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investissement.
Ainsi, l'objet de la thèse développée par E.S. Gurley et J.G. Shaw (1956 et 1960)
l'allocation des capitaux dans des opérations bilatérales sur les marchés
les préférences quant aux caractéristiques des titres émis par les emprunteurs et
demandés par les prêteurs diffèrent fortement. Cette imperfection des marchés,
prêteurs dits ultimes en transformant les caractéristiques des titres. Ce point est
∗
Les notions marquées d’un « * » sont définies dans le glossaire.
1
La conception microéconomique des intermédiaires peut s'interpréter comme la
d'autres agents. Une telle situation conduit à s'interroger sur les mécanismes de
alors montrer la plus grande capacité des intermédiaires à faire face aux
leur efficience.
financiers et croissance.
montrant que, dans les deux cas, les intermédiaires financiers produisent
de la liquidité.
• d’expliquer les canaux par lesquels les systèmes financiers exercent une
3
Section 1 Le cadre d’analyse : approche macroéconomique de l’intermédiation
nos économies est relativement ancienne. Elle remonte en effet à la fin des
Shaw (1956 et 1960 avec leur ouvrage majeur Money in a theory of finance).
Quels sont les principes de base de cette approche ? Ils sont très clairement
« En quoi consiste le travail des intermédiaires financiers ? Ils prêtent à des taux
d'intérêt d'un certain niveau et empruntent à des taux d'un niveau inférieur. Ils
titres, titres indirects ou actifs financiers, dont les qualités exigent un prix
qu'ils fournissent ».
Finance, may, 1956, traduit dans R.S. Thorn, Théorie monétaire, Dunod, Paris,
1971].
prêteurs ultimes ».
traduction française La monnaie dans une théorie des actifs financiers, Cujas,
Paris, 1974].
4
La fonction essentielle des intermédiaires financiers, leur raison d'être, est donc
emprunteurs qui souhaitent détenir des actifs d'un montant supérieur à leur
patrimoine net et des agents prêteurs qui veulent détenir tout ou partie de leur
elle permet de lever la contrainte d'équilibre budgétaire des agents non financiers
d’assurance). Autrement dit, pour eux, la création monétaire n’est pas l’activité
Le point de départ de l’analyse repose sur une question essentielle : comment les
5
Si un agent économique dispose du montant suffisant de ressources – appelé
vaut 100 000 euros (la dépense) et qu’il dispose d’une épargne de même montant
de financement.
Une telle situation n’est bien entendu pas le cas général. Ainsi, il est fréquent
sein d’une unité économique. Si les ressources ne couvrent pas tout le besoin lié
externe par l’émission d’un actif financier reliant au sein du système financier les
consommation) ;
6
- les agents déficitaires dits à besoin de financement. Leurs dépenses courantes
concernées par cette catégorie d'agents car elles effectuent en règle générale des
désirant acquérir un bien immobilier sera lui aussi fréquemment dans cette
situation.
autres agents.
certains agents – ceux qui épargnent plus qu’ils ne dépensent – aux agents
déficitaires. Dans ce cas de figure, les actifs financiers émis par les agents à
capacité de financement.
Précisons les termes de l’analyse. Dans un schéma dit de finance directe, les
mobilières (actions*, obligations* et titres courts) par des agents publics (Etat,
collectivités locales et entreprises publiques) ou privés. Ces titres sont acquis par
7
Agents à besoin de financement Agents à capacité de financement
Emission Acquisition
de titres de titres
Flux d'épargne
reviendrons sur ce point plus bas, même si la finance n'est plus strictement
D'autre part, les opérations financières effectuées dans l'économie sont autant de
Les titres primaires sont en règle générale des placements à long terme qui
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sous la forme d’une action, on parle de risque de rendement lié au fait que les
dividendes peuvent être nuls selon les résultats de l'entreprise. En outre, sur le
détenteur d’un titre primaire sous la forme d’une obligation supporte quant à lui
un risque de perte en capital reposant sur la relation inverse entre prix des titres
liquidité*.
supports afin de diversifier ses risques. Plus son épargne est diversifiée, mieux
cet agent est protégé contre les fluctuations de telle ou telle forme d’épargne. Il
est ici important de préciser que les périodes où toutes les formes d’épargne – de
relativement rares.
liquidité d’un actif concerne la facilité avec laquelle il peut être mobilisé – c’est-à-
Le point central ici est que les caractéristiques des actifs financiers émis – ce que
nous avons appelé plus haut titres primaires – par les agents à besoin de
l’importance de leurs coûts de transaction dans le cas d’un crédit, par exemple ;
risque de cession à perte (risque de marché*). Dans ce cas, les agents non
(l’investissement).
Le problème de financement ne peut être résolu que dans le cadre d’un circuit de
besoin de liquidité du secteur des agents non financiers en achetant les actifs
financiers émis par les agents à besoin de financement et en émettant ses propres
emplois.
instrument de financement tandis que l’actif financier émis (dit indirect) est un
réalisée par un actif financier primaire en circuit direct, est réalisée, en circuit
10
indirect, par une institution qui transforme un actif financier primaire peu
financiers.
financement à l’œuvre.
Agents à besoin de financement Intermédiaire financier Agents à capacité de financement
faut entendre la collecte des ressources dans laquelle les dépôts, ressources de
nature monétaire, tiennent une place particulière étant donné leur importance.
mesure où les titres de la dette indirecte émis par les intermédiaires financiers
nature des échéances de la dette primaire et acceptent de gérer les risques qui lui
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sont inhérents. Ainsi, les intermédiaires financiers acceptent l'endettement à
long terme de certains agents qui émettent des dettes primaires de maturité
revenus 3. Une question importante se pose alors : comment peut-on expliquer que
- les coûts fixes des achats et ventes d'actifs financiers sont, en raison de la taille
que pour un agent non financier qui intervient occasionnellement sur les marchés
financiers ;
- les intermédiaires réalisent des économies dans la gestion des actifs en raison
portefeuille a des mouvements plus importants que le portefeuille pris dans son
3 Une analyse détaillée de cette question est proposée dans le chapitre 4 consacré à la firme
bancaire.
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intermédiaires peuvent gérer des actifs longs en jouant sur la loi des grands
nombres : en temps normal, tous les déposants ne viendront pas en même temps
dépôts sera stable et donc plus facile à gérer. Pour illustrer ceci, supposons que la
probabilité qu’un client d’une banque retire son dépôt soit de 5 %, et donc que la
probabilité qu’un client d’une banque ne retire pas son dépôt soit de 95 % (pour
simplifier, ces probabilités sont les mêmes pour chaque client). Le graphique 1
du retrait des dépôts). Augmenter la taille du passif permet donc de réduire non
seulement l’importante des retraits mais également leur volatilité. C’est là une
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Il est important de souligner que ce comportement repose sur le fait que les
probabilités de retrait soient indépendantes les unes par rapport aux autres, ce
qui est valide « en temps normal ». En temps de crise, les retraits des uns
peuvent alimenter les retraits des autres, dans le cadre d’une panique bancaire.
banque ne peut pas réclamer que les créances de long terme soient honorées
dépôts.
ce d'autant plus que les risques n'évoluent pas en même temps dans le même
sens (dans le cas idéal, l'absence de corrélation dans les rendements des actifs
L'intermédiaire peut proposer des services divers qui rendent plus attractifs les
Une implication importante de notre analyse est que la finance directe peut
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préférences quant aux caractéristiques des titres émis par les emprunteurs et
demandés par les prêteurs peuvent différer fortement. Cette imperfection des
l'existence des intermédiaires qui constituent des écrans entre emprunteurs dits
onéreux les financements demandés par les entreprises et les ménages par
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2.1. Les coûts de transaction
Les coûts de transaction font référence au temps consacré et aux moyens engagés
page 47), il s’agit d’un problème très important pour les agents économiques
prêt. Or, le coût de ce juriste peut s’avérer très important – notamment en termes
aux agents. D’une manière générale, l’idée d’économies d’échelle repose sur le fait
production. Ici, la grande taille conduit à une meilleure efficacité. Dans le champ
de l’analyse du financement, cette approche suggère que les agents sont incités à
recourir à des intermédiaires lorsque les actifs négociés sur les marchés sont
actifs en plus petites unités. Deux effets résultent de cette activité de division des
actifs. D'une part, elle a pour conséquence une diversification des portefeuilles
des agents clients qui améliorent ainsi leur bien-être en échappant à la sous-
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risques avant l'apparition de l'intermédiaire). D'autre part, cette activité permet
le cas contraire, les coûts de transaction n'auraient pas pu être étalés sur un
emprunt de grande dimension. On peut relever ici que les marchés financiers
sont peu ouverts aux entreprises de petite faille ayant des besoins de
financement limités.
Ensuite, les progrès engendrés par les technologies de l'information ont permis
type de produits devrait supporter des coûts exorbitants ; d'où son recours à un
Les coûts supportés par les paiements en espèces justifient le recours aux
des paiements, la tenue des comptes étant assurée par les intermédiaires
financiers. Ces derniers peuvent exploiter des effets d'échelle liés à la gestion des
paiements.
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que l'information est coûteuse à obtenir. Or, l'information captée lors de la
fourniture d'un service financier peut être utilisée sans perdre de sa valeur dans
tenue des comptes des clients. A partir des informations issues de cette activité,
financier une large gamme de services. « Ainsi, les facteurs d'offre et de demande
quelconque, certains agents détiennent une information spécifique qui n'est pas
intégralement transmise au système des prix des actifs. Autrement dit, l'aspect
cette observation le fait que le taux d'intérêt (le prix du crédit) ne peut pas
équilibrer le marché.
- avant la signature du contrat de prêt, i.e. ex ante, lorsque l'asymétrie porte sur
- après la signature du contrat de prêt, i.e. ex post, deux types d'aléa moral
peuvent se manifester. D'une part, on parle d'aléa moral ex ante lorsque les
emprunteurs peuvent ne pas être incités à fournir le maximum d'efforts pour que
au flanc). Ainsi, cet aléa moral porte sur la difficulté à observer les actions de
l'emprunteur. D'autre part, il existe un aléa moral ex post dans lequel les
emprunteurs sont incités à dissimuler une partie de leur bénéfice dans l'objectif
de rembourser moins au prêteur. Autrement dit, cet aléa moral porte sur les
résumer, l'aléa moral porte toujours sur ce qui se passe après la signature du
contrat, la distinction entre ses deux types concernant les situations avant et
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l'introduction des asymétries d'informations, nous sommes au cœur des nouvelles
la production d'information.
ante
demandes de financement externe repose sur leur capacité d'expertise qui leur
d'une part, en bénéficiant d'un effet d'apprentissage qui lui assure une meilleure
perception des risques des projets au fur et à mesure que le nombre de dossiers
traités s'accroît et, d'autre part, le volume des dossiers traités incite
coût de traitement des dossiers est moindre pour un intermédiaire que pour un
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l'entreprise plutôt que le risque moyen déterminé par le marché. L'avantage
risque.
post
clauses incitatives inscrites dans les contrats. Ces clauses ont pour objet de faire
converger les finalités entre les cosignataires. Or, l'élaboration de tels contrats,
ainsi que le contrôle de leur exécution, sont des opérations coûteuses qui, une
financier, chaque prêteur ultime devrait supporter des coûts élevés pour
ils bénéficieront comme les autres des gains informationnels sans avoir pour
multiplicité des prêteurs nuit au contrôle dans la mesure où personne n'est incité
Comme cela doit faire baisser les coûts de contrôle, et par là même les coûts de
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financement, on peut en déduire la préférence des entreprises à se financer
financiers. Par exemple, le suivi des comptes par l'intermédiaire est une source
certains économistes, le marché est dénué de mémoire, ce qui lui interdit de tirer
diversification de leur portefeuille d'actifs qui leur permet aussi d'avoir une
portefeuille d'actifs entre les catégories d'apporteurs de capitaux dont les niveaux
de risque (ou les degrés d'aversion au risque) sont différents. La composante non
actionnaires.
Comme nous l’avons souligné plus haut, les intermédiaires financiers sont
s’effectue dans la durée. C’est ce que l’on appelle parfois la relation de clientèle.
Ainsi, une abondante littérature empirique suggère que plus la relation est
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Hainz et Wiegand (2013) analysent dans quelle mesure une relation banque -
entreprise de long terme a facilité ou non l'accès à des crédits durant la crise
financière 5. A cette fin, ils utilisent l'enquête Ifo qui couvrant 1 139 firmes du
Wiegand se demandent si, durant la crise financière, les firmes ont dû faire face à
une contrainte sur la disponibilité de crédit, une augmentation des taux d'intérêt,
un durcissement des conditions hors prix de crédit (par exemple des exigences
Dans le cas de l’Allemagne, la question posée est d’autant plus pertinente que le
Ifo, en %
5 C. Hainz et M. Wiegand (2013), « How does relationship banking influence credit financing? Evidence from the
financial crisis », Ifo Working Paper, No. 157, Ifo Institute - Leibniz Institute for Economic Research at the University
of Munich, Munich.
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Le graphique 3 donne un aperçu de l'étroitesse de la relation bancaire en
Allemagne. La partie gauche montre que très peu d'entreprises entretiennent des
relations avec une seule banque. En fait, près de 57 % des entreprises ont des
pas avoir de banque maison. A contrario, près de 77 % des firmes déclarent avoir
ans ; elle est de 23 ans pour la seconde banque. Le graphique 4 montre que la
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Graphique 4 Services offerts par les deux premières banques principales, en %
des firmes
Les auteurs montrent que les entreprises ayant une seule banque principale ont
une probabilité plus faible de devoir faire face à une contrainte de crédit. Ce
résultat repose essentiellement sur le fait que ces entreprises ont une probabilité
plus faible de devoir faire face à des exigences informationnelles accrues ou à des
conditions hors-prix qui jouent le plus ici. Un autre résultat important, qui
nuance les avantages de la relation bancaire, est que cette dernière ne réduit pas
processus de décision des banques. Plus précisément, les banques ont davantage
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soft qui résultent de la relation de long terme avec l'entreprise. L'information soft
La banque peut jouer un rôle d'assureur vis-à-vis des risques encourus en cas
on considère que le coût de la détresse financière est moins élevé que dans un
marchés. Il est important de bien maitriser cette distinction car elle permet de
déterminant dans nos économies alors que le poids des marchés financiers s’est
6 Cette section prend appui sur Allegret J.P. et Courbis B. (2000), Monnaie et financement,
Vuibert, Paris.
7 Courbis B. (1987), « Peut-on parler de désintermédiation en France ? » Economie et Humanisme,
directe sans pour autant relever d’un marché de titres. Il en va de même pour les
n’implique pas l’exclusion des titres de marché qui peuvent être émis ou détenus
il convient de les distinguer quant à leur rôle dans un système financier. Si dans
les deux cas se réalise bien une certaine médiation, celle-ci ne repose que sur
l’actif (A) échangé avec le pur marché, alors qu’elle implique l’intervention d’une
le marché, en tant que tel, est un jeu à deux (le vendeur x et l’acheteur y) alors
essentiel.
MARCHE INTERMEDIATION
x y x i y
Un marché non intermédié, marché à l’état pur, est auto-liquide au sens où les
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peut soit être émis par le vendeur et venir accroître le passif de son bilan (marché
primaire), soit être retiré de l’actif de son bilan s’il est négociable (marché
probable.
vers une tierce personne qui a pour fonction de leur apporter un « plus », un
service qu’ils sont prêts à lui payer à un prix de marché. Les imperfections, les
financier.
courtage*), soit lorsqu'il achète lui-même aux uns pour revendre aux autres
liquidité du marché.
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INTERMEDIATION DE MARCHE
x i y x i y
A A
type d'actif inscrit au passif (actif secondaire). Le point important est que cette
opération implique les deux parties du bilan recouvrant une liaison fonctionnelle
et Shaw ont appelé la finance indirecte. Elle porte aussi bien sur des titres
négociables sur les marchés que sur des actifs non négociables. Ce qui la
INTERMEDIATION DE BILAN
x i y
A1 A2
Bilan de l'intermédiaire i
Actif Passif
A1 A2
29
L'intermédiation obéit à une logique de transformation d'actifs tandis que celle de
obligation, billet de trésorerie, titres émis par des agents non financiers) ou
Comme l’ont souligné Courbis et al. (1990), « d'un point de vue qualitatif, la
peut être le véritable recul de l'intermédiation qui n'est pas un mouvement vers
vie se substituent à des dépôts à court terme. La transformation des risques est
surtout moins intense si le porteur ultime en conserve une part, ce qui est en
innovations financières.
René Gönenç 9 présente une analyse importante des interactions entre le finance
et l'industrie fondé sur la gestion des risques. Dans cette perspective, un système
de prise en charge des risques industriels. On part ici du principe selon lequel
les risques industriels en risques financiers pris en charge par les bailleurs de
fonds.
Cependant, s'il existe plusieurs systèmes financiers, c'est parce que chaque
9 René Gönenç, « Trois formes de gestion financière des risques industriels », Revue d'Economie
Financière, n°18, Automne, 1991.
31
4.1 Modalités des engagements financiers
taux de rentabilité attendu ne découlent pas d'un calcul lié au taux de marché. Ils
une direction le pouvoir de gestion des projets pour lesquels ces ressources sont
grande taille. Ces propriétaires assument collectivement tous les risques et ils
32
profiter des avantages économiques de la diversification des risques. Les
visent à spécifier leurs droits respectifs, leurs normes de comportement, ainsi que
les critères de surveillance. Un point très important doit être noté : « Ces
structures destinées à réconcilier les conflits d'intérêts entre les deux parties,
" rendez-vous d'évaluation " entre les propriétaires [...] et les dirigeants, et sont
moins divisibles et réorientables que dans une entreprise directement dirigée par
Les firmes étant souvent de grande taille, elles gèrent simultanément plusieurs
projets d'investissements. L'évaluation des risques par les propriétaires est donc
moins fondée sur les projets individuels, mais sur un portefeuille de projets. Ce
sont les managers qui évaluent les projets individuels. Deux formes
des placements est faible. Il en résulte que les dirigeants de l'entreprise sont
33
risque qui concerne les jeunes entreprises innovantes, en général de petite taille,
et les apporteurs en fonds propres d'entreprises non cotées. On peut aussi lui
par le marché ». La préférence pour la liquidité des détenteurs de capital est donc
La contrepartie de cette liquidité acquise est que sa propre évaluation des risques
travers du jugement que porte le marché sur l'entreprise en fixant le prix de son
cotées.
ressources propres des firmes. L'engagement des créditeurs est fondé sur la
« n'achètent pas cette performance future ». Cela signifie aussi - qu'à niveau de
moins risqués. Cela explique la faible incitation à engager l'entreprise dans des
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activités fortement innovatrices où la rentabilité potentielle est très élevée. Les
est négociable sur un marché (une obligation par exemple). Seules les entreprises
de grandes tailles et connues des opérateurs peuvent offrir une telle liquidité aux
prêteurs. Il s'agit donc d'un sous-type limité par son ampleur. Il a l'avantage de
diviser l'emprunt et les risques entre de multiples prêteurs, d'où son adaptation
emprunteurs est évaluée et surveillée par des entités externes comme les agences
avant le terme prévu par contrat. Cette absence de négociabilité des crédits
35
implique que les prêteurs sont davantage prudents lors de la sélection des
projets. L'évaluation des risques est une opération bilatérale privée entre
mode de relation entre la banque et l'entreprise. Les banques sont aussi incitées
Elles sont largement fonction des relations entre banque et entreprises et elles
Cette dernière, est au cœur des trois relations cardinales de tout système
Le temps et les actifs sont reliés par les contingences, ou des états de la nature,
prémunir contre des perturbations négatives, par exemple une hausse des taux
d’intérêt faisant baisser les prix des actifs, les investisseurs vont chercher à se
les prix s'effectue à travers les fonctions d'évaluation. Il s’agit ici de l’ensemble
Enfin, le lien entre les prix et le temps repose sur le principe de l'actualisation.
36
financiers se font dans la durée. Or, ce qui intéresse l’investisseur, c’est le gain
L’ensemble de ces points cardinaux convergent vers ce que nous pouvons appeler
l’efficacité fonctionnelle :
Après avoir identifié les canaux par lesquels les systèmes financiers exercent une
37
5.1 Systèmes financiers et croissance : canaux de transmission
Levine (2005)10 résume en cinq catégories les principales fonctions exercées par
entreprises financées ;
10 Levine R. (2005), « Finance and growth: theory and evidence », in P. Aghion et S. Durlauf (éds.),
Handbook of Economic Growth, vol. 1, North Holland-Elsevier, Amsterdam, p. 865-934.
38
Graphique 6 Fonctions du système financier et croissance économique
développement des marchés boursiers. Les mesures les plus largement utilisées
Le ratio des passifs liquides : ce ratio rapporte les passifs liquides hors fonds
39
Le crédit au secteur privé rapporte au PIB le montant du crédit alloué au secteur
privé par les banques et autres institutions financières non bancaires. Ce ratio
rend compte de la façon avec laquelle l’actif domestique est distribué entre les
secteurs public et privé. Il repose sur l’hypothèse selon laquelle les systèmes
financiers les plus développés sont ceux qui attribuent le plus de crédits aux
Il est égal à la valeur totale des parts cotées en bourse rapportée au PIB.
toujours le cas. Un marché boursier large n’est pas nécessairement efficace dans
l’exercice de ses fonctions. Il peut, par ailleurs, être fortement développé malgré
une faible taille (celle-ci étant expliquée par la présence de taxes empêchant une
40
Greenwood et Jovanovick (1990) 11 partent de l'idée selon laquelle la
- l'autre qui est risquée, avec un rendement plus élevé qui dépend lui-même
du progrès technique.
- d'une part, une composante générale sous la forme traditionnelle d'un choc
technologique agrégé dont l'impact sur la productivité est commun à toutes les
industries de l'économie ;
- d'autre part, une composante spécifique propre à chaque individu (dit choc
technologique spécifique).
l'intermédiation est le suivant : les agents ont intérêt à former une coalition (en
non corrélées entre elles, ce qui revient à dire que le rendement du portefeuille
leur rendement maximum s'ils sont conduits tout au long de leur durée de vie.
Or, les épargnants peuvent être contraints de liquider leurs placements avant ce
croissance de l'économie.
dans le total de la valeur ajoutée. Cette part croissante repose à la fois sur
11
10
9
8
7
6
5
4
3
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Une deuxième mesure porte sur le volume des crédits accordé par les
une forte croissance dans tous les pays de l'OCDE depuis les années 1960. En
43
Graphique 8 Crédit intermédié en % du PIB
250
200
150
100
50
0
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
des années 1970, ce ratio a fluctué au gré des crises boursières qui ont affecté les
Japon au début des années 1990 ; éclatement de la bulle internet au début des
44
Une littérature plus récente souligne quant à elle les effets potentiellement
financement par actions), aux subventions implicites liées au principe du too big
pour résultat commun de montrer que, dans les pays en développement et dans
les pays avancés, un accroissement du secteur financier est lié à une croissance
souligne qu'au fur et à mesure que le secteur financier s'accroît en taille, l'effet
positif sur la croissance diminue. Il devient même négatif lorsque les crédits au
G20 entre 1070 et 2011. Ils identifient la présence d'une relation non linéaire
entre taille du secteur financier et croissance, mais celle-ci diffère selon la nature
non-linéarité, les auteurs trouvent que le seuil au-delà duquel la taille du secteur
45
financier nuit à la croissance est de 100 %. En faisant l'hypothèse que ce seuil est
commun à tous les pays de l'OCDE, le graphique 10 montre que ce seuil est
46
Graphique 11 La relation bivariée entre la taille du secteur financier et la
Valeur ajoutée du secteur financier Crédit intermédié en % du PIB Capitalisation boursière en % du PIB
intègrent dans leur régression des variables de contrôle qui sont autant de
variables exerçant une influence sur le taux de croissance du PIB par tête (stock
immobilier exerce une influence négative sur la croissance du PIB par tête. En
dans les pays de l'OCDE. Or, ce type d'investissement a une faible productivité.
crédit / PIB exerce une influence négative sur la croissance du PIB par tête qui
excessive, (ii) une émission de crédit par les banques en progression plus rapide
47
que par les autres intermédiaires, (iii) les garanties des pouvoirs publics sur les
crédit et (v) une augmentation du crédit aux ménages nettement plus forte que
Cournède et Denk (2015) cherchent aussi à voir dans quelle mesure il peut
exister une différence entre crédit bancaire et crédit non bancaire du point de vue
de la relation avec la croissance du PIB par tête. En faisant une telle distinction,
ils trouvent que les pays dans lesquels le crédit bancaire tend à être le plus
important sont aussi ceux qui ont les performances relatives en termes de
48
Cecchetti et Kharroubi (2015) proposent un modèle théorique dans lequel la
effet, d’une part, le secteur financier tend à préférer les projets de financement à
le secteur industriel pour capter les salariés qualifiés. Ces derniers améliorent la
produit une externalité négative pour l’autre secteur. En utilisant des données
économies avancées.
de la contrainte de crédit au sein de l'économie. Or, ce sont les ménages les plus
49
pauvres qui pâtissent davantage des difficultés d'accès au crédit. En conséquence,
lorsque la contrainte de crédit diminue, cela permet à des ménages plus pauvres
exemple l'investissement dans l'éducation. Un tel canal n'est pas observé dans les
part de ces crédits allant vers les ménages aux plus faibles revenus.
formel. La littérature suggère que ce canal de transmission est observé dans les
augmentation des inégalités de revenus. Un canal possible repose sur le fait que
les ménages ayant déjà les revenus les plus élevés bénéficient le plus de
financement moins coûteuses. Une telle relation est d'autant plus probable que ce
sont les ménages les plus riches qui sont en capacité d'offrir aux prêteurs les
garanties (collatéraux) les plus sûres (sûrs). Les données microéconomiques sur
la zone euro montrent que les ménages aux revenus bas ou moyens rencontrent
ménages situés dans les 20 % (quintile) des ménages les moins riches rencontrent
des difficultés d'accès au crédit contre seulement 16 % pour les ménages situés
50
dans les 25 % des plus riches. Les enquêtes suggèrent que ce n'est pas à travers
(Fournier et Koske (2012) pour les pays de l'OCDE, Godechot (2012) pour la
que l'impact de la capitalisation boursière sur les inégalités de revenu est sans
doute sous-évalué du fait de la non prise en compte des gains en capital liés à la
14Fournier, J.-M. and I. Koske (2012), « The determinants of earnings inequality: evidence from
quantile regressions », OECD Journal: Economic Studies.
Godechot, O. (2012), « Is finance responsible for the rise in wage inequality in France? », Socio-
Economic Review, Vol. 10, Issue 3.
Philippon, T. and A. Reshef (2012), « Wages and human capital in the US finance industry: 1909-
2006 », Quarterly Journal of Economics, Vol. 127, Issue 4.
51