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Jusqu'en octobre 2012, la hausse des prix en France était proche de 2% en rythme annuel. Elle
avoisine aujourd'hui les 0,5%. Certes, le taux d'inflation recule, mais il reste toujours positif.
La France se trouve donc en désinflation, qui désigne un phénomène de ralentissement de
l'inflation, et non pas en déflation. A l'inverse, un pays comme l'Espagne, qui a annoncé un
recul de ses prix à la consommation en juillet après une inflation nulle en juin, est entré dans
un cycle de déflation.
La glissade saisonnière des prix que la France a connue en juillet 2014 ne la condamne pas
encore à la déflation mais entretient l'inertie économique tout en neutralisant les efforts de
rigueur budgétaire. Dans une France où l'investissement des entreprises est figé et la dépense
publique comprimée, la consommation est le dernier relais de croissance.
La France, qui doit négocier à la rentrée ses objectifs budgétaires avec Bruxelles et donc
l'Allemagne, aurait tout intérêt à dramatiser la situation pour préparer ses voisins européens au
dérapage de son déficit. On peut imaginer qu'il y ait des risques. Les prix ne sont, en effet, pas
très dynamiques. Mais la politique monétaire est souple, les dépenses publiques et les salaires
augmentent. Ce qui soutient l'activité. Le vrai risque pour les économies modernes, ce n'est
pas la déflation mais l'inflation.
Le monde a connu deux grandes périodes de déflation: la Grande Dépression des années 1930
aux États-Unis et le Japon dans les années 1990 et 2000. Entre décembre 1929 et mars 1933,
les prix ont baissé de 27 % aux États-Unis. Ce net recul s'est ajouté à l'effondrement de la
demande et de l'activité. L'emploi a baissé de 16 % en trois ans et l'ensemble des salaires
versés a subi un recul de plus de 40 %, créant dans le pays une situation sociale dramatique.
Quant au Japon, le pays a connu durant vingt ans une période déflationniste après l'éclatement
en 1991 d'une bulle spéculative immobilière et boursière. L'économie a plongé dans la
récession, la Banque centrale du Japon (BoJ) a baissé les taux d'intérêt jusqu'à 0,5% en 1995,
puis à 0% entre le début de l'année 1999 et la fin de l'année 2000.
L'Insee a annoncé une baisse des prix de 0,3% sur le mois de juillet en France. Une faible
inflation combinée à une croissance nulle relance les inquiétudes de propagation de la
déflation en Europe, le pire des scénarios pour réduire les déficits.
Le spectre de la déflation plane sur l'économie française. De fait, alors que la croissance reste
peu dynamique en France, les prix à la consommation ont flanché en juillet par rapport à juin,
reculant de 0,3% après trois mois de stabilité. De juillet 2013 à juillet 2014, l'indice des prix à
la consommation a augmenté de 0,5%, et de 0,4% hors tabac, a indiqué l'Institut national de la
statistique et des études économiques. Ce taux d'inflation annuel est resté le même qu'en juin,
après 0,7% en avril et en mai.
Cette baisse des prix ne se limite pas à la France puisque en Allemagne, Espagne ou au
Portugal, l'inflation reste également extrêmement faible. Les prix à la consommation ont chuté
de 0,3% en Espagne en juillet par rapport au même mois de 2013, leur plus forte baisse depuis
octobre 2009, selon les chiffres définitifs publiés mercredi par l'Institut national de la
statistique (Ine). De même en Allemagne, l'indice des prix à la consommation a progressé de
0,3% en juillet par rapport au mois précédent et de 0,8% sur un an, le plus faible niveau
depuis février 2010, selon l'Office fédéral des statistiques. Le Portugal, lui, est déjà entré en
déflation avec un taux d'inflation annuel négatif.
Si en apparence, une baisse des prix est une bonne nouvelle pour les consommateurs, en
réalité elle est la bête noire du gouvernement. Un pays ou un continent en situation de
déflation combine une croissance nulle à une inflation négative. Un scenario dangereux pour
un État car elle complique la réduction des déficits. Une baisse des prix entraîne
automatiquement une hausse des taux d'intérêt réels et accroît ainsi artificiellement les déficits
publics. Par exemple, si les taux d'emprunt s'élèvent à 3% avec une baisse des prix à 1%, les
taux réels augmentent à 4%. Ainsi, les investissements des entreprises sont également
reportés.
De même, une baisse des prix a un impact sur la psychologie des consommateurs: ces derniers
anticipent une nouvelle baisse des prix et préfèrent ainsi remettre leurs achats à plus tard ce
qui provoque une baisse de la consommation.
Dans un tel contexte, les stocks des entreprises s'amoncellent dans les usines. Pour les
écouler, les entreprises baissent leur niveau de production et aussi leur prix...confirmant les
anticipations des consommateurs et entretenant un véritable cercle vicieux.
Déflation, désinflation, Le Figaro 14/08/14
4°) Qu’est-ce qu’un taux d’intérêt ? Un taux d’intérêt nominal ? Un taux d’intérêt réel ?
Taux d’intérêt : prix payé par un agent économique bénéficiant d’un crédit (ce qui se traduit
pour lui par un taux d’intérêt débiteur) contre un prix reçu par un agent économique prêteur
(ce qui se traduit pour lui par un taux d’intérêt créditeur) ; les taux d’intérêt sont soit à CT,
MT, LT. Il existe des différences de taux d’intérêt en fonction de la solvabilité des
emprunteurs.
Taux nominal est établi en fonction d’un prix courant ;
Taux réel : taux nominal – le taux d’inflation.
Pour les néoclassiques, le taux d’intérêt représente le prix du temps ; pour les keynésiens, le
taux d’intérêt représente le prix de la liquidité.
Si comme dans l’article, le taux d’emprunt s’élève à 3%, la baisse des prix à 1%, le taux réel
devient égal à 4% ; ce qui n’est pas neutre pour un agent économique emprunteur. On imagine
l’impact sur une économie lorsqu’un taux déflationniste renchérit immanquablement le taux
réel ; ce qui constitue une mauvaise nouvelle pour les emprunteurs ; une meilleure nouvelle
pour les épargnants.