agit, dans les deux cas, do processions
symétriques, partant des deux extrémités
du lit et se dirigeant vers le centre, con
duites par un personnage de taille supé
rieure à celle des autres, et fermées par des
chevaux. Sur les reliefs du musée Miho, la
procession comprend beaucoup moins de
figurants, et l'ensemble de la composition
est moins chargé (fig. 4). Seul un cheval,
r'^^^K^^^^^feÉ^fe sellé et sans cavalier, est représenté de
chaque côté, retenu par les rênes par un
personnage tourné vers lui, et faisant donc
Fig. 3 Rheinisches
Procession.
Anyang,
Museum
(phot. 2efurmoitié
Elément
Ostasiatische
duBildarchiv,
de\ies.,
lit Kunst,
funéraire
Kôln)Cologne.
en forme
Inv.deNo.portail,
Bc 11, roche
12 basaltique, dos au reste du groupe. Les deux chevaux
ont les crinières égalisées, et portent un
harnachement de parade complet (sous-
ventrière, double tapis de selle, selle sans
étriers, brides et pompon), quoique repré
senté avec simplicité.
pas les chevaux en entier, puisque celui au Les deux éléments symétriques qui Le cheval sellé représenté sur le
premier plan a l'arrière-train coupé par le répondent aux dalles rectangulaires et fo deuxième panneau rectangulaire en par
rebord du panneau, et que celui à l'arrière- rment le quatrième côté du lit d'Anyang, ont tant de la gauche du monument de Miho
plan ne s'avance qu'au niveau du garrot. l'aspect de deux tours flanquant un portail s'écarte des modèles iconographiques
Les deux animaux se tiennent debout, les d'entrée (fig. 3)11. Au premier plan, avan adoptés dans les panneaux d'Anyang. Il se
jambes avant droite et arrière gauche çant en direction de l'ouverture, se trouve situe sur le côté gauche du lit, en position
levées, sous un parasol tenu par un person représentée une procession conduite par centrale. La scène est divisée en deux
nageau troisième plan. Ils portent un un personnage de taille supérieure et fe registres superposés, encadrée par une
double tapis de selle bordé de médaillons rmée par deux chevaux sellés sans cavalier, frise à motifs végétaux (fig. 5a). Le sujet
de style sassanide, surmonté d'une selle marchant côte à côte. L'ensemble dégage central est un cheval sellé, sans cavalier,
avec des étriers. La sous-ventrière est une impression solennelle: tous, ou pres debout sous un parasol, au bord d'une
ornée, à la jonction des deux lanières, d'un que, baissent la tête. Certains personnages rivière où s'ébattent des poissons. Le paras
fermoir en forme de fleur. La crinière des portent ce qui pourrait être une offrande, ol,tenu par un groupe de personnages en
deux chevaux est égalisée, et leur harnais d'autres ont les mains croisées sur le torse, arrière-plan, est maintenu juste au-dessus
est complété par une bride à laquelle pend, en signe de déférence. Il est intéressant de de l'animal, soulignant ainsi l'absence de
sous la mâchoire, un gros pompon. Sur noter que tous sont armés. Les chevaux cavalier. Un homme agenouillé devant le
l'autre panneau, quasiment identique, le sont conduits par un personnage, qui, cheval lui présente, les bras tendus en l'air,
personnage qui tient les rênes des chevaux comme d'autres membres de la procession, un petit récipient. On remarquera que
est assis sur le rebord de la terrasse, et les tient une bannière. En revanche, ils ne sont l'équipement de l'animal évoque l'apparat
chevaux se tiennent debout, droits sur pas surmontés d'un parasol, comme sur les plus que la monture. En effet, si l'on aper
leurs quatre jambes. dalles rectangulaires décrites ci-dessus. Ils çoità de multiples reprises sur ces reliefs le

150 \l N Vl i'i (11


V O F

Illustration non autorisée à la diffusion

Illustration non autorisée à la diffusion

Fig. 4 duMiho,
Procession.
Chine
Musée \ord,
Elément
préfecture
2e moitié
de litdedufunéraire
Shiga,
vies.. Japon
en forme de portail, marbre sculpté et peint,

(Courtesy of the Shumei Cultural Foundation)


même type de harnachement et d'orne ticulièrement notre attention est située
ments pour des chevaux montés, le tissu sur le registre supérieur du premier pan ^sse
recouvrant la selle semble ici indiquer que neau rectangulaire, à droite de l'ouverture
cette dernière n'est pas faite pour soutenir (fig 6). On y aperçoit un cheval tenu à la
un cavalier. Par contraste, le registre supé longe par un personnage debout, qui lui
rieur nous montre justement deux caval fait face. L'apparence du cheval a reçu une
iers, à l'apparence occidentale, avançant attention toute particulière de la part de
côte à côte. l'artiste Sa robe est blanche, et l'on aperç
oitdes traces d'or sur sa crinière ainsi que
Le sarcophage de Yu Hong
Figurant parmi les plus spectaculaires
découvertes archéologiques récentes con Fig. 5
cernant les communautés sogdiennes de Panneaux latéraux de lit funéraire,
Chine, le sarcophage de Yu Hong avec ses marbre sculpté et peint,
treize reliefs sculptés et peints présente lui Chine du Nord, 2e moitié du vie s.,
aussi une grande variété de thèmes icono Musée Miho, préfecture de Shiga, Japon (Courtesy of the
graphiques12 Chacun des neuf panneaux Shumei Cultural Foundation)
rectangulaires formant les murs du sarco a. Cheval avec personnage agenouillé,
phage est divisé en deux registres superpos panneau latéral gauche
és, encadrés d'une frise à rinceaux sur les b. Char à bœufs,
quatre côtés. La scène qui retient tout par- panneau latéral droit.

!» A H\()' 151
oner or captive, who was being presented,
was kept on the left»13.
S'agit-il de ce type de chevaux, splend
idement harnachés et menés par une bride,
que l'on aperçoit sur les briques datant de
la dynastie Han (fig. 7)? On sait, grâce au
Yantie lun [Dispute sur le sel et le fer]
i'^^1 datant du premier siècle avant notre ère,
que l'avènement des Han et l'ouverture vers
l'Occident apportèrent des modifications
dans l'équipement d'apparat du cheval. On
y lit ainsi: «The rich people of the present
time cover their horse's ears using leather
straps ornamented with silver, [they have]
bridles of gold and carnelian, and embroi
deredfelt sweat-covers, and their dangling
Illustration non autorisée à la diffusion ear-ornaments of precious stone are rari
avec
Fig.longe
laCheval
6tissu
tenupar
à ties from the hu barbarians»14. Plus impor
tantpour notre analyse, est la mention,
dessus la selle, dans le même chapitre du Liji, de chevaux
marbre sculpté dans les cortèges funéraires: «A carriage
et peint, and horses presented for a funeral, entered
sarcophage the gate of the ancestral temple»15. Par
de Yu Hong
(panneau ailleurs, il est intéressant de noter dès
adjacent l'époque de rédaction du Shijing [Livre des
à l'ouverture) Odes], un lien entre le culte du cheval et la
mis au jour à chasse, thème extrêmement présent dans
Taiyuan, district les reliefs funéraires sogdiens: "The auspi
de Jinyuan,
Shanxi, 592-593. cious day was wu, we sacrificed to the hor
Institut se's ancestor and prayed. Our hunting car
d'Archéologie riages were fine, the four stallions were
du Shanxi very big. We ascended that great hill, and
(phot. P. Hiboud) pursued the herds"16.

sur sa queue, munie d'un ruban doré. L'e Quelques thèmes liés au
nsemble de son harnachement, garni de
multiples pompons, est lui aussi de couleur cheval dans diverses
dorée, tout comme les galons qui bordent le traditions iconographiques
tapis de selle. A la place de la selle est
représenté un long tissu qui pend de part et et textuelles
d'autre des flancs de l'animal, resserré à
l'extrémité par un anneau. Deux petits Le monde littéraire chinois regorge, dès
chiens s'ébattent à ses pieds. Au second l'antiquité, de références liées au cheval.
plan, derrière l'animal, se tiennent trois On distingue deux types de rituels liés au
personnages. Deux d'entre eux portent cheval dans les sources chinoises, celui
sous leur bras un objet rectangulaire de dans lequel le cheval est une victime sacrif
taille moyenne, qui fait penser à un livre ou icielle, et celui dans lequel le cheval est le
un coussin. Le troisième a les bras plies et bénéficiaire du sacrifice. Il existe une abon
les mains relevées devant lui. Au-dessus de dante littérature sur le premier cas. On
ce groupe vole un oiseau auréolé qui porte pense notamment au Liji [Traité sur les
un ruban autour du cou. Il s'agit du khwar- Rites] qui mentionne les règles de l'ét
nah, la Fortune royale exaltée dans l'art iquette lors d'offrandes de chevaux à un
sassanide. L'ensemble de la scène se situe supérieur: «The dog was held by a rope. A
dans un paysage bucolique. Dans le watch dog or a hunting dog was given to
registre inférieur, on aperçoit un cheval the officer who was the medium of commun
céleste, muni d'ailes et d'une queue de ication; and on receiving it, he asked its Fig.7
Cheval harnaché tenu par la bride.
poisson. name. An ox was held by the tether, and a Brique, époque Han,
horse by the bridle. They were both kept on provenant du site de Suide, Shaanxi
the right of him who led them; but a pris- (d'après Wang 2000, p. 137)

152 \lts \
Les sacrifices de chevaux, pratiqués à
diverses occasions, étaient très courants
dans la Chine antique. Parmi ceux-ci, les
sacrifices équins liés au culte des rivières
nous intéressent plus particulièrement.
Ainsi, on trouve mention sur des tablettes
de bambou datées de 316 av. J.-C. de sacri
fices de chevaux à une divinité nommée
Dashui («Grande eau», ou «Grande r Illustration non autorisée à la diffusion
ivière»). He Po, le Comte du fleuve, était Fig. 9
également une divinité à laquelle on sacri Cheval.
fiades chevaux jusque sous les Han, afin de Plaque en or,
calmer son courroux. On lit d'ailleurs dans trésor de l'Oxus,
le Hanshu [Histoire des Han antérieurs] Takht-i Kobad?,
qu'en 103 avant notre ère, ordre fut pro époque achéménide,
noncé de remplacer les sacrifices de che British Museum,
Londres
vaux par des figurines, y compris pour les (d'après Zejmal'
sacrifices aux rivières, et à l'exception de 1979, p. 58, fig. 99)
ceux pratiqués par l'empereur17. L'associa
tion entre le cheval et l'élément aquatique
survit tard dans l'histoire chinoise, comme
en témoigne une légende située en Chine deux bras de rivière, il y a un temple xian rons, sont à mettre en relation avec nos
du Sud, rapportée dans le Songshu [His du feu. La tradition veut que la divinité reliefs chinois. Le temple de Takht-i Sangin
toire de la Dynastie des Liu Song] rédigé à xian soit originaire de Perse, et qu'elle y était dédié au dieu de l'Oxus, divinité à
la fin du V s. de notre ère. On y apprend en soit arrivée grâce à un véhicule divin. laquelle les habitants de cette région ren
effet que «Le 6e mois de la 14e année de Comme on apercevait fréquemment des daient un culte jusqu'au Xe s., comme nous
l'ère Taiyuan de l'empereur Xiaowu des Jin prodiges à cet endroit, on y construisit un en informe al-Biruni22. Il existe peu de
[389], à Ningzhou, le lac Zhen faisait deux temple xian. A l'intérieur il n'y a pas de représentations de ce dieu fluvial. L'une
cents // de circonférence. Or, le 28e jour du représentations, et en contrebas de la d'elles figure néanmoins sur une monnaie
6e mois, deux chevaux divins, l'un noir et grande salle ont été placés des grands et kushane, au revers de laquelle on aperçoit
l'autre blanc, jaillirent soudainement du petits fourneaux. Les avant-toits des bât distinctement un personnage auréolé
lac et firent quelques pas sur la berge. Les iments sont orientés vers l'ouest, les gens tenant d'une main une lance (ou un trident)
habitants l'aperçurent très bien»18. pratiquent leur culte en se dirigeant vers et de l'autre un poisson. L'identité de ce
l'est. Il y a un cheval de cuivre, de la taille personnage aux attributs aquatiques ne
Le monde iranien possède des parallèles d'un cheval de deuxième classe. Les gens fait aucun doute, puisque l'on peut lire, à sa
frappants associant des chevaux avec de de ce pays disent qu'il est descendu du ciel, droite, l'inscription Oaxso [Oxus] (fig. 8)23.
l'eau. On peut se demander à quelle tradi en recourbant ses pattes avant dans l'air, et Par ailleurs, on trouve les traces d'un
tionse rattache le récit que fait l'auteur du qu'il s'est tenu debout face à la divinité, ses ancien culte régional dédié au cheval sur
Youyang zazu, Duan Chengshi (803-863), pattes arrières enfoncées dans le sol. l'une des nombreuses plaquettes gravées
lorsqu'il décrit une ancienne légende met Depuis les temps anciens, nombreux sont en or, faisant office d'ex voto, du trésor de
tant en scène un cheval fabuleux qui jaillit ceux qui ont creusé jusqu'à plusieurs l'Oxus - vraisemblablement découvert à
de l'Oxus. On y lit ainsi: «Le cheval de dizaines de toises de profondeur pour voir Takht-i Kobad, à quelques kilomètres de
bronze. Dans le pays de Judejian, au milieu les sabots du cheval, mais ils n'y sont Takht-i Sangin, et datant de la période
du fleuve Wuhu, sur un banc de sable entre jamais arrivés. Les contrées occidentales achéménide. La plupart de ces plaques
considèrent le cinquième mois comme le figurent des fidèles, représentés de profil,
commencement de l'année. Chaque pre tenant divers objets à la main. L'une d'elle
mier de l'an, un cheval sort du fleuve se distingue des autres, puisqu'on y voit un
Wuhu. Il est de couleur dorée. Il répond cheval, debout, représenté de profil (fig. 9).
aux hennissements du cheval de bronze, Elle est à mettre en relation avec quatre
puis soudain rentre dans l'eau [...]»19. pendentifs en forme de cheval du même
Le fleuve Wuhu, comme l'avait déjà trésor, tantôt - comme sur la plaque -
Illustration non autorisée à la diffusion compris Chavannes, est le fleuve Oxus, représentés crinière libre et sans orne
l'Amou-Daria20. En 1987, Frantz Grenet et ments, tantôt parés d'une houppe et d'un
Jean-Pierre Drège firent le rapprochement harnais. On note aussi la présence d'un
entre le temple cité dans le texte et les poisson parmi d'autres figurines animal
découvertes archéologiques faites à Takht- ièresen or24.
i Sangin, dans le Tokharestan septentrional Le dieu-cheval cité dans le texte du
Fig. 8 (dans l'actuel Tadjikistan), tout en ajoutant Youyang zazu est-il la figure d'un culte
Personnage tenant une lance? que le temple qui s'y élevait jusqu'à la régional, ou fait-il écho à de plus anciennes
et un poisson.
Revers d'une monnaie d'époque Kushan, période kushane n'est pas celui cité dans le et lointaines traditions? Le fait qu'il soit
British Museum, Londres texte21. Deux précisions méritent néan associé dans le texte à une divinité venue
(d'après Gobi 1984, p. 168, fig. 241) moins d'être apportées, qui, nous le de Perse a conduit F. Grenet à proposer un

153
parthe, datant du règne du roi Abdagases II comme étant la réminiscence d'une tradi
(fig. 10)27. Le sacrifice du cheval en Iran tion rapportée par Arrien, concernant le
ancien semble avoir été lié à deux thémat sacrifice mensuel d'un cheval par les
iques distinctes, qui se sont répondues mages affectés à la sépulture de Cyrus, à
l'une à l'autre par l'intermédiaire de la Pasargades33. L'association entre les
figure du dieu Mithra. On trouve la mention contextes royal et funéraire et le cheval
de chevaux splendidement harnachés pour n'est peut-être pas fortuite, comme nous le
des processions royales, chez Hérodote, à rappelle F. Grenet34, puisque l'on peut les
propos de la sortie de l'armée de Xerxès lier à Mithra, juge des enfers, protecteur
hors de Sardes, et chez Xénophon, lorsqu'il des guerres royales et des chasses, «whom
décrit une procession de Cyrus le Grand à the heads of counties worship as they go to
Babylone28. Ces descriptions inspirèrent the battlefield against the blood-thirsty
Philostrate, dans sa Vie d'Apollonios de ennemy armies» 35.
Tyane (I. 31), qui décrit un sacrifice royal
Fig. 10 à Mithra. L'animal sacrifié était «un cheval Le thème du cheval sellé sans cavalier
Cheval mené au sacrifice. blanc de pure race nèséenne, harnaché apparaît peu dans l'art bouddhique. On
Revers de monnaie indo-parthe
du roi Abdagases II, comme pour une procession triomphale»29. trouve néanmoins quelques exemples qui
fin rr-début nes. de notre ère C'est encore dans un contexte royal que servirent, peut-être, d'inspiration lointaine
(d'après Grenet et Bopearachchi 1998, l'on aperçoit un cheval sacrificiel à Samar- à nos reliefs chinois. Ainsi dans l'art du
p. 82, fig. 5) cande, sur la peinture du mur sud du bouddhisme indien primitif, aniconique, le
«palais d'Afrasiab», datant du vne s. (fig. thème du «Grand départ» - qui illustre
rapprochement entre cette légende et le 11)30. L'animal apparaît dans une proces l'épisode durant lequel le prince Siddhar-
Yast VIII de l'Avesta, dédié au dieu Tistriya. sionoù figurent également des oies des tha renonce à sa vie princière, et s'échappe
Les vers 18 à 32 narrent ainsi le combat tinées au sacrifice, et des dignitaires ar secrètement de son palais - est-il repré
entre ce dernier - qui a pris la forme d'un borant la massue sacrificielle31. C'est senté sur de nombreux reliefs sculptés. On
cheval blanc aux oreilles et à la bride d'ailleurs un dignitaire, portant le couvre- y voit fréquemment un cheval de profil,
dorées - et le cheval noir Apaosa. Une fois bouche rituel, qui mène le cheval sellé, sellé, sans cavalier, qui marche au-dessus
la victoire acquise sur le démon, le dieu somptueusement harnaché, dont les pattes du sol grâce à l'aide de quatre petites divi
s'élance dans la mer Vourukasa, met les sont ornées de rubans. La procession du nités qui soutiennent ses sabots. Un parasol
eaux en ebullition, et finalement jaillit hors mur sud est interprétée par Boris Marshak est maintenu au-dessus de lui par un per
des flots25. comme représentant les festivités célébrées sonnage, symbole de royauté dans l'art
Il existe donc bien, dans le substrat lors du Nouvel An sogdien en l'honneur des indien ancien. Il serait tentant de voir un
légendaire iranien, un thème associant un ancêtres royaux32. Contexte royal, donc, parallèle avec les représentations de che
cheval à l'élément aquatique. On trouve mais également funéraire, puisqu'il est vaux sous un parasol dans nos reliefs chi
d'ailleurs chez Tacite la mention du sacri question de la célébration des morts. Ceci nois. Le thème du «Grand départ», extr
ficed'un «cheval paré» à l'Euphrate, per n'a pas échappé à B. Marshak, qui non seu êmement populaire, fut représenté à
pétré par le général parthe Tiridate en 35 lement fait de nombreux rapprochements maintes reprises dans l'art bouddhique chi
de notre ère26. Ce qui nous amène à évo entre cette peinture et les reliefs d'Anyang, nois. Néanmoins il est nécessaire de préci
quer un deuxième thème présent dans la mais rappelle aussi l'image d'un cheval serque le prince Siddhartha y est, à notre
tradition iranienne, celui du cheval sacrifi sellé et richement paré, représentée sur un connaissance, presque toujours repré
ciel.L'une des plus anciennes représentat ossuaire de la région du Kashka-Darya. Il senté36.
ions probables de cheval mené au sacrifice propose d'ailleurs d'interpréter la présence
figure sur le revers d'une monnaie indo- du cheval dans un contexte funéraire
Quelques propositions
d'interprétation

Les chevaux sellés sans cavalier situés


aux extrémités des processions figurées sur
Fig. 11 les éléments en forme de tours {que) des
Cheval sellé mené ensembles d'Anyang et de Miho (fig. 3 et 4)
par un dignitaire, ont d'abord été rapprochés de la tradition
dignitaires tenant iranienne par B. Marshak, qui a fait le lien
la massue sacrificielle
et oies destinées entre les panneaux d'Anyang et la proces
au sacrifice. sionpour la célébration des ancêtres
Détail de la peinture royaux à l'occasion du Nouvel An sogdien,
du mur sud du sur le mur sud de la peinture de Samarc
«palais d'Afrasiab», ande. Jiang Boqin, se référant à l'article
Samarcande, vu" s. de B. Marshak, a proposé d'y voir un lien
(phot. Association
pour la sauvegarde avec les processions figurées sur les murs
de la peinture des corridors des tombes datant des Qi du
d'Afrasiab) Nord. Il voit, dans la présence du cheval, un

154 \i Is \m ill |iu s, iimi -,■-, 20(1


!
c
(X

symbole indiquant la position sociale du


défunt, tout en précisant qu'une double lec
ture iconographique - zoroastrienne et chi
noise - est envisageable37. Mais l'est-elle
vraiment? En effet, une interprétation ir
anienne de la scène implique que le cheval
était destiné à être sacrifié. Dans la pein
ture de Samarcande, cette fonction est cla
irement désignée par les éléments entou
rant l'animal (les oies, les massues
sacrificielles, et le fait que les personnages
menant les animaux portent un couvre-
Illustration non autorisée à la diffusion
bouche). Or ces derniers n'apparaissent ni
sur le monument d'Anyang, ni sur celui de
Miho. Par ailleurs, il est important de pré
Fig. 12 ciser que les processions figurées sur les
Cheval placé tombes chinoises datant des Qi du Nord, de
dans une chambre même que les figurines en terre cuite de
funéraire. chevaux placées dans les chambres funé
Terre cuite,
époque des Wei raires, n'ont plus de signification sacrifi
du Nord, cielleau vr s. de notre ère (fig. 12)38. Si les
ca. 525 de notre ère, sacrifices de chevaux dans les tombes ont
musée Guimet, bien existé en Chine ancienne, ils sont rem
Paris, MA 4674 placés au IV s. avant notre ère par diverses
(phot, musée Guimet) figurines en terre cuite, dont la fonction
évolue au cours des siècles, depuis celle de
substitut sacrificiel jusqu'à la figuration
d'un univers idéalisé accueillant la vie post
mortem39. Les figurines de chevaux sont
nombreuses, mais sous les Six Dynasties,
les peintures et les figurines dans les
tombes restent liées à l'idée de vie après la
mort, et les sujets représentés s'attachent
de plus en plus à créer un univers, certes
socialement sublimé, mais surtout familier.
On peut donc se demander quelle est la
fonction du cheval représenté sur les deux
monuments funéraires. A Anyang, les per
sonnages des processions ont une posture
de déférence, et ils avancent vers l'entrée
du monument, sur laquelle est figurée, de
part et d'autre, une scène de culte. Les che
vaux, qui leur appartiennent probable
ment, font ici intégralement partie de la
procession qui se dirige vers l'entrée du lit
funéraire. Il n'en est pas de même pour
ceux représentés sur le monument de
Miho. Le personnage qui tient le cheval
tourne ostensiblement le dos à la process
ion,signifiant par là qu'il ne la suit pas.
S'agit-il du cheval du grand personnage à
l'avant de la petite troupe qui se dirige vers
l'entrée? L'artiste aurait alors représenté
sa monture pour signifier son rang social,
et l'aurait ostensiblement figuré rentrant
dans l'enceinte funéraire à pied. Il est d'au
tant plus difficile d'affirmer ceci avec certi
tude, qu'il est malaisé d'identifier ce per
sonnage, qui semble revêtir une certaine
Fig. 13 importance, comme le signale sa grande
Porte sud de la \ille de Ning. Peinture murale, époque des Han orientaux, taille. Ainsi, rien n'indique véritablement le
Helingeer, Mongolie intérieure (d'après Wenwu, 1974/1, p. 16) sacrifice dans les deux processions repré-

155
Fig. 15
Char à bœufs et cheval sans cavalier sous un parasol, de part et d'autre d'une scène de banquet.
Peinture murale, tombe de Xu Xianxiu, près de Taiyuan, Shanxi, datant de 571
(d'après Wenwu tiandi/Cultur al Relies World, 1er sem. 2003, p. 4-5)

sentées sur les bâtiments d' Anyang et de l'art sogdien, les parures des chevaux ind figurées sur les panneaux du monument
Miho, même si les chevaux sont intégrés, et iquent la haute position sociale de leurs d'Anyang (fig. 13). L'entrée sud des quart
surtout sur le monument d'Anyang, dans propriétaires. Sur le registre de droite, iers généraux du gouverneur de la ville, à
des scènes qui évoquent un rituel. dans la partie inférieure, les chevaux et les proximité de laquelle se tiennent trois che
C'est également aux célébrations royales écuyers qui leur sont affectés, attendent les vaux sellés sans cavalier (en bas), laisse
pour la fête du Nouvel An que B. Marshak personnages de haut rang qui festoient sur place, lorsqu'on entre dans les bâtiments, à
rattache les représentations de chevaux la scène représentée au-dessus. Ce type de un dédale de murs et de couloirs qui
sellés, sur la droite des grands panneaux figuration mettant en scène les festivités mènent au pavillon central, où se tient
rectangulaires du monument d'Anyang d'un haut dignitaire dans un complexe l'hôte des lieux entouré de dignitaires
(fig. 1 et 2). Ces chevaux sont richement architectural, trouve son origine dans les (centre gauche). Devant le pavillon se
parés, mais il ne s'agit pas de chevaux de peintures murales des Han orientaux. Ainsi déroule une scène festive, où l'on aperçoit
sacrifices. Nous sommes sortis d'un dans la tombe datant de cette période, mise des acrobates et des tambours40. Sur les
contexte purement rituel, et c'est la thémat au jour en 1971 à Helingeer (Mongolie Inté panneaux d'Anyang, le caractère officiel
iqueroyale et festive qui reprend le des rieure), aperçoit-on sur le mur est de la des propriétaires des chevaux est d'ailleurs
sus. B. Marshak, à propos des chevaux des chambre centrale, la représentation de la souligné par les parasols qui les protègent.
cortèges royaux figurés au centre de cha porte sud de la ville de Ning, dont la struc Ces parasols, comme nous l'avons vu dans
cun des panneaux, précise bien que dans ture d'ensemble rappelle fortement celles la tradition indienne introduite en Chine

Fig. 14
Char à bœufs et cheval sans cavalier, de part et d'autre d'une scène de banquet.
Peinture murale, tombe de Majiazhuang, district de Ji'nan, Shandong, datant de 561
(d'après Wenwu, 1985/10, p. 45)

156
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d'un tissu, motif que l'on trouve représenté femme, et le cheval - dans ce cas précis - la
en Chine sur les chevaux d'apparat dès monture de l'homme42. Dans le monument
l'époque Han. Comme l'ont souligné A. Ju- de Miho, la scène de banquet se trouve sur
liano et J. Lerner, le cheval sellé et sans le côté opposé à l'ouverture, le cheval est
cavalier est un thème fréquent dans l'art figuré sur le côté gauche, et le char à bœufs
funéraire chinois des vfi et vrs., notamment sur le côté droit (fig. 5a et 5b).
dans les tombes de militaires de haut Il existe un parallèle exact dans deux
rang41. Il est d'ailleurs fréquemment asso tombes au moins, datant de la deuxième
ciéau thème du banquet et du char tiré par moitié du vr s. Dans la tombe de Majia-
Illustration non autorisée à la diffusion des bœufs, qui évoquent le statut social du zhuang du district de Ji'nan (Shandong),
défunt. Ces scènes illustrant la vie post datant de 561 (fig. 14), et dans celle de Xu
mortem sont, comme le souligne J. Rawson Xianxiu découverte près de Taiyuan
à propos des reliefs de Miho, les héritières (Shanxi) (fig. 15), on observe que sur le mur
directes de la tradition iconographique qui fait face à l'entrée, est représentée une
funéraire de la dynastie Han. Le char à scène de banquet, tandis que les deux murs
bœufs symboliserait le véhicule de la latéraux figurent, comme sujet principal,

Fig. 16
Cheval sellé sans cavalier sous un parasol.
Dessin d'après l'estampage
d'un panneau en pierre sculptée,
Qingzhou, Shandong, ca 573,
musée de Qingzhou
(d'après Zheng 2001, p. 75) Illustration non autorisée à la diffusion

par le bouddhisme, sont des emblèmes


royaux. Le fait que ces parasols soient
maintenus bien haut au-dessus des che
vaux montre qu'ils étaient faits pour proté
gerun cavalier, et non le cheval lui-même.
Or, ce n'est pas le cas du panneau rec
tangulaire du musée Miho (fig. 5a). Le
parasol est maintenu juste au-dessus de
l'animal, suggérant ainsi l'absence de Fig. 17
cavalier. Cette absence est également souli Char à bœufs et cheval sans cavalier sous un parasol, de part et d'autre d'un brûle-parfum.
gnée par l'aspect de la selle, recouverte Stèle bouddhique, Qi du Nord, musée de Shanghai (phot. P. Riboud)

157
,-J

ghai (fig. 17). Les deux thèmes y sont repré


sentés de part et d'autre d'un brûle-par
fum, sur le registre inférieur de la stèle.
La présence d'un cheval sellé sans caval
iersous un parasol est donc bien attestée
dans l'art funéraire chinois de l'époque.
Mais il est intéressant de noter que l'animal
n'y figure jamais comme objet d'adoration.
Comment donc interpréter la scène figurée
sur le panneau du musée Miho? Deux él
éments méritent de retenir notre attention:
d'une part, bien évidemment, le fait que
l'animal y est vénéré, comme le suggère la
position du personnage lui présentant une
offrande, agenouillé devant lui. D'autre
9 12 13 part, on notera la présence inhabituelle des
Fig. 18 poissons, qui s'ébattent dans la rivière.
Tistriya tenant une flèche, posé sur un bassin avec des poissons [n° 8]. Comme nous l'avons vu, il existe diverses
Peinture murale, Gulbiyan, province de Faryab, Afghanistan, fin du iV-début du Ve s. mentions de cultes et de légendes liés aux
(d'après Grenet et Marshak 1998, fig. 10, p. 13) chevaux dans les sources chinoises
anciennes. Certaines associent l'animal à
un cheval sellé sans cavalier sous un paras quent l'art pictural chinois, les thèmes l'élément aquatique (comme les cultes à
olet un char tiré par un bœuf43. C'est éga représentés témoignent du mélange des Dashui et He Po, ou la légende des chevaux
lement à cette tradition que nous rattache cultures, tant au niveau plastique que célestes, ainsi que celle des chevaux noir et
rons les chevaux sellés, sans cavalier, sémantique. Ainsi le khwarnah, la Fortune blanc dans le lac Zhen). On pensera égale
figurés sur les reliefs de Qingzhou (fig. 16). royale, est-il représenté survolant un char ment au sacrifice rendu à l'ancêtre du che
Mis au jour en 1971 lors d'une fouille de à bœufs et un cheval44. On ajoutera que les val pour apporter bonne fortune lors de la
sauvetage à Qingzhou (Shandong), et thèmes associés du cheval et du char à chasse. Cette hypothèse pourrait être ren
datant probablement de 573, ces neuf pan bœufs, outre qu'ils suggèrent le défunt et forcée par le fait que le panneau se situe
neaux en pierre sculptés offrent un son épouse, indiquent aussi la position juste après une scène de chasse. Cepend
exemple intéressant d'art où se côtoient sociale élevée du couple. C'est à cette tradi ant,ce type de pratiques n'est attesté que
indifféremment des éléments chinois et tionque se rattache une stèle bouddhique dans des périodes très anciennes, et il n'en
occidentaux. Si le style et les modelés datant des Qi du Nord du musée de Shan- a jamais, à notre connaissance, été trouvé
de représentation.
En revanche, la présence des poissons
pourrait trouver deux parallèles dans la
tradition iranienne. Le premier, déjà sug
géré dans l'article de B. Marshak, associe
cette représentation au culte du dieu
Tistriya45. C'est encore à F. Grenet que l'on
doit l'identification d'une représentation de
ce dieu sur une peinture de la province de
Faryab, à Gulbiyan, en Afghanistan46.
Tistriya y est représenté d'une curieuse
façon, assis sur un trône sous lequel s'ébat
tentdes poissons dans une pièce d'eau
Illustration non autorisée à la diffusion (fig. 18, n° 8). Dans sa main droite, il tient
une flèche. L'association des deux motifs,
les poissons et la flèche, renvoie au para
graphe 37 du Yast VIII, où le vol scintillant
du dieu vers la mer Vourukasa est comparé
à la flèche tirée par l'archer Erekhsa47.
Cette représentation pourrait donc faire le
lien entre les poissons et le cheval (forme
sous laquelle Tistriya pénètre dans la mer
Vourukasa, puis en rejaillit).
La seconde hypothèse relie le thème du
cheval à celui du culte de l'Oxus, attesté
Fig. 19 jusqu'au Xe s., dont on a vu plus haut qu'il
Divinité à cheval et cheval sans cavalier. Sarcophage de Yu Hong
(panneaux adjacents à l'ouverture) mis au jour à Taiyuan, district de Jinyuan, Shanxi, permettait d'une part de faire l'association
marbre sculpté et peint, 592-593, Institut d'Archéologie du Shanxi «cheval-poisson» dans le trésor de l'Oxus,
(d'après Wenwu, 1, 2001, fig. 15, p. 35 et fig. 23, p. 39) et d'autre part l'association «cheval-

158 \] tx \xi
rivière» grâce au texte du Youyang zazu, (fig. 6). Celui-ci, ainsi que le panneau L'analyse du thème du cheval sellé sans
daté du milieu du IXe s., mais utilisant pro représentant une divinité à cheval que cavalier témoigne donc bien de la multipli
bablement des informations plus an Marshak identifie comme Mithra50, flan cité des lectures possibles pour interpréter
ciennes48. Ce sujet, qu'il faudrait replacer quent l'entrée du sarcophage (fig. 19), elle- l'iconographie des reliefs funéraires sog
au sein du programme iconographique même située au-dessus d'une scène de diens découverts en Chine. Le cas du
général du monument, appartiendrait donc culte. La seule hypothèse alternative, qui monument du musée Miho est à ce titre
à cette thématique cosmopolite chère à situe également la scène dans un contexte particulièrement frappant, puisque s'y
l'art sogdien, qui représentait sur les iranien, serait une fois encore d'identifier croisent la thématique chinoise de la vie
parois des demeures des aristocrates la le cheval avec le dieu Tistriya. Cette hypo après la mort, symbolisée par le cheval fai
«célébration universelle»49. Le culte de thèse serait renforcée par deux arguments: sant face au char à bœufs, et la thématique
l'Oxus ferait donc référence aux us et cou d'une part la présence d'un cheval ailé à la sogdienne de la célébration universelle, où
tumes des habitants du Tokharestan, tan queue anguiforme, dans le registre situé le culte du cheval fait face au culte de
dis que seraient représentés ailleurs sur le en-dessous, symbole évocateur des él Nana. De nombreux autres thèmes figurés
monument ceux des Sogdiens (et plus par éments aquatiques et aériens dans les tradi sur ces reliefs mériteraient d'être analysés
ticulièrement, sur le côté opposé, le culte tions occidentales et orientales. D'autre à travers ce type de grille multiculturelle.
de Nana) et des Turcs. part, le dieu Tistriya est constamment asso Cela a déjà été le cas pour les représentat
Une dernière hypothèse consisterait à ciéau khwarnah dans le Yast qui lui est ions cultuelles de personnages - soit
reconnaître sur ce panneau un culte à dédié51. Or c'est précisément la Fortune humains, soit hybrides - flanquant un autel
Mithra, puisque nous avons vu que ce dieu royale qui est représentée volant au-dessus du feu52. Le cheval sellé sans cavalier n'est
était non seulement associé au cheval dans de l'animal sur le panneau (fig. 6). Néan donc qu'un exemple parmi d'autres de
des contextes funéraires, mais également à moins, la présence du dieu Tistriya associé thèmes qui nécessiteraient, pour que leur
la chasse. Cette solution, proposée puis reje au dieu Mithra dans un contexte funéraire interprétation soit complète, l'exploration
tée par Marshak, n'est pas totalement satis serait tout à fait exceptionnelle, et n'est de traditions textuelles et iconographiques
faisante dans la mesure où elle ne prend pas attestée ni dans la littérature ni dans l'ic issues de part et d'autre du monde asia
en compte la présence des poissons. onographie du monde iranien. En tout état tique.
Le culte au dieu Mithra est en revanche de cause, qu'il s'agisse d'un cheval sacrifié
beaucoup plus plausible dans le cas du au dieu Mithra ou d'une représentation de PÉNÉLOPE RIBOUD
panneau représentant un cheval sellé sans Tistriya, le cheval représenté paraît appart Centre d'Etudes Chinoises
cavalier sur le sarcophage de Yu Hong enirà une tradition purement iranienne. INALCO, Paris

AnQie Shazhou ty >)\\ Notes


Anyang Shazhou Yizhou Hang di zhi 1 Les quelques réflexions présentées dans ce tra
Dashui vail doivent beaucoup aux fructueuses conversat
ions échangées avec Frantz Grenet et Etienne de
Duan Chengshi Shijing La Vaissière lors d'une mission en Chine en
novembre 2002. Que ces quelques pages, dont
Dunhuang Songshu j'assume l'entière responsabilité, leur soient un
témoignage de ma reconnaissance.
Gansu Taiyuan 2 Grenet et Zhang 1998, p. 175-186.
Tianshui 3 II s'agit d'un ensemble incomplet en pierre sculp
Han (dynastie) téecomposé de trois panneaux, de deux portails
He Bo Wei (dynastie) miniatures, d'un dais, et de deux corniches,
ïïih datant des Qi du Nord, et provenant probable
Henan Wuhu ment des fouilles de Zhengde fu, près d'Anyang
(Henan). Ces divers éléments, qui devaient former
Ji'nan xian à l'origine un lit funéraire, appartiennent mainte
nantaux collections du Musée Guimet (Paris), du
Jin (dynastie) Xiaowu Museum of Fine Arts (Boston), de la Freer Gallery
Liji Xu Xianxiu (Washington), et du Museum fur Ostasiatische
mi Kunst (Cologne).
Majiazhuang Yantie Lun 4 On sait en effet, grâce à la description de la région
de Dunhuang et de Hami {Shazhou Yizhou liang
Qi (dynastie) Yizhou di zhi «Description des deux territoires de Shaz
houet Yizhou», manuscrit S. 367 de la British
Qingzhou Youyang zazu Library de Londres daté du Mil' s.), que «dans le
temple xian du feu se trouvent des manuscrits sur
Shaanxi Yu Hong soie et des représentations peintes innomb
Zhangde fu rables.». Or cette religion xian n'est autre que le
Shandong mazdéisme tel qu'il était pratiqué en Asie cent
Shang (dynastie) Zhenchi rale. Voir Riboud et de La Vaissière 2003, p. 130.
5 En plus du lit d'Anyang mentionné ci-dessus, les
Shanxi di W Zhou (dynastie) exemples d'art funéraire sogdien comprennent
maintenant les reliefs acquis par le musée Miho
(Japon), le lit funéraire de Tianshui (Gansu), le lit
funéraire d'An Jia découvert à Xi'an (Shaanxi), le
sarcophage de Yu Hong mis au jour près de

159
Taiyuan (Shanxi), et les deux bases de lit funé 21 Drège et Grenet 1987, p. 118. caractère royal ou aristocratique du personnage
raire appartenant à la collection Shelby and 22 al-Biruni, trad. CE. Sachau, The Chronology of représenté. On trouvera d'utiles renseignements
White de New York. Pour de plus amples informat Ancient Nations, London, 1979, p. 225. Voir éga sur ce thème dans l'article d'A. Howard (1982-
ions,nous renvoyons le lecteur à l'article de lement Bernard 1994, p. 98, n. 55. 83). Par ailleurs, nous noterons rapidement trois
Boris I. Marshak (2001) p. 227-264. 23 Rosenfield 1967, pi. VIII, n. 155. thèmes qui donnèrent lieu à des représentations
6 En plus des références citées dans le présent 24 Voir Dalton 1964, p. 4 et pi. XIII. n° 8; p. 7 et pi. de chevaux sans cavalier dans l'art bouddhique,
article, voir Marshak 2001, p. 227, n. 1. VI. n° 16; p. 26 et pi. XI. n° 99; p. 18 et pi. XIII. mais qui, à notre avis, ne trouvent pas d'écho
7 Voir à ce sujet de I.a Vaissiêre 2002. n° 44, 46, pi. XIV. n° 45 pour des illustrations, et dans les reliefs funéraires sogdiens chinois. Il
8 Marshak 2001, p. 264. Bernard 1994, p. 101-109 pour un commentaire s'agit d'une part de la figure du cheval dans la
9 De très nombreuses études ont été consacrées à sur le trésor de l'Oxus. représentation des sept joyaux, dont on peut voir
l'importance qu'attachaient les Chinois au cheval 25 Voir Drège et Grenet 1995, p. 121, ainsi que de nombreux exemples sur les statues de buddha
dès les époques Shang et Zhou. On trouvera dans Panaino 1990, p. 44-56 pour la traduction du cosmologiques datant des VVei du Nord. D'autre
l'article de Roel Sterckx (1996), p. 47-79, de nom texte. part, les histoires antérieures du Buddha, les
breuses références bibliographiques à ce sujet. 26 Tacite, Annales, VI.37, cité dans Grenet et Bopea- Jàtaka, furent la source d'une iconographie fo
Par ailleurs, l'article consiste en une analyse rachchi 1999, p. 77. ison ante. Deux d'entre elles qui mettent en scène
exemplaire des pratiques rituelles liées aux che 27 Grenet et Bopearachchi 1999. des chevaux fabuleux, furent souvent représen
vaux dans l'antiquité chinoise. 28 Hérodote VII.40 et Xénophon, Cyropédie, VIII. 3. tées en Asie centrale et en Chine (voir sur ces
10 Nous suivons ici la chronologie proposée par 11-12. On trouvera les passages cités dans Grenet thèmes Howard 1986, p. 19-21).
B. Marshak (2001), p. 263. et Bopearachchi 1999, p. 77, ainsi qu'un dévelop 37 Marshak 1994, p. 13 et Jiang Boqin 2000, p. 49.
11 II s'agit vraisemblablement de tours de type que pement, p. 77-78, sur le thème du cheval sacrifi 38 D'après Zhao Yonghong 2001, p. 451, on dis
qui flanquaient l'entrée des villes et des palais ciel. tingue deux types de figurines funéraires sous les
depuis l'époque Han jusqu'aux Song. Un parallèle 29 Cité dans Grenet et Bopearachchi 1999, p. 77. dynasties du Nord: celles dont la fonction est de
frappant avec les panneaux d'Anyang est figuré 30 Pour une description et un commentaire de ce garder la tombe, et celles qui rappellent au défunt
sur les parois de la rampe d'accès qui menait à la groupe de peintures, nous renvoyons le lecteur à son univers familier.
tombe du prince Yide (682-701). On y aperçoit en l'article de B. Marshak 1994. 39 Wu Hung 1998, p. 106, 112.
effet deux tours, à l'extrémité des murs est et 31 Grenet 2000, p. 179, n. 12. Nous devons égale 40 Nei menggu wenwu gongzuo pai 1974, p. 15-17.
ouest, vers lesquelles se dirigent des processions ment à Frantz Grenet de nous avoir renseignée 41 Juliano et Lerner 1997, p. 248.
(voir Wenwu, 7, 1972, pi. 3, fig. 1 et pi. 8, fig. 2). sur un parallèle archéologique troublant concer 42 Rawson 2001, p. 124, 131; Zhao Yonghong 2001,
Je remercie Madame le Professeur Pirazzoli- nantle sacrifice du cheval. En effet les fouilles du p. 436.
t'Serstevens pour ces précieuses informations. temple situé à l'est de la citadelle de Kanka (Ouz 43 Rawson 2001 et Zheng Yan 2001 avaient déjà fait
12 Le sarcophage, mis au jour en 1999 dans le dis békistan), ont révélé dans une pièce adjacente à le rapprochement avec les deux panneaux du
trict de Jinyuan, à Taiyuan (Shanxi), a la forme celle où des feux étaient manifestement entrete cheval et du char à bœufs dans les reliefs de Miho.
d'une maison comprenant une entrée et surmont nus,trois squelettes de chevaux posés à terre, qui 44 Voir Zheng Yan 2001.
ée d'un toit. Les murs sont formés par neuf pan n'avaient pas été abattus dans un but alimentaire, 45 Marshak 2001, p. 238, citant une suggestion de
neaux rectangulaires disposés sur une base com mais probablement sacrificiel. Bien que les don F. Grenet.
posée de quatre dalles rectangulaires. Voir nées soient maigres, il s'agit de la seule attestation 46 Lee et Grenet 1998, surtout p. 81-83 pour l'iden
Shanxi Kaogu yanjiu suo 2001, p. 29. archéologique de sacrifices de chevaux de cette tification de Tistriya sur la peinture.
13 Liji 35. 6 d'après la traduction de J. Legge. époque en Asie centrale (Burjakov 1991, p. 201, 47 Panaino 1990, p. 61.
14 Yantie lun [La dispute sur le sel et le fer], 6.203, n. 5; Bogomolov et Burjakov 1995, p. 218-220, et 48 Cette suggestion, à laquelle s'est maintenant ral
cité dans Goodrich 1984, p. 288-289. Abstracta Iranica, 19, 1996, n"151). lié B. Marshak, a été formulée pour la première
15 Liji 35.6, d'après la traduction de J. Legge. 32 Marshak 1994, p. 11-16. fois par le Pr Oktor Skjaerv0 lors d'une journée
16 Shijing, 10C.8a. Traduction de Sterckx 1996, 33 Marshak 1994, p. 12. Le passage cité figure dans d'étude consacrée aux reliefs funéraires sogdiens
p. 64. Arrien, Anabase, VI. 29.7. à l'Université de Yale en avril 2002.
17 Sterckx 1996, p. 68. 34 Grenet et Bopearachchi 1999, p. 77. 49 Marshak 2002, p. 232.
18 Songshu [Histoire de la dynastie des Liu Song], 35 Yast X. 8, traduction de I. Gershevitch, TheAves- 50 Plusieurs indices parlent en faveur de cette inter
j. 28, Beijing, Zhonghua shuju, p. 802. tan Hymn to Mithra, Cambridge, 1959. prétation: la présence du soleil et de la lune sur la
19 Duan Chengshi, Youyang zazu, Pékin, Zhonghua 36 Parmi les exceptions, on notera une représentat couronne du personnage, le motif du lion qui
shuju, 1981, p. 98-99. Cette traduction s'inspire ion du Grand Départ sur une pagode miniature attaque un bœuf, symbole de l'équinoxe de pri
largement de celle de Drège et Grenet 1987, datant des VVei du Nord, où l'on voit clairement ntemps hérité de l'art achéménide ancien, suggè
p. 117-118. un cheval sellé sans cavalier, tenu par la bride. rentun lien avec Mithra.
20 Chavannes 1903, p. 201, n. l.Pour une étude Voir Juliano et Lerner 2001b, p. 162, n° 52. La 51 Panaino 1990, p. 152-155, ne relève pas moins de
récente sur l'identification de l'Oxus et de ses sculpture bouddhique des dynasties des VVei et soixante-quatre références au khwarnah dans le
affluents dans les sources anciennes, voir l'article des Qi du Nord représente fréquemment des Yast VIII.
de Grenet et Rapin 1998, p. 79-89. cavaliers surmontés d'un parasol, indication du 52 Voir Lerner et Juliano 2001, p. 56.

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