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I) Présentation de la BCE
Cela part du principe que l'inflation perturberait le raisonnement des agents économiques et
donc qu'une inflation minimale (< 2%) est considérée comme normale.
Délai : on dit que la politique monétaire agit sur l'économie à partir d'un certain délai : la
politique monétaire faire preuve d'anticipation. On voit bien ce qui sépare en théorie la BCE
de la FED, qui a des comptes à rendre d'un point de vue politique devant les autorités (le
Congrès par exemple) et qui a également pour objectif le plein emploi (la FED peut arbitrer
entre la stabilité des prix et le plein emploi, ce qui n'est pas le cas de la BCE).
En pratique, la BCE a mené une politique radicalement innovante à partir de la fin des
années 2000 : le principal taux directeur est passé de 3.75 en 2008 à 0.25 en 2013 par
crainte de déflation.
De fait, la BCE en est venu à jouer à sa manière un rôle de prêteur en dernier ressors alors
que ce n'est pas son rôle (ie injecter massivement des liquidités pour éviter le tarissement de
la demande de crédit, de la part des ménages et des entreprises). Cela risque de poser un
problème d'aléa moral la BCE doit être capable d'évaluer les risques que chaque banque
représente mais aussi capable de gérer un éventuel risque systémique (ce qui favorise après
2009 les contrôles de solidité bancaire – crash test).
Le risque d'aléa moral subsiste : si une banque sait qu'elle sera secourue en cas de problème
de solvabilité, cela ne l'encourage pas forcément à adopter des mesures prudentielles.
L'argument classique sur l'indépendance de la BCE était un argument qui consistait à mettre
la création monétaire à l'abri du pouvoir politique (qui avait une fâcheuse tendance à créer
de l'inflation pour alléger les dettes). Pendant longtemps, la politique monétaire était
longtemps subordonnée à la politique budgétaire. Ce n'est plus le cas avec la BCE (même
modèle que la Bundesbank, c'était la condition pour que l'Allemagne abandonne le mark
pour l'euro).
L'indépendance est censée reposer sur un contrôle démocratique en amont mais cela pose
malgré tout le problème de la légitimité politique (Friedman était contre l'indépendance de
la BCE).
La politique monétaire est décidée par le Conseil des Gouverneurs.
Un Système Européen de banques centrales s'est mis en place : réunit les 27 banques
centrales (même les pays qui n'ont pas l'euro).
La BCE est censée rendre des comptes au Parlement Européen, mais il n'a aucun pouvoir de
contrôle.
La BCE peut prêter de la monnaie aux banques et acheter des actifs financiers. En Europe à
l'origine, la BCE privilégie le 1er mécanisme = prêter aux banques qui mettent en pension des
titres. Cela modifie évidemment le prix de la liquidité.
Mais depuis 2011, elle a eu l'occasion d'acheter des titres polémiques.
La plupart des ménages et des entreprises européens se financent auprès des banques et
pas directement sur les marchés financiers.
Il y a donc des appels d'offre : chaque semaine, la BCE se livre à des prises en pension pour 1
semaine (la FED fait essentiellement une politique d'open market).
La BCE fixe donc le taux de refinancement mais elle peut toujours accorder des facilités de
prêt et de dépôt.
Il y a des réserves obligatoires : seuil minimum obligatoire de dépôt qui correspond à ≈ 1%
des dépôts des clients (c'est un ratio prudentiel) – c'est un compte ouvert auprès de la BCE
où on place 1% de notre demande de crédit. C'est une garantie pour sécuriser les clients.
Des taux directeurs sont établis = deviennent des indicateurs pour mesurer la politique de la
BCE. Ces taux directeurs sont censés agir directement sur les taux courts, autrement dit la
demande de crédit à court terme (3 mois par exemple). On joue sur le volume de crédit à
très court terme. Mais les taux directeurs vont également indirectement affecter les taux
longs (ceux importants pour obtenir des obligations de la dette publique, 5-7 ans par
exemple). Si les taux baissent la valeur de notre titre augmente (puisque les nouveaux seront
émis à taux plus bas) : cela affecte le marché des titres mais aussi le cour des titres. C'est ce
qu'on appelle les canaux de transmission de la politique monétaire.
Comment la variation des taux directeurs de la BCE affecte le canal du crédit (crédit des
banques) et le canal des taux de change (valeur de l'€ par rapport au $ par exemple) ?
Canal du crédit = effet évident sur le marché immobilier.
La hausse des taux d'intérêt est censée rendre plus attirant les classements en euro et donc
une meilleure appréciation de l'euro vis à vis des autres devises (cela peut freiner les
importations des produits libellés en euro et favoriser les exportations de produits non
libellés en euro ie dégrader la balance commerciale). Depuis l'origine, la stratégie de la BCE a
été de suivre un indicateur monétaire = M3 (indicateur le plus large).
M1 = pièces, avoirs bancaires, billets
M2 = ce qui est facilement convertible en monnaie : comptes épargnes par exemple
M3 = M1, M2 et actifs aisément convertibles en monnaie
En théorie, s'intéresser à M3 c'est s'intéresser aux évolutions de l'inflation.
1993 : John Taylor, américain, définit la Règle de Taylor = équation qui essaye de définir ce
que devrait être le taux directeur idéal en tenant compte de la croissance économique
effective et de la croissance économique potentielle.
Le risque désormais serait d'avoir une politique monétaire trop restrictive, qui ne permette
pas de soutenir l'activité économique ou une politique monétaire inflationniste qui dégrade
la valeur de la monnaie.
Pourquoi est-on arrivé à des taux directeurs proches de 0 dans la zone euro ?
Virage à 180°! Ce qui justifie la baisse des taux est évidemment la fragmentation du marché
monétaire avec en plus le risque que pouvaient représenter les sorties de l'euro (Grèce,
Portugal, Irlande...) qui pourraient entrainer un endettement insoutenable pour ces pays là.
Le risque de déflation est aussi un facteur à partir de 2012, il touche des pays européens
dont l'Espagne.
Un programme d'achat d'actifs se met en place pour relancer les marchés. Autrement dit :
- La BCE achète des titres pour alléger les banques centrales de chaque État
- La BCE achète massivement des obligations d'État qui apparaissent dangereuses :
Grèce, Portugal, Espagne, Italie pour éviter une crise de la dette souveraine. Si la
BCE rachète des titres dont personne ne veut, cela stabilise le prix de ces titres (ils ne
baissent plus) et on envoie un signal aux détenteurs des titres ("gardez les titres, vous
ne risquez rien").
C'est le Quantitative Easing.
Cela conduit en septembre 2012 Mario Draghi à annoncer des interventions illimitées sur le
marché de la dette souveraine (permis par le Mécanisme Européen de Stabilité). Le bilan de
la BCE double, ses moyens d'intervention s'accroissent. Ses interventions ont été surtout
ciblées (sur les titres publiques) à la différence du Japon, de la FED et de la Banque
d'Angleterre où le financement sur les marchés est nettement plus importants (et donc cela
refinance les ANF = Agents Non Financiers) alors qu'en Europe on refinance les banques.
Paradoxe de Minsky : on prête trop quand la situation économique est bonne et pas assez
quand elle est mauvaise...
La BCE depuis 2011 a été extrêmement souple et elle s'est concentrée sur des indicateurs
économiques (alors que normalement elle doit se concentrer sur des indicateurs
monétaires). Sauf que la BCE ne peut pas s'attaquer aux causes profondes (nature des
endettements publics et privés) de sorte que certains lui reprochent de ne pas en faire assez
et en Allemagne on lui reproche au contraire d'en faire trop en outrepassant son mandat.
3 piliers :
- Non monétarisation des déficits
- Règle de non renflouement (ni l'UE ni les États membres ne sont engagés auprès des
autres)
- Principe de non défaut (la BCE doit contrôler la soutenabilité des finances publiques)
Cas d'école = le cas de la Grèce de 2010.
Les États vont tous les jours sur les marchés pour lever de l'argent en vendant des titres. Les
opérateurs ce jour là ont refusé d'acheter crise de soutenabilité de la Grèce, sa dette
n'était plus financée.
Solution allemande : utilise le principe de non défaut autrement dit responsabiliser l'État
grec. Aléa moral = "je suis un petit pays, je laisse filer les comptes, les gros pays doivent venir
me sauver". Cela laisse entendre que la zone est incapable de gérer un choc asymétrique.
Solution de la France, de la BCE, du FMI : éviter la contagion. CDS : si le titre fait défaut, les
CDS (= garanties) augmentent. Risque de défiance de plus en plus forte, peut entrainer une
sorte de spéculation sur le défaut des États qui agirait comme une prophétie auto-
réalisatrice.
L'Europe n'a cessé d'alterner entre ces 2 solutions. Finalement la 2nde stratégie a fini par
l'emporter, mais en limitant les plans de sauvetage à des prêts et non pas des transferts et à
conditionner cette aide à des plans d'ajustement structurel (comme dans les pays
développements). Plans drastiques, surveillés par la fameuse troïka (BCE, FMI, Commission).
Création du Fonds Européen de Stabilité Financière en 2012 suivi par le Mécanisme
Européen de Stabilité (MES).
Viabilité de la zone euro : question qui s'est surtout posée à partir de 2009.
Théorie qui domine le marché = théorie de la Zone Monétaire Optimale (ZMO) = il faut
mettre en œuvre des politiques communes.
"L'Europe se fera par la monnaie ou ne se fera pas", Jacques Rueff.
Introduction de l'euro en 2002. Question = s'agit-il d'une ZMO ?
Mundel en 1961 a théorisé pour la 1ère fois la ZMO, il retient 2 critères d'optimalité :
- la mobilité des facteurs de production
- la symétrie dans les réactions aux chocs externes
D'autres économistes ont rajouté des critères, McKinnon rajoute :
- le degré d'ouverture économique
On a aussi rajouté :
- le degré de diversification
- l'intégration financière
- la convergence des taux d'inflation
Cela peut être viable via des mécanismes de stabilisation, des transferts de ressource...
La zone euro traduit bien une tension extrême entre régionalisation et mondialisation.
La construction monétaire est donc une réponse au désordre monétaire international, à la
volonté de liberté de circulation des capitaux, à la vulnérabilité face aux chocs
internationaux.