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INSTITUT D’ECONOMIE DOUANIERE ET FISCALE

I E D F
ETABLISSEMENT ALGERO-TUNISIEN CREE PAR CONVENTION
INTERNATIONALE DU 03 SEPTEMBRE 1981

BP 100, Route de Bou-Ismail, Koléa, Tipaza - Algérie

LE RECOUVREMENT DE L’IMPOT

AVRIL 2021

Elaboré par Mr A.FELLAH


Directeur d’Etudes DGI
Ministère des finances /Ben Aknoun /Alger
Email: amar.fellah©mf.gov.dz

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INTRODUCTION…………………………………………………………………………………………3

A. Typologie des systèmes de recouvrement


B. Les canaux de collecte des fonds
C. Exercice de l’action d’office

I- LE RESEAU DES COMPTABLES PUBLICS.………………………………………….12

A. La direction générale de la comptabilité


B. La direction générale des impôts
C. La direction générale des douanes
D. La direction générale du domaine national

II- LES AUTRES INTERVENANTS DANS LE RECOUVREMENT……………………17

A. Les services des juridictions chargés frais de justice et des amendes pénales au sein des
tribunaux (LF pour 2017 art 107)
B. Les autorités de régulation, l’agence nationale pour la valorisation des ressources en
hydrocarbures (ALNAFT) et l'autorité de régulation de la poste et des communications
électroniques (ARPCE ex ARPT)
C. Les entreprises de droit privé, spa groupe Sonelgaz et Epic Algérie poste

III- LES MOYENS DE PAIEMENT…………………………………………………………21

A. Les paiements en numéraire (monnaie fiduciaire)


B. Les paiements par effets postaux, bancaires et trésor (paiements scripturaux)
C. Le règlement par compensation
D. Le règlement par obligations cautionnées
E. Le crédit d’enlèvement (douane)

IV- LES REGIMES DE RECOUVREMENT………………………………………………..24

A. L’auto déclaration
B. Les acomptes provisionnels
C. Les retenues à la source
D. Les valeurs inactives
E. Les ordres de versement
F. Les droits constatés

V-LES DELAIS DE REGLEMENT..………………………………………………………32

A. Le délai légal de paiement


B. Le délai d’exigibilité
C. L’exigibilité immédiate
D. La prescription

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VI - LES DISPOSITIFS DE FACILITATION.……………………………………………35

A. L’échéancier de paiement sur soixante (60) mois (art 71 LF 2021)


B. La faculté de reporter le règlement des déclarations (mensuelles et prévisionnelles)
C. Le règlement sans pénalités de retard des dettes fiscales et non fiscales enrôlées
D. le rééchelonnement des dettes des entreprises en difficultés
E. Le sursis légal de paiement
F. Le sursis judiciaire de paiement
G. La remise conditionnelle

VII- L’ACTION COERCITIVE PRINCIPALE : LA SAISIE EXECUTION.………….40

A. Le commandement de payer
B. L’avis de saisie mobilière
C. L’exécution de la saisie (la vente mobilière)

VIII - LES ACTIONS COERCITIVES SECONDAIRES.………………………………47

A. Le commandement de payer
B. La fermeture temporaire des locaux
C. L’avis à tiers détenteur (ATD)
D. La contrainte extérieure
E. L’extrait de rôle chargé (ou l’interdit de soumissionner)

IX- LE CONTENTIEUX DU RECOUVREMENT………………………………………..48

A. L’objet du contentieux du recouvrement


B. Délais et modalités
C. Recours auprès de l’ordonnateur
D. Recours auprès du juge

X- LES ACTIONS COERCITIVES RELEVANT DE L’ORDONNATEUR..………….49

A. L’inscription du débiteur au fichier des fraudeurs


B. La suspension de la délivrance de l’attestation de domiciliation bancaire
C. La suspension de la délivrance de l’attestation de transfert de fonds
D. L’assistance administrative mutuelle entre Etats

XI- LES PROCEDURES COERCITIVES JURIDICTIONNELLES………………….51


A. L’action pénale
B. L’action civile

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XII- LES SURETES DE SAUVEGARDE DES INTERETS DU TRESOR……………….55

A. La solidarité
B. Le privilège
C. L’hypothèque légal
D. La mutation de cotes (2021)

XIII- LE TRAITEMENT COMPTABLE DES RESTES A RECOUVRER……………….63

A. L’admission en non valeurs


B. L’admission en surséance
C. La demande en décharge ou en atténuation de responsabilité

CONCLUSION

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INTRODUCTION

Le cours de recouvrement de l’impôt, porte sur le l’étude du dispositif légal et réglementaire mis
en place par l’Etat pour assurer la rentrée aux caisses du Trésor des recettes publiques dont la
partie importante est constituée par la fiscalité. Le produit de cette dernière demeure prédominant
tant au niveau du budget central que des budgets locaux ; raison pour laquelle, l’Etat exerce lui-
même les missions de recouvrement de cette ressource, à travers ses propres services
administratifs sans validation préalable de ses créances (rôles d’imposition) par l’instance
judicaire comme c’est le cas en matière de relations civiles ou commerciales de droit privé.

Cette mission financière, bénéficie alors, d’une couverture juridique exceptionnelle, constituée
essentiellement par le privilège du préalable, communément appelé le privilège d’action d’office,
qui consiste en la possibilité pour l’administration d’user de ses prérogatives en contraignant les
administrés à appliquer ses décisions en toutes circonstances, même si celles-ci semblent résulter
d’un acte illégal.

A ce titre, les mécanismes administratifs et fiscaux offerts par la loi aux contribuables,
constituent des techniques de recouvrement adaptées à chaque régime fiscal et sensées permettre
un reversement régulier des impôts, droits et taxes aux délais appropriés, qu’ils résultent de
déclarations auto-liquidatives ou de titres de créances portant des sommes liquidées par les
administrations publiques ordonnatrices.

Aussi, et bien que l’émission de recettes publiques pourrait relever de plusieurs institutions, le
recouvrement est, en général, concentré entre les mains du ministère des finances conformément
au principe de séparation entre ordonnateurs et comptables.

Cette institution, joue le rôle de comptable public en ce sens qu’elle assure les fonctions
d’encaissement et d’exécution des opérations financières de l’État et de ses démembrements en se
servant d’une caisse unique, appelée TRESOR PUBLIC, qui englobe l’ensemble des services
financiers de l’Etat et des collectivités publiques, intervenant dans l’exécution des dépenses de
ces entités et le recouvrement de la plupart des recettes publiques.

Bien qu’il ne dispose pas de personnalité juridique distincte de l’Etat, le trésor public réalise ses
missions par le biais des son vaste réseau de comptables publics d’environ 1300 postes, installés
au niveau des services centraux et locaux non compris ceux des EPA et des représentations
diplomatiques. C’est une organisation typiquement française, consacrant la proximité
géographique auprès des usagers et des collectivités, reconduite « par défaut » à l’indépendance
du pays sans changement ou adaptation structurelle.

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Dans les pays anglo-saxon, le trésor public ne dispose pas de réseau territorial ; il réalise ses
missions par le biais du réseau bancaire car, dans ces Etats, les budgets publics et les opérations
financières gouvernementales sont exécutés sous la responsabilité exclusive de l’ordonnateur.

La structure des recettes publiques susceptibles d’être recouvrées par les réseaux de l’État, sont
présentées dans le décret exécutif n°20-353 du 30 novembre 2020 fixant les éléments constitutifs
des classifications des recettes de l’Etat, qui les arrête à huit (8) catégories, comme suit :

1 ERE CATEGORIE : Les recettes provenant des impositions de toute nature ainsi que le produit
des amendes, comprennent les rubriques ci-après :

A- Recettes 1 Impôts sur le revenu


fiscales
2 Impôts sur le capital
3 Impôts sur la consommation
4 Droits de douanes et assimilés
5 Autres impositions et taxes
6 Produits des amendes
B-Fiscalité des
hydrocarbures 1 Taxe superficiaire
2 Redevance hydrocarbures
3 Impôt sur le revenu des hydrocarbures (IRH)
4 Impôt sur le résultat
5 Impôt sur la rémunération du cocontractant étranger
6 Taxe sur le revenu pétrolier (TRP)
7 Impôt complémentaire sur le revenu (ICR)
8 Taxe sur les profits exceptionnels (TPE)
9 Redevance forfaitaire sur la production anticipée
10 Taxe sur le torchage du gaz
11 Produit du droit de transfert

2 EME CATEGORIE : Les revenus des domaines de l'Etat, comprennent les rubriques ci-
après :
2.1 Droits et redevances
2.2 Revenus de location et d'exploitation
2.3 Produit de cession d'actifs mobiliers et immobiliers
2.4 Produit des prestations administratives
2.5 Autres droits et revenus

3 EME CATEGORIE : Les revenus des participations financières de l'Etat ainsi que ses
autres actifs, comprennent les rubriques ci-après :
3.1 Produit des dividendes des banques et des établissements financiers
3.2 Produit des dividendes des établissements non financiers
3.3 Autres prélèvements et revenus des actifs financiers

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4 EME CATEGORIE : La rémunération de services rendus par l'Etat et les redevances,
comprennent les rubriques ci-après :
4.1 Produits de la rémunération de services rendus par l'Etat
4.2 Redevances d'usage des fréquences
4.3 Autres produits des actifs immatériels

5 EME CATEGORIE : Les produits divers du budget, comprennent les rubriques ci-après :

5.1 Impôts et taxes non budgétisés aux délais requis


5.2 Produit des taxes non pré-affectées
5.3 Recettes diverses non identifiées
5.4 Autres produits

6 EME CATEGORIE : Les produits exceptionnels divers, comprennent les rubriques ci-après :
6.1 Annulations totales ou partielles des dettes de l'Etat
6.2 Restitution au Trésor de sommes indûment payées
6.3 Dettes de l'Etat définitivement prescrites
6.4 Autres produits exceptionnels

7 EME CATEGORIE : Les fonds de concours, des dons et legs, comprennent les rubriques ci-
après :
7.1 Fonds de concours
7.2 Dons
7.3 Legs

8 EME CATEGORIE : Les intérêts et les produits provenant de prêts, avances et placements de
l'Etat, comprennent les rubriques ci-après :
8.1 Intérêts sur obligations
8.2 Produits de prêts, avances et placements
8.3 Valeurs, escomptes et effets de toute nature
8.4 Autres intérêts et produits

Le détail desdites catégories, devrait être précisé par voie d’arrêté du ministre des finances, ce qui
permettra de connaitre le contenu des catégories 1 et 2 notamment, réservées pour les recettes
principales du budget, en l’occurrence, la fiscalité au sens large (ordinaire, minière, pétrolière et
écologique), les recettes douanières et les recettes domaniales, nécessitant souvent une prise en
charge administrative appropriée pour leur recouvrement. A la date d’élaboration du présent
fascicule, ce texte réglementaire n’étant pas encore publié.

En Algérie, il n’a pas été prévu un code spécifique au recouvrement des différentes catégories
d’impôts et taxes, d’où la nécessité pour le personnel affecté pour cette tache de se référer aux
divers codes fiscaux, ainsi qu’au code des procédures civiles et administratives (CPCA) afin de
pouvoir mener ses missions correctement.

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Les procédures d’action d’office en matière de recouvrement de l’impôt, se trouvent compilées
essentiellement dans le code des procédures fiscales, promulgué en 2002. Celui-ci contient aussi,
les procédures suivies en matière d’assiette, de contrôle et de contentieux.

A. TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE RECOUVREMENT

Les finances publiques qu’elles soient classiques ou modernes, sont dominées par trois (03)
systèmes de recouvrement : la collecte, la ferme et la régie.

1. La collecte
C’est le plus ancien des systèmes. En effet, les collecteurs de l’impôt étaient des contribuables
désignés par les autres contribuables pour recouvrer l’impôt. Aujourd’hui, le système de la
collecte est appliqué notamment à la TVA puisque ce sont les assujettis à l’impôt qui sont
chargés de l’établir et de le recouvrer.

Chaque mois, ils versent aux comptables publics la TVA collectée diminuée de la TVA qu’ils ont
eux-mêmes payée sur les marchandises et les services nécessaires à la fabrication de leurs
produits. Le prélèvement (ou retenue) à la source relève également de la collecte puisqu’il
consiste à faire prélever le montant de l’impôt par un tiers payeur, le plus souvent l'employeur ou
le banquier, au moment du versement au contribuable des revenus sur lesquels porte l'impôt.

2. La ferme
Ce système est lui aussi très ancien. Il était pratiqué en France sous la monarchie. Le Fermier (un
financier), s’engageait à verser au Trésor le montant de l’impôt. En échange, il disposait du droit
régalien de recouvrer l’impôt. L’avantage du système était qu’il libérait l’Etat de toute
préoccupation de recouvrement et même d’assiette et de liquidation. Ce système était coûteux
puisque la rémunération du Fermier était de l’ordre de 20 % du produit de l’impôt recouvré.

Le recours au système de la ferme en Algérie sous sa forme atténuée (sans pouvoir régalien)
prend de l’importance de par l’implication rémunérée d’autres organismes que les services du
ministère des finances, dans la collecte des recettes du Trésor. (Voir ci-dessus, le point II les
autres intervenants dans le recouvrement).

3. La régie
C’est le système dans lequel l’Etat lui-même assure le recouvrement de l’impôt à travers le
réseau des comptables publics qui obéit au principe de séparation ordonnateur/comptable
consacré par la loi n° 90-21 du 15/08/1990 relative à la comptabilité publique.

Cette loi fixe les conditions générales de recouvrement des recettes publiques, telle que la
liquidation des droits, leur constatation dans les écritures du comptable, l’obligation de
communication du titre de créance au débiteur, les modalités de paiement, et enfin, l’obligation
de correction au niveau des comptables des erreurs de liquidation par voie d’émission d’un ordre
d’annulation ou de réduction de recette.

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La responsabilité de collecte des recettes du Trésor étant répartie entre les deux intervenants,
l’ordonnateur assurant la taxation, est tenu d’effectuer les actes de constatation et de liquidation
alors que le comptable public prend en charge le recouvrement du titre de recette.

Toutefois, cette représentation chronologique de la procédure d’imposition ne s’applique


qu’exceptionnellement à la fiscalité moderne, laquelle repose en effet, sur le principe déclaratif
qui tire son fondement du principe de consentement collectif à l’impôt. Cette conception
implique que la liquidation et le reversement au trésor sont opérés spontanément par le
contribuable lui-même ou le tiers payeur, de sorte que l’administration fiscale encaisse le montant
de l’imposition sans connaitre le montant exact de la dette fiscale.

B - LES CANAUX DE COLLECTE DES FONDS

L’impôt moderne est portable et non quérable. On dit qu’il est portable parce que c’est au
contribuable de faire les démarches pour le payer. Et, il est quérable lorsque l’administration
fiscale procède au déplacement auprès du contribuable pour percevoir l’impôt (tournées de
recouvrement). Cette dernière forme de recouvrement tend à disparaitre par l’avancée
technologique des procédés électroniques de paiement.

A travers le monde, les pays utilisent comme canaux de réception des fonds remis en règlement
des impôts et taxes, soit la banque, soit la banque et les services des impôts, rarement les centres
ou les pôles des impôts seuls.

1- l’encaissement par la banque


La collecte de l’impôt par la banque présente un certain nombre d’avantages dans la mesure où il
permet d’éviter l’engagement des services des impôts pendant les paiements. Il permet par
ailleurs une traçabilité des paiements dans la mesure où les fonds sont transférés de la banque
(compte du contribuable) au trésor après leur comptabilisation et l’analyse automatique du solde
du compte du contribuable.

Ce système, pratiqué par beaucoup de pays développés connaissant un bon rendement fiscal
(Espagne, Italie, Pays-Bas, Suède, Allemagne..), suppose que le compte du contribuable soit
toujours créditeur.

2- l’encaissement par le secteur bancaire ou par le pole fiscal (centre de traitement)

Un certain nombre de pays utilisent le procédé mixte de recouvrement, c’est à-dire le pole fiscal
et secteur bancaire. Ces procédés consistant à effectuer le paiement par les banques (avec usage
de tout moyen y compris les chèques) ou les centres d’encaissement installés au sein des
administrations fiscales.

Et, dès que le paiement est effectué, les fonds sont transférés par la banque et par le centre
d’encaissement au compte du Trésor. Il y a ensuite remontée d’information sur le paiement avec
formulaire envoyé au pole fiscal (centre de traitement). Puis, la comptabilisation est faite par le
Centre de traitement et l’analyse automatique du solde du compte du contribuable apparaît.
Comme dans le premier cas, la surveillance des obligations de paiement est assurée par le service

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de gestion de droit commun. Les pays qui pratiquent ce système de gestion connaissent
également un bon rendement fiscal, c’est le cas du Royaume –Uni, du Canada, des Etats-Unis.

3- l’encaissement par le poste comptable classique ou par la banque

Certains pays sous développés continuent de pratiquer un système hybride qui consiste pour le
contribuable à payer ses impôts soit au guichet du receveur municipal par des espèces ou des
chèques certifiés, soit à la banque par virement bancaire au compte courant du trésor auprès de la
banque central.

Ce système alourdit la tenue à jour de la situation du contribuable du fait qu’il permet


difficilement la remontée de l’information au receveur municipal (comptable assignataire).

C- LE PRINCIPE D’ACTION D’OFFICE

Le caractère classique de la procédure de recouvrement est fortement affecté au fur et mesure de


l’introduction des outils modernes de gestion, transformant en profondeur l’approche
d'administration de services en direction de l'«usager contribuable» en vue de lui simplifier
l’accomplissement de ses devoirs fiscaux par l’accès à l’information et aux services fiscaux. A ce
titre, en vue de recouvrer les créances du trésor sans le recours aux procédures litigieuses, la
priorité se trouve de plus en plus tournée vers les procédures amiables telles que :

 Les relances téléphoniques


 Les relances-courriers
 Les relances « face à face »
 Les relances « mixtes » : appels téléphoniques et courriers
 La mise en demeure.

En revanche, l’utilisation de la main de fer (exercice de l’action d’office) pour recouvrer les
recettes publiques n’est envisagée qu’à l’égard des contribuables, particuliers ou professionnels,
qui persistent dans leur refus d’honorer leurs engagements de paiement vis-à-vis du Trésor. Ce
pouvoir est réservé à certains comptables secondaires.

L’exercice de l’action d’office permet à l’administration de réaliser ses droits par ses propres
moyens sans recourir préalablement au juge. Ce pouvoir résulte du privilège du préalable qui
complète l'ensemble des privilèges dont bénéficie l'Administration. La décision exécutoire ou le
recouvrement forcé du rôle d’imposition, est l'acte par lequel l'Administration met en œuvre ce
pouvoir, qui reste toutefois, soumis au plan de la forme, au contrôle du juge.

Cependant, bien que tous les comptables de l’Etat, principaux ou secondaires, participent au
recouvrement des recettes publiques, il n’en demeure pas moins que l’exercice de cette mission
par voie coercitive (recouvrement forcé) est réservé exclusivement à certains d’entre eux, en
l’occurrence, les Receveurs des impôts et les Trésoriers des communes et des secteurs sanitaires.

Les autres comptables, même s’ils disposent pour certains d’entre eux (trésoriers de wilaya,
receveurs des domaines) de la capacité d’émettre des avis à tiers détenteurs (ATD), leur pouvoir

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de coercition reste de portée limitée et soumis au visa préalable du juge (domaines et douanes).

1. Les receveurs des impôts

Les receveurs des impôts sont des comptables publics, rattachés hiérarchiquement à
l’administration fiscale, et exercent leurs prérogatives de recouvrement forcé en application de la
loi fiscale qui confère aux rôles d’impôts la force d’exécution une fois homologué (ou validé) par
l’ordonnateur habilité qui agit au nom du Ministre des Finances.

Cet ordonnateur est désigné par sa qualité de « représentant du ministre des finances » comme
c’est le cas au niveau de l’article 143 du code de procédures fiscales (CPF), et de « directeur de
wilaya » suivant l’expression utilisée dans la rédaction de l’article 486 du code des impôts
indirects (CII).

Quant au code des taxes sur le chiffre d’affaires, ses dispositions nous renvoient vers le code de
procédures fiscales si l’on se réfère aux articles 108, 112 et 119 du code des TCA.

L’obligation d’apurement des rôles par les receveurs des impôts, le cas échéant par tous les
moyens de droit, est prévue par les dispositions de l’article 406 du code des impôts directs et taxes
assimilées (CIDTA). En effet, il est stipulé expressément que ces comptables « sont responsables
du recouvrement des impôts et taxes directs dont ils ont pris les rôles en charge et tenus de
justifier de leur entière réalisation dans les conditions fixées par la législation en vigueur en
matière de recouvrement ».

Quant aux modalités comptables d’exercice de cette fonction, elles sont régies en grande partie
par la loi relative à la comptabilité publique n° 90-21 du 15 août 1990 qui, étend également ce
pouvoir de recouvrement forcé (ou d’action d’office) aux autres produits du trésor. En Tunisie,
les agents chargés du recouvrement des arrêtés de taxations d’office (rôles de redressement
fiscal), relèvent de la direction générale de la comptabilité publique et du recouvrement.

2. les trésoriers communaux et des secteurs sanitaires

Les trésoriers des communes, comptables publics chargés des budgets des communes et des
secteurs sanitaires, rattachés hiérarchiquement à l’administration de la comptabilité publique, qui
en dépit de leur qualité de comptable payeur exercent des missions de recouvrement pour
lesquelles ils disposent de l’action d’office en application des dispositions de l’article 59 de la loi
de finances pour 2006.

Cette dernière, a rétabli pour cette catégorie de comptables le pouvoir d’action d’office qu’ils
avaient perdu consécutivement à leur restructuration intervenue en 2003 en application des
dispositions des décrets exécutifs n°03-39, 03-40, 03-41, 03-42 et 03-43 du 19/01/2003 relatifs
au transfert à la direction générale de la comptabilité (DGC) des Recettes des impôts chargées de
la gestion financière des communes et des secteurs sanitaires placées sous la tutelle de
l‘administration fiscale.

Les modalités d’instrumentalisation de la procédure de recouvrement devant être initiée par cette
catégorie de comptables est développée par les prescriptions de l’instruction n°15 MF/DGC/DRC
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du 13/05/2006 relative à la dévolution des prérogatives de recouvrement forcé aux Trésoriers des
communes. L’arrêté du 07/09/2005 fixant l’organisation et les attributions des trésoreries
communales a prévu la création au niveau de ce poste comptable d’une subdivision des
poursuites et du contentieux chargée notamment de l’engagement de procédure de recouvrement
forcée.

3. les Agents relevant des services des juridictions, chargés du recouvrement des frais de
justice et des amendes pénales au sein des tribunaux

Les agents de recouvrement relevant hiérarchiquement du ministère de la justice, procèdent


depuis 2017 au niveau des tribunaux, à la perception des amendes et condamnations pécuniaires et
sont autorisés de recourir aux mesures coercitives adoptées par les receveurs des impôts
(dispositions de l’article 108 de la loi de finances pour 2017, modifiant et complétant les articles
597 bis, 597 bis 1 et 597 bis 2 de l’ordonnance n°66-155 du 8 juin 1966 portant code de procédure
pénale).

I- RESEAU DES COMPTABLES PUBLICS

Le réseau comptable est composé de l’ensemble des postes comptables par lesquels transitent
toutes les opérations de recettes et de dépenses. Placé sous l’autorité du ministre des finances ou
sous son contrôle, le réseau comptable est hiérarchisé et les tâches sont réparties entre les
différents agents.

Le ministère des finances assure le recouvrement des recettes publiques à travers les comptables
publics. Suivant l’article 34 de la loi n° 90-21 du 15/08/1990 relative à la comptabilité publique,
ces agents sont nommés par ses soins et relèvent exclusivement de son autorité. Toutefois,
certains comptables publics peuvent être désignés par d’autres ministres mais doivent
nécessairement être agréés par le ministre chargé des finances.

Leurs missions de base sont représentées essentiellement par les opérations prévues aux articles
18 et 22 de la loi suscitée :

• le recouvrement de recettes et paiement des dépenses.


• la garde et conservation des fonds, titres, valeurs et objets ou matières dont il a la charge,
• le maniement de fonds, titres, valeurs, biens, produits et matières.
• le mouvement des comptes de disponibilités.

Le décret exécutif n° 03-41 du 19 janvier 2003 complétant le décret exécutif n°91-311 du 7


septembre 1991 relatif à la nomination et à l’agrément des comptables publics, fixe la liste de
cette catégorie de fonctionnaires nommés par le ministre chargé des finances, comme suit :

1. l’agent comptable central du Trésor ;


2. le trésorier central ;
3. le trésorier principal ;
4. les trésoriers de wilayas ;
5. les trésoriers communaux ;
6. les trésoriers des secteurs sanitaires et des centres hospitalo-universitaires ;
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7. les receveurs des impôts ;
8. les receveurs des domaines ;
9. les receveurs des douanes ;
10. les conservateurs des hypothèques.

Néanmoins, si les quatre (04) premiers ont la qualité de comptable principal, les autres ont, par
rapport aux opérations de recouvrement, la qualité de comptables secondaires suivant le décret
exécutif n°03-42 du 19 janvier 2003 modifiant et complétant le décret exécutif n°91-313 du 7
septembre 1991 fixant les procédures, les modalités et le contenu de la comptabilité des
ordonnateurs et des comptables publics.

Par conséquent, pour la gestion financière des budgets qui leur sont confiés, les trésoriers
communaux et les trésoriers des secteurs sanitaires et des centres hospitalo-universitaires, se
retrouvent suivant ce même texte, en situation de comptable principal.

Et, bien qu’ils relèvent d’un même département ministériel, les comptables publics chargés du
recouvrement, sont sur le plan administratif, rattachés aux quatre (04) administrations suivantes:
- la direction générale de la comptabilité,
- la direction générale des impôts,
- la direction générale des douanes,
- la direction générale du domaine national.

Alors que sur le plan comptable, ils sont rattachés aux trésoriers de wilaya auprès desquels, sont
déposées les balances mensuelles, les chèques émis en paiement d’impôts et taxes et d’autres
documents se rapportant à leurs écritures et opérations comptables.

Sur le plan de l’apurement des impôts et taxes pris en charge, les comptables chargés du
recouvrement sont justiciables de la cour des comptes.

En résumé, ces comptables exercent leur métier sous trois (03) tutelles simultanées :
administrative, comptable et juridictionnelle.
 La tutelle administrative est assurée par l’administration qui prend en charge la
gestion de la carrière du comptable en tant que fonctionnaire en plus de sa
formation au plan des mesures coercitives prévues dans la législation et la
réglementation régissant les recettes publiques,

 La tutelle comptable est assurée par l’administration de comptabilité publique à


travers le comptable principal de rattachement (trésorier de wilaya) qui supervise les
opérations financières du comptable secondaire par voie de prise en charge ou de
rejet de la balance mensuelle des comptes, des effets de paiement, des pièces de
dépenses et des opérations du compte de liaison,

 La tutelle juridictionnelle est assurée par la cour des comptes qui prend en charge les
comptes de gestion déposés en fin d’exercice par les comptables publics aux fins
d’apurement des opérations financières réalisées et de l’évaluation des efforts fournis
dans le recouvrement des créances publiques prises en charge.

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En Tunisie, La Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Recouvrement (DGCPR), a
pour missions principales le recouvrement des recettes revenant à l'Etat, aux établissements
publics et aux collectivités locales, le contrôle et le paiement des dépenses publiques, la tenue des
comptes publics ainsi que la production de l'information financière et comptable relative à
l'exécution des opérations budgétaires et de trésorerie des structures publiques régies par le code
de la comptabilité publique.

A. LA DIRECTION GENERALE DE LA COMPTABILITE (DGC):

Le réseau de recouvrement de la DGC est composé du réseau traditionnel constitué des


comptables publics d’une part, et d’autre part, du réseau de régies de recettes communales
lancées en 2017.

A.1 Le réseau traditionnel


Il est constitué des comptables publics suivants :
 un (01) agent comptable central du trésor (ACCT),
 un (01) trésorier principal (TP),
 un (01) trésorier central (TC),
 quarante-huit (48) trésoriers de wilaya (trésorier départemental),
 six cent six (606) trésoriers des communes et des secteurs sanitaires (TCSS).

Les missions de recouvrement confiées à ces comptables portent essentiellement sur la fiscalité
salariale (impôt sur le revenu global) retenue à la source au moment de l’exécution des mandats
de paiement établis par les ordonnateurs de dépenses au titre des traitements et salaires.

Toutefois, les trésoreries locales (trésoreries communales et des secteurs sanitaires), disposent
d’un plan de charge important de recouvrement notamment en matière de perception des taxes
communales et des produits patrimoniaux des communes.

A.2 les régies de recettes communales (2017)


Ce réseau est constitué des agents de recouvrements installés auprès des caisses créées au niveau
des communes et agissant sous l’autorité comptable du trésorier communal (TCSS).

Les dispositions de l’article 91 de la loi de finances pour 2017 ont introduit un nouveau dispositif
de recouvrement des recettes et produits des communes, constitué par les régies de recettes.

Ce système de régies de recettes était jusqu’à 2016 réservé exclusivement aux produits autres que
fiscaux, douaniers et domaniaux et régi par le décret exécutif n° 93-108 du 05/05/1993 fixant les
modalités de création, d’organisation et de fonctionnement des régies de recettes et de dépenses.

Aussi, par cette mesure législative, le recouvrement de la fiscalité locale par voie de régie sera
possible dans les mêmes conditions que les autres créances communales, c’est à dire, sous
l’autorité du comptable ayant pris en charge les rôles (le trésorier communal).

xiv

IEDF
Les modalités de création, d’organisation et de fonctionnement desdites régies de recettes n’ont
pas encore été fixées à ce jour.

Cependant, et dans la mesure où ces régies agissent sous l’autorité comptable du trésorier
communal, rien ne s’oppose à leur confier le recouvrement de certaines taxes fiscales revenant
intégralement à la commune telles que la taxe foncière et la taxe d’enlèvement des ordures
ménagères dont l’accumulation des restes à recouvrer et l’aggravation des difficultés financières
des collectivités locales, recommandent une reprise plus dynamique de la procédure de
recouvrement.

B. LA DIRECTION GENERALE DES IMPOTS (DGI)

Elle assure la tutelle d’environ 452 receveurs des impôts ayant le statut de comptables
secondaires, chargés de procéder au recouvrement de la fiscalité en général (Impôts directs,
Impôts indirects, TVA, Enregistrement et Timbre), et toute autre créance du trésor non prise en
charge par d’autre poste comptable.

Cette catégorie de comptable dispose du pouvoir d’action d’office en ce sens qu’elle met en
œuvre la procédure de recouvrement forcé des titres de créances rendus exécutoires par
l’ordonnateur (responsable ayant le pouvoir d’homologation des rôles), et ce, sans validation
préalable par le juge.

Par ailleurs, la modernisation dont fait l’objet actuellement l’administration fiscale à travers
l’introduction progressive de l’interlocuteur fiscal unique, ne s’est pas traduite par le transfert
vers ce vis-à-vis administratif des missions exercées par le receveur des impôts.

Par conséquent, tant au niveau de la direction des grandes entreprises (DGE) qu’au niveau des
Centres des Impôts (CDI) et Centres de Proximité des Impôts (CPI), la configuration classique de
ce poste comptable a été préservée, de telle sorte que chaque pole fiscal quelque soit sa taille,
comprend une recette des impôts dotée de ses composants traditionnels (receveur, fondé de
pouvoir, service de comptabilité, service de poursuites et caissiers).

C. LA DIRECTION GENERALE DES DOUANES (DGD)

La direction générale des douanes compte plus de 70 Receveurs ayant le statut de comptables
secondaires, chargés notamment de la perception des droits et taxes acquittés en douane lors des
opérations de dédouanement et du gardiennage des marchandises saisies contre le risque de vol
ou de détérioration.
La part importante du recouvrement est réalisée à plus de 50% au niveau des Recettes d’Alger et
sa périphérie (Boumerdes) :*
 Alger port …………………………15,46%
 Alger port secs ……………………15,14%
 Dar El Beida-fret ………………….05,13%
 Alger pins maritimes ……………...04,82%
 Boumerdès ………………………..06,12%

xv

IEDF
Ces comptables ne disposent pas du pouvoir d’action d’office reconnu aux receveurs des impôts,
dans la mesure où la force exécutoire des contraintes qu’ils émettent pour le recouvrement des
droits et taxes, amendes et autres sommes dues à l’administration des douanes, résulte du visa
préalable apporté par le président du tribunal compétent.

Toutefois, ils peuvent émettre des avis à tiers détenteur (ATD) entre les mains de dépositaires et
débiteurs de deniers provenant du chef des redevables, gérants, administrateurs, directeurs ou
liquidateurs de sociétés, en recouvrement de créances douanières. Les quittances constatant le
paiement de ces créances doivent indiquer que lesdites sommes ont été reçues du tiers détenteur
agissant pour le compte du redevable

A ce titre, les actions de saisie sont mises en œuvre par le biais de la justice dans les conditions et
modalités fixées par le code des douanes. En revanche, pour faciliter le recouvrement des droits
du trésor dans le cadre de ce dispositif, les dispositions de l’article 280 du code des douanes ont
prévu que l'administration des douanes soit représentée en justice par ses agents notamment les
receveurs des douanes, sans que ces agents aient, pour cela, à justifier d'un mandat spécial.

Le recouvrement par voie de notification de contraintes douanières (Art 262), nécessite que
celles-ci soient préalablement visées par le président du tribunal (Art 264).

La contrainte décernée par les receveurs des douanes doit comporter copie du titre qui établit la
créance ou la copie de l'acte justifiant l'action de l'administration des douanes.

Les différents types de titres de créance sont cités à l’article 263 à titre d’exemple. Il s’agit des
supports administratifs suivants :
-les déclarations en douane dont les droits et taxes sont liquidés ;
-les soumissions contentieuses ;
-les transactions douanières définitives ;
-les engagements souscrits en matière d’acquits ;
-les procès-verbaux de vente enregistrés, conformément à la législation en vigueur.

D. LA DIRECTION GENERALE DU DOMAINE NATIONAL (DGDN)

Elle compte 416 postes comptables secondaires, soit 230 chefs d’inspection des domaines et 186
conservateurs fonciers.

Ces fonctionnaires ont la qualité de comptable public bien qu’ils sont chargés de l’assiette et du
recouvrement. Les principales recettes confiées à cette catégorie de comptables, on peut citer les
redevances donnant lieu à l’établissement d’un ordre de versement et/ou d’une autorisation, les
redevances donnant lieu à la conclusion d’une convention ou d’un contrat, les redevances
résultant d’un acte administratif et autres cas de redevances telles que celles dues pour prestations
diverses rendues au public (ex : les demandes de renseignements, les estimations mobilières et
immobilières..).
---------------------------------------------------------
*Source : Direction des Etudes et de la Prospective des Douanes (DEPD-2020)

xvi

IEDF
L’arrêté du 4 juin 1991 (JORA n° 38 du 14 Août 1991) déterminant le fonctionnement interne de
ces entités polyvalentes a prévu, pour permettre à ces dernières d’exercer sans difficultés leurs
missions « comptables », leur dotation en service dédié pour le recouvrement chargé à ce titre, de
la tenue des écritures et de l’établissement de la balance mensuelle des comptes devant être
déposé au trésor par le chef d’inspection des domaines et/ou le conservateur foncier. Ces agents
de recouvrements, disposent, en plus des modes de poursuites prévues dans le code de procédures
civiles et administratives, un autre moyen d’exécution qui est l’avis à tiers détenteur.

En revanche, et en dépit des séparations des taches, cette forme d’organisation pose certaine
incompatibilités vis-à-vis du principe de séparation ordonnateur/comptable consacré par la loi n°
90-21 du 15 aout 1990 relative à la comptabilité publique.

II- LES AUTRES INTERVENANTS DANS LE RECOUVREMENT

Le processus d’externalisation de la mission de recouvrement des recettes publiques, devient de


plus en plus apparent avec le transfert de cette tache vers les organismes publics examinés ci-
dessous :

 Les services judiciaires chargés des amendes pénales au sein des tribunaux (2017)
 Les autorités de régulation (agence nationale pour la valorisation des ressources en
hydrocarbures – ALNAFT et l’ARPCE ex ARPT)
 Les entreprises de droit privé (groupe Sonelgaz et Algérie poste)

A. LES SERVICES JUDICIAIRES CHARGES DES AMENDES PENALES AU SEIN


DES TRIBUNAUX ET COURS (2017)

Les dispositions de l’article 107 de la loi de finances pour 2017, modifiant et complétant l’article
597 de l’ordonnance n°66-155 du 8 juin 1966 portant code de procédures pénales, ont confié, la
mission de recouvrement des amendes judiciaires durant les premiers six (06) mois qui suivent la
notification de l’émission de la décision de jugement, aux services crées auprès du greffe de
chaque juridiction. Le règlement de l’amende dans les 30 jours de la notification par le greffe de
l’avis de paiement, entraine une réduction à la caisse de 10%.

L’extrait de la décision de condamnation constitue le titre en vertu duquel le paiement peut être
poursuivi par toute voie de droit sur les biens du condamné. Ce paiement est exigible dés que la
décision de condamnation est passée en force de chose irrévocablement jugée.

Par ailleurs, pour assurer cette mission de perception, les agents relevant des juridictions, sont
d’une part, autorisés par les dispositions de l’article 108 de la loi de finances pour 2017,
modifiant et complétant les articles 597 bis, 597 bis 1 et 597 bis 2 de l’ordonnance n°66-155 du 8
juin 1966 portant code de procédure pénale, de recourir aux procédures adoptées en la matière
par les receveurs des impôts, c'est-à-dire, la possibilité de mettre en œuvre l’action coercitive par
tous les moyens de droit, et d’autre part, de se faire rémunérer sur le produit collecté, comme le
précisent les dispositions de l’article 133 de la loi de finances pour 2017.
xvii

IEDF
Ces dernières, ont prévu la rémunération de ce réseau judicaire de recouvrement par l’octroi
d’une prime complémentaire au personnel de la justice à partir du compte d’affectation spéciale
n°302.147 intitulé « amélioration des moyens de recouvrement des frais de justice et des amendes
pénales », financé forfaitairement par une recette de 7% prélevée sur le produit recouvré des
amendes pénales.

En conséquence, pour une amende pénale de 10.000 DA qui sera payée dans le délai légal de 30
jours, le Trésor percevra réellement 8.370 DA {10.000-(10%)-(7%)}.

Quant au statut juridique du personnel chargé de cette tache, il est signalé que le décret exécutif
n°17-120 du 22 mars 2017 fixant les conditions et les modalités de recouvrement des amendes et
des frais de justice par les juridictions, prévoit la désignation de l’agent de recouvrement par voie
d’arrêté du ministre chargé de la justice, ce qui ne lui confère pas la qualité de comptable public.

Par conséquent, la question reste posée quant à la soumission ou pas aux règles de la comptabilité
publique des opérations financières exécutées par cet agent de recouvrement et ce, bien que
l’article 10 du même décret, impose pour ce fonctionnaire, la tenue de comptabilité et la
conservation des pièces justificatives aux fins de reddition des comptes, sans préciser toutefois,
suivant quelles formes et modalités est réalisée cette obligation d’apurement.

B. LES AUTORITES DE REGULATION (AGENCE NATIONALE POUR LA


VALORISATION DES RESSOURCES EN HYDROCARBURES – ALNAFT ET
L’ARPCE EX ARPT)

B.1- recouvrement de la redevance d'hydrocarbures par l’agence nationale pour la


valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT)

L’agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT) a été créée
par les dispositions de la loi n° 05-07 du 28 avril 2005 pour exercer au nom de l’Etat les
missions de puissance publique ayant trait à l’exploitation des hydrocarbures, prises en charge
auparavant par l’entreprise de production, spa sonatrach, telles que la promotion des
investissements dans le domaine de la recherche et l’exploitation des hydrocarbures, la délivrance
des autorisations de recherche et d’exploitation, etc.

En revanche, il lui a été confié aussi, par cette même loi, d’une part, le suivi de
l’accomplissement par les opérateurs pétroliers auprès de l’administration fiscale (DGE) de
certaines obligations fiscales se rapportant notamment à la taxe superficiaire, la taxe de revenu
pétrolier et taxe de torchage, et d’autre part, la liquidation et le recouvrement par ses soins de la
redevance d’extraction des hydrocarbures.

Les modalités de reversement cette dernière, sont fixées les dispositions de l’article 9 du décret
exécutif n° 14-227 du 25 août 2014, qui précisent qu’elle est due, en numéraire ou en nature, sur
les quantités produites à partir du périmètre d'exploitation, et décomptée au point de mesure
défini par les articles 5 et 47 de la loi n° 05-07, après les opérations de traitement au champ, au
moyen d'un système de mesure ou de comptage installé par le contractant sur chaque périmètre
d'exploitation.
xviii

IEDF
Les quantités d'hydrocarbures correspondant à la redevance en nature sont déterminées, par
ALNAFT, sur la base de la redevance en numéraire et c’est l'entreprise nationale Sonatrach SPA
qui prend en charge les quantités d'hydrocarbures correspondant à la redevance en nature contre
paiement du montant de la redevance en numéraire correspondant auxdites quantités.

Suivant l’instruction n°15 MF/DGC/DRC du 15/06/2007, ALNAFT perçoit de Sonatrach le


produit brut de la redevance (100%) dans son compte de dépôt de fonds ouvert en son nom
auprès du trésorier de wilaya d’Alger et procède après au reversement de la quote-part de l’Etat
(99,5%) avant le 11 du mois au profit du Receveur de la DGE.

La prise en charge du recouvrement de la redevance pétrolière donne lieu à une rémunération de


0,5% du produit perçu, retenue à la source par ALNAFT.

B.2- recouvrement par l'autorité de régulation de la poste et des communications


électroniques (ARPCE) des taxes sectorielles applicables aux operateurs de
télécommunications

A compter de l’année 2018, les dispositions des articles 72, 74 et 75 de la loi de finances pour
cette année, attribuent à l’autorité chargée de régulation de la poste et de télécommunication
(ARPCE ex ARPT) compte tenu de ses moyens juridiques et techniques, le recouvrement et le
reversement au Trésor de trois (03) taxes sectorielles applicables aux opérateurs de
télécommunications.

Les taxes en question se présentent comme suit :

Nature de la taxe Article taux Périodicité de


reversement au trésor
par l’ARPT
taxe sur l’activité des 72 LF 1,5 % des mensuellement
distributeurs en gros de 2018 et 7 prélèvements de
recharges électroniques de LFC 2018 crédits
crédits téléphoniques de télécommunications
taxe sur le CA des opérateurs 74 0,5% sur le chiffre mensuellement
titulaires de licences d’affaires
pour et l’exploitation de réseaux
mobiles-télécom ouverts au
public
taxe sur le résultat annuel net 75 0,5% sur le résultat l’année (n+1) dès la
des opérateurs titulaires fin du premier
d’autorisations de fournisseurs semestre
d’accès internet

La rémunération de cet organisme pour le recouvrement des recettes du Trésor, est définie par les
dispositions de la loi n° 2000-03 du 05 août 2000 fixant les règles générales relatives à la poste et
aux télécommunications (JORA n° 48 du 06-08-2000) abrogée et remplacée par la loi n°18-04 du

xix

IEDF
10 mai 2018 fixant les règles générales relatives à la poste et aux communications électronique,
notamment son article 28.

Toutefois, en dépit du renforcement de ses missions de recouvrement notamment pour le compte


du Trésor, l’ARPT, devenue l’ARPCE par la loi n°18-04 du 10 mai 2018, ne s’est pas vue
attribuée la perception des sanctions pécuniaires infligées aux opérateurs pour non respect des
conditions imposées par les textes législatifs et réglementaires ou par ses propres décisions.

En effet, le recouvrement de ces pénalités est, suivant les dispositions des articles 39 et 137 de la
loi n°18-04 du 10 mai 2018, pris en charge par les comptables du Trésor et leur produit affecté
totalement au budget de l’Etat.

C. LES ENTREPRISES DE DROIT PRIVE: SPA GROUPE SONELGAZ ET EPIC


ALGERIE POSTE

C.1 GROUPE SONELGAZ

Les entreprises du groupe Sonelgaz chargées du recouvrement de certaines recettes publiques


sont celles qui s’occupent de la distribution domestique de l’électricité et du gaz. En effet, elles
assurent le recouvrement de la taxe d’habitation (Article. 67 de la loi de finances pour 2003) et du
droit spécifique ou taxe pour usage des appareils récepteurs de radiodiffusion et de télévision
(Art. 485 bis et 485 Septiès du code des impôts indirects).

La rémunération couvrant le service rendu par les sociétés de distribution de l’électricité et du gaz
au titre de l’effort de recouvrement de la taxe d’habitation est opérée par voie de mandatement
sur le compte spécial 302-114 intitulé « Fonds spécial de réhabilitation du parc immobilier des
communes de la wilaya » par le wali territorialement compétent d’une une quote-part de 2% sur
le montant des recouvrements réalisés.

Par contre, la rémunération de l’effort de recouvrement du droit spécifique (taxe pour usage des
appareils récepteurs de radiodiffusion et de télévision), elle se réalise par voie de mandatement
par le ministre chargé de la culture sur le compte spécial n° 302-051 intitulé « Fonds d’affectation
des taxes destinées aux entreprises audiovisuelles », d’une quote-part de 2% sur le montant des
recouvrements réalisés au titre de ce produit.

C.2 EPIC ALGERIE POSTE

Cette entreprise, procède à la vente d’une partie des valeurs inactives de l’Etat constituées par les
timbres fiscaux, les timbres amendes et les vignettes automobile (article 301 du code de timbre).

L’entreprise Algérie-poste est rémunérée au titre de la vente des timbres fiscaux et amendes au
moment de l’acquisition de ces valeurs auprès des services de l’administration fiscale et ce, par le
bénéfice d’une remise de 1% consentie immédiatement par le comptable public chargé de
l’opération d’approvisionnement (les Recettes des impôts/chef lieu de wilaya, la Recette du
magasin central du timbre et les Recettes régionales du timbre) sur le montant de paiement des
valeurs livrées. Ce dispositif de rémunération s’applique aux buralistes agrées pour la vente du

xx

IEDF
timbre (arrêté du 12/05/2001 fixant les modalités d’octroi d’agrément pour la vente des timbres
fiscaux par les particuliers JORA n°48).

Mais, pour la vente des vignettes auto, Algérie-Poste continue de bénéficier de la rémunération
de 5% instaurée en 1997 au profit de l’administration des postes par arrêté interministériel du
27/08/1997 fixant le montant et les modalités d’attribution de la commission allouée à
l’administration des postes et télécommunications pour participation à la vente de vignettes sur
les véhicules immatriculés en Algérie (JORA n°72). Ce règlement, prévoit de faire bénéficier cet
établissement d’une remise de 1% consentie immédiatement au moment de l’opération
d’approvisionnement et 4% ordonnancée par l’administration fiscale comme dépense publique
sur le budget général de l’Etat.

III- LES MOYENS DE PAIEMENT

A. LES PAIEMENTS EN NUMERAIRES (MONNAIE FIDUCIAIRE)

La monnaie fiduciaire en circulation, est constituée de plusieurs types de coupure et de pièces et


joue un rôle important dans le système de paiement national, eu égard au faible taux de
bancarisation, au poids de la population forfaitaire et de l’importance des opérations d’acquisition
des valeurs inactives (timbres, amendes, vignettes auto,..).

Ce moyen de paiement présente des inconvénients multiples, notamment la lenteur dans le


traitement des opérations à la caisse, le risque de perte des fonds par le fait de la manipulation et
du transport, risque d’encaissement des faux billets et de la monnaie contrefaite, etc.

Pour limiter ces risques, le ministre des finances a décidé de fixer à 100.000 DA le seuil au-delà
duquel le paiement des impôts et taxes ne peut être effectué en espèces et ce, à travers l’arrêté du
26 décembre 2013, pris en application des dispositions de l’article 48 de la loi de finances pour
2009.

Les faux billets perçus doivent être signalés par compte rendu aux autorités habilitées, et le
montant correspondant au déficit est porté au compte approprié. Par ailleurs, les billets présentant
un état d’usure avancé, ne doivent pas être acceptés, du fait des difficultés de leur contrôle et
authentification.

B. LES PAIEMENTS PAR EFFETS POSTAUX, BANCAIRES ET TRESOR


(PAIEMENT SCRIPTURAUX)

Les paiements scripturaux comprennent, suivant le décret exécutif n°15-153 du 16 juin 2015
fixant le seuil applicable aux paiements devant être effectués par les moyens de paiements
scripturaux à travers les circuits bancaires et financiers, le chèque, le virement, l’avis de
prélèvement, les cartes de paiement, les effets de commerce (lettre de change et billet à ordre) et
tout autre moyen de paiement scriptural prévu par la loi.

Toutefois, les effets de commerce (lettre de change et billet à ordre), ne sont pas, jusqu’à l’heure
actuelle, admis pour le règlement des droits du trésor.

xxi

IEDF
En 2006, le virement a été renforcé par l’introduction du RTGS ((Real Time Gross Settlements)
qui est un système conçu pour les transferts interbancaires de gros montants et dans lequel chaque
transaction est réglée sur une base brute et en temps réel, et le règlement ayant lieu en même
temps ou avant que l'instruction ne soit transmise au destinataire. Il porte sur les paiements
électroniques interbancaires portant sur les grandes sommes dont le seuil minimum ne peut être
inférieur à 1.000.000 DZD.

La loi de finances pour 2017 à travers son article 68, a encouragé les règlements opérés par
virement électronique dans les délais impartis en suspendant l’exigibilité des pénalités de retard
lorsque ces opérations subissent un retard non imputable au contribuable ou sa banque,
n’excédant pas dix (10) jours à compter de la date du paiement.

Quant au chèque, il a été à partir de cette même année (2006), accéléré par la mise en place de la
Télé compensation qui consiste en sa compensation automatique (transformation du support
papier en fichiers « données » et fichiers « image ») quand-il dépasse le seuil de 200.000 DZD,
via un réseau de télétransmissions qui relie directement les centres informatiques des institutions
financières, ce qui a permis de réduire le traitement des chèques en moins de 06 jours.

Enfin, il importe de rappeler que le chèque « dit de garantie » n’a aucune existence légale, et par
conséquent, tout effet de cette nature remis au comptable devra être présenté sans délais à
l’encaissement car, le chèque est un moyen de paiement et non pas un moyen de crédit. Le
comptable qui accepte un chèque pour la garantie d’un paiement est passible de sanctions
pénales*.

C. LE RÈGLEMENT PAR COMPENSATION

Le règlement par compensation est une opération d’ordre qui consiste pour le comptable public
d’appliquer des excédents de versements détenus par les contribuables sur leurs dettes qui
arrivent à échéance, autrement dit, le receveur des impôts doit, avant l’exécution de tout
dégrèvement, s’assurer que le bénéficiaire n’est pas redevable à sa caisse.

Cette précaution comptable, était auparavant adoptée systématiquement par les comptables
publics sous l’appellation « procédure de sauvegarde des intérêts du trésor » et ce, en application
du privilège du Trésor.

Cependant, en 2017, les dispositions de l’article 56 de la loi de finances pour cette année, créant
l’article 144 ter du code de procédures fiscales, ont clarifié le règlement par compensation, en
prescrivant l’obligation pour le comptable d’établir au débiteur un avis lui précisant la nature et le
montant des sommes affectées au paiement de sa dette et les voies de recours qu’il peut mettre en
œuvre pour contester l’opération s’il la considère comme étant opérée à tort.

___________________________________
*cf. Art. 374 3eme : code pénal Est puni d’un emprisonnement d’un (1) à cinq (5) ans et d’une amende qui ne
saurait être inférieure au montant du chèque ou de l’insuffisance../.. quiconque, émet, accepte ou endosse un
chèque à la condition qu’il ne soit pas encaissé immédiatement mais à titre de garantie.

xxii

IEDF
D. LE REGLEMENT PAR OBLIGATIONS CAUTIONNEES

Les obligations cautionnées sont en réalité des billets à ordre libellées suivant les prescriptions du
code de commerce, souscrites à l'ordre du Receveur des impôts ou des douanes et payables au
Trésorier de wilaya de rattachement de la circonscription où exerce le comptable.

En matière fiscale, ce moyen de paiement, est prévu uniquement pour les contribuables suivis au
réel et pour certains impôts sur la dépense, précisément la TVA et le droit de circulation (impôt
indirect).

La formule, consiste en ce que le contribuable déclare l’impôt dû dans les délais, sans remettre
d’effets de règlement encaissables immédiatement, mais il présente à la place, une obligation
cautionnée (assortie de l’engagement de son banquier) qui est reversée au Trésor sur le champ
afin qu’elle soit admise à la compensation dans un délai de maximal de 04 mois.

L’obligation cautionnée est matérialisée par un écrit par lequel le contribuable concerné s’engage
avec un ou plusieurs cautions (banques) solidaires à verser les droits dus au titre d’un mois donné
à une échéance ultérieure fixée préalablement moyennant un intérêt de crédit et une remise
spéciale dont la charge financière n’atteigne pas celle des pénalité de retard en vigueur.

Aussi compte tenu des facilités procurées au contribuable par ce mode de paiement,
l’administration l’accorde quand le redevable réunie les conditions suivantes:

*le redevable doit relevé nécessairement du régime des livraisons ou débits,


*présenter à l’appui de sa déclaration mensuelle l’engagement bancaire établie en bonne et due
forme,
*déposer la déclaration mensuelle correspondant aux droits et taxes dans les délais requis,
*faire preuve d’une bonne moralité fiscale en accomplissant avec soin les obligations fiscales
courantes et en respectant les engagements souscrits,
*acquitter mensuellement un montant de droits au titre des impôts couverts par l’obligation
cautionnée qui soit égal au moins au seuil fixé par la réglementation, et qui est arrêté à l’heure
actuelle à 1.000.000 DA pour la TVA et 2.000.000 DA pour le droit de circulation,
*être expressément autorisé par le gestionnaire du dossier fiscal.

En douane, ce mode de règlement fonctionne globalement suivant les mêmes modalités prévues
en matière fiscale. Les dispositions de l'article 108 du code des douanes disposent que " Pour le
paiement des droits et taxes, des pénalités et tous autres montants dus, l’administration des
douanes peut accepter des obligations cautionnées par une institution financière compétente
agréée en Algérie à quatre (4) mois d’échéance, lorsque la somme à payer, après chaque
décompte, dépasse cinq cent mille (500.000 DA) dinars ».

Il permet de dispenser le redevable du paiement immédiat des droits et taxes afférents à la


déclaration en détail. Il s'agit d'une sorte de facilité de paiement.

xxiii

IEDF
E. LE CREDIT D'ENLEVEMENT (mode de règlement douanier):

Le crédit d'enlèvement est un mode de règlement consacré par les dispositions de l'article 109 bis
du code des douanes.

A travers ce dispositif, l'administration des douanes autorise l’enlèvement des marchandises au


fur et à mesure des vérifications et avant liquidation et acquittement des droits et taxes exigibles,
des pénalités éventuelles et tous autres montants dus, moyennant la souscription par le redevable
d’une soumission annuelle cautionnée de crédit d’enlèvement portant engagement :

- d’acquitter les droits et taxes, les pénalités et tous autres montants dus, dans un délai de
quinze (15) jours, à compter de la délivrance de l’autorisation d’enlèvement ;
- de payer une remise spéciale de un pour mille (1º/ºº) ;
- de verser, à défaut de paiement, dans les délais prescrits, un intérêt de retard à l'article 108
bis du code des douanes.

Le crédit d'enlèvement, qui peut être considéré comme un outil d'amélioration de trésorerie,
permet de bénéficier d'un report de paiement qui ne peut excéder 30 jours, sachant que, les droits
et taxes dus à l'importation sont payables au comptant, c'est à dire exigibles à l’instant de
l’acceptation en douane de la déclaration. Cependant c'est rarement le cas grâce, notamment, au
crédit d'enlèvement. Le déclarant peut enlever ses marchandises dès celles-ci vérifiées par la
douane. Cela a pour avantage de permettre à l'importateur de ne pas avoir à payer les taxes
douanières à l'import avant cet enlèvement.
Pour ce service, la banque facture des frais au titre de la mobilisation de la caution.

IV- LES REGIMES DE RECOUVREMENT

Comme la fiscalité est fondée sur le système déclaratif, la plupart des cotisations qui la composent
sont reversées au trésor sous forme de droits au comptant notamment lorsqu’il s’agit de fiscalité
professionnelle. Les recettes issues de ce mécanisme servent pour l’établissement des prévisions
budgétaires compte tenu de la part qu’elles occupent dans la structure des ressources brutes. Elles
émanent surtout des contribuables suivis au réel et sont payées par voie d’auto déclaration, par
acomptes provisionnels et par retenues à la source.

Les autres droits au comptant provenant des usagers quelque soit leur qualité, ne servent pas pour
l’établissement des prévisions budgétaires bien qu’ils soient versés au trésor, en raison de leur
caractère occasionnel tels que les timbres mobiles ou vignettes en plus des règlements effectués
en acquittement de droits et taxes non constatés tels que, la taxe de transaction de véhicules, les
droits de fête, la taxe de domiciliation bancaire, etc.

En général, Il y’a paiement au comptant lorsqu’il y’a coïncidence entre le fait générateur de
l’impôt, c’est-à-dire l’événement ou l’acte qui rend l’impôt exigible et le paiement. Autrement dit,
les versements effectués en acquittement de droits sans que la partie versante en soit invitée par le
service ou taxée préalablement.

xxiv

IEDF
A. L’auto déclaration:

Le régime de l’auto liquidation consiste dans la détermination par le propre chef du contribuable
suivi au réel, des droits et taxes et leur reversement simultané à la caisse du receveur. Ce régime
est donc matérialisée par :

-L’établissement d’une déclaration ou tout autre support administratif comportant le détail des
éléments ayant servis au calcul des droits (chiffres d’affaires, base et taux d’imposition, taux
d’abattement et de réfaction, etc..) ;

-Le règlement immédiat des droits liquidés (ou déclarés) par l’émission d’un chèque ou la remise
au guichet du montant de règlement ou tout autre moyen de paiement.

Les droits auto-liquidés sont en général constitués des cotisations que le contribuable collecte an
sa qualité de redevable légal tels que la TVA, TAP, timbre, taxes spécifiques, acomptes
provisionnels et retenues fiscales à la source.

A ce titre, du fait de la structuration du système déclaratif algérien autour de la déclaration


mensuelle unique (G50), les contribuables suivis au réel se servent de ce même support pour
déclarer les droits auto liquidés et les retenues à la source, et ce, contrairement aux pratiques de
beaucoup de pays où les cotisations fiscales importantes disposent de leurs propres bordereaux
avis de versement (système des déclarations fiscales mensuelles séparées).

Le délai légal en Algérie desdites cotisations périodiques, s’étend au 20 du mois suivant celui
auquel ils se rapportent. Par conséquent, la liquidation opérée subit des pénalités de retard
graduellement si le paiement intervient après le 20. Les ajustements apportés d’un mois à l’autre
ou définitivement en fin d’année donnent lieu au paiement des pénalités au titre des fractions de
droits souscrites tardivement.

B. Système des paiements spontanés (acomptes provisionnels) :


B.1 Acomptes Provisionnels IRG :
Le bénéfice imposable des personnes physiques (professions libérales, commerçant, artisans et
industriels) dont le chiffre d’affaires dépasse les 15.000.000 DA ou qui ont opté pour le régime
réel , relevant de l’impôt sur le revenu global IRG, est soumis au système de paiement des
acomptes provisionnels. Le versement des acomptes provisionnel s’effectue dans les délais
suivants :
 1er acompte : entre le 20 février et le 20 mars
 2ème acompte : entre le 20 mai et le 20 juin

Le solde de liquidation est versé par les contribuables en déduction des acomptes déjà versés par
bordereau avis de versement, au plus tard, le 20 Mai de chaque année par déclaration G50.

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IEDF
Selon l’article 28 de la loi de finance 2021, lorsque les acomptes payés sont supérieurs à l’IRG dû
de l’exercice, la différence donne lieu à un excédent de versement qui peut être déduit sur les
prochains acomptes ou sollicité, le cas échéant, en remboursement.

Le montant de chaque acompte est égal à 30 % des cotisations mises à la charge du contribuable
dans les rôles concernant la dernière année au titre de laquelle il a été imposé.

B. 2 Acomptes Provisionnels IBS :


Les acomptes provisionnels constituent l'outil principal de paiement de l’IBS. Selon ce système
l’IBS doit être calculé par le contribuable lui même et versé spontanément à la caisse du receveur
des impôts sans émission préalable d'un rôle par les services des impôts.
Ce système des paiements spontanés, comporte trois acomptes provisionnels qui doivent être
versés au cours de l'exercice lui - même et un solde de liquidation à verser après la clôture de
l’exercice.

Les acomptes provisionnels sont calculés et versés à la caisse du receveur des impôts du lieu
d'imposition dont relève la société sans avertissement préalable, et ce aux échéances suivantes:

1er acompte du 20 février au 20 mars

2ème acompte du 20 mai au 20 juin

3ème acompte du 20 octobre au 20 novembre

solde de liquidation au plus tard le 30 avril de l'année suivante

Les acomptes doivent être calculés sur la base du bénéfice imposable au taux normal de l'exercice
précédent (celui- ci est appelé "exercice de référence»).
L'exercice de référence peut être constitué par :
 le bénéfice du dernier exercice clos à la date de son échéance.

 le bénéfice de la dernière période d'imposition lorsque, aucun exercice n'a été clos au
cours d'une année.
 le bénéfice rapporté à une période de 12 mois, en cas d'exercice d'une durée inférieure ou
supérieure à un (01) an.
Le montant de chaque acompte est égal à 30% de l'impôt afférent au bénéfice de référence
Le premier acompte exigible au titre d'un exercice est calculé sur la base du bénéfice imposable
au taux normal de l'avant dernier exercice clos, le montant de cet acompte est régularisé lors du
versement du prochain acompte.
En ce qui concerne les entreprises nouvellement créées, chaque acompte est égal à 30% de
l'impôt calculé sur le produit évalué à 5% du capital social appelé.

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IEDF
En cas de changement du lieu d'imposition après l'échéance du premier acompte, les acomptes
suivants doivent être versés à la caisse du receveur des impôts habilité à percevoir le premier
acompte.

Le solde de liquidation résulte de la différence entre le montant de l'impôt calculé sur la base du
bénéfice de l'exercice considéré et le montant des acomptes provisionnels versés.
Cette déduction fait apparaître :
 Soit un complément d'impôt à acquitter;

 Soit un excèdent de versement qui peut être imputé sur les prochains acomptes ou
sollicité, le cas échéant, en remboursement.

C. la procédure de retenue à la source


La retenue à la source constitue une modalité du recouvrement de l'impôt sur le revenu, en
particulier en ce qui concerne les salaires et les revenus des valeurs mobilières. Dans ce système,
le prélèvement de l'impôt est effectué directement par celui qui verse le revenu (employeur ou
entreprise responsable direct du paiement en sa qualité de redevable légal) sur le montant des
revenus effectivement versés au bénéficiaire (redevable réel).

Les retenues à la source les plus courantes se résument dans les rubriques suivantes :
 La retenue opérée sur les traitements et salaires
Il s’agit de la retenue à la source au titre de l’impôt sur le revenu global (IRG) opérée par
l’employeur lors du versement des rémunérations à l’employé. Le calcul de l’impôt sur le revenu
global IRG se fait sur la base du salaire imposable suivant le barème fiscal en vigueur à la date de
l’application de la retenue. Cette dernière est donc libératoire dans la mesure où libère le
contribuable de la déclaration sur le revenu annuel global (G N°01) au titre du salaire concerné.
En revanche, si cette personne est salariée réalise en même temps un revenu commercial, elle
devra avant le 30 avril de chaque année déclarer ses revenus au niveau l’inspection des impôts à
travers le document Série G N°01

 La retenue opérée sur les revenus des entreprises étrangères :


Il s’agit de la retenue à la source au titre de l'IBS retenu par l'opérateur économique Algérien au
moment de chaque paiement effectué au profit d’une société étrangère.

 La retenue applicable aux revenus des capitaux mobiliers:


Il s’agit de la retenue à la source au titre des revenus des valeurs mobilières effectués par les
débiteurs qui distribuent des revenus des valeurs mobilières (ex retenue applicable aux revenus
des créances, dépôts et cautionnement applicable par les banques et sociétés de crédit).

Les retenues ainsi opérées sont versées au receveur des impôts territorialement compétent dans
les vingt (20) premiers jours du mois qui suit celui au courant duquel ont été réalisées. Des
retenues à la source similaires sont souvent opérées sur d'autres paiements, tels que les

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IEDF
dividendes, les intérêts, les redevances et les sommes versées à des tiers au titre des
rémunérations de prestations de services.

Les corrections ou rectifications apportées à l’expiration du délai légal donnent lieu au


paiement des pénalités en général dans les mêmes conditions que les droits auto liquidés
d’autant plus que leur souscription s’opère par voie de déclaration unique.

Par contre, dans les systèmes déclaratifs bâtis sur les déclarations fiscales séparées, les
impositions devant être retenues à la source sont affectées de sanctions plus sévères.

D. les valeurs inactives


Les valeurs inactives sont des biens autres que le numéraire, faisant l'objet, en comptabilité
publique, de règles spéciales de gestion, et n'entrent pas dans la situation patrimoniale de l'Etat
Elles sont constituées des valeurs ci-après :
 des formules de différente nature qui n'acquièrent une valeur ou ne forment un titre que
dans la mesure où elles ont fait l'objet d'une émission par le comptable ou l'agent habilité
à cet effet (tickets divers dès l'émission: cantine, restaurant, péage, parking etc.),
 des les valeurs déposées par des tiers notamment auprès de certains comptables publics,
tels que bijoux, montres etc., appartenant à une population sous main de justice
(détenus), protégées ou hébergées (hospitalisées),
 des titres et valeurs de portefeuille,
 des timbres fiscaux, timbres amendes, timbres de certains documents administratifs et
judiciaire et vignettes automobiles.
Les valeurs inactives sont suivies sur le registre de prises en charges des valeurs inactives,
destiné à enregistrer :

- Le montant des valeurs reçues au titre d'un exercice sur la base des procès verbaux de
réception,

- Les sorties de valeurs inactives justifiées par un PV de remise ou une décharge


Le recouvrement de recettes publiques est assurée par la vente quotidienne au public des timbres
fiscaux, timbres amendes timbres de certains documents administratifs et judiciaire et vignettes
automobiles.

E. l’encaissement par ordre de versement et récépissés de perception de droits de


timbre

Certains droits au comptant donnent lieu à la délivrance préalable d’ordres de versement,


lesquels constituent des pièces justificatives de liquidation sans pour autant avoir une valeur de
titre de constatation. A titre d’exemple, les ordres de versement établis par le service de
l’enregistrement pour permettre l’encaissement des droits de mutation.

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IEDF
La valeur juridique de ces titres est purement comptable, c’est-à-dire qu’ils servent uniquement
pour justifier l’imputation définitive de la recette et la gestion interne des écritures.

Certains droits de timbre à tarifs élevés ne sont pas vendus au public par remise de timbres
mobiles mais plutôt par voie de délivrance de récépissés en contre partie de la perception des
droits. On peut citer les droits versés au titre de l’obtention du registre de commerce et des
documents de voyage.

F. le régime des droits constates (paiement par voie de rôles ou autres titres de constatation)

Les droits sont appelés constatés lorsqu’il y a décalage entre l’établissement de l’impôt et son
recouvrement, décalage qui peut être fondé sur des considérations de commodité, soit pour
l’administration fiscale, soit pour le contribuable.

F.1 fait générateur des droits constatés

La constatation d’un droit ou d’une imposition intervient dans les cas ci-après :
 quand il y’a rehaussement par le service des droits auto liquidés, généralement
consécutivement à trois types de contrôles, formel, sur pièces et ou sur place, ayant
permis de constater des insuffisances, minorations et/ou dissimulation.
Cette éventualité concerne essentiellement les contribuables professionnels en ce sens que
les impositions sont le plus souvent reliées à l'activité ou au résultat d'exploitation, et
principalement déclaratives et auto liquidées.
Le paiement spontané au comptant est la règle générale. En cas de défaillance déclarative
ou à la suite d'un contrôle fiscal, les créances sont cependant constatées et recouvrées sur
la base d'un titre exécutoire.

 lors de la constatation collective des déclarations souscrites annuellement par les


contribuables au titre de certains impôts annuels émis primitivement par voie de rôle
collectif, telle que la taxe foncière. En effet, le service procède à l’exploitation de ces
relevés et édite des listes collectives (appelées communément rôles) par circonscription
administrative (commune) lesquelles seront ensuite destinées aux comptables aux fins de
recouvrement par voie de convocation et relance des contribuables portés sur ces états. Les
impositions fiscales donnant lieu à une constatation collective préalable sont généralement
à caractère civil et ne présentent pas d’enjeux financiers pour le budget à même de les
soumettre au régime des acomptes.

 Pour la constatation de certains impôts dus par les contribuables particuliers, que l'impôt
soit totalement administré (ex.: impôts locaux) ou déclaratif (ex.: impôt sur le revenu), le
recouvrement a généralement lieu après émission d'un titre exécutoire, le plus souvent par
voie d'émission de rôle et parfois par voie d'avis de mise en recouvrement, afin d'éviter
aux particuliers la charge et les risques liés à l'auto-liquidation.

xxix

IEDF
Donc, en matière de droits constatés, les créances du Trésor sont d’abord établies par
l’administration (liquidation et homologation) et ensuite communiquées au comptable public
pour prise en charge et recouvrement.

F. 2 Prise en charge des supports administratifs des droits constatés

Les supports de constatation (Rôles, titres exécutoires, états de liquidation,…) quelque soit leur
appellation, doivent comporter les éléments suivants :

- l’identité et l’adresse géographique et postale du débiteur ;


- la nature de la créance ;
- la référence au texte ou au fait générateur sur lesquels est fondée l’existence de la créance ;
- les bases de la liquidation de la créance ;
- l’imputation budgétaire donnée à la recette ;
- le montant de la somme à recouvrer ;
- la date à laquelle le titre est émis ;
- les délais et voies de recours dont le contribuable dispose pour contester le titre ;
- les modalités de paiement.

Les opérations de prise en charge, consistent dans l'enregistrement par le comptable dans ses
écritures des éléments constitutifs de la créance tels qu’ils ressortent du titre (année, bases,
droits, etc). Elles permettent de connaître à tout moment, le total des sommes recouvrées et des
sommes restant à recouvrer et d’apprécier le degré de responsabilité du comptable par rapport au
niveau d’apurement qu’il a réalisé.

Au jour d’aujourd’hui, la prise en charge des créances du trésor en Algérie est réalisée en extra
comptable sur support administratif approprié suivant un ordre chronologique indiquant le
numéro d’ordre, date d’enregistrement, commune, montant total et enfin rubrique fiscale ou
compte d’apurement.
La comptabilisation de ces opérations dans les comptes de créances sera certainement possible
avec l’avènement du nouveau plan comptable de l’Etat.

F. 3 Constatation de la créance née du chèque rejeté

Le chèque peut constituer un support de constatation de la créance du Trésor si l’on se réfère aux
dispositions de l’article 600 du code de procédures civiles et administratives (CPCA). Ces effets,
lorsqu’ils sont rejetés pour défaut de provision, constituent des « titres exécutoires » dès la
signification des protêts au débiteur (article 600 du CPCA). Celle-ci, c’est-à-dire la signification
des protêts au débiteur, devrait intervenir dès la survenance de l’incident de paiement.

Sa mise en œuvre dans le réseau du Trésor, est concrétisée par l’envoi à l’émetteur du chèque (le
contribuable) de la part de sa banque (le tiré), une lettre d’injonction par lettre recommandée avec
accusé de réception, au plus tard le quatrième (4ème) jour ouvrable suivant la date de
présentation du chèque l’invitant à régulariser l’incident de paiement (banque de domiciliation du
débiteur).

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IEDF
Ces prescriptions s’appliquent aux chèques ccp en ce sens que, suivant l’article 50 de la loi n°18-
04 du 10 mai 2018 fixant les règles générales relatives à la poste et aux communications
électronique « la non-exécution d'un chèque postal présenté au paiement par le bénéficiaire est
constatée par un certificat de non-paiement établi immédiatement par le centre des chèques
postaux… transmis au bénéficiaire dans les quatre (4) jours ouvrables qui suivent.. ».

La responsabilité personnelle et pécuniaire (qui consiste à le faire payer au lieu et place du


débiteur) du comptable, est mise en œuvre si toutes les diligences n'ont pas été prises pour le
recouvrement intégral d'une créance qu’il a préalablement prise en charge.

F. 4 l’obligation d’information du contribuable des créances mises à sa charge

1-L’avertissement :

Dès la prise en charge du rôle, le comptable doit informer le débiteur par l’envoi d’un avis à
payer, et ce, bien que les dispositions de l’article 144.-1 du CPF mentionnent l’envoi d’un
avertissement. Ce dernier ou parfois la mise en demeure, ne sont, en effet envoyés qu’à
l’expiration du délai légal de recouvrement pour pousser au maximum la procédure amiable.

Suivant les dispositions de l’article 144 suscité, l’avertissement transmis au contribuable inscrit
au rôle, est accompagné d’un mandat trésor, reprenant les informations essentielles du rôle,
soient, le total par côte, les sommes à acquitter, les conditions d’exigibilité ainsi que la date de
mise en recouvrement.

Ce support d’information constitue en réalité de l’émission définitive de l’imposition d’où son


importance pour la validité de la procédure de taxation, en ce sens qu’il permet au redevable de
prendre ses dispositions aux fins de règlement dans le délai légal de sa dette et d’exercer
éventuellement ses droits de recours quant au bien-fondé de l’imposition.

2-la lettre de rappel : créée en 2017 et supprimée en 2021*:

A sa création en 2017, la lettre de rappel permettait au comptable d’aviser le contribuable débiteur à


l’expiration du délai légal de l’exigibilité de sa dette est désormais exigible, et son recouvrement
forcé intervient dans 15 jours si aucune réclamation assortie de sursis légal de paiement n’est
déposée. Elle constituait en réalité un acte préalable pour l’enclenchement des poursuites,
puisqu’elle devrait être transmise au redevable par le receveur des impôts poursuivant 15 jours
avant la notification du commandement de payer, considéré par le droit commun comme premier
acte de poursuite.

Autrement dit, avec la lettre de rappel, dont la valeur juridique n’a jamais été précisée, le
commandement de payer, comme premier acte traditionnel de poursuite, perdra son rôle d’acte
déclencheur de la saisie-exécution et ce, du fait de l’obligation de notification préalable de la lettre
-----------------------------------------
*la lettre de rappel a été introduite par les dispositions de l’article 55 de la loi de finances pour 2017, créant au sein du
CPF, un article 144 bis. Elle présente plusieurs similitudes avec celle figurant dans le livre des procédures fiscales français
(article L 258). Elle fut abrogée par les dispositions de l'article 67 de la loi de finances pour 2021.

xxxi

IEDF
de rappel dès l’exigibilité du rôle, d’où la complication des taches de recouvrement forcé ce qui a
mené vers l’abandon de plusieurs tentatives de saisie pour vice de procédures.

La confusion ainsi créée par la lettre de rappel a poussé l’administration a proposé sa suppression
dans le cadre de la loi de finances pour 2021.

Par conséquent, à partir de cette année, il ne serait plus question de faire précéder les commandements
de payer de la lettre en question, de telle sorte que, comme d’accoutumée, les contribuables qui ne
s'acquittent pas des impositions mises à leur charge dans les délais légaux, sont poursuivis dés les
débuts de la date d'exigibilité suivant les règles habituelles régissant les actes de poursuites
(commandement-saisie-vente ou commandement-fermeture, ..).

V- LES DELAIS DE REGLEMENT

Un droit qu’il soit au comptant, auto liquidé ou constaté, est soumis en général à deux délais de
règlement : un délai légal et un délai d’exigibilité.

A. le délai légal de paiement :

C’est le délai offert au contribuable pour régler les droits dus sans pénalité de retard et sans
action coercitive. Il est également appelé le délai amiable de recouvrement. Les termes de ce
délai sont portés sur l’avertissement ou l’avis à payer adressé au contribuable dès la mise en
recouvrement du rôle et ce, dans les conditions fixées par l’article 144 du code de procédures
fiscales (CPF).

Le délai légal s’étend entre la date de mise en recouvrement du rôle et la date d’exigibilité.

Selon les dispositions de l’article 354 du CIDTA, les délais de recouvrement varient selon qu’il
s’agit de rôle général, rôle complémentaire, rôle de régularisation pour absence ou insuffisance de
déclaration et rôle de cession ou de cessation d’activité.*

Ainsi, le délai légal du rôle général suivant l’article 356 du CIDTA est d’une durée de deux (02)
mois à compter de sa mise en recouvrement.

Les rôles complémentaires initiés par l’administration en réparation d’erreurs ou d’omissions


commises dans la liquidation émise par voie de rôle général, portent sur des impositions directes
et ne comportent pas de pénalités d’assiette. Ces titres bénéficient d’un délai de recouvrement
amiable s’étendant jusqu’au 30ème jour après la date de mise en recouvrement

Ceux émis par suite d’absence ou d’insuffisance de déclaration, bénéficient d’un délai de
recouvrement amiable allant jusqu’au 15ème jour après la date de mise en recouvrement, et
peuvent être établis pour l’ensemble des redevances dues par le contribuable.

Par contre, les rôles établis par suite de cession ou de cessation d’activité, défaut de réalisation
d’investissements agrées (art 194 bis CIDTA), et ceux assortis de pénalités pour manœuvres

xxxii

IEDF
frauduleuses, ne bénéficient d’aucun délai légal et sont exigibles immédiatement dès leur
réception par le redevable.

Durant le délai légal de recouvrement, le contribuable débiteur est invité à s’acquitter de sa dette
sans pénalité de retard. En pratique il est toujours recommandé avant d’exercer les poursuites de
relancer le contribuable sur ses obligations de paiement par l’envoi d’actes à caractère
administratif tels que la mise en demeure, l’avis à payer, etc. Ces actes n’ont pas de valeur d’actes
de poursuites et ne nécessitent pas donc, la rigueur formelle exigée par la loi. Dès lors, ils
peuvent être notifiés aux débiteurs par les agents de la Recette autre que les agents de poursuites.

En matière de droits au comptant, la durée du délai légal varie selon la nature de la recette, par
exemple pour la vignette automobile il est fixé à deux (02) mois à compter du 1 er jour de la
débite.

Pour ce qui est des droits auto liquidés, le délai légal est prédéfini par le régime déclaratif auquel
le contribuable est soumis (mensuel ou trimestriel). Le cas général est l’auto liquidation
mensuelle qui consiste pour le contribuable suivi au réel à déclarer et régler simultanément avant
le 21 de chaque mois les droits et taxes dus au titre de l’activité du mois précédant.

B. le délai d’exigibilité :

Le délai d’exigibilité prend effet à compter de l’expiration du délai légal de paiement, c’est à dire
dés l’épuisement du délai amiable. L’application graduelle des pénalités de retard devient
effective dés le commencement du délai d’exigibilité.

Par ailleurs, les procédures de poursuites peuvent être actionnées pendant cette période. (Art –
389 du CIDTA - Le contribuable qui n'a pas acquitté à l'échéance fixée par la loi, la portion
exigible de ces contributions, peut être poursuivi).

Enfin, Il est des cas où les redevables peuvent être autorisés à surseoir au paiement de l’impôt en
dépit de son exigibilité, et ce lorsqu’ils bénéficient de sursis de paiement ou de calendriers de
règlement.

C. l’exigibilité immédiate :

L’exigibilité immédiate peut être mise en œuvre nonobstant l’expiration ou pas du délai légal de
règlement car, l’impôt devient exigible immédiatement et en totalité, soit lors de la mise en
recouvrement du rôle, soit au moment où surviennent certains événements postérieurs à cette date.
En revanche, le contribuable perd son droit de disposer du délai légal de recouvrement et doit
procéder au règlement de sa dette.

Autrement dit, en cas d’exigibilité immédiate, le receveur ne doit pas tenir compte de la date
portée sur le titre.
-----------------------------------
*La loi de finance pour 2018 (art 16) a supprimé le délai de 15 jours introduit en 2003 au niveau de l’article 402 du
CIDTA.

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IEDF
Les cas d’exigibilité immédiate de dettes fiscales sont provoqués essentiellement par les
événements cités par les articles, 487 du CII, 194 bis, 354 et 406 du CIDTA, soient :

1-Les rôles revêtus du visa exécutoire émis pour reversement d’impôts indirects (Art. 487 CII :
Le titre exécutoire est notifié, …, La notification contient sommation d’avoir à payer sans délai
les droits réclamés. Ceux-ci sont immédiatement exigibles),

2-Les rôles émis pour défaut de réalisation d’investissements agrées suite au retrait de l’agrément
(art 194 bis CIDTA) assortis de délais d’exigibilité immédiats,

3-La cession ou la cessation d’entreprise,

4-La vente volontaire ou forcée des biens du contribuable,

5-La faillite ou le règlement judiciaire,

6-Le déménagement du contribuable hors du ressort de la Recette des impôts sans faire connaître
son nouveau domicile au Receveur,

7-L’application par le service de l’assiette de la pénalité pour manœuvres frauduleuses quand il


s’agit d’un rôle de redressement au titre des TCA,

8-L’achèvement de contrat d’entreprises étrangères n’ayant pas d’installation professionnelle


permanente en Algérie (art 406 du CIDTA), pour lequel est exigé le paiement immédiat de la
dette fiscale ou la présentation de garanties.

Et comme les dispositions de l’article 147 du code de procédures fiscales (CPF), permettent au
receveur des impôts dans les cas d’exigibilité immédiate, de pratiquer la saisie le lendemain de la
signification du commandement de payer, il est tout à fait logique, que la survenance
d’évènements déclenchant le recouvrement immédiat de la dette, doit entrainer la suspension par
l’administration de toute formule antérieure accordée au contribuable pour le règlement allégé de
sa dette (échéanciers, sursis, etc..).

D. La prescription de l’action en recouvrement

Les dispositions de l’article 159 du code de procédures fiscales (CPF) prévoient que les créances
prises en charge par les Receveurs des Impôts (généralement de nature fiscales), se prescrivent au
bout de quatre (4) ans à compter du jour de l’exigibilité des droits. le délai de prescription est
notamment suspendu par l’octroi du sursis légal de paiement jusqu’à ce qu’il soit statué sur le
recours contentieux du débiteur.

Cette prescription est par ailleurs interrompue par la signification des actes de poursuites
(commandement de payer; avis à tiers détenteur, saisie) ou toute autre action coercitive ayant
valeur de procédure de poursuite (décision de fermeture des locaux, saisie conservatoire, ..).

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IEDF
L’article 140 du code de procédures fiscales (CPF), étend les possibilités d’interruption du délai
de prescription aux formalités administratives constituées par la demande de délai de paiement
émanant du débiteur, le versement d’acompte, la mise en œuvre d’un échéancier de paiement, la
souscription d’un engagement de payer et enfin, tout autre moyen de preuve attestant que le
comptable public (Receveur des impôts) était dans l’impossibilité d’agir contre le cours de la
prescription extinctive.

Les créances ordinaires du trésor résultant de services rendus aux tiers, susceptibles d’être
recouvrées par les comptables publics tels que les loyers, se prescrivent au bout de cinq (05) ans
suivant les dispositions de l’article 309 du code civil.

La responsabilité du comptable est mise en jeu généralement du fait du caractère inadéquat des
actions entreprises en vue d’assurer le recouvrement (défaut ou insuffisance de diligences). Elle
est engagée si le comptable, par son comportement ou sa négligence, a laissé la recette se
prescrire au terme d’un délai de quatre (4) ou cinq (5) ans, selon les cas détaillés ci-dessous.

Enfin, pour les modalités de calcul, la législation fiscale est muette sur cet aspect, d’où le retour
vers les dispositions de droit commun, c'est-à-dire vers l’article 314 du code civil. Celui-ci,
prévoit que « Le délai de prescription se compte par jours, non par heures ; le jour initial n'est pas
compté et la prescription n'est acquise que si le dernier jour est révolu ».

VI- LES DISPOSITIFS DE FACILITATION DE L’OPERATION DE PAIEMENT

A. l’échéancier de paiement sur soixante (60) mois (art 71 LF 2021)


Les dispositions apportées par l’article 60 de la loi de fiances pour 2017, modifiant et complétant
l’article 156 du code de procédures fiscales, ont restructuré l’échéancier de paiement de telle
sorte que le receveur des impôts ne peut accorder des délais de paiements dépassant le délai
maximum de 36 mois et doit au préalable, exiger un versement initial minimum de 10% du
montant de la dette fiscale. Ce délai à été porté à soixante (60) mois au lieu de trente-six (36)
mois par l’article 71 de la loi de finances pour 2021.

Le receveur peut exiger des bénéficiaires la constitution de garanties suffisantes en vue de la


couverture du montant pour lequel les délais de paiements sont accordés.

Par ailleurs, il peut également pratiquer d’office une saisie conservatoire telle que prévue par le
code de procédures civiles et administratives, s’il juge insuffisantes les garanties présentées par le
débiteur.

Et, pour susciter l’intérêt des redevables pour ce dispositif, la législation fiscale donne la
possibilité aux contribuables qui apurent leurs calendriers de paiement dans des conditions
favorables au trésor, de prétendre à une remise gracieuse des pénalités de recouvrement. Celle-ci,
est accordée partiellement ou totalement aux contribuables qui en font la demande après qu’ils
aient procédé au règlement intégral de leur passif.

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IEDF
Le dispositif régissant l’échéancier de paiement est applicable à l’ensemble des dettes fiscales
afférentes à des impositions qui n’ont pas été acquittées dans les délais légaux pour leur montant
total ou partiel (principal et pénalités comprises). D’autres part, il est signalé que conformément à
l’article 156 du CPF, sont également concernées par ce dispositif l’ensemble des créances
étrangères à l’impôt prises en charge par l’administration fiscale, à savoir les produits
parafiscaux.

Suivant les prescriptions de l’instruction générale sur la procédure du recouvrement fiscal


adressée aux services fiscaux par la direction générale des impôts (DOFR) en 2019, Les dettes
fiscales pouvant être acquittées suivant un échéancier de paiement sont celles :

 Consécutives à des opérations de contrôle ;


 Relatives à des impositions faisant l’objet de recours contentieux ;
 Afférentes à des impositions pour lesquelles des pénalités pour manœuvres frauduleuses ont
été appliquées, et ce sous réserve du respect des conditions prévues en la matière (versement
initial de 50 % de la dette);
 Relatives à des déclarations déposées sans être suivies d’un paiement spontané.
 Tout autre titre de recette pris en charge dans les écritures du receveur .

La fixation à 36 mois de l’échéancier de paiement, réduit le délai d’apurement accordé au


comptable qui, devrait dorénavant, demander l’admission en non-valeur des cotes irrécouvrables
non pas à partir de la cinquième (05) année qui suit la date de mise en recouvrement du rôle
comme le prévoit les dispositions de l’article 94 du CPF, mais à partir de la 4eme année étant
donné que le délai d’apurement du rôle est devenu 36 mois (3 ans) au lieu de 48 mois (4ans).

Enfin, des dispositions spéciales peuvent prévoir des facilités de paiement en dehors du principe
général. C’est le cas par exemple, de la possibilité de fractionnement des droits d’enregistrement
et de la publicité foncière relatifs à la concession de biens domaniaux cédée dans le cadre de
l’ordonnance relative au développement de l’investissement tel que prévu par les articles 28 et
18 respectivement des LFC pour 2010 et 2011.

B. la faculté de reporter le règlement des déclarations (mensuelles et prévisionnelles)

Cette possibilité a été introduite dans un premier temps au titre des déclarations mensuelles (G50)
souscrites par les contribuables suivis au réel tel que précisé par les dispositions de l’article 56 de
la loi de finances pour 2016. La facilitation consiste dans le dépôt sans paiement sur le champ des
droits liquidés lesquels sont reportés à une date ultérieure.

Cette faculté a été élargie en 2020 par les dispositions de l’article 42 de la loi de finances
complémentaire, à toutes les déclarations mensuelles des différents impôts et taxes quelque soit le
régime fiscal du redevable.

Il va de soi que des pénalités de retard sont appliquées décomptées à compter de la date à laquelle
elles auraient dû être acquittées lorsque le règlement intervient à l’expiration du délai légal.

Enfin, les dispositions de l’article 17 de la loi de finances pour 2020, donnent la possibilité aux
contribuables relevant du régime de l’impôt forfaitaire unique lors du dépôt de la déclaration
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prévisionnelle de procéder au paiement fractionné de l’impôt dû, en s’acquittant, d’abord de 50 %
du montant de l’impôt forfaitaire unique au dépôt de la déclaration, et pour les 50% restant, leur
paiement s’effectue en deux versements égaux, du 1er au 15 septembre et du 1er au15 décembre.

C. le règlement sans pénalités de retard des dettes fiscales enrôlées

Cette formule de règlement a été instituée par les dispositions de l’article 51 de la loi de finances
pour 2012 modifiées et complétées par celles de l’article 51 de la loi de finances pour 2015. Elle
consiste dans la faculté du contribuable qui consent à payer en un seul versement le principal de sa
dette (droits et pénalités d’assiette) de reporter les pénalités de retard en introduisant une demande
de remise gracieuse, de telle sorte que le paiement desdites astreintes, intervient dès la notification
du montant décidé par la commission chargée du recours gracieux.

Cependant, si le paiement qu’il effectue porte sur des cotes enrôlées depuis plus de 04 ans, les
pénalités de retard sont annulées d’office sans introduction de demande de remise gracieuse.

L’article 75 de la loi de finances pour 2021, modifiant et complétant l'article 51 de la loi de


finances pour 2012, relatif au dispositif d'assainissement des dettes fiscales exigibles sans
pénalités de recouvrement, a apporté des aménagements à ce dispositif, détaillés comme suit :

- L’élargissement du champ d’application à l’ensemble des dettes fiscales, parafiscales, amendes et


condamnations pécuniaires, dont le recouvrement est du ressort des receveurs des impôts, alors
qu’antérieurement, le bénéfice du dispositif était réservé aux seuls rôles d’imposition établis par
les services fiscaux excluant ainsi les autres types de dettes,

- L’intégration de l’ensemble des dettes exigibles au 31 Décembre 2020 mêmes celles ne dépassant
pas les quatre années, tant que les débiteurs ne se trouvent pas inscrits au fichier national des
auteurs d’infractions frauduleuses,

- Fixation d’une date limite pour le bénéfice des avantages prévus par ce dispositif, soit au plus tard
le 31 Décembre 2021.

D. le rééchelonnement des dettes des entreprises en difficultés

Ce dispositif a été mis en place par les dispositions de l’article 90 de la loi de finances pour 2017
en vue d’aider et d’accompagner les entreprises qui rencontrent des difficultés financières. Il
consiste à leur octroyer le rééchelonnement de leurs dettes fiscales sur une période n’excédant
pas 36 mois assortie systématiquement de l’effacement total des pénalités.

Les dettes fiscales concernées par ce dispositif sont celles qui se rapportent à des impositions
exigibles et revêtent un caractère définitif, c’est-à-dire les impositions ne faisant pas l’objet de
contestation ou celles pour lesquelles toutes les voies de recours contentieuses ont été épuisées.

Par contre, celles exclues du dispositif sont celles afférentes à des impositions qui font l'objet
d'un recours contentieux au titre de la phase de recours préalable ou au titre des autres phases

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IEDF
(commissions de recours, contentieux juridictionnel), les dettes fiscales afférentes à des
impositions ayant donné lieu à des pénalités pour manœuvres frauduleuses, et les dettes fiscales
concernant les entreprises jouissant d'une bonne santé financière.

Les difficultés d’application de ce dispositif résident notamment, dans l’absence en Algérie d’un
cadre juridique de l'entreprise en difficulté auquel devra s’adosser l’administration fiscale pour
accorder le rééchelonnement.

Certains pays, considèrent à travers des textes particuliers, que l'entreprise en difficulté est celle
qui n'ayant pas atteint le stade de la cessation des paiements, se trouve dans une situation faisant
craindre pour la continuité de l'exploitation ou connaît des difficultés annonciatrices de la
cessation de paiement. En France, c’est la loi du 1er/03/1984 relative à la prévention et aux
règlements amiables des difficultés des entreprises qui définit ce cadre juridique.

E. le sursis légal de paiement

Les modifications apportées à l’article 74 du code des procédures fiscales (CPF) par les
dispositions de l’article 46 de la loi de finances pour 2017, permettent aux contribuables ayant
introduit des réclamations contentieuses au titre de régularisations opérées par le contrôle fiscal
ou le service gestionnaire, et non assorties de majorations pour manœuvres frauduleuses, de
surseoir au paiement de tout ou partie des rôles contestés s’ils peuvent constituer des garanties
propres à assurer le recouvrement des droits contestés et ce, jusqu’à l’intervention de la décision
contentieuse. Et, dans le cas où ils ne peuvent présenter ces gages, ils devront s’acquitter d’un
montant égal à 30% des impositions objet de litige pour obtenir le sursis de paiement.

Cependant, si les régularisations contestées relèvent des cas de dégrèvement d’office, c'est-à-dire,
des impositions faisant double emploi ou entachées d’erreurs matérielles signalées par le service,
le recouvrement est suspendu jusqu’à l’intervention de la décision contentieuse sans que le
contribuable en soit astreint à la constitution de garanties ou au paiement du montant de 30% des
impositions objet de contentieux. Dans ce cas, l’administration est tenue de couvrir le receveur
des impôts ayant pris en charge le titre de constatation desdites créances infondées, par la
délivrance de sursis légal de paiement au nom du contribuable concerné.

Le sursis légal de paiement est matérialisé par une décision de l’ordonnateur (directeur des
impôts de wilaya) consécutivement à la demande expresse du bénéficiaire accompagnée des
pièces justificatives, tels que, la quittance de paiement des 30% ou les titres de garanties, la copie
de rôle, et pour les cas de dégrèvement d’office, une copie de compte de rendu établi par le
gestionnaire du dossier et/ou le responsable du contrôle fiscal s’il s’agit de vérification de
comptabilité, de contrôle ponctuel ou de VASFE.

Enfin, la décision d’attribution du sursis légal de paiement peut être retirée par l’administration
en cas de survenance d’événements susceptibles de menacer le recouvrement de la dette fiscale
objet dudit sursis, c'est-à-dire, s’il est prouvé que le bénéficiaire organise par exemple son
insolvabilité ou procède à des préparatifs visant la cessation de son activité, et de ce fait, la
responsabilité du Receveur est atténuée dans la mesure où la décision revient à son responsable
hiérarchique.

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F. le sursis judicaire

Le sursis judicaire est cette possibilité pour le redevable de recourir au juge administratif pour
reporter le paiement d’une régularisation fiscale contestée (totalité ou partie du rôle) jusqu’à ce
qu’il soit décidé sur le sort de cette imposition par la juridiction.

En effet, si le recours des contribuables au tribunal administratif pour attaquer les décisions de
l’administration, reporte de plein droit, les pénalités de recouvrement jusqu’à l’intervention de la
décision juridictionnelle définitive (article 82 CPF), il ne suspend pas toutefois, l’action de
recouvrement des droits et pénalités d’assiette contestés, d’où la nécessité pour le redevable, de
formaliser une autre requête judiciaire allant dans ce sens.

Ainsi, l’action pour sursis à exécution est introduite conformément aux dispositions de l’article
834 du code de procédures civiles et administratives (CPCA) et à la condition pour le redevable
de constituer des garanties propres à assurer le recouvrement de l’impôt.

L'ordonnance prescrivant le sursis à exécution du rôle, peut être signifiée, dans les vingt-quatre
(24) heures qui suivent l’introduction de la requête et notifiée par tous moyens, aux parties ainsi
qu'à l'administration (Art. 837 CPCA), et elle prend fin dès qu'il est statué sur l'action au fond
(Art.836 CPCA).

Donc, à défaut de dénonciation du sursis judiciaire par l’administration par voie d’appel devant
le Conseil d’Etat dans un délai de quinze (15) jours à dater de sa notification, il peut rester ouvert
jusqu’au jour où il est statué sur l’action au fond.

G. la remise conditionnelle

Les dispositions de l’article 93 bis du CPF permettent à l'administration d’accorder au contribuable qui
en fait la demande, une atténuation d’amendes fiscales ou de majorations d’impôts (pénalités d'assiette,
amendes fiscales et pénalités de retard) si celui-ci prend l'engagement de payer les sommes maintenues à
sa charge et renonce à toute procédure contentieuse concernant le (ou les) rôle (s) pour lequel est relancé.

Pour bénéficier de ce dispositif, le contribuable est tenu de formuler une demande écrite auprès
de l’ordonnateur (directeur des impôts), par laquelle il sollicite une remise conditionnelle.

L'administration fiscale notifie, dans un délai maximum de trente (30) jours, une proposition de
remise conditionnelle au contribuable par lettre recommandée contre accusé de réception dans
laquelle est mentionné le montant proposé à la remise ainsi que l'échéancier des versements de
l'imposition. Un délai de réponse de trente (30) jours est accordé au contribuable pour faire
parvenir son acceptation ou son refus. En cas d'acceptation par le contribuable, une décision de
remise conditionnelle est notifiée à ce dernier par lettre recommandée contre accusé de réception.

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VII – L’ACTION COERCITIVE PRINCIPALE : LA SAISIE EXECUTION

L’autorisation d’exercer les poursuites fiscales à l’encontre des débiteurs défaillants ressort de
l’article 389 du code des impôts directs et taxes assimilées * (CIDTA), et les modalités de mise
en œuvre des différents actes de poursuites se trouvent d’abord définies aux articles 145 et 154
du code de procédures fiscales (CPF) et complétés par les dispositions de droit commun, c'est-à-
dire le code de procédures civiles et administratives (CPCA).

La saisie exécution vise la saisie des biens meubles du débiteur et intervient après l’expiration du
délai fixé par le commandement de payer. Elle est mise en œuvre sans autorisation du juge.
Celui-ci, a un pouvoir de contrôle de la validité des actes au plan de la forme (conformité
formelle de la procédure) une fois saisie par le débiteur qui n’obtient pas satisfaction auprès de
l’ordonnateur (cf. paragraphe contentieux du recouvrement).

Les poursuites peuvent être effectuées soit par les agents de l’administration dûment agrées,
c'est-à-dire munis de commissions de prestation de serment ou par les huissiers de justice
moyennant une rémunération réglementée.

L’agent de poursuites exerce les missions suivantes :


 communique avec les débiteurs et leurs représentants afin de trouver une solution
équitable permettant le règlement des créances et impayés en instance de recouvrement;
 effectue des recherches et analyse divers documents et divers états financiers pour établir
la capacité de payer des débiteurs en vue de négocier des ententes de paiement;
 instruit les requêtes visant l’annulation des actes de poursuites pour vice de forme,
souscrites par les débiteurs poursuivis,

 tient à jour les agendas de poursuites et autres supports ou situations retraçant la situation
du contentieux du recouvrement,
 détermine les actifs pouvant faire l'objet d'une saisie ou constituer une garantie;
 négocie avec le syndic, en cas de faillite des débiteurs, pour faire valoir les droits du
Trésor;
 rédige divers écrits administratifs relatifs aux données fiscales, juridiques et comptables,
qui sont nécessaires au traitement, au suivi et au règlement des dossiers.
La saisie exécution est opérée par la mise en œuvre des actes suivants:
-le commandement de payer,
-la saisie proprement dite des biens mobiliers,
-la vente des biens saisis.

---------------------------------
*Le contribuable qui n'a pas acquitté à l'échéance fixée par la loi, la portion exigible de ces contributions, peut être
poursuivi.

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A. LE COMMANDEMENT DE PAYER

Le commandement est un acte de poursuites par lequel le débiteur est sommé de payer sa dette et
doit être notifié quinze jours après la lettre de rappel (art 55 LF 2017). Il constitue une condition
préalable pour la mise en œuvre des autres étapes de la saisie exécution. Et, comme sa
notification suspend la prescription extinctive des créances publiques, il est édité en série et
signifié en masse à tous les reliquataires notamment à l’approche de fin de l’année.

Il doit être remis personnellement au débiteur, même s’il est possible de le notifier par la poste
sous pli recommandé. Il ne doit donc pas être simplement glissé dans la boîte aux lettres. Si le
débiteur refuse de réceptionner le commandement de payer, ce dernier est quand même considéré
comme notifié.

La personne chargée de la notification doit indiquer sur les deux exemplaires du commandement
de payer sous la rubrique « Notification » si elle a pu remettre le commandement de payer au
débiteur ou si ce dernier a refusé de le réceptionner. La rédaction et la signification du
commandement obéissent aux règles générales de validité des actes de droit commun fixées par
les dispositions du Code de Procédures Civile et Administrative (articles 406 à 416).

L’article 308 du CPCA fixe un délai de quinze (15) jours pour le débiteur commandé d'avoir à se
libérer de sa dette (mentionnée sur le commandement). Toutefois, en cas d’exigibilité immédiate
(cf. article 354 CIDTA), ce délai de droit commun est réduit par les dispositions de l’article 147
du code des procédures fiscales à un (01) jour franc après la signification du commandement.

C. L’AVIS DE SAISIE OU LA SAISIE MOBILIERE PROPREMENT DITE

C-1 DEFINITION DE LA SAISIE:

L’avis de saisie ou la saisie mobilière consiste dans la mise sous scellés ou sous gardiennage des
objets ou biens meubles saisis par procès-verbal si le contribuable persiste à refuser le règlement
cash ou fractionné des sommes dont il est redevable. Il peut être notifié dès l’expiration du délai
accordé par le commandement de payer. L’effet juridique direct de l’acte de saisi est qu’elle rend
indisponibles les biens qui en sont l’objet.

Le débiteur peut être désigné comme gardien et rémunéré en conséquence par application des
tarifs fixés par l’arrêté du 23 octobre 2004 portant modalités d’application des dispositions de
l’article 190 de la loi de finances pour 2002 relatives aux frais de garde des meubles saisis par
l’administration fiscale.

C-2 MODALITÉS ET ÉTABLISSEMENT DU PV DE SAISIE :

Avant de procéder à la saisie, l’agent de poursuites (ou l’huissier) doit d’abord procéder à un
itératif commandement, c’est à dire réitérer verbalement la demande de paiement. Si le débiteur
refuse, il est procédé à un inventaire des biens présents, qui sont dès lors considérés comme étant

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sous-main de la justice. Ceux-ci doivent être énumérés de manière exacte et détaillée afin de
permettre une reconnaissance facile et d'empêcher les détournements ou les substitutions.
L'agent de poursuites peut, le cas échéant, photographier les objets saisis. Il conserve les
photographies jusqu'à l'inventaire des biens saisis avant vente.

Ces formalités doivent être consignées sur le procès-verbal de saisie qui doit également
comporter les mentions suivantes, à peine de nullité :

 la référence du titre en vertu duquel la saisie est pratiquée ;


 la désignation détaillée des biens saisis ;
 la mention en caractère très apparent, que les biens saisis sont indisponibles, qu’ils sont
placés sous la garde du débiteur, qu’ils ne peuvent être ni aliénés ni déplacés ;
 le cas échéant, l’indication des noms prénoms et qualité des témoins ;
 le (ou les) nom et prénom (s) du (ou des) gardien (s) désigné (s) éventuellement;

Une copie de l’acte de saisie signé éventuellement par les témoins est remise immédiatement au
débiteur. Si ce dernier est absent, une copie de l’acte (le PV) lui est signifiée.

Lorsque les biens du débiteur sont détenus par un tiers, l’agent de poursuites ne pourra les
appréhender qu’après l’obtention de l’autorisation du juge et la notification d’un commandement,
c’est à dire par la mise en œuvre de la saisie revendication.

Et, en cas de détournements d’objets saisis, les auteurs et leurs complices sont poursuivis et punis
conformément à la législation pénale en vigueur (Art 381 du CIDTA).

Les contestations relatives à la saisie (ou incidents de saisie) sont consignées sur PV et portées, si
elles entravent la saisie, devant la juridiction territorialement compétente.

C-3 LES BIENS SAISISSABLES :

La saisie mobilière doit porter sur les meubles par nature c’est-à-dire les corps qui se meuvent
par eux-mêmes ou qui peuvent changer de place par l’effet d’une force étrangère (art.528 du code
civil) à condition qu’ils soient saisissables. Les deniers et valeurs mobilières au porteur peuvent
également être saisis.

Le législateur a protégé certains biens de la saisie-exécution compte tenu de plusieurs


considérations d’ordre social. Suivant l’article 378 du code de procédures civiles, les biens
meubles exclus de la procédure de saisie sont:

1- les objets que la loi déclare immeubles par destination;


2- le coucher nécessaire des saisis, celui de leurs enfants vivant avec eux, les habits dont les saisis
sont vêtus et couverts;
3- les livres relatifs à la profession du saisi, jusqu’à la somme de 1500 DA, à son choix;
4- les machines et instruments servant à l’enseignement pratique ou exercice des sciences et des
arts, jusqu’à concurrence de la même somme, et au choix de saisi;
5- les équipements des militaires, suivant l’ordonnance et la garde;

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6- les outils des artisans nécessaires à leurs occupations personnelles;
7- les farines et menues denrées nécessaires à la consommation du saisi et de sa famille pendant
un mois;
8- enfin, une vache ou trois brebis, ou deux chèvres, au choix du saisi avec les pailles, fourrage et
grains nécessaires pour la litière et la nourriture desdits animaux pendant un mois.

La saisie exécution qui porterait par erreur à la fois sur des objets saisissables et insaisissables
n’est pas nulle ; il y’a seulement lieu à distraction des objets indûment saisis. Mais quand les
objets insaisissables sont vendus volontairement par le débiteur le Receveur peut en saisir arrêter
le prix entre les mains de l’acheteur.

D. L’EXECUTION DE LA SAISIE (La Vente Mobilière) :

Dans le cas ou la saisie n’amène pas le paiement des impôts, le receveur doit faire procéder à la
vente des biens saisis afin d’apurer les créances sur leur prix.

La vente étant un acte très grave, il importe donc que les opérations se déroulent dans le strict
respect des conditions et formalités prévues, notamment l’estimation des biens saisis,
l’autorisation préalable du Wali ou du responsable hiérarchique du receveur et l’information du
public.

D-1 ESTIMATION DES BIENS :

Les biens saisis par le receveur des impôts ne peuvent être présentés à la vente publique qu’après
leur estimation par l'administration de l'enregistrement (article 151 du code des procédures fiscales).
Le receveur poursuivant ne peut procéder à cette mission (principe de séparation entre
l’ordonnateur et le comptable).

Le prix de référence ainsi fixé, sera retenu comme mise à prix pour apparaitre sur les affiches
publicitaires.

L’estimation est constatée par P.V ou devis estimatif dont une copie est annexée à la feuille de
vente soumise à la signature du wali dans le cadre de la demande d’autorisation préalable.

D-2 L’AUTORISATION PRÉALABLE :

La vente des biens saisis est subordonnée à l’autorisation donnée au Receveur des impôts par le
Wali (préfet) sur avis du Directeur des impôts de wilaya

A défaut d’autorisation dans les 30 jours qui suivent l’envoi de la demande au Wali, le
Directeur des impôts peut autoriser le Receveur à procéder à la vente.

La demande d’autorisation formulée au Wali est appelée «feuille de vente » à laquelle sont
annexés les documents ci-après :

- un extrait de rôle du débiteur ;


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- une copie du P.V de saisie ;
- une copie du P.V d’estimation (devis estimatif)

Cependant lorsque les objets saisis sont des denrées périssables ou toute autre marchandise
susceptible de se corrompre ou de se libérer ou présentant des dangers pour le voisinage, il peut
être procédé à la vente d’urgence sur autorisation du Directeur des impôts de wilaya.

D-3 ANNONCE PUBLIQUE DE LA VENTE :

La vente doit être annoncée au moins dix (10) jours avant par 04 placards publicitaires :
 l’un au lieu de la saisie,
 l’autre à la porte de la mairie,
 le troisième au marché.
 le quatrième à la porte de l’auditoire du tribunal.

La date et le lieu des enchères sont portés à la connaissance du public par tous les moyens de
publicité en rapport avec l’importance de la saisie (art.706 et suivant du code des procédures
civiles et administratives).

Une publicité particulière est prévue pour la vente de certains objets.

D-4 L’ORGANISATION DE LA VENTE :

Les biens saisis sont vendus aux enchères publiques après récolement en bloc ou en détail,
suivant leur nature.

Le procès-verbal qui, habituellement, précède immédiatement la vente, ne contient aucune


énonciation des effets saisis mais uniquement de ceux en déficit, s’il y en a.

a-Date et lieu de la vente :

La vente aux enchères peut être organisée suivant l’article 151 du CPF, à l’expiration d’un délai
de 10 jours à compter de l'apposition d'affiches d’information du public, indiquant les noms, prénoms et
domiciles du débiteur saisi, du receveur poursuivant, l'autorisation en vertu de laquelle il agit, les biens
saisis, leur localisation, la mise à prix, les lieux, jours et heures de l'adjudication et l'adresse du bureau de
recettes.

Cependant, ce délai peut être modifié si le débiteur et le créancier s’entendent pour fixer un autre
délai ne dépassant pas 03 mois (article 704 CPCA), ou que la modification du délai ne soit
nécessaire pour écarter les dangers d’une dépréciation notable ou pour éviter des frais de garde
hors de proportion avec la valeur de la chose.

b-Report éventuel de la date de vente :

La date de la vente primitivement fixée dans le PV de saisie peut être renvoyée à une autre date
et ce, par signification au saisi d’un procès-verbal de renvoi.

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Les enchères ont lieu au marché public le plus proche ou partout où elles sont susceptibles de
produire le meilleur résultat.

c- Qualité de l’agent procédant à la vente :

C’est l’agent de poursuites qui procède à la vente. Toutefois cette mission peut être confiée à un
commissaire priseur moyennant des honoraires mis à la charge du débiteur.

Le Receveur doit être présent à la vente ou s’y faire représenter.

d-Conditions de déroulement de la vente :

L’objet de la vente est adjugé au plus offrant et n’est remis que contre paiement comptant.
Si l’acquéreur ne prend pas livraison de l’objet de la vente dans le délai fixé par les conditions de
la vente, ou à défaut d’une telle clause, avant la clôture des opérations, cet objet est remis aux
enchères à ses frais et risques. Le fol enchérisseur est tenu de la différence entre son prix et celui
de la revente sur folle enchère, sans pouvoir réclamer l’excédent, s’il y en a.

e-Option pour la vente de gré à gré :

Si pour des mêmes meubles, les offres faites au cours de 2 séances de vente publique aux
enchères n’atteignent pas le montant de la mise à prix, le Receveur poursuivant peut procéder à la
vente de gré à gré pour un montant au moins égal à la mise à prix.

Pour procéder à la vente de gré à gré le receveur des impôts doit être autorisé par son responsable
hiérarchique. Cette autorisation est délivrée par le directeur des impôts de wilaya lorsque le
montant de la mise à prix est égal ou inférieur à la somme de 2500000 DA, et par le directeur
régional des impôts lorsque ce seuil est dépassé.

Le dossier à établir en vue de l’autorisation de vente de gré à gré est constitué de :

 la feuille de vente,
 le devis estimatif,
 un compte rendu du receveur relatant les circonstances qui ont empêchée le déroulement
normal des enchères, avec indication des mesures de publicité prises préalablement à la
vente.
En 2021, les dispositions de l’article 68 de la loi de finances pour cette année, modifiant et complétant
les dispositions de 152-2 du code des procédures fiscales, ont supprimé la condition de mise à prix
au titre des ventes de gré à gré lorsqu’elles sont envisagées après l’échec des deux séances de vente
publique.

f-Clôture de la vente

La vente doit être arrêtée dés que son produit est suffisant pour solder le montant des
contributions dues et des frais de poursuites ainsi que le montant des créances pour lesquelles des

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oppositions auraient été régulièrement formées sur le produit de la vente. Les meubles non
vendus sont remis au saisi contre décharge donnée sur le procès-verbal.

Le produit de la vente est encaissé contre quittance par l’agent de poursuites lorsque celui-ci
procède à la vente ou reversé au Receveur par l’officier vendeur sous déduction des frais de vente
dûment taxés par le juge sur la minute du procès-verbal de vente.

Il faut signaler que ne peuvent prendre part à l’adjudication l’agent de poursuites et le


Receveur.

Enfin, suivant les dispositions de l’article 703 du CPCA, la vente peut être annulée si elle n’a pas
été concrétisée dans les six (06) mois qui suivent la date de signification de la saisie au saisi, sauf
si la vente a été suspendue par accord des parties ou par décision de justice.

g-Effets de la vente :

Le droit de propriété des meubles saisis passe de la tête du saisi sur celle de l’adjudicataire.
L’acquéreur d’un véhicule automobile peut en obtenir l’immatriculation à son nom malgré la
rétention de la carte grise par le saisi, en présentant un certificat de l’agent vendeur attestant que
le véhicule a été vendu sans carte grise.

E. SAISIE ET VENTE DU FONDS DE COMMERCE :

Le fonds de commerce est une universalité juridique de caractère mobilier avec des éléments
corporels et incorporels. Les premiers peuvent être saisis séparément si la vente globale du fonds
n’est pas exigée par les créanciers.

Aussi, dans le cas où les autres créanciers ne se manifestent pas en se faisant inscrire auprès de
l’agent de poursuites, les biens corporels saisis peuvent être vendus au jour fixé par le P.V de
saisie. Dans le cas contraire, c’est à dire s’il existe des créanciers inscrits, la notification ouvre un
délai de (10) dix jours pendant lesquels ces créanciers peuvent demander la vente globale du
fonds de commerce.

La possibilité de demander la vente globale du fonds répond au souci de préservation des droits
et des intérêts des autres créanciers.

VIII - LES ACTIONS COERCITIVES SECONDAIRES (autres que la saisie exécution)

Il sera examiné à ce niveau les autres procédures coercitives que la loi a mis entre les mains du
comptable pour contraindre les débiteurs récalcitrants à apurer leurs dettes envers le trésor.

Les actes poursuites présentés ci-dessous, obéissent, à l’exception de l’extrait de rôle, aux mêmes
règles régissant le contentieux du recouvrement développées précédemment.

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A. la ferméture temporaire des locaux

La fermeture temporaire des locaux professionnels est une mesure d’exécution dont les
conditions d’application sont définies par les articles 145 et 146 du CPF.

Suivant, ces dispositions, la fermeture des locaux est réservée à l’ordonnateur, c’est-à-dire le
Directeur des impôts, chef hiérarchique du receveur des impôts poursuivant, et ce, sur la base de
compte rendu établi par ce dernier appuyé de pièces justificatives (extrait de rôle, commandement
de payer, et tout autre document attestant de la défaillance du contribuable).

La décision de fermeture doit être, sous peine de nullité, prononcée pour une durée n’excédant
pas six mois et précédée d’un commandement de payer par lequel le débiteur est avisé de la
décision de l’administration.

Elle est notifiée par l’agent de poursuites ou l’huissier de justice et ne peut être mise en œuvre
qu’après l’expiration d’un délai de dix jours (10) à compter de sa notification et ce, pour
permettre au débiteur dans ce laps de temps de régulariser sa situation.

Le contribuable concerné par la mesure de fermeture temporaire peut saisir le juge administratif
pour suspendre l’exécution de fermeture ou obtenir sa main levée.

B. l’avis à tiers détenteur (ATD)

L’avis à tiers détenteur est une procédure simplifiée, définie par les dispositions de l’article 384
du CIDTA, permettant au comptable Public d’appréhender entres les mains d’un tiers des
sommes d’argent dues par ce dernier à un contribuable débiteur d’impôts directs et taxes
assimilées garantis par le privilège du Trésor, s’agissant d’impositions exigibles.

Les ATD régulièrement notifiés qui n’ont pas permis de désintéresser en totalité le trésor
demeurent valables pendant un délai d’un an Lorsque le redevable est une personne physique. Par
contre, lorsque le redevable est une personne morale, le délai en question s’étend à quatre (4) ans.

Le tiers saisi dispose de huit (08) jours suivant l’article 677 du CPCA pour informer le comptable
saisissant de la situation des avoirs du débiteur.

Les articles 682 et 683 du CPCA prescrivent le blocage du compte abritant les avoirs du débiteur
en permettent toutefois au tiers saisi (banquier..) de continuer à verser les salaires des employés
du redevable saisi, s’agissant d’une créance jouissant d’un super privilège. Le tiers détenteur est
tenu de payer l'impôt en fonction des sommes qu'il détient pour le compte du contribuable et s’il
s'abstient sans raison valable, il peut être poursuivi solidairement sur ses biens.
L’avis à tiers détenteur est un acte de procédure extrajudiciaire efficace ne nécessitant pas
l’intervention du juge, et permet le recouvrement aisément des dettes des contribuables
récalcitrants auprès des tiers détenteurs, (Banques, Services des chèques postaux etc. …) d’autant
plus que la responsabilité de ces tiers se trouve totalement engagée si leurs obligations de payer
ne sont pas satisfaites.

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C. la contrainte extérieure

La contrainte extérieure donne la possibilité au receveur détenteur du titre de recette, de


poursuivre le recouvrement de la créance du trésor dans une autre circonscription fiscale, par
l’attribution de mandat à un autre receveur qui prendra en charge le recouvrement du titre de
recette. Elle est établie par le Receveur des Impôts assignataire à l’adresse de son collègue
lorsque le débiteur procède au changement de son adresse ou que celui-ci dispose de biens
relevant de la compétence territoriale du comptable mandataire.
Tout comme l’Avis à Tiers Détenteur, la contrainte extérieure reste valable jusqu’à l’extinction
de la dette pour laquelle elle a été établie ou à l’obtention d’une mainlevée notifiée par celui qui
l’avait émise.
Avant sa codification aux code des procédures fiscales par les dispositions de l’article 69 de la loi
de finances pour l’année 2021, cette procédure était régie par les dispositions des articles 12 et 13
du décret exécutif n° 91-313 du 7 septembre 1991 fixant les procédures, les modalités et le
contenu de la comptabilité des ordonnateurs et des comptables public.

D. l’extrait de rôle chargé (ou l’interdit de soumissionner)


Le contribuable inscrit au rôle d'un impôt donné peut demander la délivrance d'un extrait de rôle.
Et, comme ce document est exigé dans certains dossiers administratifs à titre de confirmation de
la régularité de la situation fiscale de l’intéressé, il devient automatiquement un instrument de
poursuite à même de contraindre celui-ci à apurer ses dettes fiscales éventuelles avant toute
tentative de participation à des opérations de privatisation d’entreprises publiques, de
souscription à des appels d’offres de l’Etat ou de soumissions à des marchés publics d’opérations
boursières.
L’extrait de rôle assorti de dettes fiscales ou de mentions remettant en cause la moralité fiscale du
contribuable constitue en réalité, une interdiction temporaire de soumissionner qui ne pourrait
être levée qu’après une régularisation de la situation fiscale.
IX- LE CONTENTIEUX DU RECOUVREMENT

A. Objet du contentieux du recouvrement (recours en annulation des actes de poursuites)

L’objet du contentieux du recouvrement porte sur le recours introduit par le débiteur poursuivi en
annulation des actes de poursuites qui lui ont été notifiés. Il ne s’agit pas d’une réclamation relative à
l'assiette de l'impôt.

La contestation ne pourra porter, aux termes de l’article cité ci-dessus que :


 soit sur la régularité en la forme de l'acte de poursuite;
soit sur l'existence de l'obligation de payer,
 sur le montant de la dette compte tenu des paiements effectués,
 sur l'exigibilité de la somme réclamée,
 ou sur tout autre motif ne remettant pas en cause l'assiette et le calcul de l'impôt.

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B. Délais et modalités
Le contentieux du recouvrement, ne peut être engagé qu’à partir du moment où le comptable a
mis en œuvre le recouvrement forcé de la créance à l’encontre du contribuable (article 153 du
CPF).
les demandes doivent être présentées dans les deux mois suivant la notification de l’acte de
poursuite servant de fondement à la contestation.

C. Recours auprès de l’ordonnateur


Les contestations de l’espèce, doivent être adressées à l’ordonnateur ayant émis l’imposition, qui
peut être selon le cas, le directeur des grandes entreprises, le directeur des impôts de wilaya, le
chef de centre des impôts ou le chef de centre de proximité des impôts dont dépend le receveur
ayant exercé les poursuites. l’administration dispose ensuite de deux mois pour statuer sur cette
demande

D. Recours auprès du juge

Les recours contre les décisions prises par l'administration sur ces contestations seront alors
portés, dans le premier cas, devant le juge de l'exécution (tribunal administratif), et non pas devant
le juge de l'impôt de cette même juridiction.

Le requérant dont la réponse implicite ou explicite de l’administration ne lui donne pas


satisfaction, dispose pour saisir le juge d’un nouveau délai de deux mois à partir soit de la
notification de la décision soit de l’expiration du délai de deux mois accordé à l’ordonnateur.

La requête souscrite hors délai est considérée comme irrecevable si le retard n’est justifié par
aucun événement prévu par la loi susceptible de rouvrir le délai.

X- LES ACTIONS COERCITIVES RELEVANT DE L’ORDONNATEUR


Ces mesures sont prises par l’ordonnateur à l’initiative du comptable poursuivant à l’appui de
compte rendu circonstancié accompagné de pièces justificatives de la dette.

A. l’inscription du débiteur au fichier des fraudeurs

Le fichier des fraudeurs a été mis en place dans un premier temps par une simple instruction
interministérielle (n°127 du 26/07/1997), ensuite institué auprès de l’administration fiscale
suivant les dispositions de l’article 13 de la LFC pour 2006 sous l’appellation « fichier national
des fraudeurs auteurs d’infractions graves aux législations et réglementations fiscale,
commerciale et douanière ».

Ainsi, l’inscription dans ce fichier d’un contribuable défaillant dans ses obligations fiscales, le
contraint à régulariser sa situation dans la mesure où ce signalement provoque une alerte

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systématique auprès des autres administrations économiques susceptible d’entrainer le blocage de
ses formalités administratives de tout genre (douanières, commerciales et bancaires).

Le recours vers cette mesure coercitive prend de l’importance du fait notamment de sa facilité de
mise en œuvre et des résultats positifs qu’elle génère.

B. la suspension de la délivrance de l’attestation de domiciliation bancaire

Les dispositions de l’article 2 de la loi de finances complémentaire (LFC) pour 2005 modifiées et
complétées par les dispositions de l’article 63 de la LFC pour 2009 ont institué la taxe de
domiciliation bancaire applicable aux importations de biens destinés à la revente en l’état et aux
services importés.

Aussi, pour la délivrance desdites attestations, les dispositions de l’espèce fixent un délai de huit
(08) jours pour le receveur des impôts à l’effet de réserver une suite favorable ou défavorable à
même de sauvegarder les intérêts du trésor du fait que ce comptable est appelé à s'assurer du
respect par ce contribuable importateur de ses obligations fiscales de déclaration et de paiement.

En revanche, les contribuables débiteurs qui se trouvent menacés de suspension de leurs


attestations de domiciliation bancaire préfèrent dans la plupart des cas, assainir leur situation
fiscale en optant pour les formules de régularisation prévues par la loi.

C. la suspension de la délivrance de l’attestation de transfert de fonds

Suivant les dispositions des articles 10 et 11 de la loi de finances pour 2009 instituant l’article
182 ter du CIDTA, le transfert de fonds, à quelque titre que ce soit, au profit de personnes
physiques ou morales non résidentes en Algérie doivent être préalablement déclarés aux services
fiscaux territorialement compétents.

Dans ce cadre, le receveur des impôts a été autorisé à solliciter des services gestionnaires chargés
de la prise en charge du dossier de l’espèce, à solliciter le report de délivrance des attestations
fiscales de transfert de fonds à l’étranger de tout débiteur qu’après régularisation de sa situation
fiscale.

D. l’assistance administrative mutuelle entre États

La coopération internationale peut constituer un instrument juridique de recouvrement à l’égard


notamment des contribuables ayant quitté le pays sans avoir réglés leurs dettes fiscales où qu’ils
ne possèdent pas, dans le territoire de celui-ci, d’actifs qui pourraient servir à rembourser leurs
dettes. Le pouvoir des autorités fiscales étant limité au pays où elles sont situées, elles sont dans
l’incapacité de faire valoir leurs droits sur un bien détenu par un contribuable à l’étranger. Un
accord international est alors nécessaire pour permettre à l’administration fiscale d’un État
d’aider un autre État à collecter ses impôts.

L'assistance internationale dans ce domaine a permis de développer plusieurs formes d’entraide


administrative mutuelle entre États. Elle en constitue un élément fondamental puisqu'elle permet
à une administration fiscale d'assurer le recouvrement effectif des impositions établies dans un

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État à l'encontre d'un résident d'un autre État. Elle représente également un moyen efficace de
lutte contre la fraude et l'évasion fiscales internationales qui, indépendamment de la dissimulation
de revenus imposables, consistent également pour un contribuable à organiser son insolvabilité
dans l'État qui a établi les impositions.

L'assistance au recouvrement repose d'abord sur les conventions fiscales bilatérales dont
certaines contiennent des dispositions autorisant le recouvrement par l'administration compétente
d'un État, de certains impôts dus dans l'autre État signataire de la convention applicable.

Au plan multilatéral, des instruments ont été spécialement conçus pour assurer l'assistance
administrative mutuelle en matière fiscale.

En général, elle revêt trois formes :


-La demande de notification,
-La demande de recouvrement
-La demande de prise de mesures conservatoires.

Les procédures essentielles pouvant être retenues par les Etats dans le cadre de ce dispositif, sont
développées dans le manuel de l’OCDE sur la mise en œuvre de l’assistance en matière de
recouvrement des impôts approuvé par le Comité des Affaires Fiscales de l’OCDE le 26 janvier
2007.

XI- LES PROCEDURES JURIDICTIONNELLES

Il est visé par les procédures juridictionnelles, les moyens judiciaires susceptibles d’être
empruntées par le receveur des impôts en vue sauvegarder les intérêts du trésor telle que l’action
pénale tendant à infliger des sanctions pénales au débiteur fraudeur et le contraindre
corporellement à apurer sa dette, ou l’action civile tendant à reconstituer le patrimoine du
débiteur par voie judiciaire pour préserver le gage du trésor.

A. l’action pénale

L’action pénale consiste suivant les dispositions de l’article 101 du code de procédures fiscales,
dans le dépôt de plainte à l’encontre des contribuables employant des manœuvres frauduleuses
pour se soustraire, en totalité ou en partie, à l’assiette ou à la liquidation de l’impôt, et ce, pour
permettre au juge de prononcer l’application des sanctions pénales prévues par les codes fiscaux,
constituées notamment par les amendes fiscales et les peines correctionnelles énumérées à
l’article 303 du CIDTA et 117 du code des taxes sur le chiffre d’affaires (CTCA).

En pratique, il faudrait pour sa mise en œuvre, l’établissement d’abord de l’imposition par voie
d’émission du rôle de régularisation assorti obligatoirement des pénalités fiscales pour
manœuvres frauduleuses (100% art 193 du CIDTA et 200% art 130 du CTCA) et l’obtention de
l’accord préalable de la hiérarchie. Celui-ci, n’est pas requis quand-il s’agit de plainte portant sur
les infractions relatives aux droits de garantie et droit de timbre.

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Par ailleurs, suivant les dispositions de l’article 407 du CIDTA, le fait pour un contribuable
d’organiser son insolvabilité ou de mettre obstacle par d’autres manœuvres au recouvrement de
l’impôt, est considéré comme manœuvres frauduleuse passible de poursuites pénales dans les
mêmes conditions citées supra.

La décision de justice ainsi établie, fixe suivant les dispositions 137 du CIDTA, le montant de
l’amende pénale et éventuellement la durée de la contrainte par corps (période
d’emprisonnement de l’intéressé).

Le retrait de la plainte peut être envisagé par l’administration en application des dispositions de
l’article 104 bis du code de procédures fiscales en cas de paiement de 50% des droits simples et
pénalités objet de la poursuite pénale et la souscription d’un échéancier de paiement fixé comme
suit :

- un délai de paiement de six (06) mois lorsque le montant de la dette fiscale est inférieur à vingt
millions de dinars (20.000.000 DA).

- un délai de douze (12) mois lorsque le montant de la dette fiscale est supérieur à vingt millions
de dinars (20.000.000 DA) et inférieur à trente millions de dinars (30.000.000 DA).

- un délai de dix huit (18) mois lorsque le montant de la dette fiscale excède trente millions de
dinars (30.000.000 DA).

B. l’action civile

Comme tout créancier de droit commun, le Receveur des impôts peut recourir au juge de la
matière civile pour appréhender les biens immobiliers du débiteur et/ou reconstituer le patrimoine
de celui-ci pour se faire désintéresser et sauvegarder ainsi, les intérêts du trésor.

Le privilège attribué au Trésor pour le recouvrement des cotisations fiscales ne préjudicie point
aux actions qu’il peut exercer sur les biens des redevables, en vertu du droit commun et comme
tout autre créancier.

Aussi, parmi les procédures juridictionnelles à caractère civil adoptées dans ce cadre, on retrouve
la saisie immobilière, la saisie conservatoire du patrimoine, l’action paulienne et l’action oblique.

B.1 la saisie immobilière

Le recours du receveur des impôts à la saisie immobilière n’est permis qu’à titre exceptionnel en
cas d’insuffisance du produit obtenu par suite de la saisie des meubles, ou plutôt, du fait du
caractère infructueux de la saisie mobilière. Ces prérequis, sont cités par les articles 721 et
suivant du code de procédure civile et administrative (CPCA).

Parmi les conditions exigées par le juge pour provoquer la saisie de l’immeuble du débiteur *, on
peut citer notamment :
____________________________
* article 723 CPCA

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- Le PV d’insuffisance des biens mobiliers appréhendés appuyés des copies des
pièces relatant le déroulement de la saisie exécution (mobilière),
- Un extrait de rôle du débiteur,
- Un commandement notifié après la date de saisie mobilière,
- Un descriptif de localisation du bien immobilier délivré par le conservateur
foncier.

B.2 la saisie conservatoire

Suivant les dispositions de l’article 646 du CPCA, la saisie conservatoire porte sur les biens
meubles et immeubles du débiteur et les rend indisponibles, autrement dit, elle permet, à travers
l’autorisation du juge, d’appréhender tout le patrimoine du contribuable et de le mettre sous-main
de justice et ce, même s’il est détenu par un tiers.

C’est une sûreté réelle décidée par voie judiciaire, nécessitant de présenter au juge toutes les
pièces justificatives, notamment l’existence de « circonstances susceptibles de menacer le
recouvrement » de la créance.

B.3 la saisie arrêt

Suivant les dispositions de l’article 667 du CPCA, le receveur des impôts en sa qualité de
créancier, peut demander au juge l’autorisation d’opérer une saisie-arrêt exécution entre les mains
d'un tiers sur les biens mobiliers corporels, les actions, les parts de bénéfices de société, les bons
de caisse ou les créances, appartenant au débiteur (contribuable) même s'ils ne sont pas échus.

L’exécution de cette forme de saisie peut intervenir après un délai de dix (10) jours.

B.4 l’action paulienne (ou action révocatoire) :

Cette action judiciaire offre au Receveur des impôts de faire annuler par voie de justice les actes
passés par les contribuables débiteurs en fraude des droits du Trésor.

Elle est prévue par le code civil (articles 191 et 192), et soumise à des conditions de forme et de
fond.
En permettant au comptable du Trésor d’agir tel un créancier de droit commun, la procédure sus
citée dissuade les contribuables de mauvaise foi qui essaient de diminuer leurs avoirs soit en les
donnant à des descendants soit en les apportant à des sociétés afin de prévenir les poursuites du
trésor public.

Pour sa mise en œuvre, le receveur des impôts en tant en tant que créancier, entame cette action
judicaire (civile) pour faire déclarer inopposables à son égard les actes faits par son débiteur en
fraude des ses droits, à charge pour lui d’établir notamment que le tiers cocontractant avait
connaissance de la fraude.

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B.5 l’action oblique :

Elle est prévue également par le code civil (article 189 et 190), et nécessite donc une décision de
justice. Elle permet au receveur des impôts d’exercer au lieu et place du redevable négligeant les
droits qui appartiennent à celui-ci pour le recouvrement de ses créances détenues sur les tiers.
L'action oblique constitue une atteinte grave aux intérêts du débiteur. C'est pourquoi cette action
ne pourra être exercée que si la négligence du débiteur compromet les intérêts du créancier.
Concrètement, l'action oblique permet de faire entrer matériellement dans le patrimoine des
droits dont le débiteur est déjà titulaire. Le créancier ne peut donc pas modifier le patrimoine de
son débiteur, ni faire des actes de disposition, comme vendre des biens appartenant au débiteur.
L'action oblique possède des limites. En effet, le créancier ne peut pas exercer des droits qui sont
attachés à la personne de son débiteur. Cela inclut tout droit extra-patrimonial appartenant au
débiteur ; tel est le cas de la demande de réparation d'un préjudice moral.
Le créancier ne peut pas non plus mettre en oeuvre l'action oblique contre les biens insaisissables,
comme les effets personnels du débiteur.
XII- LES SÛRETÉS DE SAUVEGARDE DES INTÉRÊTS DU TRÉSOR

A. LA SOLIDARITÉ

La solidarité peut être personnelle ou réelle. Elle est personnelle lorsqu’il s’agit d’adjoindre
d’autres débiteurs au débiteur principal. Elle est réelle, lorsqu’il s’agit d’adjoindre des biens
matériels ou des avoirs monétaires pouvant couvrir l’insolvabilité de ce dernier.

A. 1. LA SOLIDARITÉ PERSONNELLE

Le principe de solidarité personnelle en matière fiscale est consacré notamment par les
dispositions de l’article 372 du CIDTA (Le rôle régulièrement mis en recouvrement est
exécutoire à l’égard du contribuable qui y est inscrit, ainsi qu’à l’encontre de ses représentants ou
ayants cause..). Cet artifice juridique permet au trésor de recourir en cas de défaillance ou
d’insolvabilité du débiteur légal, à d’autres personnes solidaires avec ce dernier, c’est-à-dire,
l’adjonction d’autres débiteurs au débiteur principal.

La solidarité fiscale, peut être fondée sur des liens familiaux ou des relations contractuelles.
Ainsi, chacun des époux vivant sous le même toit est solidairement responsable du paiement de
l’impôt sur le revenu, de la taxe d’habitation. De même, en cas de décès du contribuable, les
impôts du défunt seront payés par ses héritiers.

La solidarité joue également entre propriétaires et locataires en ce qui concerne les impôts
locaux. La procédure d’avis à tiers détenteur, qui permet au Trésor d’obtenir le paiement de tous
impôts sur les fonds dont des tiers sont débiteurs à l’égard du contribuable, constitue une forme
de solidarité fiscale.

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A. 1. 1 LA RESPONSABILITÉ DES AYANTS - CAUSE:

La loi donne aux ayants cause une option soit :


 Accepter purement et simplement la succession de façon expresse ou tacite, donc tenus
pour tout l’actif et tout le passif,
 Renoncer à la succession de façon expresse, et donc non tenus par le passif,
 Accepter sous bénéfice d’inventaire, donc ne seront tenus des dettes qu’à concurrence de
l’actif recueilli.

Ainsi, les héritiers acceptants sont tenus personnellement chacun pour sa part dans la succession.

A. 1. 2 LA RESPONSABILITÉ DU CONJOINT :

Elle s’applique pour certains impôts directs, et lorsque les conditions suivantes sont réunies :

 L’impôt soit émis postérieurement à la date du mariage,


 Les biens, du conjoint susceptibles de servir à l’apurement de la dette fiscale soit aussi
acquis postérieurement au mariage.

A. 1. 3 LA RESPONSABILITÉ DES CESSIONNAIRES DE FONDS DE COMMERCE :

Suivant les dispositions de l’article 196/4 du CIDTA, le cessionnaire peut être rendu responsable
avec le cédant pour le paiement de l’impôt sur le revenu (ou sur le bénéfice) dû par ce dernier au
titre de l’exercice de la cession et celui se rapportant autres périodes non prescrites à la date de la
transaction.

Cette solidarité personnelle ne peut dépasser le prix du fonds de commerce si la cession a été
faite à titre onéreux ou de la valeur retenue pour la liquidation des droits d’enregistrement si elle
a eu lieu à titre gratuit, et elle est mise en œuvre dans un délai d’un (01) an décompté du jour de
la déclaration de cession.

Par ailleurs, lorsque le fonds de commerce fait l’objet d’un apport en société, le créancier de
l’apporteur est tenu de réclamer sa créance dans le délai prévu à la publicité. Et, si la société,
compte tenu des dettes éventuellement grevant le fonds apporté, ne décide pas de faire annuler
l’acte de société ou l’apport, elle sera tenue solidairement avec l’apporteur au paiement du passif
déclaré.

A. 1. 4 LA RESPONSABILITÉ DES PROPRIÉTAIRES NON EXPLOITANTS DE


FONDS DE COMMERCE :

Suivant les articles 373 et 374 du CIDTA, le propriétaire d’un fonds de commerce est
solidairement responsable avec l’exploitant de cette entreprise des impôts, droits et taxes de
l’exploitation de ce fonds.

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Ce principe permet lorsque le propriétaire du fonds n’exploite pas lui-même son entreprise,
d’assurer le recouvrement des impôts établis au titre de l’exploitation de ce fonds par un
exploitant insolvable.

A. 1. 5 LA RESPONSABILITÉ DES ASSOCIÉS :

Le recouvrement des impôts et taxes établies au nom d’une société commerciale doit tout d’abord
être poursuivi sur le patrimoine c’est à dire sur les biens sociaux quelle que soit la forme
constitutive de la société. Mais lorsque l’actif social est insuffisant, les associés peuvent être
rendus responsables des dettes sociales. A cet effet, les poursuites exercées, doivent tenir compte
de la forme juridique de la société :

A.1. 5.1 La responsabilité des associés dans les sociétés civiles :

Les sociétés sont considérées civiles uniquement si elles sont régies par les articles 416 et
suivants du code civil.

Ces sociétés présentent un caractère résiduel en ce sens que sont civiles les sociétés qui ne sont
commerciales ni en raison de leur forme ni en raison de leur objet.

Dans ce type de sociétés, les associés sont personnellement et indéfiniment responsables des
dettes sociales, proportionnellement à leurs apports.

A défaut de détermination de leurs apports, la part de chacun dans les dettes sociales est calculée
par la division de la dette sur le nombre d’associés.

A.1. 5.2 La responsabilité des (associés ou) partenaires au sein des groupements :

Le groupement est un instrument de collaboration entre des entreprises préexistantes en vue de


faciliter ou de développer leurs activités Il est doté de la personnalité juridique, par l’effet de son
immatriculation au registre de commerce, mais ce n’est ni une société ni une association et peut
être constitué sans capital.

Les administrateurs de groupements encourent les mêmes responsabilités civiles et pénales que
s’ils étaient administrateurs en leur nom propre. la responsabilité indéfinie et solidaire à l’égard
des tiers du passif du groupement sur le patrimoine propre des membres.

A.1. 5.3 La responsabilité des associés au niveau des sociétés commerciales :

Il s’agit des sociétés régies par le code de commerce et qui réalisent habituellement des actes de
commerce que se soit par leur objet, par leur forme ou même par accessoire.

Le code de commerce algérien, retient la société en nom collectif (SNC), la société en


commandité simple (SCS), la société par actions (SPA), la société en commandité par actions
(SCA), la société à responsabilité limitée (SARL) et enfin l’entreprise unipersonnelle à
responsabilité limitée (EURL).

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A.1. 5.3.a. La société en non collectif (SNC) :

Cette société est également la plus personnelle des sociétés de personnes ou l’intuitus personae
est prédominant. Les associés sont solidairement responsables sur leurs biens personnels de la
totalité des dettes sociales en cas d’insuffisance de l’actif social et d’une manière illimitée.

Par ailleurs, l’entrée d’un nouvel associé le rend solidaire des dettes de la société même si elles
sont antérieures à son entrée ainsi que dans le cas de la pluralité d’associés.

A.1. 5.3.b. La société en commandite simple (SCS)

La société en commandité simple est composée des commandités et des commanditaires.


Les commandités sont dans la même situation que les associés de la société en nom collectif. Ils
ont une position prééminente parfaitement justifiée par la responsabilité qu’ils prennent
solidairement de toutes les dettes de la société.

Les commanditaires, quant à eux, ont une position seconde car ils prennent moins de risques. Ils
ne sont responsables qu’à concurrence de leurs apports.

A.1. 5.3.c. La société à responsabilité limitée (SARL) :

La gestion est confiée à un ou plusieurs personnes physiques nommées par les associés. Les
gérants deviennent civilement responsables de leurs actes concernant leur fonction. Toutefois, La
responsabilité pénale des gérants majoritaires, peut être mise en œuvre par le juge en cas de
manœuvres frauduleuses ou d’inobservation répétée des diverses obligations fiscales.

Quant aux associés, leur responsabilité vis-à-vis de la dette fiscale, est limitée à la valeur de leurs
apports.

A.1. 5.3.d. La société unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) :

L’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée est constituée d’un seul associé, dont le
patrimoine personnel ne se confond pas avec celui de la société, autrement dit, elle fait une nette
distinction entre le patrimoine personnel et social.

En revanche, la responsabilité de son propriétaire en sa qualité d’associé au titre de du passif


fiscal de la société, est limitée à la valeur de ses apports.

A.1. 5.3.e. La société en commandité :

Les commandités gérants, qui dirigent l’exploitation sociale sont solidairement responsables sur
leurs biens personnels des dettes sociales.

Par contre les commanditaires, qui sont des bailleurs de fonds, ne sont responsables que dans la
limite de leurs apports.

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A.1. 5.3.f. les sociétés par actions (SPA) :

Les sociétés par actions (S.P.A) en Algérie sont classifiables, à la fois par:
• l’origine des capitaux qui permettent de les constituer, à savoir celles qui « font publiquement
appel à l’épargne », et celles qui se constituent « sans appel à l’épargne » sur la base d’apports
faits par un petit nombre d’associés (7 au minimum et, en général, moins d’une cinquantaine),

• le type d’organisation choisi pour leur administration et leur direction opérationnelle à savoir
celles qui optent pour un Conseil d’Administration doté d’un Président exerçant ou non les
fonctions de Direction Générale, et celles dotées d’une structure à deux étages et fonctions
distinctes le Directoire et le Conseil de Surveillance.

Ainsi, quelque soit la nature de la SPA, lorsque le passif social excède l’actif social, les
actionnaires risquent de perdre leurs apports, mais ne sont pas responsables sur leurs biens
personnels des dettes sociales.

Par contre, la responsabilité des administrateurs de la société, peut être mise en cause. Cette
solidarité personnelle ressort de l’article 673 du code de commerce qui dispose qu’en cas de de
règlement judiciaire ou de faillite, les membres du directoire et du conseil de surveillance (…)
peuvent être rendus responsables du passif social. Cette responsabilité est solidaire et indivisible
conformément aux dispositions du code de commerce et notamment les articles 648, 649 et 653.

A.1. 5.3.g. les sociétés de fait :

Bien que constituées irrégulièrement, elles se voient appliquer les règles prévues pour les
sociétés en nom collectif afin de protéger les créanciers sociaux.

A.1.6 la responsabilité des parties en matière d’abus de droit

Les dispositions de l’article 44 de la loi de finances pour 2018, créant l’article 19 quinquies du
code des procédures fiscales, permettent de rendre solidaires avec le contribuable redressé, toutes
les parties à l’acte ou à la convention, pour le paiement des droits rappelés, au titre de la
régularisation d’un acte ayant un caractère fictif ou pris uniquement dans le but d'éluder ou
d'atténuer l'impôt.

Cette solidarité n’entraine pas l’application aux parties des sanctions administratives citées par le
même article, notamment :

 l’exclusion du bénéfice de la franchise de la TVA et des régimes dérogatoires


 la possibilité de renouveler une vérification de comptabilité achevée
 la possibilité d’élargir les durées de vérification sur place
 la prorogation du délai de prescription de deux (2) ans
 l’exclusion du droit au sursis légal de paiement de 20 % et de l’échéancier de paiement
 l’inscription au fichier national des fraudeurs

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A. 2 LA SOLIDARITE REELLE

A.2.1 la solidarité réelle pour l’obtention du sursis légal de paiement


Les dispositions de l’article 46 de la loi de finances pour l’année 2017, ont introduit la faculté de
différer le paiement du redressement fiscal sans paiement de l’avance de 30% exigible à l’appui
de la réclamation.
En effet, il a été institué une forme de solidarité permettant au débiteur requérant de différer le
paiement de la partie fiscale contestée en souscrivant à un sursis légal de paiement assorti de
constitution de garanties propres à assurer le recouvrement, sans paiement préalable d’un
quelconque montant.

A.2.2 la solidarité réelle pour l’obtention de la suspension de l’exigibilité immédiate de la


dette fiscale se rapportant à un contrat en fin d‘exécution d’un établissement stable

Les dispositions de l’article 406 du code des procédures fiscales permettent au receveur des
impôts d’exiger des suretés réelles, constituées de garanties bancaires, en vue de suspendre
l’exigibilité immédiate des dettes fiscales se rapportant à un contrat en fin d‘exécution des
entreprises étrangères n‘ayant pas d‘installation professionnelle permanente en Algérie.

Au cas de non présentation de ces garanties, le comptable concerné doit exiger le paiement de
l‘intégralité des sommes mises à la charge de cet établissement stable.

B. LE PRIVILÈGE DU TRÉSOR

B. 1 définition du privilège

Le privilège « est un droit que la qualité de la créance donne à un créancier d’être préféré aux
autres créanciers même hypothécaires ».

Le privilège du Trésor est un privilège général portant uniquement sur les meubles et effets
mobiliers du débiteur de l’impôt, en quelque lieu qu’il se trouve.

Il peut être exercé tant que la créance privilégiée n’est pas atteinte par la prescription.

Le privilège du Trésor garantit le recouvrement :


 Des impôts directs et des taxes assimilées ;
 Des taxes sur le chiffre d’affaires et assimilées ainsi que des taxes recouvrées selon
les mêmes modalités ;
 Des droits d’enregistrement, taxes de publicité foncière, impôt de solidarité, droits
de timbre et autres droits et taxes assimilés et des droits et taxes perçus selon les
mêmes règles ;
 Des droits, taxes redevances, soultes et autres impositions perçus en matière de
contributions indirectes ;

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 De l’ensemble des majorations et pénalités d’assiette et de recouvrement et frais
accessoires appliqués aux droits ci-dessus.

B. 2 classement des privilèges :

Les privilèges fiscaux sont préférés à tous les privilèges mobiliers du code civil à l’exception du
super privilège des salaries de celui des frais de justice lorsqu’ils ont profité au Trésor au Trésor
de liquidation de l’entreprise, et du créancier d’aliments (pension alimentaire).

L’ordre des privilèges fiscaux est le suivant :

 Privilège des impôts directs, des TCA et des taxes recouvrées comme les TCA, qui
ont le même rang ;
 Privilège des taxes des collectivités locales assimilées aux contributions directes ;
 Privilège accordé pour le recouvrement des droits d’enregistrement et taxes perçus
selon les mêmes règles ;
 Privilège des contributions indirectes.

Les majorations et pénalités d’assiette et de recouvrement appliquées à ces divers droits ont
même rang que les droits en principal.

B. 3 la publicité du privilège :

La publicité du privilège du trésor tend à faire connaître aux tiers la situation financière réelle des
débiteurs d’impôt lorsque l’importance des dettes fiscales l’exige. Pour être soumises à la
publicité du privilège les créances du Trésor (y compris les pénalités d’assiette et de
recouvrement privilégiées) doivent remplir certaines conditions qui tiennent à la qualité du
débiteur, à la nature des impositions et au caractère juridique de celles-ci.

Chaque inscription doit être requise auprès du greffe du tribunal ou du liquidateur dans les délais
prescrits. Un bordereau d’inscription, établi en double exemplaire sur un imprimé spécial, est
remis ou adressé au greffier par lettre recommandée avec demande d’avis de réception.
Simultanément le redevable doit être avisé de cette formalité.

Les inscriptions se prescrivent par quatre ans. Il appartient au comptable de renouveler


l’inscription en temps utile.

Le défaut d’inscription d’une créance soumise obligatoirement à la publicité est sanctionné par le
perte du privilège attaché au recouvrement de cette somme en cas d’ouverture d’une procédure
collective.

Les frais de l’inscription sont assimilés à des frais de poursuites et donc mis à la charge du
débiteur.

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C. l’hypothèque légale du trésor :

La loi accorde au Trésor une hypothèque légale sur tous les biens immeubles des redevables pour
le recouvrement des impositions de toute nature et amendes fiscales. Suivant les dispositions de
l’article 388 du CIDTA, cette hypothèque peut être pratiquée dès l’exigibilité du rôle (Elle ne
peut être inscrite qu’à partir de la date à laquelle le contribuable a encouru une majoration ou
pénalité pour défaut de paiement)

Pour faire hypothéquer un bien immobilier au profit du Trésor, le receveur des impôts doit se
rapprocher du conservateur foncier du lieu de situation du bien du débiteur muni des pièces
administratives prévues par la réglementation.

Et si l’inscription ainsi effectuée se trouve précédée d’une hypothèque judiciaire ou


conventionnelle, l’hypothèque du trésor, prend rang à la date de son enregistrement derrière
celles qui l’ont précédé.

L’inscription hypothécaire ainsi effectuée confère au comptable public un droit de suite sans
dessaisir le propriétaire de son droit de propriété sur le bien.

Aussi, si le receveur sera contraint de procéder à la vente du bien hypothéqué, il doit agir comme
s’il s’agit d’une saisie immobilière.

D. la procédure de mutation des cotes d’impositions (LF 2021)

La procédure de mutation des cotes d’impositions permet le transfert de l’imposition au véritable


débiteur de manière à préserver sa survivance après qu’elle fut retirée du passif de celui au nom duquel
elle a été émise. Avant l’intervention de la loi de finances pour 2021, la mise en œuvre de la procédure
de la mutation de cotes était limitée, uniquement, aux seules impositions en matière de la taxe foncière,
prévu par l’article 261 alinéa- m du code des impôts directes et taxes assimilées.

Les dispositions de l’article 62 de la loi de finances pour 2021, modifiant et complétant l'article 95 du
code des procédures fiscales, ont étendu la mise en œuvre de cette procédure aux personnes usurpatrices
d’identité ou agissant sous des prête-noms ayant réalisé d’opérations imposables aux noms de tiers que la
justice a innocentés.

En effet, la victime de ces agissements, une fois qu‘il eut obtenu par voie judiciaire sa disculpation des
faits qui lui sont reprochés, en apportant la preuve attestant du véritable auteur des opérations
commerciales réalisées, se trouve conséquemment déchargé par voie contentieuse des impositions
rappelées, par contre, l‘administration fiscale ne pourra pas procéder au recouvrement desdits impayés,
d’où le recours à la mesure sus signalée pour leur mise à la charge du véritable débiteur, en l’occurrence,
l’usurpateur d’identité, dont la responsabilité est mise en cause par le même jugement pénal prononçant
l’acquittement de la tierce personne dont l’identité a été usurpée.

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XIII- LE TRAITEMENT COMPTABLE DES RESTES A RECOUVRER

Le traitement comptable des restes à recouvrer permet au comptable assignataire de dégager sa


responsabilité sous certaines conditions. En Algérie, le dispositif en vigueur est défini par les
dispositions de l’article 94 du code des procédures fiscales.

Il repose sur trois (03) procédures :

 L’admission en non valeurs,


 L’admission en surséance,
 La demande en décharge ou en atténuation de responsabilité.

A. L’ADMISSION EN NON VALEURS

L’admission en non valeurs est une procédure qui permet aux receveurs des impôts de demander
à partir de la cinquième (05) année qui suit la date de mise en recouvrement du rôle, l’admission
en non-valeur des cotes irrécouvrables à l’appui de pièces justifiant l’irrécouvrabilité tels que les
PV de disparition du débiteur, les certificats d’indigence, etc.
L’admission en non-valeur a pour seul effet de décharger le receveur des impôts de sa
responsabilité, mais ne libère pas les contribuables à l’égard desquels l’action coercitive doit être
reprise, s’ils reviennent à meilleure fortune, tant que la prescription n’est pas acquise.
En pratique, sont considérées comme irrécouvrables les créances de toute nature dont le
recouvrement ne peut être assuré en raison, soit de la situation du redevable (insolvabilité,
disparition, etc.), soit du refus du wali et/ou du juge d’autoriser les poursuites soumises à leur
accord.

A cet effet, il est fait obligation au receveur de produire toute pièce pouvant étayer
éventuellement l’irrécouvrabilité des créances notamment, les dossiers de poursuites contenant
les copies de tous les actes signifiés, les copies conformes aux originaux des extraits de
jugements et des attestations d’incarcération , les certificats de décès et enfin des procès-verbaux
de carence.

Les rejets de demandes d’admission en non-valeur sont motivés et toute information susceptible
d’en permettre le recouvrement est communiqué au comptable.

Les dispositions de l’article 53 de la loi de finances pour 2018, modifiant et complétant les
dispositions de l’article 94-1 du code des procédures fiscales, ont assouplit ce dispositif pour
permettre l’assainissement des impayés fiscaux qui s’accumulent d’année en année.

Cette simplification est matérialisée par les deux (02) mesures suivantes :

 L’admission en non-valeur peut être demandée par le comptable avant la cinquième (05)
année qui suit la date de mise en recouvrement du rôle, dans le cas où l'irrécouvrabilté des
cotes prises en charge est établie.

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 Les cotes ne dépassant pas un seuil, fixé par voie réglementaire, peuvent être admises en
non-valeur à partir de la cinquième (5) année qui suit la date de mise en recouvrement du
titre, sans présentation de justificatifs.

B. l’admission en surséance :

L’admission en surséance des impôts et taxes est une admission en non valeurs sans motifs ou
pièces justificatives, des impositions fiscales prises en charge depuis dix ans n’ayant pas fait
l’objet d’admission en non valeur. Elle se traduit par un assainissement automatique des restes à
recouvrer dès qu’ils atteignent dix (10) années d’existence.

Ce procédé ne doit pas être assimilé à la prescription décennale du moment qu’il libère
uniquement le comptable.

C. la demande en décharge ou en atténuation de responsabilité.

La demande en décharge ou en atténuation de responsabilité concerne les cotes qui, ayant figuré
sur des états de cotes irrécouvrables, ont été rejetées desdits états. Autrement dit, elle porte sur les
restes à recouvrer non admis en non valeurs, pour lesquels le comptable insiste pour les dégager
de ses prises en charge. Pour l’appréciation de cette responsabilité, il est tenu compte des
difficultés de recouvrement propres au poste géré et de la situation du service.

Si la demande en décharge ou en atténuation de responsabilité est rejetée du fait que le


recouvrement de la créance fiscale paraît susceptible d’être ultérieurement obtenu, un sursis de
versement peut être accordé au receveur par son chef hiérarchique ou l’autorité chargé de
l’apurement.

CONCLUSION
Le recouvrement est l'acte par lequel le comptable public fait diligence pour que les créances
publiques soient payées par les contribuables.
Les services du Trésor en charge du recouvrement sont représentés par l’ensemble des régies du
Ministère des finances, essentiellement la DGI et la DGC dont les comptables qui leur sont
rattachés disposent des prérogatives de recouvrement forcé et assurent la perception de la partie
importante de la fiscalité.
Le recouvrement forcé des créances publiques est effectué par une catégorie d'agents habilités à
instrumentaliser les actes de poursuites, nommés agents de poursuites par arrêté du Ministre en
charge des Finances ou de son représentant, et porteurs d'une commission d'emploi. Ils prêtent
serment devant les juridictions avant de prendre fonction.
Par ailleurs, en vertu de son statut privilégié, le trésor peut exercer les poursuites contre le
redevable inscrit sur le titre de créance, ses représentants, ses ayants droit ou ayants cause, les
tiers responsables (ex : le père, le conjoint, le locataire principal, le propriétaire) et enfin les tiers
détenteurs.

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Les reliquats non recouvrés traînés comme prises en charges, ne sont pas automatiquement mis à
la charge des comptables assignataires, en ce sens que, ces derniers exercent le métier de
perception des impôts et taxes sans qu’ils réunissent au préalable les conditions statutaires
requises pour répondre aux conséquences administratives de l’obligation d’apurement des rôles.

En revanche, la mise en débet classique qui consiste à faire payer systématiquement le comptable
public pour une créance non recouvrée à l’expiration du délai d’apurement du rôle au lieu et
place du débiteur, n’est pas mise en œuvre d’où l’accumulation des restes à recouvrer.

La mise en œuvre de cette responsabilité spécifique (personnelle et pécuniaire) est une condition
primordiale pour l’amélioration du recouvrement des créances publiques, mais nécessite
toutefois, l’installation du receveur des impôts dans son propre environnement statutaire
« administratif et comptable » à travers l’application des textes se rapportant à cette
problématique, notamment le décret exécutif n° 91-312 du 07/09/1991 fixant les conditions de
mise en jeu de la responsabilité des comptables publics, les procédures d’apurement des débets et
les modalités de souscription d’assurance couvrant la responsabilité civile des comptables
publics.

Ce préalable permettra d’éclaircir les modalités de mise en œuvre de la tutelle triptyque exercée
sur les comptables publics, et localiser ainsi avec précision, l’institution publique, autre que
l’administration fiscale, au quelle revient le premier rôle de dynamisation et de réhabilitation des
attributions du Trésor en matière de perception des impôts et taxes.

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