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INTRODUCTION

De nos jours, avec la prédominance de l’idéologie capitaliste, tous les agents économiques
aspirent à un financement pour satisfaire à des besoins aussi divers que variés. Cela est vrai
pour les entreprises, mais cela l'est aussi pour les ménages et les administrations publiques.

Parmi ces agents économiques, on en distingue deux types : les agents à capacité de
financement et les agents à besoin de financement.

Les agents à capacité de financement sont les agents économiques dont les revenus sont
supérieurs aux dépenses. Une fois leurs dépenses courantes et leurs investissements financés,
ils disposent d'excédents financiers. Ils s'autofinancent et réalisent une épargne financière, qui
peut être placée.

Les agents à besoin de financement, quant à eux, sont les agents économiques dont les
dépenses excèdent les revenus. Ils ne peuvent se financer qu'en faisant appel à d'autres agents.
Ils doivent donc se procurer un financement externe.

On se rend compte qu’au centre du problème du financement de l’économie se trouve


l’épargne qui est définie par l’économiste anglais John Maynard Keynes (5 juin 1883 - 21
avril 1946) comme le reliquat du revenu après consommation. Les économistes en général la
considèrent comme une consommation différée dans le temps qui se calcule de la manière
suivante : Épargne = Revenu disponible – Consommation.

C’est l’épargne qui finance les activités économiques en empruntant deux voies.

Une voie indirecte qualifiée de financement indirect ou intermédié et une voie directe
qualifiée de financement direct ou désintermédié ;

Le financement indirect ou intermédié est généralement un financement d'origine bancaire.


Les intermédiaires financiers collectent les fonds des agents à capacité de financement et les
prêtent aux agents à besoin de financement. Ils se font rémunérer pour ce service par le biais
des intérêts qu'ils font payer aux demandeurs de capitaux.

S’agissant du financement direct ou désintermédié, les agents à besoin de financement


obtiennent des ressources directement auprès d'un agent à capacité de financement sans
passer par un intermédiaire.

Pour ce faire, l'agent à besoin de financement émet des titres (actions, obligations..) qui sont
acquis par les agents ayant des excédents de financement. La transaction s'effectue sur le
marché des capitaux à court terme (marché monétaire) ou à long terme (le marché
financier).

La banque est la grande pourvoyeuse du financement indirect et intermédié car elle


s’interpose entre le déposant de fonds et l’emprunteur.

La bourse quant à elle est le symbole du financement direct et désintermédié car elle met face
à face offreurs et demandeurs de capitaux.
Ce sont donc deux institutions, banque et bourse qui sont des foyers de flux financiers en
direction des personnes morales et personnes physiques et qui soutiennent les économies.

L’emprise de la banque et de la bourse dans la vie des entreprises et des individus est donc
indéniable. Aucune entreprise en effet ne peut exister et fonctionner de nos jours sans recours
à la banque.

De même la généralisation du système boursier tant au niveau des pays développés qu’à celui
des pays en développement et la multiplication des opérations sur produits dérivés sont le
témoignage du rôle incontournable du marché financier dans le monde moderne. De telles
institutions ne pouvaient donc pas fonctionner sans qu’elles soient régies par des textes qui
définissent leur statut, celui des personnes qui y travaillent et les opérations qui y sont traitées.

La démarche pédagogique nous conduira donc à étudier séparément ces deux institutions. A
cette étude, il faut ajouter celle de l’activité de crédit au moyen de laquelle la banque réalise le
financement indirect ou intermédié.

Notre étude se fera donc en trois parties :


1ère partie : Eléments de droit bancaire
2ème partie : Eléments de droit du crédit
3ème partie : Eléments de droit de la bourse
1ERE PARTIE : ELEMENTS DE DROIT BANCAIRE
Selon la définition qui est souvent adoptée par la doctrine, la notion de banque évoque deux
idées essentielles ; d’une part la notion de banque renvoie au commerce de l’argent ; cette
expression signifie que l’activité bancaire concerne les opérations qui ont pour objet des
opérations monétaires ou de crédit. D’autre part la banque renvoie à l’Entreprise, c'est-à-dire
l’entité spécialisée qui exerce ce commerce de l’argent.

A partir de cette définition il est facile de constater que la banque ou les banques exercent une
activité déterminante pour les économies nationales puisqu’elles financent une très grande
partie non seulement de l’activité des entreprises qu’elles soient commerciales, industrielles
ou artisanales mais aussi les activités des ménages et des particuliers.

Cette importance de la banque, perçue par les Etats ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte à
de nombreuses années avant notre ère. Depuis l’antiquité jusqu’à l’époque contemporaine. (I)
Les règles qui la régissent ont aussi traversé les temps et proviennent de sources diverses.
C’est de ces règles qu’on va déterminer le statut de la banque (II) ainsi que son
fonctionnement (III).
SECTION I : RAPPEL HISTORIQUE ET SOURCES DU DROIT
BANCAIRE

PARAGRAPHE 1 : RAPPEL HISTORIQUE

A) La Banque de l’Antiquité au 19ème siècle

Les origines de la banque remontent à l'antiquité. En effet, 3000 ans avant J.-C., on a
découvert des traces d'activités bancaires en Mésopotamie. Par exemple, dans la ville d'Ur
c'est le Temple qui joue le rôle de banque et les prêtres et prêtresses celui de banquier en
acceptant les dépôts d'argent et en prêtant de l'argent aux souverains puis aux marchands.
Chaque citée grecque était indépendante et frappait sa propre monnaie, les changeurs de
monnaie étaient donc indispensables au bon développement du commerce.
C'est ensuite à Rome que les activités bancaires se sont vraiment développées et que les bases
juridiques des opérations financières ont été posées.

Le mot "banque" dérive de l'italien "banca" qui désigne un banc en bois sur lequel les
changeurs du Moyen Âge exerçaient leur activité. Les premiers banquiers de cette époque
sont les changeurs.

Dès le XIIe siècle, le développement du commerce permet aux banques de s’implanter un peu
partout en Europe. La première banque a été créée à Venise en 1151, tandis que la ville de
Florence devient une place bancaire de tout premier plan.

Mais les fondements de la banque moderne se mettent en place pendant la Renaissance. Les
premières banques publiques et les premières bourses apparaissent, tandis que les banques
privées connaissent une expansion en Europe.

A partir du 17ème siècle la naissance du papier-monnaie révolutionne le monde de la banque et


de la finance. Les banques centrales comme la Banque d'Angleterre font leur apparition pour
financer les Etats et pour contrôler l'émission de l’argent. Peu à peu leur rôle a été précisé et
elles sont devenues en quelque sorte la banque des banques dans chaque pays.

La Banque de France a été créée le 18 janvier 1800 par le Premier Consul Napoléon
Bonaparte.

Le 19ème siècle est l'âge d'or des banques. C’est la période de croissance et de stabilité des
banques. C'est à cette période que vont se développer la monnaie fiduciaire et la monnaie
scripturale.

B) Le XXème siècle l’âge du nouvel essor de la banque

Après la guerre 1914-18, l'histoire de la banque s’est vue conditionner par le développement
de l'économie et l'organisation des systèmes bancaires. Les Etats jouent un rôle de plus en
plus important dans le système bancaire.

Depuis cette époque la banque est un établissement de crédit pouvant effectuer toutes
opérations de banque: recevoir des dépôts, accorder des crédits à tout type de clientèle et pour
toute durée, mettre en place et gérer des moyens de paiement, effectuer des opérations
connexes à son activité principale : (change, conseils et gestion en matière de placement,
conseils et gestion en matière de patrimoine pour les particuliers, conseils et gestion au
service des entreprises).

L’Etat renforce son autorité sur les banques et impose des contrôles réguliers. Cela est
d’autant plus nécessaire lorsque survient la crise boursière de 1929 (chute brutale et durable
des cours de la Bourse). Ainsi, aux États-Unis, le président Roosevelt sépare de manière
stricte les banques d’affaires (destinées aux grandes entreprises) des banques de dépôts (pour
les particuliers et les petites entreprises). En 1945, la France nationalise (le propriétaire
devient alors l’Etat) un certain nombre de banques, dont la Banque de France.

Dans la seconde moitié du XXe siècle (à partir des années 1960), les banques connaissent un
nouvel essor. Les personnes sont de plus en plus nombreuses à posséder un compte bancaire.
De nouveaux clients apparaissent : les femmes, les jeunes et les enfants par l’intermédiaire de
leurs parents. De nouveaux moyens de paiements naissent : la carte bancaire, par exemple.
Dans le même temps, les groupes bancaires grossissent. Leurs établissements travaillent dans
le monde entier : Europe, Amérique, Asie, Afrique. Leurs activités se diversifient :
investissement dans l’industrie et l’immobilier, présence sur les marchés financiers.

En Côte d’Ivoire la première banque à voir le jour, est la BIAO devenue NSIA BANQUE,
dont la première agence a été installée en 1906 à Grand Bassam. A ce jour on dénombre en
Côte d’Ivoire, 27 établissements de crédit qui ont eu l’agrément d’exercer comme banque, ce
sont :

LISTE DES BANQUES (28)


(25 FILIALES)
 BANQUE INTERNATIONALE POUR LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE DE LA COTE
D’IVOIRE (BICICI)
 NSIA BANQUE COTE D’IVOIRE (NSIA BANQUE CI)
 SOCIETE IVOIRIENNE DE BANQUE (SIB)
 SOCIETE GENERALE COTE D’IVOIRE
 CITIBANK COTE D’IVOIRE (CITIBANK CI)
 BANK OF AFRICA - COTE D’IVOIRE (BOA - COTE D’IVOIRE)
 BANQUE ATLANTIQUE COTE D’IVOIRE (BACI)
 ECOBANK - CÔTE D’IVOIRE (ECOBANK)
 BANQUE DE L’HABITAT DE COTE D’IVOIRE (BHCI)
 BANQUE NATIONALE D’INVESTISSEMENT (BNI)
 STANDARD CHARTERED BANK COTE D’IVOIRE
 AFRILAND FIRST BANK COTE D’IVOIRE
 VERSUS BANK
 ORABANK - COTE D’IVOIRE
 BRIDGE BANK GROUP COTE D’IVOIRE (BBG - CI)
 UNITED BANK FOR AFRICA (UBA)
 BANQUE SAHELO-SAHARIENNE POUR L’INVESTISSEMENT ET LE COMMERCE -
COTE D’IVOIRE (BSIC - COTE D’IVOIRE)
 BGFIBANK CÔTE D’IVOIRE
 BANQUE POPULAIRE DE COTE D'IVOIRE (BANQUE POPULAIRE)
 GUARANTY TRUST BANK CÔTE D’IVOIRE (GTBANK - CI)
 CORIS BANK INTERNATIONAL COTE D’IVOIRE (CBI - CI)
 BANQUE DE L’UNION - COTE D’IVOIRE (BDU-CI)
 STANBIC BANK
 BANQUE D'ABIDJAN
 MANSA BANK
(3) SUCCURSALES
 NSIA BANQUE BENIN, SUCCURSALE DE COTE D'IVOIRE
 BANQUE MALIENNE DE SOLIDARITE, SUCCURSALE DE COTE D’IVOIRE (**)
DÉCISION EN ATTENTE DE NOTIFICATION
 BANQUE RÉGIONALE DES MARCHÉS, SUCCURSALE DE COTE D’IVOIRE
2 ETABLISSEMENTS FINANCIERS A CARACTERE BANCAIRE
 SOCIETE AFRICAINE DE CREDIT AUTOMOBILE (SAFCA - ALIOS FINANCE)
 FIDELIS FINANCE BURKINA FASO (FIDELIS-FINANCE BF), SUCCURSALE DE
COTE D’IVOIRE
MODIFICATIONS INTERVENUES SUR LES ETABLISSEMENTS BANCAIRES
 Agrément de Mansa Bank en qualité de banque par arrêté ministériel
n°072/MEF/DGTCP/DECFinEX du 7 février 2019.
 Modification de la dénomination sociale de la Caisse Nationale des Caisses d’Épargne, en
abrégé CNCE, en Banque Populaire de Côte d'Ivoire, en abrégé BANQUE POPULAIRE par
arrêté ministériel n°076/MEF/DGTCP/DECFinEX du 18 février 2019.

RADIATION
L’agrément de Crédit Solidaire, en qualité de banque, a été retiré par arrêté ministériel
n°251/MEF/DGTCP/DT du 6 septembre 2011
L’agrément de la Banque pour le Financement de l’Agriculture, en qualité de banque, a été
retiré par arrêté ministériel n°215/MPMEF/DGTCP/DT du 30 septembre 2014

De ces établissements de crédit, trois (3) ont la qualité de banque publique, leur capital social
étant constitué principalement de capitaux publics, ce sont la BNI, la CNCE, et Versus Bank.
Les autres sont des banques privées constituées essentiellement par des capitaux privés, même
si dans certaines d’entre elles, l’Etat détient des actions.

PARAGRAPHE II- LES SOURCES DU DROIT BANCAIRE

Le droit bancaire en Côte d’Ivoire, tire sa source de la loi, des règlements, des usages et
nécessairement de la jurisprudence et de la doctrine.

A. Les sources législatives

En Côte d’Ivoire c’est l’ordonnance n°2009-385 du 1er décembre 2009 portant


réglementation bancaire qui ayant abrogé et remplacé la loi n°90-585 du 25 juillet 1990,
renferme les dispositions applicables aux banques. Cette loi est la version ivoirienne de la loi
cadre bancaire que les Etats membres de l’UEMOA ont l’obligation d’introduire dans leur
droit positif, ou interne sans possibilité de modification. Cette loi bancaire aborde
successivement les questions qui concernent l’agrément et le retrait d’agrément des banques,
le domaine d’application de la réglementation bancaire, le statut des dirigeants et du personnel
des banques, les questions relatives à la forme juridique des banques, au capital social des
banques, aux opérations bancaires, les relations entre la banque centrale et la commission
bancaire, le contrôle des banques et les sanctions en cas de manquement aux règles régissant
l’activité (bancaire).

Cette loi est le texte fondamental du droit bancaire en Côte d’Ivoire. Elle n’est pas pour autant
le seul texte qui prévaut en la matière. Les règles générales du code civil, du code pénal, et de
l’organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA), de la loi
numéro 2016-412 relative à la consommation, de la loi n°2015-905 portant organisation du
crédit bail, s’appliquent notamment aux opérations bancaires, la banque étant considérée
comme une entreprise faisant le commerce de l’argent.

B. Les sources réglementaires et les usages

1) Les sources réglementaires

Les actes réglementaires régissant l’activité bancaire proviennent de plusieurs autorités dont:
le ministère en charge des finances, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
(BCEAO), la Commission Bancaire et le Conseil des Ministres de l’Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).

a. Le Ministère en Charge des Finances

Ce ministère joue un rôle important dans le système bancaire. Il lui revient de définir les
règles organiques et l’orientation des organismes publics ou privés intervenant dans le
domaine de la monnaie ou du crédit.

Globalement c’est ce ministère qui exerce la tutelle administrative et technique sur les
banques et établissements financiers. A ce titre il prend de nombreux arrêtés qui ont vocation
à s’appliquer aux divers domaines de l’activité bancaire.

EX : il est compétent pour prononcer ou retirer l’agrément d’une banque, c’est ce ministère
qui prend également les arrêtés de dérogation à la condition de nationalité autorisant les
personnes de nationalité étrangère à exercer les fonctions de dirigeant de banque dans l’espace
UEMOA.

Par ailleurs, notons que c’est au ministère de l’économie et des finances que l’on doit notifier
les ouvertures, les fermetures, les transferts des guichets ou d’agences des banques. Enfin, le
ministère peut, après avis de la banque centrale, prendre des sanctions contre une banque et il
a le pouvoir de nommer un administrateur provisoire lorsque la gestion de la banque met en
péril les fonds reçus en dépôt. Il liquide les créances de la banque centrale.

b) La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO)

C’est un établissement public international constitué des Etats membres de l’UEMOA et doté
de la personnalité juridique. Son siège social est actuellement situé à Dakar, au Sénégal et
dispose dans chaque pays membre d’une agence nationale laquelle peut avoir elle-même des
succursales implantées dans les villes de son choix. Son capital social est entièrement souscrit
par les Etats membres et répartis en parts égales entre eux.

Les organes de la BCEAO sont les suivants :

- Le conseil des ministres


- Le gouverneur
- Le conseil d’administration
- Les comités nationaux de crédit

La BCEAO seule a le privilège de création de la monnaie CFA dans le cadre des pays
membres de l’UEMOA.

Les signes monétaires qu’elle émet, à savoir les billets de banque ou la monnaie métallique
ont un pouvoir libératoire sur tout le territoire des Etats membres. La particularité de cette
banque à propos de ce pouvoir exclusif de battre la monnaie réside dans le fait qu’il s’agit
d’un institut d’émission commun à plusieurs Etats ; or généralement la création de la monnaie
relève du domaine de la souveraineté nationale. C’est ce principe de souveraineté qui explique
que la plupart des Etats dans le monde dispose d’un institut national d’émission. La banque
centrale est un exemple ou l’on s’aperçoit que certains Etats ont renoncé formellement à leur
souveraineté nationale au profit d’une institution supra nationale.

Mais le fonctionnement de cette banque montre que la souveraineté monétaire des Etats n’est
pas totalement aliénée. D’une part, ces Etats contrôlent étroitement la banque. D’autre part, la
souveraineté de chaque Etat membre dans ses rapports avec les autres Etats membres est
protégée par le biais de la règle du consensus qui gouverne la prise des décisions collectives et
par l’établissement de chaque Etat de sa situation en ce qui concerne l’émission monétaire et
ses contreparties.

En effet, la Banque centrale joue dans ses rapports avec chaque Etat membre le même rôle
que joue une banque privée ordinaire dans ses rapports avec sa clientèle privée. A ce titre, elle
a le pouvoir de tenir les comptes du trésor de chaque Etat membre. Ensuite, la banque peut à
la demande assurer la garde et la gestion du portefeuille de titres appartenant notamment à un
Etat membre, opérer tout placement de fonds ou assurer la gestion de la dette publique interne
ou extérieure des Etats membres. Enfin, la banque centrale prête son concours à l’exécution
des opérations financières des Etats membres avec les pays étrangers

La banque centrale entretient des rapports structurels avec les banques commerciales. Ces
rapports sont décrits dans la loi bancaire. On peut à cet égard noter que :

 La banque centrale veille à la constitution par les banques et établissements financiers


des réserves obligatoires qui doivent être déposées auprès d’elle. Le taux de cette
réserve est fixé à 15% des bénéfices nets réalisés.
 Elle définit les ratios de gestion (dispositif prudentiel) que ces établissements doivent
respecter dans le cadre de leurs activités.

 Elle finance, oriente et contrôle la distribution quantitative et qualitative des crédits


consentis par ces banques et établissements financiers. Elle le fait par le biais d’un
certain nombre d’instruments que sont les taux d’intérêts, d’escompte, de réescompte
et les accords de mobilisation.

Elle organise et gère les chambres de compensation. Le système de la chambre de


compensation est un système qui a pour objectif le règlement des dettes et créances
que les banques peuvent avoir les unes sur les autres à partir des titres remis par la
clientèle (chèques, lettres de change, virements…). A partir de ces titres remis, chaque
banque va se présenter lors d’une séance hebdomadaire à une réunion avec les autres
banquiers porteurs eux aussi de titres à encaisser. Au cours de cette séance présidée
par la Banque centrale, la position de chaque participant à la réunion sera établie par
rapport aux autres banques et c’est sur la base des différentes positions arrêtées que les
règlements vont s’effectuer sur la base des compensations et dettes et créances
réciproques.

c) La Commission Bancaire

Cette commission a été créée par une convention du 24 avril 1990. La commission bancaire se
présente ainsi comme une institution communautaire chargée de veiller à l’organisation et au
contrôle des banques et établissements financiers. Pour accomplir cette mission, elle a été
dotée d’une organisation conséquente et dispose d’attributions de nature variée.

La commission bancaire est composée :

 Du gouverneur de la BCEAO
 Des représentants de chaque Etat participant à la gestion de la banque centrale
 De huit personnalités nommées par le conseil des ministres sur proposition du
gouverneur.

Le gouverneur de la banque centrale est le président de cette commission qui n’a pas la
personnalité juridique et dont les frais de fonctionnement sont pris en charge par la BCEAO
qui assure également son secrétariat. La commission bancaire se réunit aussi souvent que cela
est nécessaire et au moins deux fois par an ; ses décisions sont prises à la majorité des voix
exprimées et en cas de partage égal des voix, la voix du président c'est-à-dire du gouverneur
est prépondérante.

En application de la réforme institutionnelle de l’UMOA et de la BCEAO adoptée par la


conférence des Chefs d’Etats et de gouvernement de l’union le 20 janvier 2007, une nouvelle
convention régissant la commission bancaire de l’UMOA a été signée par les Ministres des
Finances des Etats membres le 06 avril 2007 à Lomé.

La commission bancaire exerce les pouvoirs qui lui sont attribués dans l’annexe à la
convention sur le territoire des Etats membres.

Ces pouvoirs se rapportent notamment :

- A l’agrément et au retrait d’agrément des établissements de crédit

- Au contrôle des établissements de crédit et des systèmes financiers décentralisés

- Aux mesures administratives et sanctions disciplinaires à l’encontre des établissements


assujettis ou des dirigeants responsables

- A la nomination d’administrateur provisoire ou de liquidateur d’établissement de


crédit.

d) Le Conseil des Ministres de l’UEMOA

Créée le 10 janvier 1994 à Dakar, l’Union économique et Monétaire Ouest Africaine


(UEMOA) est une organisation, ouest africaine, qui a pour objectif essentiel, l’édification, en
Afrique de l’Ouest, d’un espace économique harmonisé et intégré, au sein duquel est assurée
une totale liberté de circulation des personnes, des capitaux, des biens, des services et des
facteurs de production, ainsi que la jouissance effective du droit d’exercice et d’établissement
pour les professions libérales, de résidence pour les citoyens sur l’ensemble du territoire
communautaire. Son siège est à OUAGADOUGOU au Burkina Faso.

Faisant du développement et de l'intégration économiques, ses pivots d'engagement,


l’UEMOA ne doit pas ne doit pas être confondue avec l'Union Monétaire Ouest-Africaine
(UMOA), créée le 12 mai 1962, qui elle, s’occupe des questions monétaires.

Huit Etats côtiers et sahéliens, liés par l’usage d’une monnaie commune, le FCFA et
bénéficiant de traditions culturelles communes, composent l’UEMOA : ce sont : le Bénin, le
Burkina, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
L’UEMOA couvre une superficie de 3 506 126 km2 et compte actuellement 120,2 millions
d’habitants.

Les ministres en charge des finances des 8 pays de l’UEMOA forment le conseil des ministres
de l’UEMOA habilité à prendre toutes les mesures relatives aux instruments et règles de la
politique du crédit, aux conditions dans lesquelles les banques et établissements financiers
peuvent prendre des participations, aux normes des gestion appelées ratio prudentiels que les
banques et établissements financiers doivent respecter en vue de garantir la liquidité, la
solvabilité, l’équilibre de la structure financière.
Selon l’article 20 du traité de l’UEMOA : le Conseil des Ministres (le Conseil) assure la mise
en œuvre des orientations générales définies par la Conférence des Chefs d'Etat et de
Gouvernement.

- Le Conseil édicte des règlements, des directives et des décisions; il peut également formuler
des recommandations et/ou des avis ;

- Les règlements ont une portée générale. Ils sont obligatoires dans tous leurs éléments
et sont directement applicables dans tout Etat membre. Il en va ainsi du
REGLEMENT N°15/2002/CM/UEMOA RELATIF AUX SYSTEMES DE
PAIEMENT DANS LES ETATS MEMBRES DE L’UNION ECONOMIQUE ET
MONETAIRE OUEST AFRICAINE (UEMOA) adopté le 19 septembre 2002.

- Les directives lient tout Etat membre quant aux résultats à atteindre. Exemple : la
directive n°7/2002 relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux dans les pays
membres de l’UEMOA.

- Les décisions sont obligatoires dans tous leurs éléments pour les destinataires qu'elles
désignent. Exemple : DECISION N° 02/2012/CM/UEMOA PORTANT CREATION,
ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DU COMITE REGIONAL DES
PRODUCTEURS, TRANSPORTEURS ET DISTRIBUTEURS D'ENERGIE
ELECTRIQUE DES ETATS MEMBRES DE L'UEMOA
- Les recommandations et les avis n'ont pas de force exécutoire. Exemple :
RECOMMANDATION N° 01/2011/CM/UEMOA RELATIVE AUX
ORIENTATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE DES ETATS MEMBRES DE
L'UNION POUR L'ANNEE 2012

2- Les usages

Le dictionnaire Capitant définit l’usage comme « une pratique particulière à une profession,
à une région ou à une localité et dont la force obligatoire est variable ».

Les usages constituent, une source de droit dans les rapports entre professionnels du milieu
bancaire car comme le relèvent MM. C. Gavalda et J. Stoufflet : « la loi n’est pas, malgré sa
supériorité dans la hiérarchie des normes, l’essentiel ».

Si la loi n’occupe qu’une place limitée parmi les sources du droit des opérations de banque,
dans la mesure où il existe peu de textes spécifiques, le rôle des usages professionnels est
relativement important, tant dans les rapports entre établissements bancaires que dans les
rapports entre les banques et leurs clients, ceci d’autant plus que les banques ivoiriennes n’ont
pas l’habitude pour les opérations les plus courantes de constater par écrit toutes les modalités
du contrat. Ainsi, les comptes le plus souvent fonctionnent dans la limite des règles du Code
civil sur la seule base des usages.

Cependant, la reconnaissance de l’usage bancaire est subordonnée à une double condition:


son existence et son opposabilité. Pour ce qui est de la première, il convient de relever que
l’usage bancaire se forme selon un processus conventionnel. Il naît spontanément entre deux
parties et à partir de ce moment son utilité fait qu’il va se propager dans un certain domaine,
voire une profession. Il se généralise et devient collectif. Mais une pratique ne peut devenir
source de droit entre parties qu’à la condition de ne pas aller à l’encontre de dispositions
impératives.

La reconnaissance de l’usage est encore subordonnée à une deuxième condition : son


opposabilité au co-contractant. Or cette dernière ne pose véritablement problème que s’il la
conteste. Afin de s’assurer de cette opposabilité, l’établissement bancaire devra prouver à
chaque fois, devant le juge, non seulement son existence en la matière mais aussi la
connaissance par le client de cet usage. Ce dernier selon ses connaissances du monde bancaire
devra avoir réellement adhéré à l’usage c’est-à-dire il devra avoir accepté expressément ou
tacitement l’usage, une simple connaissance ne suffisant pas. Cette dernière condition mérite
d’être nuancée car il est vrai que s’il s’agit d’un co-contractant professionnel ou d’un client
averti, cette connaissance sera présumée. Si les professionnels n’ont pas écarté l’usage de leur
relation, ce silence est interprété comme une acceptation tacite de l’usage. Face au client, la
jurisprudence exige une réelle adhésion à l’usage, ce qui suppose que soit rapportée la preuve
de tant la connaissance que de son acceptation par le client rappelant ainsi la nature
contractuelle de leur relation.

C- La jurisprudence

Compte tenu du caractère technique du métier de banquier, la jurisprudence est demeurée très
indispensable pour apporter la précision nécessaire à la compréhension de la spécificité de
l’activité bancaire. A cet effet elle a contribué à travers ses décisions à préciser le droit
bancaire là où il ne l’est pas, à l’adapter aux circonstances ou même à remplacer les règles de
droit inexistantes.

D- La doctrine

Pour les juristes, il est essentiel que le droit fasse l’objet d’une réflexion critique et
indépendante. Et c’est ce rôle que joue la doctrine. En matière bancaire, la doctrine a permis
de rendre plus claire ce qui est confus mais aussi de mettre en ordre un ensemble de solutions
disparates pour en faire émerger les principes généraux qui inspirent le juge et le législateur.
Ainsi la doctrine a bâti des théories qui ont été ajoutées au droit positif (par exemple la notion
de compte courant théorisée par la doctrine).
SECTION II : LE STATUT DE LA BANQUE

Le législateur de l’UEMOA a désigné les banques sous l’appellation d’établissement de


crédit, et leur a conféré un statut de base. Ces établissements de crédit sont définis par rapport
aux opérations qu’ils sont censés effectuer. Ainsi selon l’article 2 alinéa 1 de l’ordonnance
portant réglementation bancaire, « sont considérés comme établissement de crédit, les
personnes morales qui effectuent à titre de profession habituelle des opérations de banque ».

Cette définition contient les éléments principaux qui constituent les caractéristiques de la
banque ;

Paragraphe 1 : les caractéristiques de la banque

A) La banque, personne morale

Toute institution qui compte fonctionner/exercer, sur le territoire ivoirien sous forme de
banque, doit être constituée sous forme de personne morale. Concrètement cela signifie
qu’une personne physique ne peut être agréée comme banque et ne peut par conséquent
accomplir de manière habituelle des opérations bancaires.

Parmi les différents types de personnes morales, le législateur a choisi la société anonyme à
capital fixe comme la forme que doivent revêtir les banques. Cependant, par autorisation
spéciale du Ministre chargé des finances après avis conforme de la commission bancaire, des
banques peuvent être constituées sous la forme de sociétés coopérative ou mutualiste à capital
variable (UNACOOPEC). Dans tous les cas, il est interdit aux banques d’être constituées sous
forme de société unipersonnelle.

Relativement au capital social, le conseil des ministres de l’union a décidé en sa session


ordinaire du 30 mars 2015, de relever le capital social minimum exigé des banques,
préalablement plafonné à 5 milliards pour le porter à 10 milliards, avec effet au plus tard le 1 er
juillet 2017.

crédit.

Le capital social souscrit doit être intégralement libéré au jour de l'agrément. Le capital libéré
doit rester à tout moment employé dans les Etats membres de l'UMOA.

La mesure de relèvement du capital social initial de 5 milliard à 10 milliards a été, prise par le
conseil des ministres de l’UEMOA dans l'optique de « renforcer la solidité du secteur
bancaire de l’union » afin de contribuer efficacement au financement du développement
économique des Etats membres.

En guise d’exemple :
- Algérie : capital social minimum : 10 millions d’euros (+ 65 milliards de F CFA
- Tunisie :11.275 millions d’euros ( + de 7 Milliards de F CFA)
- Ghana : 22 millions d’euros (+ de 14 Milliards de F CFA)
- Nigeria : 163 millions d’euros (+ 106 Milliards de CFA)

B) La banque, entreprise faisant de façon habituelle des opérations bancaires


Deux éléments se superposent dans cette caractéristique : les opérations bancaires et
l’habitude.

1) Les opérations bancaires

Le législateur de l’union n’a pas défini la notion d’opérations bancaires, mais s’est contenté
de les énumérer. Ainsi selon l’article 2 alinéa 2 de l’ordonnance portant réglementation
bancaire, les opérations que les banques sont autorisées à accomplir sont :
 La collecte de dépôts,
 La distribution de crédit,
 La mise à disposition des moyens de paiement

Ce sont là les opérations fondamentales de la banque, celles qui la caractérisent et qu’elle


n’est pas obligée d’effectuer de façon simultanée ;

Du coup il est interdit aux banques d’effectuer des opérations autres que celles qui les
caractérisent. La loi bancaire ivoirienne en son article 43 interdit à ce titre aux banques de se
livrer à des activités commerciales, industrielles agricole ou de service ;

A cet effet, les banques doivent fournir périodiquement et à toutes les réquisitions, en plus du
bilan et des engagements hors bilan, un compte d’exploitation et de résultat ainsi qu’un
certain nombre de documents dans des formes bien décrites. Toutefois, les opérations doivent
être effectuées de façon habituelle.

2) Des opérations effectuées de façon habituelle

Les opérations bancaires doivent être effectuées à titre de profession habituelle. Cette
exigence ôte la qualité de banque aux entreprises qui effectuent de façon occasionnelle les
opérations sus mentionnées. Ainsi la notion d’habitude se trouve dans la définition et si cela
n’est pas respecté, il y a un délit d’exercice illégal de l’activité bancaire ou de la profession
bancaire.

C) La banque, entreprise soumise à des contrôles particuliers

En plus des contrôles classiques exercés sur les entreprises, à savoir les contrôles internes, les
contrôles externes des auditeurs et commissaires aux comptes, la banque est soumise à un
contrôle particulier exercé par la banque centrale et la commission bancaire. De plus elle est
tenue de respecter les ratios prudentiels.

PARAGRAPHE - II- LES CONDITIONS D’EXERCICE DE LA PROFESSION


BANCAIRE

Compte tenu de la nécessaire protection des déposants et de l’importance du système bancaire


dans le financement de l’économie, l’exercice de la profession est soumis à l’obtention
préalable d’un agrément. Ainsi selon l’article 13 de la loi bancaire de 2009, « nul ne peut ni
se prévaloir de la qualité de banque ou de banquier, ni créer l’apparence d’une telle
qualité, s’il n’a pas été préalablement agréé et inscrit sur la liste des banques ». L’exercice
de la profession bancaire suppose donc un agrément préalable et une inscription à la suite de
cet agrément sur la liste des banques.
A) l’instruction de la demande d’agrément

La procédure d’obtention de l’agrément est régie par les articles 13 et suivants de la loi
bancaire.
Les différentes étapes s’articulent comme suit :
- être régulièrement constitué sous forme de société autorisée (articles 15 et s de la loi
bancaire) ;
- procéder à la libération intégrale du capital social ;
- adresser au Ministre chargé des Finances, un dossier de demande d’agrément comportant les
éléments indiqués à l’annexe n° 1 ;
- déposer ledit dossier en cinq (5) exemplaires auprès de la Direction Nationale de la BCEAO
du pays d’implantation.

La Banque Centrale instruit le dossier et le transmet à la Commission Bancaire. Le Ministre


chargé des Finances du pays d’implantation prend l’arrêté d’agrément, après avis conforme
favorable de ladite Commission.

L’agrément est constaté par l’inscription sur la liste des banques ou sur celle des
établissements financiers (article 9 de la loi bancaire). Le capital social doit être intégralement
libéré au jour de l’agrément à concurrence du montant minimum exigé dans la décision
d’agrément (article 23 de la loi bancaire).
L’établissement (agréé) doit par ailleurs adhérer à l’Association Professionnelle des Banques
et Etablissements Financiers (APBEF), dans un délai d’un mois suivant son inscription
(article 59 de la loi bancaire).
Il convient de rappeler que l’agrément est réputé avoir été refusé, s’il n’est pas prononcé dans
un délai de six mois à compter de la réception du dossier complet de la demande par la
BCEAO.

B) le principe de l’agrément unique

Les activités des établissements de crédit (bancaires) ont longtemps été confinées à l’intérieur
des frontières nationales. Eu égard à l’objectif de création d’un espace économique et
financier unifié, il s’est avéré indispensable de favoriser une plus grande intégration des
marchés bancaires et financiers nationaux, en organisant la libre prestation de services sur
l’ensemble du territoire de l’Union.
A cette fin, les Autorités de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) ont franchi un pas
décisif en adoptant, en juillet 1997, le principe de l’agrément unique. Avec l’entrée en vigueur
de cette procédure le 1er janvier 1999, les banques et établissements financiers déjà agréés et
désireux de s’implanter dans un Etat membre de l’UMOA, sont dispensés de toute autre
procédure d’agrément, pour exercer leur activité ou offrir en libre prestation des services dans
les autres Etats membres, sous réserve d’obtenir une autorisation.

C) les sanctions en cas d’exercice illégal de l’activité bancaire

Dans un souci de protection des épargnants et de répression des pratiques non autorisées, il est
prévu des sanctions pénales en cas d’exercice illégal de la profession au sein de l’Union
(article 67 de la loi bancaire : Sera puni d'un emprisonnement d'un (1) mois à deux (2) ans et
d'une amende de dix millions (10.000.000) à cent millions (100.000.000) de francs CFA, ou
de l'une de ces deux peines seulement, quiconque, agissant pour son compte ou celui d'un
tiers, aura contrevenu aux dispositions des articles 13 et 17, alinéa premier.

En cas de récidive, le maximum de la peine sera porté à cinq (5) ans d'emprisonnement et à
trois cent millions (300.000.000) de francs CFA d'amende.).

Par ailleurs, la Commission Bancaire peut proposer au Ministre des Finances, la nomination
d’un liquidateur pour une banque ou un établissement financier, lorsque l’activité est exercée
sans que l’agrément ait été obtenu (article 27 de l’annexe à la convention portant création
de la Commission Bancaire)

D) LE RETRAIT D’AGREMENT

Le retrait d’agrément, à la demande de la banque ou de l’établissement financier intéressé ou


lorsqu’il est constaté que ladite banque ou ledit établissement financier n’exerce aucune
activité depuis au moins un an, est prononcé par arrêté du Ministre des Finances, après avis de
la Commission Bancaire.

Le retrait d’agrément pour infraction à la réglementation bancaire est prononcé dans les
conditions prévues à l’article 66. Le retrait d’agrément est constaté par la radiation de la
banque concernée, de la liste des banques ou de celle des établissements financiers.
Les banques et les établissements financiers doivent cesser leur activité dans le délai fixé par
la décision de retrait d’agrément.
SECTION -III- LE FONCTIONNEMENT DE LA BANQUE

Dans son fonctionnement la banque est soumise à un certain nombre d’obligations qu’elle est
tenue de respecter dans ses relations avec la clientèle, les administrations et les tiers en
général. Ces obligations concernent d’une part ce qu’on appelle les conditions de banque et
d’autre part les devoirs professionnels du banquier. Le non respect de ces obligations entraine
des sanctions diverses.

PARAGRAPHE -I- LES CONDITIONS DE BANQUE

C’est une expression qui recouvre non seulement les conditions des opérations de banque
(ouverture et tenue des comptes bancaires, escomptes, opérations sur titres, opérations de
crédit) mais aussi la tarification de ces opérations (commissions, agios, intérêts, frais divers).
Ces conditions de banques sont (ici entendu au sens strict, au sens de la tarification) fixées
par la banque centrale qui distingue à ce sujet les conditions débitrices et les conditions
créditrices.
On entend par conditions débitrices les conditions relatives au taux pratiqué pour les prêts
accordés par les banques à leurs clients ou les conditions relatives aux commissions et agios
perçus par les banques à l’occasion des opérations effectuées pour leurs clients.

On entend par conditions créditrices celles qui concernent les intérêts payés par une banque
dans le cadre des dépôts de fonds effectués par la clientèle.

Ces conditions de banque sont généralement affichées dans les locaux de la banque aux fins
d’information de la clientèle. Elles peuvent aussi être mises à la disposition de la clientèle
sous forme de dépliants. Ces conditions permettent dans une certaine limite de surveiller le
jeu de la concurrence dans le secteur bancaire.

PARAGRAPHE - II- LES DEVOIRS PROFESSIONNELS DU BANQUIER

Généralement on en dénombre trois à savoir le devoir au respect du secret bancaire, le devoir


d’information et le devoir de vigilance

A) Le secret bancaire

Il est réglementé en Côte d’Ivoire par la loi n°93-661 du 09 août 1993 relative au secret
bancaire ainsi que par l’ordonnance du 1er décembre 2009 portant réglementation bancaire
en son article 30. Dans sa définition, le secret bancaire consiste dans la discrétion que toute
banque, ses organes et ses employés doivent observer à l’occasion des opérations qui leur
sont confiées. Ce secret bancaire s’étend également à des faits dont la banque a eu
connaissance à l’occasion de son activité.

Le secret bancaire ne s’étend pas toutefois aux indications d’ordre général et notamment aux
renseignements commerciaux qu’il est d’usage de fournir aux tiers clients ou non de la
banque.
On entend par indications d’ordre général les indications objectives reflétant une opinion sur
une personne déterminée telles que les indications du type « paiement irrégulier », « échéance
difficile » « nombreux protêts ». Les personnes tenues au secret bancaire sont les suivantes :
La violation du secret bancaire est sévèrement réprimée sur le plan pénal. C’est un délit puni
d’un emprisonnement variant entre un mois et un an et une amende de deux cent mille à un
million de F CFA. Et ces peines sont renforcées si le délit est constitué par voie de presse
(article 21 de la loi de 1993).
Sur le plan civil, la violation de ce secret justifie de la part de la victime le déclenchement
d’une action en responsabilité non seulement contre l’agent fautif mais également contre
l’employeur.

Enfin, pour le personnel en ce compris celui de la direction, la violation du secret bancaire


constitue un juste motif de licenciement ou de révocation de mandat.

Malgré cette sévérité de la répression il existe des dérogations au secret bancaire. Ainsi, le
secret bancaire n’est pas opposable à l’autorité judiciaire agissant dans le cadre d’une
procédure pénale, au syndic et au liquidateur judiciaire, à l’administration fiscale ivoirienne,
aux autorités monétaires agissant dans le cadre légal de leurs fonctions.
Dans les rapports de la banque avec les personnes privées, ce secret bancaire est inopposable
au mandataire d’un client, aux organes de tutelle d’un incapable, au Co-titulaire d’un compte
joint.

B) le devoir d’information

Le banquier a un devoir légal d’information envers les autorités monétaires ou financières. Il


en va de même vis-à-vis de sa clientèle et c’est ce devoir qui est précisément visé lorsqu’on
évoque le devoir d’information du banquier. Ce devoir d’information est de création
jurisprudentielle et la jurisprudence (française) explique ce devoir par l’existence d’une
obligation implicite d’information ou de renseignements pesant sur le banquier dans ses
rapports contractuels avec ses clients. On estime que le banquier en tant que professionnel
dispose d’une série d’informations utiles qu’il doit mettre à la disposition du client afin
d’éclairer les décisions de celui-ci.

Techniquement, l’existence de ce devoir d’information réside dans les dispositions de


l’article 1135 du code civil. La violation par le banquier est sanctionnée par l’octroi de
dommages et intérêts à son client victime à condition que ce client ait évidemment subi un
préjudice.

C) Le devoir de vigilance

Il s’agit d’un devoir, qui en fait, doit être mis en exergue par rapport à un principe coutumier
en matière de banque. C’est le principe de non ingérence ou de non immixtion de la banque
dans les affaires de son client. Appliqué de manière stricte, ce principe signifie ceci :
Le banquier n’a pas à s’immiscer dans les affaires de sa clientèle. Il doit se borner à apporter
son soutien financier sans diriger ni influencer les affaires de son client, sans s’y associer de
quelque façon que ce soit, et en ne faisant que surveiller simplement son programme de
financement. Cependant, il est recommandé au banquier de rester vigilant. Et cette vigilance
constitue un devoir qu’il doit respecter lorsqu’il détecte des actes anormaux, irréguliers ou
inopportuns causés par le client. Devant de tels actes, il est demandé au banquier de demeurer
vigilant soit en refusant son concours soit en proposant des solutions plus raisonnables.

Relativement au devoir de vigilance, la loi n°2016- 992 du 14 novembre 2016 relative à la


lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, prévoit l’institution
d’une Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) avec laquelle
les banques doivent collaborer.
la CENTIF est un service administratif doté de l’autonomie financière et placée sous la tutelle
du Ministre chargé des Finances et auquel les banques doivent signaler toutes opérations de
réception ou de transfert de fonds suspectes.

La Cellule est au cœur du dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux et le


financement du terrorisme. Elle a pour mission d’assurer la collecte et le traitement des
informations relatives à la lutte contre le blanchiment de capitaux notamment celles issues des
déclarations de soupçon de blanchiment transmises par les assujettis.
SECTION IV : LES COMPTES BANCAIRES

Le compte bancaire est matériellement défini comme le tableau de créances et dettes


réciproques entre un banquier et son client. C’est un instrument comptable qui constate les
opérations par des articles et en exprime le résultat par un solde.

Le compte bancaire est l’instrument privilégié des relations entre la banque et son client. Si
certaines opérations isolées sont faites seulement par caisse (par exemple l’opération de
change qui permet à un touriste de passage d’obtenir des francs en remettant des devises), la
plupart des opérations bancaires sont faites en compte.

Les comptes bancaires qui existent entre une banque et ses clients enregistrent des valeurs et
sont de natures diverses.

La doctrine a proposé diverses classifications pour rendre compte de cette diversité. On


distingue par exemple les comptes de dépôt, les comptes courants, les comptes spéciaux ou
les comptes complexes. Il est parfois avancé que ces comptes peuvent être classés en comptes
à vue et en comptes bloqués. Ce qu’il faut retenir c’est que malgré cette diversité, il existe un
droit commun des comptes bancaires et que certaines règles spéciales sont édictées pour tenir
compte de la spécificité de certains comptes.

Au regard de ce constat, il convient d’étudier d’abord les règles communes à tous les comptes
bancaires et ensuite les règles spécifiques à certains comptes.

PARAGRAPHE - I- : LES REGLES COMMUNES A TOUS LES COMPTES BANCAIRES

Ces règles sont appliquées aux comptes de dépôt c'est-à-dire aux comptes qui reçoivent les
fonds de clients à charge pour le banquier de les restituer généralement par le biais de chèques
émis par le déposant pour son propre compte ou pour le compte de tiers. Mais ces règles
appliquées aux comptes de dépôt ont été étendues par la suite aux autres comptes et
constituent donc ce qu’on appelle le droit commun des comptes bancaires. On peut rendre
compte de ce droit commun en distinguant successivement l’ouverture, le fonctionnement et
la clôture des comptes.

A - l’ouverture du compte

Elle correspond à la conclusion d’une convention cadre entre le banquier et le client. La


validité d’une telle convention, généralement appelée convention de compte, est soumise aux
conditions de l’article 1108 du code civil. Trois de ces conditions présentent toutefois
quelques particularités en matière de compte. Il s’agit du consentement, la capacité et l’objet.

1) Le Consentement

L’ouverture d’un compte bancaire suppose le consentement de la banque et bien entendu celui
du client. S’agissant du consentement du client, il peut être express ou tacite mais de toute
manière libre, doit être libre. Cela signifie qu’on ne peut pas imposer l’ouverture d’un compte
à un client. Celui-ci a le libre choix de la banque où il veut ouvrir son compte. Mais cette
liberté comporte des limites et le client est parfois obligé d’ouvrir un compte. C’est
notamment le cas pour un certain nombre de paiement y compris le paiement de salaires qui
sont effectués par virement bancaire ou postal ou par chèques. Les personnes qui vont
recevoir ou qui doivent recevoir ce paiement sont tenus d’avoir un compte. C’est également le
cas pour tous les commerçants soumis à l’immatriculation au registre de commerce (article 9
du REGLEMENT N° 15/2002/CM/UEMOA RELATIF AUX SYSTEMES DE
PAIEMENT DANS LES ETATS MEMBRES DE l’UEMOA)

S’agissant du banquier, son consentement est également libre. Mais une certaine doctrine
soutient que le banquier n’est pas libre de sa décision d’ouvrir un compte. Il serait tenu
d’ouvrir un compte à toute personne qui le lui demande parce qu’il est chargé selon cette
doctrine d’une mission de service public et parce qu’il doit respecter une règle importante du
droit de la concurrence à savoir celle de l’interdiction du refus de vente. En effet, selon
l’article 8 du REGLEMENT N° 15/2002/CM/UEMOA RELATIF AUX SYSTEMES DE
PAIEMENT DANS LES ETATS MEMBRES DE l’UEMOA : « Toute personne physique
ou morale établie dans l’un des Etats membres, possédant un revenu régulier a droit à
l’ouverture d’un compte auprès d’une banque. En cas de refus d’ouverture de compte opposé
par trois établissements successivement, la Banque Centrale peut désigner d’office une
banque qui sera tenue d’ouvrir un compte donnant droit à un service bancaire minimum ».

Hormis ces cas d’ouverture de compte par instruction de la banque centrale,


l’on admet de manière générale que le banquier a le droit d’ouvrir ou de refuser d’ouvrir un
compte. La raison fondamentale de cette opinion majoritaire réside dans le fait que la
convention de compte est un contrat « intitu personae » c’est-à-dire un contrat qui se conclut
en considération des qualités respectives des parties. Dès lors que le banquier n’a pas
confiance, il peut s’abstenir d’entrer en relation avec le client qu’il juge indésirable soit pour
lui-même soit pour les autres clients.

Pour ce faire, face au client qui sollicite l’ouverture d’un compte, le banquier se livre à un
contrôle minimum de sa condition juridique et sociale. Ainsi en pratique, avant l’ouverture
d’un compte, c'est-à-dire avant la signature de la convention de compte, le banquier va
vérifier l’identité et l’adresse du postulant à partir de documents officiels que celui-ci lui
présentera. Il s’agit là d’une vérification conforme aux usages bancaires. Cette vérification
étant complétée généralement par une information sur la moralité, la situation financière du
client ainsi que sur sa profession et sa situation au niveau des autres banques. Pour les clients,
personnes morales, en plus de la vérification qui précède, la banque va chercher à savoir si ces
personnes morales existent effectivement en exigeant la justification de leurs formes légales.
Le banquier qui, à l’occasion de l’ouverture d’un compte n’a pas effectué les vérifications
jugées suffisantes peut être responsable vis-à- vis des tiers du préjudice qu’ils auront subi du
fait de cette vérification insuffisante.

2) la capacité

En matière d’ouverture de compte, la question de la capacité se pose surtout par rapport aux
clients personnes physiques et personnes morales.

a) Les personnes physiques


Toute personne physique peut en principe se faire ouvrir un compte parce qu’elle a la
personnalité juridique. Mais le régime de droit commun des incapacités impose quelques
restrictions.

S’agissant du mineur, il est admis que le mineur non émancipé peut avoir un compte bancaire
mais le compte sera ouvert par le représentant légal et fonctionnera sous la signature de celui-
ci. Le mineur non émancipé pourra toutefois effectuer des dépôts sur ce compte car ces dépôts
sont considérés comme des actes conservatoires. En revanche, il ne pourra pas retirer des
fonds sur ce compte car les retraits sont considérés comme des actes de disposition ou
d’aliénation.

Mais il arrive dans la pratique, en droit français, qu’un compte bancaire fonctionne sous la
seule signature du mineur non émancipé. C’est le cas lorsque le représentant légal ouvre le
compte et donne une procuration au mineur. La procuration est un mandat qui est donné au
mineur lorsque le représentant légal estime qu’il a une maturité et un discernement suffisants
et cette procuration est valable car en droit commun, il est admis qu’un incapable peut être
mandataire mais dans les affaires qui le concerne pourvu qu’il ait un discernement suffisant.

Le mineur émancipé dans la mesure où il est doté de la pleine capacité juridique peut se faire
ouvrir un compte fonctionnant sous sa seule signature.

S’agissant de l’incapable majeur, il est admis que le majeur sous tutelle est soumis aux mêmes
règles que celles s’appliquant au mineur non émancipé. Le majeur sous curatelle a la capacité
d’ouvrir un compte mais il sera assisté par son curateur.

Quant à la femme mariée, et cela contrairement aux solutions anciennes, elle a la capacité
bancaire. Il lui est donc permis aujourd’hui d’ouvrir en son nom et pour son compte, un
compte bancaire et de le faire fonctionner sous sa seule signature.

b) Les personnes morales

Tout groupement doté de la personnalité juridique peut en principe ouvrir un compte bancaire.
A l’opposé, la collectivité qui n’a pas cette personnalité juridique ne peut pas ouvrir un
compte. Dans cette dernière hypothèse, le compte sera ouvert au nom d’un membre, d’une
partie des membres du groupement. Sur cette base, on admet qu’une société dissoute puisse
ouvrir un compte bancaire alors que les sociétés en participation ou les sociétés de fait ne le
peuvent pas.

Enfin, il arrive qu’une banque ouvre un compte pour une société en cours de constitution
c'est-à-dire une société, qui au sens des règles en vigueur n’a pas la personnalité juridique.
Mais dans ce cas le banquier s’entoure d’un certain nombre de précautions.

3) L’objet

Cet objet va concerner les opérations susceptibles d’être enregistrées dans le compte. Ces
opérations sont déterminées de manière conventionnelle ; elles sont tantôt des opérations qui
servent à alimenter le compte, tantôt des opérations qui servent à retirer des fonds du compte.
a) Les opérations alimentant le compte

Il s’agit d’opérations effectuées la plupart du temps par les clients et qui se présentent comme
des opérations de dépôts de fonds. Ces dépôts sont soit des dépôts directs soit des dépôts
indirects.

Dans le cas du dépôt direct, le client va remettre au banquier des espèces, celui-ci créditant
alors le compte.

Dans le cas du dépôt indirect, le client va remettre des effets de commerce et des valeurs que
le banquier va encaisser auprès des tiers débiteurs du client.

Parfois, c’est le banquier lui-même qui va faire le dépôt ; c’est le cas lorsqu’il crédite le
compte du client à la suite d’une ouverture de crédit ou d’un prêt qui lui est accordé. Cette
hypothèse des dépôts est rangée dans la catégorie des dépôts directs.

Quelque soit sa forme, le dépôt bancaire présente deux particularités. Tout d’abord, le
banquier en tant que dépositaire des fonds a le droit d’en disposer; autrement dit, la non-
restitution du dépôt par le banquier n’est pas constitutive d’un abus de confiance réprimé par
la loi pénale. Cette solution confère au dépôt bancaire une originalité par rapport au dépôt de
droit commun. Dans un tel dépôt, le dépositaire n’a pas le droit d’utiliser la chose déposée ;
s’il l’utilise ou s’il ne la restitue pas, il encourt une responsabilité aussi bien civile que pénale.

Ensuite le banquier peut se prévaloir d’une créance dont il est titulaire pour demander la
compensation entre cette créance et le dépôt reçu. C’est une solution qui est également
contraire à l’article 1293 du code civil qui n’admet pas la compensation en matière de dépôt.
Les dépôts qui sont effectués sont enregistrés au crédit du compte mais il arrive que le
banquier ne les inscrive pas au crédit. C’est le cas lorsqu’il émet en contrepartie du dépôt un
titre négociable constatant la créance ou un bon de caisse.

Exemple : A la suite du dépôt, le banquier peut souscrire un billet à ordre en vertu duquel en
sa qualité de débiteur cambiaire, le banquier s’engage à rembourser l’échéance prévue le
dépôt reçu augmenté d’un taux d’intérêt.

b) Les opérations de retrait des fonds du compte

Ce sont des opérations qui sont essentiellement effectuées par le client lorsque celui-ci utilise
les fonds déposés. Les formes utilisées pour ces retraits, qui sont en réalité des restitutions
effectuées par le banquier dépositaire, sont très variées. La restitution peut être directe ou
indirecte et se présente alors sous forme de chèque, de virement, d’avis de prélèvement, de
carte de paiement, de crédit à partir desquels le banquier va restituer les fonds non pas
seulement au client mais à un tiers désigné par celui-ci. Toutes ces opérations de retrait, de
restitution sont inscrites au débit du compte du client.

Sont également inscrites à ce débit les rémunérations que le banquier va percevoir dans le
cadre du fonctionnement du compte.
B –Le fonctionnement du compte

Dans le cadre de ce fonctionnement, il convient de présenter le rôle des parties, d’insister sur
les rémunérations attachées au fonctionnement et sur un incident particulier dans le
fonctionnement du compte. C’est celui de la saisie du compte.

1) Le rôle des parties


a) Le rôle du client

En matière bancaire, le client est présenté comme étant le titulaire du compte, qui est en
quelque sorte sa « propriété ». Le banquier ne fait que gérer le compte au nom et pour le profit
du client. C’est ce principe de titularité qui conduit à dire que seul le client a le pouvoir
d’effectuer des opérations dans le cadre du compte.

Mais ce principe d’exclusivité doit être précisé.

Tout d’abord en ce qui concerne les opérations de dépôt et de versement, il est admis que
toute personne peut les effectuer sur le compte du client sans avoir à justifier de cette qualité.
Il est simplement exigé du banquier l’obligation de communiquer au titulaire du compte,
l’identité de celui qui a versé les fonds.

Cette règle explique le succès de la technique du virement bancaire. En effet, le virement est
enregistré par la banque du bénéficiaire sans que cette banque ait à contrôler la cause de
l’opération et la qualité du donneur d’ordre.

Ensuite en ce qui concerne les opérations de retrait, le principe de l’exclusivité est également
battu en brèche. La règle de base veut que ce soit le titulaire du compte lui-même qui effectue
le retrait. Et cette règle elle-même se justifie par le fait que l’opération de retrait est
considérée comme un acte de disposition qui doit être sévèrement contrôlé par le banquier
dépositaire. Le banquier exerce ce contrôle en comparant la signature qui est apposée sur
l’ordre de retrait (chèque de guichet, chèque ordinaire) avec le spécimen de la signature qui
est déposée dans les livres de la banque par le client lors de l’ouverture. Ce contrôle de la
signature n’oblige toutefois par le banquier à se comporter en expert en graphologie. Il lui est
seulement demandé de s’assurer de la conformité apparente de la signature figurant sur l’ordre
de retrait avec le spécimen déposé dans ses livres. Et c’est seulement en cas d’erreur grossière
ou manifeste de la banque que sa responsabilité pourra être engagée si elle a effectué un
paiement sur la base d’une signature non-conforme.

Le principe tel qu’exposé comporte des tempéraments. Il est des cas où les opérations de
retrait ne sont pas effectuées par le titulaire du compte c'est-à-dire par le client lui-même.
C’est d’abord ce qui se passe lorsque le titulaire du compte est un incapable ou une personne
morale.

Les représentants de ces personnes sont alors admis à effectuer des retraits mais en respectant
les pouvoirs légaux ou statutaires qui leur sont octroyés.

C’est également le cas lorsque le titulaire du compte donne lui-même une procuration à un
tiers aux fins de faire fonctionner le compte ou à l’effet de faire effectuer en son nom et pour
son compte une opération précise. La vie bancaire connaît ce genre de situation et il n’est pas
rare de trouver dans chaque banque des formules imposées d’avance pour matérialiser cette
procuration.

D’un point de vue juridique, ces procurations sont des mandats donnés par des clients à des
personnes de leurs choix. Le bénéficiaire d’une procuration est toutefois obligé de déposer un
spécimen de sa signature dans les livres de la banque et si ce bénéficiaire effectue des
opérations de retrait, le banquier doit non seulement vérifier la conformité de sa signature
avec le spécimen déposé mais également contrôler ou vérifier l’étendue de ses pouvoirs.

La procuration donnée à un tiers peut avoir une durée limitée ou indéterminée. Elle prend fin
à l’expiration du terme dans le cas d’une procuration à durée déterminée. S’il s’agit d’une
procuration à durée indéterminée, elle prend fin lorsque le titulaire du compte ou le
bénéficiaire de la procuration exerce son droit de résiliation unilatérale. Dans tous les cas, la
procuration prend fin en cas de décès du titulaire du compte, cela en application des règles du
mandat. Toutefois on observe que certaines banques acceptent les mandats post mortem c'est-
à-dire les mandats qui confèrent au mandataire une mission à exécuter après le décès du
mandant. Généralement ces mandats visent à régler des questions de succession et l’on
comprend que des héritiers qui estiment être dépossédés d’une part de leur héritage agissent
pour demander en justice la nullité de ces mandats post mortem.

La position de la jurisprudence est toutefois claire à ce sujet. Elle estime que dans son
principe le mandat post mortem n’est pas un mandat nul. La jurisprudence ajoute toutefois
que ce mandat post mortem peut être annulé s’il contrevient aux règles d’ordre public
relatives à la dévolution successorale.

b) Le rôle de la banque

Le banquier qui n’est pas le titulaire du compte est investi de la mission de le tenir et de le
gérer au profit de son client. Dans l’accomplissement de cette mission, il va délivrer des
formules de chèque ou des cartes bancaires pour permettre au client de retirer des fonds. Mais
ses attributions les plus importantes portent sur la passation des écritures en compte et sur les
relevés de compte qui font apparaître les soldes périodiques de celui-ci.

- La passation des opérations dans le compte

Cette passation est en elle-même une opération comptable. Elle va consister pour le banquier
à inscrire au crédit ou au débit du compte du client, le montant ou la valeur de chaque
opération que celui-ci va effectuer. Si l’inscription est faite à tort par le banquier, celui-ci ne
va pas la biffer ou l’effacer matériellement. Il va faire plutôt une nouvelle inscription en sens
contraire de la première ; cette nouvelle inscription étant appelée contrepassation.

La passation et la contrepassation sont donc des procédés d’inscription dans le compte. Il


s’agit avant tout de procédés comptables mais la passation n’est pas simplement un procédé
comptable. Elle est également un procédé de règlement de créances et dettes pouvant exister
entre le client et son banquier. Cet aspect de la passation conduit nécessairement à s’interroger
sur son régime juridique.
Du point de vue des conditions juridiques de la passation ou de l’inscription des opérations
dans le compte, il existe en réalité toute une série de règles.

Tout d’abord ce ne sont pas toutes les créances qui peuvent être inscrites dans un compte.
Pour qu’il en soit ainsi, il faut que ce soit en principe une créance certaine, liquide et exigible
et libellée dans la monnaie du compte. Si la créance est libellée en monnaie étrangère ; elle
doit être convertie dans la monnaie du compte avant d’y être inscrite. Mais le principe qui
vient d’être énoncé connaît quelques tempéraments. Certaines créances assorties d’une
condition résolutoire peuvent être inscrites dans le compte. C’est le cas pour l’escompte des
effets de commerce (lettre de change, billets à ordre…). Dans une telle hypothèse, le compte
du client est crédité du montant de l’effet escompté sous la condition résolutoire de son
paiement par le débiteur de l’effet.

Par exemple lorsque le client remet une lettre de change à l’escompte par son banquier, ce
banquier, s’il accepte l’escompte, va créditer le compte de son client de la valeur
correspondante, déduction faite des agios et intérêts. Cette inscription au crédit est faite sous
la condition que le tiré de la lettre de change paye à l’échéance le banquier. Si à cette
échéance le banquier n’est pas payé, la condition résolutoire du non paiement est ainsi
réalisée. Le banquier dispose alors d’une action contre son client tireur de la lettre de change
et il va matérialiser le plus souvent cette action en inscrivant au débit la somme qu’il n’a pas
pu recouvrer. Cette inscription est en fait une contrepassation. Certaines créances assorties
d’une condition suspensive peuvent également être passées dans le compte. La pratique
bancaire qui inscrit ce type de créance conduit en réalité à faire des avances bancaires à la
clientèle. D’autre part on peut ajouter qu’à l’occasion de l’inscription, il est exigé du banquier
une certaine vigilance. Par exemple en cas d’anomalie apparente telle qu’un chèque falsifié ou
biffé, le banquier doit refuser d’inscrire l’opération dans le compte. Et ce phénomène de
fusion qui est un principe très important se rencontre de manière très précise dans le cas de la
passation en compte d’une créance insaisissable, c’est le cas par exemple du salaire d’un
travailleur lorsque ce salaire est visé dans un compte. Ce travailleur perd le bénéfice de
l’insaisissabilité. De même si une somme d’argent appartenant à un tiers est déposée par
erreur sur le compte d’autrui, ce tiers ne peut pas revendiquer cette somme d’argent dont il est
propriétaire c'est-à-dire qu’il ne peut pas réclamer qu’il lui soit remis à l’identique les billets
ou les pièces qui ont été déposés par erreur. Ce tiers pourra simplement se présenter comme
un créancier.

- Les relevés de compte

A des périodes fixées par la convention de comptes ou par des usages, le banquier doit
adresser au client un relevé des opérations sur la période écoulée. Généralement ces relevés
sont des relevés mensuels. Ces relevés périodiques ont une double mission :

 Informer le client sur les opérations et les écritures enregistrées, les charges
financières qu’il a dû supporter
 Etablir la preuve des opérations passées dans le compte.

Cette deuxième mission implique que le client qui reçoit le relevé l’approuve ou le
désapprouve. Mais il est rare dans la pratique que le client réagisse à la réception du
relevé. La question qui se pose alors est de savoir si son silence vaut acceptation des
écritures passées dans le compte. La jurisprudence répond par l’affirmative et elle
conforte cette position en faisant observer que le relevé du compte lui-même contient
une mention énonçant qu’à défaut de protestation dans un certain délai, l’accord du
client est réputé acquis. Mais l’approbation du relevé qu’elle soit expresse ou tacite
n’a pas un effet absolu. D’abord ce n’est pas un arrêté définitif du compte ; ensuite
l’approbation ne concerne pas les erreurs ou omissions, fraudes ou présentations
inexactes de sorte qu’il est possible au client de contester ultérieurement les écritures.
Enfin le défaut de contrôle par le client des relevés qui lui sont transmis constitue une
négligence fautive. Il peut donc supporter les conséquences dommageables de cette
négligence. Ainsi, bien que des retraits de fonds ont été effectués par des personnes
sans qualité à la suite d’un détournement ou d’une falsification de chèque, il a été jugé
que la banque n’a pas à restituer au client ces sommes retirées indument dès lors que
ce client ne l’a pas informé de la situation alors même qu’il recevait périodiquement
ses relevés de comptes.

2) Les rémunérations attachées au fonctionnement du compte

Il existe une diversité de rémunérations. On peut les classer en distinguant les intérêts et les
commissions.

a) les intérêts

Tous les comptes ne produisent pas des intérêts. Par exemple, le compte chèque n’est pas un
compte qui produit des intérêts. Il en est autrement pour le compte d’épargne. Dans tous les
cas lorsque la convention de compte précise que le compte doit produire des intérêts, ces
intérêts peuvent être soit des intérêts créditeurs soit des intérêts débiteurs.

Les intérêts créditeurs sont ceux que la banque est tenue de verser au client pour les dépôts
qu’il lui confie. Le taux de ces intérêts relève de la convention des parties. Mais cette liberté
contractuelle est restreinte par les autorités monétaires.

Exemple : le taux d’intérêt est encadré par la Banque Centrale qui va fixer un taux plancher et
un taux plafond. Ces seuils minima et maxima ne pouvant être violées par les parties. La
rémunération des dépôts à vue est interdite par la loi qui fait cependant une exception pour
certains comptes d’épargne.

Les intérêts débiteurs sont généralement les intérêts que le client va payer au banquier à
l’occasion du crédit que celui-ci lui consent. Le taux de ces intérêts débiteurs est également un
taux encadré et lorsque ce taux excède le plafond légal, on parle de taux usuraire; ce taux
usuraire étant réprimé dans les conditions prévues par la loi de 1977 relative à l’usure. Le taux
d’intérêt débiteur peut par ailleurs être indexé ou peut être stipulé révisable en fonction de
certains facteurs. Le plus important pour le banquier et le client réside moins dans la fixation
du taux d’intérêt que dans le calcul des intérêts débiteur ou créditeur. Et ce calcul se fait à
partir de la date de valeur. Cette date est une date différente de l’entrée ou de l’inscription de
l’opération dans le compte.

Pour les opérations entrant au débit du compte, cette date de valeur est antérieure à l’entrée de
l’opération dans le compte. Pour les opérations entrant au crédit, elle est postérieure à cette
entrée. Les banquiers justifient ce décalage dans un sens comme dans l’autre par
l’impossibilité de placer le jour même les fonds déposés et par la nécessité de conserver des
fonds improductifs pour faire face au retrait des clients. Dans tous les cas, ce décalage leur
profite. Les intérêts débiteurs ou créditeurs ne peuvent pas en principe entrer dans le compte
et produire eux même des intérêts que pour des périodes d’au moins une année. C’est une
règle qui est prévue par l’article 1154 du code civil, article qui fixe en fait le régime de la
capitalisation des intérêts.

b) les commissions

Ces commissions rémunèrent les différents services que la banque effectue pour le compte des
clients. Ainsi, la banque percevra des commissions à l’occasion du paiement des effets de
commerce qui lui sont remis pour encaissements. Elle percevra également des commissions
pour la tenue globale du compte, elle fera payer les cartes bancaires qu’elle émet au bénéfice
du client. Ces commissions sont diverses, et leur détermination ainsi que la fixation de leur
taux relève de la convention des parties. Et à cet égard, on estime que si le consentement
formel et express du client n’est pas une exigence nécessaire pour la validité de la convention,
il faut tout de même qu’il ait été informé de la perception des commissions mises à sa charge
pour estimer qu’il les a acceptés.

3) la saisie du compte

Il peut survenir différents types d’incidents dans le fonctionnement d’un compte. Ces
incidents peuvent consister dans une transaction erronée, dans un oubli d’inscription ou
d’envoi des relevés périodiques. Mais la saisie du compte constitue l’élément majeur dans le
fonctionnement d’un compte. Le terme saisie du compte est toutefois une expression
juridiquement inexacte car ce n’est pas le compte lui même qui est saisi mais plutôt le solde
créditeur du compte. Ce solde représentant une créance du client sur le banquier et dans la
mesure où il s’agit d’une créance, il va être appliqué les dispositions de l’Acte Uniforme sur
le recouvrement simplifié de créances et des voies d’exécution, notamment en ses articles
régissant la saisie conservatoire de créance et la saisie attribution des créances.

De manière synthétique, on peut dire que les créanciers du client pourront saisir le compte soit
par une saisie conservatoire soit par une saisie attribution. Dans les deux cas, le banquier qui
se présente comme un tiers saisi est, malgré le secret bancaire, obligé de communiquer à
l’huissier instrumentaire les avoirs détenus par le client dans ses livres et le banquier ne peut
pas passer outre la saisie tant qu’il n’y a pas eu une mainlevée amiable ou judiciaire de la
saisie. Cette saisie du compte est enfermée par l’Acte Uniforme dans un formalisme strict.
Mais dès lors que ces règles de forme sont respectées, la saisie opère un blocage du solde du
compte au jour où elle est pratiquée. Cela signifie que le solde devient indisponible et il ne
peut être affecté au paiement d’opérations sur le compte postérieur au jour de la saisie.
L’article 161 apporte des précisions complémentaires s’agissant des opérations effectuées sur
un compte bancaire qui est saisi, notamment l’article 161 alinéa 2 dispose que : « dans le
délais de quinze jours ouvrables qui suit la saisie et pendant lequel les sommes laissées au
compte sont indisponibles, ce solde peut être affecté à l’avantage ou au préjudice du
saisissant par les opérations suivantes dès lors qu’il est prouvé que leur date est antérieure à
la saisie,

a) au crédit : les remises faites antérieurement au crédit en vue de leur encaissement de


chèque ou d’effets de commerce non encore portés au compte.
b) Au débit : l’imputation de chèque remis à l’encaissement ou porté au crédit du compte
antérieurement à la saisie et revenus impayés.
Les retraits de billetterie effectués antérieurement à la saisie et les paiements par carte dès lors
que leurs bénéficiaires ont été effectivement crédités antérieurement à la saisie.

Par dérogation aux règles qui précèdent, les effets de commerce remis à l’escompte et non
payés à leur présentation ou à leur échéance lorsque cette échéance ou présentation est
postérieure à la saisie, peuvent être contrepassés dans le délai d’un mois qui suit la saisie.
L’article 161 poursuit en disant que ces éventuelles opérations de débit ou de crédit
n’affectent pas le solde saisi que dans la mesure ou leurs résultats cumulés est négatif et
supérieur au solde non frappé par la saisie au jour de leur paiement.

Signalons pour terminer qu’à côté de cette procédure de droit commun, il existe deux autres
procédures de blocage d’un compte. Il y a tout d’abord la procédure de blocage judiciaire, le
blocage étant ici prononcé par un magistrat au cours d’une procédure pénale. Ensuite il y a la
procédure de l’avis à tiers détenteur. C’est une procédure qui est mise à la disposition du
trésor public aux fins de recouvrement de créances fiscales ou parafiscales. Concrètement
cette procédure de l’avis à tiers détenteur est une procédure simplifiée qui s’affranchit du
formalisme de la procédure de droit commun, mais qui emporte les mêmes effets que cette
procédure.

C - La clôture du compte

Cette clôture marque la fin des relations entre la banque et son client. Et à cet égard, il ne faut
pas confondre la clôture du compte avec les arrêtés périodiques destinés à fixer la position du
compte et qui donne droit au report à nouveau du solde.

Exemple : dans un compte d’épargne, il existe des arrêtés périodiques qui sont généralement
établis à la fin de l’année civile. Cet arrêté périodique va permettre de calculer les intérêts
produits par le compte d’épargne. Ces intérêts seront ensuite inclus dans le capital du compte
lui-même pour aboutir à un solde en fin d’année, solde qui sera reporté à nouveau pour
l’année suivante.

La clôture du compte conduit finalement à analyser trois questions, celle des causes, celle des
effets et enfin la question du redressement ou de la révision du compte.

1) les causes de la clôture du compte

Ces causes sont multiples ; dans le cas d’un compte à durée déterminée, la clôture intervient à
l’arrivée du terme. Si le compte est à durée indéterminée, chaque partie dispose d’un droit de
résiliation unilatérale qui peut être exercé à tout moment mais qui doit être exercé sans abus.
Autrement dit, la résiliation unilatérale et abusive d’un compte peut conduire à retenir la
responsabilité de celui qui en a pris l’initiative. Concrètement le contentieux qui existe en la
matière concerne le plus souvent la responsabilité du banquier.

Que ce compte soit à durée déterminée ou à durée indéterminée, la clôture du compte peut
intervenir s’il survient une modification dans la situation juridique du client (décès,
survenance d’une incapacité ou dissolution en ce qui concerne les personne morales).
Toutefois pour ces trois causes, il est possible que le compte continue à fonctionner de
manière exceptionnelle.

Par exemple en cas de décès, il est possible de maintenir le compte pour les besoins de la
liquidation successorale si la convention des parties a prévu ce maintien.

En cas d’incapacité, le représentant légal de l’incapable peut demander que le compte reste
ouvert mais le fonctionnement sera désormais sous sa responsabilité.

En cas de dissolution d’une personne morale commerciale, il est désormais admis que les
comptes de cette société dissoute ne soient pas automatiquement clôturés. Ils pourront ainsi,
fonctionner même après la décision de dissolution pour les besoins de la liquidation.

2) les effets de la clôture du compte

Le premier effet réside dans le fait que la clôture du compte met fin à la possibilité d’effectuer
de nouvelles opérations sur ledit compte. Cela veut dire par exemple, que le client ne peut
plus émettre de chèques. Il devra par ailleurs remettre toutes les formules de chèques. Mais les
chèques émis antérieurement à la clôture du compte doivent être payés si le compte dispose
d’une provision suffisante.

Le second effet de la clôture conduit à établir un arrêté définitif du compte. Cet arrêté fera
ressortir un solde créditeur ou un solde débiteur.

Si le solde est créditeur, cela signifie que le client dispose d’une créance sur la banque ; celle-
ci sera donc tenue de lui restituer ce solde et ce solde créditeur s’il n’est pas perçu par le client
à l’instant de la clôture, va produire des intérêts au taux convenu par la convention de compte.
Et ces intérêts pourront à leur tour être capitalisés en respectant les dispositions relatives aux
articles 1154 et suiv du code civil. La prescription de ce solde débiteur au jour de la clôture
est soumise au délai de droit commun. Elle s’accomplit non pas au profit du banquier, mais au
profit du Trésor Public.

En revanche, s’il se dégage un solde débiteur, le client ou ses ayant droits doivent payer ce
solde au banquier ; le régime de la prescription est identique à l’hypothèse précédente. Mais la
prescription s’accomplit au bénéfice de l’ancien client. Enfin, la capitalisation des intérêts sur
la base de l’article 1154 du code civil se fait de la même manière.

3) Le redressement et la révision du compte


L’arrêté définitif établi à la clôture du compte doit être soumis à l’acceptation du client. Cette
acceptation peut être expresse ou tacite. Et on estime que le compte clôturé qui a été accepté
par le client ne peut pas donner lieu à une révision complète, autrement dit, le client ne peut
demander à la banque de confectionner un nouvel arrêté définitif du compte. En revanche, ce
client pourra exiger le redressement de certaines écritures s’il a découvert plus tard des cas
d’erreur, d’omissions, de présentation inexacte ou fraude. Signalons toutefois qu’il est
possible au client ou même à la banque de demander la révision judiciaire du compte et cela
même sur plusieurs années. Pour ce faire, il s’agira de provoquer la nomination d’un expert
aux fins d’établir la réalité ou la sincérité des comptes. Le rapport déposé par l’expert pourra
ainsi guider le juge dans la détermination de la créance pouvant exister entre les parties au
litige.

PARAGRAPHE - II- LES REGLES SPECIFIQUES A CERTAINS COMPTES

Cette spécificité ne concerne pas le compte de dépôt puisque le compte de dépôt se présente
comme le compte bancaire de doit commun. Et ce sont les règles applicables à ce compte qui
ont été exposées précédemment à travers l’étude des règles générales. La spécificité des règles
concerne plutôt les comptes courants et les comptes spéciaux. Ce sont ces deux types de
comptes que nous étudierons.

A) le compte courant

Bien entendu ce compte se voit appliquer les règles générales à tous les comptes bancaires.
Mais c’est un compte qui est également régi par des règles particulières. Ces règles ont été
définies par les usages bancaires et la jurisprudence.
Ces règles spécifiques découlent de la définition même du compte courant. Il s’agit d’un
compte où le banquier et le client, qui est généralement un commerçant, décident de manière
expresse ou tacite que toutes leurs créances ou dettes réciproques seront inscrites dans un seul
compte de manière à ce qu’il y ait des compensations successives et que le règlement final de
ces créances et dettes se fasse à la clôture du compte par le paiement du solde. Cette définition
montre l’utilité du compte courant.

Tout d’abord, le compte courant constitue un mode de règlement simplifié des créances
réciproques pouvant exister entre le banquier et le débiteur. Et ce mode simplifié est constitué
par le recours à la compensation. Mais le solde résultant des compensations successives n’est
exigible qu’à la clôture. De ce point de vue, le compte courant apparaît comme un instrument
de crédit puisque chaque partie même si elle est débitrice à un moment donné du
fonctionnement du compte n’est pas obligé de payer l’autre partie. Mais cette possibilité de
crédit est assise en réalité sur une garantie à savoir l’obligation réciproque des parties
d’inscrire toutes les créances dans le compte courant.

Le compte courant est le seul compte de dépôt pouvant être alternativement créditeur et
débiteur (donc permettre un prêt de courte durée sur autorisation expresse de la banque,
appelé ouverture de crédit, dans des limites bien définies).
Il est d'usage de distinguer :
 les comptes courants privés, à usage des particuliers ;
 les comptes courants professionnels, à usage des entreprises ou professionnels
(entrepreneurs individuels, professions libérales, etc.).
Le compte courant est associé à un document émis par la banque sur lequel figurent les
coordonnées bancaires d’un client. Ce document s’appelle : RIB qui signifie relevé d’identité
bancaire.

B) les comptes spéciaux

L’expression « compte spécial » recouvre une réalité diverse. Mais généralement, on la


réserve au compte de dépôt et au compte courant qui présentent des caractères particuliers par
rapport au schéma classique du fonctionnement de ces deux types de compte. Par exemple les
comptes d’épargne, les comptes imposés à certains professionnels, les comptes à terme, les
comptes d’attentes qui, en période de réglementation de change, vont recevoir les soldes qui
seront transférés à l’étranger dans les comptes spéciaux. A côté de ce type de comptes
spéciaux qui ne posent pas de véritables problèmes juridiques sauf à respecter les textes qui
les instituent, il existe une autre génération de comptes spéciaux dont le régime juridique
mérite d’être précisé. Il s’agit des comptes à situation complexe lesquels se subdivisent en
deux catégories : les comptes multiples et les comptes collectifs.

1) les comptes multiples

Les comptes sont dits multiples lorsqu’ils appartiennent au même client alors qu’ils sont de
nature identique ou différente. Dans une telle situation, on considère que ces comptes
fonctionnent de manière autonome. Le client, titulaire du compte, a cependant la possibilité de
demander que l’un des comptes soit crédité par le débit d’un autre compte. Les conséquences
de ce principe d’autonomie sont importantes. En cas de procédure collective ouverte contre un
client commerçant, la compensation est exclue entre le solde créditeur d’un compte et le solde
débiteur d’un autre compte. Par ailleurs, il est possible de saisir le solde créditeur d’un compte
même si les autres comptes sont débiteurs. Enfin, le banquier peut être jugé responsable s’il
ne respecte pas les instructions du client dans l’affectation aux différents comptes des remises
ou des versements qui sont effectués par celui-ci. Ces différentes conséquences qui sont le
plus souvent dommageables pour les banquiers ont conduit ceux-ci à réagir. Pour contourner
ce principe d’autonomie des comptes multiples, deux techniques sont utilisées par les
banquiers.

Il y a tout d’abord la technique de la convention d’unité de compte. Une telle convention va


stipuler que les différents comptes appartenant au client constituent des sections d’un compte
général et unique, par conséquent ces différents comptes devront être traités comme tels.
Autrement dit, cette convention institue juste un compte unique aussi bien à l’égard des
parties qu’à l’égard des tiers même si matériellement il existe plusieurs comptes.

La convention d’unicité de compte peut être écrite ou résultée du comportement des parties.
Elle n’est possible que si les comptes rattachés n’ont pas des objets incompatibles. Par
exemple, un compte bloqué ne peut pas entrer dans le domaine d’une convention d’unicité si
cette convention vise également un compte courant ou un compte de dépôt à vue.

En revanche, un compte courant et un compte de dépôt à vue peuvent faire l’objet d’une
stipulation d’unité de compte. L’effet de la stipulation d’unité de compte c’est de prendre en
considération la position globale du client. C’est sur cette base que sera appréciée la provision
d’un chèque ou seront calculés les intérêts. Cette position globale pourra également être
invoquée à l’égard d’un créancier saisissant ou à l’égard d’un porteur de chèque. Il faut
relever que la convention d’unité de compte conclu dans une période suspecte peut être jugée
inopposable au tiers s’il est démontré que le banquier connaissait l’état de cessation de
paiement.

Il y a ensuite la technique de la convention de compensation ou de la convention de fusion.


Dans cette seconde technique, les comptes demeurent autonomes ou distincts mais la
possibilité est donnée à l’une des parties de réunir les différents soldes des comptes. En
d’autres termes, la fusion n’est pas automatique. Elle ne va s’opérer que si le bénéficiaire de
la convention de compensation a intérêt à le faire. Généralement, le bénéficiaire c’est le
banquier et tant que ce banquier n’a pas fait connaître sa décision de fusionner les comptes,
ceux-ci fonctionnent de manière indépendante. Mais dès l’instant où le banquier applique la
compensation, cette application met fin au fonctionnement (autonome) de l’un au moins des
comptes.

2) les comptes collectifs

Ils sont constitués d’une part par le compte indivis et d’autre part par le compte joint

a) le compte indivis ou compte d’indivision

Ce type de compte est ouvert pour enregistrer les opérations financières ou recevoir les dépôts
concernant une indivision patrimoniale. L’indivision est la situation juridique de plusieurs
personnes, titulaires d’un droit de même nature, portant sur un ou plusieurs biens, sans qu’il y
ait division matérielle de leurs parts.
Pour de type de compte, il n’existe pas de solidarité active. Pour que le compte puisse
fonctionner, les ordres doivent émaner de l’ensemble des titulaires et donc la signature de
chacun des titulaires est requise. Notons toutefois qu’un des co-titulaires peut être mandataire
dans la mesure où une procuration lui a été accordée (et donc signée) par l’ensemble des
titulaires du compte indivis. En revanche le compte indivis emporte solidarité passive, ce qui
signifie que chaque titulaire est tenu de l’intégralité de la dette.

b) le compte joint

Le compte joint est un compte ouvert à plusieurs personnes et emportant solidarité active et
passive

Dans le cadre de la solidarité active, chacun des titulaires est investi à l’égard du débiteur
commun, du pouvoir de disposer seul de la créance. Ainsi chaque co-titulaire peut faire
fonctionner le compte sous sa seule signature.

La solidarité passive engage chacun des redevables d’une dette commune, qui est tenu à titre
personnel, de l’intégralité de la dette. Chaque opération, même initiée par un co-titulaire sous
sa seule signature engage tous les autres. Ainsi le banquier peut réclamer à chaque co-titulaire
la totalité du solde débiteur du compte, quelque soit l’initiateur de l’opération. La stipulation
de la solidarité tant active que passive constitue le critère unique et absolu du compte joint.
Cette caractéristique ne se présume pas et nécessite la signature d’une convention de compte
joint.

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