Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
a. Définitions
L’inflation
Déflation, désinflation
La déflation est la baisse du niveau général des prix qui accompagne les dépressions
économiques crise de 1929, / à ne pas confondre avec la désinflation années 1980, qui
correspond à la baisse de l’inflation.
b. Mesures
La qualité de l’indice dépend de trois facteurs qui relèvent du choix et des moyens du
statisticien. Il faut des prix en quantité suffisante. Les prix doivent être assez nombreux pour
représenter l’ensemble des biens et services d’une part, et la diversité des réseaux de distribution
d’autre part / La pondération affectée à chaque produit doit refléter la réalité. L’importance
accordée à chaque produit du panier doit prendre en compte la diversité des types d’acheteurs.
C’est d’ailleurs pourquoi l’Insee propose, en plus de l’indice général, des indices relatifs à
différents budgets / Enfin, il faut prendre en compte l’amélioration des produits.
L’augmentation pour l’acheteur du prix d’un bien peut être équivalente à une baisse si la qualité ou
les performances du produit se sont améliorées. Ces choix toujours contestés sont à l’origine de
polémiques. L’inflation est en effet différente selon les pondérations choisies.
L’indice implicite des prix du PIB sert à mesurer l’évolution du niveau moyen des prix de
tous les biens et services produits dans l’économie, entre la période courante et la période de
référence. Pour ce faire on divise le PIB nominal par le PIB réel, et on en multiplie le résultat
par 100. Cet indice est implicite car il est théoriquement déduit par cette formule mathématique. Il
est connu de façon peu fréquente et ne permet donc pas de suivre de façon continue l’évolution de
l’inflation.
cmbw
Le retour de l’inflation signe un tournant de la mondialisation, Éric le Boucher, Les Échos 2016
Durant le IIIème siècle, l’Empire romain subit une très forte inflation. En effet, pendant
la Crise du Troisième Siècle, la monnaie romaine est dévaluée à cause des nombreux empereurs
et usurpateurs qui ont inconsidérément frappé monnaie afin de payer soldats et fonctionnaires
malgré des levées d’impôt insuffisantes. Entre le 20 novembre et le 9 décembre 301, l’empereur
Dioclétien publie l’Édit du Maximum ou Édit de Dioclétien afin de stabiliser la monnaie et de
réformer le régime fiscal. Ainsi, ceux qui frappent monnaie de manière inconsidérée sont
condamnés à mort. L’Édit est un échec, et il faut attendre la réforme de l’empereur Constantin
de 310 pour que l’économie romaine soit à nouveau stable.
Au XVIe siècle, la controverse entre Bodin et Malestroit est le premier débat sur l’inflation.
En 1566, Malestroit défend l’idée que la hausse des prix n’est qu’une illusion. Les pièces
contiennent de moins en moins de métaux précieux au XVIe siècle, la monnaie s’est donc
dépréciée. Toutefois, le prix des denrées en termes de métaux précieux n’a pas augmenté, il n’y a
donc pas d’inflation, mais comme il faut de plus en plus de pièces pour fournir la quantité de
métaux précieux demandée, il y a l’illusion d’une inflation. En 1568, Bodin répond que la hausse
des prix est engendrée par les flux massifs de métaux précieux entrant en Europe depuis la
découverte des mines d’argent et d’or d’Amérique du Sud, par la spéculation des producteurs de
céréales stockant les grains en attendant la hausse des prix, et par les dépenses de guerre et
d’apparat qui sont improductives, et qui développent ainsi l’insuffisance de l’appareil productif
insuffisance de l’offre. Bodin est ainsi un des premiers à énoncer la théorie quantitative de la
monnaie. Face à l’inflation, il préconise le libre-échange afin de faire circuler l’or en dehors des
frontières.
b. Le XIXème siècle
Au XIXème siècle, à court terme, les prix sont extrêmement fluctuants, mais à long
terme, ils se révèlent relativement stables. En effet, en 1913, le niveau général des prix n’est
pas plus élevé que celui du début du XIXème siècle. Cela semble être lié au fait que les
fluctuations de courte durée recouvrent les cycles Juglar et les fluctuations de longue durée aux
cycles Kondratiev les fluctuations économiques sont liées aux fluctuations des prix. Cette
stabilité est fondamentalement due au système d’étalon bimétallique or-argent.
cmbw
Le retour de l’inflation signe un tournant de la mondialisation, Éric le Boucher, Les Échos 2016
Observations empiriques
En effet, on observe 0.25% d’inflation par an dans une France où les gains de productivité
dans l’agriculture sont faibles selon Morineau / On observe une baisse des prix industriels dans
les principaux pays parallèle aux gains de productivité. Ces derniers provoquent une baisse des
coûts unitaires de production, et couplés à de faibles débouchés et à une concurrence vive entre
producteurs, la baisse des prix est mécanique / On observe des épisodes d’inflation ponctuels liés
aux cycles Kondratiev guerres napoléoniennes, guerre de Sécession, boom des chemins de fer…
cmbw
Le retour de l’inflation signe un tournant de la mondialisation, Éric le Boucher, Les Échos 2016
a. L’instabilité de l’entre-deux-guerres
Une tendance générale à l’inflation qui ne doit pas masquer les différences
Il y a une tendance à l’inflation dans les PDEM jusqu’à la crise de 1929, notamment dans
les lieux de conflit et aux USA 15% par an entre 1916 et 1920. On observe toutefois des
différences importantes. Le Royaume-Uni subit la déflation, tandis que démarre l’hyperinflation
allemande en 1923.
L’hyperinflation allemande
Dans Le Monde d’hier, souvenirs d’un européen, 1944, Stefan Zweig explique ainsi que
l’inflation est telle qu’il apparaît un nouveau métier, « l’accapareur ». Il s’agit d’un agent chargé
d’un ou deux sacs à dos rempli de rentenmark, qui achète des denrées aux paysans à 5 fois leur
valeur au moment de l’achat, puis qui les revend 5 à 15 fois plus cher le lendemain. Les paysans
découvraient ensuite en allant en ville que « tandis qu’ils n’avaient exigés que le quintuple pour
leur denrées, les prix de la faux, du marteau, du chaudron qu’ils voulaient acheter avaient entre-
temps été multipliés par vingt, par cinquante. Dès lors, ils ne songeaient plus qu’à se procurer des
objets manufacturés et exigeaient le paiement en nature, marchandise contre marchandise ».
L’inflation est donc tellement intense que le troc est revenu en Allemagne.
L’inflation en France
« C’est la première guerre mondiale qui marque la véritable entrée de la France dans l’ère
de l’inflation “moderne” » - Thomas Piketty, Les hauts revenus en France au XXe siècle, 2001.
Le taux d’inflation annuel moyen en France sur l’ensemble du XXème siècle est de 8%, soit
des prix de détail multipliés par 2000 sur 100 ans (1+0.08)^100 ≈ 2000. De 1914 à 1920 on
observe une phase inflationniste liée à la guerre puis à la reconstruction / De 1921 à 1922 on
observe une période de déflation à l’occasion d’une récession économique sévère / De 1923 à
1929 on observe une reprise de l’inflation, en particulier sous le cartel des gauches, avant que
Poincaré ne la combatte par un plan de stabilisation / De 1930 à 1934 on observe une période de
déflation du fait de la Grande Crise / À partir de 1937 on observe un retour de l’inflation à la suite
des mesures du Front Populaire accords de Matignon qui entrainent une brusque hausses des
salaires. Sous l’Occupation et à la Libération, le taux d’inflation avoisine les 50% et atteint 58% en
1948. Depuis 1945, l’inflation ne provoque plus en réaction la déflation mais la désinflation.
cmbw
Le retour de l’inflation signe un tournant de la mondialisation, Éric le Boucher, Les Échos 2016
1953-59 2 3 2 5 3
1960-68 2 5 3 4 4
1969-73 5 7 6 6 8
1974-79 8 8 5 11 16
1980-86 8 2 4 12 11
L’inflation conjoncturelle
L’inflation structurelle
Les Trente Glorieuses sont une ère d’inflation permanente bien que modérée. On mesure
5% d’inflation en moyenne sur la période dans les pays de l’OCDE. Cela est lié à un contexte
institutionnel favorisant la hausse des prix et des salaires consommation de masse, compromis
fordiste, Etat providence / Augmentation des coûts de production dans le secteur industriel, en
particulier des salaires accords de Grenelle en France en 1968, +35% SMIG / Généralisation des
politiques macroéconomiques de régulation conjoncturelle à l’origine d’une inflation de tendance
stop and go sous Kennedy et Johnson aux USA / Hausse de l’inflation dans les pays à économie
d’endettement dont le financement repose sur le crédit bancaire France, Japon.
Les politiques monétaires monétaires restrictives depuis le tournant initié par la FED à
l’arrivée de Volcker 1979 / Le contre-choc pétrolier qui produit une baisse du prix du baril et des
produits de base 1986 / Affaiblissement des syndicats sous Reagan et Thatcher ils négocient
moins bien les salaires / Les salaires ne sont plus strictement indexés sur l’inflation / Baisse du
salaire minimum / On observe toutefois une reprise de l’inflation entre 1987 et 1990 dans la plupart
des pays de l’OCDE. Ainsi, dans le cas de la France, l’inflation passe de 2,8% en 1987, à 3,4% en
1989. Il y a également une légère reprise de l’inflation en Allemagne du fait de la réunification.
cmbw
Le retour de l’inflation signe un tournant de la mondialisation, Éric le Boucher, Les Échos 2016
Fin
cmbw