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CHARGE DE COURS : MEITE Méké

COURS DE DROIT BANCAIRE


INTRODUCTION GENERALE

Le droit bancaire est l’ensemble des règles applicables aux opérations bancaires et à
ceux qui les accomplissent à titre professionnel. C’est donc à la fois le droit des
opérations de banque et celui des professionnels de la banque. Le droit bancaire
ainsi défini est une branche autonome du droit et particulièrement du droit
commercial. Mais il emprunte certaines règles à d’autres disciplines du droit privé
(droit des obligations, droit des sociétés). Il emprunte parfois aussi au droit public,
ceci à cause du rôle économique important des banques qui a conduit à un
interventionnisme important de l’État dans ce domaine. C’est-à-dire une influence
grandissante de l'État dans la réglementation.
Le droit bancaire est un droit original du fait de ses caractères. C’est un droit
technique et formaliste qui utilise des mécanismes sui generis comme le compte
courant, la contrepassation ou l’escompte.
Le droit bancaire tel qu’il est appliqué aujourd’hui a une origine lointaine. En effet,
le mot banque qui a donné son nom au droit bancaire vient de « banco » en italien
c’est-à- dire table car les premiers banquiers sont des changeurs, ils ont pour
fonction essentielle de changer la monnaie et de fournir de bonnes pièces
métalliques pour le commerce. Ils disposent alors pour cela des tables c’est-à-dire
de comptoirs.
Les premières banques sont nées au moyen-âge dans les villes commerçantes
notamment Venise et Gènes en Italie. De leur fonction originaire de changeurs, les
banquiers sont devenus des agents de crédit. Ils ont pour principale fonction la
distribution du crédit, qui consiste à prendre les capitaux là où il y en a trop pour
les repartir là où il y en a moins. Mais le banquier n’est pas un capitaliste puisqu’il
utilise les fonds d’autrui. A la distribution du crédit s’ajoutent aujourd’hui les

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opérations de garantie, de gestion de valeurs mobilières et des moyens de paiement,


etc.
Appliquée à la Côte d’Ivoire, l’histoire des banques ivoiriennes nous
enseigne qu’elle est étroitement liée à celle de la « zone franc » dont la naissance
est située par les historiens en 1939. C’est le début de la deuxième guerre mondiale
et la France instaure le système de contrôle de change généralisé qu’elle étend à ses
territoires d’Outre-mer. Il fut alors interdit par les décrets des 28 août, 1er et 9
septembre 1939 de réaliser des opérations commerciales et financières entre la
France et l’Extérieur. Une zone de privilège du franc venait ainsi de se constituer.
Mais si la « zone franc » prend corps en 1939, les racines du système bancaire
peuvent être décelées déjà en 1853 avec la création de la Banque du Sénégal qui
n’était rien d’autre qu’une banque des négriers. La Banque du Sénégal deviendra
plus tard, en 1901, la Banque d’Afrique de l’Ouest, le premier institut d’émission
mis en place par la France dans ses territoires. Ce sont également des cendres de la
Banque du Sénégal qu’est née la Banque Internationale de l’Afrique Occidentale
(BIAO).
La BIAO-CI, la BICICI, la SIB et la SGBCI résultent de la transformation des
établissements bancaires français que sont la BIAO, la BNP, le Crédit Lyonnais et
la Société Générale qui étaient installés en Côte d’Ivoire avant son indépendance.
Jusqu’en 1976, l’organisation du système bancaire ivoirien a reposé sur la loi n°
65- 252 du 4 août 1965 portant réglementation du crédit et organisation de la
profession bancaire et des professions qui s’y attachent. Les dispositions de l’article
2 de cette loi faisaient la distinction entre les banques commerciales, les banques de
dépôts, les banques d’affaires et les banques de développement. La réforme du
système bancaire de 1975, la réglementation bancaire de 1990 et aujourd’hui
l’ordonnance N°2009-385 du 1er décembre 2009 portant réglementation bancaire,
ont supprimé cette distinction fondée sur le principe de la spécialisation.
Aujourd’hui, on parle d’établissements de crédits composés de banques et
d’établissements financiers.

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Dans le cadre du présent enseignement, seront étudiés tour à tour les sources du
droit bancaire (Titre 1), le cadre de l’activité bancaire (Titre 2), les comptes en
banque (Titre 3), les instruments de paiement et de crédit (Titre 4), la distribution
du crédit (Titre 5).

TITRE 1 : LES SOURCES DU DROIT BANCAIRE

L’importance grandissante de la fonction du banquier imposait une


réglementation. L’une des premières est la loi française de 1930 qui a pour but
d’interdire l’exercice de la profession bancaire à certaines catégories de personnes
indignes de confiance et qui ont fait preuve de malhonnêteté. Par la suite, des textes
spéciaux lui seront consacrés. Aujourd’hui, les sources du droit bancaire sont très
importantes.
En Côte d’Ivoire particulièrement, les textes juridiques qui régissent les activités
bancaires et financières sont essentiellement d’origine supranationale. A côté des
ces dispositions, coexistent des dispositions nationales. Ces sources sont
essentiellement textuelles mais aussi d'origines diverses.

CHAPITRE 1 : LES SOURCES TEXTUELLES

Section 1 : Les sources nationales

Parmi les principaux textes encore en vigueur, on peut citer:


 L’ordonnance N°2009-385 du 1er décembre 2009 portant réglementation
bancaire
 La loi n°93-661 du 09 août 1993 relative au secret bancaire
 La loi n°2005-554 du 02 décembre 2005 relative à la lutte contre le
blanchiment de capitaux

Section 2 : Les sources communautaires

Elles sont loin d’être exhaustives et sont pour l'essentiel l'œuvre des organes et
institutions de l’UEMOA. Parmi les nombreux textes, on peut citer :

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 Le Traité de l’Union Monétaire Ouest Africaine


 Le Traité de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine
 Les statuts de la BCEAO, annexés au Traité de l’UMOA
 La Convention régissant la commission bancaire de l’union monétaire ouest
africaine
 La loi cadre portant réglementation bancaire
 Les dispositions relatives au marché financier régional et à la stabilité
financière
 Les lois uniformes ou communautaires qui sont adoptées par le Conseil des
Ministres de l’UMOA lorsqu’il s’agit des activités bancaires, de gestion de
la monnaie et du crédit, des systèmes et moyens des paiements et des
activités des systèmes financiers décentralisés. Etc…

Section 3 : Les sources internationales

Elles sont pour l'essentiel issues d'un organisme connu sous le nom de Comité de
Bâle ou de Comité de Bâle pour le Contrôle Bancaire (CBCB).
Le Comité de Bâle été créé en 1974 par le Comité des Gouverneurs des Banques
Centrales des pays du G10 et comprend les responsables des autorités de
surveillance bancaire des pays du G10 ainsi que d’Espagne et du Luxembourg. Il
rassemble aujourd’hui les superviseurs de 27 pays : l’Argentine, l’Australie, la
Belgique, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, Hong Kong,
l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, la Corée, le Luxembourg, le Mexique, les
Pays-Bas, la Russie, l’Arabie Saoudite, Singapour, l’Afrique du Sud, l’Espagne, la
Suède, la Suisse, la Turquie, le Royaume-Uni et les États- Unis.
Sa principale fonction consiste à établir les règles internationales en matière de
supervision bancaire afin de renforcer la sécurité des systèmes bancaires, et
promouvoir une égalisation des conditions de concurrence entre les grandes
banques internationales.

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Ses textes, réunis dans un document appelé charte du Comité de Bâle ne sont pas
obligatoires c'est-à-dire ne sont pas juridiquement contraignants pour les membres
mais sont adoptés par de nombreux pays membres et non membres. Les autorités
de l’UEMOA encouragent les banques de la zone à adopter ces principes (ex:
Principes de Bale I, Bâle II, Bâle III).
L’organe de gouvernance du Comité de Bâle est le groupe des gouverneurs de
banque centrale et des responsables du contrôle bancaire (GHOS). Le secrétariat du
Comité est situé à la Banque des Règlements Internationaux à Bâle en Suisse. Les
documents qu’il publie ne sont pas contraignants juridiquement, mais constituent
un engagement moral de ses membres.

CHAPITRE 2 : LES AUTRES SOURCES

Il s’agit des sources techniques et des usages.

Section 1 : Les sources techniques

A côté de ces principaux textes, il faut ajouter les décisions des organes de
direction et de contrôle. Elles sont appelées sources techniques et jouent un rôle
important en matière bancaire. Il s’agit des avis et décisions émanant des
différentes autorités compétentes en la matière qu’elles soient nationales comme le
MINFI, ou le conseil national du crédit ou sous régionales comme la commission
bancaire ou la BCEAO.

Section 2 : Les usages

Les usages professionnels jouent un rôle important en matière bancaire.


Ex : Les dates de valeur résultent d'un usage, de même en matière bancaire, l'usage
est que l'année civile pour le calcul des intérêts compte 360 jours.

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TITRE 2 : LES INSTITUTIONS DU DROIT BANCAIRE

Le déroulement des opérations de banque est fortement influencé par les


institutions chargées d’élaborer et d’appliquer la politique de distribution du crédit.
En principe, il relève de la compétence des États de définir et de fixer les
attributions des organismes ayant un pouvoir en la matière. Cependant, la Côte
d’Ivoire, en association avec certains États de l’Afrique de l’ouest a abandonné une
partie de sa souveraineté nationale dans ce domaine au profit d’institutions
communes à tous ces États.

CHAPITRE 1 : L’ENCADREMENT DU CREDIT BANCAIRE

L’encadrement du crédit se fera à travers les institutions régionales africaines et


celles nationales.

Section 1 : Les institutions régionales africaines

Elles datent de l’époque où la Côte d’Ivoire était encore une colonie française
appartenant à un ensemble sous régional appelé AOF. C’est cet ensemble qui a été
le cadre de la création d’institutions financières communes à tous les territoires qui
le composaient. C’est ainsi que très tôt, ces États ont eu une monnaie commune : le
franc CFA.
NB : Dans la zone UMOA ‘’devenue’’ UEMOA, l’abréviation CFA signifiait
initialement, de 1945 à 1958 Franc des Colonies Françaises d’Afrique, puis de
1958 à 1960 franc de la Communauté Française d’Afrique. Actuellement, elle
signifie franc de la Communauté Financière Africaine.
Après la vague des indépendances de 1960, ces États ont jugé utile et nécessaire de
conserver ces institutions communes en les adaptant au concept nouveau. Ces
institutions ont connu une évolution. Ce sont l’UMOA ; l’UEMOA ; la BCEAO et
la Commission Bancaire.

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Paragraphe 1 : L’uemoa

Elle date du 10 janvier 1994. Elle regroupe les États membres de l’UMOA (Benin ;
BF ; Côte d’Ivoire ; Niger ; Sénégal ; Togo) auxquels il faut ajouter le Mali et la
Guinée Bissau.
L’UEMOA reprend les compétences de l’UMOA en matière de crédit et
d’opérations bancaires. Il lui appartient de définir l’organisation générale de la
distribution et du contrôle du crédit, de préciser et de fixer les règles générales
d’exercice de la profession bancaire et des activités qui s’y rattachent. Enfin, c’est
elle qui détermine la réglementation applicable aux effets de commerce.
Bon à savoir : L’UMOA a été créée en mai 1962, et l’UEMOA en janvier 1994.
Cependant, contrairement aux idées reçues, le traité créant l’UEMOA n’a pas
remplacé celui de l’UMOA. Ce dernier sert encore de base juridique aux aspects
strictement monétaires.
« L’adoption en temps opportun d’un traité fusionnant ces deux traités est prévue.
Mais en attendant cette fusion, certaines modifications ont été apportées au traité de
l’UMOA. » Article 112 du traité modifié de l’UEMOA du 29 janvier 2003.
Paragraphe 2 : La bceao

Elle est l'Institut d'émission commun aux États membres de l'Union Monétaire
Ouest Africaine (UMOA). A sa création le 12 mai 1962 elle réunissait les
Républiques de la Côte d'Ivoire, du Dahomey, de la Haute-Volta, du Mali, du
Niger, de la Mauritanie, du Sénégal et la République Togolaise.
C’est un établissement public international dont le siège est fixé à Dakar. Outre
l’émission des signes monétaires dans les États membres de l’Union dont elle a le
privilège exclusif, la BCEAO a en charge :
 la centralisation des réserves de devises de l’Union,
 la gestion de la politique monétaire des États membres de l’Union,
 la tenue des comptes des Trésors des États de l’Union,

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 la définition de la loi bancaire applicable aux banques et aux établissements


financiers
En matière de crédit, les statuts accordent essentiellement deux pouvoirs à la
banque centrale :
Premièrement, selon l’article 27 des statuts de la BCEAO, la banque centrale est
chargée de l’application dans chaque État membre, des dispositions légales et
réglementaires prises par les autorités régionales et nationales relatives à la
profession bancaire et au contrôle du crédit. En particulier il est de la compétence
de la banque centrale d’instruire toutes les demandes d’autorisation de création ou
d’ouverture des établissements financiers au sens large.
En deuxième lieu, les statuts de la banque centrale lui ont permis de créer un comité
national du crédit qui est un organe administratif qui siège auprès des organes de la
banque centrale établis dans chacun des États membres. Ce comité est chargé de
contrôler le volume de crédit distribué.
Paragraphe 3 : La commission bancaire

L’organe de contrôle de l’activité bancaire dans les états membres de l’UEMOA est
la Commission bancaire dont le siège est basé à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Avant les différentes lois bancaires qui se sont succédé, chaque État membre de la
BCEAO avait une commission nationale chargée de contrôler l’activité de ses
banques et établissements financiers. Cependant, pour une meilleure harmonisation
des politiques de contrôle, les États ont décidé de créer une commission unique
dénommée commission bancaire chargée de veiller à l’organisation des banques et
établissements financiers. Elle a été créée par une convention en date du 24 Avril
1990 puis par la signature, le 6 Avril 2007, d’une nouvelle convention la régissant.
Les pouvoirs de la commission bancaire sont relativement larges. Elle est dotée
d’un pouvoir d’investigation et d’un pouvoir de police. Le secret professionnel ne
lui est pas opposable. Ces pouvoirs se rapportent notamment :
-à l’agrément et au retrait d’agrément des établissements de crédit (banques et
établissements financiers)
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-au contrôle des établissements de crédit et des systèmes financiers décentralisés


-aux mesures administratives et sanctions disciplinaires à l’encontre des
établissements assujettis ou des dirigeants responsables
-à la nomination d’administrateur provisoire ou de liquidateur d’établissement de
crédit.
Section 2 : Les institutions nationales

Au plan interne, l’organisation de la profession bancaire permet de distinguer des


organes chargés de l’encadrement des opérations et des organes chargés de
l’exécution des opérations.

Paragraphe 1 : Les organes d’encadrement

A. L’organe de décision : Le ministre des finances

C’est le ministre chargé des finances. Il a un pouvoir très étendu. C’est à lui de
traduire, par des arrêtés, toutes les décisions prises à un niveau supérieur. Ces
arrêtés concernent tous les aspects de la profession bancaire notamment l’agrément
et la nomination des dirigeants et personnels des banques, la suspension des
activités, la nomination d’administrateurs provisoires et de liquidateurs
d’établissements financiers…
Le ministre des finances est le maître d’œuvre de la politique d’organisation et du
contrôle du fonctionnement des banques opérant sur le territoire de la Côte
d’Ivoire.

B. Le conseil national du crédit

En Côte d’Ivoire, comme dans tous les autres États membres de la banque
centrale, il existe un Conseil National du Crédit qui siège auprès de l’agence
nationale de la BCEAO. Il est présidé par le Ministre de l’Économie et des
Finances ou son représentant. Le Comité apprécie les besoins de financement de
l’activité économique du pays, propose au Conseil d’Administration le montant de

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crédit intérieur et celui des concours que la Banque Centrale pourra consentir aux
banques et au Trésor, et en assure l’utilisation et le contrôle dans l’État concerné.

C. Les organes corporatistes

Il s’agit de l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers


de Côte d’Ivoire (APBEF-CI) et l’Association Professionnelle des Systèmes
Financiers Décentralisés de Côte d’Ivoire (APSFD-CI).

1. L’Apbef-ci

Elle a été instituée par un décret du 24 Avril 1966 pris en application de la loi
bancaire de 1965. Et toutes les lois bancaires qui se sont succédé y font référence
en rappelant les pouvoirs qui sont accordés à l’APBEF-CI. L’association
fonctionne comme un syndicat à deux niveaux.
D’abord, l’association sert d’intermédiaire entre ses membres et tous les organes de
contrôle. Ensuite, elle sert d’organisme de défense des intérêts de ses membres et
du personnel des banques.
2. L’Apsfd-ci

Elle est une association à but non lucratif de droit ivoirien immatriculée sous le
numéro de récépissé de déclaration d’association n°007/INT /AT/AG/SDAG/1 en
date du 05 janvier 2001. Elle regroupe et représente tous les systèmes financiers
décentralisés agréés en Côte d’Ivoire. Elle est un relais en matière de transmission
et de diffusion de l’information entre les SFD, les autorités de régulation et les
bailleurs de fonds.

Paragraphe 2 : Les organes d’exécution

Il faut distinguer selon qu’il s’agit des établissements de crédit ou des systèmes
financiers décentralisés (établissements de micro-finances).

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A. Les établissements de crédit

1. Définition

L’article 2 de l’ordonnance N°2009-385 du 1er décembre 2009 portant


réglementation bancaire dispose : « Sont considérées comme établissements de
crédit, les personnes morales qui effectuent, au titre de profession habituelle, des
opérations de banque ».

Il ressort de cette définition que trois (3) conditions cumulatives sont exigées pour
l’exercice de l’activité:

- Il faut être une personne morale ce qui exclut les personnes physiques de
l’activité bancaire. La forme de cette personne morale est d’ailleurs exigée. Selon le
cas, il ne peut s’agir que d’une société anonyme avec conseil d’administration et
ayant un capital social minimum (pour les banques), ou d’une SARL pour les
établissements financiers
- Il faut exercer à titre habituel c’est-à-dire qu’il faut la répétition des opérations
de banque et l’organisation en une profession habituelle.
- Il faut effectuer des opérations de banque. Sont considérées comme opérations de
banque : la réception des fonds du public, les opérations de crédit et la mise à la
disposition de la clientèle des moyens de paiement ou leur gestion. Les
établissements de crédit peuvent aussi effectuer d’autres opérations dites opérations
connexes.
Tous ceux qui ne remplissent pas ces conditions ne peuvent être considérés comme
des établissements de crédit et il est interdit à toute personne ou entreprise autre
qu’un établissement de crédit d’effectuer des opérations de banque à titre de
profession habituelle.

2. La classification des établissements de crédit

2.1. Les établissements bancaires

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La loi ne donne pas une définition de l’établissement bancaire. Il correspond en


réalité à l’ancienne « banque » prévue par la loi antérieure.

a. Les catégories d’établissements bancaires

L’établissement bancaire comprend deux catégories : la banque universelle et les


banques spécialisées.

La banque universelle

Elle a pour vocation de recevoir du public des dépôts de fonds à vue et à terme et
d’effectuer les opérations de crédit.
La véritable particularité de la banque universelle tient aussi et surtout à la
limitation de la possibilité de prendre des participations dans les sociétés.
Toutefois, cette limitation ne s’applique pas aux participations prises dans d’autres
banques, établissements financiers ou dans les sociétés nécessaires à leur
exploitation et chargées de la gestion soit de leur patrimoine immobilier soit des
services d’étude relevant de la profession bancaire.
Les banques spécialisées

Les banques peuvent être spécialisées soit pour certaines opérations déterminées
(crédit à long terme, prises de participation) soit pour une clientèle ou un secteur
d’activité déterminé (crédit agricole, crédit au commerce extérieur, etc.…). Mais
surtout ces banques bénéficient de la possibilité d’avoir un statut spécial.

b. Les opérations des établissements bancaires

Les opérations de banque comprennent essentiellement :

-La réception de fonds en provenance du public : il s’agit des sommes recueillies


auprès d’un tiers, par exemple, sous forme de dépôts. La banque a le droit d’en
disposer pour son propre compte, mais elle doit les restituer ;

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-Les opérations de crédit : elles reposent sur le prêt d’argent ou la promesse de


prêt à titre rémunéré.

-Les services bancaires de paiement : ils correspondent à la gestion et à la mise en


place de moyens de paiement destinés à la clientèle pour transférer des fonds.

Les moyens de paiement désignent l’ensemble de techniques ou de supports mis à


la disposition des particuliers pour effectuer des règlements et des transferts de
fonds. Ils sont scindés en 2 grandes catégories : la monnaie fiduciaire (billets et
pièces) et les moyens de paiement scripturaux, dématérialisés (chèques, cartes
bancaires, etc.)

c. Les produits et services bancaires en cote d’ivoire

Les Établissements bancaires offrent la majorité des services proposés par les
banques dans tous les pays du monde. Il est important de diviser les produits et
services en deux grands groupes : les services aux entreprises et les services aux
particuliers.
Aux particuliers, les banques proposent entre autres les comptes courants ou
comptes chèques, les comptes épargnes rémunérés et des produits d’épargne et
d’assurance. Au-delà de cela, il est possible à tous les clients d’effectuer des
virements locaux ou à l’étranger ou encore d’émettre des chèques de banques. Il y’a
aussi les cartes bancaires qui permettent comme partout d’effectuer des opérations
en ligne, des retraits dans les distributeurs ou encore de faire des achats dans les
commerce. Exemples : les cartes Visa et Mastercard ; les cartes du réseau GIM-
UEMOA permettant d’effectuer des opérations dans l’espace UEMOA. Enfin, les
banques proposent aux particuliers des prêts bancaires principalement des prêts
immobiliers et des prêts à la consommation.
Pour les entreprises, les banques proposent en plus des services similaires à ceux
proposés aux particuliers des services comme le financement des bons de
commandes, l’avance sur facture ou encore l’affacturage. Le produit le plus
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fréquemment utilisé par les entreprises reste le DAT (dépôt à terme) même s’il est
aussi utilisé par les particuliers.
Au 31 décembre 2020, la cote d’ivoire comptait 29 banques dont 26 filiales et 03
succursales.
Exemples de filiales : BANQUE INTERNATIONALE POUR LE COMMERCE
ET L’INDUSTRIE DE LA COTE D’IVOIRE (BICICI) ; NSIA BANQUE COTE
D’IVOIRE (NSIA BANQUE CI) ; SOCIETE IVOIRIENNE DE BANQUE (SIB) ;
SOCIETE GENERALE COTE D’IVOIRE CITIBANK COTE D’IVOIRE
(CITIBANK CI). Exemples de succursales : NSIA BANQUE BENIN,
SUCCURSALE DE COTE D'IVOIRE ; BANQUE MALIENNE DE
SOLIDARITE, SUCCURSALE DE COTE D’IVOIRE ; BANQUE RÉGIONALE
DES MARCHÉS, SUCCURSALE DE COTE D’IVOIRE.

2.2. Les établissements financiers à caractère bancaire

a. Les catégories d’établissements financiers

Les établissements financiers à caractère bancaire sont classés en cinq (05)


catégories, selon la nature des opérations qu'ils sont autorisés à effectuer :
- catégorie 1 : établissements financiers de prêts ;
- catégorie 2 : établissements financiers de crédit-bail ou de location avec option
d'achat ;
- catégorie 3 : établissements financiers d'affacturage ;
- catégorie 4 : établissements financiers de cautionnement ;
- catégorie 5 : établissements financiers de paiement.
Les établissements dont les opérations relèvent de catégories différentes sont
classés dans chacune des catégories correspondantes.

b. Les opérations des établissements financiers

Les opérations des établissements financiers de prêt

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Les établissements financiers de prêts font profession habituelle d'effectuer, pour


leur propre compte, notamment les opérations suivantes :
- financement des besoins de trésorerie et d'investissement des entreprises ;
- prêts pour l'acquisition de meubles corporels ;
- prêts immobiliers ;
- crédit différé ;
- autres prêts aux particuliers et aux entreprises.
Constitue une opération de crédit différé, le prêt dont l'octroi est subordonné à des
versements préalables de l'emprunteur à l'établissement financier à caractère
bancaire concerné.

Les opérations des établissements financiers de crédit-bail ou de


location avec option d'achat

Le crédit-bail ou leasing est l’opération par laquelle un établissement financier


acquiert et met à la disposition d’une entreprise locataire un bien sous forme de
location mais avec option pour le locataire de devenir propriétaire à l’issu de la
période de location.
Selon le cas, le bien ainsi mis à la disposition de l’entreprise locataire peut être du
matériel industriel ; des biens d'équipement, de matériel ou d'outillage ; des biens
immobiliers à usage professionnel achetés et/ou construits à cet effet.
La formule du crédit-bail permet ainsi à l’entreprise d’acquérir et surtout d’utiliser
des biens sans recours au crédit classique.

Les opérations des établissements financiers d'affacturage ou de


factoring

Le factoring ou affacturage est l’opération par laquelle une personne, le factor,


achète les créances commerciales à terme qu’une personne, l’adhérent, détient sur
ses clients. En contrepartie du paiement d’une prime, le factor se charge, à ses
risques et périls du recouvrement de la créance à l’échéance.

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Les opérations des établissements financiers de cautionnement

Les établissements financiers de cautionnement ont pour objet de prendre, à titre


onéreux, dans l'intérêt d'une personne physique ou morale, un engagement par
signature tel qu'un aval, un cautionnement ou toute autre garantie.

Les opérations des établissements financiers de paiement

Les établissements financiers de paiement sont spécialisés dans les services de


paiement.
Les services de paiement s'entendent de toute activité exercée à titre professionnel
et destinée à mettre à la disposition du public, des instruments ou offrir des
prestations lui permettant notamment l'exécution, quels que soient l'infrastructure,
le support ou le procédé technique utilisés, des opérations ci-après : encaissements ;
versements ; retraits ; virements ; paiements ; prélèvements.
Au 31 décembre 2020, la Côte d’Ivoire comptait 02 établissements financiers à
caractère bancaire dont une filiale SOCIETE AFRICAINE DE CREDIT
AUTOMOBILE (SAFCA - ALIOS FINANCE) et une succursale FIDELIS
FINANCE BURKINA FASO (FIDELIS-FINANCE BF), SUCCURSALE DE
COTE D’IVOIRE.

3. Les critères de distinction entre banques et établissements financiers

A priori, il ne devrait pas exister de différence entre ces deux sortes d’entreprises.
Elles font les mêmes opérations, et sont soumises aux conditions d’exercice. A
savoir l’agrément préalable. La loi permet toutefois de relever des différences non
négligeables.

3.1. La réception de fonds du public


La différence la plus importante vient de l’origine des fonds que peuvent recevoir
les banques et les établissements financiers.

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Les banques peuvent recevoir des fonds provenant tant du public que des
administrations étatiques. Ce, au contraire des établissements financiers qui,
d’après l’article 49 de l’ordonnance précité, ne peuvent pas recevoir de dépôts de
fonds du public. Ils travaillent donc en principe sur fonds propres exclusivement.
Seule une autorisation spéciale prise par décret et dans des conditions strictement
définies peut les relever de cette interdiction.

La notion de fonds publics est précisée à l’article 5 qui dispose que ce sont des
«fonds qu’une personne recueille d’un tiers, notamment sous forme de dépôts, avec
le droit d’en disposer pour son propre compte, mais à charge pour elle de les
restituer.»

Exemples d’opérations qui ne sont pas considérées comme étant reçus du public:

-les fonds constituant le capital d’une entreprise;

-les fonds reçus des dirigeants d’une entreprise, ainsi que des actionnaires, associés
ou sociétaires détenant dix pour cent (10 %) au moins du capital social;

-les fonds reçus de banques ou d’établissements financiers à l’occasion


d’opérations de crédit;

-les fonds reçus du personnel d’une entreprise, à condition que leur montant global
reste inférieur à dix pour cent (10 %) des capitaux propres de ladite entreprise.

3.2. L’étendue des activités

La deuxième différence entre banque et établissement financier réside dans le fait


qu’au contraire des banques qui ont une vocation universelle, la réglementation
bancaire oblige les établissements financiers à se spécialiser dans des domaines
bien précis. Un établissement est agréé pour une seule spécialité. L’exercice d’une
activité additionnelle doit faire l’objet d’autorisation préalable auprès des Autorités
monétaires et de contrôle bancaire.

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3.3. La création de la monnaie scripturale


La monnaie scripturale est une monnaie réalisée par une écriture à un compte. C’est
une monnaie de banque. Elle suppose :
- un compte créateur de monnaie : c’est-à-dire un compte à vue (Avoirs disponibles
immédiatement) dans un établissement bancaire. Les comptes à terme et les
comptes sur livret ne sont pas créateur de monnaie car ils n’autorisent pas une
disponibilité immédiate ;
- un solde créditeur de ce compte. Peu importe que ce solde résulte d’un dépôt ou
d’un crédit bancaire ; mais une ouverture de crédit n’est pas créatrice de monnaie
tant qu’elle n’est pas inscrite en compte ;
- une possibilité de mobilisation, qui permette à la monnaie scripturale de jouer son
rôle d’instrument de paiement, soit par un système de retrait (transformation de la
monnaie scripturale en monnaie fiduciaire), soit par un système de transfert de
compte à compte que sont le chèque, la carte de paiement, le virement et le
prélèvement automatique.
Contrairement donc aux banques auxquelles la loi réserve le pouvoir de créer de la
monnaie scripturale, les établissements financiers ne peuvent le faire.
En dehors de ces cas, on peut considérer que les banques et les
établissements financiers à caractère bancaire font les mêmes opérations
notamment les opérations de banque telles que définies à l’art. 2.

B. Les Systèmes Financiers Décentralisés (ou établissements de micro-


finance)
1. Définition

Appelés aussi établissements de micro-finance, les “Systèmes financiers


décentralisés”, désignent les institutions agréées et habilitées par la loi, dont l’objet
principal est d’offrir des services financiers, (c'est-à-dire de réaliser des opérations
de collecte de dépôts, prêt d’argent, engagement par signature) à des populations
évoluant pour l’essentiel en marge du circuit bancaire traditionnel.

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Les systèmes financiers décentralisés doivent être constitués sous forme de sociétés
anonymes, de sociétés à responsabilité limitée, de sociétés coopératives ou
mutualistes ou d’associations.
Au 30 septembre 2019, le secteur des systèmes financiers enregistrait, en Côte
d’Ivoire, 48 SFD agréés dont 15 SFD de type S.A, et 33 de type mutualiste.
Exemples de SFD : ADVANS-CI ; CELPAID ; FIDRA ; CREDIT ACCESS
(sociétés anonymes). MUCREF-CI ; UNACOOPEC-CI ; COOEP ATTINGUE ;
RAOUDA FINANCE (mutuelles/coopératives)

2. Les opérations des Systèmes Financiers Décentralisés


2.1. La collecte de dépôt

Sont considérés comme dépôts, les fonds, autres que les cotisations et contributions
obligatoires, recueillis par le système financier décentralisé auprès de ses membres
ou de sa clientèle avec le droit d’en disposer dans le cadre de son activité, à charge
pour lui de les restituer à la demande des déposants selon les termes convenus.

2.2. Les opérations de prêt

Est considéré comme une opération de prêt, tout acte par lequel un système
financier décentralisé met, à titre onéreux, des fonds à la disposition d’un membre
ou d’un client à charge pour ce dernier de les rembourser à l’échéance convenue.
Le montant maximum de prêts sur une seule signature est fixé, en tant que de
besoin, par une instruction de la Banque Centrale.

2.3. Les opérations d’engagement par signature

Est considérée comme une opération d’engagement par signature, tout acte par
lequel un système financier décentralisé prend, dans l’intérêt d’un membre ou d’un
client, un aval, une caution ou une autre garantie.

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3. La classification des Systèmes Financiers Décentralisés

Selon la nature des opérations qu’ils sont autorisés à effectuer, les systèmes
financiers décentralisés sont classés en deux catégories.

3.1. Les institutions qui collectent des dépôts et accordent des prêts à
leurs membres ou aux tiers

Leur organisation se rapproche sensiblement de celle des établissements bancaires.

3.2. Les institutions qui accordent des prêts sans exercer l’activité de
collecte de dépôts

Ne collectant pas l’épargne, elles doivent financer leurs activités par les capitaux
propres ou les emprunts.

NB : Les SFD d’une catégorie ne peuvent exercer les activités d’une autre catégorie
sans autorisation préalable du ministre.

Depuis la loi N°2019-869 du 14octobre 2019, les SFD peuvent exercer des
activités conformes aux principes de la finance islamique.

Les SFD peuvent exercer leur activité soit de manière indépendante, soit à
l’intérieur d’un réseau.
Le réseau est un ensemble d’institutions affiliées à une même union, fédération ou
confédération
Animées par un même objectif, ces institutions ont volontairement décidé de se
regrouper afin d’adopter une organisation et des règles de fonctionnement
communes. Il peut être local ou national. Tout réseau doit se doter d’un organe
faîtier qui est un établissement disposant d’un capital ou d’une dotation approprié
et qui assure certaines prérogatives telles que la représentation du réseau auprès des
tiers, la fixation des conditions d’adhésion, d’exclusion ou de retrait des affiliés ; le
pouvoir disciplinaire, etc.

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La commission bancaire arrête et publie la liste des SFD agréés dans l’UEMOA.
Les conditions de leur fonctionnement, notamment leurs relations avec la clientèle,
relèvent de la compétence du Conseil National du Crédit.

Travail A Faire :

1. Distinguez la filiale de la succursale


2. Distinguez le crédit bail de la location vente
3. Caractérisez la finance islamique (définition, principes…)

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