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Rech

Crise des subprimes

La crise des subprimes (en


anglais : subprime mortgage crisis) est
une crise financière qui a touché le
secteur des prêts hypothécaires à risque
(en anglais : subprime mortgage) aux
États-Unis à partir de juillet 2007. Avec la
crise bancaire et financière de l'automne
2008, ces deux phénomènes inaugurent
la crise financière mondiale de 2007-
2008.

La crise trouve son point de départ dans


la hausse des taux directeurs de la
Réserve fédérale à partir de 2005. Cette
hausse, renchérissant le coût du
remboursement des prêts, s'accompagne
ainsi d'un taux de défaut de 15 % de ces
crédits en 2007. En outre, à partir de
2007, pour la première fois depuis la fin
de la Seconde Guerre mondiale, les prix
de l'immobilier baissent. Cette baisse, qui
n'avait pas été anticipée, provoque de
nombreuses faillites parmi les
organismes de crédit qui avaient délivré
des subprimes. En effet, ces organismes
se remboursent, en cas de défaut sur un
prêt, en vendant le bien immobilier. Cette
baisse provoque également des faillites
nombreuses parmi les fonds
d'investissements qui spéculaient sur ces
mêmes prêts hypothécaires à risque.

Enfin, la crise s'étendit au reste du


monde, dans un contexte de contagion, à
l'ensemble des acteurs économiques en
raison de la titrisation, lorsque les
banques qui finançaient les fonds
d'investissement, lesquels avaient fait
faillite, refusèrent de se prêter de l'argent
de peur qu'elles détinssent des liquidités
« toxiques ». Ces prises de position sont
à l’origine de la crise financière mondiale
de 2007 qui déboucha sur la crise
bancaire et financière de l'automne 2008,
entraînant le monde dans la crise
économique des années 2008 et
suivantes.

La crise des subprimes a instauré une


méfiance envers les créances titrisées
comprenant une partie de ces crédits.

Historique

Aux États-Unis …
Croissance du marché des subprimes …

 Article détaillé : subprime.

Le marché des « subprimes » est


constitué de prêts risqués qui peuvent
être hypothécaires (immobiliers ou
rechargeables), des cartes de crédit, de
la location de voitures et autres,
accordés à une clientèle peu solvable
(c'est-à-dire sans revenu fixe, situation
professionnelle ou patrimoine fixe) ou à
l'historique de crédit difficile. Ce marché
s'est largement développé aux États-Unis
à partir de 2001, passant d'un montant
de 200 milliards de dollars pour les prêts
hypothécaires en 2002 à 640 milliards de
dollars en 2006. Ce montant représentait
23 % du total des prêts immobiliers
souscrits[1].

Les emprunteurs à risque peuvent


contracter un emprunt immobilier sur ce
marché, moyennant un taux d'intérêt
révisable généralement indexé (par
exemple sur le taux directeur de la Fed),
majoré d'une « prime de risque » pouvant
être très élevée [réf. souhaitée]. Typiquement,
les premières années du prêt (1, 3 ou 5 en
général) sont couvertes par un taux
d'intérêt fixe promotionnel qui devient
ensuite variable. Les emprunteurs
hypothécaires américains ont la
possibilité d'emprunter jusqu'à 110 % de
la valeur de l'immeuble objet du prêt,
d'avoir la possibilité de ne rembourser
que la partie intérêt de leur mensualité,
un intérêt d'ailleurs entièrement
déductible d'impôts. [réf. nécessaire]

La croissance de ce marché a tout


d'abord été encouragée par des taux
historiquement bas qui ont incité les
institutions de crédit à accroître la part
du subprime dans leur portefeuille et à
profiter des importantes marges de
risque imposées à ces crédits. Selon
l'éditorialiste conservateur Thomas
Sowell, elles étaient encouragées en cela
par une législation de 1977 (Community
Reinvestment Act) : un établissement
peut demander et obtenir une garantie de
ses dépôts par l'État (Federal Deposit
Insurance Corporation) s'il s'engage en
contrepartie à prêter à des personnes à
revenus modestes, auxquelles de tels
prêts ne seraient sans cela pas
accordés[2].

En outre, à la différence des pays


européens et notamment la France où
l'accord des prêts est tributaire de la
situation des emprunteurs (les charges
de crédit ne doivent pas dépasser un
tiers des revenus du ménage), il n'existait
pas de législation équivalente ou
prudentielle de ce type aux Etats-Unis[3].

D'autres raisons vont concourir à la


création de la crise.

Le Service Fédéral Urbain (ou HUD) a


obligé les institutions financières à
réserver un pourcentage de prêts
financiers aux ménages les moins aisés
ce qui a eu pour conséquence une
augmentation de 50% de l'endettement
immobilier des ménages nord-américains
de 1998 à 2006[3].
Or, en parallèle, à partir de 2004, les
autorités américaines autorisent les
établissements financiers d'augmenter
de 300% leurs capacités de prêts sans
augmenter leurs fonds propres[3].
Déterminé par la norme Bale I (ou Ratio
Cooke) datant de 1988, le ratio
solvabilité bancaire imposé alors était de
8%, ce qui signifiait que pour un montant
de 100 millions de dollars de crédit, un
établissement financier devait avoir
impérativement 8 millions de dollars de
fonds propres[4].

L'augmentation continue de la valeur des


biens immobiliers à laquelle est adossée
le crédit hypothécaire permet également
aux institutions de crédit de proposer
d'augmenter le crédit des ménages
emprunteurs pour financer de nouveaux
achats comme un nouveau véhicule ou
effectuer des travaux d'aménagement
avec pour conséquence d'alourdir la
dette des emprunteurs[3].

Par ailleurs, ce mouvement a été


accéléré par l'utilisation de la titrisation
comme outil d'évacuation du risque de
crédit, utilisation encouragée par la
demande croissante de produits
rentables par des investisseurs et par
l'afflux de liquidités disponibles à la
recherche d'investissements attractifs.
Ce dispositif a été utilisé par les
établissements bancaires afin de se
dégager de toute responsabilité dans les
crédits qu'elles ont octroyés en leur
permettant de ne plus attendre la fin du
remboursement des prêts qu'elles ont
octroyés[3]. (voir paragraphe :
Transmission de la crise par la
titrisation).

Certains établissements financiers


avaient fait du subprime leur spécialité en
se spécialisant dans l'octroi de crédits
subprime aussitôt revendu dans le
marché de la titrisation. Cette revente
élimine instantanément les risques
associés au prêt pour l'établissement
financier qui accorde le prêt et le risque
est transmis aux acheteurs de titres de
type PCAA (papier commercial adossé à
des actifs). Cette déresponsabilisation
des institutions prêteuses a sans doute
incité certaines d'entre elles à accorder
davantage de prêts à haut risque[5],
l'établissement acheteur de l'obligation
se retrouvant finalement seul
responsable concerné en cas de défaut
de remboursement de l'emprunteur[3].

La titrisation d'obligations à haut


rendement bien que plus dangereuses
(elles rapportent alors 50% de plus que
les obligations normales à la même
période) attirent l'ensemble des acteurs
du monde économique à la recherche de
nouveaux actifs porteurs dont des
banques, des compagnies d'assurance
vie, des fonds d'investissement, des
gestionnaires de sicav, des fonds de
retraite [3], entraînant une contamination
globale. Le volume des produits
structurés est passé de 2 000 à
8 000 milliards de dollars de 2002 à
2006[3].

Enfin, il est nécessaire de signaler le rôle


des agences de notations (Fitch,
Moody's, Standard & Poor's) qui, à la fois
juge et partie, rémunérées pour noter ces
produits structurés, n'ont pas alerté sur la
dangerosité de ces derniers[3] (voir
paragraphe ci-dessous).

Ces prêts à des personnes à la cote de


crédit insuffisante ont participé à la
création d'une bulle immobilière qui elle-
même nourrissait la bulle de crédits : tant
que l'immobilier augmente, la maison
acquise et mise en hypothèque assure
que l'opération ne peut que bien se
terminer, puisqu'en cas de défaillance, la
banque pourra rembourser le crédit en
saisissant, puis en vendant la maison.
Déclenchement de la crise des
subprimes …

(en) Diagramme de la crise.

La pérennité de ce système dépend de


deux conditions : d'une part, des taux
d'intérêt relativement stables, et d'autre
part d'une appréciation régulière de
l'immobilier. Or :
la Réserve fédérale des États-Unis (la
« Fed ») a progressivement relevé son
taux directeur de 1 % à 5,25 % entre
2004 et 2006[6] ;
les prix de l'immobilier ont commencé
à chuter dans plusieurs régions des
États-Unis à partir de 2006. Le marché
immobilier américain a perdu aux
alentours de 20 % durant les 18
derniers mois précédant la crise. Ces
fluctuations immobilières sont
toutefois très différentes selon les
États, villes et quartiers.

En effet, lorsque les premiers retards de


paiement sont survenus, les banques ont
saisi les biens immobiliers achetés avec
les prêts, pour se rembourser. Comme
une grande partie des prêts avait été
octroyé à des foyers de revenus
modestes, il y a eu de nombreuses
saisies immobilières, qui ont été ensuite
remises en vente. L'offre a donc dépassé
la demande, ce qui a entraîné la baisse
des prix de l'immobilier, entrainant un
grippage du système[3].

Par conséquent, les emprunteurs se


retrouvèrent confrontés à une hausse
rapide de leurs mensualités, et les plus
fragiles furent incapables de faire face à
leurs remboursements. Dans un contexte
de hausse du marché de l'immobilier, ou
lorsqu'il est limité à des cas isolés, le
défaut de paiement est couvert par les
créanciers : grâce à une politique de
gestion du risque, les organismes sont
censés pouvoir supporter le délai
nécessaire au recouvrement de créances
des débiteurs en saisissant les biens
portés en garantie lors de l'emprunt et en
les revendant. Mais dans un contexte de
baisse du marché de l'immobilier,
l'organisme créancier peut se retrouver
en situation difficile, surtout s'il s'agit d'un
défaut de paiement en masse. Or, en
2007, le taux de non-remboursement sur
ces crédits s'est élevé aux alentours de
15 %[7].

Avec la baisse du marché immobilier


américain, la valeur des habitations est
devenue inférieure à celle du crédit
qu'elles devaient garantir. Ainsi, les
établissements de crédit, censés pouvoir
récupérer leurs mises en vendant les
habitations hypothéquées, se
retrouvèrent sans moyen rapide de
redresser leur bilan, puisque vendre ces
biens ne suffisait plus à couvrir leurs
pertes. L'afflux de mises en vente des
biens saisis a même aggravé le
déséquilibre du marché immobilier où les
prix se sont effondrés.

En août 2007, un site spécialisé faisait


état de plus d'un million de défauts de
paiement constatés[8], mais chaque
constat de défaillance ne mène pas à la
faillite de l’emprunteur. Les banques
essayant généralement de trouver des
solutions de rééchelonnement de prêts
lorsqu’elles pensent que le débiteur ne
traverse qu’une difficulté passagère.

Le président de la Commission bancaire


du Sénat des États-Unis, Christopher
Dodd, estime qu'un à trois millions
d'Américains pourraient perdre leur
logement à la suite de cette crise[9].

Effet de contagion sur le système


bancaire américain …

L'insolvabilité des débiteurs et la chute


des prix de l'immobilier ont provoqué la
chute ou la faillite de plusieurs
entreprises de prêts hypothécaires à
risque ((en) subprime mortgage lenders),
tels que la New Century Financial
Corporation en avril 2007[10], conduisant
à l'effondrement du prix des actions de
l'industrie du crédit.
Les premiers effets sur le marché de
l'emploi dans le secteur financier se sont
fait sentir dès l'été 2007. Les sociétés
financières américaines ont annoncé
35 752 suppressions d'emplois en août
2007, selon le cabinet Challenger, Gray
and Christmas[11].

En avril 2007, la Fed estimait que les


pertes pour les banques pourraient
s'élever de 100 à 150 milliards de dollars
pour un marché de 8 400 milliards
d'encours de crédit[12]. La Deutsche Bank
estimait fin octobre que ce chiffre
pourrait s'élever à 400 milliards de
dollars[12] ; la banque d'investissement
Goldman Sachs plaçait pour sa part en
novembre 2007 le curseur à
2 000 milliards de dollars[12]. En Europe
de l'Ouest, toutes les banques ont apuré
leurs comptes en dévoilant des pertes
très importantes pour certaines d'entre
elles. En France, dès l'été 2007, les
grandes banques comme BNP, Société
Générale, Crédit Agricole ou LCL
publiaient déjà des communiqués
financiers pour rassurer leur clientèle
respective. Finalement, les banques
françaises provisionneront 15 milliards
pour l'exercice 2007.
Le Fonds monétaire international a
estimé dans un rapport du 9 avril 2008[13]
que « le montant des pertes pourrait
atteindre quelque 945 milliards de
dollars ».

Réaction du gouvernement américain


à l'été 2007 …

Le vendredi 31 août 2007, le président


américain George W. Bush a annoncé une
série de mesures destinées à empêcher
que les ménages qui font face à des taux
d'intérêt particulièrement élevés ne se
retrouvent en situation de défaut de
paiement et ne soient contraints de
vendre leur maison. Il a notamment
proposé que la Federal Housing
Administration modifie ses règles de
manière à assouplir les conditions de
refinancement exigées des emprunteurs,
ainsi que de modifier le régime fiscal
pour faire en sorte que des sommes
radiées de la valeur d'une maison par des
institutions financières ne soient taxées
par le gouvernement fédéral. Il estime
tout de même que le rôle du
gouvernement américain dans ce dossier
est limité, et qu'il n'est pas de son ressort
de se porter à la rescousse de
spéculateurs ou d'investisseurs ayant
pris de mauvaises décisions.

Par ailleurs, les agences de notation


(Standard & Poor's, Moody's, Fitch) sont
accusées d'avoir mal évalué le risque de
ces produits et, partant, la notation
associée à ces produits. En outre, avec la
baisse importante des émissions de
produits structurés qui représentaient la
moitié de leurs revenus, ces agences ont
dû lancer des plans de licenciement :
Standard & Poor's a annoncé le 8
décembre 2007 un plan pour réduire ses
effectifs de 3 %[14].
Les représentants du G7 ont appelé à
plus de transparence dans le travail des
agences de notation[15]. L'actuelle
présidente du Fonds monétaire
international Christine Lagarde a
développé cette position en indiquant
préférer à de nouvelles lois[16] une
régulation du système bancaire par lui-
même. Elle a repris cette idée en
septembre 2008, déclarant que les
problèmes des marchés financiers
étaient principalement dus à une absence
de marché et non à son supposé
excès[17].
La généralisation de la crise …

Au-delà de la chaîne des effets directs


(insolvabilité des emprunteurs subprime,
faillite des sociétés de crédit
spécialisées, pertes de la part des
grandes banques qui les détenaient ou
travaillaient avec elles), l'essentiel des
effets de la crise du subprime est
indirect.

Transmission de la crise par la


titrisation …

 Article connexe : Titrisation.


La première courroie de la crise réside
dans le phénomène de la titrisation de
créances. La titrisation est l'opération
financière, méconnue de l'emprunteur, par
laquelle une banque revend ses créances
sur des marchés spécialisés, souvent
groupées avec d'autres valeurs. Ce qui lui
permet à la fois de se refinancer et de
réduire son risque (qui est reporté sur les
investisseurs qui achètent ces créances).

Ainsi par exemple, si un ménage


emprunte une somme de 100 000 dollars
sur 10 ans à son établissement financier,
il doit rembourser 8 000 dollars
d'intérêts. Le taux d'intérêt est plus élevé
en raison du risque d'insolvabilité que fait
courir le ménage à la banque qui
cependant, a accepté de prêter à ce
dernier en toute connaissance de cause.

L'établissement bancaire, afin de ne pas


attendre l'échéance du prêt fixée à 10 ans
et réduire le risque d'insolvabilité, va
choisir d'émettre 1 000 obligations de
100 dollars avec un intérêt annuel de 8
dollars[3]. La créance est donc
transformée en titre, ici des obligations,
qu'elle va revendre à des rehausseurs de
crédit (tels que FSA ou CICG). Ces
derniers vont alors injecter ces
obligations à haut rendement mais plus
risquées avec des titres classiques afin
de créer des produits structurés, qu'elles
revendront elles-mêmes à leurs clients[3],
ce qui entraine de facto une dilution et
une contamination du risque à d'autres
acteurs du monde économique.

La titrisation est devenue un phénomène


courant depuis le début des années
2000. Les créances titrisées sont
rachetées par des investisseurs (fonds
d'investissements classiques, fonds plus
spéculatifs, etc.).

Le marché du subprime a été


massivement financé par la titrisation, les
créances étant regroupées dans des
véhicules de financement ad hoc[18] et
transformées en titres négociables
souscrits par des investisseurs.

Cependant, à partir du début 2007, la


crise des crédits subprimes a jeté le
doute sur l'ensemble des véhicules de
titrisation de créances, en premier lieu les
créances hypothécaires portant
spécifiquement sur l'immobilier
d'habitation américain ((en) residential
mortgage backed security, ou RMBS),
mais aussi les paquets de créances
diversifiées appelés CDO ( (en)

Collateralised debt obligation). Ce sont en


fait toutes les formes de véhicules de
titrisation de crédit (ABS, RMBS, CDO et
leurs variantes) qui sont devenues
suspectes, aux yeux des investisseurs, au
début et surtout durant l'été 2007, de
peur qu'ils ne portent des créances à
risque en général et subprimes en
particulier[19].

Transmission par les fonds


d'investissement …

La deuxième courroie de transmission de


la crise est constituée des fonds
d'investissement qui ont eux-mêmes
acheté les créances titrisées.
Les crédits subprime, offrant des
rendements élevés (dits « high yield »)
dus au paiement par l'emprunteur d'un
taux d'intérêt plus élevé que pour le
marché prime, les investisseurs ont
exercé une forte demande de ce type de
produits afin de doper les performances
de leurs fonds d'investissement ou
OPCVM.

Ces fonds se sont trouvés en difficulté du


fait de la chute de la valeur de leurs
actifs. L'effondrement de la valeur de
deux fonds d'investissement de la
banque américaine Bear Stearns, révélé
le 17 juillet 2007, a donné le signal de la
crise de confiance. L'annonce, intervenue
le soir même d'une séance record au
New York Stock Exchange (NYSE)
(14 000 points atteints en séance), va
donner le signal de la baisse[20]. Ce sont
désormais tous les fonds
d'investissement qui vont à leur tour
devenir suspects.

Certains fonds avaient cependant, dès


2006, envisagé qu'une crise immobilière
se préparait et avaient pris des positions
inverses à tout le monde en spéculant
sur l'effondrement des produits
financiers adossés aux crédits
immobiliers à risque[21].
Engagements indirects des banques …

En troisième lieu, ces fonds


d'investissement appartiennent ou sont
financés par les banques (les hedge
funds se financent par effet de levier,
c'est-à-dire avec peu de capitaux et
beaucoup d'emprunts). Les banques
reprennent donc par ce biais les risques
qu'elles avaient dans un premier temps
confiés aux marchés[22]. La communauté
financière s'est alors rendu compte, vers
la fin juillet 2007, que l'ensemble du
système bancaire supportait des risques
de crédits, non seulement dans les fonds
que les banques finançaient, mais aussi
dans les fonds qu'elles géraient. Ainsi,
des créances titrisées à haut rendement
(et donc à haut risque selon le Medaf)
étaient elles-mêmes présentes dans
certaines SICAV monétaires, placements
jusque-là jugés sans risque, les « sicav
monétaires dynamiques ». D'où une
brutale chute de valorisation des sicav
monétaires dynamiques dans les
premiers jours d'août 2007.

Le 9 août 2007, la première banque


française par ses fonds propres[23], BNP
Paribas, annonce le gel (réalisé le 7 août)
des actifs de trois fonds monétaires
dynamiques OPCVM d'une valeur totale
de 1,6 milliard d'euros (gérés par BNP
Paribas ABS Eonia, BNP Paribas ABS
Euribor et Parvest Dynamic ABS) (liés aux
sécurités des prêts aux États-
Unis)[24],[25]. La banque était incapable de
chiffrer les actifs de ces fonds depuis
que les négociations des mortgage
securities étaient virtuellement arrêtées
et donc empêchaient les investisseurs de
pouvoir déterminer le prix de marché
security. Le 29 août, BNP Paribas
annonce la fin du gel. Les fonds ont
rouvert courant septembre avec des
décotes d'au maximum 1,21 %[26].
Les banques américaines mieux averties
des dangers des « obligations adossées
à des actifs » (CDO) se débarrassent de
leurs engagements sur le marché
principalement vers les banques
européennes (Landesbank...) qui gorgées
de liquidités cherchent des produits
qu'elles estiment peu risqués.

Synthèse de la crise
La crise des subprimes s'est déclenchée
au deuxième semestre 2006 avec le
krach des prêts immobiliers
(hypothécaires) à risque aux États-Unis
(les subprimes), que les emprunteurs,
souvent de condition modeste, n'étaient
plus capables de rembourser. Révélée en
février 2007 par l'annonce d'importantes
provisions passées par la banque HSBC,
elle s'est transformée en crise ouverte
lorsque les adjudications périodiques
n'ont pas trouvé preneurs en juillet 2007.
Compte tenu des règles comptables en
cours, il est devenu impossible de donner
une valeur à ces titres qui ont dû être
provisionnés à une valeur proche de zéro.
En même temps, les détenteurs ne
pouvaient plus liquider leur créance. La
défiance s'est installée envers les
créances titrisées (ABS, RMBS, CMBS,
CDO) qui comprennent une part plus ou
moins grande de crédits subprime, puis
envers les fonds d'investissement, les
OPCVM (dont les SICAV monétaires) et le
système bancaire susceptibles de détenir
ces dérivés de crédit.

Cette crise de confiance générale dans le


système financier a causé une première
chute des marchés boursiers à l'été 2007
provoquée par un arrêt temporaire de la
spéculation. Le trouble était désormais
localisé dans le marché interbancaire qui
permet le refinancement des banques. La
méfiance dans la liquidité des
« collatéraux » et l'incertitude sur la
localisation des titres contaminés ont
progressivement bloqué les relations
interbancaires et commencé à mettre en
difficulté nombre de banques à travers le
monde. Les banques ne se prêtent plus
entre elles, dans l'incertitude que
l'établissement emprunteur ne puisse
plus rembourser après avoir faillite,
entrainant de facto une chute de l'activité
interbancaire conduisant à une crise
économique[3].

Les autorités ont d'abord cru à une crise


de liquidité bancaire et les banques
centrales n'ont cessé d'injecter
massivement des liquidités dans le
marché interbancaire. Le feu va ainsi être
couvert jusqu'à ce que les premières
faillites apparaissent, puis gagnent les
premiers rôles de la finance
internationale en septembre 2008.

Un total de 500 milliards de perte


et 300 milliards de recapitalisation

À partir de l'été 2007, les banques du


monde entier ont dû passer chaque
trimestre dans leurs comptes des
dépréciations de la valeur de leurs actifs
liées aux subprimes, en particulier les
ABS et les CDO. De l'été 2007 à l'été
2008, ces dépréciations ont totalisé
500 milliards de dollars, ce qui a fait
chuter d'autant les capitaux propres des
banques. Certaines ont épongé ces
pertes grâce à des augmentations de
capital, en vendant en bourse de
nouvelles actions.

Ces augmentations de capital ont


totalisé 300 milliards de dollars de la mi-
2007 à la mi-2008[27]. Plusieurs fonds
souverains, de pays asiatiques
notamment, ont ainsi pris des
participations significatives au capital
des grandes banques américaines.
Mais ces recapitalisations sont restées
inférieures de 200 milliards de dollars
aux pertes constatées, une majorité de
banques préférant reconstituer leurs
réserves par une diminution de leur
activité traditionnelle de crédit et se
contentant de respecter au strict
minimum les ratios de solvabilité.

Colère et stupéfaction des


épargnants

Les banques qui ont lancé des produits


monétaires « dynamiques » doivent faire
face à la stupéfaction de leurs clients qui
pensaient avoir investi à court terme et
sans aucun risque dans les titres les plus
liquides et qui ne peuvent plus récupérer
leurs fonds. Jamais ils n'auraient cru
prendre un risque en capital sur des titres
de trésorerie à court terme. Ils
découvrent que le concept de
« dynamisme » recouvre en fait l'inclusion
d'une partie du marché des crédits
immobiliers américains à risque dans
leur patrimoine « sans risque » sans qu'ils
aient jamais été mis au courant. Partout
à travers le monde les relations entre
banques et clientèle se tendent.
Beaucoup de ces titres ont été
incorporés dans les comptes des
particuliers et des trésoriers d'entreprise
après le déclenchement de la crise
immobilière américaine pendant tout le
premier trimestre 2007 [réf. souhaitée]. Des
banques, notamment en France, ont
racheté aux banques américaines, en
contrepartie de très fortes commissions,
des crédits devenus plus que dangereux.
[évasif] Les plaintes commencent à
s'accumuler dès l'été 2007. Elles
conduiront certaines banques à
rembourser les fonds subprimes qui
avaient été mis dans le portefeuille de
leurs SICAV monétaires, au moins pour
leur clientèle « non avertie ». Ce sera par
exemple le cas de ODDO en France au 31
décembre 2007[28].

D'importants retraits de fonds ont lieu


dans les banques qui ne suivent pas
cette politique. UBS en Suisse perd une
part considérable des fonds dont elle
assurait la gestion, ce qui aggrave sa
crise de liquidité. Elle devra chercher en
panique des ressources nouvelles auprès
de bailleurs moyen-orientaux en même
temps que toutes ses opérations
« subprimes » aux États-Unis
s'effondrent. [réf. souhaitée]
La panique et la colère des épargnants
qui se voient floués est un multiplicateur
de la crise de liquidité [réf. souhaitée].

Les premières nationalisations, au


Royaume-Uni, en Belgique et aux …

États-Unis

Au printemps 2008, le gouvernement


britannique nationalise la banque
Northern Rock victime d'une ruée sur ses
dépôts comme on n'en avait plus vu au
Royaume-Uni depuis des décennies. Mais
il a fallu attendre l'automne pour voir
d'autres nationalisations : le 8 septembre,
les sociétés de refinancement
américaines Freddy Mac et Fannie Mae
sont prises en charge, puis l'assureur AIG
le 16 septembre le lendemain de la
faillite acceptée de la banque Lehman
Brothers qui a exposé l'ensemble du
système bancaire américain. En Europe
continentale, Fortis a été la première
grande banque nationalisée, le 29
septembre. Au Royaume-Uni, trois des
quatre plus grandes banques ont accepté
le 8 octobre le principe d'une
recapitalisation imposée par le premier
ministre Gordon Brown. Le 11 octobre, la
France et l'Allemagne ont annoncé aussi
qu'elles pourraient éventuellement
recapitaliser des banques mais sans
donner de noms.

La restructuration des banques


d'affaires américaines à la suite de …

la faillite de Lehman Brothers

Tous les établissements n'ont pas été


secourus. Le 15 septembre 2008, le
gouvernement américain a laissé la
banque d'affaires Lehman Brothers faire
faillite sans intervenir, après s'être assuré
que ses créanciers étaient assez
nombreux pour que l'impact soit
dispersé. Cette décision a obligé les
banques à prendre des mesures
d'urgence. Pour bénéficier du soutien de
la FED, plusieurs grandes banques
d'investissement américaines se
transforment en banque de dépôts.
D'autres se font racheter afin de sauver
leur activité : Bear Stearns, Merrill Lynch,
Washington Mutual et Wachovia.

Ces banques d'affaires étaient en


première ligne dans la fabrication des
CDS et des CDO, dont elles ont gardé une
grande partie dans leurs comptes, toutes
n'ayant pas eu comme Goldman Sachs,
l'astuce de s'en débarrasser en masse
auprès d'autres institutions financières
ou de leur clientèle privée au dernier
trimestre 2006 et au premier semestre
2007. Les mécanismes d'assurance
s'avèrent vains compte tenu de
l'importance des sommes concernées.
Assureurs et rehausseurs de crédit ne
disposent pas d'assez de capitaux
propres pour tenir des engagements
qu'ils n'ont pas su apprécier correctement
et qui ne sont pas provisionnés
suffisamment[4]. Ils se sont retrouvés en
faillite, entraînant celle de clients aussi
« prestigieux » que la banque d'affaires
Merrill Lynch. Elle portera plainte...
L'effet est catastrophique : désormais
partout la population craint non
seulement pour son épargne placée mais
aussi pour ses dépôts en banque.

Des plans de sauvetage dans de


nombreux pays

Aux États-Unis, l'État s'est résolu à


procéder à la nationalisation au cas par
cas d'établissements en difficultés, après
avoir présenté début septembre 2008,
sans grand succès, puis fait voter en
deux temps début octobre, le plan
Paulson, qui prévoit que l'État rachète
700 milliards de dollars d'actifs à risque.
En Europe, les différents plans nationaux
annoncés autour du week-end des 11 et
12 octobre 2008 se chiffrent à
1 700 milliards d'euros, comprenant des
garanties de refinancement, mais aussi
des mesures de recapitalisation-
nationalisation, dont le détail est
annoncé au Royaume-Uni vers la fin
d'octobre.

Dans la semaine qui avait précédé, les


marchés boursiers européens avaient
tous perdu plus de 20 %. La crainte d'une
sous-capitalisation globale et durable du
système bancaire, nuisible à l'économie,
avait entraîné dès l'été 2008 une crise de
solvabilité, suivie à partir du 6 octobre
d'un krach boursier d'autant plus profond
qu'il intervenait après un an de baisse
régulière de la bourse. En France, l'indice
CAC 40 a ainsi perdu 22 % de sa valeur
en une seule semaine, du 6 au 10
octobre.

La crise avait entraîné depuis le début


2008 une raréfaction progressive et de
plus en plus marquée du crédit bancaire
à travers le monde, ce qui a aggravé le
ralentissement économique en cours. Le
krach boursier de la semaine du 6 au 10
octobre a ainsi accompagné de très
mauvais indicateurs économiques pour
le mois de septembre, en Europe comme
aux États-Unis.

La Banque centrale européenne est


intervenue à partir de 2010 pour racheter
aux banques et aux investisseurs des
titres de pays surendettés. Par la suite,
elle a mené plusieurs programmes
d’assouplissement quantitatif. En juin et
juillet 2016, elle a racheté pour plus de 10
milliards d’euros de titres de dette privée,
afin de soutenir les cours des obligations
et de contenir le risque d’un krach sur le
marché obligataire. D'autre part, les
banques centrales ont eu recours à une
forte baisse de leurs taux directeurs,
jusqu'à entrer dans des taux négatifs.
L’opération s’est soldée par un échec : les
taux bas n’ont pas généré de hausse
d’activité économique, mais un
gonflement inédit de la sphère financière
et un accroissement de l’instabilité[29].

Le rôle des rehausseurs de crédit …

Les banques françaises ont été parmi les


plus actives dans le développement des
rehausseurs de crédit : deux d'entre elles
ont pour principal actionnaires des
groupes français : CIFG (Caisses
d'Epargne) et FSA (Dexia - Crédit Local
de France)

Les rehausseurs de crédit sont au cœur


du système, en créant une demande
inespérée pour les créances
hypothécaires risquées ABS, issus des
subprimes. Ils mélangent ces ABS avec
d'autres créances moins risquées, pour
créer des CDO, placements présentés
aux investisseurs sous la notation
financière la plus sûre, le AAA. Ce tour de
passe-passe fait croire à un placement à
la fois sûr et très rentable. Or en finance,
forte rentabilité et risque minime ne vont
normalement pas de pair (cf. couple
rendement-risque). [réf. nécessaire].

Le taux d'intérêt élevé des ABS,


regroupements de subprime, augmente le
rendement total du placement CDO,
tandis que le caractère plus sûr des
autres créances est censé suffire à
garantir sa sécurité.

Du coup, les banques ont vu le système


des CDO sous l'angle du succès très
rapide d'un placement de père de famille,
jugé à la fois sûr et rentable, et ont
multiplié des produits dit « garantis », qui
se sont vendus comme des petits pains
chez les épargnants. La croissance de la
demande a tiré à son tour celle des
créances immobilières risquées
(subprime), qui se voyaient offrir ainsi un
débouché inespéré.

Le rôle des agences de notation …

Les agences de notation financière


(Moody's, Standard and Poor's,
Fitch, etc.) ont pendant plusieurs années
donné la meilleure notation financière
(AAA) aux placements de type CDO avant
de se rendre compte qu'il fallait
brutalement l'abaisser. Le plus souvent,
ces agences de notation financière se
sont contentées de collecter les données
communiquées par les créateurs des
titres financiers : les organismes de
crédit immobilier dans le cas des ABS,
les rehausseurs de crédit pour l'émission
des CDO, et les banques dans le cas des
contrats d'échanges censés protéger
contre le risque de non remboursement,
appelés CDS.

Cette indulgence peut s'expliquer par le


fait que les rehausseurs de crédit soient
devenus du fait de leur croissance des
clients importants pour les agences de
notation financière, pour la notation des
CDO qu'ils émettaient. Par ailleurs, ces
CDO ont trouvé une clientèle importante
dans les réseaux commerciaux des
banques, elles aussi clientes
stratégiques des agences de notation.
L'analyste financier d'une agence de
notation financière avait donc
commercialement intérêt à ne pas se
poser trop de questions.

Le rôle des règles comptables …

Les efforts pour donner de la vérité aux


bilans avaient conduit les autorités
internationales à proposer des règles de
valorisation des actifs à leur valeur du
moment et non plus comme
précédemment à leur coût d'achat
historique. En cas de blocage des
adjudications, il n'y a plus de marché,
donc plus de prix actuel. Les normes
comptables IFRS disaient : il faut les
provisionner à zéro. Des pertes virtuelles
devenaient donc des pertes actuelles et
immédiates. Compte tenu des autres
règles prudentielles, il fallait pour les
banques aussitôt compléter leur capital
au moment même où la valeur boursière
de leurs actions était mise à mal. Le
blocage des adjudications de juillet 2007
a donc entraîné mécaniquement une
série d'effets de bords comptables et
boursiers particulièrement pénalisants.
On dira que les règles comptables étaient
« procycliques », c'est-à-dire qu'elles
aggravaient la crise. La révision des
règles comptables a dès lors été mise en
chantier partout. Aujourd'hui dans
nombre de pays, les anciennes règles
d'actualisation des valeurs de titres ne
sont plus appliquées.

Le rôle des produits financiers


complexes

CDO et CDS sont des contrats
compliqués qui ont été mis au point à
partir du milieu des années 1990 par des
spécialistes de la banque-assurance,
utilisant des lois de probabilité dont
l'actuariat a l'habitude. Cette innovation
financière a d'abord été vue avec
méfiance, malgré la caution de prix Nobel
de l'économie comme l'économiste
américain Robert Merton, fondateur de
LTCM qui fera une faillite gravissime en
1997[30], dans les turbulences de la crise
dites des « pays émergents». Bien que
ces contrats complexes n'aient pas
concerné seulement les produits liés aux
prêts hypothécaires à risque, ils ont joué
leur rôle pour masquer la réalité du
risque qui était diffusé dans l'ensemble
des circuits financiers mondiaux. La
caution donnée par le président de la
FED, Alan Greenspan, à ces techniques
que certains cherchaient à réguler,
provoquera leur envolée sur les marchés
internationaux bien qu'ils fussent
incompris de la plupart des dirigeants
des banques et pire encore par les
superviseurs internes et externes du
risque. La crise forcera les banques à
fermer la plupart des départements qui
s'occupaient de ces montages.
Néanmoins, les changes flottants
continuent d'imposer des mécanismes
de hedging comme les credit default
swap (CDS) et différentes formes de
swaps dont l'encours reste très élevé,
sans que les risques associés puissent
être réellement appréciés. C'est pour cela
que l'on parle dans les coulisses du G.20
de créer une chambre de compensation
internationale des CDS afin de sortir des
opérations de gré à gré (OTC) qui
empêchent d'apprécier les risques et de
les valoriser.

Causes évoquées
Les causes de cette crise sont imputées
à la Federal Reserve Bank, qui a pratiqué
entre 2003 et 2004 des taux directeurs
faibles, puis a décidé un rehaussement
brutal de ces taux. Les taux d'intérêt bas
ont incité à l'emprunt, aussi bien qu'à la
recherche par les prêteurs de
suppléments de rémunération, obtenus
par le développement de prêts risqués à
des emprunteurs peu solvables, avec des
taux d'intérêt plus élevés.

Parmi les responsables politiques ayant


favorisé directement les conditions de
cette crise par des mesures
économiques et sociales, The Guardian
cite Bill Clinton, George W. Bush, Gordon
Brown, ainsi que, dans le domaine de la
finance, les PDG anciens et actuels de la
compagnie d'assurance American
International Group Inc., des banques
Goldman Sachs, Lehman Brothers, Merrill
Lynch, Halifax-Bank of Scotland, Royal
Bank of Scotland, Bradford & Bingley,
Northern Rock, Bear Stearns, Bank of
England[31].

Cette politique de bas taux a été justifiée


par la volonté de la Federal Reserve Bank
d'éviter la récession aux États-Unis à la
suite de l'éclatement de la bulle internet à
partir de mars 2000 et aux attentats du
11 septembre 2001. Ainsi, durant l'année
2001, Alan Greenspan abaisse onze fois
le taux directeur de la Federal Reserve
Bank, le ramenant à 1,75 %.

Alan Greenspan continue les baisses


jusqu'à ramener le taux à 1 % en juillet
2003, le plus bas niveau depuis 1954. Ce
taux plancher restera en vigueur un an.
Compte tenu de l'inflation, les taux
d'intérêt sont donc devenus négatifs.
Puis, le taux a été remonté 17 fois,
d'abord par Alan Greenspan puis par Ben
Bernanke, pour atteindre 5,25 % au milieu
de l'année 2006. Greenspan a été
d'autant plus mis en cause lorsque l'on a
appris en 2007 qu'il avait été prévenu dès
2002 au sein du conseil de la Fed des
dangers du marché des subprimes par
Edward Gramlich[32],[33].

D'autres facteurs ont contribué à


augmenter l'endettement hypothécaire :

Aux États-Unis les intérêts


hypothécaires sont déductibles de
l'impôt, ce qui incite les propriétaires à
s'endetter.
Les propriétaires peuvent abandonner
leurs dettes en cédant leur maison.
Le Community Reinvestment Act (CRA)
a limité le pouvoir des institutions
financières de refuser des prêts (ce
point est sujet à controverse).
le Department of Housing and Urban
Development (HUD) a imposé des
cibles aux institutions financières de
façon que la clientèle moins fortunée
ait accès au crédit hypothécaire[34].
Ainsi, par exemple, en 2005, 52 % des
hypothèques rachetées par Freddie
Mac et Fannie Mae devaient provenir
de ménages gagnant moins que le
revenu médian de leur région et 22 %
de ces prêts devaient être accordés à
des ménages gagnant moins de 60 %
du revenu médian. C'était une mesure
d'accession à la propriété.
Les institutions financières pouvaient
accepter de prêter jusqu'à 110 % de la
valeur du bien hypothéqué au motif que
les prix de l'immobilier n'avaient jamais
baissé depuis la guerre et qu'il était
toujours possible de reprendre le bien
à sa valeur de prêt. Un emprunt
subprime comprenait donc une sorte
de prime d'assurance tenant compte
du taux de défaillance plus important
sur les prêts à des catégories pauvres
de la population, mais ignorant
l'éventualité d'une baisse de la valeur
gagée.
Le développement des prêts
hypothécaires rechargeables (voir
hypothèque rechargeable) a permis de
soutenir la consommation dans le
contexte de ralentissement
économique à partir de 2001. Cela a eu
pour conséquence que si le prix de la
maison augmentait, et il le fera
pendant près de dix ans continument
et de façon très importante,
l'emprunteur avait la possibilité
d'augmenter son emprunt à proportion.
Le retournement du marché de la
construction en 2006 avec une
première baisse des prix allait mettre
en jeu ce mécanisme pour des millions
de prêts, provoquant saisies
immobilières (foreclosures) et
expulsions.

Outre les transgressions des règles de


prudence régissant la distribution du
crédit, l'ampleur de cette crise vient du
contournement des ratios réglementaires
de solvabilité bancaire par la titrisation
des créances américaines risquées.
Celles-ci furent en parties revendues
sous forme d'obligations à des
épargnants un peu partout dans le
monde donnant à cette crise une
dimension mondiale[35]. Mais de
nombreuses banques américaines ou
étrangères avaient acquis pour leur
gestion propre des CDOs. Selon une
étude effectuée par des journalistes
d'investigation américains, les plus
importantes banques américaines
auraient agi de façon à favoriser une
crise économique[36].

Procédures judiciaires
La Securities and Exchange Commission
engage, au printemps 2009, un procès
contre le fondateur et contre deux autres
dirigeants de Countrywide Financial, l'un
des grands émetteurs de crédit
subprime[37]. Selon Robert Khuzami,
directeur de la division judiciaire de la
SEC, « leurs propres memos montrent
qu'ils connaissaient les difficultés, les
incertitudes de leur activités et qu'ils ont
choisi de ne pas les partager avec les
actionnaires. »[37]

Conséquences
 Articles détaillés : Crise financière
mondiale de 2007-2008, Crise bancaire
et financière de l'automne 2008,
Scandale des saisies immobilières et
Crise économique mondiale des années
2008 et suivantes.

Notes et références
1. Le Figaro Economie, 9 octobre 2007,
page 18
2. (en) Sub-prime politicians - Thomas
Sowell, The Washington Times, 10
août 2007
3. Les dossiers du Canard Enchainé,
« Les petits et les gros profiteurs de
la crise : Sam' suffit plus », Le
Canard Enchainé, juillet 2009, p. 20-
21
4. « Ratio de solvabilité bancaire » , sur
https://www.lafinancepourtous.com ,
17 juin 2016 (consulté le
31 mai 2019)
5. Sexe, mensonges et hypothèque -
Daniel Germain, LesAffaires.com, 1er
février 2009 (voir archive)
6. (en) Intended federal funds rate,
Change (basis points) and Level -
Réserve fédérale des États-Unis
7. http://www.economie.gouv.fr/facilec
o/comment-crise-a-t-elle-
commence?language=fr
8. (en) U.S. Foreclosures
9. Le Figaro, 22 août
2007 [source insuffisante]
10. « Crise de l'immobilier à risque aux
États-Unis : New Century en faillite »,
Les Échos, 3 avril 2007, p. 29
11. « Le marché du travail américain
miné par la crise des subprimes », Le
Devoir, 6 septembre 2007, p. b3.
12. « Subprimes : les banques pourraient
perdre 2 000 milliards de dollars »,
Le Monde, 21 novembre 2007, p. 13
13. Rapport sur la stabilité financière
dans le monde - avril 2008 - FMI [PDF]
14. « Les agences de notation dans la
tourmente de la crise des
subprimes », La Tribune, 10 janvier
2008
15. Marchés financiers : le G7 réclame
plus de transparence - Challenges, 9
octobre 2007
16. Interview au Financial Times, 8
octobre 2007 [source insuffisante]
17. Entretien sur France 24, 20
septembre 2008
18. Special Purpose Vehicle aux États-
Unis ou fonds commun de créance
en France
19. Lire notamment Les Techniques de
titrisation montrées du doigt, in Les
Échos, 20 août 2007
20. Les Échos, 19 juillet
2007 [source insuffisante]
21. Le plus notable est le fonds
d'investissement Paulson & Co de
New York, dirigé par John Paulson,
un ancien de Bear Stearns dont la
rémunération en 2007 a été estimée
à trois milliards de dollars. Voir par
exemple Les 100 meilleurs courtiers
ont gagné plus de 30 milliards de
dollars en 2007, article paru dans le
journal Les Échos, édition du 6 avril
2008
22. « En se défaisant d'une main des
risques, elles les ont repris d'une
autre en investissant sur ces mêmes
marchés [CDO, ABS, CMBS] à travers
des fonds tels les « monétaires
dynamiques ». » — Les banques dans
la tempête, Sylvain de Boissieu, in
Investir n°1753, 11 août 2007
23. Palmarès des 100 premières
banques européennes, Les Échos,
juillet 2007 (sur exercice au 31
décembre 2006)
24. "Subprime" : la suspension de trois
fonds BNP Paribas ravive l'inquiétude
des marchés - Les Échos, 9 août
2007.
25. La Tribune
26. « Subprime » : le dernier fonds gelé
par BNP Paribas rouvre sur une
baisse de 1,21 % - Les Échos, 3
septembre 2007.
27. Sylvain de Boissieu, Banques : le
tournant stratégique, in Investir, 9
août 2008, page 29
28. Fonds monétaires dynamiques :
point de la situation - Communiqué
de presse, ODDO, 6 septembre 2007
[PDF]

29. Frédéric Lemaire & Dominique


Plihon, « Le poison des taux d’intérêt
négatifs » , sur Le Monde
diplomatique, 1er novembre 2019
30. Le système bancaire dans la
tourmente - Ibrahim Warde, Le
Monde diplomatique, novembre
1998
31. Julia Finch, article du Guardian du 26
janvier 2009.
32. (en) Greenspan Criticized for
Characterization of Colleague - The
New York Times, 9 avril 2010
33. Edward Gramlich, cassandre des
subprimes - Le Tigre, 22 mars 2011
34. (en) How Government Stoked the
Mania - The Wall Street Journal, 3
octobre 2008
35. Dominique Doise, associé du cabinet
d'avocats Alérion, in Subprime : le
prix des transgressions/ Subprime:
Price of infringments, Revue de droit
des Affaires internationales (RDAI) /
International Business Law Journal
(IBLJ), N° 4, 2008 [lire en ligne ]
36. Les banques ont délibérément
provoqué la crise - Le Devoir, 7 mai
2009
37. La SEC lance le grand procès de la
crise du subprime - Virginie Robert,
Les Échos, 5 juin 2009

Filmographie
Charles H. Ferguson, Inside Job, Sony
Pictures Classics, 16 mai 2010.
Terence McKenna et Michelle Gagnon,
Krach - Les dessous de la crise
économique mondiale, Radio-Canada,
2011, 4 épisodes, Canada, Lien web
Adam McKay, The Big Short : Le Casse
du siècle, Plan B Entertainment,
Regency Enterprises, 2015; ce dernier
expose la culpabilité des obligations
immobillières et plus particulièrement
des subprimes dans l'éclatement de la
bulle immobillière.
Margin Call, de J. C. Chandor, avec
Simon Baker (2011), le film raconte les
premières 36 heures de ce qui sera
l'une des plus grandes crises
économiques mondiales.
Ramin Bahrani, 99 Homes, 2014,
consacré aux expropriations
consécutives à la crise des subprimes.
Bibliographie
Paul Jorion, Vers la crise du capitalisme
américain?, 2007, La Découverte, Paris
Paul Jorion, L'Implosion. La finance
contre l'économie : ce qu'annonce et
révèle la crise des subprimes, 2008,
Fayard, Paris
Dominique Doise, Subprime : le prix des
transgressions/ Subprime: Price of
infringments, Revue de droit des
affaires internationales (RDAI) /
International Business Law Journal
(IBLJ), No 4, 2008 [lire en ligne ]
Patrick Artus, Jean-Paul Betbèze,
Christian de Boissieu et Gunther
Capelle-Blancard, La crise des
subprimes Conseil d'analyse
économique, septembre 2008 [lire en
ligne ] [PDF]

Regards sur la crise. Réflexions pour


comprendre la crise… et en sortir,
ouvrage collectif dirigé par Antoine
Mercier avec Alain Badiou, Miguel
Benasayag, Rémi Brague, Dany-Robert
Dufour, Alain Finkielkraut, Élisabeth de
Fontenay, Annie Le Brun, Jean-Pierre Le
Goff, Claudia Moatti, Marie-José
Mondzain, Marc-Alain Ouaknin, Michèle
Riot-Sarcey, Michel Schneider, Bernard
Stiegler, Paul Thibaud, Paul Virilio,
Jean-Pierre Winter, Paris, Éditions
Hermann, 2010
Michael Lewis, Le casse du siècle: The
Big Short, 2010, W.W. Norton &
Company Ltd.

Annexes

Articles connexes …

Causes de la Chronologie de
bulle immobilière la bulle
américaine des immobilière
années 2000
américaine des l'industrie
années 2000 automobile
Bulle immobilière américaine
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années 2000 États-Unis
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américain des Bulle immobilière
années 2000
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Liste des crises
Effet de levier
monétaires et
inversé
financières
Effet domino
Impact de la
Subprime
crise des
Resserrement du
subprimes sur
crédit
Crise Scandale des
économique saisies
mondiale des immobilières
années 2008 et Crise de liquidité
suivantes
Crise financière
Crise bancaire et
Plan Paulson
financière de
Histoire des
l'automne 2008
bourses de
valeurs

Liens externes …

La finance globale et sa crise - Site


actualisé de François Morin
Crise des "subprimes" : le point de vue
de deux économistes - Elie Cohen et
Augustin Landier, Le Monde, 17 août
2007
La Crise financière des subprimes -
Synthèse d'actualité sur Melchior.fr
La Crise des subprimes - Synthèse

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