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Introduction à la microéconomie

2014-2015
8. Les biens publics
8.1. Nature des biens publics
8.2. Le problème du resquilleur
8.3. Biens mixtes
8.4. Allocation du bien public
Federica Sbergami
IEE
Ce que nous allons voir
• Caractéristiques et propriétés des biens publics
• Non-exclusion et non-rivalité
• La non-exclusion et le problème du free-rider
• Exclusion et non-rivalité ou non-exclusion et rivalité: les biens mixtes
• La tragédie des communaux et quelques applications
• Offre optimale des biens publics
• L'analyse coût-bénéfice et ses limites

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Le marché en échec
• Dans le chapitre 7 nous avons analysé un premier cas d'échec du marché,
c.à.d. une première situation dans laquelle le marché décentralisé n'est
pas en mesure d'assurer la réalisation de l'optimum social (= allocation
efficace des ressources) → externalité.
• Il existe des biens qui pour leur nature intrinsèque ne peuvent pas être
(partiellement ou totalement) offerts par le secteur privé → échec partiel
ou total de la solution marchande.
• Par exemple:
– Pourquoi les routes, les ponts, la voirie, l’éducation, les transports les services
du feu, la sécurité, sont-ils l’oeuvre de collectivités publiques?
– Pourquoi l’État intervient-il sur certains marchés comme celui des véhicules à
moteur ou des frigos pour en limiter les émissions polluantes?
– Pourquoi certaines espèces végétales ou animales qui sont exploitées à des
fins marchandes disparaissent ou sont menacées d’extinction tandis que
d’autres pas?

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8.1. Nature des biens publics
Caractéristiques des biens publics
• Les externalités ont de nombreux points communs avec ce type de biens
qu’on appelle les biens publics, qui vont aussi être confrontés, comme les
externalités, à une mésallocation par le marché.
• Biens caractérisés par la présence de fortes externalités  sous-production
ou absence de production dans une économie privée.
• Dans de tels cas, la politique de l’État peut potentiellement pallier la
défaillance de marché et augmenter le bien-être en se chargeant de l'offre de
biens publics.
• On peut résumer les caractéristiques principales des biens publics comme il
suit:
– La production est sujette à des fortes économies d’échelle dans la production
(= coût moyen de production décroissant avec la quantité);
– Les biens ont des caractéristiques de “biens publics”, c.à.d. ils sont "partagés" par
tout le monde;
– Les droits de propriété sur certaines ressources sont inexistants, vagues ou non
respectés.
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Propriétés des biens publics
Les biens dits “publics” se distinguent des biens dits “privés” par rapport à
deux propriétés liées à la manière dont le bien peut être fourni sur le marché.

 Lorsque le producteur ne peut pas exclure des consommateurs potentiels,


on parle de non-exclusion.

 Lorsque le coût de fourniture d'un consommateur additionnel du bien est


nul, on parle de non-rivalité.

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La non-rivalité
Non-rivalité dans la consommation:
 Une fois produit, le coût additionnel pour qu’une autre personne consomme
une unité du bien est nul.
 Exemple: un phare, une fois qu’il est construit et qu’il est allumé, le coût pour
qu’il éclaire un bateau additionnel est nul. Il en est de même pour un pont,
une autoroute, un paysage, la sécurité, etc.
 Au contraire, les biens privés sont typiquement rivaux dans la consommation
(l'usage par un individu diminue l'usage du bien par un autre individu): une
seule personne profite d’une barre de chocolat donnée.
 NB: il ne faut pas confondre le coût d'un consommateur additionnel (qui est
nul) avec le coût marginal de fabrication du bien (qui n'est pas nul). Par
exemple, le coût marginal de construction d’une autoroute est croissant avec
la densité du réseau autoroutier, mais une fois construit ce réseau, le coût
associé à la consommation de ce bien est nul (ou très faible).
 Ceci implique aussi qu'une fois fabriqué, il est effectivement difficile de
fractionner le bien en fonction de la demande → caractéristique
d’indivisibilité: le bien est fourni en bloc.
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La non-exclusion
Non-exclusion dans la consommation:
 Il existe des biens pour lesquels il est difficile, voire impossible d’exclure
quelqu’un de leur consommation.
 Par exemple :
– un phare, une signalisation routière;
– un beau paysage, un feu d’artifice;
– l’éclairage des rues, leur propreté;
– la défense nationale, la sécurité d’un quartier;
– la qualité de l’air, de l’eau, l’environnement en général.
 La difficulté n’est pas nécessairement technique, mais économique. Il peut
être techniquement possible de mettre des barrières pour empêcher la vue
d'un feu d’artifice, mais c’est extrêmement coûteux et donc non rentable.

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Résumé

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8.2. Le problème du resquilleur
La non-exclusion et le problème
du resquilleur
La non-exclusion est directement associée au problème du “passager clandestin”
(free rider problem) ou des préférences non révélées.

La difficulté d’exclusion permet de consommer le bien sans avoir à en payer le


prix et donc couvrir le coût.

Exemples:
• Un bateau qui ne paye pas mais bénéficie de l’éclairage d’un phare.
• La télévision publique et la redevance.
• Les personnes non vaccinées bénéficient implicitement de la vaccination des
autres, car la diffusion de la maladie est limitée, mais ne paient pas pour cela.

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Comportement stratégique du
resquilleur
La théorie des jeux permet de montrer que les individus ont une incitation
naturelle à adopter un comportement de "passager clandestin", qui conduit à
une situation sous-optimale pour tous.
Ce principe a été mis en évidence par John Nash, prix Nobel pour l’économie
en 1995, et il est une application du dilemme du prisonnier, que l’on retrouve
très souvent dans des situations non-coopératives où le choix de l’un dépend
du choix de l’autre.
La force de la théorie de Nash est de montrer que la poursuite de l’intérêt
propre peut aller à l’encontre de l’intérêt collectif, contrairement à l’argument
de la main invisible.

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Exemple fictif
• Deux voisins, dont le chemin jusqu’au village est dépourvu de tout éclairage la
nuit, contemplent le possible investissement en éclairage de rue.
• Deux lampadaires permettraient d’avoir une visibilité sur tout le trajet, et un
seul lampadaire n’apporte qu’un bénéfice partiel car une partie du chemin
reste dans l’obscurité.
• Admettons que le coût d’un lampadaire soit de 3000. Le gain de bien-être
associé à un éclairage complet du chemin (en équivalents monétaires) est de
4000 chacun.
• Si l’éclairage est partiel, le bien-être n’augmente que de 2000.
Matrice des gains
nets (bien-être
moins dépense)

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Problème de coordination
• Si l’action conjointe était coordonnée, le gain net de chacun serait positif:
(+1000, +1000).
• En revanche, il existe une incitation pour chaque voisin à minimiser
l’importance du problème de l’éclairage, pour bénéficier de l’action
unilatérale de l'autre. La stratégie dominante se révèle être l’inaction:
(Ne fait rien, Ne fait rien) est l'équilibre de Nash, unique, de ce jeu.
• Par conséquent, l’équilibre est sous-optimal (cas classique du dilemme du
prisonnier).
• Problème: comment financer le bien si les personnes disent ne pas en
profiter (problème des préférences non-révélées)?
• Solution: l’État fournit le bien mais rend la contribution obligatoire. Il reste à
savoir dans quelle mesure chacun doit participer au financement du bien
public.

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8.3. Biens mixtes
Exclusion et non-rivalité
• Il existe des biens mixtes qui présentent seulement une des deux
caractéristiques typiques des biens publics. Par exemple, un pont, un cinéma
ou une autoroute, une piscine, la télévision permettent l’exclusion, malgré la
non-rivalité.
• Certains biens mixtes sont fournis par des privés, d’autres par l’État. Les
pratiques peuvent être très différentes de pays à pays, car des considérations
d’équité entrent également en ligne de compte.
• La congestion et la réduction de qualité concomitante réintroduisent une
certaine rivalité entre les consommateurs et un rationnement du service en
question, qui correspond à une forme d’exclusion.

• Exemple: l'éducation → exclusion + non-rivalité


– L’éducation est publique à des degrés divers dans différents pays.
– Souvent, l’éducation est fournie à un prix inférieur au coût de production pour des questions de
redistribution. L’accès égal à la formation est une manière de favoriser la mobilité sociale. L’éducation
est également fournie par le secteur public en raison des externalités positives qu’elle véhicule.
– En cas de congestion, l’objectif redistributif est réduit, car les personnes ayant plus de ressources
peuvent substituer l’éducation publique par l’éducation privée, si celle-ci est de meilleure qualité.
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Non-exclusion et rivalité
• Le bien mixte peut également avoir la configuration de non-exclusion
couplée à la rivalité.
• C'est le cas de tous les biens ou ressources dont la propriété commune
implique à terme un problème de congestion. Ex: ressources naturelles.
• Mésallocation: la sur-exploitation peut conduire à la disparition pure et
simple de la ressource.
• Les perdants sont souvent les exploitants eux-mêmes pris collectivement.
• Prise de conscience avec l’article célèbre de Garett Hardin (1968) et les
travaux de Elinor Ostrom (prix Nobel 2009).

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La tragédie des communaux (1)
• Exemple classique: village d’éleveurs qui se partagent les champs
(les communaux) où ils font paître leurs bêtes.
• Incitation de l’éleveur individuel à sur-exploiter le pré, car il n’y a pas
d’incitation à la retenue. Chaque éleveur impose une externalité sur les
autres en réduisant la qualité du champ commun.
• Le bénéfice d’une gestion “responsable” de la ressource commune est
minime, surtout en anticipation de l’absence d’une telle attitude par les
autres.
• Conséquence: tous les éleveurs sur-exploitent le pré, dont l’herbe ne peut
pas se renouveler (encore un cas de dilemme du prisonnier).
Equilibre de Nash
Matrice des gains nets

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La tragédie des communaux (2)
• Problème récurrent et de grande actualité des zones de pêche: il est
difficile d’exclure des nouveaux bateaux de pêche, mais il y a rivalité dans
les prises.
• Il serait dans l’intérêt de tous les bateaux de limiter leurs prises pour laisser
les poissons se reproduire, mais chaque bateau individuellement a intérêt à
maximiser les prises avant que les autres ne le fassent.
• Nécessité d'une régulation (taxe, licence, quota…) par une instance
publique pour limiter les prises individuelles.
• Problème aigu lorsque la ressource naturelle est partagée par plusieurs
pays: nécessité d’une instance supra-nationale.
• Cf. The Economist, The tragedy of the commons, contd, 04.05.2005.
• Pleine d'autres applications possibles, par exemple l'impact des émissions
de CO2 sur l'atmosphère (= bien commun) et les tentatives de régulation
avec le Protocole de Kyoto (1997) et l'Accord de Copenhague (2009).

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La tragédie des communaux:
coût privé versus coût social
Et à propos des émissions de CO2…

Prix du
poisson

P*Social

P*Privé

Bénéfice privé/social = Demande

Q*Sociale Q*Privée Q de poisson

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8.4. Allocation du bien public
Offre optimale
• Une fois décidé qu’un bien public doit être fourni, la question qui se pose est
de savoir dans quelle quantité.
• Sur le marché d’un bien privé, pour un prix donné, chacun consomme une
quantité optimale du bien.
Bien privé: des quantités différentes pour le même prix.
• Pour un bien public la question est plutôt de savoir pour une quantité donnée
du bien public (en raison de la non-rivalité) quel prix faire payer à chacun.
• Pour une fourniture efficiente, il faudrait que la somme des bénéfices
marginaux (des volontés de payer) soit égale au coût de fabrication du bien
public. Chaque individu paye ensuite l’équivalent de sa volonté de payer.
Bien public: la même quantité avec des prix différents.

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Demandes individuelles et
demande agrégée: bien privé
P, Bm P, Bm P, Bm, Cm

Cm = Offre

D1 D2
q1 q2
Q = q1+q2

Somme A L'HORIZONTALE
des fonctions de demande
individuelles
Au prix d'équilibre de marché, chaque consommateur consomme une quantité différente
du bien
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Demandes individuelles et
demande agrégée: bien public
La quantité consommée est la même, mais chacun en tire un bénéfice différent.
Bm
Prix = Cm Si on avait prix = Cm (marché privé), l'offre
du bien serait sous-optimale ou nulle.
Bm, Cm
NB: Cm > Bm1 et Cm > Bm2
Bm1
D1 Cm (= Prix?) = Offre
Q
Bm1
Bm Somme A LA
Prix = Cm
VERTICALE des
fonctions de
demande
Bm2 individuelles
Bm2
D2 D
Q Q

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Exemple
• Par exemple, si pour avoir un service de voirie des rues donné, le coût est
de 100 et que Jean est prêt à payer 20, Jacques 30 et Paul 50, on a la
quantité optimale du bien public, car la somme des volontés de payer est
égale au coût de production du service.
• Or, une entreprise privée de voirie ne pourrait pas financer ce service en
faisant payer chacun selon sa volonté de payer à cause du problème du
passager clandestin et des préférences non-révélées.
• L'État, de son côté, pourra procéder à une évaluation des bénéfices du
service de voirie et, une fois établie la quantité optimale, grâce à son
pouvoir de coercition, obliger les citoyens à se partager son financement.
(Mais, comment évaluer le bénéfice et répartir au mieux le fardeau entre
citoyens si l'État lui-même ne connait pas les préférences de chacun? →
questions très délicates…)

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Analyse coûts-bénéfices
 Une solution consiste donc à procéder à une analyse coûts-bénéfices, en
procédant au décompte de tous les bénéfices et tous les coûts (monétaires
et non-monétaires) pour la collectivité associés à une certaine quantité du
bien public.
 Problème: sans prix, comment estimer les bénéfices et coûts pour la société
d’un bien public? Exemples:
– Quelle valeur sociale pour une ambassade? Un zoo?
– Des routes plus sûres? Valeur d’une vie sauvée?
– Valeur d’une atteinte à la bio-diversité? Combien vaut une forêt?
 Ce type d’analyse est nécessairement complexe et emprunt de subjectivité
dans l’évaluation des coûts et des bénéfices.
– Selon le poids que l’on donne à l’énergie générée par un barrage hydro-
électrique et les atteintes aux riverains et la bio-diversité, différentes décisions
pourraient être prises.

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Exemple: construction d'un pont (1)
Analyse coût-bénéfice de la construction d'un pont sur une rivière (bien mixte).
• Bénéfices
 Bénéfices monétaires: péage (si péage il y a) que les automobilistes paient.
 Bénéfices non-monétaires: surplus des consommateurs = automobilistes.
 Externalités positives: plus de tourisme dans des régions autrement isolées,
trafic moins congestionné sur les routes.
• Coûts
 Coûts monétaires: paiement de l’entreprise de construction.
 Coûts non-monétaires: perte sèche du prélèvement d'une taxe pour
financer la construction du pont.
 Externalités négative: moins de profits pour le tourisme dans d’autres
régions ou pour la compagnie qui faisait la traversée en bateau
(externalités monétaires) + vue des riverains ou destruction de la vie
sauvage dans les environs (externalités non-monétaires).

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Exemple: construction d'un pont (2)
Problème: il est très difficile de mesurer tout ce qui est non-monétaire ou les
externalités.
• Valeur de la vue sur la rivière? On demande aux propriétaires? Les
estimations son sujettes à des erreurs d'évaluation;

Et sur ce qui est monétaire aussi, on peut avoir beaucoup d’incertitude.


• Quelle sera la demande de passages sur le pont?

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Exemple: la valeur d'une vie
• Très souvent, les décideurs politiques doivent se prononcer sur
l’amélioration de la sécurité (lieu de travail, circulation, loisirs...) et le projet
peut nécessiter de coûts qu’il faut mettre en balance avec des vies sauvées.
• Problème: quelle valeur donner à une vie sauvée?
 Approche du capital humain: utilisée dans certains tribunaux aux USA
pour évaluer des dommages compensatoires. Problème d’équité: ceux
dont les proches décédés n’ont pas fait d’études reçoivent moins que
ceux ayant un niveau d'éducation élevé.
 Approche des dépenses de sécurité: tout ce que les gens payent pour
avoir un airbag, des freins ABS ou un extincteur.
 Approche de la valeur statistique: le marché du travail comporte des
risques de décès que les travailleurs peuvent être prêts à prendre si on
les compense avec une prime salariale de risque encouru.

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Analyse coûts-bénéfice et le temps
 Un autre problème qui se pose aux décideurs survient lorsque les flux de
coûts et de bénéfices arrivent à des périodes différentes.
 Exemple: meilleur encadrement éducatif, investissement dans une
meilleure épuration des eaux, reboisement d’une forêt... coûts sont subis
aujourd’hui, alors que les bénéfices sont plus éloignés dans le futur.
 Or: “un tiens vaut mieux que deux tu l’auras”. Autrement dit, les individus
ne donnent pas la même valeur à des flux de coûts ou bénéfices présents et
futurs: préférence pour le présent.
 Il est clairement très difficile de faire des évaluations des conséquences
non-monétaires ou des externalités, mais on peut aussi avoir beaucoup
d'incertitude sur tout ce qui est monétaire.
Sur la difficulté de l'analyse coût-bénéfice, cf. le cas de la connexion ferroviaire
à haute vitesse Turin-Lyon:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liaison_ferroviaire_transalpine_Lyon_-_Turin
http://fr.wikipedia.org/wiki/NO_TAV
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L'État de droit est un bien public
 Les résultats d’efficience du marché dépendent crucialement du respect de
l’État de droit et, en particulier, de la sauvegarde des droits de propriété,
mais aussi des libertés individuelles de base. Sans respect des droits
fondamentaux, pas d'efficience de l'économie de marché.
 Or, le marché seul ne permet pas en soi de voir émerger un État de droit.
 La poursuite de l’intérêt privé (main invisible) seule donne lieu à
des situations de non-droit où les échanges sont réduits, car
découragés par l’expropriation (seigneurs de guerre, mafia, Far
West…).
 La collectivité dans son ensemble pâtit du non-respect des droits
fondamentaux. Loi du plus fort: l'incitation n'est pas à la production
mais à l'extorsion (cf. page suivante).
 Les sociétés de chasseurs cueilleurs vivent sans droits de propriété! Mais:
sont peu nombreux en regard des ressources environnantes. Dès que la
pression démographique augmente, les ressources sont épuisées, car il n’y
a pas d’incitation à les préserver (tragédie des communaux).
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Inefficience de l'anarchie
 Supposons une société avec deux individus, où chacun a le choix d’utiliser
ses ressources (temps et effort) pour produire des biens ou d’en dévier une
partie pour voler à l’autre → dilemme du prisonnier: l’équilibre de Nash
(vol, vol) est sous-optimal.

 Deux solutions possibles:


– Le jeu continue à l’infini ou qu’il y a une incertitude sur la dernière
période → coopération "forcée" par la peur des représailles.
– Coercition légale par l’État qui impose une peine (crédible) aux voleurs.
Si, par exemple, cette peine en cas de vol équivaut à -2, la stratégie
dominante devient "produire" pour les deux.

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Résumé
• Les biens diffèrent au regard de leur nature: (non-)exclusion et (non-)rivalité.
• Exclusion: il est possible d’empêcher quelqu’un de l’utiliser. Un bien est rival
dans le cas où, s’il est consommé par quelqu’un, la possibilité qu’il soit aussi
consommé par quelqu’un d’autre est réduite.
• Les biens publics purs sont caractérisés par la non-exclusion et la non-
rivalité.
• Si l’exclusion n’est pas possible, les individus sont incités à se comporter en
passagers clandestins lorsque ce bien est fourni par le secteur privé.
• L’État prend en charge les biens publics et décide de la quantité à fournir au
moyen d’une analyse coûts-bénéfices.
• Les ressources communes sont des biens rivaux sans exclusion possible.
• Comme les individus ne paient pas pour l’utilisation de ces ressources, ils
tendent à les sur-exploiter.
• L’État est dans ce cas nécessaire pour suppléer au marché. Le problème
devient critique lorsque la ressource dépasse les frontières nationales d’un
pays.
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Références additionnelles

• The Economist, The tragedy of the commons, contd, 04.05.2005

• Sur la connexion ferroviaire à haute vitesse Turin-Lyon:


http://fr.wikipedia.org/wiki/Liaison_ferroviaire_transalpine_Lyon_-_Turin
http://fr.wikipedia.org/wiki/NO_TAV

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