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M A Î T R E I S S A K A J U L E S S AWA D O G O
AV O C AT
Ancien Cadre de Banques
Docteur en droit/Université de Genève- SUISSE
(Centre de Droit Bancaire et Financier)
me.sawadogo@outlook.com
PLAN DU COURS
Introduction Générale
En somme, à partir des articles 2, 3 et 4 de la loi portant règlementation bancaire, la banque peut être
définie comme une personne morale agréée pour, à titre de profession habituelle, recevoir des fonds
du public, effectuer des opérations de crédit, mettre à disposition de sa clientèle et gérer au profit d’elle
des moyens de paiement.
De part son objet, le droit bancaire est le droit qui régit la banque, en ce qui concerne aussi bien la
profession que l’activité.
QUELQUES SOURCES DU DROIT BANCAIRE OUEST-AFRICAIN
Au plan international :
Les Etats de l’UMOA ont convenu d’une gestion commune de leur souveraineté monétaire . Le cadre
juridique de la profession et de l’activité bancaires est fixé par des textes communautaires dont les
principaux sont :
• Le Traité constituant l'Union Monétaire Ouest Africaine, signé le 12 mai 1962 ,entré en vigueur le 2
novembre 1962. La version actuellement en vigueur date du 20 janvier 2007.
• La convention du 24 avril 1990 portant création de la Commission Bancaire et son Annexe. La
version actuellement en vigueur date du 03 avril 2007.
• Les Statuts de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
• Le Traité de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) signé le 10 janvier 1994
et entrée en vigueur le 1er août 1994.
• Le règlement n°15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les états membres de
l’union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA)
• Le Règlement N°09/2010/CM/UEMOA du 1 er octobre 2010 relatif aux relations financières
extérieures des Etats membres de l’UEMOA
• La Décision N° 26/CM/UEMOA du 02/07/2015 portant adoption du projet de loi uniforme relative à
la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans les Etats membres de
l’UMOA
• De nombreuses Décisions, Circulaires, Avis et Instructions de la Commission bancaire ou de la
BCEAO, qui rappellent le caractère professionnel de la matière
Au plan national
UMOA
Créé en 2000 par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Institution spécialisée de la CEDEAO, chargé de l’appui aux États membres dans la prévention et la lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
ROLES :
Le développement institutionnel : apporter le soutien requis aux Etats membres pour les aider à
développer une forte capacité de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme dans leurs juridictions respectives et au niveau régional.
Le suivi de la conformité : Suivre et évaluer les Etats membres pour déterminer leur niveau de conformité
aux normes internationales acceptables de LBC/FT.
Les études et recherches : en vue de déterminer les techniques, les méthodes, la portée, le schéma, les
tendances, le lieu et l’impact du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme sur les Etats
membres.
L’appui technique aux Etats membres : apporte un appui aux Etats membres dans la création de
structures de LBC/FT plus fortes.
Chapitre 2 : Les autorités monétaires régionales
SECTION 1: UMOA ET UEMOA, DISTINCTION ET LIENS
L’UEMOA
origine et texte en vigueur: a été créée le 10 janvier 1994. La version actuellement en vigueur du Traité l’ayant
institué date du 29 janvier 2003.
But: « compléter l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) instituée entre les Etats, de manière à la
transformer en Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ». But économique, s’appuyant
sur l’union monétaire existante.
DONC: une sorte de complémentarité. D’ailleurs les 2 organes les plus au sommet sont exactement les même
(CCEG et CM).
Les Organes
- la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement,
- le Conseil des Ministres,
- la Commission Bancaire,
- le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers, qui deviendra bientôt l’Autorité
des Marchés Financiers de l’UMOA.
Les Institutions:
- La BCEAO ;
- La BOAD
LA COMMISSION BANCAIRE
Composition:
1) le Gouverneur de la BCEAO ;
2) un représentant désigné ou nommé par chaque Etat membre de l’UMOA. Ce représentant est
le Directeur du Trésor public ou le Responsable de la direction de tutelle des établissements
de crédit ;
3) un représentant de l’Etat assurant la garantie de la convertibilité de la monnaie commune
(France);
4) des membres nommés par le Conseil des Ministres de l’UMOA, sur proposition du
Gouverneur de la Banque Centrale, en raison de leur compétence essentiellement en matière
bancaire.
Présidence assurée par le Gouverneur de la BCEAO
Fonctionnement :
Réunion en cas de besoin et au moins 2 fois par an
Convocation par le Président (à son initiative ou à la demande du tiers de ses membres)
Décisions prises à la majorité (la voix du Président est prépondérante en cas de partage égal des voix)
Les membres de la Commission Bancaire jouissent de privilèges et immunités. Leurs immunités peuvent
être levées, dans le cas du représentant d'un Etat, par le Gouvernement de cet Etat, dans le cas des
membres nommés par le Conseil des Ministres de l'UMOA, par ledit Conseil et dans le cas du
Président, par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement.
Attributions
- En matière d’agrément
Les agréments sont prononcés par Arrêté du Ministre en charge des finances, après avis conforme de la
CB.
Les retraits d’agréments sont prononcés par :
* Arrêté du Ministre en charge des finances, après avis conforme de la CB
* Décision de la CB, dans le cadre d’une procédure disciplinaire.
- En matière de contrôle
Art. 17 de l’Annexe à la Convention: la CB contrôle (personnellement ou par personne interposée, notamment la
BCEAO), les établissements de crédit et les SFD, sur pièces et sur place. Le secret professionnel ne lui est pas opposable (art
22) et les autorités administratives et judiciaires nationales lui prêtent leur concours.
Le contrôle vise à s’assurer que les établissements de crédit respectent la règlementation à eux applicable.
Si la CB, à l’issue du contrôle, constate :
• une infraction pénale, « elle en informe les Autorités judiciaires compétentes, le Ministre des Finances de l'Etat concerné
et la Banque Centrale » (art 24 de l’Annexe à la Convention)
• « qu'un établissement de crédit a manqué aux règles de bonne conduite de la profession, compromis son équilibre
financier ou pratiqué une gestion anormale, elle peut, après en avoir informé le Ministre chargé des Finances dudit Etat,
adresser à l’établissement de crédit :
1) soit une mise en garde ;
2) soit une injonction à l'effet notamment de prendre, dans un délai déterminé, les mesures de redressement nécessaires ou
toutes mesures conservatoires qu'elle juge appropriées ou de faire procéder à un audit externe.
L’établissement de crédit, qui n'a pas déféré à une injonction de la Commission Bancaire, est réputé avoir enfreint la
réglementation bancaire.
La Commission Bancaire peut convoquer, en audition simple, les dirigeants d’un établissement de crédit, à l’effet de présenter
les mesures prises ou envisagées pour assurer son redressement.
Elle peut, en outre, mettre tout établissement de crédit sous surveillance rapprochée, en vue du suivi étroit de la mise en œuvre
des termes d’une injonction ou de ses recommandations ».
• « une infraction à la réglementation bancaire et à toutes autres législations applicables aux établissements de crédit sur le
territoire d'un Etat membre, elle en informe le Ministre chargé des Finances de cet Etat et, sans préjudice des sanctions
pénales ou autres encourues, prononce une ou plusieurs des sanctions disciplinaires suivantes : 1) l'avertissement ; 2) le
blâme ; 3) la suspension ou l'interdiction de tout ou partie des opérations ; 4) toutes autres limitations dans l'exercice de la
profession ; 5) la suspension ou la démission d'office des dirigeants responsables ; 6) le retrait d'agrément ou
d’autorisation d’installation.
La Commission Bancaire peut prononcer, en plus des sanctions disciplinaires visées au premier alinéa, une sanction
pécuniaire » (art 28)
La CB peut décider de la mise sous administration provisoire d’un établissement de crédit dans
certains cas (cf. art. 31 de l’Annexe à la Convention) ou de la liquidation en cas de retrait
d’agrément ou d’exercice illégal de la profession.
Elle a d’autres attributions, qui consistent à agréer les commissaires aux comptes et en la possibilité de
fixer des normes prudentielles spécifiques en fonction de la situation d’un établissement de crédit.
Les recours contre les décisions de la CB (art. 38)
- devant le CM de l’UMOA
- 02 mois à compter de la notification
Recours exclu:
* contre la décision de retrait d'agrément ou d’autorisation d’installation, après sa
notification
* contre les décisions de mise sous administration provisoire ou de mise en liquidation,
après la nomination de l'administrateur provisoire ou du liquidateur
http://www.bceao.int/IMG/pdf/_annexe_decision_013_24_06_2016-_bceao-dispositif_prudentiel_de_l
_umoa-2016-1.pdf
LA BCEAO
L’histoire de la BCEAO prend ses racines profonde dans l’ère coloniale (Cf. BCEAO, Chronologie
des évènements marquants de l’histoire de la BCEAO et de l’UMOA ,
http://www.bceao.int/IMG/pdf/chronologie_des_evenements_marquants_de_l_histoire_de_la_bce
ao_et_de_l_umoa.pdf
).
Mais s’il faut lui trouver un ancêtre des plus proches, retenons la création de l’Institut d’Emission de
l’AOF et du Togo par Décret n° 55-103 du 20 janvier 1955.
Le 4 avril 1959, cet Institut d’Emission prend le nom de Banque Centrale des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (BCEAO) suivant Ordonnance n°59-491. Monsieur Robert Julienne en fût le 1 er
Directeur Général. De nos jours, le Gouverneur de la BCEAO est M. Tiémoko Meyliet KONE, de
nationalité ivoirienne (il est Gouverneur depuis 2011 – pour terminer le mandat de DACOURY-
TABLEY en 2014 – Il a été nommé par la CCEG pour un mandat de 6 ans à compter du
17/08/2014 et reconduit pour un nouveau mandat de 6 ans à compter du 17/08/2020. A cette date,
son mandat a été renouvelé).
Statut: établissement public international constitué entre les Etats membres de l’Union Monétaire
Ouest Africaine (UMOA), doté de la personnalité juridique.
Principes de fonctionnement:
• Indépendance (art. 4 des Statuts de la BCEAO)
« Dans l’exercice des pouvoirs et dans l’accomplissement des missions qui leur sont
conférés par le Traité de l’UMOA et par les présents Statuts, la Banque Centrale, ses organes, un
membre quelconque de ses organes ou de son personnel ne peuvent solliciter, ni recevoir des
directives ou des instructions des institutions ou organes communautaires, des Gouvernements
des Etats membres de l’UMOA, de tout autre organisme ou de toute autre personne .
Les institutions et organes communautaires ainsi que les Gouvernements des Etats
membres de l’UMOA s’engagent à respecter ce principe ».
• Secret professionnel (art. 5 des Statuts de la BCEAO)
« Les membres du personnel de la Banque Centrale ne peuvent prendre ou recevoir une
participation ou quelque intérêt ou rémunération que ce soit, par travail ou conseil, dans une
entreprise publique ou privée, industrielle, commerciale, financière ou de services, sauf dérogation
accordée par le Gouverneur.
Les dispositions du présent article ne s’appliquent pas à la production des œuvres
scientifiques, littéraires ou artistiques ».
• Privilèges et immunités (art. 7 des Statuts de la BCEAO)
« La Banque Centrale bénéficie, sur le territoire de chacun des Etats membres de
l’UMOA, des privilèges et immunités nécessaires pour lui permettre de remplir ses fonctions, dans
les conditions précisées par le Protocole annexé au Traité de l’UMOA, dont il fait partie
intégrante ».
Ce sont, entre autres:
- Obligation, pour l’Etat partie sur le territoire duquel a été décidée la construction d’un ou
plusieurs bâtiments destinés à devenir des locaux de la Banque centrale, de céder à titre gratuit
à celle-ci, en toute propriété, les terrains nécessaires à la construction desdits bâtiments
(art. 4 du Protocole);
- Inviolabilité des locaux (art. 5 du Protocole)
« 1. Les locaux de la Banque centrale sont inviolables. Les agents ou fonctionnaires d’un
Etat de l’Union ne peuvent y pénétrer pour exercer leurs fonctions officielles que sur la demande ou
avec le consentement du Gouverneur ou de son Représentant, notamment pour y rétablir l’ordre ou
pour en expulser toute personne dont il jugera la présence indésirable. Le consentement pourra être
présumé acquis en cas de sinistre grave nécessitant des mesures de protection immédiate. 2.
L’exécution des actes de procédure, y compris la saisie de biens privés, ne pourra avoir lieu dans les
locaux de la Banque centrale que dans les conditions approuvées par le Gouverneur ou son
Représentant. 3. Chaque Etat de l’Union assure gratuitement la protection des locaux de la Banque
centrale situés sur son territoire et le maintien de l’ordre dans leur voisinage immédiat. En particulier,
il prend les mesures appropriées pour éviter que la tranquillité des locaux ne soit troublée par des
personnes ou groupes de personnes cherchant à pénétrer sur les lieux sans autorisation ou provoquant
des désordres dans le voisinage immédiat des locaux. II assurera la présence, aux abords des locaux,
des forces de police nécessaires à leur protection. 4. Sans préjudice des immunités prévues par le
présent Protocole, la Banque centrale ne permettra pas que ses locaux servent de refuge à une
personne poursuivie à la suite d’un crime ou délit flagrant, ou objet d’un mandat de justice, d’une
condamnation pénale ou d’un arrêté d’expulsion émanant des autorités compétentes ».
- Protection de la correspondance (article 7-2 du Protocole)
« Les communications officielles adressées à la Banque centrale ou envoyées par elle, quels que soient
leur mode de transmission et la forme sous laquelle elles sont expédiées, sont inviolables. Ces
communications ne peuvent être censurées, retardées ou entravées en aucune manière. Cette immunité
s’étend notamment aux publications, documents, plans bleus et croquis, films fixes et cinématographiques,
photographies, pellicules et enregistrements sonores ou magnétiques »
Article 15 de la loi bancaire : Les demandes d'agrément sont adressées au ministre chargé des
finances et déposées auprès de la Banque centrale qui les instruit.
Demande faite suivant un canevas défini par l’INSTRUCTION N°017-04-2011 établissant la liste
des documents et informations constitutifs du dossier d'agrément en qualité d‘établissement de
crédit.
Article 16 de la loi bancaire: L'agrément est prononcé par arrêté du ministre chargé des finances,
après avis conforme de la Commission bancaire de l'UMOA.
L'agrément est réputé avoir été refusé s'il n'est pas prononcé dans un délai de six mois à compter
de la réception de la demande par la Banque centrale, sauf avis contraire donné au demandeur.
Section 2: La gouvernance des établissements de crédit
L’exigence d’une condition de nationalité (d’un Etat membre) pour être dirigeant ou
administrateur, sauf dérogation accordée par le Ministre des Finances après avis conforme
de la CB (Art. 4 de la Circulaire n° 02-2017/CB/C du 27 septembre 2017 relative aux conditions d’exercice
des fonctions d’administrateurs et de dirigeants au sein des établissements de crédit et des compagnies
financières de l’UMOA).
Dirigeants : notamment les personnes membres de l’organe exécutif, toute personne ayant la qualité de
directeur, le responsable en charge des agences ou succursales, l’administrateur provisoire et le liquidateur,
ainsi que les dirigeants de fait.
L’obligation de dépôt-greffe et de communication semestrielle de la liste des dirigeants et administrateurs à
la BCEAO et à la CB
L’obligation de communication préalable de toute modification de ladite liste à la CB, pour observations au
moins 30 jours ouvrés avant la prise de fonction des personnes pressenties
L’obligation pour l’organe délibérant, de mettre en place des Comités spécialisés, qui sont au
moins :
- comité d’audit, comité des risques, comité de rémunération et comité de nomination en ce qui
concerne les établissements bancaires d’importance systémique régionale ;
- comité d’audit, comité des risques et comité de rémunération en ce qui concerne les
établissements bancaires d’importance systémique nationale ;
- comité d’audit et d’un comité des risques en ce qui concerne tous les autres établissements
Obligation de requérir l’autorisation du Ministre chargé des finances, comme en
matière d’agrément pour certaines opérations:
- Toute modification de la forme juridique, de la dénomination sociale ou du nom
commercial ;
- Tout transfert du siège social dans un autre Etat membre de l’UMOA ;
- Toute opération de fusion par absorption ou création d'une société nouvelle ou de scission
;
- Toute dissolution anticipée ;
- Toute prise ou cession de participation qui aurait pour effet de porter la participation
d'une même personne, directement ou par personne interposée ou d'un même groupe de
personnes agissant de concert, d'abord au-delà de la minorité de blocage, puis au-delà de
la majorité des droits de vote dans l'établissement de crédit ou d'abaisser cette
participation au-dessous de ces seuils ;
Les ouvertures, fermetures, transformations, transferts, cessions ou mises en gérance de
guichets ou d'agences d'établissement de crédit au Burkina Faso doivent être notifiés au
ministre chargé des finances, à la Commission bancaire et à la Banque centrale.
TITRE 2: L’ACTIVITE BANCAIRE
Chapitre 1 : Rappels
Section 1 : les comptes en banque
Section 2 : les opérations de crédit
Section 3 : la règlementation des relations financières extérieures
Chapitre 3 : La LBC-FT
I : L’ouverture du compte
Principe: liberté de contracter (le banquier est en principe libre de ne pas ouvrir un compte, de
même que le client est en principe libre de ne pas se faire ouvrir de compte).
Limites: la liberté de contracter ou pas est limitée par l’existence de :
* un droit au compte : posé par l’article 8 du Règlement 15-2002/CM/UEMOA du
19/09/2002 relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l’UEMOA: « Toute
personne physique ou morale établie dans l’un des Etats membres, possédant un revenu régulier
dont la notion est définie par une instruction de la Banque Centrale, a droit à l’ouverture d’un
compte auprès d’une banque, telle que définie par l'article 3 de la Loi portant Réglementation
Bancaire, ou auprès des services financiers de la Poste.
En cas de refus d’ouverture de compte opposé par trois établissements successivement, la
Banque Centrale peut désigner d’office une banque qui sera tenue d’ouvrir un compte donnant
droit à un service bancaire minimum ».
La notion de revenu régulier est définie par l’Instruction n°01/2003/SP du 08/05/2003
relative à la promotion des moyens de paiement scripturaux et à la détermination des
intérêts exigibles en cas de défaut de paiement: « Est considéré comme revenu régulier,
toute somme égale ou supérieure à cinquante mille (50.000) FCF A dont est susceptible
de justifier: une personne physique salariée sur une période mensuelle; une personne
physique non salariée ou une personne morale, sur une période mensuelle, bimestrielle,
trimestrielle, semestrielle, voire annuelle ».
Il en résulte que si une personne a un revenu régulier, le banquier perd sa liberté de ne
pas contracter dans la mesure où il est obligé d’ouvrir un compte à cette personne si la
BCEAO le désigne après refus successif de 3 établissements de crédit.
Mais il faut aller au-delà de cette disposition légale en vérifiant les pouvoirs de toute
personne qui veut ouvrir et faire fonctionner le compte, notamment d’une personne
morale.
II : le fonctionnement du compte
Implique que le banquier tienne le compte, sur le solde duquel le titulaire a un droit.
L’ensemble des écritures passées sur un même compte aux cours d’une période
donnée (en général tous les mois), fait l’objet d’un relevé que le banquier doit
adresser au client. L’article 43 du Règlement 15-2002 fait obligation au
banquier qui a ouvert un compte de dépôt d’adresser à son client un relevé de
compte au moins une fois par mois. Conformément à l’usage bancaire,
l’accord du client sur ce solde provisoire peut résulter de son silence. En effet,
les relevés de compte précisent généralement un délai maximal (30 jours dans
la plupart des cas) au-delà duquel, les réclamations ne sont plus admises.
Les droits du client sur le crédit du compte
Le client a contre son banquier une créance égale au solde du compte, si celui-ci
est créditeur. De ce fait, il peut émettre des chèques, opérer des retraits ou
ordonner des virements à partir de son compte. En conséquence, le solde du
compte qui apparaît comme un élément du patrimoine du client peut être saisi
par ses créanciers.
En vertu des règles édictées par l’Acte Uniforme OHADA portant organisation des
procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution, le banquier
saisi est tenu de déclarer au saisissant la nature du ou des comptes du débiteur
ainsi que leurs soldes au jour de la saisie.
S’il s’agit d’une saisie attribution, le solde est rendu indisponible sous réserve de
liquidation dans les 15 jours de la saisie de certaines opérations qui lui sont
antérieures et énumérées à l’article 161 de l’Acte Uniforme. Echappent
toutefois à la saisie, certaines créances qui ont un caractère insaisissable.
III : la clôture du compte
Les comptes sont en général à durée indéterminée.
Causes de la clôture:
• Décision conjointe de la banque et du client (rare) ou décision unilatérale de l’un d’eux seulement:
le client peut demander la clôture du compte à tout moment, de même que la banque. Bien
évidemment, la clôture ne doit pas être abusive.
• Inactivité : Conformément à l’Instruction n°005-06-2014 du 30 juin 2014, la banque doit rechercher
les titulaires de comptes demeurés sans intervention depuis huit (08) ans (ces comptes sont appelés
comptes inactifs), sauf dans les cas suivants :
- solde inférieur à vingt mille (20 000) FCFA ;
- débiteur n’ayant fait aucune intervention sur le compte mais a intervenu sur les autres comptes
dont il est titulaire ou s’il a eu un contact (échange de courriers, mails, téléphone, etc.) avec la
banque ;
- compte resté inactif du fait d’une décision de justice ou de l’Administration ;
- compte de Dépôt A Terme dont la période contractuelle de blocage est de 08 ans ou plus.
La recherche se fait pendant 02 ans et concerne non seulement les titulaires mais aussi leurs ayants
droits. Si la recherche est infructueuse et que le titulaire n’est toujours pas intervenu sur le compte,
une seconde Instruction (n°006-06/2014) oblige la banque à transférer le solde créditeur du compte
(ce solde est appelé désormais « avoirs dormants ») à la BCEAO. Ce transfert à la BCEAO intervient
donc après 10 ans, le compte devant être clôturé par la banque.
Effets de la clôture:
Le compte est arrêté et un solde créditeur ou débiteur apparaît, respectivement au profit du banquier
ou du titulaire (ou les ayants droits du titulaire en cas de décès).
Parag 2: les différents types de comptes
• Comptes indivis: appartient à plusieurs titulaires et la signature de tous est exigée, sauf
procuration à certains ou l’un d’eux. Rares car même en cas de décès du titulaire, le compte fait
très souvent l’objet d’une liquidation au profit des ayants droits. Cependant, il est possible, en
cas de décès du titulaire et compte tenu des circonstances, faire fonctionner le compte sous
forme de compte indivis, sous la signature de tous les héritiers (ou de certains ou l’un d’eux sur
base d’une procuration).
• Comptes joints: en pratique, nombre de comptes joints sont ouverts par les personnes mariées
sous l’appellation « M. et/ou Mme… ». Sa caractéristique, en France, est la solidarité active et
passive, à l’égard seulement de la banque (arrêt de la 1 ère Chambre civile de la Cour de cassation
française du 03/04/2001). Cette solidarité, qui ne se présume pas en matière civile, doit être
expressément prévue. Sur base de cette solidarité, en principe, le compte fonctionne sous la
seule signature de chacun des titulaires, qui les engage tous.
En cas de décès d’un des titulaires, le ou les autres continue(nt) le compte, sauf
dénonciation par un héritier du défunt (C. Cass (Fr.), 15 janvier 2002, RDBF mars- avril
2002, p.66).
SECTION 2: LES OPERATIONS DE CREDIT
Définition: le crédit est une technique de financement. Le terme ne signifie pas seulement le prêt. Plusieurs
formes de crédits existent.
Au sein de l’UMOA, une définition peut être tirée de l’art 6 de la loi bancaire: « Constitue une opération de
crédit, … tout acte par lequel une personne, agissant à titre onéreux :
met ou promet de mettre des fonds à la disposition d'une autre personne ;
prend … un engagement par signature tel qu'un aval, un cautionnement ou une garantie »
Sont assimilés à des opérations de crédit le crédit-bail, et, de manière générale, toute opération de location
assortie d'une option d'achat ».
Définition identique à celle de l’art. 313-1 du CMF français : « tout acte par lequel une personne agissant à
titre onéreux met ou promet de mettre des fonds à la disposition d'une autre personne ou prend, dans
l'intérêt de celle-ci, un engagement par signature tel qu'un aval, un cautionnement, ou une garantie.
Il s’en dégage deux grandes catégories de crédit: crédits par signature et crédit par caisse.
Seules les établissements de crédit (et dans une certaine mesure les SFD) sont autorisés à faire du crédit à
titre de profession habituelle.
Qu’ils soient par signature ou caisse, des dispositions d’ordre général régissent les crédits.
Paragraphe 1: Les dispositions générales
L’essentiel:
• Des règles de base sur l’intermédiation et la cession des devises:
. Les opérations financières avec l’étranger doivent être effectuées par l'entremise de la BCEAO,
de l'Administration ou de l’Office des Postes, d’un intermédiaire agréé ou d’un agréé de change
manuel (art. 2 du Règlement)
. Les devises étrangères détenues dans un Etat membre de l’UEMOA doivent être cédées ou
déposées chez un intermédiaire habilité ou, le cas échéant, à la BCEAO(art. 3 du Règlement).
• Des opérations courantes libres, sous réserve de présentation de justificatifs ;
• Des opérations soumises à autorisation.
CHAPITRE II : LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT
ET DE CREDIT
L’essentiel:
• Distinguer entre instrument de paiement et instrument de crédit et savoir définir chacun d’eux
• Connaître la notion de paiement à vue
• Connaître les mentions obligatoires
• Connaître les différents types de chèques
Pour aller plus loin, cf. SAWADOGO F. M., TRAORÉ A., Instruments de paiement et de crédit dans
l’espace UEMOA, Ouagadougou : Université de Ouagadougou, Coll. Précis de droit burkinabé,
2008
Section 1: Les instruments de paiement
Caractéristiques: paiement sans délai, par procédé ou moyen quel qu’en soit le
support, sans manipulation de monnaie fiduciaire.
Paragh 1 : le Chèque
Définition: titre par lequel ordre est donné au banquier (tiré) par son client (tireur) de
payer à vue une personne (bénéficiaire).
Intervenants: 2 ou 3 personnes, selon que le bénéficiaire est le tireur ou pas.
Nature: instrument de paiement, d’où le paiement à vue
I- Typologie
A- chèque de caisse ou chèque de guichet
Chèque mis à disposition par le banquier lorsque son client ne dispose pas de
chéquier (nouvelle ouverture de compte, chéquier épuisé ou oublié, refus de
chéquier).
B- chèque barré (art. 90 R15-2002)
2 barres parallèles apposées au recto du chèque
Barrement général si entre les deux traits, aucune mention ou le terme « banquier » est
apposé.
Barrement spécial si le nom du banquier est inscrit entre les deux barres.
Le chèque peut être pré-barré ou barré par la suite.
Signification du barrement: le chèque ne peut être payé (directement) qu’à un banquier.
Si barrement spécial, le paiement ne peut se faire qu’au banquier désigné.
Avantages: éviter la circulation de la monnaie fiduciaire, sécurise d’avantage en limitant
les usages après vols ou en cas de perte du chéquier, permet une surveillance des
mouvements de fonds.
C’est pourquoi son utilisation est encouragée: délivrance gratuite contre un droit de
timbre de timbre pour les chèques non barrés.
« Le titre dans lequel une des énonciations indiquées à l'article 48 ci-dessus fait défaut ne
vaut pas comme chèque, sauf dans les cas déterminés par les alinéas suivants :
A défaut d'indication spéciale, le lieu désigné à côté du nom du tiré est réputé être le lieu
de paiement. Si plusieurs lieux sont indiqués à côté du nom du tiré, le chèque est
payable au premier lieu indiqué. A défaut de ces indications ou de toute autre
indication, le chèque est payable au lieu où le tiré a son établissement principal.
Le chèque sans indication du lieu de sa création est considéré comme souscrit dans le lieu
désigné à côté du nom du tireur ».
B- conditions de fond (art. 50 R15-2002)
- être titulaire d’un compte et capable de disposer des fonds ;
- provision disponible et suffisante au moment de l’émission (en rélaité, au moment
de la présentation).
Même en cas de présentation tardive (après expiration de ces délais) le banquier est
obligé de payer s’il y a la provision. Seulement, le bénéficiaire peut perdre le droit
à son recours cambiaire si le chèque n’est pas payé. Délai de prescription de ces
recours:
Article 109
Les actions en recours du porteur contre les endosseurs, le tireur et les autres obligés se
prescrivent par six (6) mois à partir de l'expiration du délai de présentation.
Les actions en recours des divers obligés au paiement d'un chèque les uns contre les
autres se prescrivent par six (6) mois à partir du jour où l'obligé a remboursé le
chèque ou du jour où il a été lui-même actionné.
Toutefois, en cas de déchéance ou de prescription, il subsiste une action contre le
tireur qui n'a pas fait provision ou les autres obligés qui se seraient enrichis
indûment.
L'action du porteur du chèque contre le tiré se prescrit par trois ans à partir de l'expiration
du délai de présentation visé à l'article 81 du présent Règlement.
B- Vérifications avant paiement
- Absence d’opposition;
- Régularité des endossements ;
- Identité du bénéficiaire;
- Conformité de la signature du tireur
Définition: engagement de payer une certaine somme à une échéance déterminée à une
autre personne (2 personnes).
Mentions (art. 228 et 229):
Le billet à ordre contient :
- la clause à ordre ou la dénomination du titre insérée dans le texte même et
exprimée dans la langue employée pour la rédaction de ce titre ;
- la promesse pure et simple de payer une somme déterminée ;
- l'indication de l'échéance ;
- l'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer ;
- le nom de celui auquel ou à l'ordre duquel le paiement doit être fait ;
- l'indication de la date et du lieu où le billet à ordre est souscrit ;
- la signature de celui qui émet le titre ou le souscripteur.
Art 229
Le titre dans lequel une des énonciations indiquées à l'article précédent fait défaut ne vaut pas comme
billet à ordre, sauf dans les cas suivants :
1- le billet à ordre dont l'échéance n'est pas déterminée est considéré comme payable à vue ;
2- à défaut d'indication spéciale, le lieu de création du titre est réputé être le lieu de paiement et en même
temps, le lieu de domicile du souscripteur ;
3- le billet à ordre n'indiquant pas le lieu de sa création est considéré comme souscrit dans le lieu désigné à
côté du nom du souscripteur.
Pour l’essentiel, les dispositions sur la lettre de change sont applicables au B/O.
CHAPITRE III : LA LBC/FT
Le blanchiment de capitaux est défini comme l’infraction constituée par un ou plusieurs des
agissements commis intentionnellement, à savoir:
- la conversion, le transfert ou la manipulation de biens;
- la dissimulation, le déguisement de la nature, de l’origine, de l’emplacement, de la disposition, du
mouvement ou de la propriété réelle de biens ou de droits y relatifs;
- l’acquisition, la détention ou l’utilisation de biens;
dont l’auteur sait qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit.
- la participation ou l’association à l’un des actes mentionnés ci-dessus.
Les capitaux provenant de tout crime ou délit sont concernés. Aux termes de l’article 1-16 de la loi LOI N° 016-2016/AN relative
a la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme au Burkina Faso , ce sont:
- la participation à un groupe criminel organisé et la participation à un racket ;
- le terrorisme, y compris son financement ;
- la traite des êtres humains et le trafic illicite de migrants ;
- l’exploitation sexuelle, y compris le détournement et l'exploitation des mineurs ;
- le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes ;
- le trafic illicite d’armes ;
- le trafic illicite de biens volés et autres biens ;
- la corruption et la concussion ;
- le détournement de fonds par des personnes exerçant une fonction publique ;
- la fraude ;
- le faux monnayage ;
- la contrefaçon de biens (y compris de monnaie ou de billets de banque) et le piratage de produits ;
- le trafic d'organes ;
- les infractions contre l’environnement ;
- les meurtres et les blessures corporelles graves ;
- l’enlèvement, la séquestration et la prise d’otages ;
- le vol ;
- la contrebande (y compris relativement aux taxes et droits de douane et d’accise) ;
- les infractions fiscales (liées aux impôts directs et indirects) ;
- l'extorsion ;
- le faux et l'usage de faux ;
- la piraterie ;
- les délits d’initiés et la manipulation de marchés ;
Le financement du terrorisme
Le financement du terrorisme est défini comme l’infraction constituée par le fait, par quelque moyen que
ce soit, directement ou indirectement, délibérément, de fournir, réunir ou gérer ou tenter de fournir,
réunir ou gérer des fonds, biens, services financiers ou autres, dans l’intention de les voir utilisés ou en
sachant qu’ils seront utilisés, en tout ou partie, en vue de commettre des actes terroristes. (Extrait
Article 8 de la Loi n°16-2016/AN du 03 mai 2016).
Pour la banque :
- elle évite les sanctions administratives et pénales qui peuvent salir son image ;
- en plus de son rôle dans l’économie du pays, elle fait œuvre utile en luttant contre la criminalité
financière transnationale nuisible à cette économie ;
- elle préserve son image de banque honorable et respectable auprès des citoyens et de ses partenaires
nationaux et internationaux.
LES PHASES / ETAPES / TECHNIQUES DE BLANCHIMENT DE CAPITAUX
- Règlement N°14 /2002/CM/UEMOA du 19 septembre 2002 relatif au gel de fonds dans le cadre de
la lutte contre le financement du terrorisme au sein de l’UEMOA ;
- Décision n° 26 du 02/07/2015/CM/UMOA du 02/07/2015 portant adoption du projet de loi
uniforme relative a la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans
les Etats membres de l‘Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA);
- Nouvelle loi uniforme du 02 juillet 2016 relative à la LBC/FT dans l’UEMOA (transposée au
Burkina par la Loi n°016-2016/AN du 03 mai 2016).
Au niveau national
- Loi n°016-2016/AN du 03 mai 2016 relative à la LBC/FT au Burkina Faso (
http://www.assembleenationale.bf/IMG/pdf/loi_016_relative_blanchiment.pdf) ;
- Décret n°2007-449/PRES/PM/MEF/MS/MJ du 18 juillet 2007, portant attributions, composition et
fonctionnement de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) ;
- Décret n°2012-1136/PRES/PM/MEF du 31 décembre 2012, portant désignation de l’autorité
compétente en matière de gel administratif en application de la loi relative à la lutte contre le
financement du terrorisme.
Au centre du dispositif institutionnel burkinabè de LBC/FT, se trouve la Cellule Nationale de
Traitement des Informations Financières (CENTIF).
La CENTIF est une structure administrative rattachée au cabinet du ministre de l’économie et des
finances, chargée de recueillir et de traiter le renseignement financier sur les circuits de blanchiment
de capitaux et de financement du terrorisme. Elle a été instituée par l’article 16 de la loi n°026-2006
AN du 28 novembre 2006 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux. Elle est
opérationnelle depuis 2009.
PARAGRAPHE 2: les obligations de l’établissement de
crédit et les sanctions encourues en matière de
LBC/FT
Aux termes de l’article 5 de la loi n°016-2016/AN du 03 mai 2016, est considérée comme assujettie toute personne physique
ou morale qui, dans l'exercice de sa profession réalise, contrôle, conseille des opérations entrainant des mouvements de
capitaux.
En leur qualité d’assujetties, les banques sont soumises à des obligations légales en matière de LBC/FT que sont :
l’évaluation des risques, la vigilance à l’égard de la clientèle, le contrôle interne, la conservation et la
communication de documents, et la déclaration des opérations suspectes à la CENTIF pour investigation.
I. Les obligations
Sanctions du B/C
Peines:
- Amende d’un taux égal au quintuple de celles encourues par les personnes physiques, sans préjudice de la
condamnation de ces dernières comme auteurs ou complices des mêmes faits.
- Possibilité de peine complémentaires : exclusion des marchés publics, à titre définitif ou pour une durée de cinq
ans au plus ; confiscation du bien qui a servi ou était destiné à commettre l’infraction ou du bien qui en est le
produit ; placement sous surveillance judiciaire pour une durée de cinq ans au plus ; l’interdiction, fermeture,
dissolution, affichage de la décision.
S’il s’agit d’un établissement de crédit, le placement sous surveillance judiciaire, l’interdiction, la fermeture, la
Sanctions du F/T
- amende d’un taux égal au quintuple de celles encourues par les personnes physiques, sans préjudice
de la condamnation de ces dernières comme auteurs ou complices des mêmes faits.
C. les peines complémentaires obligatoires , les causes d’exemption ou celles d’atténuation
a: les peines complémentaires obligatoires
Dans tous les cas de condamnation pour infraction de blanchiment de capitaux ou de tentative, les
tribunaux ordonnent la confiscation au profit de l'Etat, des biens qui ont servi ou qui étaient
destinés à commettre l'infraction, des produits tirés de l’infraction, des biens mobiliers ou
immobiliers dans lesquels ces produits sont transformés ou convertis et, à concurrence de leur
valeur, des biens acquis légitimement auxquels lesdits produits sont mêlés ainsi que des revenus
et autres avantages tirés de ces produits, des biens en lesquels ils sont transformés ou investis ou
des biens auxquels ils sont mêlés à quelque personne que ces produits et ces biens appartiennent,
à moins que leur propriétaire n’établisse qu’il ignore leur origine frauduleuse (art 128).
Dans tous les cas de condamnation pour infraction de financement du terrorisme ou de tentative, les
tribunaux ordonnent la confiscation au profit du trésor public, des fonds et autres ressources
financières liés à l'infraction ainsi que de tout bien mobilier ou immobilier destiné ou ayant servi
à la commission de ladite infraction. L'Etat peut affecter les fonds et autres ressources financières
ainsi que les biens confisqués, à un fonds de lutte contre le crime organisé ou à l'indemnisation des
victimes des infractions prévues à l'article 8 de la loi ou de leurs ayants droit.
D. les causes d’exemption et celles d’atténuation
Article 126 : Des causes d’exemption de sanctions pénales
Profitent à la personne qui, ayant révélé l’existence d’une entente, association, aide ou conseille
l’autorité judiciaire, permet ainsi, d’une part, d’identifier les autres personnes en cause et, d’autre
part, d’éviter la réalisation des infractions de blanchiment de capitaux et de financement du
terrorisme.
- Obligation d’information
Fondements:
Le banquier, un professionnel. Dès lors, s’applique l’obligation classique incombant à tout
professionnel d’éclairer son client profane;
L’asymétrie d’informations. Signifie que l’un des cocontractants dispose de nettement plus
d’informations que l’autre. D’où la nécessité qu’il partage, pour mettre les parties sur le même pied et
permettre à l’autre de contracter en toute connaissance de cause.
Contenu:
Obligation pour le banquier de renseigner suffisamment le client afin qu’il soit en mesure de
connaître les caractéristiques essentielles du bien ou du service.
- Obligation de confidentialité
articles 30 et 53 de la loi portant règlementation bancaire
exceptions: article 53 alinéa 3 « Le secret professionnel n'est opposable ni à la Commission
bancaire, ni à la Banque centrale, ni à l'autorité judiciaire agissant dans le cadre d'une procédure
pénale ».
Noter aussi diverses atteintes contenues dans le droit fiscal, la règlementation sur la LBC/FT, etc.
- Le devoir de conseil (et même souvent, de mise en garde): l’information aurait pour but de
renseigner, voire éclairer; le conseil viserait à orienter (il inciterait à faire certains choix).
Le conseil est relatif à la portée de l’engagement que le client veut prendre. La banque
doit même, s’il le faut, dissuader le client de souscrire à l’engagement. Une banque qui a fait
souscrire sans précaution un prêt à des emprunteurs présentant un retard mental a vu sa
responsabilité engagée, le handicap apparent ne pouvant être ignoré du banquier (CA Lyon, 28
fév. 2002, JCP 2003, n°1203, p.401).