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UNIVERSITÉ THOMAS SANKARA

MASTER II / DROIT DES AFFAIRES ET FISCALITE


2022

DROIT BANCAIRE ET INSTRUMENTS


D E PA I E M E N T E T D E C R E D I T

M A Î T R E I S S A K A J U L E S S AWA D O G O
AV O C AT
Ancien Cadre de Banques
Docteur en droit/Université de Genève- SUISSE
(Centre de Droit Bancaire et Financier)
me.sawadogo@outlook.com
PLAN DU COURS

Introduction Générale

Titre 1 : Rappels sur le cadre institutionnel du système bancaire de l’UMOA

Chapitre 1 : les structures internationales


Section 1 : le Comité de Bâle
Section 2 : le GAFI et le GIABA

Chapitre 2 : les autorités monétaires régionales


Section 1 : UMOA et UEMOA : distinction et liens
Section 2 : les organes et institutions de l’UMOA

Chapitre 3 : les établissements de crédit


Section 1 : l’accès à la profession
Section 2 : le système de gouvernance
Titre 2 : L’activité bancaire
Chapitre 1 : rappels : les comptes en banque , les opérations de crédit, la règlementation des relations
financières extérieures

Chapitre 2 : les instruments de paiement et de crédit

Chapitre 3 : la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme


Section 1 : la notion
Section 2 : l’organisation de la lutte

Chapitre 4 : Bref aperçu sur la responsabilité du banquier


Section 1 : les obligations générales du banquier
Section 2 : la responsabilité du banquier dispensateur de crédit
INTRODUCTION GÉNÉRALE
• Définition de la banque et du droit bancaire
• Sources du droit bancaire ouest-africain
• Paysage bancaire ouest-africain
• Définition de la Banque
- Absence de définition légale expresse et directe de la banque dans la loi portant règlementation
bancaire actuellement en vigueur au Burkina Faso
A titre d’information, l’ancienne loi bancaire (loi n° 012/96/ADP du 02 mai 1996) donnait une définition expresse du terme
« banque » en son article 3, en indiquant que: « Sont considérées comme banques les entreprises qui font profession
habituelle de recevoir des fonds dont il peut être disposé par chèques ou virements et qu'elles emploient, pour leur propre
compte ou pour le compte d'autrui, en opérations de crédit ou de placement ». Cette loi ignorait cependant la notion
d’établissement de crédit.

Actuellement, pour tenter de définir la banque à partir de la loi n°058-2008/AN du 20


novembre 2008 portant règlementation bancaire au Burkina Faso (JO n°02 du 08 janvier
2009) en vigueur, il faut :
*Appréhender la notion d’« établissement de crédit » (cf. article 2 al. 1 et 3 de
la loi);
*Considérer l’énumération des opérations de banque (cf. article 2 al. 2 de la
loi).
Suivant les dispositions de l’article 2, la banque fait partie d’une catégorie plus vaste:
l’«établissement de crédit». Elle regroupe, non seulement les banques, mais également
les établissements financiers à caractère bancaire.
Tandis que la banque est agréée pour effectuer toutes les opérations de banque,
l’établissement financier à caractère bancaire n’est agréé que pour un type précis
d’opérations de crédit (articles 3 et 4 de la loi portant règlementation bancaire).
Définition de la banque (suite)
- Quelles sont donc les opérations de banque ? Définitions aux articles 5; 6 et 7 de la loi bancaire
• La réception de fonds du public;
• Les opérations de crédit;
• La mise à disposition et la gestion de moyens de paiement.
Les opérations connexes à ces activités, énumérées à l’article 9, sont autorisées sous réserve du respect des textes
spécifiques.
- Quelles sont les types d’établissements financiers à caractère bancaire ?
cf. Instruction n° 011-12/2010/RB relative au classement, aux opérations et à la forme juridique des établissements
financiers à caractère bancaire (http://www.bceao.int/Textes-d-application-de-la-loi.html).
- catégorie 1 : établissements financiers de prêt ;
- catégorie 2 : établissements financiers de crédit-bail ou de location avec option d'achat ;
- catégorie 3 : établissements financiers d'affacturage ;
- catégorie 4 : établissements financiers de cautionnement ;
- catégorie 5 : établissements financiers de paiement.

- Les exclusions du champ d’application de la loi bancaire (art, 11 et 12 de la loi bancaire)


BCEAO, Trésor Public, Instituions financières internationales et organismes de coopération et d’aide au développement,
SGI, LA POSTE BURKINA (anciennement SONAPOST), SFD, Etablissements de crédit publics à statut spécial
suivant décision du CM de l’UMOA.
Les notaires et officiers ministériels ainsi que les assurances, réassurances et organismes de retraites ne sont pas des
banques.
Mais certains pans du droit bancaire sont applicables à certains d’entre eux, notamment les SFD, LA POSTE, etc. L’objet
et/ou le champ d’application du texte en cause renseigne sur les acteurs auxquels il s’applique.
Définition du droit bancaire:
Ces notions préalables appréhendées, on peut en référence à certains auteurs, donner les
définitions ci-dessous du droit bancaire:
• « Le droit bancaire est un droit professionnel: c’est le droit des banquiers. Le banquier est
un commerçant qui spécule sur la monnaie et le crédit » (DEKEUWER-DEFOSSEZ F.,
MOREIL S., Droit bancaire, 10 ed., Paris : Dalloz, 2010, p, 1)
• « Le droit bancaire peut être défini comme l’ensemble des règles visant à encadrer le statut
des acteurs et des activités relatifs au commerce de l’argent » . C’est le droit de la
règlementation de la profession et le droit de l’activité bancaire (DECOCQ G., GERARD Y.,
MOREL-MAROGER J., Droit bancaire, Paris : RB édition, Coll. Master, 2ème éd., 2014, p,9)

En somme, à partir des articles 2, 3 et 4 de la loi portant règlementation bancaire, la banque peut être
définie comme une personne morale agréée pour, à titre de profession habituelle, recevoir des fonds
du public, effectuer des opérations de crédit, mettre à disposition de sa clientèle et gérer au profit d’elle
des moyens de paiement.

De part son objet, le droit bancaire est le droit qui régit la banque, en ce qui concerne aussi bien la
profession que l’activité.
QUELQUES SOURCES DU DROIT BANCAIRE OUEST-AFRICAIN

Au plan international :

Les sources les plus significatives:


- Les Accords de Bâle , issus du Comité de Bâle, créé en 1974 , également appelé Comité Cooke.
Le Comité de Bâle, instance permanente de coopération en matière de surveillance bancaire au niveau
mondial. Il n’est pas une instance supranationale dont les décisions s’imposent aux Etats. Il vise à
renforcer la solidité du système financier mondial à travers notamment le contrôle prudentiel. Son
domaine d’intervention couvre d’une manière générale la supervision bancaire.

- Les règles et usances de la Chambre de Commerce Internationale (CCI).


Sont relatives aux crédits documentaires, garanties sur demande, lettres de crédit stand-by.
Leur force obligatoire est contractuelle : les parties (banque et client) doivent donc avoir décidé
de s’y soumettre.

- Les recommandations du GAFI


Ne sont pas contraignantes a priori, mais constituent une sorte de ligne de conduite, un guide de
bonnes pratiques à mettre en œuvre par tout système bancaire qui se veut moderne et sûr.
Au plan communautaire :

Les Etats de l’UMOA ont convenu d’une gestion commune de leur souveraineté monétaire . Le cadre
juridique de la profession et de l’activité bancaires est fixé par des textes communautaires dont les
principaux sont :
• Le Traité constituant l'Union Monétaire Ouest Africaine, signé le 12 mai 1962 ,entré en vigueur le 2
novembre 1962. La version actuellement en vigueur date du 20 janvier 2007.
• La convention du 24 avril 1990 portant création de la Commission Bancaire et son Annexe. La
version actuellement en vigueur date du 03 avril 2007.
• Les Statuts de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
• Le Traité de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) signé le 10 janvier 1994
et entrée en vigueur le 1er août 1994.
• Le règlement n°15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les états membres de
l’union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA)
• Le Règlement N°09/2010/CM/UEMOA du 1 er octobre 2010 relatif aux relations financières
extérieures des Etats membres de l’UEMOA
• La Décision N° 26/CM/UEMOA du 02/07/2015 portant adoption du projet de loi uniforme relative à
la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans les Etats membres de
l’UMOA
• De nombreuses Décisions, Circulaires, Avis et Instructions de la Commission bancaire ou de la
BCEAO, qui rappellent le caractère professionnel de la matière
Au plan national

Les textes nationaux résultent de projets communautaires (Lois uniformes ou Directives


transposées au plan national, etc.). On peut citer notamment:

- La loi n°58/2008/AN du 20 novembre 2008 portant règlementation bancaire au


Burkina Faso
- Loi 007/2016/ AN du 21 avril 2016 portant définition et répression de l’usure
- Loi n°012-2016/AN du 03 mai 2016 relative au traitement des comptes dormants dans
les livres des organismes financiers du Burkina Faso
- La loi 013/2016/AN du 03 mai 2016 portant règlementation des Bureaux
d’Information sur le Crédit au Burkina Faso
- La loi 016/2016/AN du 03 mai 2016 relative à la lutte contre le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme au Burkina Faso
- Etc.
LE PAYSAGE BANCAIRE OUEST-AFRICAIN

UMOA

UEMOA Au 31 décembre 2020

Nombre d’établissements de crédit agréés 152 (150 au 31


décembre 2019)
Dont banques 131 (130 au 31
décembre 2019)
Dont établissements financiers à caractère bancaire 21 (20 au 31 décembre
2019)
AU BURKINA FASO
LISTE DES BANQUES (15)
dont filiales (13)
BANK OF AFRICA - BURKINA FASO (BOA - BURKINA FASO)
BANQUE ATLANTIQUE BURKINA FASO (BABF)
BANQUE AGRICOLE DU FASO (BADF)
BANQUE COMMERCIALE DU BURKINA (BCB)
INTERNATIONAL BUSINESS BANK (IB Bank)
BANQUE INTERNATIONALE POUR LE COMMERCE L’INDUSTRIE ET L’AGRICULTURE DU
BURKINA (BICIA-B)
BANQUE SAHELO-SAHARIENNE POUR L’INVESTISSEMENT ET LE COMMERCE - BURKINA FASO
(BSIC - BURKINA FASO)
CORIS BANK INTERNATIONAL (CBI)
ECOBANK - BURKINA (ECOBANK)
BANQUE DE L’UNION - BURKINA FASO (BDU-BF)
SOCIETE GENERALE - BURKINA FASO (SGBF)
UNITED BANK FOR AFRICA BURKINA (UBA BURKINA)
WENDKUNI BANK INTERNATIONAL (WBI)
dont succursales (2)
ORABANK COTE D’IVOIRE, SUCCURSALE DU BURKINA
LISTE DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS A CARACTERE BANCAIRE (4)
dont filiales (3)
FIDELIS FINANCE - BURKINA FASO (FIDELIS - FINANCE BF)
SOCIETE BURKINABE DE CREDIT AUTOMOBILE (SOBCA)
SOCIETE FINANCIERE DE GARANTIE INTERBANCAIRE DU BURKINA (SOFIGIB)
dont succursale (1)
SOCIETE AFRICAINE DE CREDIT AUTOMOBILE (SAFCA - ALIOS FINANCE),
SUCCURSALE DU BURKINA
TITRE 1: RAPPEL SUR LE CADRE INSTITUTIONNEL DU
SYSTÈME BANCAIRE DE L’UMOA

Il existe diverses structures composant le système bancaire

de l’UMOA, tant au plan international (chap. 1) que

régional (chap. 2). Ces structures inspirent ou édictent des

règles encadrant les établissements de crédit, notamment

en ce qui concerne leur gouvernance (Chap. 3).


CHAPITRE 1 : LES STRUCTURES
INTERNATIONALES

Section 1: le Comité de Bâle sur le Contrôle Bancaire

Section 2: le GAFI et le GIABA


SECTION 1: LE COMITE DE BALE
Créé en 1974, initialement appelé Comité Cooke (du nom de Peter COOKE, le 1er Président dudit Comité), par les gouverneurs de
banques centrales de 10 pays: Allemagne, Belgique, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Pays-Bas,
Suède
Le Comité de Bâle qui constitue une instance permanente de coopération en matière de surveillance bancaire n’est pas une instance
supranationale dont les décisions s’imposent aux Etats mais les Etats les transposent dans leur législation selon le dispositif
qu’ils jugent approprié.
Les réunions du Comité ont lieu périodiquement sur des sujets de supervision bancaire. Ses missions sont :
* Le renforcement de la sécurité et de la fiabilité du système financier.
* L’établissement de standards minimaux en matière de contrôle prudentiel (Le contrôle prudentiel peut être défini
comme un ensemble de mesures visant la préservation de la stabilité du système financier et la protection des clients).
* La diffusion et la promotion des meilleures pratiques bancaires et de surveillance.
* La promotion de la coopération internationale en matière de contrôle prudentiel.
Ses réalisations consistent surtout les Accords de Bâle (Bâle I, Bâle II, Bâle III). La BCEAO a mis en œuvre les accords de Bâle
II et III courant 2016 à travers :
- La Décision n°013/24/06/2016/CM/UMOA portant dispositif prudentiel applicable aux établissements de crédit (
http://www.bceao.int/IMG/pdf/decision_no013-24-06_cm_umoa_relative_au_dispositif_prudentiel_applicable_aux_ec.pdf ) ;
- La Décision n°014/24/06/2016 relative à la supervision sur base consolidée des établissements de crédit maisons-mères et des
compagnies financières (
http://www.bceao.int/IMG/pdf/decision_no014-24-06-2016_cm-umoa_relative_a_la_supervision_sur_base_consolidee.pdf ) ;
- L’ Avis n°003-08-2016 portant sur la Décision n°014/24/06/2016 relative à la supervision sur base consolidée des
établissements de crédit maisons-mères et des compagnies financières ;
- L’Avis n°004-08-2016 portant sur la Décision n°013/24/06/2016 relative à la supervision sur base consolidée des
établissements de crédit maisons-mères et des compagnies financières.
- Plus récemment, la révision du dispositif prudentiel, au cours de la session du 24 juin 2016 du Conseil des Ministres.
Ce dispositif, entré en vigueur le 1er janvier 2018, se veut une transposition adaptée des règles de Bâle II et III. « Il vise à
promouvoir la préservation d’un système bancaire, solide et résilient, répondant aux besoins des économies des Etats de
l'UMOA, et qui présente un profil de risque maitrisé ».
SECTION 2: LE GAFI ET LE GIABA
Le Groupe d’action financière (GAFI) est un organisme intergouvernemental créé en 1989.
Objectifs: élaboration de normes et promotion de l’application des règles en matière de lutte contre le
blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme notamment.

Réalisations: élaboration de Recommandations reconnues comme étant la norme internationale en


matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération
des armes de destruction massive. Elles contribuent à l’harmonisation des règles au niveau mondial.
Les premières datent de 1990 et ont été révisées en 1996, 2001, 2003 et 2012 afin d’assurer qu’elles
restent d’actualité et pertinentes.
Le GAFI examine les techniques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme ainsi que les
mesures permettant de lutter contre, Il surveille les progrès réalisés dans la mise en œuvre des mesures
requises. En collaboration avec d’autres acteurs internationaux (en Afrique de l’ouest il s’agit du
GIABA), le GAFI identifie également au niveau des pays les vulnérabilités afin de protéger le secteur
financier international contre son utilisation à des fins illicites.
L’organe de décision du GAFI, la plénière, se réunit trois fois par an.
Les pays se l’UEMOA collaborent à l’action du GAFI à travers le GIABA.
Le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest
(GIABA)

Créé en 2000 par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Institution spécialisée de la CEDEAO, chargé de l’appui aux États membres dans la prévention et la lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

ROLES :
Le développement institutionnel : apporter le soutien requis aux Etats membres pour les aider à
développer une forte capacité de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme dans leurs juridictions respectives et au niveau régional.
Le suivi de la conformité : Suivre et évaluer les Etats membres pour déterminer leur niveau de conformité
aux normes internationales acceptables de LBC/FT.
Les études et recherches : en vue de déterminer les techniques, les méthodes, la portée, le schéma, les
tendances, le lieu et l’impact du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme sur les Etats
membres.
L’appui technique aux Etats membres : apporte un appui aux Etats membres dans la création de
structures de LBC/FT plus fortes.
Chapitre 2 : Les autorités monétaires régionales
SECTION 1: UMOA ET UEMOA, DISTINCTION ET LIENS

DES ORGANISATIONS DIFFERENTES…


L’UMOA,
origine et texte en vigueur: traité signé le 12 mai 1962; un nouveau traité est signé le 14 novembre 1973. La
version actuellement en vigueur a été adopté en 2007, en application depuis le 1er janvier 2010.
but: gérer l’unité monétaire commune qu’est le franc CFA, en Afrique de l’ouest. (CFA: franc de la
Communauté Financière Africaine dans les pays de l'UMOA / franc de la Coopération financière en Afrique
dans les pays de l'Union monétaire de l'Afrique centrale; sigle: respectivement XOF et XAF. Le but est donc
exclusivement monétaire).

L’UEMOA
origine et texte en vigueur: a été créée le 10 janvier 1994. La version actuellement en vigueur du Traité l’ayant
institué date du 29 janvier 2003.
But: « compléter l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) instituée entre les Etats, de manière à la
transformer en Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ». But économique, s’appuyant
sur l’union monétaire existante.

DONC: une sorte de complémentarité. D’ailleurs les 2 organes les plus au sommet sont exactement les même
(CCEG et CM).

…MAIS COMPLEMENTAIRES ET COLLABORANT ENSEMBLE SUR CERTAINS POINTS DU


DROIT BANCAIRE (voir par exemple art. 2 al. 2, art. 3, 35 du traité UMOA). L’on relèvera d’ailleurs
SECTION 2: LES ORGANES ET INSTITUTIONS DE L’UMOA

Les Organes
- la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement,
- le Conseil des Ministres,
- la Commission Bancaire,
- le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers, qui deviendra bientôt l’Autorité
des Marchés Financiers de l’UMOA.

Voir art. 6 ss. du Traité.

Les Institutions:
- La BCEAO ;
- La BOAD
LA COMMISSION BANCAIRE

Base légale: Convention portant création de la Commission bancaire de l’Union Monétaire


Ouest Africaine du 24 avril 1990, révisée le 03 avril 2007 à Cotonou entrée en vigueur le 1 er
avril 2010.

Composition:
1) le Gouverneur de la BCEAO ;
2) un représentant désigné ou nommé par chaque Etat membre de l’UMOA. Ce représentant est
le Directeur du Trésor public ou le Responsable de la direction de tutelle des établissements
de crédit ;
3) un représentant de l’Etat assurant la garantie de la convertibilité de la monnaie commune
(France);
4) des membres nommés par le Conseil des Ministres de l’UMOA, sur proposition du
Gouverneur de la Banque Centrale, en raison de leur compétence essentiellement en matière
bancaire.
Présidence assurée par le Gouverneur de la BCEAO
Fonctionnement :
Réunion en cas de besoin et au moins 2 fois par an
Convocation par le Président (à son initiative ou à la demande du tiers de ses membres)
Décisions prises à la majorité (la voix du Président est prépondérante en cas de partage égal des voix)
Les membres de la Commission Bancaire jouissent de privilèges et immunités. Leurs immunités peuvent
être levées, dans le cas du représentant d'un Etat, par le Gouvernement de cet Etat, dans le cas des
membres nommés par le Conseil des Ministres de l'UMOA, par ledit Conseil et dans le cas du
Président, par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement.

Attributions
- En matière d’agrément
Les agréments sont prononcés par Arrêté du Ministre en charge des finances, après avis conforme de la
CB.
Les retraits d’agréments sont prononcés par :
* Arrêté du Ministre en charge des finances, après avis conforme de la CB
* Décision de la CB, dans le cadre d’une procédure disciplinaire.
- En matière de contrôle
Art. 17 de l’Annexe à la Convention: la CB contrôle (personnellement ou par personne interposée, notamment la
BCEAO), les établissements de crédit et les SFD, sur pièces et sur place. Le secret professionnel ne lui est pas opposable (art
22) et les autorités administratives et judiciaires nationales lui prêtent leur concours.
Le contrôle vise à s’assurer que les établissements de crédit respectent la règlementation à eux applicable.
Si la CB, à l’issue du contrôle, constate :
• une infraction pénale, « elle en informe les Autorités judiciaires compétentes, le Ministre des Finances de l'Etat concerné
et la Banque Centrale » (art 24 de l’Annexe à la Convention)
• « qu'un établissement de crédit a manqué aux règles de bonne conduite de la profession, compromis son équilibre
financier ou pratiqué une gestion anormale, elle peut, après en avoir informé le Ministre chargé des Finances dudit Etat,
adresser à l’établissement de crédit :
1) soit une mise en garde ;
2) soit une injonction à l'effet notamment de prendre, dans un délai déterminé, les mesures de redressement nécessaires ou
toutes mesures conservatoires qu'elle juge appropriées ou de faire procéder à un audit externe.
L’établissement de crédit, qui n'a pas déféré à une injonction de la Commission Bancaire, est réputé avoir enfreint la
réglementation bancaire.
La Commission Bancaire peut convoquer, en audition simple, les dirigeants d’un établissement de crédit, à l’effet de présenter
les mesures prises ou envisagées pour assurer son redressement.
Elle peut, en outre, mettre tout établissement de crédit sous surveillance rapprochée, en vue du suivi étroit de la mise en œuvre
des termes d’une injonction ou de ses recommandations ».
• « une infraction à la réglementation bancaire et à toutes autres législations applicables aux établissements de crédit sur le
territoire d'un Etat membre, elle en informe le Ministre chargé des Finances de cet Etat et, sans préjudice des sanctions
pénales ou autres encourues, prononce une ou plusieurs des sanctions disciplinaires suivantes : 1) l'avertissement ; 2) le
blâme ; 3) la suspension ou l'interdiction de tout ou partie des opérations ; 4) toutes autres limitations dans l'exercice de la
profession ; 5) la suspension ou la démission d'office des dirigeants responsables ; 6) le retrait d'agrément ou
d’autorisation d’installation.
La Commission Bancaire peut prononcer, en plus des sanctions disciplinaires visées au premier alinéa, une sanction
pécuniaire » (art 28)
La CB peut décider de la mise sous administration provisoire d’un établissement de crédit dans
certains cas (cf. art. 31 de l’Annexe à la Convention) ou de la liquidation en cas de retrait
d’agrément ou d’exercice illégal de la profession.
Elle a d’autres attributions, qui consistent à agréer les commissaires aux comptes et en la possibilité de
fixer des normes prudentielles spécifiques en fonction de la situation d’un établissement de crédit.
Les recours contre les décisions de la CB (art. 38)
- devant le CM de l’UMOA
- 02 mois à compter de la notification
Recours exclu:
* contre la décision de retrait d'agrément ou d’autorisation d’installation, après sa
notification
* contre les décisions de mise sous administration provisoire ou de mise en liquidation,
après la nomination de l'administrateur provisoire ou du liquidateur

N.B: le recours n’est pas suspensif


La CB met un accent particulier sur le respect par les établissements de crédit, du dispositif prudentiel.
Ce dispositif prudentiel complète la loi bancaire et est arrêté par le Conseil des Ministres de l’
UMOA sur proposition de la BCEAO. La version actuelle est applicable depuis le 1 er janvier 2018,
suite à une révision pour prise en compte des règles du de Bâle II et III.
Le dispositif prudentiel consiste en une série de dispositions organisées autour de trois thèmes :
• les conditions d’exercice de la profession (capital minimum, réserve spéciale, réglementations
comptables) ;
• la réglementation d’opérations spécifiques (participations, immobilisations, prêts aux principaux
actionnaires, aux dirigeants et au personnel) ;
• les normes de gestion (couverture des risques par les fonds propres effectifs, couverture des emplois à
moyen et long termes par des ressources stables, division des risques, règles de liquidité).
http://www.bceao.int/IMG/pdf/decision_no013-24-06_cm_umoa_relative_au_dispositif_prudentiel_app
licable_aux_ec.pdf

http://www.bceao.int/IMG/pdf/_annexe_decision_013_24_06_2016-_bceao-dispositif_prudentiel_de_l
_umoa-2016-1.pdf
LA BCEAO
L’histoire de la BCEAO prend ses racines profonde dans l’ère coloniale (Cf. BCEAO, Chronologie
des évènements marquants de l’histoire de la BCEAO et de l’UMOA ,
http://www.bceao.int/IMG/pdf/chronologie_des_evenements_marquants_de_l_histoire_de_la_bce
ao_et_de_l_umoa.pdf
).

Mais s’il faut lui trouver un ancêtre des plus proches, retenons la création de l’Institut d’Emission de
l’AOF et du Togo par Décret n° 55-103 du 20 janvier 1955.
Le 4 avril 1959, cet Institut d’Emission prend le nom de Banque Centrale des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (BCEAO) suivant Ordonnance n°59-491. Monsieur Robert Julienne en fût le 1 er
Directeur Général. De nos jours, le Gouverneur de la BCEAO est M. Tiémoko Meyliet KONE, de
nationalité ivoirienne (il est Gouverneur depuis 2011 – pour terminer le mandat de DACOURY-
TABLEY en 2014 – Il a été nommé par la CCEG pour un mandat de 6 ans à compter du
17/08/2014 et reconduit pour un nouveau mandat de 6 ans à compter du 17/08/2020. A cette date,
son mandat a été renouvelé).
Statut: établissement public international constitué entre les Etats membres de l’Union Monétaire
Ouest Africaine (UMOA), doté de la personnalité juridique.
Principes de fonctionnement:
• Indépendance (art. 4 des Statuts de la BCEAO)
« Dans l’exercice des pouvoirs et dans l’accomplissement des missions qui leur sont
conférés par le Traité de l’UMOA et par les présents Statuts, la Banque Centrale, ses organes, un
membre quelconque de ses organes ou de son personnel ne peuvent solliciter, ni recevoir des
directives ou des instructions des institutions ou organes communautaires, des Gouvernements
des Etats membres de l’UMOA, de tout autre organisme ou de toute autre personne .
Les institutions et organes communautaires ainsi que les Gouvernements des Etats
membres de l’UMOA s’engagent à respecter ce principe ».
• Secret professionnel (art. 5 des Statuts de la BCEAO)
« Les membres du personnel de la Banque Centrale ne peuvent prendre ou recevoir une
participation ou quelque intérêt ou rémunération que ce soit, par travail ou conseil, dans une
entreprise publique ou privée, industrielle, commerciale, financière ou de services, sauf dérogation
accordée par le Gouverneur.
Les dispositions du présent article ne s’appliquent pas à la production des œuvres
scientifiques, littéraires ou artistiques ».
• Privilèges et immunités (art. 7 des Statuts de la BCEAO)
« La Banque Centrale bénéficie, sur le territoire de chacun des Etats membres de
l’UMOA, des privilèges et immunités nécessaires pour lui permettre de remplir ses fonctions, dans
les conditions précisées par le Protocole annexé au Traité de l’UMOA, dont il fait partie
intégrante ».
Ce sont, entre autres:
- Obligation, pour l’Etat partie sur le territoire duquel a été décidée la construction d’un ou
plusieurs bâtiments destinés à devenir des locaux de la Banque centrale, de céder à titre gratuit
à celle-ci, en toute propriété, les terrains nécessaires à la construction desdits bâtiments
(art. 4 du Protocole);
- Inviolabilité des locaux (art. 5 du Protocole)
« 1. Les locaux de la Banque centrale sont inviolables. Les agents ou fonctionnaires d’un
Etat de l’Union ne peuvent y pénétrer pour exercer leurs fonctions officielles que sur la demande ou
avec le consentement du Gouverneur ou de son Représentant, notamment pour y rétablir l’ordre ou
pour en expulser toute personne dont il jugera la présence indésirable. Le consentement pourra être
présumé acquis en cas de sinistre grave nécessitant des mesures de protection immédiate. 2.
L’exécution des actes de procédure, y compris la saisie de biens privés, ne pourra avoir lieu dans les
locaux de la Banque centrale que dans les conditions approuvées par le Gouverneur ou son
Représentant. 3. Chaque Etat de l’Union assure gratuitement la protection des locaux de la Banque
centrale situés sur son territoire et le maintien de l’ordre dans leur voisinage immédiat. En particulier,
il prend les mesures appropriées pour éviter que la tranquillité des locaux ne soit troublée par des
personnes ou groupes de personnes cherchant à pénétrer sur les lieux sans autorisation ou provoquant
des désordres dans le voisinage immédiat des locaux. II assurera la présence, aux abords des locaux,
des forces de police nécessaires à leur protection. 4. Sans préjudice des immunités prévues par le
présent Protocole, la Banque centrale ne permettra pas que ses locaux servent de refuge à une
personne poursuivie à la suite d’un crime ou délit flagrant, ou objet d’un mandat de justice, d’une
condamnation pénale ou d’un arrêté d’expulsion émanant des autorités compétentes ».
- Protection de la correspondance (article 7-2 du Protocole)
« Les communications officielles adressées à la Banque centrale ou envoyées par elle, quels que soient
leur mode de transmission et la forme sous laquelle elles sont expédiées, sont inviolables. Ces
communications ne peuvent être censurées, retardées ou entravées en aucune manière. Cette immunité
s’étend notamment aux publications, documents, plans bleus et croquis, films fixes et cinématographiques,
photographies, pellicules et enregistrements sonores ou magnétiques »

- Valise diplomatique (article 7-3 du Protocole)


« La Banque centrale peut utiliser des codes. Elle peut expédier et recevoir sa correspondance officielle
par des courriers ou valises qui jouiront des mêmes privilèges et immunités que les courriers et valises
diplomatiques »

- Immunité de juridiction et d’exécution (article 8 du Protocole)


« La Banque centrale jouit en toutes matières de l’immunité de juridiction et d’exécution, sauf
renonciation expresse de sa part, dans un cas particulier, notifiée par le Gouverneur ou son
Représentant ».

- Protection des biens, documents et archives


« Article 9 - 1. Les biens et avoirs de la Banque centrale, en quelque lieu qu’ils se trouvent et quels qu’en
soient les détenteurs, sont exempts de perquisition, confiscation, réquisition, expropriation et de toute
mesure administrative, judiciaire ou autre de coercition ou d’exécution. 2. Les archives de la Banque
centrale et, d’une manière générale, tous documents, quel qu’en soit le support, lui appartenant ou détenus
par elle, en quelque lieu qu’ils se trouvent, sont inviolables »
- Privilège fiscal
« Article 10-1. La Banque centrale, ses avoirs, biens et revenus, ainsi que les opérations et transactions
auxquelles elle est autorisée par ses Statuts, sont exemptés de tous impôts, droits et taxes, à l’exception
des taxes pour services particuliers effectivement rendus. En particulier, la Banque centrale est exonérée
des impôts sur les bénéfices réalisés et les produits distribués, des taxes sur le chiffre d’affaires, des
droits de douane, des droits d’enregistrement, des taxes de publicité foncière et des taxes sur les
véhicules à moteur. 2. Le montant des impôts, taxes et droits inclus dans le prix des biens et services
acquis par la Banque centrale sera remboursé à celle-ci. 3. Toutefois, lorsque la Banque centrale est
chargée par un Etat de l’exécution de tâches particulières, les exemptions prévues aux paragraphes 1 et
2 ci-dessus ne jouent pas en ce qui concerne ces tâches »
Organisation de la BCEAO:
- Elle a un siège, fixé par la CCEG. Ce siège est à Dakar au SENEGAL
- Elle dispose d’une Agence dans chaque Etat-membre.
Les organes de la BCEAO sont :
- le Gouverneur,
- le Comité de Politique Monétaire,
- le Conseil d’Administration,
- le Comité d’Audit,
- les Conseils Nationaux du Crédit (un Conseil dans chacun des Etats membres de l’UMOA).
Voir détails aux articles 54 et suivants des Statuts de la BCEAO (
http://www.bceao.int/IMG/pdf/StatutsBCEAO2010.pdf)
Attributions:
• Objectif: Définir et conduire la politique monétaire en vue d’assurer la stabilité des prix et apporter
un soutien aux politiques économiques de l’UEMOA
• Fonction monétaire et Missions:
En matière de monnaie, la BCEAO a pour fonction d’émettre les signes monétaires de l’Union,
billets et pièces ayant cours légal et pouvoir libératoire
Quant à ses missions, elles sont les suivantes:
*définir et mettre en œuvre la politique monétaire au sein de l’UMOA,
*veiller à la stabilité du système bancaire et financier de l’UMOA,
* promouvoir le bon fonctionnement et assurer la supervision et la sécurité des systèmes de
paiement dans l’UMOA,
*mettre en œuvre la politique de change de l’UMOA dans les conditions arrêtées par le Conseil
des Ministres,
* gérer les réserves officielles de change des Etats membres de l’UMOA
* conduire des missions et projets spécifiques « qui concourent à l’amélioration de l’environnement
de la politique monétaire, à la diversification ainsi qu’au renforcement du système financier de
l’UMOA et des capacités techniques et professionnelles dans le secteur bancaire et financier »
Pour accomplir ses missions, la BCEAO effectue des opérations consistant notamment en des
opérations sur or, des prêts ou emprunts, des opérations d’open market, etc.
Chapitre 3 : Les établissements de crédit

Section 1: l’accès à la profession


Cf. polycopié de droit bancaire, année de maîtrise.

Rappels de quelques points essentiels


Paragraphe 1: Conditions d’agrément
Forme juridique (art. 31 et 32 de la loi bancaire, 12 de l’Instruction n°011-12/2010/RB )
Pour les banques : SA à capital fixe ou, sur autorisation spéciale du Ministre des
finances, société coopérative ou mutualiste à capital variable. Exceptionnellement, elles peuvent avoir la
forme d’autres personnes morales.
Pour les établissements financiers à caractère bancaire : SA à capital fixe ou
société coopérative ou mutualiste à capital variable.
Capital social : Depuis 2015, dix milliards (10 000 000 000) FCFA pour les banques et trois
milliards (3 000 000 000) de FCFA pour les établissements financiers à caractère bancaire.
Satisfaction de certaines conditions et obligations fixées par la loi bancaire (art. 25, 26, 29,
34 et 36), fourniture de certaines pièces et documents prévus par l’INSTRUCTION N°017-04-2011
établissant la liste des documents et informations constitutifs du dossier d'agrément en qualité
d‘établissement de crédit.
Paragraphe 2: Procédure d’agrément

Article 15 de la loi bancaire : Les demandes d'agrément sont adressées au ministre chargé des
finances et déposées auprès de la Banque centrale qui les instruit.

Demande faite suivant un canevas défini par l’INSTRUCTION N°017-04-2011 établissant la liste
des documents et informations constitutifs du dossier d'agrément en qualité d‘établissement de
crédit.

Article 16 de la loi bancaire: L'agrément est prononcé par arrêté du ministre chargé des finances,
après avis conforme de la Commission bancaire de l'UMOA.

L'agrément est réputé avoir été refusé s'il n'est pas prononcé dans un délai de six mois à compter
de la réception de la demande par la Banque centrale, sauf avis contraire donné au demandeur.
Section 2: La gouvernance des établissements de crédit

Conformément à la Circulaire n°01-2017/CB/C du 27 septembre 2017


relative à la gouvernance des établissements de crédit et des compagnies
financières de l’UMOA, chaque établissement de crédit doit mettre en place
un dispositif de gouvernance adapté (principe de proportionnalité
notamment), qui, en tout état de cause, doit se conformer notamment aux
principes généraux suivants :
• être élaboré et mis en œuvre en tenant compte notamment de la sécurité des
systèmes d'information, la couverture de l’ensemble des risques encourus par
l’établissement et des éventuels conflits d'intérêts ;
• établir et formaliser les stratégies, politiques et procédures à mettre en place,
pour définir et organiser les divers moyens nécessaires à l’atteinte d’une saine
gouvernance ;
• définir les rôles et obligations des intervenants ;
• répondre aux besoins de l’établissement dans son ensemble et de chacune de
ses unités organisationnelles et opérationnelles ;
• intégrer des mécanismes visant à maintenir et/ou rétablir son
fonctionnement en cas de discontinuité ;
• refléter, au fil du temps, les changements découlant des caractéristiques de
l'établissement et de son environnement externe ainsi que des évolutions
relatives aux meilleures pratiques en matière de gouvernance ;
• prévoir des mécanismes permettant de s'assurer de l'intégrité et de
l'engagement des intervenants, qui doivent être en nombre suffisant,
compétents et avoir une bonne connaissance des activités de
l’établissement, de ses risques ainsi que de ses obligations juridiques .
Concrètement, cette Circulaire rend obligatoire la mise en place de certains organes.
Les organes obligatoires sont :
- Une Assemblée générale : définie comme une « instance regroupant les détenteurs de
parts sociales ou d’actions formant le capital social »
- Un Organe délibérant: conseil d‘administration dans les SA ou organe collégial
équivalent dans les autres cas. Il « définit et approuve la stratégie globale de
l'établissement, son cadre général de gouvernance, sa culture d'entreprise ainsi que
ses principes et ses valeurs ». Cet organe doit mettre en place au moins un Comité
d’audit et un comité des risques pour l’assister dans sa mission de contrôle de la gestion
de l’établissement de crédit.
- Un organe exécutif, qui assure la gestion, sous le contrôle de l’Organe délibérant.
Quoique cela ne ressorte pas expressément de la Circulaire susvisée, cet organe exécutif
est composé en général d’une Direction générale, une Direction des opérations, une Direction
informatique, une Direction comptable, une Direction des risques et une Direction de
l’exploitation (exploitants, gestionnaires, etc.) laquelle est en général scindée en 2: Détail
(clientèle des particuliers entendus surtout comme les salariés, fonctionnaires et assimilés) et
Entreprises/Institutions.
S’agissant de la Direction juridique, elle comporte en général plusieurs fonctions : conseiller
juridique, chargé de recouvrement, chargé de conformité, chargé de gouvernance, chargé des
sûretés et garanties, chargé du contentieux (N.B: ces différents postes ne font pas l’objet de
séparation stricte. Ils sont souvent cumulables en fonction de la taille de la banque).
Quelques spécificités de la Gouvernance des établissements de crédit: l’ omniprésence des
autorités de tutelle

L’exigence d’une condition de nationalité (d’un Etat membre) pour être dirigeant ou
administrateur, sauf dérogation accordée par le Ministre des Finances après avis conforme
de la CB (Art. 4 de la Circulaire n° 02-2017/CB/C du 27 septembre 2017 relative aux conditions d’exercice
des fonctions d’administrateurs et de dirigeants au sein des établissements de crédit et des compagnies
financières de l’UMOA).
Dirigeants : notamment les personnes membres de l’organe exécutif, toute personne ayant la qualité de
directeur, le responsable en charge des agences ou succursales, l’administrateur provisoire et le liquidateur,
ainsi que les dirigeants de fait.
L’obligation de dépôt-greffe et de communication semestrielle de la liste des dirigeants et administrateurs à
la BCEAO et à la CB
L’obligation de communication préalable de toute modification de ladite liste à la CB, pour observations au
moins 30 jours ouvrés avant la prise de fonction des personnes pressenties

La catégorisation des administrateurs: administrateur indépendant, administrateur exécutif et


administrateur non exécutif
Administrateur exécutif : un administrateur membre de l’organe exécutif ou assurant des responsabilités
exécutives au sein de l’établissement ;
Administrateur non exécutif : un administrateur qui n’a aucune responsabilité de gestion au sein de l’établissement
Administrateur indépendant : un administrateur qui n’entretient aucune relation de quelque nature que ce soit avec
l’établissement ou son groupe, susceptible d’altérer son indépendance de jugement ou de le placer dans une
situation de conflit d’intérêts apparent ou potentiel ;
Les critères pour qualifier un administrateur d’indépendant sont les suivants :
- ne pas être ou avoir été au cours des quatre années précédentes, salarié ou membre de l’organe
exécutif de l’établissement ;
- ne pas être salarié, ou administrateur de la maison-mère de l’établissement ou d’une société que
celle-ci consolide au cours des quatre années précédentes ;
-ne pas être membre de l’organe exécutif d’une entreprise où l’établissement détient directement ou
indirectement un mandat au sein de l’organe délibérant ou dans laquelle un membre de l’organe
exécutif de l’établissement, en exercice ou l’ayant été au cours des quatre dernières années, détient un
mandat au sein de son organe délibérant ;
-ne pas être membre des organes délibérant et exécutif d’un client ou fournisseur significatif de
l’établissement ou de son groupe, ou pour lequel l’établissement ou son groupe représente une part
significative de l’activité ;
-ne pas avoir directement ou indirectement, avec l’établissement, une relation d’affaires en cours ou
durant les quatre années précédentes ;
-ne pas avoir de lien familial proche avec un membre de l’organe exécutif ou un membre de l’organe
délibérant représentant un actionnaire dominant de l’établissement ;
-ne pas avoir été commissaire aux comptes de l’établissement au cours des quatre années
précédentes ;
-ne pas être membre de l’organe délibérant de l’établissement depuis plus de dix ans ;
-être libre de toute influence, de nature politique ou patrimoniale d’origine interne ou externe à
l’établissement, qui puisse compromettre l’exercice de sa liberté de jugement
Le statut d’administrateur indépendant est réexaminé chaque année par l’organe délibérant ou le comité
dédié à la nomination, le cas échéant.
Implications pratiques de la catégorisation des administrateurs:
L’organe délibérant doit, à tout moment, être composé majoritairement d’administrateurs non-
exécutifs.
Pour renforcer l’impartialité et l’objectivité de ses décisions, le tiers des membres de l’organe
délibérant doit être composé d’administrateurs indépendants.
Le Président de l’organe délibérant doit être un Administrateur non exécutif ou un
administrateur indépendant.

L’obligation pour l’organe délibérant, de mettre en place des Comités spécialisés, qui sont au
moins :
- comité d’audit, comité des risques, comité de rémunération et comité de nomination en ce qui
concerne les établissements bancaires d’importance systémique régionale ;
- comité d’audit, comité des risques et comité de rémunération en ce qui concerne les
établissements bancaires d’importance systémique nationale ;
- comité d’audit et d’un comité des risques en ce qui concerne tous les autres établissements
Obligation de requérir l’autorisation du Ministre chargé des finances, comme en
matière d’agrément pour certaines opérations:
- Toute modification de la forme juridique, de la dénomination sociale ou du nom
commercial ;
- Tout transfert du siège social dans un autre Etat membre de l’UMOA ;
- Toute opération de fusion par absorption ou création d'une société nouvelle ou de scission
;
- Toute dissolution anticipée ;
- Toute prise ou cession de participation qui aurait pour effet de porter la participation
d'une même personne, directement ou par personne interposée ou d'un même groupe de
personnes agissant de concert, d'abord au-delà de la minorité de blocage, puis au-delà de
la majorité des droits de vote dans l'établissement de crédit ou d'abaisser cette
participation au-dessous de ces seuils ;
Les ouvertures, fermetures, transformations, transferts, cessions ou mises en gérance de
guichets ou d'agences d'établissement de crédit au Burkina Faso doivent être notifiés au
ministre chargé des finances, à la Commission bancaire et à la Banque centrale.
TITRE 2: L’ACTIVITE BANCAIRE

Chapitre 1 : Rappels
Section 1 : les comptes en banque
Section 2 : les opérations de crédit
Section 3 : la règlementation des relations financières extérieures

Chapitre 2 : les instruments de paiement et de crédit

Chapitre 3 : La LBC-FT

Chapitre 4 : La responsabilité du banquier


CHAP 1: RAPPELS

SECTION 1: LES COMPTES EN BANQUE

Parag 1: Dispositions générales

I : L’ouverture du compte
Principe: liberté de contracter (le banquier est en principe libre de ne pas ouvrir un compte, de
même que le client est en principe libre de ne pas se faire ouvrir de compte).
Limites: la liberté de contracter ou pas est limitée par l’existence de :
* un droit au compte : posé par l’article 8 du Règlement 15-2002/CM/UEMOA du
19/09/2002 relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l’UEMOA: « Toute
personne physique ou morale établie dans l’un des Etats membres, possédant un revenu régulier
dont la notion est définie par une instruction de la Banque Centrale, a droit à l’ouverture d’un
compte auprès d’une banque, telle que définie par l'article 3 de la Loi portant Réglementation
Bancaire, ou auprès des services financiers de la Poste.
En cas de refus d’ouverture de compte opposé par trois établissements successivement, la
Banque Centrale peut désigner d’office une banque qui sera tenue d’ouvrir un compte donnant
droit à un service bancaire minimum ».
La notion de revenu régulier est définie par l’Instruction n°01/2003/SP du 08/05/2003
relative à la promotion des moyens de paiement scripturaux et à la détermination des
intérêts exigibles en cas de défaut de paiement: « Est considéré comme revenu régulier,
toute somme égale ou supérieure à cinquante mille (50.000) FCF A dont est susceptible
de justifier: une personne physique salariée sur une période mensuelle; une personne
physique non salariée ou une personne morale, sur une période mensuelle, bimestrielle,
trimestrielle, semestrielle, voire annuelle ».
Il en résulte que si une personne a un revenu régulier, le banquier perd sa liberté de ne
pas contracter dans la mesure où il est obligé d’ouvrir un compte à cette personne si la
BCEAO le désigne après refus successif de 3 établissements de crédit.

* le devoir d’ouvrir un compte: l’article 9 du Règlement susvisé: « Tout commerçant, au


sens de l’Acte Uniforme de l’OHADA relatif au Droit Commercial Général, est tenu
d’ouvrir un compte auprès des services financiers de la Poste ou d’une banque établie
dans un Etat membre. Il en indique la domiciliation et le numéro sur les factures ou
autres documents par lesquels il réclame paiement ».
Vérifications (minimales) à faire avant l’ouverture d’un compte (Art. 43 du
Règlement 15-2002).

Avant l’ouverture du compte, le banquier doit :


- s’assurer de l’identité et de l’adresse de la personne à qui il ouvre un compte sur
présentation d’un document original officiel en cours de validité;
- requérir la preuve de l’immatriculation au RCCM s’il s’agit d’un commerçant ;
- s’il s’agit d’un personne morale commerçante, vérifier les pouvoirs de la personne qui
prétend agir au nom d’une société commerciale.

Mais il faut aller au-delà de cette disposition légale en vérifiant les pouvoirs de toute
personne qui veut ouvrir et faire fonctionner le compte, notamment d’une personne
morale.
II : le fonctionnement du compte
Implique que le banquier tienne le compte, sur le solde duquel le titulaire a un droit.

La tenue matérielle du compte par le banquier


Signifie que chaque fois qu’il recevra un ordre de son client, le banquier doit l’exécuter
après avoir préalablement vérifié la validité de la ou des signature(s) qui est ou sont
portée(s) et au besoin recueilli la confirmation nécessaire.
Chaque opération doit être transcrite par le banquier sur le compte du client. Cette
transcription est faite au moyen des mentions suivantes concernant chacune des
opérations : nature de ladite opération (versement espèces, retrait d’espèces, retrait
par chèque, virement, frais de…, etc.), sa date, le montant du crédit ou du débit,
éventuellement le solde provisoire qui se dégage après l’opération concernée de
même que la date de valeur. Cette date de valeur est le jour où l’opération prend
effectivement effet. Selon les usages bancaires, ce jour est généralement postérieur à
la date réelle de l’opération pour les écritures au crédit et antérieur pour les écritures
au débit.
Les erreurs matérielles constatées dans les écritures d’un compte doivent être rectifiées
mais ne peuvent être effacées. En effet, le compte doit être tenu sans ratures. Ill s’en
suit que toute écriture erronée portée en compte doit simplement être annulée par le
banquier au plan comptable par une écriture en sens inverse du même montant. Cette
écriture en sens inverse est appelée contre-passation.
Les ordres exécutés doivent faire l’objet d’un compte-rendu, appelé avis d’opéré,
sous la forme soit d’un « avis de crédit » ou d’un « avis de débit ».

L’ensemble des écritures passées sur un même compte aux cours d’une période
donnée (en général tous les mois), fait l’objet d’un relevé que le banquier doit
adresser au client. L’article 43 du Règlement 15-2002 fait obligation au
banquier qui a ouvert un compte de dépôt d’adresser à son client un relevé de
compte au moins une fois par mois. Conformément à l’usage bancaire,
l’accord du client sur ce solde provisoire peut résulter de son silence. En effet,
les relevés de compte précisent généralement un délai maximal (30 jours dans
la plupart des cas) au-delà duquel, les réclamations ne sont plus admises.
Les droits du client sur le crédit du compte
Le client a contre son banquier une créance égale au solde du compte, si celui-ci
est créditeur. De ce fait, il peut émettre des chèques, opérer des retraits ou
ordonner des virements à partir de son compte. En conséquence, le solde du
compte qui apparaît comme un élément du patrimoine du client peut être saisi
par ses créanciers.
En vertu des règles édictées par l’Acte Uniforme OHADA portant organisation des
procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution, le banquier
saisi est tenu de déclarer au saisissant la nature du ou des comptes du débiteur
ainsi que leurs soldes au jour de la saisie.
S’il s’agit d’une saisie attribution, le solde est rendu indisponible sous réserve de
liquidation dans les 15 jours de la saisie de certaines opérations qui lui sont
antérieures et énumérées à l’article 161 de l’Acte Uniforme. Echappent
toutefois à la saisie, certaines créances qui ont un caractère insaisissable.
III : la clôture du compte
Les comptes sont en général à durée indéterminée.
Causes de la clôture:
• Décision conjointe de la banque et du client (rare) ou décision unilatérale de l’un d’eux seulement:
le client peut demander la clôture du compte à tout moment, de même que la banque. Bien
évidemment, la clôture ne doit pas être abusive.
• Inactivité : Conformément à l’Instruction n°005-06-2014 du 30 juin 2014, la banque doit rechercher
les titulaires de comptes demeurés sans intervention depuis huit (08) ans (ces comptes sont appelés
comptes inactifs), sauf dans les cas suivants :
- solde inférieur à vingt mille (20 000) FCFA ;
- débiteur n’ayant fait aucune intervention sur le compte mais a intervenu sur les autres comptes
dont il est titulaire ou s’il a eu un contact (échange de courriers, mails, téléphone, etc.) avec la
banque ;
- compte resté inactif du fait d’une décision de justice ou de l’Administration ;
- compte de Dépôt A Terme dont la période contractuelle de blocage est de 08 ans ou plus.
La recherche se fait pendant 02 ans et concerne non seulement les titulaires mais aussi leurs ayants
droits. Si la recherche est infructueuse et que le titulaire n’est toujours pas intervenu sur le compte,
une seconde Instruction (n°006-06/2014) oblige la banque à transférer le solde créditeur du compte
(ce solde est appelé désormais « avoirs dormants ») à la BCEAO. Ce transfert à la BCEAO intervient
donc après 10 ans, le compte devant être clôturé par la banque.
Effets de la clôture:
Le compte est arrêté et un solde créditeur ou débiteur apparaît, respectivement au profit du banquier
ou du titulaire (ou les ayants droits du titulaire en cas de décès).
Parag 2: les différents types de comptes

I : selon la nature des opérations

* le compte de dépôt (souvent appelé compte ordinaire ou compte chèque ou compte


de virement)
Son régime constitue le droit commun des comptes bancaires. En général, c’est ce type de compte
que les banques ouvrent à leurs clients qui ne souhaitent pas l’ouverture d’un autre compte. Il
est ouvert après un dépôt de fonds effectué par le client (DEKEUWER-DEFOSSEZ F.,
MOREIL S., Droit bancaire, Paris : Dalloz, 11ème éd., 2017, p.60).
Ce compte vise essentiellement à enregistrer les opérations de caisse qui diminueront ou
augmenteront le dépôt initial. Il peut également enregistrer des opérations de crédit mais ce
n’est pas sa vocation première dans la mesure où ce compte est ouvert par la banque surtout au
profit d’une clientèle non commerçante.
* le compte courant
Pour certains auteurs (DEKEUWER-DEFOSSEZ F., MOREIL S., Droit bancaire, Paris : Dalloz,
11ème éd., 2017, p. 68), il n’est ouvert qu’aux commerçants pour les besoins de leur commerce.
Pour d’autres auteurs cependant et dans la pratique, il existe des comptes courants ouverts à des
non commerçants puisque ce compte ne fait l’objet d’aucun texte législatif. Cf, DECOCQ G.,
GERARD Y., MOREL-MAROGER J., Droit bancaire, Paris : RB édition, Coll. Master, 2 ème éd.,
2014, p 286.
Rien n’interdit donc qu’il puisse être ouvert à un client non commerçant dès lors que les règles de
son fonctionnement sont réunies:
Volonté des parties d’être en compte courant ;
Généralité du compte (toutes les opérations entre le banquier et le client doivent y
figurer. Toutefois, demeure la possibilité exceptionnelle d’une affectation spéciale ou de comptes
spéciaux);
Réciprocité des remises (les remises doivent pouvoir provenir de l’une ou l’autre
partie, chacune faisant tantôt des opérations créditrices, tantôt des opérations débitrices);
Indivisibilité du compte courant (dès qu’une créance ou une dette est portée en compte, elle
disparaît, se fond aux autres pour participer au solde provisoire; on dit que le compte courant a
un effet novatoire.)
Le compte courant peut même exister entre deux commerçants qui effectuent régulièrement des
opérations où tantôt l’un est créancier et tantôt c’est l’autre qui l’est.
* le compte d’épargne
Sert à constituer une épargne. Ils ne sont ouverts qu’aux personnes physiques, à raison d’un seul
compte d’épargne par personne et par établissement de crédit.
Il fonctionne sans carnet de chèque. Les versements d’espèces portent intérêt (créditeur) le 1 er jour de
la quinzaine civile suivant le dépôt. En revanche, lorsqu’il s’agit d’un retrait de fond, les intérêts
(débiteurs) courent à compter du 1er jour de la quinzaine civile dans laquelle s’inscrit l’opération.
C’est le système des dates de valeur.
Au sein de l’UMOA, les comptes d’épargne « sont rémunérés à un taux fixe de 3,5% dans la limite du
montant maximum de dix (10) millions de francs CFA » (
http://www.bceao.int/IMG/pdf/decision_cm_conditions_de_remuneration_produits_d_epargne_re
glementes_-_vf-2.pdf
).

* le compte de Dépôt A Terme (DAT)


Par ce compte, le banquier et son client conviennent de « bloquer » une certaine somme sur une
certaine période moyennant rémunération. Un compte est ouvert pour chaque dépôt à terme. En
contrepartie de ce blocage, les parties conviennent d’un taux d’intérêt plus élevé que celui du
compte d’épargne.
Si pour une raison quelconque, le titulaire du dépôt à terme souhaite utiliser avant terme la totalité ou
une partie des fonds ainsi déposés, les fonds lui sont mis à disposition contre une pénalité.
Au-delà des comptes d’épargne classiques et des comptes de Dépôt A Terme, il existe des
« plans d'épargne et autres produits d'épargne contractuelle » qui font l’objet d’une
règlementation de la BCEAO. Leurs caractéristiques minimales sont les suivantes :
• le produit doit correspondre à un système d’épargne-crédit qui donne droit au bénéfice d’un
crédit au client-épargnant, à l’issue d’une période d’épargne convenue ;
• le crédit octroyé à l’issue de la période d’épargne doit être assorti d’un taux préférentiel par
rapport aux conditions de taux ordinaires du marché, pour la même nature de crédit;
• le client-épargnant ne peut, sauf dispositions contractuelles contraires, procéder à des
retraits sur les fonds concernés avant l’échéance de la période d’épargne convenue, sous
peine de s’exposer à la transformation du plan ou du produit d'épargne contractuelle en
compte d’épargne sur livret ordinaire, avec effet rétroactif ;
• les sommes collectées doivent être affectées à des emplois intéressant l’objet pour lequel le
produit est proposé ;
• le montant du crédit octroyé doit représenter un multiple entier de l’épargne constituée,
sous réserve de la solvabilité du client-épargnant.
Cf. Avis n° 002 – 08-2013 aux établissements de crédit, aux systèmes financiers
décentralisés, aux services financiers de l'Administration ou de l'Office des Postes et
aux Caisses Nationales d'Épargne, relatif à la définition des produits d'épargne
réglementés dans l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) (
http://www.bceao.int/IMG/pdf/avis_aux_ec_produits_d_epargne_reglementes.pdf).
II : selon le titulaire du compte

• Comptes indivis: appartient à plusieurs titulaires et la signature de tous est exigée, sauf
procuration à certains ou l’un d’eux. Rares car même en cas de décès du titulaire, le compte fait
très souvent l’objet d’une liquidation au profit des ayants droits. Cependant, il est possible, en
cas de décès du titulaire et compte tenu des circonstances, faire fonctionner le compte sous
forme de compte indivis, sous la signature de tous les héritiers (ou de certains ou l’un d’eux sur
base d’une procuration).

• Comptes joints: en pratique, nombre de comptes joints sont ouverts par les personnes mariées
sous l’appellation « M. et/ou Mme… ». Sa caractéristique, en France, est la solidarité active et
passive, à l’égard seulement de la banque (arrêt de la 1 ère Chambre civile de la Cour de cassation
française du 03/04/2001). Cette solidarité, qui ne se présume pas en matière civile, doit être
expressément prévue. Sur base de cette solidarité, en principe, le compte fonctionne sous la
seule signature de chacun des titulaires, qui les engage tous.
En cas de décès d’un des titulaires, le ou les autres continue(nt) le compte, sauf
dénonciation par un héritier du défunt (C. Cass (Fr.), 15 janvier 2002, RDBF mars- avril
2002, p.66).
SECTION 2: LES OPERATIONS DE CREDIT

Définition: le crédit est une technique de financement. Le terme ne signifie pas seulement le prêt. Plusieurs
formes de crédits existent.
Au sein de l’UMOA, une définition peut être tirée de l’art 6 de la loi bancaire: « Constitue une opération de
crédit, … tout acte par lequel une personne, agissant à titre onéreux :
met ou promet de mettre des fonds à la disposition d'une autre personne ;
prend … un engagement par signature tel qu'un aval, un cautionnement ou une garantie »
Sont assimilés à des opérations de crédit le crédit-bail, et, de manière générale, toute opération de location
assortie d'une option d'achat ».
Définition identique à celle de l’art. 313-1 du CMF français : « tout acte par lequel une personne agissant à
titre onéreux met ou promet de mettre des fonds à la disposition d'une autre personne ou prend, dans
l'intérêt de celle-ci, un engagement par signature tel qu'un aval, un cautionnement, ou une garantie.
Il s’en dégage deux grandes catégories de crédit: crédits par signature et crédit par caisse.
Seules les établissements de crédit (et dans une certaine mesure les SFD) sont autorisés à faire du crédit à
titre de profession habituelle.
Qu’ils soient par signature ou caisse, des dispositions d’ordre général régissent les crédits.
Paragraphe 1: Les dispositions générales

A : l’octroi et la rupture des crédits


1. la liberté de consentir ou refuser un crédit
Liberté affirmée par la jurisprudence: « Hormis le cas où il est tenu par un
engagement antérieur, le banquier est toujours libre, sans avoir à justifier sa décision qui
est discrétionnaire, de proposer ou consentir un crédit quelle qu’en soit la forme, de
s’abstenir ou de refuser de le faire » (C. Cass. (Fr.), Ass. Plen., 09 oct. 2006, JCP G
2006.II.10175, note BONNEAU).
Un tempérament en France, où le refus d’un crédit fondé sur un scoring basé sur des
considérations discriminatoires engage la responsabilité du banquier.

2. la rupture des crédits


L’arrivée du terme rompt le crédit. Par exemple, une ouverture de crédit
consenti pour 12 mois arrivera à échéance au terme convenu. La rupture d’un crédit
avant terme ne doit pas être fautive pour le banquier. Elle doit résulter de l’application
de dispositions contractuelles, notamment celles fixant la déchéance du terme.
B: la convention de crédit
1. sa nature juridique
* s’il s’agit d’un crédit par caisse, la convention de crédit est considéré comme un contrat de prêt
au sens du code civil, donc un contrat réel (qui ne se forme que lorsque les fonds ont été mis à la disposition
du client). Conception abandonnée en France, la jurisprudence considérant qu’il s’agit d’un « contrat
consensuel si le prêteur est un professionnel du crédit, et dans les autres cas, d’un contrat réel » ((DECOCQ
G., GERARD Y., MOREL-MAROGER J., Droit bancaire, Paris : RB édition, Coll. Master, 2ème éd., 2014, p.
143).
* si ouverture de crédit ou crédit par signature
Il s’agirait dans ce cas d’une obligation de faire à laquelle la banque est tenue.

2. son régime juridique


* conditions de forme et preuve
En principe, aucune règle particulière de preuve autre que celles du droit civil et du droit commercial: preuve
par tous moyens entre parties commerçantes et par le client non commerçant à l’égard du banquier / système
de preuve du droit civil par le banquier à l’égard du client non commerçant).
* conditions de fond: outre les conditions de validité de tout contrat,
- l’obligation de fixer le taux d’intérêt par écrit (art. 1907 du CC)
- l’obligation de fixer le TEG par écrit et de respecter le taux d’usure (Depuis le 01/01/2014,
15% pour les banques, 24% pour les Ets financiers à caractère bancaire, SFD et autres Agents économiques
(cf. Avis n° 003 - 08 - 2013 aux établissements de crédit et aux systèmes financiers décentralisés, relatif à la
fixation du taux de l'usure dans les Etats membres de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA).
Sanction de l’absence de fixation écrite du taux d’intérêt: le taux légal qui est dû (C. Cass (Fr.). Civ.1, 21
janvier 1992, Bull. n°22)
Paragraphe 2: les types de crédit
A: Le crédit à l’interne
1- les crédits par signature
- les engagements cambiaires: aval ou acceptation d’un effet
Ici, le banquier se porte aval sur un effet de commerce ou accepte cet effet au bénéficie
de son client souscripteur ou tireur. Pour le sens et les effets de l’aval et de l’acceptation, cf. cours
de droit bancaire (licence) ou SAWADOGO F. M., TRAORÉ A., Instruments de paiement et de
crédit dans l’espace UEMOA, Ouagadougou : Université de Ouagadougou, Coll. Précis de droit
burkinabé, 2008
- le cautionnement bancaire
Courant dans le domaine du financement du marché : Caution de soumission, Caution
d’avance de démarrage, caution de bonne exécution, caution de retenue de garantie. Le banquier
cautionne son client en s’engageant à payer une certaine somme en cas de survenance d’un
évènement visé dans l’acte de cautionnement.
Le régime est identique à celui prévu dans l’Acte uniforme portant organisation des sûretés, sauf
que l’on retrouve très souvent des clauses atypiques qui rappellent plutôt la garantie autonome que
le cautionnement stricto sensu, ce qui justifie souvent leur annulation en cas de contentieux.
- la garantie autonome
Ici, la banque se porte garante de son client et paiera une certaine somme en cas de
survenance d’un évènement, à première demande et sans pouvoir opposer une exception au
bénéficiaire de la garantie.
2 : les crédits par caisse
a - L’ouverture de crédit
cf. polycopié de droit bancaire, Master I
b- le découvert et autres avances
Accordé sous la forme d’un plafond de fonds dont le client peut bénéficier au-
delà du solde créditeur de son compte, sur une certaine période: il s’agit
d’une ligne de découvert. C’est une forme d’ouverture de crédit dans ce cas.
Le découvert dont il est question ici est accordé pour résoudre un problème
ponctuel de trésorerie. Dans la pratique, le terme « découvert » est donc aussi
utilisé pour les dépassements ponctuels, c’est-à-dire les situations dans
lesquelles, sans engagement préalablement pris par le banquier, ce dernier
accorde néanmoins des fonds au client au-delà de son solde disponible.
D’autres avances peuvent être consenties par le banquier, telles que les facilités
de caisse, les escomptes, etc. (cf, cours de Licence).
c- les prêts
Sont des fonds effectivement mis à la disposition du client par le banquier. Ils doivent être
remboursés:
• Soit suivant une périodicité convenue: mensuelle, trimestrielle, semestrielle, annuelle, etc.
On dit dans ce cas qu’ils sont amortissables;
• Soit in fine, c’est-à-dire remboursables à l’échéance, en une seule fois.

Les prêts peuvent se présenter sous forme de:


• Crédits affectés, lorsque la convention de crédit prévoit à quelle fin doit être destiné le
crédit: prêt immobilier (destiné à l’acquisition ou à la construction d’un bien immobilier),
crédit-équipement (destiné à l’achat de biens d’équipement), etc. La conséquence de cette
affectation réside au fait qu’en général le non respect de la destination du crédit est une
cause d’exigibilité anticipée entrainant déchéance du terme à travers la résiliation du
contrat de prêt.
• Crédit non affecté lorsque le client peut utiliser les fonds comme bon lui semble à charge
de rembourser.
B: les crédits à l’international
Il existe diverses garanties à l’international: Garanties sur demande (RUGD) – SBLC (RPIS). S’agissant
d’un chapitre consacré au crédit, le CREDOC doit être abordé.

Généralités sur le CREDOC


Origine : pratique du commerce international. Les partenaires commerciaux se trouvant dans des pays
différents, chacun veut protéger ses intérêts: le vendeur veut être payé dès expédition des
marchandises et l’acheteur ne veut payer qu’après avoir vendu ou au moins reçu les marchandises ou
les documents y afférents. Chacun approchera donc son banquier pour les besoins de l’opération.
Définition : C’est un instrument par lequel, une banque sur instruction d’un donneur d’ordre, s’engage
à payer un bénéficiaire sur présentation de certains documents dans le cadre d’une vente
internationale de marchandises.
Cadre juridique: le crédit documentaire n’est pas règlementé par des textes internes. Son encadrement
juridique est constitué des Règles et Usances Uniformes (RUU) relatives aux crédits documentaires
établies par la Chambre de Commerce Internationale et périodiquement révisées. La version actuelle,
appelée RUU 600, est entrée en vigueur le 1 er juillet 2007.
La banque s’engage directement en faveur du vendeur, à le payer après remise de justificatifs ou
documents prouvant l’expédition de la marchandise.
Intervenants :
• Le donneur d'ordre : c'est l'acheteur, qui donne les instructions
d'ouverture du crédit documentaire.
• La banque émettrice : c'est la banque de l'acheteur, qui procède
à l'ouverture du crédit documentaire.
• La banque notificatrice : c'est la banque correspondante de la
banque émettrice, qui avise le bénéficiaire de l'opération de
crédit documentaire, sans prendre d'engagement de paiement
vis-à-vis de celui-ci.
• La banque confirmatrice : c'est , en général , la banque
notificatrice qui, le cas échéant, accepte de prendre un
engagement de paiement vis-à-vis du bénéficiaire.
• Le bénéficiaire : c'est le vendeur (exportateur), en faveur de qui
le crédit documentaire est ouvert
Fonctionnement :
• Conclusion de l'opération commerciale entre deux parties:
L'acheteur et le vendeur conviennent contractuellement des
conditions de l'opération et prévoient que le paiement se fera par
crédit documentaire
• Demande d'ouverture du crédit documentaire :
L'acheteur (donneur d'ordre) demande à son banquier d'ouvrir un
crédit documentaire en faveur de son vendeur (bénéficiaire)
conformément aux termes de l'opération conclue ;
• Ouverture du crédit documentaire
La banque de l'acheteur (banque émettrice) ouvre le crédit
documentaire, selon les modalités convenues, auprès de sa banque
correspondante dans le pays du vendeur
• Notification de l'ouverture du crédit documentaire
La banque correspondante (banque notificatrice ou confirmatrice)
notifie l'ouverture du crédit documentaire au vendeur en y ajoutant,
le cas échéant, sa confirmation.
• Expédition des marchandises
Le vendeur expédie les marchandises.
• Réalisation du crédit documentaire
Le vendeur remet à ce moment là les documents énumérés dans
l'ouverture du crédit documentaire à la banque correspondante
(banque notificatrice ou confirmatrice) qui, après en avoir vérifié la
stricte conformité, lui règle le montant des marchandises, selon les
conditions du crédit.
• Envoi des documents
A son tour, la banque correspondante (notificatrice ou confirmatrice)
remet les documents à la banque de l'acheteur (émettrice) contre
paiement.
• Remise des documents au donneur d'ordre et réception des
marchandises
La banque émettrice remet les documents qu'elle aura également
reconnus conformes à son client contre remboursement et rembourse
la banque correspondante. L'acheteur se fait délivrer les marchandises
sur présentation du document de transport.
Types de paiements
Paiement à vue
Il est réalisable à présentation des documents reconnus
conformes.
Paiement différé
Le vendeur accorde un délai de paiement à l'acheteur
(paiement à terme sans création d’un effet). Le paiement
intervient à l'échéance du délai fixé
Par acceptation
Le paiement est différé, mais avec création par le bénéficiaire
d'un effet de commerce. L'exportateur se voit retourner un
effet accepté, soit par la banque notificatrice/confirmatrice,
soit par la banque émettrice. L'acceptation vaut garantie de
paiement à l'échéance
Les crédits documentaires spécifiques
• Le crédit « red clause »
Il comporte une clause spéciale autorisant la banque notificatrice ou confirmatrice à
effectuer une avance au bénéficiaire, contre son engagement d'effectuer l'expédition
et de présenter ultérieurement les documents prévus. Cette clause, insérée à la
demande du donneur d'ordre, précise le montant de l'avance autorisée.
• Le crédit revolving
C'est un crédit documentaire dont le montant se reconstitue automatiquement après
chaque utilisation par le bénéficiaire et ce, jusqu'à son échéance. Cette technique
permet notamment de faire respecter une cadence de livraisons tout en assurant au
bénéficiaire l'engagement irrévocable de la banque émettrice sur l'ensemble du
contrat. Le crédit peut être revolving en montant et/ou en durée.
• Le crédit transférable
Il permet au premier bénéficiaire de demander à la banque chargée de la réalisation
du crédit de le transférer, en faveur d'un ou de plusieurs bénéficiaires, sous-traitants
ou fournisseurs réels de la marchandise qui bénéficient ainsi d'une garantie de
paiement.
• Le crédit "back to back«
Le bénéficiaire du crédit initial demande à son banquier d'ouvrir un crédit en faveur
de son propre fournisseur, crédit qui sera alors « adossé » au premier ouvert en sa
faveur. Il s'agit ici de deux opérations distinctes.
Pour le reste, voir le polycopié de droit bancaire, année de Licence
A titre d’information, il existe d’autres instruments à l’international, qui sont:

• La remise documentaire (REMDOC) ou encaissement documentaire


Ici, la banque ne prend aucun engagement de payer le vendeur, elle agit comme un simple intermédiaire
chargée par son client acheteur de recevoir les documents d’expédition de la marchandise et de payer le
vendeur sur les fonds disponibles sur le compte du client. Il n’offre aucune sécurité au vendeur, ce qui
justifie que les vendeurs ne l’exigent pas souvent.

• Les Garanties sur demande


Dans un contrat international, les parties peuvent faire référence aux règles de la CCI sur les garanties sur
demande. La version en vigueur est constituée des RUGD 758, depuis le 1 er juillet 2010.
A titre d’exemple et plus couramment, les garanties sur demande concernent les appels d’offres
internationaux dans le cadre de marchés. Leurs objets sont plus ou moins identiques à ceux des cautions sur
marché que nous avons évoquées: garantie de soumission ou d’adjudication (bid bond), garantie de
restitution d’acompte (advance payement guarantee), garantie de bonne exécution (performance
guarantee), garantie de dispense de retenue de garantie (retention money guarantee).

• La SBLC (stand-by letter of credit)


C’est une garantie autonome, irrévocable et payable à première demande. Dans les exemples ci-dessus
énumérées, une SBLC peut être exigée au lieu d’une garantie sur demande. Elle est très souvent utilisée
aussi pour garantir un crédit (dans ce cas, l’émetteur de la SBLC est souvent la maison mère de la société
emprunteuse ou une banque autre que la prêteuse). La SBLC est surtout régie par les RPIS (Règles et
Pratiques Internationales relatives aux SBLC).
SECTION 3 : LA RÈGLEMENTATION DES
RELATIONS FINANCIÈRES EXTÉRIEURES
Cf. cours de droit bancaire, 4ème année

L’essentiel:
• Des règles de base sur l’intermédiation et la cession des devises:
. Les opérations financières avec l’étranger doivent être effectuées par l'entremise de la BCEAO,
de l'Administration ou de l’Office des Postes, d’un intermédiaire agréé ou d’un agréé de change
manuel (art. 2 du Règlement)
. Les devises étrangères détenues dans un Etat membre de l’UEMOA doivent être cédées ou
déposées chez un intermédiaire habilité ou, le cas échéant, à la BCEAO(art. 3 du Règlement).
• Des opérations courantes libres, sous réserve de présentation de justificatifs ;
• Des opérations soumises à autorisation.
CHAPITRE II : LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT
ET DE CREDIT
L’essentiel:
• Distinguer entre instrument de paiement et instrument de crédit et savoir définir chacun d’eux
• Connaître la notion de paiement à vue
• Connaître les mentions obligatoires
• Connaître les différents types de chèques

Le siège de la matière: R 15-2002 du 19/09/2002 sur les systèmes de paiement

Pour aller plus loin, cf. SAWADOGO F. M., TRAORÉ A., Instruments de paiement et de crédit dans
l’espace UEMOA, Ouagadougou : Université de Ouagadougou, Coll. Précis de droit burkinabé,
2008
Section 1: Les instruments de paiement
Caractéristiques: paiement sans délai, par procédé ou moyen quel qu’en soit le
support, sans manipulation de monnaie fiduciaire.

Paragh 1 : le Chèque
Définition: titre par lequel ordre est donné au banquier (tiré) par son client (tireur) de
payer à vue une personne (bénéficiaire).
Intervenants: 2 ou 3 personnes, selon que le bénéficiaire est le tireur ou pas.
Nature: instrument de paiement, d’où le paiement à vue

I- Typologie
A- chèque de caisse ou chèque de guichet
Chèque mis à disposition par le banquier lorsque son client ne dispose pas de
chéquier (nouvelle ouverture de compte, chéquier épuisé ou oublié, refus de
chéquier).
B- chèque barré (art. 90 R15-2002)
2 barres parallèles apposées au recto du chèque
Barrement général si entre les deux traits, aucune mention ou le terme « banquier » est
apposé.
Barrement spécial si le nom du banquier est inscrit entre les deux barres.
Le chèque peut être pré-barré ou barré par la suite.
Signification du barrement: le chèque ne peut être payé (directement) qu’à un banquier.
Si barrement spécial, le paiement ne peut se faire qu’au banquier désigné.
Avantages: éviter la circulation de la monnaie fiduciaire, sécurise d’avantage en limitant
les usages après vols ou en cas de perte du chéquier, permet une surveillance des
mouvements de fonds.
C’est pourquoi son utilisation est encouragée: délivrance gratuite contre un droit de
timbre de timbre pour les chèques non barrés.

C- chèque certifié (art. 78 R15-2002)


mention relative à la certification (par un procédé de marquage), avec signature du
tiré. En pratique, c’est souvent un cachet ou une impression « chèque certifié ».
But: le banquier bloque la provision au profit du bénéficiaire, jusqu’à expiration délai
de présentation. C’est une garantie du chèque.
D- chèque visé (art. 78 R15-2002)
mention « chèque visé », qui atteste simplement de l’existence de la provision à la
date d’apposition.
Bien que classé comme garantie du chèque, le visa n’a pas beaucoup d’intérêt.
E- chèque avalisé (art. 74 R15-2002)
« Le paiement d'un chèque peut être garanti pour tout ou partie de son montant par un
aval. Cette garantie est fournie par un tiers, sauf le tiré, ou même par un signataire du
chèque… Il est exprimé par les mots "bon pour aval" ou par toute autre formule
équivalente ; il est signé par le donneur d'aval avec indication de ses nom et adresse.
Il est considéré comme résultant de la seule signature du donneur d'aval, apposée au
recto du chèque, sauf quand il s'agit de la signature du tireur. L'aval doit indiquer
pour le compte de qui il est donné. A défaut de cette indication, il est réputé donné
pour le tireur ».
« Le donneur d'aval est tenu de la même manière que celui dont il s'est porté
garant ».
II- L’émission
A- conditions de forme (art. 48 R15-2002)
Mentions:
Le chèque contient :
- la dénomination de chèque, insérée dans le texte même du titre et exprimée dans la
langue employée pour la rédaction de ce titre ;
- le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ;
- le nom de celui qui doit payer (tiré) ;
- l'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer ;
- l'indication de la date et du lieu où le chèque est créé ;
- la signature manuscrite de celui qui émet le chèque (tireur).
Sanctions du défaut de mentions (art. 49)

« Le titre dans lequel une des énonciations indiquées à l'article 48 ci-dessus fait défaut ne
vaut pas comme chèque, sauf dans les cas déterminés par les alinéas suivants :
A défaut d'indication spéciale, le lieu désigné à côté du nom du tiré est réputé être le lieu
de paiement. Si plusieurs lieux sont indiqués à côté du nom du tiré, le chèque est
payable au premier lieu indiqué. A défaut de ces indications ou de toute autre
indication, le chèque est payable au lieu où le tiré a son établissement principal.
Le chèque sans indication du lieu de sa création est considéré comme souscrit dans le lieu
désigné à côté du nom du tireur ».
B- conditions de fond (art. 50 R15-2002)
- être titulaire d’un compte et capable de disposer des fonds ;
- provision disponible et suffisante au moment de l’émission (en rélaité, au moment
de la présentation).

III- La circulation (transmission) du chèque: endossement


Le chèque peut être transmis à plusieurs personnes successivement, jusqu’à
présentation au paiement: c’est l’endossement.
En pratique, il est porté au verso avec la mention « payez à l’ordre de … » avec
désignation de la personne à qui on veut transmettre le chèque, avec le lieu et la date
et la signature de celui qui transmet.
Effets:
« L'endossement transmet tous les droits résultant du chèque et notamment la propriété de
la provision ».
Il rend tous les endosseurs garants solidaires du paiement du chèque;
Les exceptions tirées des rapports personnels avec le tireur ou les porteurs antérieurs sont
inopposables au porteur, à moins que le porteur, en acquérant le chèque, n'ait agi
sciemment au détriment du tiré.
IV- Le paiement
A. La présentation
La règle: paiement à vue, dès émission.
Article 81
Le chèque émis et payable dans un Etat membre de l’UEMOA doit être présenté au
paiement dans le délai de huit (8) jours si le paiement doit s'effectuer au lieu d'émission,
et, dans les autres cas, dans le délai de vingt (20) jours.
Le chèque émis dans un Etat membre de l'Union et payable dans un autre Etat membre de
l’Union doit être présenté dans le délai de quarante cinq (45) jours.
Le chèque émis en dehors du territoire de l'Union et payable dans un Etat membre de
l’UEMOA doit être présenté dans le délai de soixante-dix (70) jours.
Le point de départ de ces délais est le jour porté sur le chèque comme date d'émission.

Même en cas de présentation tardive (après expiration de ces délais) le banquier est
obligé de payer s’il y a la provision. Seulement, le bénéficiaire peut perdre le droit
à son recours cambiaire si le chèque n’est pas payé. Délai de prescription de ces
recours:
Article 109
Les actions en recours du porteur contre les endosseurs, le tireur et les autres obligés se
prescrivent par six (6) mois à partir de l'expiration du délai de présentation.
Les actions en recours des divers obligés au paiement d'un chèque les uns contre les
autres se prescrivent par six (6) mois à partir du jour où l'obligé a remboursé le
chèque ou du jour où il a été lui-même actionné.
Toutefois, en cas de déchéance ou de prescription, il subsiste une action contre le
tireur qui n'a pas fait provision ou les autres obligés qui se seraient enrichis
indûment.
L'action du porteur du chèque contre le tiré se prescrit par trois ans à partir de l'expiration
du délai de présentation visé à l'article 81 du présent Règlement.
B- Vérifications avant paiement
- Absence d’opposition;
- Régularité des endossements ;
- Identité du bénéficiaire;
- Conformité de la signature du tireur

C- sanctions (bancaires) de l’absence de provision


N.B: En cas d’insuffisance de provision, le bénéficiaire peut exiger un paiement partiel
(article 87).
Si le chèque est rejeté pour absence de provision, la procédure d’interdiction bancaire
doit être initiée
Article 114 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA :
« Le banquier tiré qui a refusé le paiement d'un chèque pour défaut ou insuffisance de provision
doit :
1. délivrer une attestation de rejet au bénéficiaire, précisant le motif du refus de paiement ;
2. enregistrer sur ses livres l'incident de paiement au plus tard le deuxième jour ouvré
suivant le refus de paiement ; 3. adresser au titulaire du compte, aux frais de ce dernier,
une lettre d'avertissement dont copie est adressée à la Banque Centrale qui doit, à titre
informatif, inscrire cet avertissement sur le fichier des incidents de paiement; 4. préciser
dans la lettre d'avertissement le motif du refus de paiement, l'interdiction d'émission de
chèques jusqu'à la régularisation et les sanctions encourues en cas d'émission de chèques
durant cet intervalle ou à défaut de régularisation. En cas de régularisation, le banquier
tiré informe la Banque Centrale qui efface l'avertissement de son fichier.
Le délai de trente (30) jours contenu dans la lettre d'avertissement n'est accordé au client
que si le compte n'a enregistré aucun incident de paiement dans les trois (3) mois précédant
l'enregistrement visé au 2° du présent article. En cas d'émission de chèques durant ce délai
de trente (30) jours, le banquier tiré avise la Banque Centrale et signifie au titulaire du
compte l'interdiction bancaire prévue à l'article 115 ci-après.
Article 115
Le banquier tiré doit, en l'absence de régularisation dans le délai d'un mois à partir de la
date d'envoi de la lettre d'avertissement : 1. aviser la Banque Centrale de l'incident le
4e jour ouvrable suivant la date d'expiration du délai ; 2. signifier au titulaire du
compte qu'il lui est interdit, pendant une période de cinq (5) ans, d'émettre des
chèques autres que ceux qui permettent exclusivement le retrait de fonds par le tireur
auprès du tiré, ou ceux qui sont certifiés.
Dans le même temps, le banquier tiré doit enjoindre au titulaire du compte de restituer à
tous les banquiers dont il est le client les formules de chèques en sa possession et en
celle de ses mandataires. Ces derniers en sont aussi informés par le banquier tiré.
Lorsque la lettre d'avertissement n'a pas été envoyée en application de l'article 114 alinéa
2 du présent Règlement, le banquier tiré doit aviser la Banque Centrale au plus tard le
deuxième (2ème) jour ouvré suivant l'enregistrement de l'incident ».

En l’absence d’une régularisation dans le délai de 30 jours, une procédure spécial de


recouvrement est prévue: certificat de non paiement, signification au tireur, protêt, formule
exécutoire, voies d’exécution.
Paragh 2 : La carte bancaire et le virement
Cf; polycopié du cours de Licence
L’essentiel:
- La preuve de l’ordre, dans le paiement par carte, résulte d’une signature
électronique (introduction de la carte dans le système et composition d’un mot de
passe). En rappel, le règlement donne à la signature électronique la même force que celle
sur support papier.
- L’ordre de paiement par carte bancaire est irrévocable: une fois déclenchée, il n’ y a
pas de marche en arrière possible.
- Pour le virement, l’ordre est révocable jusqu’à son initiation dans le système de
paiement.

Paragh 3 : Les instruments de crédit


Ce sont des effets de commerce: billets à ordre, lettre de change, warrant
A distinguer des instruments de paiement.
LETTRE DE CHANGE
Définition: ordre donné par le tireur à son débiteur, le tiré, de payer à une date déterminée une
somme au profit d’une personne (bénéficiaire ou porteur).
Ici, le tiré n’est pas forcément un banquier.
Acte de commerce par la forme.
Conditions d’émission
- Capacité pour faire le commerce, puisque c’est un acte de commerce par la forme
- Mentions obligatoires (art. 149)
La lettre de change contient :
- la dénomination de "lettre de change" insérée dans le texte même du titre
et exprimée dans la langue employée pour la rédaction de ce titre ;
- le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ;
- le nom de celui qui doit payer (le tiré) ;
- l'indication de l'échéance ;
- l'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer ;
- le nom de celui auquel ou à l'ordre duquel le paiement doit être fait ;
- l'indication de la date et du lieu où la lettre est créée ;
- la signature de celui qui émet la lettre (tireur), soit manuscrite ou pas.
Le titre dans lequel une des énonciations indiquées aux alinéas précédents fait défaut ne
vaut pas comme lettre de change, sauf dans les cas déterminés par les alinéas suivants.
La lettre de change dont l'échéance n'est pas indiquée est considérée comme payable à vue.
A défaut d'indication spéciale, le lieu désigné à côté du nom du tiré est réputé être le
lieu de paiement et, en même temps, le lieu du domicile du tiré.
La lettre de change n'indiquant pas le lieu de sa création est considérée comme souscrite
dans le lieu désigné à côté du nom du tireur.

Les garanties de la lettre de change


- L’acceptation: le tiré « garantit » l’existence de la provision à l’échéance. Mention
« accepté » ou équivalente
- L’aval: mention « bon pour aval » ou équivalente.
BILLET A ORDRE

Définition: engagement de payer une certaine somme à une échéance déterminée à une
autre personne (2 personnes).
Mentions (art. 228 et 229):
Le billet à ordre contient :
- la clause à ordre ou la dénomination du titre insérée dans le texte même et
exprimée dans la langue employée pour la rédaction de ce titre ;
- la promesse pure et simple de payer une somme déterminée ;
- l'indication de l'échéance ;
- l'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer ;
- le nom de celui auquel ou à l'ordre duquel le paiement doit être fait ;
- l'indication de la date et du lieu où le billet à ordre est souscrit ;
- la signature de celui qui émet le titre ou le souscripteur.
Art 229
Le titre dans lequel une des énonciations indiquées à l'article précédent fait défaut ne vaut pas comme
billet à ordre, sauf dans les cas suivants :
1- le billet à ordre dont l'échéance n'est pas déterminée est considéré comme payable à vue ;
2- à défaut d'indication spéciale, le lieu de création du titre est réputé être le lieu de paiement et en même
temps, le lieu de domicile du souscripteur ;
3- le billet à ordre n'indiquant pas le lieu de sa création est considéré comme souscrit dans le lieu désigné à
côté du nom du souscripteur.

Pour l’essentiel, les dispositions sur la lettre de change sont applicables au B/O.
CHAPITRE III : LA LBC/FT

Section 1 : Notion de LBC/FT

Section 2 : L’organisation de la lutte


SECTION 1 : LA NOTION DE LBC/FT
Le BC consiste à faire passer de l’argent « sale » pour de l’argent « propre ».
Il s’agit d’un acte consistant à dissimuler l’origine des fonds (argent ou biens) acquis illicitement (ex :
vol, corruption, détournement de fonds, trafic de drogue, prostitution, escroquerie, etc.) par une
personne et les faire passer pour avoir été acquis de manière légitime.

Le blanchiment de capitaux est défini comme l’infraction constituée par un ou plusieurs des
agissements commis intentionnellement, à savoir:
- la conversion, le transfert ou la manipulation de biens;
- la dissimulation, le déguisement de la nature, de l’origine, de l’emplacement, de la disposition, du
mouvement ou de la propriété réelle de biens ou de droits y relatifs;
- l’acquisition, la détention ou l’utilisation de biens;
dont l’auteur sait qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit.
- la participation ou l’association à l’un des actes mentionnés ci-dessus.
Les capitaux provenant de tout crime ou délit sont concernés. Aux termes de l’article 1-16 de la loi LOI N° 016-2016/AN relative
a la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme au Burkina Faso , ce sont:
- la participation à un groupe criminel organisé et la participation à un racket ;
- le terrorisme, y compris son financement ;
- la traite des êtres humains et le trafic illicite de migrants ;
- l’exploitation sexuelle, y compris le détournement et l'exploitation des mineurs ;
- le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes ;
- le trafic illicite d’armes ;
- le trafic illicite de biens volés et autres biens ;
- la corruption et la concussion ;
- le détournement de fonds par des personnes exerçant une fonction publique ;
- la fraude ;
- le faux monnayage ;
- la contrefaçon de biens (y compris de monnaie ou de billets de banque) et le piratage de produits ;
- le trafic d'organes ;
- les infractions contre l’environnement ;
- les meurtres et les blessures corporelles graves ;
- l’enlèvement, la séquestration et la prise d’otages ;
- le vol ;
- la contrebande (y compris relativement aux taxes et droits de douane et d’accise) ;
- les infractions fiscales (liées aux impôts directs et indirects) ;
- l'extorsion ;
- le faux et l'usage de faux ;
- la piraterie ;
- les délits d’initiés et la manipulation de marchés ;
Le financement du terrorisme
Le financement du terrorisme est défini comme l’infraction constituée par le fait, par quelque moyen que
ce soit, directement ou indirectement, délibérément, de fournir, réunir ou gérer ou tenter de fournir,
réunir ou gérer des fonds, biens, services financiers ou autres, dans l’intention de les voir utilisés ou en
sachant qu’ils seront utilisés, en tout ou partie, en vue de commettre des actes terroristes. (Extrait
Article 8 de la Loi n°16-2016/AN du 03 mai 2016).

Pourquoi lutter contre le BC et le FT


Pour la société :
- pour que les criminels ne profitent pas du fruit de leur crime ;
- pour promouvoir une société juste et équitable où le crime ne paie pas ;
- parce que le blanchiment de capitaux affecte la réputation économique d’un pays, effraie les
investisseurs honnêtes, et expose les institutions financières à la criminalité ;
- parce que les actes terroristes font des victimes innocentes ;

Pour la banque :
- elle évite les sanctions administratives et pénales qui peuvent salir son image ;
- en plus de son rôle dans l’économie du pays, elle fait œuvre utile en luttant contre la criminalité
financière transnationale nuisible à cette économie ;
- elle préserve son image de banque honorable et respectable auprès des citoyens et de ses partenaires
nationaux et internationaux.
LES PHASES / ETAPES / TECHNIQUES DE BLANCHIMENT DE CAPITAUX

•PLACEMENT (prélavage ou immersion)


Phase au cours de laquelle les capitaux d'origine délictuelle ou criminelle sont introduits dans le système
financier, en MASQUANT son origine illicite. Etape la plus vulnérable pour les criminels.
Exemple: Le criminel injecte des capitaux illicites dans le chiffre d’affaires d’une entreprise complice ou
dont il est le propriétaire (restaurant, quincaillerie, station d’essence, transport en commun, boulangerie,
etc.);
Les clients paient en liquide et en petites coupures. Il est facile de falsifier le nombre de clients pour
justifier les montants versés en banque.

• EMPILAGE (dispersion ou brassage)


Il s’agit de brouiller les origines des ressources en effectuant des transactions financières inhabituelles et
complexes afin de dissimuler la source des ressources ou en légitimer sa possession.
Exemple: procéder à des virements de petites sommes, de la banque A où les fonds ont été déposés, vers
plusieurs banques B, puis des banques B vers d’autres banques C et ainsi de suite jusqu’au profit d’une
société X où le criminel fait partie des actionnaires.

• INTEGRATION (recyclage ou essorage)


Les capitaux étant devenus « propres » et les origines masquées, il s’agit d’effectuer des investissements tout
azimut dans l’économie légale ou acheter des biens ou services, qui peuvent encore servir pour
commettre des crimes.
Exemple: les dividendes sont distribués par la société X, notamment au criminel. Ces dividendes sont de
l’argent « propre ». Ils sont utilisés par le criminel pour ses besoins.
SECTION 2 : L’ORGANISATION DE LA LUTTE
Paragraphe 1: le cadre juridique et institutionnel
Au niveau international (conventions et normes)
- La convention des Nations Unies contre le trafic illicite des drogues et des substances
psychotropes du 19 décembre 1988 (convention de Vienne) ;
- La convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée du 12 décembre
2000 (convention de Palerme) ;
- La convention des Nations Unies contre la corruption du 08 décembre 2003 (convention de
Madrid) ;
- La convention des Nations Unies pour la répression du financement du terrorisme du 09 décembre
1999 ;
- Les 40 recommandations du Groupe d’Action Financière (GAFI) sur la lutte contre le blanchiment
de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) du 12 février 2012
Au niveau communautaire (UEMOA)

- Règlement N°14 /2002/CM/UEMOA du 19 septembre 2002 relatif au gel de fonds dans le cadre de
la lutte contre le financement du terrorisme au sein de l’UEMOA ;
- Décision n° 26 du 02/07/2015/CM/UMOA du 02/07/2015 portant adoption du projet de loi
uniforme relative a la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans
les Etats membres de l‘Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA);
- Nouvelle loi uniforme du 02 juillet 2016 relative à la LBC/FT dans l’UEMOA (transposée au
Burkina par la Loi n°016-2016/AN du 03 mai 2016).

Au niveau national
- Loi n°016-2016/AN du 03 mai 2016 relative à la LBC/FT au Burkina Faso (
http://www.assembleenationale.bf/IMG/pdf/loi_016_relative_blanchiment.pdf) ;
- Décret n°2007-449/PRES/PM/MEF/MS/MJ du 18 juillet 2007, portant attributions, composition et
fonctionnement de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) ;
- Décret n°2012-1136/PRES/PM/MEF du 31 décembre 2012, portant désignation de l’autorité
compétente en matière de gel administratif en application de la loi relative à la lutte contre le
financement du terrorisme.
Au centre du dispositif institutionnel burkinabè de LBC/FT, se trouve la Cellule Nationale de
Traitement des Informations Financières (CENTIF).
La CENTIF est une structure administrative rattachée au cabinet du ministre de l’économie et des
finances, chargée de recueillir et de traiter le renseignement financier sur les circuits de blanchiment
de capitaux et de financement du terrorisme. Elle a été instituée par l’article 16 de la loi n°026-2006
AN du 28 novembre 2006 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux. Elle est
opérationnelle depuis 2009.
PARAGRAPHE 2: les obligations de l’établissement de
crédit et les sanctions encourues en matière de
LBC/FT
Aux termes de l’article 5 de la loi n°016-2016/AN du 03 mai 2016, est considérée comme assujettie toute personne physique
ou morale qui, dans l'exercice de sa profession réalise, contrôle, conseille des opérations entrainant des mouvements de
capitaux.
En leur qualité d’assujetties, les banques sont soumises à des obligations légales en matière de LBC/FT que sont :
l’évaluation des risques, la vigilance à l’égard de la clientèle, le contrôle interne, la conservation et la
communication de documents, et la déclaration des opérations suspectes à la CENTIF pour investigation.

I. Les obligations

A: L’évaluation des risques par l’assujetti


Article 11 :
 Les personnes assujetties prennent des mesures appropriées pour identifier et évaluer les risques de blanchiment de
capitaux et de financement du terrorisme auxquels elles sont exposées, en tenant compte des facteurs de risques tels que
les clients, les pays ou les zones géographiques, les produits, les services, les transactions ou les canaux de distribution.
 Ces mesures sont proportionnées à la nature et à la taille des personnes assujetties ainsi qu'au volume de leurs activités.
 Les évaluations visées ci-dessus sont documentées, tenues à jour et mises à la disposition des autorités compétentes et des
organismes d'autorégulation.
 Les personnes assujetties doivent disposer de politiques, de procédures et de contrôles pour atténuer et gérer efficacement
les risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme identifiés au niveau de l'Union, au niveau des
Etats membres et à leur propre niveau.
B: Les obligations de vigilance à l’égard de la clientèle
a) Les conditions préalables à l’entrée en relation
Article 18 :
 Avant d'entrer en relation d'affaires avec un client ou de l'assister dans la préparation ou la réalisation
d'une transaction, les assujettis identifient le client et, le cas échéant, le bénéficiaire effectif de la
relation d'affaires par des moyens adaptés et vérifient ces éléments d'identification sur présentation de
tout document écrit fiable.
 Elles identifient, dans les mêmes conditions, leurs clients occasionnels et, le cas échéant, le bénéficiaire
effectif (BE) de la relation d'affaires, lorsqu'elles soupçonnent que l'opération pourrait participer au BC
et au FT ou, (dans les conditions prévues par la réglementation en la matière), lorsque les opérations
sont d'une certaine nature ou dépassent un certain montant.
b) L’obligation de vigilance constante :
b.1 Vigilance constante sur la relation d’affaires :
 Avant d'entrer en relation d'affaires avec un client, les assujettis recueillent et analysent les éléments
d'information, parmi ceux figurant sur la liste dressée, à cet effet, par l'autorité de contrôle, nécessaire
à la connaissance de leur client ainsi que l'objet et la nature de la relation d'affaires, pour évaluer le
risque de BC et de FT.
 Pendant toute la durée de la relation d'affaires, les assujettis recueillent, mettent à jour et analysent les
éléments d'information, parmi ceux figurant sur une liste dressée, à cet effet, par l'autorité compétente,
qui permettent de favoriser une connaissance appropriée de leur client. La collecte et la conservation
de ces informations doivent être réalisées en adéquation avec les objectifs d'évaluation du risque de
BC et de FT et de surveillance adaptée à ce risque.
b.2 Vigilance constante sur toutes les opérations de clientèle :
Les assujettis doivent exercer une vigilance constante concernant toute relation d'affaires et examiner
attentivement les opérations effectuées en vue de s'assurer qu'elles sont conformes à ce qu'elles savent
de leurs clients, de leurs activités commerciales, de leur profil de risque et, le cas échéant, de la
source de leurs fonds.

c) Les obligations relatives aux relations avec les PPE :


Les assujettis sont tenus de disposer de systèmes de gestion de risques adéquats afin de déterminer si le
client est une personne politiquement exposée et, le cas échéant, mettent en œuvre les mesures
spécifiques visées à l’article 54 ci- après :
 Les institutions financières prennent les mesures spécifiques ci-après, lorsqu'elles nouent des relations
d'affaires ou lorsqu'elles effectuent des transactions avec ou pour le compte de PPE étrangères : 1.
mettre en œuvre des procédures adéquates et adaptées, en fonction du risque, de manière { pouvoir
déterminer si le client ou un bénéficiaire effectif du client est une PPE ; 2. obtenir l'autorisation d'un
niveau adéquat de la hiérarchie avant de nouer une relation d'affaires avec de tels clients ; 3. prendre
toute mesure appropriée, en fonction du risque, pour établir l'origine du patrimoine et l'origine des
fonds impliqués dans la relation d'affaires ou la transaction ; 4. assurer une surveillance continue
renforcée de la relation d'affaires.
 Lorsqu’il s’agit de PPE nationales ou de PPE d’organisations internationales : 1. mettre en œuvre des
procédures adéquates et adaptées, en fonction du risque, de manière { pouvoir déterminer si le client
ou un bénéficiaire effectif du client est une PPE ; 2. appliquer, en cas de relations d'affaires à risque
plus élevé avec de telles personnes, les mesures visées à l'alinéa premier, point 2, 3 et 4 (de m’article
54).
C: Autres obligations des Institutions Financières
a) La formation et l’information du personnel
b) La mise en place de programmes de prévention du BC et du FT :
 Les institutions financières doivent élaborer et mettre en œuvre des programmes harmonisés de prévention du
blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme.
 Ces programmes comprennent notamment : 1. la centralisation des informations sur l'identité des clients, des donneurs
d'ordre, des bénéficiaires effectifs, des bénéficiaires et titulaires de procuration, des mandataires et sur les
transactions suspectes ; 2. la désignation de responsable de conformité, au niveau de la Direction, chargé de
l'application du dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ; 3. la formation
continue du personnel destinée à les aider à détecter les opérations et les agissements susceptibles d'être liés au
blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme ; 4. un dispositif de contrôle interne pour vérifier la
conformité, l'observance et l'efficacité des mesures adoptées pour l'application de la présente loi ; 5. le traitement des
transactions suspectes.
Les autorités de contrôle doivent effectuer des investigations sur place afin de vérifier la bonne application desdits
programmes.
c) La mise en place de procédures et contrôle interne :
Pour l'application des dispositions des articles 22 (PPE) et 24 (Programmes de prévention du BC et du FT), les
institutions financières : 1. élaborent une classification des risques de blanchiment des capitaux et de financement du
terrorisme présentés par leurs activités, selon le degré d'exposition à ces risques apprécié en fonction notamment de
la nature des produits ou des services offerts, des conditions des transactions proposées, des canaux de distribution
utilisés ainsi que des caractéristiques des clients ; 2. déterminent, si besoin est, un profil de la relation d'affaires avec
le client, permettant de détecter des anomalies dans cette relation, au regard des risques de blanchiment de capitaux
ou de financement du terrorisme ; 3. définissent les procédures { appliquer pour le contrôle des risques, la mise en
œuvre des mesures de vigilance relatives à la clientèle, la conservation des pièces, la détection des transactions
inhabituelles ou suspectes et le respect de l'obligation de déclaration de soupçon à la CENTIF ; 4. mettent en œuvre
des procédures de contrôle, périodique et permanent, des risques de blanchiment de capitaux et de financement du
terrorisme ; 5. prennent en compte, pour le recrutement de leur personnel, selon le niveau des responsabilités à
exercer, les risques au regard de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
d) L’identification des clients :
 Personne physique : (nom et prénom(s) complets, date et lieu de naissance à travers la présentation d'un
document officiel original en cours de validité et comportant une photographie, dont il en est pris copie;
adresse de son domicile principal par la présentation d'un document de nature à en rapporter la preuve ou
par tout autre moyen et si la personne physique est commerçante : immatriculation au RCCM);
 Personne morale : dénomination sociale, adresse du siège social, identité et les pouvoirs des associés et
dirigeants sociaux mentionnés dans l'Acte uniforme concerné ou de leurs équivalents en droit étranger, la
preuve de sa constitution légale, { savoir l’original, voire l’expédition ou la copie certifiée conforme de
tout acte ou extrait du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier datant de moins de trois mois,
attestant notamment de sa forme juridique;
 Clients occasionnels : dès que le montant de la transaction est supérieur ou égal à 10.000.000 FCFA
 Nouvelle identification : lorsque les institutions financières ont de bonnes raisons de penser que l'identité de
leur client et les éléments d'identification précédemment obtenus ne sont plus exacts ou pertinents, elles
procèdent à nouveau à l'identification du client.
e) La surveillance particulière de certaines opérations :
 Doivent faire l’objet d’un examen particulier de la part des institutions financières : 1. tout paiement en
espèces ou par titre au porteur d’une somme d’argent, effectué dans des conditions normales, dont le
montant unitaire ou total est égal ou supérieur à cinquante millions de francs CFA ; 2. toute opération
portant sur une somme égale ou supérieure à dix millions de francs CFA, effectuée dans des conditions
inhabituelles de complexité ou injustifiées ou paraissant ne pas avoir de justification économique ou
d’objet licite.
 Dans ces cas, les institutions financières sont tenues de se renseigner auprès du client, et/ou par tous autres
moyens, sur l’origine et la destination des fonds ainsi que sur l’objet de l'opération et l’identité des acteurs
économiques impliqués dans l'opération.
f) La conservation et communication des documents
- La banque doit conserver les pièces et documents relatifs à l’identité des clients habituels ou
occasionnels, pendant une période de 10 ans à compter de la date de clôture des comptes ou de
cessation de ses relations avec eux ;
- Elle doit conserver les pièces et documents relatifs aux opérations avec les clients habituels ou
occasionnels pendant une période de 10 ans à compter de la fin de l’exercice au cours duquel les
opérations ont été réalisées,
- Les documents d’identification et ceux relatifs aux opérations sont communiqués sur leur demande : à
la CENTIF, aux autorités judiciaires, et aux autorités de contrôle.

g) La déclaration des opérations suspectes


Les opérations suspectes doivent être déclarées à la CENTIF même s’il a été impossible de surseoir à leur
exécution ou s’il est apparu, postérieurement à la réalisation de l’opération, que celle–ci portait sur
des sommes d’argent et tous autres biens d’origine suspecte.
Les personnes qui, de bonne foi, ont transmis des informations, ou effectué toute déclaration,
conformément à la loi, sont exemptes de toute sanction pour violation du secret professionnel.
Aucune action en responsabilité civile ou pénale ne peut être intentée, ni aucune sanction professionnelle
prononcée contre les personnes, dirigeants et préposés de la personne ayant fait la déclaration de
soupçon, même si des décisions de justice relatives à cette déclaration n’ont donné lieu à aucune
condamnation
La responsabilité de tout dommage causé aux personnes et découlant directement d’une déclaration de
II. Les sanctions encourues par l’assujetti en cas de non conformité
A : Les sanctions administratives et disciplinaires
L’article 112 de la loi n°16 du 03 mai 2016 dispose que « lorsque, par suite, soit d’un grave défaut de
vigilance, soit d’une carence dans l’organisation de ses procédures internes de contrôle, l’assujetti a
méconnu les obligations que lui imposent la loi en matière de déclaration de soupçon, l’autorité de
contrôle ayant pouvoir disciplinaire peut agir d’office dans les conditions prévues par les textes
législatifs et réglementaires spécifiques en vigueur ».
L’autorité de contrôle avise en outre la CENTIF ainsi que le procureur du Faso.

B: Les sanctions pénales (articles 113 et suivants)

a, Des sanctions pénales applicables aux personnes physiques


Sanctions du B/C
- Emprisonnement de trois à sept ans
- Et une amende égale au triple de la valeur des biens ou des fonds sur lesquels ont porté les opérations
de blanchiment.
La tentative de blanchiment est punie des mêmes peines.
Les mêmes peines s’appliquent en cas d’entente, association, complicité en vue du blanchiment de
capitaux.
Certaines circonstances aggravantes sont prévues, qui portent la peine au double.
Des sanctions pénales complémentaires mais facultatives (interdictions et confiscation) sont prévues à
Sanctions du financement du terrorisme
- peine d’emprisonnement de dix ans au moins
- et d'une amende égale au moins au quintuple de la valeur des biens ou des fonds sur lesquels ont porté les
opérations de financement du terrorisme.
La tentative de financement du terrorisme est punie des mêmes peines.
La aussi, des circonstances aggravantes sont prévues, qui portent la peine au double.
Des sanctions pénales complémentaires mais facultatives (interdictions et confiscations) sont prévues à l’article 117.
N.B: aucune sanction pénale ne peut être assortie de sursis.

b.Des sanctions pénales applicables aux personnes morales


Il s’agit des personnes morales autres que l’Etat, pour le compte ou au bénéfice desquelles une infraction de
blanchiment de capitaux ou l’une des infractions prévues par la loi a été commise par l’un des organes ou
représentants.

Sanctions du B/C
Peines:
- Amende d’un taux égal au quintuple de celles encourues par les personnes physiques, sans préjudice de la
condamnation de ces dernières comme auteurs ou complices des mêmes faits.
- Possibilité de peine complémentaires : exclusion des marchés publics, à titre définitif ou pour une durée de cinq
ans au plus ; confiscation du bien qui a servi ou était destiné à commettre l’infraction ou du bien qui en est le
produit ; placement sous surveillance judiciaire pour une durée de cinq ans au plus ; l’interdiction, fermeture,
dissolution, affichage de la décision.
S’il s’agit d’un établissement de crédit, le placement sous surveillance judiciaire, l’interdiction, la fermeture, la
Sanctions du F/T
- amende d’un taux égal au quintuple de celles encourues par les personnes physiques, sans préjudice
de la condamnation de ces dernières comme auteurs ou complices des mêmes faits.
C. les peines complémentaires obligatoires , les causes d’exemption ou celles d’atténuation
a: les peines complémentaires obligatoires
Dans tous les cas de condamnation pour infraction de blanchiment de capitaux ou de tentative, les
tribunaux ordonnent la confiscation au profit de l'Etat, des biens qui ont servi ou qui étaient
destinés à commettre l'infraction, des produits tirés de l’infraction, des biens mobiliers ou
immobiliers dans lesquels ces produits sont transformés ou convertis et, à concurrence de leur
valeur, des biens acquis légitimement auxquels lesdits produits sont mêlés ainsi que des revenus
et autres avantages tirés de ces produits, des biens en lesquels ils sont transformés ou investis ou
des biens auxquels ils sont mêlés à quelque personne que ces produits et ces biens appartiennent,
à moins que leur propriétaire n’établisse qu’il ignore leur origine frauduleuse (art 128).
Dans tous les cas de condamnation pour infraction de financement du terrorisme ou de tentative, les
tribunaux ordonnent la confiscation au profit du trésor public, des fonds et autres ressources
financières liés à l'infraction ainsi que de tout bien mobilier ou immobilier destiné ou ayant servi
à la commission de ladite infraction. L'Etat peut affecter les fonds et autres ressources financières
ainsi que les biens confisqués, à un fonds de lutte contre le crime organisé ou à l'indemnisation des
victimes des infractions prévues à l'article 8 de la loi ou de leurs ayants droit.
D. les causes d’exemption et celles d’atténuation
Article 126 : Des causes d’exemption de sanctions pénales
Profitent à la personne qui, ayant révélé l’existence d’une entente, association, aide ou conseille
l’autorité judiciaire, permet ainsi, d’une part, d’identifier les autres personnes en cause et, d’autre
part, d’éviter la réalisation des infractions de blanchiment de capitaux et de financement du
terrorisme.

Article 127 : Des causes d’atténuation de sanctions pénales


En bénéficie, la personne qui, avant toute poursuite, permet ou facilite l’identification des autres
coupables ou après l’engagement des poursuites, permet ou facilite l’arrestation de ces
derniers. Sa peine est réduite de moitié. En outre, ladite personne est exemptée de l’amende et, le
cas échéant, des mesures accessoires et peines complémentaires facultatives.
En matière de financement du terrorisme, lorsque la peine encourue est la réclusion criminelle à
perpétuité, celle-ci est ramenée à vingt ans.
CHAPITRE IV: BREF APERCU SUR LA RESPONSABILITÉ DU
BANQUIER
Section 1 : Des obligations professionnelles générales du banquier

- Obligation d’information
Fondements:
Le banquier, un professionnel. Dès lors, s’applique l’obligation classique incombant à tout
professionnel d’éclairer son client profane;
L’asymétrie d’informations. Signifie que l’un des cocontractants dispose de nettement plus
d’informations que l’autre. D’où la nécessité qu’il partage, pour mettre les parties sur le même pied et
permettre à l’autre de contracter en toute connaissance de cause.
Contenu:
Obligation pour le banquier de renseigner suffisamment le client afin qu’il soit en mesure de
connaître les caractéristiques essentielles du bien ou du service.

- Obligation de confidentialité
articles 30 et 53 de la loi portant règlementation bancaire
exceptions: article 53 alinéa 3 « Le secret professionnel n'est opposable ni à la Commission
bancaire, ni à la Banque centrale, ni à l'autorité judiciaire agissant dans le cadre d'une procédure
pénale ».
Noter aussi diverses atteintes contenues dans le droit fiscal, la règlementation sur la LBC/FT, etc.
- Le devoir de conseil (et même souvent, de mise en garde): l’information aurait pour but de
renseigner, voire éclairer; le conseil viserait à orienter (il inciterait à faire certains choix).
Le conseil est relatif à la portée de l’engagement que le client veut prendre. La banque
doit même, s’il le faut, dissuader le client de souscrire à l’engagement. Une banque qui a fait
souscrire sans précaution un prêt à des emprunteurs présentant un retard mental a vu sa
responsabilité engagée, le handicap apparent ne pouvant être ignoré du banquier (CA Lyon, 28
fév. 2002, JCP 2003, n°1203, p.401).

- Le devoir de non immixtion


Le banquier n’a pas à s’immiscer dans les affaires du client (Cass. (fr.), 28 janv. 1930,
RTD civ. 1930, p. 369). Le banquier ne doit ni diriger, ni influencer les affaires de son client au-
delà de ce qui pèse sur lui comme obligation en matière d’obligation de conseil et de mise en
garde. Affaire BCB contre MEGAMONDE.
Section 2: la responsabilité du banquier dispensateur de crédit
- l’octroi inconsidéré de crédit: surendettement, incitation au crédit ou irréflexion.
Le devoir de conseil et de mise en garde oblige le banquier à ne pas octroyer de crédits de manière
inconsidérée au client.
Pour le cas des particuliers, le DECRET N° 2008-741/PRES/PM/MTSS/MEF/MFPRE/MJ/DEF du 17
novembre 2008 portant cessions, saisies et retenues sur les rémunérations et pensions de retraite
des agents publics de l’Etat, des magistrats, des militaires et des travailleurs salariés du secteur privé.
JO N°49 DU 04 DECEMBRE 2008 (
http://www.legiburkina.bf/m/Sommaires_JO/D%C3%A9cret_PM_2008_00741.htm) oblige le banquier
à ne pas dépasser un certain seuil de la rémunération du salarié).
Pour les entreprises et d’une manière générale, le crédit doit être adapté aux possibilités de
l’emprunteur et pas seulement résulté du fait qu’il est garanti (Cass (fr.), Com., 02 juin 1982, Bull civ.
IV, n°217). Le banquier est donc fautif s’il ne se soucie que des intérêts qu’il engrangera et du caractère
suffisant des garanties du crédit, alors même que l’activité envisagée est sans issue. Mais le client doit
coopérer en donnant toutes les infos utiles au banquier.
En ce qui concerne les entreprises en difficultés, l’octroi d’un crédit en connaissance de la situation
irrémédiablement compromise du client, le maintenant « sous perfusion », de manière artificielle peut
engager la responsabilité du banquier.
- Le refus ou la rupture abusive
Rappel du principe d’absence d’un droit au crédit: Ass. Plen. (fr.), 9 octobre 2006, Sté CDR Créances
et Sté le Crédit Lyonnais contre SELAFA MJA).
En cas d’ouverture de crédit, le banquier a promis le crédit et doit l’octroyer si le client en fait la
demande conformément aux termes de cette ouverture.
D’une manière générale, si le banquier a promis le financement (dans le cadre d’un produit d’épargne
règlementée par exemple) il ne peut ultérieurement le refuser si l’emprunteur réunit les conditions
posées dans la promesse.
Dans le cas des entreprises en difficultés, la rupture brutale du crédit peut engager la responsabilité du
banquier.

Pour aller plus loin:


- Souleymane TOE, La responsabilité du banquier dispensateur de crédit, (
http://revue.ersuma.org/no-1-juin-2012/doctrine-12/LA-RESPONSABILITE-CIVILE-DU);
- Richard ROUTIER, Obligations et responsabilités du banquier, Dalloz action, 3éd. Juin 2011.
CONCLUSION
Le droit bancaire régit non seulement la profession de banquier, mais aussi l’activité. Il
embrasse des domaines diversifiés tels que le droit commercial, le droit des obligations, le
droit des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution, le droit des
entreprises en difficultés, le droit foncier, le droit des personnes et de la famille, etc.
En cela, sa bonne maitrise exige des connaissances transversales dans bien de matières du
droit. L’objectif de ce cours n’est évidemment pas d’aborder toutes ces matières, mais
d’aider juste à saisir certaines particularités du droit bancaire!
Nous espérons qu’il vous a mis sur la bonne piste, le reste de la route vous appartenant!

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