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Les banques haïtiennes vont-elles aussi s'effondrer dans les jours qui viennent ?
Pour comprendre pourquoi la hausse des taux d'intérêt a fait chuter la valeur des
obligations, il est nécessaire d'expliquer le concept même d'obligation. Les
obligations sont des instruments financiers émis par des gouvernements, des
entreprises ou des institutions financières pour emprunter de l'argent auprès
d'investisseurs. L'acheteur de l'obligation prête de l'argent à l'émetteur pendant
une période spécifiée, et en retour, il reçoit des intérêts réguliers et le
remboursement du montant initial à l'échéance. Cependant, le détenteur d'une
obligation peut décider de la vendre avant l'échéance pour récupérer son capital.
Cela crée un marché secondaire des obligations.
Lorsque la banque centrale augmente les taux d'intérêt, les anciennes obligations
émises à un taux plus bas deviennent moins rentables que les nouvelles émises à
un taux plus élevé. Les détenteurs d'anciennes obligations sont alors incités à s'en
débarrasser en les vendant pour acheter les nouvelles obligations. Cela crée une
offre abondante d'obligations sur le marché financier, ce qui entraîne une
diminution des prix selon les lois de l'offre et de la demande. Il arrive que les
détenteurs d'anciennes obligations soient contraints de les vendre à un prix
inférieur à leur valeur nominale, subissant ainsi une perte.
C'est exactement ce qui s'est produit avec la Silicon Valley Bank. Étant en
possession d'un grand nombre d'obligations, elle s'est retrouvée contrainte de les
vendre à perte pour répondre aux retraits de ses clients, qui paniquaient suite aux
rumeurs de pertes. Les entreprises, prises de panique, ont également commencé à
retirer massivement leurs dépôts de la banque. Dans le système bancaire, la
confiance joue un rôle essentiel, et aucune banque ne peut survivre si tous ses
clients ou une grande majorité d'entre eux décident de retirer leurs dépôts en
même temps. La perte de confiance crée un effet psychologique important.
Dans la faillite de la Silicon Valley Bank, les réseaux sociaux, en particulier Twitter,
ont joué un rôle majeur en amplifiant la panique et en provoquant une ruée vers
les guichets de la banque. Contrairement aux précédentes crises bancaires, il n'y
avait pas de files d'attente devant les succursales, car les transactions se faisaient
en ligne d'un simple clic. Il est également important de souligner le manque de
communication de la banque envers ses clients. La banque n'avait pas réellement
de problème de liquidités et elle aurait pu éviter la faillite si elle avait
communiqué efficacement pour rassurer ses clients.
Après avoir analysé cette situation, il est légitime de se demander si les banques
haïtiennes sont sur le point de subir le même sort. En effet, certains signes
inquiétants laissent présager une possible crise de liquidité concernant le dollar.
Nous avons tous en mémoire les images de clients se déshabillant devant les
guichets des principales banques commerciales du pays, protestant pour avoir
accès à leurs dépôts en dollars, ainsi que des actes de vandalisme perpétrés par
des clients en colère pour la même raison. Tout cela mine la confiance des clients,
et la perte de confiance a toujours été fatale pour les banques, car les gens
hésitent alors à déposer leurs dollars et ceux qui en ont déjà font la queue pour
les retirer.
Il convient également de souligner que la Silicon Valley Bank gérait des dépôts
importants pour certaines startups. Il suffit que quelques-unes de ces grandes
entreprises décident de retirer leurs économies pour mettre sérieusement en péril
la banque. En revanche, les banques haïtiennes sont souvent confrontées à de
petits épargnants, dont la réunion en masse est peu probable.
Il est important de noter que le système bancaire haïtien présente des différences
significatives par rapport à celui des États-Unis. Les banques haïtiennes sont moins
exposées aux investissements risqués, et la réglementation est plus stricte en
termes de liquidité et de gestion des risques. De plus, les banques haïtiennes ont
des niveaux de capitalisation plus élevés par rapport à leurs actifs, ce qui les rend
plus résilientes en cas de crise.