LA CULTURE EST-ELLE UN MARCHÉ ?

Jean-Marie Messier : ancien PDG de Vivendi : "l'exception culturelle française est morte".

I- Culture = marché ordinaire ?

A) Les caractéristiques de produits culturels
Biens spécifiques. Il y a des coûts fixes élevés : par exemple pour le spectacle vivant mais
aussi pour un blockbuster.
Un fois fabriqué, le produit peut être reproduit quasi à l'infini avec des coûts marginaux
(musique téléchargée par exemple).
Il est donc impossible de tarifer au coût marginal (sinon le 1er paierait le coût du film et le
dernier rien du tout), il faut trouver une tarification au coût moyen  compliqué.

B) La particularité de la consommation des produits culturels

Les consommateurs sont confrontés à une grande incertitude : la question du goût.
Problème que l'on appelle "problème d'économie de la qualité" : on ne sait pas à l'avance la
qualité du produit. Problème d'accès à l'information et de coût de l'information.

C) Les produits culturels sont des biens addictifs

La compétence s'accroit au fur et à mesure de la consommation, donc l'utilité marginale
n'est pas décroissante = ce n'est pas un bien ordinaire (c'est même l'inverse).
Rencontre offre/demande non garantie : il peut y avoir des obstacles à la production
(incertitude trop forte) d'où la nécessité de trouver des subventions (mécénat) pour
résoudre le problème de Baumol : "la maladie des coûts" = pas de gain de productivité dans
des activités purement humaines (on ne peut pas passer d'un spectacle de 40 personnes à
20 du jour au lendemain...).
La demande risque donc de se limiter à un public de spécialistes. Ce qui peut justifier une
intervention publique pour corriger les problèmes du marché.

II- L'intervention publique dans la culture

A) La définition d'une politique culturelle
La France est caractérisée par une politique culturelle ambitieuse depuis Malraux (créateur
du ministère de la culture en 1959). Politique d'entretien du patrimoine culturel (châteaux,
églises)  coûte très cher. Il faut aussi diffuser les grandes œuvres culturelles (Maisons des
Jeunes et de la Culture créées par Malraux), les politiques de gratuité des musées, les tarifs
réduits, promouvoir les artistes contemporains...
C'est aussi la reconnaissance de la diversité culturelle (hip-hop). Le budget de la culture
passe à 1% du budget de l'État en 1980, quand la gauche arrive au pouvoir (Jack Lang,
ministre de la culture).
Le souci de préserver une production nationale justifie l'instauration de mesures d'exception
: en UE, dans le secteur musical, quota de chansons nationales (40%) imposé dans les radios
par exemple.

B) CNC en France
Industrie du cinéma qui instaure le système de la vente sur recette. Permet à un certain
nombre de films d'atteindre le seuil de rentabilité. La France produit autant de films que les
pays de l'UE réunis ! La télé en France finance le cinéma : les chaines de télé coproduisent les
films pour pouvoir les rediffuser.
 Jean-Marie Messier a été viré de Vivendi (possède Canal +) justement parce qu'il
proposait l'arrêt de cette méthode...

C) L'État bâtisseur et animateur

Le rôle des pouvoirs publics se vérifie dans les grands chantiers.
Ex : Beaubourg pour Pompidou, Pyramide du Louvre pour Mitterrand, le quai Branly pour
Chirac. Aujourd'hui, Fondation LVMH  relais pris par les entreprises.
Cela participe au rayonnement culturel du pays (Louvre à Abu Dhabi par exemple).
Ecomusée = reconstitution d'un écosystème, zoo des plantes

III- L'instauration d'un marché de taille mondiale

A) Redéploiement de l'industrie culturelle
Développement technologique, déréglementation à l'échelle internationale ou européenne
qui tend à faire du produit culturel un produit normal.
Fusions fortes : Disney-Pixar par exemple
Fusions entre industries de contenants et de contenus
Échec : AOL et Timeowner
Démantèlement de Vivendi-Universal

B) Une industrie américaine

"Les médias sont américains" = américanisation de la culture. Les best-sellers mondiaux, les
blockbusters, les agences de CD... parler anglais = atout.
Nouveaux formats nés aux USA = la série
Participe à leur soft-power

C) Un marché en recomposition
Les groupes multimédias doivent acquérir une taille mondiale ou européenne ce qui tend à
montrer que la revendication de l'exception culturelle est de plus en plus demandée par les
pays (émergents par exemple). Revendication identitaire, résistance à l'hégémonie
américaine.
Jeu vidéo = domaine dans lequel la France est très forte.