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Répertoire de droit européen

 Table des matières


 Bibliographie
 Section 1 - Principes (1 - 42)
o Art. 1 - Absence d'attestations négatives (10 - 14)
o Art. 2 - Charge de la preuve (15 - 17)
o Art. 3 - Rapport entre les droits nationaux et les articles 81 et 82 du Traité CE (18 - 24)
o Art. 4 - Compétence (25 - 42)
 § 1 - Compétence de la Commission (25 - 28)
 § 2 - Compétence des autorités nationales de concurrence (29 - 36)
 § 3 - Compétence des juridictions nationales (37 - 41)
 § 4 - Cas particuliers des juridictions arbitrales (42)
 Section 2 - Coopération entre la Commission, les États membres et les juridictions nationales
(43 - 102)
o Art. 1 - Coopération avec les autorités de concurrence (43 - 64)
 § 1 - Échanges d'informations (45 - 52)
 § 2 - Utilisation des informations comme moyen de preuve (53 - 58)
 § 3 - Suspension ou clôture de la procédure (59 - 64)
o Art. 2 - Comité consultatif (65 - 77)
 § 1 - Décisions de la Commission et des autorités nationales de concurrence (67 -
75)
 § 2 - Mesures d'application, règlements d'exemption par catégories, lignes
directrices et autres communications (76 - 77)
o Art. 3 - Coopération avec les juridictions nationales (78 - 102)
 § 1 - Assistance de la Commission (80 - 91)
 § 2 - Assistance des juridictions nationales (92 - 102)
 Section 3 - Coopération entre la Commission et les entreprises : les lettres d'orientation (103 -
124)
o Art. 1 - Opportunité d'envoyer une lettre d'orientation (104 - 115)
o Art. 2 - Manière de demander des orientations (116)
o Art. 3 - Traitement de la demande (117 - 120)
o Art. 4 - Contenu de la lettre d'orientation (121 - 122)
o Art. 5 - Effets de la lettre d'orientation (123 - 124)
 Section 4 - Saisine de la Commission (125 - 176)
o Art. 1 - Autosaisine (125 - 127)
o Art. 2 - Plaintes (128 - 176)
 § 1 - Différents types de saisine (132 - 136)
 § 2 - Dépôt des plaintes (137 - 146)
 A - Formulaire de dépôt (137 - 140)
 B - Intérêt légitime (141 - 146)
 § 3 - Examen des plaintes (147 - 160)
 A - Intérêt communautaire (147 - 157)
 B - Appréciation au regard des articles 81 et 82 du Traité CE (158 - 160)
 § 4 - Procédure de traitement des plaintes par la Commission (161 - 167)
 § 5 - Rejet d'une plainte (168 - 176)
 A - Cas de rejet (168 - 173)
 B - Effets du rejet d'une plainte (174 - 176)
 Section 5 - Procédure (177 - 254)
o Art. 1 - Enquêtes par la Commission (177 - 247)
 § 1 - Enquêtes par secteur économique et par type d'accord (177 - 181)
 § 2 - Renseignements et déclarations (182 - 201)
 A - Renseignements (182 - 195)
 B - Déclarations (196 - 201)
 § 3 - Inspections (202 - 243)
 A - Inspection sur mandat écrit (211 - 213)
 B - Inspections par voie de décision (214 - 230)
 C - Inspections dans les locaux non professionnels, terrains et moyens de
transport (231 - 243)
 § 4 - Droit au silence (244 - 247)
o Art. 2 - Enquêtes par les autorités nationales de concurrence des États membres (248 -
254)
 Section 6 - Décisions (255 - 285)
o Art. 1 - Constatation/Cessation (255 - 261)
o Art. 2 - Mesures provisoires (262 - 271)
o Art. 3 - Engagements (272 - 282)
o Art. 4 - Constatation d'inapplication (283 - 285)
 Section 7 - Sanctions (286 - 385)
o Art. 1 - Amendes (286 - 309)
 § 1 - Amendes pouvant atteindre 1 % du chiffre d'affaires (287 - 290)
 § 2 - Amendes pouvant atteindre 10 % du chiffre d'affaires (291 - 309)
o Art. 2 - Astreintes (310 - 321)
o Art. 3 - Non bis in idem (322 - 332)
 § 1 - Principe « non bis in idem » en droit strictement communautaire de la
concurrence (324 - 325)
 § 2 - Principe « non bis in idem » en raison de l'application cumulative et/ou
parallèle des procédures nationale et communautaire de concurrence (326 - 332)
 A - Lorsque l'autorité nationale applique son droit interne de la
concurrence (327 - 328)
 B - Lorsque l'autorité nationale applique le droit communautaire de la
concurrence (329 - 332)
o Art. 4 - Procédure de clémence (333 - 362)
 § 1 - Immunité d'amendes (337 - 349)
 § 2 - Immunité partielle (350 - 362)
o Art. 5 - Procédure de transaction (363 - 385)
 § 1 - Ouverture de la procédure (365 - 369)
 § 2 - Déroulement de la procédure (370 - 379)
 § 3 - Fin de la procédure (380 - 385)
 Section 8 - Prescription (386 - 398)
o Art. 1 - Imposition des sanctions (389 - 394)
o Art. 2 - Exécution des sanctions (395 - 398)
 Section 9 - Droits de la défense (399 - 483)
o Art. 1 - Communication des griefs (399 - 407)
o Art. 2 - Auditions (408 - 426)
 § 1 - Personnes pouvant être entendues (408 - 419)
 § 2 - Conduite des auditions (420 - 426)
o Art. 3 - Secret professionnel (427 - 432)
o Art. 4 - Accès au dossier (433 - 449)
o Art. 5 - Secrets d'affaires et données confidentielles (450 - 464)
o Art. 6 - Statut et rôle du conseiller-auditeur (465 - 479)
 § 1 - Conduite des auditions (467 - 471)
 § 2 - Accès au dossier et secrets d'affaires (472 - 475)
 § 3 - Rapports du conseiller-auditeur (476 - 479)
o Art. 7 - Respect du délai raisonnable (480 - 483)
 Section 10 - Publication (484 - 487)
 Section 11 - Règlement d'exemption (488 - 489)
 Section 12 - Dispositions transitoires (490 - 496)
 Section 13 - Recours (497 - 526)
o Art. 1 - Recours en annulation (499 - 511)
o Art. 2 - Recours en carence (512 - 516)
o Art. 3 - Recours de pleine juridiction (517 - 518)
o Art. 4 - Recours devant la Cour de justice (519 - 523)
o Art. 5 - Application directe des articles 81 et 82 du Traité CE par les autorités et
juridictions nationales (524 - 526)
 Index alphabétique
 Actualisation

Concurrence : procédure devant la Commission 

Robert COLLIN
Avocat honoraire à la Cour de Paris
Ancien membre du Conseil de l'Ordre
Professeur à la Faculté libre de droit, d'économie et de gestion de Paris
Président d'honneur de l'Association française d'étude de la concurrence
Président d'honneur de la Ligue internationale du droit de la concurrence
Malka MARCINKOWSKI
Avocat à la Cour de Paris
Rapporteur du Comité des jeunes de l'Association française d'étude de la
concurrence
Nizar LAJNEF
Avocat à la Cour de Paris
Vice-président du Comité des jeunes de l'Association française d'étude de la
concurrence

septembre 2009

Table des matières

Sect. 1 - Principes 1 - 42

Art. 1 - Absence d'attestations négatives 10 - 14


Art. 2 - Charge de la preuve 15 - 17
Art. 3 - Rapport entre les droits nationaux et les articles 81 et 82 du Traité CE
18 - 24
Art. 4 - Compétence 25 - 42
§ 1 - Compétence de la Commission 25 - 28
§ 2 - Compétence des autorités nationales de concurrence 29 - 36
§ 3 - Compétence des juridictions nationales 37 - 41
§ 4 - Cas particuliers des juridictions arbitrales 42

Sect. 2 - Coopération entre la Commission, les États membres et les


juridictions nationales 43 - 102

Art. 1 - Coopération avec les autorités de concurrence 43 - 64


§ 1 - Échanges d'informations 45 - 52
§ 2 - Utilisation des informations comme moyen de preuve 53 - 58
§ 3 - Suspension ou clôture de la procédure 59 - 64
Art. 2 - Comité consultatif 65 - 77
§ 1 - Décisions de la Commission et des autorités nationales de concurrence
67 - 75
§ 2 - Mesures d'application, règlements d'exemption par catégories, lignes
directrices et autres communications 76 - 77
Art. 3 - Coopération avec les juridictions nationales 78 - 102
§ 1 - Assistance de la Commission 80 - 91
§ 2 - Assistance des juridictions nationales 92 - 102

Sect. 3 - Coopération entre la Commission et les entreprises : les lettres


d'orientation 103 - 124

Art. 1 - Opportunité d'envoyer une lettre d'orientation 104 - 115


Art. 2 - Manière de demander des orientations 116
Art. 3 - Traitement de la demande 117 - 120
Art. 4 - Contenu de la lettre d'orientation 121 - 122
Art. 5 - Effets de la lettre d'orientation 123 - 124

Sect. 4 - Saisine de la Commission 125 - 176

Art. 1 - Autosaisine 125 - 127


Art. 2 - Plaintes 128 - 176
§ 1 - Différents types de saisine 132 - 136
§ 2 - Dépôt des plaintes 137 - 146
§ 3 - Examen des plaintes 147 - 160
§ 4 - Procédure de traitement des plaintes par la Commission 161 - 167
§ 5 - Rejet d'une plainte 168 - 176

Sect. 5 - Procédure 177 - 254

Art. 1 - Enquêtes par la Commission 177 - 247


§ 1 - Enquêtes par secteur économique et par type d'accord 177 - 181
§ 2 - Renseignements et déclarations 182 - 201
§ 3 - Inspections 202 - 243
§ 4 - Droit au silence 244 - 247
Art. 2 - Enquêtes par les autorités nationales de concurrence des États
membres 248 - 254

Sect. 6 - Décisions 255 - 285

Art. 1 - Constatation/Cessation 255 - 261


Art. 2 - Mesures provisoires 262 - 271
Art. 3 - Engagements 272 - 282
Art. 4 - Constatation d'inapplication 283 - 285

Sect. 7 - Sanctions 286 - 385

Art. 1 - Amendes 286 - 309


§ 1 - Amendes pouvant atteindre 1 % du chiffre d'affaires 287 - 290
§ 2 - Amendes pouvant atteindre 10 % du chiffre d'affaires 291 - 309
Art. 2 - Astreintes 310 - 321
Art. 3 - Non bis in idem 322 - 332
§ 1 - Principe « non bis in idem » en droit strictement communautaire de la
concurrence 324 - 325
§ 2 - Principe « non bis in idem » en raison de l'application cumulative et/ou
parallèle des procédures nationale et communautaire de concurrence 326 -
332
Art. 4 - Procédure de clémence 333 - 362
§ 1 - Immunité d'amendes 337 - 349
§ 2 - Immunité partielle 350 - 362
Art. 5 - Procédure de transaction 363 - 385
§ 1 - Ouverture de la procédure 365 - 369
§ 2 - Déroulement de la procédure 370 - 379
§ 3 - Fin de la procédure 380 - 385

Sect. 8 - Prescription 386 - 398

Art. 1 - Imposition des sanctions 389 - 394


Art. 2 - Exécution des sanctions 395 - 398

Sect. 9 - Droits de la défense 399 - 483

Art. 1 - Communication des griefs 399 - 407


Art. 2 - Auditions 408 - 426
§ 1 - Personnes pouvant être entendues 408 - 419
§ 2 - Conduite des auditions 420 - 426
Art. 3 - Secret professionnel 427 - 432
Art. 4 - Accès au dossier 433 - 449
Art. 5 - Secrets d'affaires et données confidentielles 450 - 464
Art. 6 - Statut et rôle du conseiller-auditeur 465 - 479
§ 1 - Conduite des auditions 467 - 471
§ 2 - Accès au dossier et secrets d'affaires 472 - 475
§ 3 - Rapports du conseiller-auditeur 476 - 479
Art. 7 - Respect du délai raisonnable 480 - 483

Sect. 10 - Publication 484 - 487

Sect. 11 - Règlement d'exemption 488 - 489

Sect. 12 - Dispositions transitoires 490 - 496

Sect. 13 - Recours 497 - 526

Art. 1 - Recours en annulation 499 - 511


Art. 2 - Recours en carence 512 - 516
Art. 3 - Recours de pleine juridiction 517 - 518
Art. 4 - Recours devant la Cour de justice 519 - 523
Art. 5 - Application directe des articles 81 et 82 du Traité CE par les autorités
et juridictions nationales 524 - 526

Bibliographie

G. CANIVET, L. IDOT, R. KOVAR et D. SIMON, Lamy procédures communautaires,


2005. – A. DECOCQ et G. DECOCQ, Droit de la concurrence interne et
e e
communautaire, 2  éd., 2004, LGDJ. – C. KERSE, EC Antitrust Procedure, 4  éd.,
1998, Sweet & Maxwell. – P. M. ROTH, C. BELLAMY et G. CHILD, European
e
Community Law of Competition, 5  éd., 2001, Sweet & Maxwell. – D. VOILLEMOT,
Gérer la clémence, 2005, Bruylant.
P. ARHEL, Vers un décroisement autoritaire des entreprises de distribution
o
d'eau ?, LPA n  175, 2 sept. 2002. – J.-B. BLAISE, Contrôle des opérations de
concentration, RTD eur. 1990. 743  . – J.-B. BLAISE et L. IDOT, Concurrence
er
(1  janv. 2002 - 31 mars 2003), RTD eur. 2003. – L. IDOT, La modernisation du
o
droit communautaire de la concurrence – Règlement CE n  1/2003 du
16 décembre 2002, JCP E 2003. Actu. 145. – Lamy droit économique, 2010,
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Procédure en matière d'entente et d'abus de position dominante, n  1562 et s. –
E. PAULIS, La position de la partie plaignante en matière de concurrence, RTD
eur. 1987. 621, not. p. 621 et 631. – A. RILEY, EC Antitrust Modernisation : The
Commission Does VeryNicely-ThankYou ! Part One : Regulation 1 and the
Notification Burden, European Competition Law Review 2003, issue 11, p. 604. –
o
P. RINCAZAUX et E. DIENY, Règlement CE n  1/2003 : quels changements ?,
o
RLDA juin 2003, n  61, p. 11. – L. VOGEL, Le nouveau droit européen de la
concentration, JCP E 1990. II. 15914. – L. VOGEL et J. VOGEL, Réforme des
règles d'application des articles 81 et 82 du Traité CE : les conséquences
pratiques du « paquet modernisation », question F, JCP E 2004. 1389, p. 1474.
ACTUALISATION
Bibliographie. - PITTIE et HONORÉ, Imputabilité des infractions et plafond
légal des amendes en droit européen de la concurrence, CDE 2012. 101.

re
Section 1 - Principes

1. La Commission des Communautés européennes est, par les pouvoirs qui lui
sont dévolus dans les différents traités instituant les Communautés européennes
et les textes les ayant modifiés ou complétés, l'organe de proposition et
d'exécution des Communautés. Elle dispose de prérogatives extrêmement variées
et de compétences très étendues. L'article 3, g, du Traité CE lui donne pour
mission d'établir un régime assurant que la concurrence n'est pas faussée dans le
Marché commun. C'est donc dans cette perspective que le Traité CE a institué les
articles 81 et suivants, dispositions d'application du principe général contenu à
l'article 3, g.

2. L'ancien article 87 du Traité CE, actuellement article 83, prévoit l'établissement


de règlements ou de directives utiles en vue de l'application des principes figurant
o
aux articles 81 et 82. Le règlement du 6 février 1962 (Règl. n  17 du Conseil,
o
6 févr. 1962, JOCE, n  13, 21 févr.) avait été créé à cet effet. Plusieurs
règlements complétaient ce dispositif, et d'autres le mettaient en œuvre.
o
3. Le règlement n  17 institue une coopération étroite entre la Commission et les
autorités compétentes des États membres, en ce qu'il dispose que la Commission
instruit, sur demande d'un État membre ou d'office, et en liaison avec les
autorités compétentes des États membres qui lui prêtent leur assistance, les cas
d'infraction présumée aux principes fixés par les articles 81 ou 82, articles
réprimant l'un, les ententes anticoncurrentielles (V. Entente [Eur.]), et l'autre, les
abus de position dominante (V. Abus de position dominante [Eur.]), lorsqu'ils sont
susceptibles d'affecter le commerce entre États membres. Ce sont ces deux
dispositions qui forment le support de ce qu'on a coutume d'appeler le « droit
communautaire de la concurrence ».
o o
4. Le règlement n  17 a été abrogé et remplacé par le règlement n  1/2003 du
Conseil du 16 décembre 2002 relatif à la mise en œuvre des règles de
o
concurrence prévues aux articles 81 et 82 du Traité CE (Règl. n  1/2003 du
o
Conseil, 16 déc. 2002, JOCE, n  L 1, 4 janv. 2003), afin de prévoir des
dispositions adaptées aux défis que posent le marché intégré et l'élargissement
er
de la Communauté. Le règlement est applicable depuis le 1  mai 2004.

ACTUALISATION
4. Réparation du préjudice en droit de la concurrence. - Une nouvelle
directive a été mise en place afin que toute personne ayant subi un préjudice
lié à une infraction au droit de la concurrence puisse obtenir réparation. Cette
directive institue également des règles permettant une concurrence non
faussée sur le marché intérieur et garantissant une protection à toute
o
personne ayant subi un préjudice (Direct. n  2014/104 du Parlement
o
européen et du Conseil, 26 nov. 2014, JOUE, n  L 349, 5 déc.).

Double saisine. Le Tribunal se prononce pour la première fois sur le rejet


d'une plainte par la Commission au motif qu'une autorité de la concurrence
d'un État membre était déjà saisie de l'affaire et que cette affaire portait sur
« le même accord, la même décision ou la même pratique ». Le tribunal
o
interprète ainsi pour la première fois une disposition du règlement n  1/2003
et donne raison à la Commission d'avoir rejeté l'affaire (Trib. UE, 17 déc.
2014, Si. mobil.telekomunikacijske storitve c/ Commission, aff. T-201/11  ).

Procédure de clémence. L'entreprise participante à une entente ayant


déposé en premier sa demande d'immunité devant l'autorité nationale de
concurrence peut se voir exonérer totalement de l'amende infligée,
indépendamment que celle-ci ne fut pas la première à faire prévaloir sa
demande d'immunité devant la Commission. La procédure de clémence de
l'Union et des États membres coexistant de manière autonome, la Cour juge
à l'absence de caractère contraignant à l'égard des autorités nationales de
concurrence pour son application (CJUE, 20 janv. 2016, DHL Express
S.r.I. e.a. c/ Autorità Garante della Concorrenza e del Mercato e.a, aff. C-
428/14  , AJDA 2016. 306, chron. E. Broussy  , H. Cassagnabère et
C. Gänser ; D. 2016. 196   ; Dalloz actualité, 8 févr. 2016, obs.
L. Constantin).
o
5. Outre le règlement n  1/2003, la Commission a adopté le règlement
o
n  773/2004 du 7 avril 2004 relatif aux procédures mises en œuvre par la
o
Commission en application des articles 81 et 82 du Traité CE (Règl. n  773/2004
o
de la Commission, 7 avr. 2004, JOUE, n  L 123, 27 avr.), qui traite de questions
de procédure telles que les enquêtes menées par la Commission, le traitement
des plaintes ou encore des droits de la défense (exercice du droit d'être entendu,
accès au dossier et traitement des informations confidentielles). Le règlement
o
n  622/2008 de la Commission du 30 juin 2008 a modifié certains articles du
o
règlement n  773/2004 en ce qui concerne les procédures de transaction
o
engagées dans les affaires d'entente (Règl. n  622/2008 de la Commission,
o er
30 juin 2008, JOUE, n  L 171, 1  juill.).

ACTUALISATION
5, 125, 199, 399. Le 3 août 2015, la Commission a adopté un nouveau
o
règlement modifiant le règlement n  773/2004 relatif aux règles de la
concurrence dans ses articles 81 et 82 dans le cadre des enquêtes et de
o
l'accès au dossier (Règl. (UE) n  2015/1348 de la Commission, 3 août 2015,
o
JOUE, n  L 208, 5 août).

5, 128, 168, 499. Absence de pratiques déloyales de France Télécom.


- Le Tribunal de l'Union européenne a confirmé la décision de la Commission
saisie par la société Vivendi dans le cadre d'une plainte pour violation des
règles de concurrence par France Télécom. La Commission avait rejeté la
plainte de Vivendi sur les pratiques tarifaires de France Télécom pour
certaines prestations de gros de télécommunication car ces pratiques
n'avaient eu que des effets limités sur le fonctionnement des marchés de
détail (Trib. UE, 16 oct. 2013, Vivendi c/ Commission, aff. T-432/10).

6. Enfin, diverses communications précisent le cadre procédural dans lequel la


Commission et les États membres assument les pouvoirs qui leur sont assignés
par le Traité CE dans le domaine des règles de concurrence : communication de la
Commission relative à la coopération au sein du réseau des autorités de
o
concurrence (2004/C 101/03, JOUE, n  C 101, 27 avr. 2004) ; communication de
la Commission sur la coopération entre la Commission et les juridictions
nationales pour l'application des articles 81 et 82 du Traité CE (2004/C 101/04,
o
JOUE, n  C 101, 27 avr. 2004) ; communication de la Commission relative à des
orientations informelles sur des questions nouvelles qui se posent dans des
affaires individuelles au regard des articles 81 et 82 du Traité CE (lettre
o
d'orientation) (2004/C 101/06, JOUE, n  C 101, 27 avr. 2004) ; projet de
communication de la Commission relative au traitement par la Commission des
plaintes déposées au titre des articles 81 et 82 du Traité CE (2004/C 101/05,
o
JOUE, n  C 101, 27 avr. 2004) ; communication de la Commission relative aux
procédures de transaction engagées en vue de l'adoption de décisions en vertu
o
des articles 7 et 23 du règlement n  1/2003 du Conseil dans les affaires d'entente
o o
(n  2008/C 167/01, JOUE, n  C 167, 2 juill. 2008) ; Lignes directrices pour le
o er
calcul des amendes (JOUE, n  C 210, 1  sept. 2006) ; communication de la
Commission sur l'immunité d'amendes et la réduction de leur montant dans les
o
affaires portant sur des ententes (2006/C 298/11, JOUE, n  C 298, 8 déc. 2006).

7. D'autres communications ont été adoptées, mais n'entrent pas dans le cadre
de cette étude : Lignes directrices relatives à la notion d'affectation du commerce
o
figurant aux articles 81 et 82 du Traité CE (2004/C 101/07, JOUE, n  C 101,
27 avr. 2004) ; Lignes directrices concernant l'application de l'article 81,
o
paragraphe 3, du Traité CE (2004/C 101/08, JOUE, n  C 101, 27 avr. 2004). Il
o
fallait mettre un terme au régime centralisé posé par le règlement n  17.

8. Ainsi, pour assurer l'application efficace des règles communautaires de


concurrence, les autorités nationales de concurrence sont davantage associées à
o
la mise en œuvre des articles 81 et 82 du Traité CE (Règl. n  1/2003, considérant
6). Les juridictions nationales disposent également de cette faculté (Règl.
o
n  1/2003, considérant 7).
o
9. Le règlement n  1/2003 constitue une véritable révolution par rapport aux
o
règles de procédure édictées par le règlement n  17 du Conseil.

er
Art. 1 - Absence d'attestations négatives

10. La notification des accords, décisions d'associations d'entreprises et pratiques


concertées est abandonnée et remplacée par un régime d'exemption légale (Règl.
o er
n  1/2003, art. 1 ).

11. La proposition d'un enregistrement facultatif a été abandonnée. Par


conséquent, les entreprises devront autoévaluer leurs accords. Ainsi,
disparaissent de nombreux actes tels que les attestations négatives, les décisions
informelles ou encore les lettres de confort (L. IDOT, La modernisation du droit
o
communautaire de la concurrence – Règlement CE n  1/2003 du 16 décembre
2002, JCP E 2003, Actu. 145).

12. Le mécanisme qui nécessitait que les entreprises notifient leurs accords à la
Commission pour obtenir le bénéfice de l'article 81, paragraphe 3, n'existe plus.
o er
Depuis l'entrée en vigueur du règlement n  1/2003, le 1  mai 2004, toutes les
notifications qui avaient été adressées à la Commission et pour lesquelles aucune
initiative de cette administration n'est intervenue, sont caduques.
o
13. Le règlement n  1/2003 confère une plus grande portée aux articles 81 et 82
du Traité CE puisque la disposition selon laquelle les accords, décisions et
er
pratiques concertées visés à l'article 81, paragraphe 1 , sont interdits sans
qu'une décision préalable soit nécessaire à cet effet, est étendue à l'article 82,
ainsi qu'à l'article 81, paragraphe 3.

14. Une telle disposition a pour conséquence que les autorités et juridictions


saisies d'une demande fondée sur ces textes ne peuvent se dispenser de les
appliquer, même s'il s'agit d'une simple demande en référé.

Art. 2 - Charge de la preuve

o
15. L'article 2 du règlement n  1/2003 prévoit que la charge de la preuve
incombe à la partie ou à l'autorité qui allègue une violation des articles 81,
er
paragraphe 1 , et 82 du Traité CE, dans toutes les procédures nationales et
communautaires.

16. Ainsi, ce n'est que lorsque l'entreprise ou l'association d'entreprise invoque le


bénéfice de l'article 81, paragraphe 3, que la charge de la preuve lui incombe. La
partie défenderesse doit apporter la preuve des éléments avancés.
o
17. Le règlement n  1/2003 ne porte atteinte « ni aux règles nationales sur le
niveau de preuve requis ni à l'obligation qu'ont les autorités de concurrence et les
juridictions des États membres d'établir les faits pertinents d'une affaire, pour
autant que ces règles et obligations soient compatibles avec les principes
o
généraux du droit communautaire » (Règl. n  1/2003, considérant 5).

Art. 3 - Rapport entre les droits nationaux et les articles 81 et 82 du


Traité CE

er o
18. En vertu de l'article 3, paragraphe 1 , du règlement n  1/2003, les autorités
nationales de concurrence et les juridictions nationales ont l'obligation d'appliquer
les articles 81 et 82 du Traité CE aux accords ou pratiques qui affectent le
commerce entre États membres.

19. La solution n'est pas réellement nouvelle pour les juridictions nationales
(CJCE, 14 déc. 1995, Van Schijndel et Van Veen, aff. jointes C-430/93 et C-
431/93, Rec. I. 4705), mais constitue une véritable révolution pour les autorités
nationales des États membres. Toutes les autorités nationales de concurrence ont
le pouvoir d'appliquer le droit communautaire, mais elles doivent s'interroger sur
l'applicabilité éventuelle du droit communautaire (J.-B. BLAISE et L. IDOT,
er
Concurrence [1  janv. 2002 - 31 mars 2003], Règlement 1/2003 du 16 décembre
2002, RTD eur. 2003. 287  ).

20. Le paragraphe 2 prévoit que pour que le droit national interdise un accord,
une décision d'association d'entreprises ou une pratique concertée, ces pratiques
ou accords doivent être susceptibles d'affecter le commerce entre États et d'avoir
pour effet de restreindre la concurrence. De même, le droit national ne peut
interdire des accords ou pratiques qui satisfont à l'article 81, paragraphe 3, ou qui
sont couverts par un règlement d'exemption.

21. Si l'article 81 est applicable à un accord ou une pratique parce qu'il y a


affectation du commerce entre États membres et que le droit communautaire ne
l'interdit pas, le droit national ne peut pas aller à l'encontre d'une telle solution.

22. Il en va différemment pour les pratiques unilatérales, pour lesquelles les


États membres peuvent adopter et mettre en œuvre des lois nationales plus
strictes interdisant et sanctionnant un tel comportement. En vertu du considérant
o
8 du règlement n  1/2003, ces règles nationales plus strictes peuvent comprendre
des dispositions qui interdisent ou sanctionnent des comportements abusifs à
l'égard d'entreprises économiquement indépendantes. Le rapport de la
o
Commission sur le fonctionnement du règlement n  1/2003 (Communication de la
Commission au Parlement européen et au Conseil, 29 avr. 2009, COM [2009] 206
final, paragraphe 21) indique qu'il existe des dispositions de ce genre dans un
certain nombre d'États membres, telles que des dispositions nationales régissant
l'abus de dépendance économique, le « pouvoir supérieur de négociations » ou
« l'influence notable » (France, Allemagne, Grèce, Portugal, Lettonie, Hongrie et
Irlande), des dispositions régissant les ventes à prix inférieur au prix de revient
ou à perte (notamment en France et en Allemagne), ou encore des lois nationales
prévoyant des normes différentes pour l'appréciation de la position dominante et
des dispositions nationales plus strictes régissant le comportement des
entreprises dominantes.

23. Le droit français prévoit des sanctions pénales, sous certaines conditions, à
l'égard des personnes physiques en matière de concurrence selon le considérant
o
8 du règlement n  1/2003 qui dispose que « le présent règlement ne s'applique
pas aux lois nationales qui imposent des sanctions pénales aux personnes
physiques, sauf si lesdites sanctions constituent un moyen d'assurer l'application
des règles de concurrence applicables aux entreprises ». De telles dispositions
sont applicables même si elles sont plus sévères que le droit communautaire (J.-
B. BLAISE et L. IDOT, article préc.).
o
24. Enfin l'article 3, paragraphe 3, du règlement n  1/2003 vise l'application des
o
autres législations nationales. À ce titre, il est précisé que le règlement n  1/2003
ne s'applique pas dans les rapports avec les droits nationaux des concentrations,
ni pour l'application de dispositions nationales qui visent principalement un
objectif différent de celui des articles 81 et 82 du Traité CE.

Art. 4 - Compétence

er
§ 1 - Compétence de la Commission

25. La Commission est compétente pour appliquer les articles 81 et 82 du Traité


o
CE (Règl. n  1/2003, art. 4). Le règlement n'a pas modifié ce point.

26. De plus, compte tenu de la mise en place du réseau avec les autorités
nationales de concurrence des États membres, la Commission entend se réserver
le contrôle des affaires les plus importantes (V. Concurrence : mise en œuvre par
les autorités et les juridictions nationales [Eur.]).
o
27. La Commission reste maîtresse de la procédure dans deux cas : 1
l'ouverture d'une procédure par la Commission dessaisit les autorités nationales
o
de concurrence en vertu de l'article 11, paragraphe 6, du règlement n  1/2003 :
« L'ouverture par la Commission d'une procédure en vue de l'adoption d'une
décision en application du chapitre III dessaisit les autorités de concurrence des
États membres de leur compétence pour appliquer les articles 81 et 82 du Traité
CE. Si une autorité de concurrence d'un État membre traite déjà une affaire, la
Commission n'intente la procédure qu'après avoir consulté cette autorité
o
nationale de concurrence » ; 2 Lorsqu'une affaire a fait l'objet d'une décision de
la Commission, les autorités nationales de concurrence et les juridictions
nationales ne peuvent prendre une décision contraire, selon l'article 16 du
o
règlement n  1/2003.

28. Cette règle, qui découle du principe de primauté du droit communautaire,


permet d'éviter les conflits de décisions.

§ 2 - Compétence des autorités nationales de concurrence

o
29. Le considérant 6 du règlement n  1/2003 prévoit que « pour assurer
l'application efficace des règles communautaires de concurrence, il y a lieu d'y
associer davantage les autorités de concurrence nationales. À cette fin, celles-ci
doivent être habilitées à appliquer le droit communautaire ».
o
30. L'article 5 du règlement n  1/2003 précise que les autorités de concurrence
des États membres – en France, l'Autorité de la concurrence – sont compétentes
pour appliquer les articles 81 et 82 du Traité CE. À cet effet, elles peuvent
ordonner la cessation d'une infraction, ordonner des mesures provisoires,
accepter des engagements, infliger des amendes, astreintes ou toute autre
sanction prévue par le droit national. Enfin, les autorités nationales de
concurrence peuvent décider qu'il n'y a pas lieu de poursuivre.

31. La Commission perd donc l'exclusivité qu'elle détenait pour appliquer l'article
81, paragraphe 3. La décentralisation est ainsi mise en place.

32. La communication de la Commission relative à la coopération au sein du


réseau des autorités de concurrence fournit des éléments d'appréciation
complémentaires (division du travail de la communication relative à la
coopération au sein du réseau des autorités de concurrence, paragraphe 2).

33. Dans le cadre du régime de compétence parallèle entre la Commission et les


autorités nationales de concurrence, les affaires sont traitées soit par une seule
autorité nationale de concurrence avec, le cas échéant, le concours d'homologues
d'autres États membres, ou par plusieurs autorités nationales de concurrence
agissant en parallèle, soit par la Commission.

34. Une autorité nationale de concurrence est considérée comme bien placée


pour traiter d'une affaire lorsque les trois conditions cumulatives suivantes sont
remplies : – l'accord ou la pratique a des effets directs substantiels, actuels ou
prévisibles sur son territoire, y est mis en œuvre ou y trouve son origine ; –
l'autorité est à même de faire cesser efficacement l'intégralité de l'infraction ;
autrement dit, elle peut délivrer une injonction de ne pas faire dont l'effet sera
suffisant pour faire cesser l'infraction, et elle peut, au besoin, sanctionner
l'infraction de manière appropriée ; – elle est en mesure de réunir,
éventuellement avec le concours d'autres autorités, les preuves requises pour
démontrer l'infraction (Communication, point 8).

35. Le critère de la localisation de l'atteinte à la concurrence est donc


fondamental. Généralement, une seule autorité nationale de concurrence est bien
placée pour traiter de l'affaire. Dans le cas où plusieurs autorités nationales sont
bien placées, il se peut que l'intervention d'une seule soit suffisante pour faire
cesser le trouble. Dans le cas contraire, les autorités nationales de concurrence
interviennent parallèlement.

36. Si la Commission a ouvert une procédure en vue de prendre une décision


relative à une pratique, les autorités nationales de concurrence ne sont plus
compétentes pour appliquer les articles 81 et 82 du Traité CE. De même, si une
autorité de concurrence traite une affaire, la Commission n'intente une procédure
qu'après avoir consulté l'autorité nationale (Règl., art. 11-6).

§ 3 - Compétence des juridictions nationales

37. Tout comme la Commission et les autorités nationales de concurrence, les


juridictions nationales des États membres ont compétence pour appliquer les
o
articles 81 et 82 du Traité CE (Règl. n  1/2003, art. 6, et Communication de la
Commission sur la coopération entre la Commission et les juridictions nationales
o
pour l'application des articles 81 et 82 du Traité CE, JOUE, n  C 101, 27 avr.
2004).
o
38. Comme le prévoit le considérant 7 du règlement n  1/2003, « les juridictions
nationales remplissent une fonction essentielle dans l'application des règles
communautaires de concurrence. Elles préservent les droits subjectifs prévus par
le droit communautaire lorsqu'elles statuent sur des litiges entre particuliers,
notamment en octroyant des dommages et intérêts aux victimes des infractions.
Le rôle des juridictions nationales est, à cet égard, complémentaire de celui des
autorités de concurrence des États membres. Il convient dès lors de leur
permettre d'appliquer pleinement les articles 81 et 82 du traité ».

39. Ainsi, les juridictions nationales peuvent appliquer les dispositions des articles
81 et 82 du Traité CE dans des procédures civiles, pénales ou administratives et
peuvent donner effet aux articles 81 ou 82 du Traité CE en déclarant la nullité de
contrats ou en accordant des dommages et intérêts. Elles ne peuvent toutefois
pas prononcer des sanctions à l'égard des entreprises, contrairement à la
Commission ou aux autorités nationales de concurrence. Elles peuvent, par
contre, prononcer des astreintes.

40. Outre l'application des articles 81 et 82 du Traité CE par les juridictions


nationales, l'application parallèle du droit national de la concurrence par les
juridictions nationales ne doit pas aboutir à une conclusion différente de celle qui
découle du droit communautaire.

41. Par ailleurs, les juridictions nationales ont compétence pour appliquer les
actes adoptés par des institutions européennes. Ainsi, une juridiction peut faire
respecter un règlement ou une décision communautaire. L'application des règles
de concurrence par les juridictions nationales implique que ces dernières
respectent les principes généraux du droit communautaire (Communication de la
Commission sur la coopération entre la Commission et les juridictions nationales
pour l'application des articles 81 et 82 du Traité CE, considérant 7, JOUE,
o
n  C 101, 27 avr. 2004).
§ 4 - Cas particuliers des juridictions arbitrales

42. La question de savoir si l'obligation d'appliquer le droit communautaire


incombe aux juridictions arbitrales a reçu une réponse dans l'arrêt de la Cour de
er er
justice du 1  juin 1999 (CJCE, 1  juin 1999, Eco Swiss, aff. C-126/97  , Rec. I.
3055) : d'une part, « une juridiction nationale saisie d'une demande en
annulation d'une sentence arbitrale doit faire droit à une telle demande lorsqu'elle
estime que cette sentence est effectivement contraire à l'article 81 CE, dès lors
qu'elle doit, selon ses règles de procédure internes, faire droit à une demande en
annulation fondée sur la méconnaissance de règles nationales d'ordre public ;
d'autre part, le droit communautaire n'impose pas à une juridiction nationale
d'écarter les règles de procédure internes qui confèrent l'autorité de la chose
jugée à une telle sentence, même si cela était nécessaire pour examiner si un
contrat que cette sentence a déclaré valable en droit est néanmoins nul au regard
de l'article 81 du Traité CE (A. DECOCQ et G. DECOCQ, Droit de la concurrence
e
interne et communautaire, 2  éd., 2004, LGDJ, p. 415, point 321).

Section 2 - Coopération entre la Commission, les États membres et les


juridictions nationales

er
Art. 1 - Coopération avec les autorités de concurrence

o
43. Le règlement n  17/62 prévoyait, à l'article 10, une coopération – mais
essentiellement verticale – entre les autorités de concurrence des États membres
et la Commission, et n'envisageait pas les rapports entre les autorités de
concurrence des États membres.

44. Dorénavant, la Commission et les autorités de concurrence des États


membres collaborent étroitement, que ce soit au niveau vertical ou au niveau
o
horizontal : c'est le réseau mis en place par le règlement n  1/2003.

er
§ 1 - Échanges d'informations

o
45. L'article 11 du règlement n  1/2003 prévoit une étroite collaboration de la
Commission et des autorités de concurrence des États membres, lorsqu'elles
appliquent le droit communautaire de la concurrence.
46. Dès que la Commission envisage de prendre une décision relative à une
pratique, elle transmet aux autorités de concurrence des États membres une
copie des pièces les plus importantes. Les autres documents peuvent être
demandés par l'autorité nationale.

47. De la même manière, lorsque les autorités nationales de concurrence des


États membres agissent sur le fondement de l'article 81 ou 82 du Traité CE, elles
en informent la Commission, les autres autorités de concurrence des États
membres pouvant aussi bénéficier de cette information. Cette information est
faite avant ou juste après avoir lancé la première mesure formelle d'enquête
o
(Règl. n  1/2003, art. 11-3 ; Communication de la Commission relative à la
o
coopération au sein du réseau des autorités de concurrence [préc. supra, n  6],
point 17).

48. Ces dispositions permettent de déceler les procédures multiples et d'aborder


les éventuels problèmes de réattribution dès qu'une autorité commence à
enquêter sur une affaire (Communication de la Commission relative à la
coopération au sein du réseau des autorités de concurrence, point 16).

49. La Commission est aussi informée par les autorités de concurrence des États
membres, dans un délai maximum de trente jours avant l'adoption d'une décision
de cessation d'infraction, d'engagement ou de retrait d'exemption. Cette
information, laissée à la disposition des autorités de concurrence des autres États
membres, contient les éléments suivants : un résumé de l'affaire, la décision
envisagée ou tout document exposant l'orientation envisagée. Tout comme la
Commission, l'autorité nationale de concurrence tient à sa disposition, ainsi qu'à
celle des autres autorités nationales, tout autre document nécessaire pour
apprécier l'affaire.

50. Les autorités de concurrence des États membres peuvent aussi échanger des
informations entre elles ainsi que la mise à jour des informations en fonction des
modifications de l'affaire. Les autorités de concurrence des États membres
utilisent un formulaire type comportant diverses informations sur l'affaire,
notamment : le nom de l'autorité traitant l'affaire, le produit, les territoires et les
parties concernés, l'infraction alléguée, la durée supposée de l'infraction et
l'origine de l'affaire (Communication de la Commission relative à la coopération
au sein du réseau des autorités de concurrence, point 17).

51. La communication relative à la coopération au sein du réseau des autorités de


concurrence précise en outre qu'en cas de problème de réattribution d'affaires, un
délai de deux mois à compter de la date de la première information envoyée au
réseau est en principe alloué pour parvenir à un accord, soit d'action parallèle,
soit de réattribution. Ce délai ne peut être dépassé qu'en cas d'évolution
importante des faits en cours de procédure (Communication de la Commission
relative à la coopération au sein du réseau des autorités de concurrence,
points 18 et 19).

52. Enfin, une affaire réattribuée doit être traitée par l'autorité de concurrence
(ou les autorités) jusqu'à la fin de la procédure (Communication de la
Commission relative à la coopération au sein du réseau des autorités de
concurrence, point 19).

§ 2 - Utilisation des informations comme moyen de preuve

o
53. Aux termes de l'article 12 du règlement n  1/2003, la Commission et les
autorités nationales de concurrence peuvent se communiquer et utiliser comme
moyen de preuve tout élément de fait ou de droit, en ce compris les informations
confidentielles, pour l'application des articles 81 et 82 du Traité CE.

54. Les échanges peuvent donc avoir lieu entre les autorités nationales de
concurrence et la Commission et/ou entre les autorités nationales de
concurrence.

55. La communication de la Commission relative à la coopération au sein du


réseau des autorités de concurrence rappelle les trois types de protection des
entreprises et des particuliers apportés par le règlement.

56. La première protection concerne le secret professionnel attaché aux


os
informations échangées (V. infra, n  450 et s.).

57. La deuxième protection découle de la limitation du champ d'application des


informations. En effet, ces informations ne sont utilisables que pour l'application
des articles 81 et 82 du Traité CE, sauf lorsque le droit national est appliqué dans
une même affaire parallèlement au droit communautaire, auquel cas, ces
informations peuvent être utilisées pour l'application du droit interne et sous
réserve que l'application du droit national n'aboutisse pas à un résultat différent
de celui obtenu par application des articles 81 et 82 du Traité CE
(Communication, point 28, b).

58. Enfin, la troisième protection concerne les personnes physiques. L'article 12,


point 3, du règlement prévoit que les informations ne peuvent être utilisées pour
infliger une sanction à une personne physique que si : la loi de l'autorité qui
transmet l'information prévoit des sanctions similaires en cas de violation de
l'article 81 ou 82 du Traité CE ou, si tel n'est pas le cas, lorsque les informations
ont été recueillies d'une manière qui assure le même niveau de protection des
droits de la défense des personnes physiques que celui qui est reconnu par les
règles nationales de l'autorité destinataire. Dans ce cas, les informations
échangées ne peuvent être utilisées par l'autorité destinataire pour infliger des
peines privatives de liberté (Communication, point 28, c).

§ 3 - Suspension ou clôture de la procédure

o
59. L'article 13 du règlement n  1/2003 prévoit que lorsqu'une même pratique,
décision ou accord est traité par plusieurs autorités nationales de concurrence, le
traitement par une seule autorité suffit pour que les autres autorités suspendent
la procédure ou rejettent une plainte. Il en est de même pour la Commission,
pour le rejet d'une plainte.

60. Par « traitement », il faut comprendre que l'autorité nationale de concurrence


enquête ou a enquêté sur l'affaire pour son compte (Communication de la
Commission relative à la coopération au sein du réseau des autorités de
concurrence, point 20). Cela signifie aussi que la suspension ou l'arrêt de la
procédure est possible quand l'accord ou la pratique en cause porte sur la ou les
mêmes infractions (mêmes marchés de produits et géographiques,
Communication de la Commission relative à la coopération au sein du réseau des
autorités de concurrence, point 21).

61. De même, une plainte peut être rejetée, par une autorité nationale ou la
Commission, lorsqu'une affaire a déjà été traitée par une autorité nationale de
concurrence. Dans ce cas, l'autorité nationale peut transmettre à cette dernière
les informations reçues du plaignant (Communication, point 23).

62. La suspension ou l'arrêt de la procédure est une faculté pour l'autorité


nationale et non pas une obligation (Communication de la Commission relative à
la coopération au sein du réseau des autorités de concurrence, point 22).

63. De plus, cette faculté peut s'appliquer à une partie d'une plainte ou à une
partie d'une procédure (Communication de la Commission relative à la
coopération au sein du réseau des autorités de concurrence, point 24). C'est le
cas du chevauchement d'une seule partie d'une plainte ou d'une seule partie
d'une procédure et d'une affaire en cours de traitement ou déjà traitée par une
autorité nationale de concurrence. Ce principe vaut en matière de clôture.

64. Enfin, la suspension ou la clôture d'une procédure n'a pas pour seul


fondement l'article 13 du règlement ; cette suspension peut être décidée en vertu
du droit national ou par la Commission, en raison d'absence d'intérêt
os
communautaire ou pour des motifs liés à la nature de la plainte (V. infra, n  128
et s.).
Art. 2 - Comité consultatif

o
65. Le règlement n  17 avait institué un Comité consultatif dont le
fonctionnement s'est avéré très satisfaisant. Pour mettre en conformité le
fonctionnement du Comité consultatif avec le nouveau système décentralisé posé
o
par le règlement n  1/2003, il fallait, sur la base des règles établies par le
o
règlement n  17, améliorer l'efficacité de l'organisation des travaux (Règl.
o
n  1/2003, considérant 19).

66. Le Comité consultatif a pour fonction de donner notamment un avis sur le


projet de décision de la Commission en matière de concurrence.

er
§ 1 - Décisions de la Commission et des autorités nationales de
concurrence

o
67. Les articles 10-3, 10-4, 10-5 et 10-6 du règlement n  17 avaient institué un
Comité consultatif en matière d'entente et de position dominante composé des
représentants des gouvernements des États membres auprès de la Commission à
raison d'un fonctionnaire par État membre.

68. Le Comité consultatif prévu par le règlement 17 est maintenu à l'article 14 du


o
règlement n  1/2003. Il est composé, pour les examens individuels, d'un
représentant de chacun des États membres spécialisé dans le domaine de la
concurrence, et a pour fonction de donner notamment un avis sur le projet de
décision de la Commission en matière de concurrence. Un représentant de l'État
membre, en matière de concurrence, peut être désigné dans le cas d'examen de
questions autres que les cas individuels (cas de questions horizontales comme les
règlements d'exemption par catégorie et les lignes directrices).

69. La Commission consulte le Comité consultatif lorsqu'elle envisage de prendre


o
les décisions suivantes (Règl. n  1/2003, art. 14-1) : – une décision de
constatation et cessation d'infraction (art. 7) ; – une décision prononçant des
mesures provisoires (art. 8) ; – une décision rendant les engagements pris par
une entreprise obligatoires (art. 9) ; – une décision constatant l'inapplication des
articles 81 ou 82 du Traité (art. 10) ; – une décision prononçant des sanctions
(art. 23) ; – une décision par laquelle la Commission fixe le montant définitif de
l'astreinte à un chiffre inférieur à celui qui résulte de la décision initiale lorsque les
entreprises ont satisfait à l'obligation pour l'exécution de laquelle l'astreinte a été
fixée (art. 24-2) ; ou enfin, – une décision de retrait du bénéfice d'un règlement
d'exemption (art. 29-1).
70. La consultation peut avoir lieu au cours de réunions mais aussi par écrit.
S'agissant de la consultation lors de réunions, celles-ci se tiennent au minimum
14 jours après l'envoi de la convocation.
o
71. La consultation par écrit est une innovation du règlement n  1/2003. Le
Comité qui devait se déplacer à la Commission à la suite d'une convocation de
celle-ci dans un délai de 15 jours minimum pourra s'exprimer par écrit sans que
ce déplacement soit obligatoire.

72. Dans ce cas, les États membres disposent d'un délai de 14 jours pour
formuler des observations, 7 jours en cas de mesures provisoires. Ces délais
peuvent être inférieurs dès lors que les États membres ne s'y opposent pas (Règl.
o
n  1/2003, art. 14-4).

73. Et contrairement à la pratique antérieure, les autorités de concurrence des


États membres peuvent demander à la Commission que soient inscrites à l'ordre
du jour de la réunion du Comité consultatif les affaires qui sont traitées par une
autorité de concurrence d'un État membre. Le Comité sert ainsi d'enceinte pour
examiner les affaires traitées par les autorités nationales de concurrence,
o
permettant une application cohérente du droit communautaire (Règl. n  1/2003,
considérant 19).

74. Cependant, le Comité consultatif n'émettra pas d'avis sur les affaires qui sont
traitées par les autorités de concurrence des États membres.

75. Enfin, l'avis concernant le projet de décision de la Commission ne lie pas


celle-ci, qui doit cependant en tenir le plus grand compte.

§ 2 - Mesures d'application, règlements d'exemption par catégories,


lignes directrices et autres communications

o
76. L'article 33 du règlement n  1/2003 prévoit que la Commission peut arrêter
toute disposition utile en vue de l'application du règlement (telle que des
règlements, des lignes directrices ou encore, des communications).

77. Pour ce faire, elle doit consulter le Comité consultatif (Communication de la


Commission relative à la coopération au sein du réseau des autorités de
concurrence, point 4.1.3).

Art. 3 - Coopération avec les juridictions nationales


o
78. L'article 15 du règlement n  1/2003 étend la coopération prévue entre la
Commission et les juridictions nationales. Il existe ainsi une coopération mutuelle
entre la Commission et les juridictions nationales.
o
79. À propos des juridictions nationales, le règlement n  1/2003 énonce qu'« elles
préservent les droits subjectifs prévus par le droit communautaire lorsqu'elles
statuent sur des litiges entre particuliers notamment en octroyant des dommages
et intérêts aux victimes des infractions. Le rôle des juridictions nationales est, à
cet égard, complémentaire de celui des autorités de concurrence des États
membres » (considérant 7).

er
§ 1 - Assistance de la Commission

80. Les juridictions nationales peuvent demander à la Commission la


communication des informations que l'autorité communautaire détient (Règl.,
art. 15-1).

81. Ces juridictions peuvent aussi demander un avis au sujet des questions


relatives à l'application du droit communautaire concernant les affaires qu'elles
ont à traiter (Règl., art. 15-1).

82. Malheureusement, au moment de l'envoi de la demande à la Commission,


aucune disposition n'est prévue pour assurer le respect du contradictoire dans
cette hypothèse.

83. La communication de la Commission sur la coopération entre la Commission


et les juridictions nationales pour l'application des articles 81 et 82 du Traité CE
o
(préc. supra, n  6) apporte des précisions sur cette coopération.

84. L'assistance des juridictions nationales est assurée par la Commission en tant


qu'amicus curiae (Communication sur lacoopération, point 17). En 2007, la
Commission a décidé d'intervenir en tant qu'amicus curiae dans une affaire
néerlandaise de déductibilité fiscale des amendes infligées par la Commission
pour infraction aux règles de concurrence (Rapport sur la politique de
concurrence 2007, COM [2008] 368 final, paragraphe 92).

85. La Commission, tout en veillant au respect du secret professionnel et de son


indépendance, reste objective et neutre dans son assistance (Communication sur
la coopération, point 19).

86. Il est prévu que la Commission publie un résumé de sa coopération avec les
juridictions nationales dans son rapport annuel sur la politique de concurrence
(Communication sur la coopération, point 20). Ainsi, le rapport sur la politique de
concurrence 2007 (préc.) indique qu'en application de l'article 15-1 du règlement
o
n  1/2003, la Commission a rendu trois avis en 2007, deux en réponse aux
requêtes formulées par des juridictions suédoises et une à une juridiction
espagnole (Rapport sur la politique de concurrence 2007, COM [2008] 368 final,
paragraphe 90).

87. Pour rendre la coopération avec les juridictions nationales la plus efficace


possible, la communication prévoit que la Commission s'efforcera de fournir les
renseignements demandés par les juridictions nationales dans un délai d'un mois
à compter de la réception des demandes ou de la réception des renseignements
demandés lorsque la Commission a fait une demande de clarification ou qu'elle
doit s'adresser aux parties pour fournir ces renseignements (Communication de la
Commission sur la coopération entre la Commission et les juridictions nationales,
point 22).

88. De plus, la Commission respecte le secret professionnel, ce qui ne signifie pas


une interdiction absolue pour elle de communiquer des informations couvertes
par le secret professionnel aux juridictions (Communication de la Commission sur
la coopération entre la Commission et les juridictions nationales, points 24 et s.).

89. S'agissant des avis demandés par les juridictions nationales, la Commission


s'efforcera de rendre cet avis dans un délai de quatre mois à compter de la
réception de la demande ou à compter de la réception d'un complément
d'informations (Communication sur la coopération entre la Commission et les
juridictions nationales, point 28).

90. Ne s'agissant pas de décisions, les avis ne lient pas juridiquement les
juridictions nationales conformément à l'article 249 du Traité CE, alinéas 4 et 5 :
« La décision est obligatoire dans tous ses éléments pour les destinataires qu'elle
désigne. Les recommandations et les avis ne lient pas » (V. Avis [Eur.],
Recommandation [Eur.]).

91. Enfin, les avis demandés par les juridictions nationales à la Commission ont le
même effet que les lettres d'orientation demandées à la Commission par les
entreprises, en ce sens qu'elles ne lient pas les entreprises. Ces avis ne lient pas
les juridictions nationales. Toutefois, alors que les avis sont systématiquement
donnés par la Commission, cette dernière se réserve le droit de traiter ou de ne
pas traiter la demande des entreprises pour obtenir une lettre d'orientation
os
(V. infra, n  104 et s.).

§ 2 - Assistance des juridictions nationales

92. Les États membres doivent transmettre à la Commission la décision qu'elles


ont rendue en matière d'application des articles 81 et 82, et ceci sans délai si l'on
en est au stade de la notification du jugement aux parties (Règl., art. 15-2). La
Commission a reçu copie d'une cinquantaine de jugements rendus en 2007
(Rapport sur la politique de concurrence 2007, COM [2008] 368 final, paragraphe
91).

93. Dans les procédures diligentées par les juridictions nationales, les autorités
de concurrence de l'État membre concerné peuvent soumettre d'office des
observations écrites auxdites juridictions (Règl., art. 15-3).

94. Elles pourront également intervenir dans la procédure orale (plaidoiries),


mais avec l'autorisation de la juridiction nationale.

95. Dans les mêmes conditions, les autorités de concurrence des autres États
membres pourront présenter des observations orales (Règl., art. 15-3).

96. Il en est de même pour la Commission (Règl., art. 15-3).

97. À leur demande, les juridictions nationales leur communiqueront les


documents nécessaires à l'appréciation de l'affaire. Ceux-ci ne pourront être
utilisés que dans le seul but de cette intervention (Règl., art. 15-3).

98. Bien évidemment, une telle disposition ne porte pas atteinte au pouvoir


donné aux autorités nationales de concurrence par leur droit interne en matière
d'intervention.

99. Le souci d'une application uniforme du droit communautaire de la


o
concurrence est clairement exprimé dans le règlement n  1/2003 à l'article 16.
Ainsi, les juridictions nationales ne peuvent statuer dans un sens contraire aux
décisions adoptées par la Commission. Cette obligation s'applique même s'il s'agit
d'une décision envisagée par la Commission. C'est la simple application du
principe de primauté du droit communautaire (V. Primauté du droit de l'Union
européenne [Eur.]). Dans cette dernière hypothèse, la juridiction nationale
évaluera s'il est nécessaire de suspendre sa propre procédure. Ceci ne prive pas
pour autant les juridictions nationales de la possibilité de s'adresser à la Cour de
justice à titre préjudiciel pour obtenir une interprétation du droit communautaire
concernant le cas qu'elles ont à traiter.

100. Enfin, si la Commission a rendu une décision, les autorités de concurrence


des États membres ne peuvent pas, non plus, adopter une décision contraire à
celle qui a été adoptée par la Commission.

101. Il est certain que ces mécanismes sont particulièrement complexes.

102. Il est donc nécessaire de suivre les textes à la lettre lorsqu'on doit traiter
une affaire portant sur les articles 81 et 82 du Traité CE instituant la
Communauté européenne en ce qui concerne tout particulièrement la procédure
proprement dite.
Section 3 - Coopération entre la Commission et les entreprises : les
lettres d'orientation

o
103. La Commission a adopté, en complément du règlement n  1/2003, une
communication relative à des orientations informelles sur des questions nouvelles
qui se posent dans des affaires individuelles au regard des articles 81 et 82 du
o
Traité CE (JOUE, n  C 101, 27 avr. 2004). Cette possibilité, pour les entreprises,
de demander à la Commission des orientations informelles lorsqu'une situation
crée une incertitude réelle en raison de questions nouvelles, est prévue par le
o
règlement n  1/2003 (considérant 38).

er
Art. 1 - Opportunité d'envoyer une lettre d'orientation

o
104. Si, en dépit du règlement n  1/2003, des communications et des lignes
directrices, les entreprises se trouvent confrontées à des questions nouvelles
d'interprétation des articles 81 ou 82 du Traité CE, elles peuvent demander à la
Commission des orientations informelles.

105. Si la Commission le juge opportun, les orientations informelles qu'elle


formule sont faites par écrit, dans une déclaration appelée « lettre
d'orientation », étant précisé que de telles orientations ne seront transmises que
dans la mesure où cela est compatible avec ses priorités en matière d'application
du droit.

106. Ce n'est que lorsque les conditions suivantes sont réunies que la
Commission pourra envisager l'envoi d'une lettre d'orientation (Communication
de la Commission relative à des orientations informelles sur des questions
nouvelles qui se posent dans des affaires individuelles au regard des articles 81 et
82 du Traité CE, point 8) :

107. L'appréciation au fond d'un accord ou d'une pratique au regard des articles


81 et/ou 82 du Traité CE soulève une question d'application du droit qui n'est
clarifiée ni dans le cadre juridique communautaire existant, en ce compris la
jurisprudence des juridictions européennes, ni dans les orientations générales
librement accessibles, ou dont on ne trouve des précédents ni dans la pratique
décisionnelle, ni dans les lettres d'orientation antérieures.

108. Une évaluation préliminaire des particularités et du contexte de l'affaire


tend à indiquer que la clarification de la question nouvelle au moyen d'une lettre
d'orientation est utile, compte tenu des éléments suivants : – l'importance
économique, du point de vue du consommateur, des marchandises ou des
services concernés par l'accord ou la pratique, et/ou – la mesure dans laquelle
l'accord ou la pratique correspondent ou sont susceptibles de correspondre à un
usage économique courant sur le marché en cause, et/ou – l'ampleur des
investissements liés à l'opération par rapport à la taille des sociétés concernées et
la mesure dans laquelle l'opération se rapporte à une opération structurelle telle
que la création d'une entreprise commune qui n'est pas de plein exercice.

109. Il est possible d'envoyer une lettre d'orientation sur la base des
renseignements fournis, c'est-à-dire qu'aucune enquête supplémentaire n'est
nécessaire.

110. En résumé, trois conditions doivent être cumulativement remplies pour que
la demande des entreprises soit recevable : la nouveauté du problème juridique,
l'utilité économique de sa résolution et l'absence de nécessité de procéder à une
enquête supplémentaire (L. VOGEL et J. VOGEL, Réforme des règles d'application
des articles 81 et 82 du Traité CE : les conséquences pratiques du « paquet
modernisation », question F, JCP E 2004. 1389, p. 1474).

111. En revanche, la Commission ne prendra pas en considération une demande


d'orientation dans l'une ou l'autre des circonstances suivantes :

112. Les questions posées dans la demande sont semblables ou comparables aux


questions soulevées dans une affaire pendante devant le Tribunal de première
instance ou la Cour de justice ;

113. L'accord ou la pratique auxquels la demande se rapporte font l'objet d'une


procédure pendante devant la Commission ou devant une juridiction ou une
autorité de concurrence d'un État membre.

114. Enfin, la Commission pourra donner des orientations sur un accord ou une


pratique envisagée à un stade suffisamment avancé, mais pas sur des affaires
hypothétiques ou qui ne sont plus mises en œuvre.

115. Compte tenu des changements très importants des règles de procédure qui
o
résultent du contenu du règlement n  1/2003, on conçoit parfaitement que de
telles lettres d'orientation constituent une exception à la règle selon laquelle les
notifications des accords ou des pratiques concertées adressées à la Commission
disparaissent.

Art. 2 - Manière de demander des orientations

116. Il n'existe pas de formulaire pour des demandes d'orientation ; celles-ci


devront néanmoins comporter les éléments suivants (Communication de la
Commission relative à des orientations informelles sur des questions nouvelles qui
se posent dans des affaires individuelles au regard des articles 81 et 82 du Traité
CE, point 14) : – l'identité de toutes les entreprises concernées ainsi qu'une
adresse unique pour les contacts avec la Commission ; – les questions précises
sur lesquelles les entreprises souhaitent obtenir des orientations ; – des
renseignements complets et exhaustifs sur tous les points utiles pour procéder à
une appréciation motivée des questions soulevées, y compris des documents
pertinents ; – une argumentation détaillée exposant pourquoi la demande soulève
une ou des questions nouvelles ; – tout autre renseignement qui permette
d'évaluer la demande en tenant compte des éléments, notamment une
déclaration attestant que l'accord ou la pratique auxquels la demande se rapporte
ne font pas l'objet d'une procédure pendante devant une juridiction ou une
autorité de concurrence d'un État membre ; – lorsque la demande contient des
éléments considérés comme des secrets d'affaires, une indication précise de ces
éléments ; – tout autre renseignement ou document utile concernant l'affaire en
question.

Art. 3 - Traitement de la demande

117. C'est la Commission qui apprécie l'opportunité de formuler une orientation


(Communication, points 15 et s.). Pour ce faire, elle peut utiliser des éléments
complémentaires qu'elle a en sa possession ou demander des renseignements
aux entreprises concernées, voire partager les renseignements transmis avec les
autorités de concurrence ou recevoir des informations de leur part.

118. La Commission peut examiner la demande avec les autorités nationales de


concurrence.

119. La Commission peut décider de ne pas fournir de lettre d'orientation aux


entreprises qui en ont fait la demande. Dans ce cas, elle en informe le ou les
demandeurs.

120. Enfin, les demandeurs peuvent retirer leur demande. Les renseignements


transmis seront conservés par la Commission, qui pourra les utiliser pour les
éventuelles procédures futures.

Art. 4 - Contenu de la lettre d'orientation

121. La lettre d'orientation contient les éléments suivants : – une description


succincte des faits sur lesquels elle se base ; – la motivation juridique principale
qui sous-tend l'interprétation, faite par la Commission, des questions nouvelles
soulevées par la demande concernant les articles 81 et/ou 82 (Communication,
point 19).

122. Les lettres d'orientation qui peuvent être soit limitées à une partie des
questions, soit étendues, seront publiées sur le site internet de la Commission,
tout en respectant le secret des affaires par la mise au point, avec les
entreprises, d'une version publique (Communication, points 20 et 21).

Art. 5 - Effets de la lettre d'orientation

123. Outre l'aide apportée aux entreprises pour l'appréciation de leurs accords ou


de leurs pratiques, les lettres d'orientation pourront être utilisées par les
juridictions et/ou les autorités nationales de concurrence. La Commission pourra
aussi examiner un accord ou une pratique ayant constitué la base factuelle d'une
lettre d'orientation en se servant de cette lettre (Communication de la
Commission relative à des orientations informelles sur des questions nouvelles qui
se posent dans des affaires individuelles au regard des articles 81 et 82 du Traité
CE, points 22 à 25).
o
124. Le rapport de la Commission sur le fonctionnement du règlement n  1/2003
(Communication de la Commission au Parlement européen et au Conseil, 29 avr.
2009, COM [2009] 206 final) indique que la Commission n'a reçu aucune
demande de lettre d'orientation pendant la période examinée (5 années
o er
d'application du règlement n  1/2003, au 1  mai 2009).

Section 4 - Saisine de la Commission

er
Art. 1 - Autosaisine

o
125. Le règlement n  773/2004 de la Commission du 7 avril 2004 relatif aux
procédures mises en œuvre par la Commission en application des articles 81 et
o
82 du Traité CE (Règl. n  773/2004 de la Commission, 7 avr. 2004, JOUE,
o o
n  L 123, 27 avr. mod. par Règl. n  622/2008 de la Commission, 30 juin 2008,
o er
JOUE, n  L 171, 1  juill., pour l'aspect concernant les procédures de transaction),
prévoit, à l'article 2, l'ouverture de la procédure par la Commission : « La
Commission peut décider d'ouvrir la procédure en vue d'adopter une décision en
o
application du chapitre III du règlement (CE) n  1/2003 à tout moment, mais au
plus tard à la date à laquelle elle rend une évaluation préliminaire au sens de
l'article 9, paragraphe 1, dudit règlement, émet une communication des griefs ou
adresse aux parties une demande de manifestation d'intérêt à prendre part à des
discussions en vue de parvenir à une transaction, ou bien à la date de publication
d'une communication en application de l'article 27, paragraphe 4, dudit
règlement, selon celle de ces dates qui vient en premier ».

ACTUALISATION
5, 125, 199, 399. Le 3 août 2015, la Commission a adopté un nouveau
o
règlement modifiant le règlement n  773/2004 relatif aux règles de la
concurrence dans ses articles 81 et 82 dans le cadre des enquêtes et de
o
l'accès au dossier (Règl. (UE) n  2015/1348 de la Commission, 3 août 2015,
o
JOUE, n  L 208, 5 août).

126. Le délai pour une telle ouverture peut intervenir à tout moment et au plus
tard lorsque la Commission fait connaître son évaluation préliminaire aux parties
o
(Règl. n  1/2003, art. 9-1 : « Lorsque la Commission envisage d'adopter une
décision exigeant la cessation d'une infraction et que les entreprises concernées
offrent des engagements de nature à répondre aux préoccupations dont la
Commission les a informées dans son évaluation préliminaire, la Commission
peut, par voie de décision, rendre ces engagements obligatoires pour les
entreprises. La décision peut être adoptée pour une durée déterminée et conclut
qu'il n'y a plus lieu que la Commission agisse ») ou lorsqu'une communication est
o
publiée (Règl. n  1/2003, art. 27-4 : « Lorsque la Commission envisage d'adopter
une décision en application de l'article 9 ou 10 [engagements ou constatation
d'inapplication], elle publie un résumé succinct de l'affaire et le principal contenu
des engagements ou de l'orientation proposée. Les tierces parties intéressées
peuvent présenter leurs observations dans un délai qui est fixé par la Commission
dans sa publication et qui ne peut pas être inférieur à un mois. La publication
tient compte de l'intérêt légitime des entreprises à la protection de leurs secrets
d'affaires »).

127. Une fois la procédure ouverte, étant précisé que la Commission peut ouvrir
une enquête antérieurement ou rejeter une plainte sans ouvrir de procédure, les
parties concernées sont informées par la Commission qui peut, en outre, rendre
o
cette ouverture publique (Règl. n  773/2004, art. 2-4).

Art. 2 - Plaintes

128. Seules peuvent déposer une plainte, dans l'une des langues officielles de la
Communauté, les personnes physiques ou morales qui ont un intérêt légitime et
o o
les États membres (Règl. n  1/2003, art. 7, point 2, et Règl. n  773/2004, art. 5).
ACTUALISATION
5, 128, 168, 499. Absence de pratiques déloyales de France Télécom.
- Le Tribunal de l'Union européenne a confirmé la décision de la Commission
saisie par la société Vivendi dans le cadre d'une plainte pour violation des
règles de concurrence par France Télécom. La Commission avait rejeté la
plainte de Vivendi sur les pratiques tarifaires de France Télécom pour
certaines prestations de gros de télécommunication car ces pratiques
n'avaient eu que des effets limités sur le fonctionnement des marchés de
détail (Trib. UE, 16 oct. 2013, Vivendi c/ Commission, aff. T-432/10).

129. Le projet de communication de la Commission relative au traitement, par la


Commission, des plaintes déposées au titre des articles 81 et 82 du Traité CE
o
(préc. supra, n  6), détaille le régime des plaintes, mais seulement de celles
déposées par les personnes physiques ou morales.

130. Sont donc exclues du champ du projet de communication : les plaintes


déposées par les États membres ; les plaintes demandant à la Commission de
prendre des mesures à l'encontre d'un État membre en application des
dispositions combinées des articles 86, paragraphe 3, et 81 ou 82 ; les plaintes
relatives à l'article 87 concernant les aides d'État ; les plaintes portant sur des
infractions commises par les États membres que la Commission peut poursuivre
en application de l'article 226 du Traité CE (procédure de manquement).

131. Ainsi, toute entreprise, toute personne qui fait valoir qu'elle subit un
préjudice en raison d'une restriction de concurrence, dispose d'un intérêt légitime
à dénoncer la pratique et à demander à la Commission d'y mettre fin.

er
§ 1 - Différents types de saisine

132. Le plaignant peut saisir soit une autorité nationale, soit une juridiction
nationale.

133. Le projet de communication de la Commission relative au traitement par la


Commission des plaintes déposées au titre des articles 81 et 82 du Traité CE
(préc.), constitue un guide pour les personnes physiques et morales leur
permettant de décider si la plainte doit être adressée à la Commission, à une des
autorités de concurrence ou à une juridiction nationale.

134. Il convient de rappeler que les juridictions nationales sont compétentes pour
prononcer la nullité des clauses ou des contrats illicites et des dommages et
intérêts.
135. Contrairement aux juridictions nationales, qui statuent sur toutes les
affaires dont elles sont saisies, les autorités nationales de concurrence, qui
agissent dans l'intérêt public, doivent fixer des priorités dans le traitement des
affaires. La Cour de justice considère que la Commission doit définir et mettre en
œuvre l'orientation de la politique communautaire de la concurrence et peut
accorder des priorités aux plaintes dont elle est saisie (CJCE, 14 déc. 2000,
Masterfoods et HB, aff. C-344/98  , Rec. I. 11369, point 46 ; CJCE, 4 mars 1999,
UFEX E.A. c/ Commission, aff. C-119/97   P, Rec. I. 1341, point 88 ; TPI,
18 sept. 1992, Automec c/ Commission [Automec II], aff. T-24/90, Rec. II. 2223,
points 73 à 77).

136. Dans le cadre de la coopération entre les autorités nationales, les


os
juridictions et la Commission (V. supra, n  43et s.), la Commission se concentre
sur les deux axes suivants : l'application des règles communautaires de
concurrence dans les cas où elle est bien placée pour agir en mettant l'accent sur
les infractions les plus graves, et le traitement des cas utiles en vue de définir la
politique communautaire de la concurrence et/ou d'assurer l'application cohérente
des articles 81 et 82 du Traité CE (Projet de communication de la Commission
relative au traitement par la Commission des plaintes déposées au titre des
o
articles 81 et 82 du Traité CE [préc. supra, n  6], point 11).

§ 2 - Dépôt des plaintes

A - Formulaire de dépôt

137. La plainte doit être conforme au formulaire C (Projet de communication,


point 29).

138. Pour déposer une plainte, les personnes physiques ou morales doivent


fournir des informations contenues dans le formulaire C annexé au règlement
o
n  773/2004, étant précisé que la Commission peut lever cette obligation pour
une partie des informations (Règl., art. 5-1). Dans ce dernier cas, le projet de
communication précise que cette possibilité peut notamment faciliter la tâche des
associations de consommateurs lorsqu'elles n'ont pas accès à des éléments
d'informations spécifiques provenant des entreprises visées dans la plainte (Projet
de communication de la Commission relative au traitement par la Commission des
plaintes déposées au titre des articles 81 et 82 du Traité CE, point 31). La plainte
doit en tout état de cause être motivée et déposée dans l'une des langues
officielles de la Communauté (Règl., art. 5-3).

139. Ce formulaire, déposé en trois copies, si possible une copie électronique et


une version non confidentielle le cas échéant, comprend les informations
suivantes : des informations concernant le plaignant et l'entreprise, les
entreprises ou l'association d'entreprises donnant lieu à la plainte ; des
renseignements concernant l'infraction présumée et les preuves ; le résultat
escompté de l'intervention de la Commission, et l'intérêt légitime ainsi que les
procédures devant les autorités de concurrence ou les juridictions nationales.

140. À l'appui des informations, les plaignants peuvent fournir des pièces et,
dans la mesure du possible, indiquer à la Commission où elle peut se procurer les
éléments et documents pertinents dont ils ne disposent pas.

B - Intérêt légitime

141. Contrairement aux personnes physiques et morales, les États membres sont


réputés avoir un intérêt légitime pour toutes les plaintes qu'ils déposent.

142. Seules sont recevables les plaintes des personnes physiques ou morales qui
font valoir un intérêt légitime (Communication, point 33).

143. La Cour s'est inspirée d'une doctrine (E. PAULIS, La position de la partie


plaignante en matière de concurrence, RTD eur. 1987. 621, not. 621 et 631)
selon laquelle l'intérêt légitime ne doit pas être interprété plus largement que la
condition de recevabilité d'un recours en annulation contre une décision adressée
à une autre personne (V. Recours en annulation [Eur.]). Dans ce cas, le recours
n'est recevable que si la personne est directement et individuellement concernée.
o
Appliquée à l'article 7 du règlement n  1/2003 (décision de constatation/cessation
d'infraction), cette condition ne peut être remplie que si l'infraction alléguée est
capable d'affecter la position du plaignant sur le marché en cause de manière
substantielle (A. DECOCQ et G. DECOCQ, op. cit., p. 433-434, point 341).

144. Le projet de communication fournit une liste non exhaustive d'exemples de


cas constituant ou ne constituant pas un intérêt légitime (points 35 et s.).

145. De son côté, le Tribunal de première instance estime qu'une association


d'entreprises peut faire valoir un intérêt légitime à introduire une plainte, même
si elle n'est pas directement concernée, en tant qu'entreprise opérant sur le
marché en cause, par le comportement dénoncé, à condition toutefois, d'une
part, qu'elle ait le droit de représenter les intérêts de ses membres et, d'autre
part, que le comportement dénoncé soit susceptible de léser les intérêts de ceux-
ci (TPI, 24 janv. 1995, BEMIM c/ Commission, aff. T-114/92, Rec. II. 147,
point 28).

146. La Commission peut, à n'importe quel moment de l'instruction, vérifier si la


condition de l'intérêt légitime est remplie (TPI, 16 sept. 1998, IECC c/
Commission, aff. jointes T-133/95 et T-204/95, Rec. II. 3645, point 79).
§ 3 - Examen des plaintes

A - Intérêt communautaire

147. La Commission décide d'instruire une plainte si l'intérêt communautaire est


suffisant (Projet de communication, points 41 et s.).

148. La Commission n'a aucune obligation d'instruire une plainte ou de prendre


une décision quant à l'existence ou l'inexistence d'une infraction (Projet de
communication de la Commission relative au traitement par la Commission des
plaintes déposées au titre des articles 81 et 82 du Traité CE, point 41). Elle a
toutefois l'obligation de se prononcer. Ainsi, le défaut de répondre n'ayant pas
valeur de décision, la seule voie de recours dont dispose le plaignant est le
recours en carence (TPI ord., 29 mars 1999, Garage Massol c/ Commission, aff.
T-77/96 , in Droit européen des affaires, Études : Enquêtes de concurrence CE-57
– Obligation de se prononcer, version en ligne).

149. Lorsque la plainte peut relever de la compétence d'une autorité nationale de


concurrence, la Commission apprécie le degré de priorité de ladite plainte. Un tel
degré de priorité peut être déterminé en fonction de l'intérêt communautaire.

150. Pour apprécier l'intérêt communautaire, la Commission examine les


éléments de fait et de droit portés à sa connaissance. Les critères d'appréciation
diffèrent d'un cas à un autre et il est possible d'appliquer des critères qui
n'avaient pas été envisagés jusqu'alors (CJCE, 4 mars 1999, UFEX E.A. c/
Commission, aff. C-119/97   P, Rec. I. 1341, points 79-80).

151. Parmi les critères que la jurisprudence a estimés pertinents figurent les


suivants (point 44 du Projet de communication de la Commission relative au
traitement par la Commission des plaintes déposées au titre des articles 81 et 82
du Traité CE) :

152. La Commission peut rejeter une plainte au motif que le plaignant peut
introduire des actions pour faire valoir ses droits devant les juridictions
nationales.

153. La Commission peut ne pas considérer certaines situations comme exclues


par principe de son domaine de compétence dans le cadre de la mission que lui
confie le Traité CE, mais elle est tenue d'apprécier dans chaque espèce la gravité
des atteintes alléguées à la concurrence et la persistance de leurs effets. Cette
obligation implique notamment qu'elle tienne compte de la durée et de
l'importance des infractions dénoncées ainsi que de leur incidence sur la situation
de la concurrence dans la Communauté.
154. Il se peut que la Commission doive mettre en balance l'importance de
l'infraction alléguée pour le fonctionnement du Marché commun, la probabilité de
pouvoir établir son existence et l'étendue des mesures d'investigation
nécessaires, en vue de remplir sa mission de surveillance du respect des articles
81 et 82 du Traité CE.

155. L'existence du pouvoir discrétionnaire de la Commission n'est pas fonction


du caractère plus ou moins avancé de l'instruction d'une affaire. En revanche, cet
élément fait partie des circonstances de l'espèce que la Commission peut devoir
prendre en considération.

156. La Commission peut décider qu'il n'est pas opportun de donner suite à une
plainte dénonçant des pratiques qui ont ultérieurement cessé. Mais, à cet effet,
elle devra vérifier si certains effets anticoncurrentiels persistent et si la gravité
des infractions ou la persistance de leurs effets ne confère pas à la plainte un
intérêt communautaire.

157. La Commission peut aussi décider qu'il n'est pas opportun de donner suite à
une plainte si les entreprises concernées acceptent de modifier leur
comportement de telle sorte qu'elle peut considérer qu'il n'y a plus un intérêt
communautaire suffisant pour intervenir.

B - Appréciation au regard des articles 81 et 82 du Traité CE

158. Une plainte est examinée sous deux aspects : d'une part, les faits, et
d'autre part, l'appréciation juridique (Projet de communication, points 46 et s.).

159. Pour l'appréciation juridique des plaintes, il est recommandé aux plaignants


de se reporter aux informations pouvant être obtenues auprès de la Commission,
en sus d'autres sources, et notamment à la jurisprudence des juridictions
communautaires et à la pratique constante de la Commission.

160. Le projet de communication de la Commission relative au traitement par la


Commission des plaintes déposées au titre des articles 81 et 82 du Traité CE
traite de quatre pratiques spécifiques avec des renvois aux sources
d'informations : – les accords ou les pratiques susceptibles d'affecter le
commerce entre États membres relèvent du champ d'application des articles 81
et 82 du Traité CE (V. Lignes directrices relatives à la notion d'affectation du
o
commerce figurant aux articles 81 et 82 du Traité CE, JOUE, n  C 101, 27 avr.
2004) ; – les accords d'importance mineure (V. Communication de la Commission
concernant les accords d'importance mineure qui ne restreignent pas
er
sensiblement le jeu de la concurrence au sens de l'article 81, paragraphe 1 , du
o
Traité CE instituant la Communauté européenne [de minimis], JOCE, n  C 368,
22 déc. 2001) ; – les règlements d'exemption ; – les accords qui remplissent les
conditions de l'article 81, paragraphe 3, du Traité CE (V. Lignes directrices
concernant l'application de l'article 81, paragraphe 3, du Traité CE, JOUE,
o
n  C 101, 27 avr. 2004).

§ 4 - Procédure de traitement des plaintes par la Commission

161. Il y a trois phases d'examen des plaintes par la Commission.

162. La première phase consiste, pour la Commission, à s'interroger sur la


question de savoir si elle a besoin d'informations complémentaires auprès des
entreprises. Il est possible, en outre, que la Commission donne, à ce stade, une
idée sur l'affaire, ce qui permet au plaignant de développer ses allégations (Projet
de communication de la Commission relative au traitement par la Commission des
o
plaintes déposées au titre des articles 81 et 82 du Traité CE [préc. supra, n  6],
point 55).

163. Lors de la deuxième phase, soit la Commission décide d'instruire, soit elle


estime que les motifs sont insuffisants pour agir et en informe le plaignant
os
(V. infra, n  168 et s.).

164. La troisième phase consiste à engager la procédure ou à rejeter la plainte


os
(V. infra, n  168et s.).

165. La Commission doit se prononcer sur les plaintes dans un délai raisonnable
(CJCE, 18 mars 1997, Guérin automobiles c/ Commission, aff. C-282/95 P,
Rec. I. 1503, point 37) qui s'apprécie en raison des circonstances de l'affaire, du
contexte, des étapes de la procédure, de la complexité, de l'enjeu pour les parties
(Projet de communication de la Commission relative au traitement par la
Commission des plaintes déposées au titre des articles 81 et 82 du Traité CE,
point 60).

166. Il y a toutefois un délai indicatif de quatre mois, à compter de la réception


de la plainte. À l'issue de ce délai, la Commission instruit ou n'instruit pas
l'affaire. Ce délai n'est toutefois pas réglementaire et ne lie pas la Commission
(Projet de communication, point 61).

167. Pendant cette période de quatre mois, la Commission peut communiquer au


plaignant la suite qu'elle envisage, et dès la deuxième phase, la Commission peut
communiquer au plaignant son appréciation par lettre (Projet de communication,
o
point 62) (V. Règl. n  773/2004 relatif au rejet de la plainte, art. 7, et V. infra,
os
n  168 et s.).
§ 5 - Rejet d'une plainte

A - Cas de rejet

o
168. En vertu de l'article 7 du règlement n  773/2004, la Commission peut ne
pas donner suite à une plainte en raison de l'absence de motifs suffisants. Dans
ce cas, elle en informe les plaignants, qui disposent d'un délai pour faire valoir
leurs observations par écrit. La Commission peut ne pas suivre ces observations
et rejeter la plainte. Il en sera de même si les plaignants ne font aucune
observation. Dans ce dernier cas, la plainte est considérée avoir été retirée.

ACTUALISATION
5, 128, 168, 499. Absence de pratiques déloyales de France Télécom.
- Le Tribunal de l'Union européenne a confirmé la décision de la Commission
saisie par la société Vivendi dans le cadre d'une plainte pour violation des
règles de concurrence par France Télécom. La Commission avait rejeté la
plainte de Vivendi sur les pratiques tarifaires de France Télécom pour
certaines prestations de gros de télécommunication car ces pratiques
n'avaient eu que des effets limités sur le fonctionnement des marchés de
détail (Trib. UE, 16 oct. 2013, Vivendi c/ Commission, aff. T-432/10).

168 s. Procédure concernant le rejet des plaintes. - Voir les points 134


à 141 de la communication du 20 octobre 2011 précitée (V.infra, Mise à jour,
os
n  177 s.).

169. Toute décision rejetant une plainte doit être motivée, c'est-à-dire exposer
de manière claire et nette le raisonnement suivi par la Commission, pour
permettre au plaignant de vérifier les motifs de la décision, et au juge d'exercer
son contrôle (Projet de communication, point 75).

170. Une simple lettre de la Commission dans laquelle elle informe le plaignant


qu'elle ne donne pas suite à sa plainte et qui ne lui donne pas l'occasion de
prendre position sur ce classement, est assimilée à un rejet et est donc
attaquable (CJCE, 16 juin 1994, SFEI E.A. c/ Commission, aff. C-39/93 P,
Rec. I. 2681 ; TPI, 18 mai 1994, BEUC et NCC c/ Commission, aff. T-37/92,
Rec. II. 285, in Droit européen des affaires, Études : Enquêtes de concurrence
CE-60 – Classement de la plainte, version en ligne).

171. La Commission peut également rejeter une plainte lorsque l'affaire est
traitée ou a été traitée par une autorité nationale de concurrence, en vertu de
er o o
l'article 13, paragraphe 1 , du règlement n  1/2003 (Règl. n  773/2004, art. 9).
172. Enfin, la Commission peut rejeter une plainte dans une affaire donnant lieu
à une décision en vertu des articles 9 (engagements) ou 10 (constatation
o
d'inapplicabilité) du règlement n  1/2003. La décision de rejet de la plainte peut
mentionner la décision de constatation d'inapplication ou rendant les
engagements des entreprises obligatoires (Projet de communication, point 76).

173. Les appréciations portées par la Commission sur une plainte ne sont pas de
nature à empêcher le juge national ou l'autorité de concurrence d'un État
membre d'appliquer les articles 81 et 82 aux pratiques qui sont soumises à leur
propre appréciation (Projet de communication, point 79).

B - Effets du rejet d'une plainte

174. Toute décision de rejet peut faire l'objet d'un recours en annulation devant
les juridictions communautaires (Projet de communication, point 77) (V. infra,
os
n  499 et s.).

175. Une telle décision a pour effet de bloquer la demande de réouverture de


l'enquête par le plaignant, sauf s'il fait état de nouveaux éléments de preuve
significatifs (Projet de communication, point 78). La Commission peut néanmoins
réouvrir un dossier si les circonstances l'exigent.

176. Par ailleurs, comme mentionné précédemment, une décision de rejet ne


statuant pas définitivement sur la question de l'existence ou de l'inexistence
d'une infraction, n'est pas de nature à empêcher le juge national ou l'autorité de
concurrence d'un État membre d'appliquer les articles 81 et 82. Les éléments
d'appréciation de la Commission peuvent toutefois être utilisés par les juridictions
ou les autorités nationales de concurrence (Projet de communication, point 79).

Section 5 - Procédure

er
Art. 1 - Enquêtes par la Commission

er
§ 1 - Enquêtes par secteur économique et par type d'accord

177. La Commission a la possibilité d'ouvrir une enquête d'office dans un secteur


économique en particulier, ou sur un type d'accord particulier, quel que soit le
secteur économique en cause, en vue de l'application des articles 81 et 82 du
er o
Traité CE. L'article 17, paragraphe 1 , du règlement n  1/2003 lui octroie cette
faculté lorsque l'évolution des échanges entre les États membres, la rigidité des
prix ou d'autres circonstances font présumer que la concurrence peut être
restreinte ou faussée à l'intérieur du Marché commun.

ACTUALISATION
177 s. Procédure. - La Commission a adopté une communication
concernant les bonnes pratiques relatives aux procédures d'application des
articles 101 et 102 du TFUE publiée le 20 octobre 2011 (Communication
o o
n  2011/C 308/06 de la Commission, 20 oct. 2011, JOUE, n  C 308, 20 oct.).
Ce texte vise à améliorer la compréhension du déroulement des enquêtes de
la Commission et ainsi à accroître l'efficacité de ces enquêtes en garantissant
un haut degré de transparence et de prévisibilité dans leur déroulement. Elle
porte sur les principales procédures concernant les infractions présumées aux
articles 101 et 102 du TFUE.

La phase d'enquête est traitée aux points 9 à 76 de la communication du


20 octobre 2011 (préc.).

178. La Commission a le pouvoir de demander des renseignements aux


os
entreprises en cause (V. infra, n  182 et s.), et de procéder à des inspections
os
(V. infra, n  202 et s.).

179. Le texte prévoit notamment que la Commission a la possibilité de demander


aux entreprises en cause de lui communiquer tous accords, décisions et pratiques
o
concertées (Règl. n  1/2003, art. 17-1, al. 2).

180. La Commission a la possibilité de publier un rapport relatif à de telles


o
enquêtes, et d'inviter les tiers à présenter leurs observations (Règl. n  1/2003,
art. 17-1, dern. al.).

181. Enfin, dans le cadre des enquêtes par secteur économique et par type
d'accord, la Commission doit consulter le comité consultatif en matière d'ententes
o
et de positions dominantes (Règl. n  1/2003, art. 14) ; elle a le pouvoir de
demander des renseignements (art. 18), de recueillir des déclarations (art. 19),
d'effectuer des inspections (art. 20) ; elle peut demander à une autorité nationale
de concurrence d'exécuter l'enquête en son nom et pour son compte (art. 22) ;
elle a le pouvoir d'infliger des amendes (art. 23) et des astreintes (art. 24).

§ 2 - Renseignements et déclarations


A - Renseignements

182. Dans le cadre de ses enquêtes, la Commission a le pouvoir de demander


des renseignements aux entreprises en cause, en vertu de l'article 18 du
o
règlement n  1/2003.

183. La demande de renseignements peut revêtir deux formes : demande de


o
renseignements simple (Règl. n  1/2003, art. 18-2), et demande de
renseignements par voie de décision (art. 18-3).

184. La demande de renseignements, qu'elle soit simple ou par voie de décision,


doit indiquer : la base juridique, le but de la demande, les renseignements
demandés, le délai dans lequel les renseignements doivent être fournis, les
sanctions encourues en cas de renseignement inexact ou dénaturé (Règl.
o
n  1/2003, art. 18-2).

185. La demande de renseignements par voie de décision revêt un caractère


contraignant. L'entreprise destinataire est obligée de fournir les renseignements
demandés à la Commission. Elle doit donc préciser, en plus de la base juridique,
du but de la demande, des renseignements demandés, du délai dans lequel
lesdits renseignements doivent être fournis, et des sanctions encourues en cas de
renseignement inexact ou dénaturé (comme pour la demande simple de
renseignements), les sanctions encourues en cas de renseignement incomplet ou
en cas de défaut de renseignement, et le droit de recours ouvert devant la Cour
de justice (le Tribunal de première instance est la juridiction compétente pour
connaître des recours en matière de droit communautaire de la concurrence :
o o
V. infra, n  497) contre la décision (Règl. n  1/2003, art. 18-3).

186. La jurisprudence considère ces exigences comme fondamentales en vue de


faire apparaître le caractère justifié des informations sollicitées et de mettre les
entreprises en cause en mesure de saisir la portée de leur devoir de collaboration
tout en préservant leurs droits de la défense (TPI, 8 mars 1995, Société générale
c/ Commission, aff. T-34/93, Rec. II. 545).

187. Toutefois, la jurisprudence pose une limite à ce pouvoir de la Commission.


En effet, le respect des droits de la défense s'oppose à ce que, par le biais d'une
demande de renseignements par voie de décision, la Commission impose à
l'entreprise l'obligation de fournir des renseignements qui la conduirait à
reconnaître l'existence de l'infraction. C'est la Commission qui doit fournir la
preuve de l'existence d'une pratique anticoncurrentielle (CJCE, 18 oct. 1989,
Orkem c/ Commission, aff. 374/87, Rec. 3283 ; CJCE, 18 oct. 1989, Solvay c/
Commission, aff. 27/88, Rec. 3355 ; TPI, 20 févr. 2001, Mannesmannröhren-
Werke c/ Commission, aff. T-112/98, Rec. II. 729).
188. Selon la Cour de justice, le droit de ne pas contribuer à sa propre
incrimination vise également les faits qui permettraient d'établir l'existence d'une
simple circonstance aggravante. Cependant, et bien qu'elles ne soient pas
contraintes d'admettre qu'elles ont commis une infraction, les entreprises sont
obligées de répondre à des questions factuelles et de produire des documents,
même si ces informations peuvent servir à établir à leur encontre ou à l'encontre
o
d'une autre entreprise, l'existence d'une infraction (Règl. n  1/2003, considérant
23 ; CJCE, 29 juin 2006, Commission c/ SGL Carbon AG, aff. C-301/04 P,
Rec. I. 5915).
o
189. Avant le règlement n  1/2003, la Commission était tenue de passer par la
demande de renseignements simple avant de pouvoir procéder à la demande de
renseignements par voie de décision. La Commission y recourait ainsi à l'égard
des entreprises récalcitrantes. Ce n'est plus le cas depuis l'entrée en vigueur du
o
règlement n  1/2003.

190. Pour cette raison, la demande de renseignements par voie de décision doit


indiquer les astreintes encourues en cas de non-réponse dans le délai imparti
os
(V. infra, n  310et s.), et préciser que les entreprises en cause disposent d'un
droit de recours devant la Cour de justice (le Tribunal de première instance est la
juridiction compétente pour connaître des recours en matière de droit
o
communautaire de la concurrence : V. infra, n  497) contre cette décision (Règl.
o o
n  1/2003, art. 18-3 ; V. supra, n  185).

191. L'obligation de fournir les renseignements incombe aux propriétaires des


entreprises en cause, ou à leurs représentants légaux, ou encore aux personnes
chargées de les représenter lorsque l'entreprise en cause n'a pas la personnalité
o
morale. En outre, depuis le règlement n  1/2003, les entreprises en cause ont la
capacité de charger leurs avocats de fournir les renseignements en leur nom. Le
mandant reste toutefois pleinement responsable du caractère complet, exact et
o
non dénaturé des renseignements fournis (Règl. n  1/2003, art. 18-4).

192. Une copie de la demande de renseignements, quelle qu'elle soit, est


adressée à l'autorité de concurrence de l'État membre sur le territoire duquel est
situé le siège de l'entreprise. La demande est aussi adressée aux autorités de cet
o
État (Règl. n  1/2003, art. 18-5).

193. La demande de renseignements doit revêtir un caractère nécessaire : elle


doit présenter un lien avec l'infraction présumée, et permettre de déceler une
infraction ou de confirmer les présomptions ou indices de la Commission (CJCE,
18 oct. 1989, Orkem c/ Commission, aff. 374/87, Rec. 3283 ; TPI, 12 déc. 1991,
SEP c/ Commission, aff. T-39/90, Rec. II. 1497 ; CJCE, 18 oct. 1989, Solvay c/
Commission, aff. 27/88, Rec. 3355).
194. La jurisprudence précise que la demande de renseignements peut
valablement intervenir après une vérification sur place (CJCE, 18 oct. 1989,
Orkem c/ Commission, aff. 374/87, Rec. 3283).

195. Lorsque la Commission le demande, les gouvernements et les autorités de


concurrence des États membres lui fournissent les renseignements nécessaires à
o
l'accomplissement de sa mission (Règl. n  1/2003, art. 18-6).

B - Déclarations

o
196. Depuis le règlement n  1/2003 et dans le cadre de ses enquêtes, la
o
Commission a le pouvoir de recueillir des déclarations (Règl. n  1/2003, art. 19).
Elle peut ainsi interroger toute personne morale ou physique. La personne que la
Commission souhaite interroger est libre de faire suite à la demande de la
Commission ou non. Dans le cadre de ses enquêtes, la Commission peut
interroger toute personne qui l'accepte.

197. Lorsque l'entretien a lieu dans les locaux d'une entreprise, la Commission


informe l'autorité de concurrence de l'État membre sur le territoire duquel
l'entretien a lieu. Les autorités de concurrence de l'État membre concerné
peuvent en effet, à la demande de la Commission, prêter assistance à cette
o
dernière (Règl. n  1/2003, art. 19-2).

198. Aucune sanction n'est prévue en cas de réponse incomplète, incorrecte ou


dénaturée.
o o
199. L'article 3 du règlement n  773/2004 (Règl. n  773/2004 de la Commission,
o
7 avr. 2004, JOUE, n  L 123, 27 avr., relatif aux procédures mises en œuvre par
la Commission en application des articles 81 et 82 du Traité CE), prévoit que la
Commission précise au début de l'entretien : la base juridique de son
intervention, son objectif, le caractère volontaire de l'intervention de la personne
en cause, éventuellement, son intention d'enregistrer l'entretien.

ACTUALISATION
5, 125, 199, 399. Le 3 août 2015, la Commission a adopté un nouveau
o
règlement modifiant le règlement n  773/2004 relatif aux règles de la
concurrence dans ses articles 81 et 82 dans le cadre des enquêtes et de
o
l'accès au dossier (Règl. (UE) n  2015/1348 de la Commission, 3 août 2015,
o
JOUE, n  L 208, 5 août).
200. L'entretien peut être réalisé par tout moyen de communication, y compris
o
par téléphone ou par voie électronique (Règl. n  773/2004, art. 3-2) (ce qui
signifie que l'agent de la Commission n'a pas l'obligation d'être dans les locaux de
l'entreprise), et l'enregistrement peut prendre n'importe quelle forme. Une copie
de tout enregistrement est mise à la disposition de la personne interrogée, pour
o
approbation (Règl. n  773/2004, art. 3-3).

201. Enfin, la Commission peut fixer un délai dans lequel la personne interrogée


o
aura la possibilité de revenir sur sa déclaration (Règl. n  773/2004, art. 3-3).

§ 3 - Inspections

o
202. L'article 20 du règlement n  1/2003 octroie à la Commission le pouvoir
o
d'effectuer des inspections. Le pouvoir d'inspection du règlement n  1/2003 se
o
substitue au pouvoir de vérification du règlement n  17. Comme pour les
demandes de renseignements, on distingue les inspections sur mandat écrit, des
inspections ordonnées par voie de décision.

203. Dans le cadre de ses pouvoirs d'inspection, la Commission dispose des


prérogatives suivantes : – accéder à tous les locaux, terrains et moyens de
transport des entreprises ; – contrôler les livres ainsi que tout document
professionnel, quel qu'en soit le support ; – en prendre ou obtenir copie ou
extrait, sous quelque forme que ce soit ; – apposer des scellés sur les locaux
commerciaux ou les livres et documents pendant la durée de l'inspection ; –
demander à tout représentant ou membre du personnel de l'entreprise en cause
des explications sur les faits ou documents en rapport avec l'objet et le but de
l'inspection, et enregistrer les réponses.

204. L'article 20 tient compte de l'évolution technologique et des nouveaux


modes de conservation des données (« quel qu'en soit le support », « sous
quelque forme que ce soit »). La Commission, qui interprétait auparavant le
o
terme « examiner » de l'article 14 du règlement n  17/62 (C. S. KERSE, EC
e
Antitrust Procedure, 4  éd., 1998, Sweet & Maxwell, para. 3.31, in A. RILEY, EC
Antitrust Modernisation : The Commission Does Very Nicely - Thank You ! Part
One : Regulation 1 and the Notification Burden, European Competition Law
Review 2003, issue 11, p. 604) pour obtenir des données informatiques, dispose
désormais d'une base juridique sûre pour prendre copie desdites données.
o
205. Le règlement n  1/2003 (art. 20-2, d) consolide aussi la base juridique,
auparavant informelle (en recourant aux autorités nationales de concurrence), qui
permettait à la Commission d'apposer des scellés (P. M. ROTH, C. BELLAMY et
e
G. CHILD, European Community Law of Competition, 5  éd., 2001, Sweet &
Maxwell, para. 12-016, in A. RILEY, article préc., European Competition Law
Review 2003, issue 11, p. 604). Les scellés sont utiles lorsque l'inspection dure
plus de 24 heures, ou lorsque les enquêteurs doivent s'absenter en cours
d'inspection. Toutefois, ils ne doivent normalement pas être apposés pendant plus
o
de soixante-douze heures (Règl. n  1/2003, considérant 25).

206. La question de savoir jusqu'où la Commission peut aller lorsqu'elle pose des
questions dans le cadre d'une inspection avait donné lieu à de nombreux débats
en doctrine (A. RILEY, article préc., European Competition Law Review 2003,
o
issue 11, p. 604). Sous l'empire de l'article 14 du règlement n  17/62, la
jurisprudence a considéré que la Commission, en effectuant une vérification telle
que prévue à l'article 14 du règlement 17 (devenue inspection de l'art. 20 du
o
règlement n  1/2003), a le pouvoir de demander des renseignements sur les
questions concrètes spécifiques découlant des livres et documents professionnels
qu'elle examine (CJCE, 26 juin 1980, National Panasonic c/ Commission, aff.
o
136/79, Rec. 2033). L'article 20, paragraphe 2, e, du règlement n  1/2003 va
toutefois plus loin, puisqu'il prévoit expressément que la Commission peut
demander à tout représentant ou membre du personnel de l'entreprise en cause
des explications sur les faits ou documents en rapport avec l'objet et le but de
l'inspection.

207. La Commission peut en outre se faire communiquer les documents qu'elle


demande, entrer dans les locaux et se faire présenter le contenu des meubles
qu'elle indique, mais elle ne peut pas forcer l'accès à des locaux et à des meubles
ou contraindre le personnel de l'entreprise à lui fournir un tel accès sans
l'autorisation des responsables de l'entreprise (CJCE, 21 sept. 1989, Hoechst c/
Commission, aff. jointes 46/87 et 227/88, Rec. 2859).

208. Le caractère professionnel d'un document ne peut pas être déterminé par
avance. Toutefois, les agents de la Commission peuvent raisonnablement
présumer qu'un document qui se trouve sur le lieu de travail constitue un
document professionnel. Ce n'est qu'après sa consultation que la Commission
peut constater qu'il s'agit d'un document privé, auquel cas, elle ne peut le retenir,
o
ni en prendre copie (Lamy droit économique, 2005, n  2191).
o
209. L'article 4 du règlement n  773/2004 (préc.) précise que les explications
fournies par les représentants ou membres du personnel de l'entreprise en cause
peuvent être enregistrées sous toute forme.

210. Une copie de l'enregistrement est mise à la disposition de l'entreprise.


Lorsque les explications ont été fournies par un membre du personnel qui n'était
pas autorisé par l'entreprise en cause à les fournir en son nom, la Commission
attribue à l'entreprise en cause un délai pour adresser tout rectificatif,
modification ou supplément d'explication, lesquels sont ajoutés à l'enregistrement
o
(Règl. n  773/2004, art. 4-3).

A - Inspection sur mandat écrit

211. Pour mettre en œuvre son pouvoir d'inspection, les agents mandatés par la
Commission doivent produire un mandat écrit qui précise l'objet et le but de
o
l'inspection, ainsi que l'amende prévue à l'article 23 du règlement n  1/2003 en
cas de présentation de documents professionnels incomplets et de réponses
o
inexactes ou dénaturées (Règl. n  1/2003, art. 20-3).

212. Avant de procéder à une inspection sur mandat, la Commission avise


l'autorité de concurrence de l'État membre sur le territoire duquel l'inspection doit
o
être effectuée (Règl. n  1/2003, art. 20-3).

213. En cas de refus d'inspection, la Commission acte ce refus sur un procès-


verbal, dont l'entreprise peut obtenir copie (Lamy droit économique, 2010,
o
« Procédure en matière d'entente et d'abus de position dominante », n  1782).
Elle doit alors recourir à l'inspection par voie de décision pour contraindre
l'entreprise en cause à lui laisser l'accès aux documents.

B - Inspections par voie de décision

214. La Commission peut recourir à la procédure d'inspection par voie de


décision soit directement, par exemple lorsqu'elle soupçonne l'existence d'une
infraction si grave qu'elle craint la disparition de documents ou de preuves (pour
préserver l'effet de surprise), soit après une inspection sur mandat restée
infructueuse.

215. Lorsqu'elle s'apprête à prendre une décision d'inspection, la Commission


doit au préalable avoir entendu l'autorité de concurrence sur le territoire duquel
o
l'inspection doit avoir lieu (Règl. n  1/2003, art. 20-4). Le texte ne prévoit
toutefois pas que la Commission est liée par l'avis rendu par l'autorité nationale
o
de concurrence en cause (P. RINCAZAUX et E. DIENY, Règlement CE n  1/2003 :
o
quels changements ?, RLDA juin 2003, n  61, p. 11).

216. Lorsque la Commission décide de procéder à une inspection par voie de


o
décision, les entreprises en cause sont tenues de s'y soumettre (Règl. n  1/2003,
art. 20-4).
217. La décision d'inspection doit indiquer les éléments suivants : l'objet et le but
de l'inspection, la date du début de l'inspection, les amendes et astreintes
o
prévues aux articles 23 et 24 du règlement n  1/2003, le droit de recours devant
la Cour de justice (le Tribunal de première instance est la juridiction compétente
pour connaître des recours en matière de droit communautaire de la
o o
concurrence : V. infra, n  497) contre la décision (Règl. n  1/2003, art. 20-4).

218. La décision d'inspection, comme le mandat d'inspection, est accompagnée


d'une note expliquant l'étendue et les limites des pouvoirs des agents de la
Commission, et précisant les droits des entreprises en cause.

219. Les inspecteurs de la Commission ont le pouvoir d'imposer l'inspection à


l'entreprise s'ils détiennent non seulement un mandat, mais également une
décision de la Commission. La jurisprudence précise dans cette hypothèse que
lorsque la Commission détient le pouvoir d'imposer la vérification (l'inspection) à
l'entreprise, elle doit demander l'autorisation du juge national si l'entreprise
s'oppose à ce qu'il soit procédé à cette vérification (inspection) (CJCE, 21 sept.
1989, Hoechst c/ Commission, aff. jointes 46/87 et 227/88, Rec. 2859).
o
220. Cette exigence a été reprise par le règlement n  1/2003, qui précise que
lorsque le droit national de l'État membre en cause requiert l'intervention d'une
autorité judiciaire nationale, cette autorisation doit être sollicitée par la
o
Commission, y compris à titre préventif (Règl. n  1/2003, art. 20-7).

221. L'autorité judiciaire nationale en cause contrôle l'authenticité de la décision


de la Commission et le caractère non arbitraire et non excessif des mesures
o
envisagées par rapport à l'objet de l'inspection (Règl. n  1/2003, art. 20-8). Ces
dispositions codifient des garanties qui étaient déjà requises, notamment par la
jurisprudence Hoechst (CJCE, 21 sept. 1989, Hoechst c/ Commission, aff. jointes
46/87 et 227/88, Rec. 2859).

222. Dans le cadre du contrôle de proportionnalité, l'autorité judiciaire en cause


peut demander des explications détaillées à la Commission, notamment sur les
motifs qui l'incitent à suspecter l'existence d'une pratique anticoncurrentielle, sur
la gravité de la violation suspectée, ou encore sur la nature de l'implication de
o
l'entreprise concernée (Règl. n  1/2003, art. 20-8). Cette disposition reprend les
principes dégagés par la jurisprudence (CJCE, 22 oct. 2002, Roquette Frères, aff.
C-94/00  , Rec. I. 9011).

223. Il appartient au seul juge national de déterminer si les informations


transmises par la Commission dans le cadre de sa demande lui permettent
d'exercer le contrôle qui lui est dévolu par l'article 20, paragraphe 8, et le mettent
donc en mesure de se prononcer utilement sur la demande qui lui a été
présentée. Le Tribunal de première instance n'est pas compétent pour procéder à
cette appréciation, l'appréciation effectuée par l'autorité judiciaire nationale étant
soumise aux seuls contrôles résultant des voies de recours internes qui seraient
ouvertes à l'encontre des décisions de cette autorité (TPI, 8 mars 2007, France
Télécom c/ Commission, aff. T-339/04, Rec. II. 521).

224. L'autorité judiciaire nationale ne contrôle toutefois pas la nécessité de


l'intervention de la Commission, et elle ne peut pas exiger la communication
d'informations qui figurent dans le dossier de la Commission. Le contrôle de la
légalité de la décision de la Commission est en effet réservé à la Cour de justice
(le Tribunal de première instance est la juridiction compétente pour connaître des
o
recours en matière de droit communautaire de la concurrence : V. infra, n  497)
o
(Règl. n  1/2003, art. 20-8).

225. Le règlement prévoit que les autorités nationales de concurrence de l'État


membre en cause ont l'obligation de prêter une assistance active à la Commission
o
si cette dernière le demande (Règl. n  1/2003, art. 20-5).

226. Si une entreprise reste récalcitrante à une inspection pourtant contraignante


de la Commission, l'État membre en cause doit prêter assistance à la
Commission, au besoin en recourant à la force publique ou à une autorité
o
disposant d'un pouvoir de contrainte équivalent (Règl. n  1/2003, art. 20-6).

227. La Commission n'a pas l'obligation d'avertir l'entreprise en cause avant de


procéder à une inspection (CJCE, 23 sept. 1986, AKZO Chemie c/ Commission,
aff. 5/85, Rec. 2585), et l'entreprise en cause ne peut exiger d'avoir été entendue
avant l'inspection, sur le fondement du respect des droits de la défense (CJCE,
26 juin 1980, National Panasonic c/ Commission, aff. 136/79, Rec. 2033).

228. La Commission doit indiquer clairement les présomptions qu'elle entend


vérifier (CJCE, 21 sept. 1989, Hoechst c/ Commission, aff. jointes 46/87 et
227/88, Rec. 2859).

229. La jurisprudence considère qu'une entreprise ne peut refuser l'accès de la


Commission à un local d'entreprise sur le fondement de l'inviolabilité du domicile
ou du non-respect de la vie privée (CJCE, 21 sept. 1989, Hoechst c/ Commission,
aff. jointes 46/87 et 227/88, Rec. 2859).

230. En outre, la Cour de justice juge que la Commission n'outrepasse pas ses
pouvoirs lorsqu'elle procède à une vérification dans des locaux appartenant à une
société autre que la société destinataire de la décision de vérification (CJCE ord.,
17 nov. 2005, Minoan Lines c/ Commission, aff. C-121/04 P, non publiée). La
Cour considère en effet que les agents de la Commission ont la possibilité de
mener une vérification dans les locaux d'une société non visée formellement dans
la décision de vérification, si, « aux yeux du public », la société mentionnée dans
la décision de vérification avait une activité commerciale à l'adresse des locaux de
la société non visée et si, « au regard de l'activité économique concernée », les
deux sociétés pouvaient être assimilées (CJCE ord., 30 mars 2006, Strintzis Lines
Shipping c/ Commission, aff. C-110/04 P, Rec. I. 44*).

C - Inspections dans les locaux non professionnels, terrains et moyens de


transport

o
231. Depuis l'entrée en vigueur du règlement n  1/2003, la Commission a le
pouvoir de procéder à des inspections dans les locaux autres que professionnels,
o
terrains ou moyens de transport (Règl. n  1/2003, art. 21). En effet, l'expérience
a montré qu'il arrive que des documents professionnels soient conservés au
o
domicile des dirigeants et des collaborateurs des entreprises (Règl. n  1/2003,
considérant 26).

232. Le texte vise notamment : « [le] domicile des chefs d'entreprises, des
dirigeants et des autres membres du personnel des entreprises et associations
o
d'entreprises concernées » (Règl. n  1/2003, art. 21-1).

233. Dans ce cas, la Commission doit justifier de l'existence d'un soupçon


raisonnable que des livres ou autres documents professionnels liés au domaine
faisant l'objet de l'inspection y sont conservés et pourraient être pertinents pour
o
prouver une violation grave de l'article 81 ou 82 du Traité (Règl. n  1/2003,
art. 21-1).

234. Une telle inspection est prise par voie de décision, après consultation de
l'autorité de concurrence de l'État membre sur le territoire duquel l'inspection doit
o
être effectuée (Règl. n  1/2003, art. 21-2).

235. La décision de la Commission doit indiquer les éléments suivants : l'objet et


le but de l'inspection, la date à laquelle elle commence, le droit de recours devant
la Cour de justice (le Tribunal de première instance est la juridiction compétente
pour connaître des recours en matière de droit communautaire de la
o
concurrence : V. infra, n  497), les motifs qui l'ont conduite à conclure en
o
l'existence d'un soupçon (Règl. n  1/2003, art. 21-2).

236. L'autorisation préalable de l'autorité judiciaire nationale de l'État membre


o
concerné est requise. Cette dernière contrôle (Règl. n  1/2003, art. 21-3) : –
l'authenticité de la décision de la Commission ; – le caractère non arbitraire et
non excessif des mesures envisagées par rapport à la gravité de la violation
suspectée, l'importance des éléments de preuve recherchés, l'implication de
l'entreprise concernée et la probabilité raisonnable que les livres et documents
liés à l'objet de l'inspection soient conservés dans les locaux pour lesquels
l'inspection est demandée.
237. Dans le cadre du contrôle de proportionnalité des mesures coercitives
envisagées, l'autorité judiciaire en cause peut demander des explications
o
détaillées à la Commission (Règl. n  1/2003, art. 21-3), notamment sur les motifs
qui l'incitent à suspecter l'existence d'une pratique anticoncurrentielle, sur la
gravité de la violation suspectée, ou encore sur la nature de l'implication de
l'entreprise concernée.

238. Elle ne contrôle toutefois pas la nécessité de l'intervention de la


Commission, et elle ne peut pas exiger la communication d'informations qui
figurent dans le dossier de la Commission. Le contrôle de la légalité de la décision
o
de la Commission est en effet réservé à la Cour de justice (Règl. n  1/2003,
art. 21-3, in fine) (le Tribunal de première instance est la juridiction compétente
pour connaître des recours en matière de droit communautaire de la
o
concurrence : V. infra, n  497).

239. La jurisprudence confirme également la compétence des juridictions


nationales pour contrôler l'application des règles nationales concernant la mise en
o
œuvre de mesures coercitives (Règl. n  1/2003, considérant 27).

240. Dans le cadre de cette inspection, la Commission dispose des pouvoirs


suivants : accéder à tous les locaux, terrains et moyens de transport des
personnes en cause, contrôler les livres ou tout autre document professionnel,
quel qu'en soit le support, en prendre ou en obtenir extrait ou copie sous quelque
o
forme que ce soit (Règl. n  1/2003, art. 21-4).

241. Les autorités nationales de concurrence de l'État membre en cause ont


l'obligation de prêter assistance active à la Commission si cette dernière le
demande. Si la personne qui fait l'objet de l'inspection reste récalcitrante, l'État
membre en cause doit prêter assistance à la Commission, au besoin en recourant
à la force publique ou à une autorité disposant d'un pouvoir de contrainte
o
équivalent (Règl. n  1/2003, art. 21-4).

242. L'entreprise en cause peut, avant le début de l'inspection, obtenir des


éclaircissements sur son objet et son but, ou sur des questions de procédure, y
compris le caractère confidentiel de l'inspection (Mémento pratique Francis
o
Lefebvre, Union européenne, 2008-2009, n  5268).

243. Avant le début de l'inspection, une copie conforme de la décision


d'inspection est adressée aux représentants de l'entreprise en cause. Un procès-
verbal de notification est alors établi et signé par les représentants en cause.
Celui-ci atteste uniquement de la délivrance de la décision aux représentants de
l'entreprise, et non pas de leur soumission à l'inspection (Lamy droit économique,
2010, « Procédure en matière d'entente et d'abus de position dominante »,
o
n  1708).
§ 4 - Droit au silence

244. Il s'agit, pour une personne soupçonnée, du droit de ne pas s'avouer


coupable.

245. Selon la Cour de justice, « la reconnaissance d'un droit au silence absolu


[…] irait […] au-delà de ce qui est nécessaire pour préserver les droits de la
défense des entreprises et constituerait une entrave injustifiée à
l'accomplissement, par la Commission, de la mission de veiller au respect des
règles de concurrence dans le marché commun… ». En effet, « un droit au silence
ne peut être reconnu à une entreprise destinataire d'une décision de demande de
renseignements […] que dans la mesure où elle serait obligée de fournir des
réponses par lesquelles elle serait amenée à admettre l'existence de l'infraction
dont il appartient à la Commission d'établir l'existence » (TPI, 20 févr. 2001,
Mannesmannröhren-Werke c/ Commission, aff. T-112/98, Rec. II. 729).
o
246. Cette jurisprudence n'est pas remise en cause par le règlement n  1/2003.
o
En effet, le considérant 23 du règlement n  1/2003 est clair à ce sujet puisqu'il
précise que « lorsqu'elles se conforment à une décision de la Commission, les
entreprises ne peuvent être contraintes d'admettre qu'elles ont commis une
infraction, mais elles sont en tout cas obligées de répondre à des questions
factuelles et de produire des documents, même si ces informations peuvent servir
à établir à leur encontre ou à l'encontre d'une autre entreprise l'existence d'une
infraction ».

247. Dès lors, les questions ne visant qu'à obtenir des précisions factuelles sur
l'objet et les modalités des pratiques ne sont pas sujettes à critiques. Le droit au
silence, restrictivement entendu, permet seulement de ne pas répondre aux
questions qui portent sur la finalité de l'action entreprise et l'objectif poursuivi par
ces initiatives (G. CANIVET, L. IDOT, R. KOVAR et D. SIMON, Lamy procédures
communautaires, janv. 2005).

Art. 2 - Enquêtes par les autorités nationales de concurrence des États


membres

o
248. L'article 22 du règlement n  1/2003 prévoit la possibilité, pour une autorité
de concurrence d'un État membre, de mettre en œuvre des mesures d'enquête
sur son territoire au nom et pour le compte de l'autorité de concurrence d'un
autre État membre. Dans cette hypothèse, les mesures d'enquête sont effectuées
en respectant le droit national du territoire sur lequel elles sont exécutées et les
pouvoirs d'enquête de l'autorité qui met en œuvre les mesures d'enquête.
249. Ces enquêtes visent à établir une infraction aux dispositions des articles 81
et 82 du Traité. Les informations ainsi recueillies peuvent ensuite être transmises
o
à l'autorité demanderesse, en vertu de l'article 12 du règlement n  1/2003.

250. Les autorités nationales de concurrence ont l'obligation de procéder aux


inspections demandées par la Commission en application de l'article 20 du
o
règlement n  1/2003.

251. La communication sur la coopération au sein du Réseau européen de la


concurrence précise que la demande peut être adressée par voie de décision ou
par demande simple (Communication de la Commission relative à la coopération
o
au sein du réseau des autorités de concurrence [préc. supra, n  6], point 30).

252. La Cour de justice, dans l'arrêt Roquette Frères, est venue préciser
l'étendue des relations entre les autorités nationales de concurrence et la
Commission lorsque cette dernière s'adresse à une autorité nationale pour lui
demander d'enquêter sur son territoire en son nom et pour son compte (CJCE,
22 oct. 2002, Roquette Frères, aff. C-94/00  , Rec. I. 9011). Le règlement
o
n  1/2003 consacre cette jurisprudence, aussi bien s'agissant de l'exercice de ses
o
pouvoirs d'inspection par la Commission (Règl. n  1/2003, art. 20-8 ; V. supra,
os
n  221 et s.), que s'agissant d'une décision d'inspection des locaux, terrains et
o
moyens de transport non professionnels (Règl. n  1/2003, art. 21-3 ; V. supra,
o
n  229).

253. Les agents desdites autorités nationales de concurrence, ainsi que les


agents mandatés ou désignés par celles-ci, exercent leurs pouvoirs en application
de leur législation nationale.

254. Les agents de la Commission et les autres personnes mandatées pour les


accompagner peuvent prêter assistance aux agents de l'autorité nationale de
o
concurrence en cause, à la demande de cette autorité (Règl. n  1/2003, art. 22-
2).

Section 6 - Décisions

er
Art. 1 - Constatation/Cessation

o
255. L'article 7 du règlement n  1/2003 attribue à la Commission le pouvoir
d'obliger les entreprises à mettre fin à l'infraction, si elle constate l'existence
d'une pratique anticoncurrentielle. À cet effet, la Commission adopte une décision
de constatation et de cessation d'infraction. Elle peut ainsi imposer toute mesure
corrective, structurelle ou comportementale, proportionnée à l'infraction commise
et nécessaire pour faire cesser cette infraction. La mesure structurelle ne peut
être imposée qu'à défaut de mesure comportementale aussi efficace, ou si, à
efficacité égale, la mesure structurelle est moins contraignante pour l'entreprise
en cause.

ACTUALISATION
255 s. Procédure aboutissant à une décision d'interdiction. - Voir les
points 77 à 114 de la communication du 20 octobre 2011 précitée (V. supra,
os
Mise à jour, n  177 s.).

256. Il ne serait proportionné de modifier la structure qu'avait une entreprise


avant la commission de l'infraction que si cette structure même entraînait un
o
risque important que l'infraction ne perdure ou ne soit répétée (Règl. n  1/2003,
considérant 12).

257. Sous l'empire du règlement 17, la Commission considérait déjà avoir le


pouvoir d'imposer des mesures structurelles. Elle n'y a toutefois recouru que dans
de très rares cas (P. ARHEL, Vers un décroisement autoritaire des entreprises de
o
distribution d'eau ?, LPA n  175, 2 sept. 2002).

258. La Commission ne peut aller jusqu'à imposer à une entreprise de contracter


avec une autre. La seule conséquence, en droit civil, d'une violation de l'article 81
du Traité CE, figure au paragraphe 2 de cet article : la nullité de l'accord. Il
appartient alors au juge national, seul compétent, de se prononcer sur les autres
conséquences en droit civil de la violation de l'article 81 du Traité CE (TPI,
18 sept. 1992, Automec c/ Commission [Automec II], aff. T-24/90,
Rec. II. 2223).

259. Lorsque la Commission y a un intérêt légitime, elle peut également


o
constater qu'une infraction a été commise dans le passé (Règl. n  1/2003, art. 7-
1, in fine, et considérant 11). La jurisprudence a précisé que dans cette
hypothèse, d'une part, la Commission ne peut plus prononcer d'amende lorsque
la prescription de celle-ci est intervenue, et d'autre part, elle doit justifier d'un
intérêt légitime lorsque les parties ont antérieurement mis fin volontairement à
l'entente. À cet égard, le Tribunal a rendu un arrêt dans lequel il a annulé la
décision de la Commission qui avait constaté l'existence d'une entente à laquelle
il avait été mis fin volontairement antérieurement par les parties dans l'affaire du
cartel international des vitamines, sans infliger d'amende, en raison de la
prescription. Si la compétence de la Commission pour constater l'existence d'une
infraction malgré l'écoulement du délai de prescription n'était pas contestée, le
Tribunal a considéré que la Commission n'avait pas rapporté la preuve de
l'existence d'un intérêt légitime à prendre une telle décision de constatation
d'infraction (TPI, 6 oct. 2005, Sumitomo Chemical c/ Commission, aff. jointes T-
22/02 et T-23/02, Rec. II. 4065 ; L. IDOT, Europe, déc. 2005, p. 22). Cette
jurisprudence confirme celle intervenue précédemment selon laquelle « la
Commission peut donc prendre des décisions constatant une infraction à laquelle
l'entreprise a déjà mis fin, pourvu qu'elle ait un intérêt légitime à le faire » (CJCE,
2 mars 1983, GVL c/ Commission, aff. 7/82, Rec. 483).
er o
260. L'article 24, paragraphe 1 , du règlement n  1/2003 permet à la
Commission d'infliger une astreinte par jour de retard aux entreprises qui sont
réticentes à exécuter une injonction de cessation d'infraction de la Commission, à
compter de la date fixée dans sa décision. Le montant de l'astreinte ne peut
dépasser 5 % du chiffre d'affaires journalier moyen réalisé au cours de l'exercice
social précédent.

261. Les autorités nationales de concurrence ont également compétence pour


o
ordonner la cessation d'une infraction (Règl. n  1/2003, art. 5).

Art. 2 - Mesures provisoires

o
262. Il ressort du considérant 11 du règlement n  1/2003 que les mesures
provisoires ont connu un régime exclusivement jurisprudentiel, jusqu'à l'entrée en
o
vigueur du règlement n  1/2003.
o
263. Ainsi, l'article 8 du règlement n  1/2003 prévoit qu'en cas d'urgence, c'est-
à-dire lorsqu'un préjudice grave et irréparable risque d'être causé à la
concurrence, la Commission a le pouvoir d'ordonner des mesures provisoires.

264. Il peut s'agir de cas dans lesquels l'action des entreprises mises en cause
pendant la procédure risque de rendre inefficace, voire illusoire la décision à
intervenir. Les mesures conservatoires doivent être indispensables à la garantie
de l'effet utile de la décision à intervenir (CJCE ord., 17 janv. 1980, Camera Care
c/ Commission, aff. 792/79 R, Rec. 119).

265. Ces mesures sont prises d'office, par voie de décision, et sur la base d'un
o
constat prima facie d'infraction (Règl. n  1/2003, art. 8-1).

266. Les décisions ordonnant une mesure provisoire sont applicables pendant


une durée déterminée et peuvent être renouvelées dans la mesure où cela est
o
nécessaire et opportun (Règl. n  1/2003, art. 8-2).

267. La jurisprudence exige de ces décisions qu'elles soient susceptibles de


recours, et qu'elles répondent aux conditions suivantes (CJCE ord., 17 janv.
1980, Camera Care c/ Commission, aff. 792/79 R, Rec. 119) : – l'existence
vraisemblable de l'infraction ; – une urgence ; – le risque de préjudice grave et
irréparable pour la partie qui demande le prononcé de mesures provisoires, ou de
préjudice intolérable pour l'intérêt général ; – les mesures doivent être limitées
dans le temps ; – les mesures doivent être nécessaires.

268. Une mesure provisoire va au-delà de ce qui est nécessaire lorsqu'elle


apparaît comme une injonction exécutoire distincte (CJCE, 28 févr. 1984, Ford c/
Commission, aff. jointes 228 et 229/82, Rec. 1129).

269. En outre, le non-respect d'une mesure provisoire expose l'entreprise en


o
cause à des amendes (Règl. n  1/2003, art. 23-2) et/ou des astreintes (art. 24-
1).

270. La jurisprudence est venue préciser que l'appréciation du préjudice grave et


irréparable s'analyse par rapport à la décision à intervenir à l'issue de la
procédure administrative. Il n'est donc pas nécessaire de démontrer, par une
décision ultérieure, que le préjudice est absolument irréparable (TPI, 24 janv.
1992, La Cinq c/ Commission, aff. T-44/90, Rec. II. 1).

271. En pratique, les mesures provisoires sont applicables jusqu'à l'adoption de


la décision définitive.

Art. 3 - Engagements

272. En application de l'article 3, paragraphe 3, du règlement 17, la Commission


avait le pouvoir d'adresser des recommandations aux entreprises en cause. En
pratique, elle se contentait de conclure une transaction informelle avec les
entreprises en cause, par laquelle elle renonçait à poursuivre la procédure et
clôturait ainsi le dossier, à charge, pour ces entreprises, de remédier à la violation
de l'article 81 et/ou de l'article 82 du Traité (P. M. ROTH, C. W. BELLAMY et
G. CHILD, op. cit., in A. RILEY, article préc., European Competition Law Review
2003, issue 11, p. 604).

ACTUALISATION
272 s. Procédure d'engagement. - Voir les points 115 à 133 de la
communication du 20 octobre 2011 précitée (V. supra, Mise à jour,
os
n  177 s.).

o
273. Depuis le règlement n  1/2003, la Commission a le pouvoir d'accepter les
engagements pris par les entreprises en cause. Ainsi, l'article 9 prévoit que
lorsque, à l'issue de l'évaluation préliminaire effectuée par la Commission et dans
laquelle celle-ci a informé les entreprises en cause de ses préoccupations et de
son intention de prendre une décision exigeant la cessation de l'infraction, une
entreprise propose des engagements de nature à répondre aux préoccupations de
la Commission, cette dernière peut prendre une décision rendant ces
engagements obligatoires.

274. La Commission prend alors une décision qui clôt la procédure, et dans
laquelle elle reconnaît qu'il n'y a plus lieu d'agir, sans établir s'il y a eu ou s'il y a
toujours infraction. La décision peut en outre être adoptée pour une durée
o
déterminée (Règl. n  1/2003, art. 9-1 et considérant 13).

275. La décision de la Commission est cependant soumise au principe de


proportionnalité. En l'absence d'appréciation et de qualifications définitives des
faits, il appartient en effet au Tribunal de vérifier si les engagements rendus
obligatoires par la décision de la Commission sont appropriés et nécessaires pour
faire cesser l'abus identifié dans le cadre de son évaluation préliminaire. Le
Tribunal de première instance a ainsi considéré, dans un arrêt rendu le 11 juillet
2007, que l'interdiction de toute transaction commerciale entre une entreprise et
son fournisseur pour une durée indéterminée excédait manifestement ce qui était
nécessaire pour parvenir au but recherché (TPI, 11 juill. 2007, Alrosa c/
Commission, aff. T-170/06, Rec. II. 2601).

ACTUALISATION
275. Engagements. - Par un arrêt du 29 juin 2010 (CJUE, 29 juin 2010,
Commission c/ Alrosa, aff. C-441/07  P, Europe oct. 2010. Comm. 322, obs.
Idot), la Cour de justice a annulé l'arrêt du tribunal de première instance du
11 juillet 2007 (Alrosa c/ Commission, aff. T-170/06).

276. De telles décisions ne sont pas opportunes dans les cas où la Commission
o
entend imposer une amende (Règl. n  1/2003, considérant 13).
o
277. Rappelons que selon le considérant 13 du règlement n  1/2003, « les
décisions relatives aux engagements devraient constater qu'il n'y a plus lieu que
la Commission agisse, sans établir s'il y a eu ou s'il y a toujours une infraction  ».
Dès lors, il semble que même après que la Commission aura rendu obligatoires
des engagements, les infractions pourraient perdurer. A contrario,il semble
qu'une entreprise pourrait proposer des engagements alors qu'il n'y a pas
d'infraction. En outre, proposer des engagements ne met pas l'entreprise à l'abri
des amendes puisque le considérant 13 précise que les décisions relatives aux
engagements ne sont pas opportunes dans les cas où la décision entend imposer
une amende. Cette hypothèse soulève par ailleurs la question de savoir à quel
moment l'entreprise est informée de ce que la Commission entend infliger une
amende. Enfin, même munie de la décision d'engagements, l'entreprise n'est pas
à l'abri des poursuites par les autorités de concurrence des États membres.
Proposer des engagements présente donc un certain risque pour les entreprises
o
(P. RINCAZAUX et E. DIENY, Règlement CE n  1/2003 : quels changements ?,
o
RLDA juin 2003, n  61, p. 11).

278. Les autorités de concurrence des États membres (autorités administratives


et juridictions nationales) conservent la faculté de constater l'existence de
o
l'infraction, et de statuer sur l'affaire (Règl. n  1/2003, considérant 13).

279. La Commission peut, d'office ou sur demande, rouvrir la procédure dans


trois hypothèses : – l'un des faits sur lesquels la décision repose subit un
changement important ; – les entreprises en cause ne respectent pas leurs
engagements ; – les informations fournies par les parties et qui ont justifié la
o
décision sont incomplètes, inexactes ou dénaturées (Règl. n  1/2003, art. 9-2).
er o
280. L'article 24, paragraphe 1 , du règlement n  1/2003 octroie à la
Commission le pouvoir de condamner les entreprises qui ne respectent pas des
engagements pourtant rendus obligatoires par décision, au paiement d'une
astreinte qui peut atteindre 5 % du chiffre d'affaires journalier moyen réalisé au
cours de l'exercice social précédent, par jour de retard, à compter de la date fixée
dans la décision.

281. Les autorités nationales de concurrence ont également compétence pour


o
adopter des décisions acceptant des engagements (Règl. n  1/2003, art. 5).

282. Le Tribunal de première instance contrôle également la licéité des


engagements pris par les entreprises en cause, lorsque celles-ci la contestent.
Selon le Tribunal, une telle contestation n'est pas recevable lorsque « c'est
librement que DSD a proposé cet engagement à la Commission […]. C'est donc de
son propre gré, conformément au principe selon lequel il est possible de renoncer
à faire valoir un droit dont on dispose, et en toute connaissance de cause, que
DSD a indiqué, en substance, à la Commission qu'elle renonçait à agir devant les
juridictions allemandes… » (TPI, 24 mai 2007, Duales System Deutschland c/
Commission, aff. T-289/01, Rec. II. 1691).

Art. 4 - Constatation d'inapplication

o
283. L'article 10 du règlement n  1/2003 attribue à la Commission le nouveau
pouvoir de déclarer d'office, par voie de décision, que les articles 81 et/ou 82 du
Traité CE ne sont pas applicables dans l'un des cas suivants : – lorsque l'intérêt
public communautaire concernant l'application des articles 81 et 82 du Traité CE
er
l'exige ; – lorsque les conditions d'application de l'article 81, paragraphe 1 , ne
sont pas remplies ; ou lorsque les conditions de l'article 81, paragraphe 3, sont
remplies. Il en est de même pour l'article 82.

284. Les tiers qui ont un intérêt à agir pourront exercer un recours en nullité
d'une telle décision rendue par la Commission. La jurisprudence reconnaît un tel
intérêt aux personnes qui sont intervenues dans la procédure devant la
Commission. Ces personnes, qui ont participé à la procédure administrative, sont
en effet considérées comme individuellement et directement concernées par la
décision de la Commission (V. not., TPI, 12 déc. 1996, Leclerc c/ Commission, aff.
T-19/92, Rec. II. 1851 ; TPI, 12 déc. 1996, Leclerc c/ Commission, aff. T-88/92,
Rec. II. 1961).

285. L'objectif de la Commission dans ce cadre est de clarifier le droit et d'en


assurer une application cohérente dans la Communauté, en particulier pour ce qui
est des nouveaux types d'accords ou de pratiques au sujet desquels la
jurisprudence et la pratique administrative existantes ne se sont pas prononcées
o
(Règl. n  1/2003, considérant 14).

Section 7 - Sanctions

er
Art. 1 - Amendes

286. La Commission peut infliger par voie de décision deux types d'amendes aux
entreprises : d'une part, les amendes pouvant atteindre 1 % du chiffre d'affaires
(amendes sanctionnant un comportement au cours de la procédure d'enquête) ;
d'autre part, les amendes pouvant atteindre 10 % du chiffre d'affaires (amendes
prononcées à l'issue de la procédure).

ACTUALISATION
286 s. Responsabilité solidaire pour le paiement de l'amende. - Dans
un arrêt du 13 septembre 2010 le Tribunal a donné des précisions sur les
règles applicables à la responsabilité solidaire des sociétés mères successives
pour le paiement de l'amende imposée à leur filiale (TPI, 13 sept. 2010,
Trioplast Wittenheim SA c/ Commission et Trioplast Industrier AB c/
Commission, aff. T-26/06 et T-40/06, Europe nov. 2010. Comm. 374, obs.
Idot)

Une erreur sur l'existence d'une infraction, due à un avis juridique ou à une
décision d'une autorité nationale, n'exonère pas l'entreprise de l'infliction
d'une amende pour violation de l'article 101 TFUE (CJUE, 18 juin 2013,
Schenker e.a., aff. C-681/11  , Europe août-sept. 2013. Comm. 364, obs.
Idot).

er
§ 1 - Amendes pouvant atteindre 1 % du chiffre d'affaires

o
287. Sur le fondement de l'article 23 du règlement n  1/2003, la Commission
peut infliger, par décision, des amendes aux entreprises, dont le montant peut
atteindre 1 % du chiffre d'affaires total de l'entreprise en cause, réalisé au cours
de l'exercice social précédent.

288. Si le comportement de l'entreprise découle d'une négligence ou si elle a agi


de propos délibéré, l'amende peut être infligée dans les hypothèses suivantes : –
l'entreprise fournit un renseignement inexact ou dénaturé, en réponse à une
demande de renseignements effectuée dans le cadre d'une enquête par secteur
o
économique ou par type d'accord (Règl. n  1/2003, art. 17), ou en réponse à une
demande de renseignements simple (art. 18-2) ; – l'entreprise fournit un
renseignement inexact, incomplet ou dénaturé, ou ne fournit pas un
renseignement dans le délai prescrit, en réponse à une demande faite par voie de
décision dans le cadre d'une enquête par secteur économique ou par type
d'accord (art. 17), ou en réponse à une demande de renseignements par décision
(art. 18-3) ; – l'entreprise présente les livres et autres documents professionnels
de manière incomplète, lors d'une inspection (art. 20), ou refuse de se soumettre
à une inspection ordonnée par voie de décision (art. 20-4) ; – des scellés,
o
apposés en vertu de l'article 20, paragraphe 2, point d, du règlement n  1/2003,
ont été brisés.

289. La Commission a récemment fait application de ces dispositions de manière


exemplaire en infligeant une amende de 38 millions d'euros à la société E.ON,
soumise à une inspection, pour avoir brisé des scellés apposés par la Commission
sur les locaux de cette société (Décis de la Commission, 30 janv. 2008, E.ON
o
Energie AG, aff. COMP/B-1/39.326, pour un résumé JOUE, n  C 240, 19 sept.
2008).

290. En outre, la Commission peut imposer une amende lorsqu'en réponse à une
question posée aux représentants ou membres du personnel de l'entreprise dans
o
le cadre d'une inspection (Règl. n  1/2003, art. 20-2) : – les personnes
interrogées fournissent une réponse incorrecte ou dénaturée ; – l'entreprise omet
de rectifier, dans le délai fixé par la Commission, une réponse incorrecte,
incomplète ou dénaturée donnée par un membre du personnel ; – les personnes
interrogées omettent ou refusent de fournir une réponse complète sur des faits
en rapport avec l'objet et le but d'une inspection ordonnée par décision (art. 20-
4).
§ 2 - Amendes pouvant atteindre 10 % du chiffre d'affaires

291. La Commission peut infliger aux entreprises en cause une amende dont le
montant peut atteindre 10 % de son chiffre d'affaires total réalisé au cours de
l'exercice social précédent, dans les hypothèses suivantes : – l'entreprise a
commis une infraction aux dispositions de l'article 81 ou 82 du Traité CE ; –
l'entreprise ne respecte pas une décision ayant prononcé des mesures provisoires
o
prises sur le fondement de l'article 8 du règlement n  1/2003 ; – l'entreprise ne
respecte pas un engagement pourtant rendu obligatoire par décision prise par la
o o
Commission en vertu de l'article 9 du règlement n  1/2003 (Règl. n  1/2003,
art. 23, point 2).
o
292. Le règlement n  1/2003 apporte une innovation s'agissant des amendes
infligées à l'encontre des associations d'entreprises.

293. Lorsque la Commission inflige une amende à une association en raison de


l'activité de ses membres, le montant de l'amende ne peut dépasser 10 % de la
somme du chiffre d'affaires total réalisé par chaque membre actif sur le marché
affecté par l'infraction de l'association.

294. La jurisprudence précise en effet que l'influence d'une association


d'entreprises sur le marché ne dépend pas du chiffre d'affaires de cette
association, qui ne révèle ni sa taille, ni sa puissance économique, mais bien de
celui de ses membres, qui révèle au contraire sa taille et sa puissance
économique (TPI, 23 févr. 1994, CB et Europay c/ Commission, aff. jointes T-
39/92 et T-40/92, Rec. II. 49, conf. par CJCE ord., 25 mars 1996, SPO E.A. c/
Commission, aff. C-137/95 P, Rec. I. 1611).

295. Pour calculer le montant de l'amende, la Commission doit tenir compte de la


o
gravité de l'infraction et de sa durée (Règl. n  1/2003, art. 23-3).

296. Selon la Cour de justice, pour apprécier la gravité d'une infraction en vue de


déterminer le montant de l'amende, la Commission doit prendre en considération
non seulement les circonstances particulières de l'espèce, mais également le
contexte dans lequel l'infraction se place, et veiller au caractère dissuasif de son
action, notamment pour les infractions particulièrement nuisibles pour la
réalisation des objectifs de la Communauté. La Commission tient compte de
divers paramètres tels que le volume et la valeur des marchandises faisant l'objet
de l'infraction, la taille et la puissance économique de l'entreprise en cause et,
partant, l'influence qu'elle a pu exercer sur le marché (CJCE, 7 juin 1983,
Musique Diffusion française c/ Commission, aff. jointes 100 à 103/80, Rec. 1825).
er
297. La Commission européenne a adopté le 1  septembre 2006 des lignes
directrices pour le calcul des amendes (Lignes directrices pour le calcul des
amendes infligées en application de l'article 23, paragraphe 2, sous a), du
o o er
règlement (CE) n  1/2003, JOUE, n  C 210, 1  sept. 2006).

ACTUALISATION
297 s. Lignes directrices pour le calcul des amendes. - Dans un arrêt du
16 juin 2011, le Tribunal a réduit des amendes infligées à des entreprises de
déménagement internationaux en s'appuyant sur un contrôle de l'application
des Lignes directrices en matière d'amendes de 2006 (Trib. UE, 16 juin 2011,
Ziegler c/ Commission, aff. T-199/08 e.a., Europe août-sept. 2011.
Comm. 311, obs. Idot).

Pour la suite du contentieux, voir l'arrêt de la Cour de justice du 6 décembre


2012 (CJUE, 6 déc. 2012, Commission c/ Verhuizingens Coppens, aff. C-
441/11 P, Europe févr. 2013. Comm. 90, obs. Idot).

298. Selon ce texte, la méthodologie de calcul des amendes comporte deux


étapes. Dans un premier temps, la Commission fixe le montant de base de
l'amende par référence à la valeur des ventes de biens ou services de l'entreprise
en cause, en fonction de la gravité et de la durée de l'infraction (le montant
résultant de cette détermination est multiplié par le nombre d'années
d'infraction). Dans un second temps, la Commission procède à l'ajustement de ce
montant pour déterminer le montant final de l'amende, à la hausse en cas de
circonstances aggravantes ou s'il faut assurer un effet dissuasif particulier, à la
baisse en cas de circonstances atténuantes, si le seuil légal maximal de l'amende
est atteint, ou, dans des circonstances exceptionnelles, en tenant compte de la
capacité contributive de l'entreprise en cause, dans un contexte économique et
social particulier.

299. Lorsque la Commission inflige une amende à une association d'entreprises


en tenant compte du chiffre d'affaires de ses membres, et que cette association
n'est pas solvable, cette dernière a l'obligation d'appeler ses membres à
o
contribution pour couvrir le montant de l'amende (Règl. n  1/2003, art. 23-4). La
Commission devrait alors tenir compte de la taille relative des entreprises
appartenant à l'association, et notamment de la situation des petites et moyennes
o
entreprises (Règl. n  1/2003, considérant 30). Cette dernière précision n'est pas
rassurante, dans la mesure où elle signifie que les entreprises les plus grosses de
l'association seront sollicitées pour le paiement de l'amende. Ces entreprises
devront donc se retourner contre les autres membres de l'association
o
(P. RINCAZAUX et E. DIENY, article préc., RLDA juin 2003, n  61, p. 11).
300. Si le délai fixé par la Commission n'est pas respecté par les membres de
l'association pour verser leur contribution à l'association, la Commission peut
exiger le paiement de l'amende directement par toute entreprise dont les
représentants étaient membres des organes décisionnels de l'association.

301. Si le paiement intégral de l'amende n'est toujours pas garanti, la


Commission peut exiger le paiement du solde par tout membre de l'association
qui était actif sur le marché sur lequel l'infraction a été commise (Règl.
o
n  1/2003, art. 23-4).
o
302. Ce n'est que depuis l'entrée en vigueur du règlement n  1/2003 qu'il existe
une responsabilité solidaire des membres de l'association.

303. Toutefois, la Commission ne peut exiger le paiement de l'amende (cas du


non-respect du délai en cas d'insolvabilité de l'association ou du paiement du
solde) auprès des entreprises qui démontrent qu'elles n'ont pas appliqué la
décision de l'association, et qu'elles en ignoraient l'existence, ou qu'elles s'en sont
activement désolidarisées avant que la Commission n'entame son enquête.

304. En tout état de cause, les entreprises ne peuvent être amenées à payer un
montant qui représente plus de 10 % de celui de leur chiffre d'affaires total
réalisé au cours de l'exercice social précédent.
o
305. Le règlement n  1/2003 rappelle que les décisions par lesquelles la
o
Commission inflige une amende n'ont pas un caractère pénal (Règl. n  1/2003,
art. 23-5).

306. La jurisprudence apporte des précisions quant au chiffre d'affaires à prendre


en compte pour le prononcé des amendes. Il peut s'agir du chiffre d'affaires
global de l'entreprise, qui donne une indication sur la taille de l'entreprise et sa
puissance économique, ou de celui provenant des marchandises faisant l'objet de
l'infraction, qui donne une indication sur l'ampleur de l'infraction (TPI, 14 juill.
1994, Parker Pen c/ Commission, aff. T-77/92, Rec. II. 549 ; TPI, 8 oct. 1996,
Compagnie maritime belge transports E.A., aff. jointes T-24/93 et autres, Rec. II.
1201). De plus, il s'agit de son chiffre d'affaires mondial, et non pas de celui
qu'elle a réalisé dans la Communauté (CJCE, 8 févr. 1990, Tipp-Ex c/
Commission, aff. C-279/87, Rec. I. 261).
o
307. L'affaire SA Musique diffusion française (préc. supra, n  296) illustre bien le
fait qu'un simple calcul de l'amende sur le chiffre d'affaires global n'est pas
suffisant. Selon la Cour, « il est loisible, en vue de la détermination de l'amende,
de tenir compte aussi bien du chiffre d'affaires global de l'entreprise qui constitue
une indication, fût-elle approximative et imparfaite, de la taille de celle-ci et de sa
puissance économique que de la part de ce chiffre qui provient des marchandises
faisant l'objet de l'infraction et qui est donc de nature à donner une indication de
l'ampleur de celle-ci. Il en résulte, d'autre part, qu'il ne faut pas attribuer ni à l'un
ni à l'autre de ces chiffres une importance disproportionnée par rapport aux
autres éléments d'appréciation et, par conséquent, que la fixation d'une amende
appropriée ne peut être le résultat d'un simple calcul basé sur le chiffre d'affaires
global. Il en est particulièrement ainsi lorsque les marchandises concernées ne
représentent qu'une faible fraction de ce chiffre ».
o
308. Comme mentionné précédemment (V. supra, n  181), avant d'infliger une
o
amende, la Commission consulte le Comité consultatif (Règl. n  1/2003, art. 14-
1).

309. La Commission a infligé, le 13 mai 2009, une amende de 1,06 milliard


d'euros à la société Intel Corporation pour abus de position dominante. Dans la
fixation du montant de l'amende, la Commission a tenu compte de la durée (5
ans et 3 mois) et de la gravité de l'infraction. L'amende a été calculée sur la base
de la valeur des ventes réalisées par Intel dans l'espace économique européen.
Malgré l'importance du montant de l'amende, celle-ci ne représente que 3,8 %
environ du chiffre d'affaires mondial de la société Intel en 2007 (IP/09/745 du
13 mai 2009).

Art. 2 - Astreintes

310. La Commission peut infliger des astreintes par voie de décision aux
entreprises et associations d'entreprises. Le montant de l'astreinte peut atteindre
5 % du chiffre d'affaires journalier moyen réalisé au cours de l'exercice social
précédent.

311. L'astreinte est infligée par jour de retard à compter de la date fixée dans la
décision qui l'inflige (art. 24-1).

312. Elle a pour objet d'inciter les entreprises à respecter une décision prise par
la Commission, dans les hypothèses suivantes : – l'entreprise en cause ne
respecte pas une décision de constatation et de cessation d'infraction prononcée
o
en application de l'article 7 du règlement n  1/2003 (constatation et cessation
d'une infraction) ; – l'entreprise en cause ne respecte pas une décision ordonnant
des mesures provisoires prises en application de l'article 8 du règlement
o
n  1/2003 (mesures provisoires) ; – l'entreprise en cause ne respecte pas un
engagement rendu obligatoire par décision en vertu de l'article 9 du règlement
o
n  1/2003 (engagements) ; – l'entreprise ne fournit pas de manière complète et
exacte une réponse aux demandes de renseignement effectuées par voie de
décision dans le cadre d'une enquête par secteur économique ou type d'accord
o
(Règl. n  1/2003, art. 17), ou dans le cadre d'une autre enquête (art. 18-3) ; –
l'entreprise refuse de se soumettre à une inspection ordonnée par la Commission
par voie de décision prise en application de l'article 20, paragraphe 4.

313. Lorsque les entreprises et associations d'entreprises condamnées au


paiement d'une astreinte ont satisfait à l'obligation pour l'exécution de laquelle
l'astreinte a été infligée, la Commission peut diminuer le montant définitif de
o
l'astreinte (Règl. n  1/2003, art. 24-2).

ACTUALISATION
313. Réduction des astreintes. - Dans un arrêt du 27 juin 2012, le
Tribunal a confirmé pour l'essentiel la décision de la Commission imposant
une astreinte à Microsoft pour ne pas avoir permis à ses concurrents
d'accéder aux informations relatives à l'interopérabilité à des conditions
raisonnables mais a réduit le montant de ladite astreinte (Trib. UE, 27 juin
2012, Microsoft c/ Commission, aff. T-167/08  , Europe août-sept. 2012.
Comm. 333, obs. Idot ; JDI 2013. 591, note Lousberg et Petit).

314. Lorsque la Commission inflige une astreinte à une association d'entreprises


en tenant compte du chiffre d'affaires de ses membres et que l'association n'est
pas solvable, cette dernière a l'obligation d'appeler ses membres à contribution
pour couvrir le montant de l'astreinte.

315. Si le délai fixé par la Commission n'est pas respecté par les membres de
l'association pour verser leur contribution à l'association, la Commission peut
exiger le paiement de l'astreinte directement par toute entreprise dont les
représentants étaient membres des organes décisionnels de l'association.

316. Si le paiement intégral de l'astreinte n'est toujours pas garanti, la


Commission peut exiger le paiement du solde par tout membre de l'association
qui était actif dans le marché sur lequel l'infraction a été commise.

317. Le concept de responsabilité solidaire des membres de l'association a –


o o
comme on le sait (V. supra, n  299) – été introduit par le règlement n  1/2003.
o
318. Toutefois, comme en matière d'amende (V. supra, n  300), la Commission
ne peut exiger le paiement de l'astreinte (cas du non-respect du délai en cas
d'insolvabilité de l'association ou du paiement du solde) des entreprises qui
démontrent qu'elles n'ont pas appliqué la décision de l'association, et qu'elles en
ignoraient l'existence, ou qu'elles s'en sont activement désolidarisées, avant que
la Commission n'entame son enquête.

319. Chaque entreprise membre de l'association ne peut être amenée à payer


plus de 5 % de son chiffre d'affaires journalier moyen réalisé au cours de
l'exercice social précédent.
o
320. Le règlement n  1/2003 renforce le montant des astreintes (50 € à 1 000 €
o
par jour de retard sous l'empire du règlement n  17).

321. L'importance du montant que l'astreinte peut désormais atteindre (5 % du


chiffre d'affaires journalier, contre 50 à 1 000 € sous l'empire du règlement
o
n  17/62) devrait inciter les entreprises, davantage que par le passé, à respecter
les obligations imposées par la Commission. L'effet incitatif est d'autant plus
important que la jurisprudence a implicitement admis la possibilité, pour la
Commission, d'infliger une astreinte par obligation imposée (CJCE, 6 mars 1974,
Commercial Solvents c/ Commission [Matières colorantes-Zoja], aff. jointes 6 et
7/73, Rec. 223).

Art. 3 - Non bis in idem

o
322. Ce principe n'est pas prévu par le règlement n  1/2003 mais découle
notamment de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et
des libertés fondamentales. Il est un principe fondamental du droit
communautaire.

ACTUALISATION
322 s. Incidence de la récidive. - Dans un arrêt du 17 juin 2010 la Cour
de justice a donné des précisions sur les conditions de mise en jeu de la
récidive (CJUE, 17 juin 2010, Lafarge, aff. C-413/08 P, Europe août-sept.
2010. 280).

323. La question du respect du principe non bis in idem peut se poser dans deux
situations : soit l'entreprise en cause invoque ce principe parce qu'elle a déjà fait
l'objet d'une condamnation ou d'un acquittement en droit communautaire
os
(V. infra, n  324 et s.) ; soit elle a déjà fait l'objet d'une condamnation ou d'un
os
acquittement en droit interne de la concurrence (V. infra, n  326 et s.).

er
§ 1 - Principe « non bis in idem » en droit strictement communautaire
de la concurrence

324. La jurisprudence considère que le principe non bis in idem, en tant que
principe fondamental du droit communautaire, interdit, en matière de
concurrence, qu'une entreprise soit condamnée ou poursuivie une nouvelle fois du
fait d'un comportement anticoncurrentiel du chef duquel elle a été sanctionnée ou
dont elle a été déclarée non responsable par une décision antérieure qui n'est
plus susceptible de recours. Il faut donc qu'il ait été statué sur la matérialité de
l'infraction, ou que la légalité de l'appréciation portée ait été contrôlée (CJCE,
15 oct. 2002, Limburgse Vinyl Maatschappij E.A. c/ Commission, aff. jointes C-
238/99 P et autres, Rec. I. 8375).

325. Le principe non bis in idem est invocable uniquement si la même entreprise
est en cause. Ainsi, s'agissant de la condamnation d'une association, la
jurisprudence a estimé qu'au vu du rôle distinct joué par des associations et des
entreprises membres de ces associations dans la conclusion et la mise en œuvre
d'ententes, la Commission était en droit d'imputer cette infraction à la fois aux
associations et aux membres de ces associations. Dès lors, il ne pouvait être
question de la violation du principe non bis in idem (TPI, 15 mars 2000,
Cimenteries CBR E.A. c/ Commission, aff. jointes T-25/95 et autres, Rec. II. 491).

§ 2 - Principe « non bis in idem » en raison de l'application cumulative


et/ou parallèle des procédures nationale et communautaire de
concurrence

326. Là encore, une distinction peut être établie selon que l'autorité nationale a
déjà condamné, ou acquitté, l'entreprise en cause en application de son droit
os
interne (V. infra, n  327 et s.) ou du droit communautaire de la concurrence
os
(V. infra, n  329 et s.)

A - Lorsque l'autorité nationale applique son droit interne de la


concurrence

327. La jurisprudence considère que les autorités nationales peuvent intervenir


contre une entente, en application de leur droit interne de la concurrence, même
lorsque l'examen de cette entente est pendant devant la Commission, dès lors
que l'application du droit national ne porte pas préjudice à l'application pleine et
uniforme du droit communautaire (CJCE, 13 févr. 1969, Wilhelm c/
Bundeskartellamt, aff. 14/68, Rec. 1).

328. La Cour ajoute que si ce cumul de procédures doit conduire à un cumul de


sanctions, l'exigence générale d'équité implique de tenir compte de la décision
répressive antérieure pour la détermination d'une éventuelle sanction.

B - Lorsque l'autorité nationale applique le droit communautaire de la


concurrence
o
329. Au titre de l'article 16, paragraphes 1 et 2, du règlement n  1/2003,
lorsqu'une autorité nationale de concurrence (autorités administratives et
juridictions) statue sur un accord, une décision ou une pratique qui relève de
l'article 81 et/ou de l'article 82 et qui a déjà fait l'objet d'une décision de la
Commission, elle ne peut prendre une décision qui irait à l'encontre de la décision
de la Commission.

330. La jurisprudence n'en respecte pas moins le principe non bis in idem. En
effet, selon la Cour de justice, l'application de ce principe est soumise à une triple
condition d'identité des faits, d'unité de contrevenant et d'unité de l'intérêt
juridique protégé. Il est donc interdit de sanctionner une même personne plus
d'une fois pour un même comportement illicite afin de protéger le même bien
juridique. Une même situation peut dès lors donner lieu à plusieurs
condamnations si les faits condamnés par l'autorité nationale de concurrence et
ceux condamnés par le Tribunal de première instance ne sont pas les mêmes
(CJCE, 7 janv. 2004, Aalborg Portland E.A. c/ Commission, aff. jointes C-204/00 P
et autres, Rec. I. 123).

331. En outre, la jurisprudence a admis la possibilité d'un cumul de sanctions –


l'une communautaire, l'autre nationale – à la suite de l'existence de deux
procédures parallèles, poursuivant des fins distinctes, dont l'admissibilité résulte
du système particulier de répartition des compétences entre la Communauté et
les États membres en matière d'ententes. Cependant, une exigence générale
d'équité implique qu'en fixant le montant de l'amende, la Commission est obligée
de tenir compte de sanctions qui auraient déjà été supportées par la même
entreprise pour le même fait, lorsqu'il s'agit de sanctions infligées pour infractions
au droit des ententes d'un État membre et, par conséquent, commises sur le
territoire communautaire (TPI, 9 juill. 2003, Archer Daniels, aff. T-224/00,
Rec. II. 2597).

332. En revanche, la jurisprudence écarte le principe de non-cumul des sanctions


lorsque les parties ont déjà été condamnées par les juridictions d'États tiers (TPI,
9 juill. 2003, Archer Daniels, aff. T-224/00, Rec. II. 2597).

Art. 4 - Procédure de clémence

333. La Commission met en œuvre une procédure de clémence aux termes de


laquelle, en contrepartie de la révélation, par une entreprise, de sa participation à
une entente, la Commission, soit immunise cette entreprise de toute amende, soit
en diminue le montant.
334. Cette procédure avait été initialement envisagée dans une communication
o
n  96/C 207/04 concernant la non-imposition d'amendes ou la réduction de leur
montant dans les affaires portant sur des ententes, en date du 18 juillet 1996.

335. Cette communication a été remplacée par la communication


o
n  2002/C 45/03 de la Commission du 19 février 2002 sur l'immunité d'amendes
et la réduction de leur montant dans les affaires portant sur des ententes (JOCE,
o
n  C 45, 19 févr. 2002), puis, en dernier lieu, par la communication
o
n  2006/C 298/11 de la Commission du 8 décembre 2006 sur l'immunité
d'amendes et la réduction de leur montant dans les affaires portant sur des
o
ententes (JOUE, n  C 298, 8 déc.).

ACTUALISATION
335 s. Procédure de clémence. - Dans un arrêt du 9 septembre 2011, le
Tribunal a jugé que la Commission n'avait pas commis d'erreur en
n'octroyant pas à une société incriminée l'immunité définitive en raison du
fait que celle-ci avait violé son obligation de coopération (Trib. UE, 9 sept.
2011, Deltafina c/ Commission, aff. T-12/06 ; Trib. UE, 9 sept. 2011, Alliance
One International c/ Commission, aff. T-25/06).

336. Cette nouvelle communication tient compte de l'adoption du programme


modèle de clémence, publié par le réseau européen de concurrence le
29 septembre 2006 et tendant à une « harmonisation en douceur » des
o
programmes nationaux (Communiqué de la Commission, n  MEMO/06/356,
29 sept. 2006).

er
§ 1 - Immunité d'amendes

337. Une entreprise qui révèle sa participation à une entente présumée pourra


obtenir une immunité d'amendes, si elle est la première à fournir des
renseignements et des éléments de preuve qui permettront à la Commission soit
d'effectuer une inspection ciblée (Communication, point 8, a), soit de constater
une infraction (Communication, point 8, b).

338. Dans le premier cas (inspection), les renseignements et éléments de preuve


que l'entreprise doit fournir sont les suivants. Le demandeur doit fournir ses nom
et adresse, celui des entreprises et des personnes qui participent ou ont participé
à l'entente, une description détaillée de l'entente, et le nom des autorités de
concurrence avec lesquelles le demandeur a pris contact, le cas échéant. Ces
éléments doivent être nouveaux pour la Commission. Le demandeur doit
également fournir les autres preuves de l'infraction qu'il a en sa possession
(Communication, point 9, a).

339. Dans le second cas (constat d'infraction), l'immunité n'est accordée que si la


Commission ne disposait pas, au moment de la communication de ces éléments,
de preuves suffisantes pour constater l'infraction et si aucune entreprise n'avait
obtenu l'immunité conditionnelle d'amendes pour l'entente en cause. L'entreprise
doit être la première à fournir des éléments de preuve à charge contemporains de
l'entente présumée, ainsi qu'une déclaration telle que celle qui doit être fournie à
la Commission pour lui permettre d'effectuer une inspection (Communication,
point 11).

340. Dans les deux cas (inspection ou constat d'infraction), pour bénéficier de


l'immunité, trois conditions cumulatives supplémentaires doivent être remplies.
L'entreprise doit faire preuve d'une coopération « véritable, totale, permanente et
rapide » dès le dépôt de sa demande et tout au long de la procédure
administrative. Elle doit notamment, à ce titre, fournir tous les renseignements et
éléments de preuve utiles et se tenir à la disposition de la Commission pour
répondre à ses demandes. L'entreprise doit également mettre fin à sa
participation à l'entente sans délai après le dépôt de sa demande, dans la limite
de ce qui est nécessaire à la préservation de l'intégrité des inspections. Enfin,
l'entreprise doit ne pas avoir détruit, falsifié ou dissimulé des preuves de
l'entente, ni avoir divulgué son intention de présenter une demande, ni la teneur
de celle-ci, sauf à d'autres autorités de concurrence (Communication, point 12).

341. Une entreprise qui a pris des mesures pour contraindre d'autres entreprises
à se joindre à l'entente ou à y rester ne peut pas prétendre à une immunité
totale, mais pourra obtenir une immunité partielle (Communication, point 13)
os
(V. infra, n  350 et s.).

342. L'entreprise qui souhaite bénéficier d'une immunité doit prendre contact


avec la direction générale de la concurrence de la Commission qui, si les
conditions précitées ne sont pas remplies, en informe immédiatement
l'entreprise. L'entreprise peut soit demander dans un premier temps l'octroi d'un
marqueur, soit présenter immédiatement une demande formelle d'immunité
d'amendes (Communication, point 14).

343. Le marqueur protège la place d'une entreprise dans l'ordre d'arrivée des
demandes pendant un délai qui sera déterminé au cas par cas afin de leur
permettre de rassembler les renseignements et éléments de preuve nécessaires.
La communication précise quelles informations doivent être apportées pour
pouvoir obtenir un marqueur et que l'entreprise doit informer la Commission de
toute demande de clémence déjà présentée ou qui serait présentée à d'autres
autorités (Communication, point 15).
344. Lorsqu'elle accorde un marqueur, la Commission fixe le délai dans lequel
l'entreprise doit compléter sa demande en fournissant les renseignements et
éléments de preuve nécessaires pour atteindre le niveau de preuve requis pour
l'immunité. Si l'entreprise s'exécute dans le délais imparti, les renseignements et
éléments de preuve seront considérés comme ayant été communiqués à la date
d'octroi du marqueur (Communication, point 15).

345. Dans le cas d'une demande formelle d'immunité, soit l'entreprise fournit


immédiatement les éléments de preuve dont elle dispose, soit elle présente ces
informations sous forme hypothétique. Dans ce dernier cas, l'entreprise soumet
une liste descriptive des éléments de preuve qu'elle se propose de divulguer à
une date ultérieure convenue. La communication précise que la liste doit refléter
exactement la nature et la teneur des éléments de preuve, tout en préservant le
caractère hypothétique de leur divulgation. Des copies expurgées de documents
dont les passages sensibles ont été supprimés peuvent être utilisées pour illustrer
la nature et la teneur de ces éléments de preuve (Communication, point 16).

346. Dans le cas où l'entreprise fournit immédiatement les éléments de preuve


dont elle dispose, après avoir accusé réception de la demande d'immunité,
confirmé la date à laquelle les éléments de preuve ont été fournis et vérifié que
les conditions précitées sont remplies, la Commission accorde par écrit à
l'entreprise une immunité conditionnelle d'amendes (Communication, points 17
et 18).

347. Dans le cas où l'entreprise fournit les informations sous forme hypothétique,


une fois les éléments de preuve divulgués au plus tard à la date convenue et
après avoir vérifié qu'ils correspondent à la description de la liste, la Commission
accorde par écrit à l'entreprise une immunité conditionnelle d'amendes
(Communication, point 19).

348. Si les conditions permettant d'obtenir une immunité ne sont pas remplies,
l'entreprise peut retirer les éléments de preuve ou demander à la Commission de
les examiner conformément à la demande d'immunité partielle (réduction
d'amendes), et ce, sans préjudice du droit, pour la Commission, de faire usage de
ses pouvoirs d'enquête normaux pour obtenir lesdites informations
(Communication, point 20).

349. L'immunité d'amendes sera accordée par la Commission par voie de


décision, au terme de la procédure administrative (Communication, point 22).

§ 2 - Immunité partielle

350. Une entreprise ne remplissant pas les conditions d'une immunité totale


pourra prétendre à une réduction du montant de l'amende si elle fournit des
éléments de preuve qui apportent une « valeur ajoutée » significative par rapport
aux éléments dont dispose déjà la Commission et si elle remplit les trois
conditions cumulatives prévues pour la demande d'immunité totale
(Communication, points 23 et 24).

351. Par valeur ajoutée, la Commission « vise la mesure dans laquelle les


éléments de preuve fournis renforcent, par leur nature même et/ou leur niveau
de précision, la capacité de la Commission d'établir l'existence de l'entente
présumée » (V. Communication, point 25).

352. Dans un arrêt rendu le 6 décembre 2005, le Tribunal de première instance a


considéré qu'une entreprise pouvait bénéficier d'une réduction d'amende
lorsqu'elle fournissait, en réponse à une demande de renseignements au titre de
o
l'article 11 du règlement n  17, des informations allant bien au-delà de celles dont
la production pouvait être exigée par la Commission en vertu de cet article (TPI,
6 déc. 2005, Brouwerij Haacht c/ Commission, aff. T-48/02, Rec. II. 5259).

353. Le barème de réduction est posé par la Commission dans la communication,


sur la base de la règle « premier arrivé, premier servi », au même titre que pour
l'immunité (Communication, point 26).

354. Pour la première entreprise à remplir les conditions de valeur ajoutée et


d'arrêt de la pratique, la Commission appliquera une réduction comprise entre 30
et 50 % ; pour la deuxième entreprise, une réduction entre 20 et 30 %, et pour
les autres entreprises, une réduction maximale de 20 % (Communication,
point 26).

355. Les éléments permettant de déterminer le niveau de la réduction du


montant de l'amende sont les suivants : – la date à laquelle les éléments de
preuve apportant une valeur ajoutée ont été communiqués ; – le degré de valeur
ajoutée que ces éléments représentent (Communication, point 26).

356. Si une entreprise qui sollicite une réduction d'amende est la première à
fournir des preuves déterminantes, que la Commission utilise pour établir des
éléments de faits supplémentaires qui renforcent la gravité ou la durée de
l'infraction, la Commission ne tiendra pas compte de ces faits pour fixer le
montant de l'amende infligée à l'entreprise qui les a fournis (Communication,
point 26).

357. Les entreprises souhaitant faire une demande de réduction d'amende


doivent adresser les éléments de preuve relatifs à la présumée entente à la
Commission (Communication, point 27), qui ne prendra pas en considération les
éléments de preuve remis par une entreprise sollicitant une réduction du montant
de l'amende avant d'avoir statué sur une demande d'immunité conditionnelle déjà
présentée pour la même infraction présumée (Communication, point 28).
358. En contrepartie de la remise des documents, l'entreprise recevra un accusé
de réception de la direction générale de la concurrence de la Commission
(Communication, point 28).

359. Si la Commission considère que les éléments de preuve apportés par


l'entreprise apportent une valeur ajoutée, l'entreprise est informée par écrit, au
plus tard à la date de notification d'une communication des griefs, que la
Commission envisage de réduire le montant de l'amende dans une des
fourchettes précitées (Communication, point 29).

360. L'immunité d'amendes sera accordée par la Commission par voie de


décision, au terme de la procédure administrative (Communication, point 30).

361. La jurisprudence qui existe en la matière se réfère à l'ancienne


communication de 1996. À titre d'exemple, la Commission a fait application de la
communication de 1996 dans une décision du 10 décembre 2003 (Décis.
o o
n  2005/349 de la Commission, 10 déc. 2003, JOUE, n  L 110, 30 avr. 2005, aff.
COMP/E-2/37.857 – Peroxydes organiques), dans les termes suivants : « Akzo
bénéficie de l'immunité d'amende pour avoir été la première entreprise à
dénoncer l'entente à la Commission […]. Atofina bénéficie d'une réduction de
50 % pour avoir coopéré à l'enquête de la Commission. Elle a été la première des
entreprises pouvant prétendre à une réduction significative du montant de
l'amende à coopérer avec la Commission ; c'est aussi sa contribution qui a été la
plus utile. À l'instar des autres entreprises ayant coopéré avec la Commission,
elle n'a pas contesté la matérialité des faits sur lesquels cette dernière fondait ses
accusations. Peroxid Chemie et Degussa UK Holdings bénéficient d'une réduction
à hauteur de 25 % pour avoir coopéré à l'enquête de la Commission. Les
éléments de preuve qu'elles ont fournis sont arrivés tardivement, et leur
coopération a été plus limitée que dans le cas d'Akzo et Atofina. Perorsa, qui a
été la dernière entreprise à avoir coopéré, bénéficie d'une réduction de 15 % ».

362. Cette procédure est une pratique d'origine anglo-saxonne adaptée à la


mentalité des Américains et des Anglais. Toutefois, elle ne correspond pas
vraiment à l'approche que peuvent avoir les Français de telles démarches.

Art. 5 - Procédure de transaction

363. Le 30 juin 2008, la Commission a adopté un règlement introduisant la


o
procédure de « transaction » en droit des ententes (Règl. n  622/2008 de la
o er
Commission, 30 juin 2008, JOUE, n  L 171, 1  juill., modifiant le règlement (CE)
o
n  773/2004 en ce qui concerne les procédures de transaction engagées dans les
affaires d'entente). Une communication publiée le 2 juillet 2008 est venue
o
détailler les modalités de cette procédure (Communication n  2008/C 167/01 de
la Commission relative aux procédures de transaction engagées en vue de
o
l'adoption de décisions en vertu des articles 7 et 23 du règlement (CE) n  1/2003
o
du Conseil dans les affaires d'entente, JOUE, n  C 167, 2 juill. 2008).

364. La procédure de transaction permet aux entreprises qui ont participé à un


cartel de coopérer avec la Commission en reconnaissant leur culpabilité et en
acceptant d'être soumises à une procédure rapide et simplifiée. En contrepartie,
les entreprises recevront une réduction de 10 % du montant de l'amende.

er
§ 1 - Ouverture de la procédure

365. La Commission a seule le pouvoir d'engager la procédure, à la demande


écrite d'une entreprise en cause. Elle peut refuser de faire droit à la demande de
l'entreprise, mais ne peut obliger cette dernière à transiger (Communication,
point 4).

366. L'ouverture de la procédure doit intervenir au plus tard à la date à laquelle


la Commission adresse une communication des griefs aux parties en cause
(Communication, point 9).

367. Lorsque la Commission considère qu'il est opportun d'adopter une décision


de transaction, elle doit préalablement identifier et reconnaître comme parties à
la procédure les personnes morales auxquelles une amende peut être infligée
pour infraction à l'article 81 du Traité CE (Communication, point 8). La
Commission initie la procédure en envoyant aux entreprises une lettre qui les
informe de sa décision d'ouvrir une procédure de transaction. Les entreprises
identifiées ont alors un délai de deux semaines au moins pour déclarer par écrit si
o
elles sont disposées à prendre part à des discussions (Règl. n  773/2004, mod.
o
par Règl. n  622/2008, art. 10 bis- 1, et Communication, point 11).

368. Lorsque la Commission ouvre une procédure contre plusieurs entités


appartenant à la même entreprise, en vue de faciliter les discussions de
transaction, les entreprises en cause doivent désigner un représentant commun
o o
avant l'expiration de ce délai (Règl. n  773/2004, mod. par Règl. n  622/2008,
art. 10 bis- 1, et Communication, point 12).

369. À l'expiration de ce délai, la Commission n'est pas tenue de prendre en


o
considération les réponses reçues (Règl. n  773/2004, mod. par Règl.
o
n  622/2008, art. 10 bis-1), ni de donner suite à une demande d'immunité ou de
réduction d'amende sur la base de la communication sur la clémence
(Communication, point 13).
§ 2 - Déroulement de la procédure

370. La Commission peut décider de poursuivre la procédure si certaines parties


à la procédure acceptent le principe de la transaction dans le délai imparti.
Débutent alors des discussions bilatérales entre chacune des parties et la
Commission, qui dispose d'une marge d'appréciation pour mener celles-ci. Ces
discussions permettent notamment de définir l'ordre et le rythme des contacts,
ainsi que les dates de la communication aux parties d'informations comprenant
les preuves figurant dans le dossier de la Commission, ainsi que le montant
potentiel de l'amende (Communication, points 14 et 15).

371. La Commission peut informer les parties prenant part aux discussions en
vue d'une transaction des griefs qu'elle envisage de soulever à leur encontre, des
preuves utilisées pour formuler les griefs envisagés, des versions non
confidentielles de tout document accessible figurant dans le dossier de l'affaire à
ce moment-là, sur demande des parties, pour autant que la demande de la partie
en cause se justifie pour lui permettre de préciser sa position concernant une
période donnée ou tout autre aspect de l'entente, et, de la fourchette des
o o
amendes probables (Règl. n  773/2004, mod. par Règl. n  622/2008, art. 10 bis-
2 et Communication, point 16).

372. Ces informations permettent aux parties d'être informées des éléments


essentiels pris en considération à ce stade, tels que les faits allégués, leur
qualification, la gravité et la durée de l'entente alléguée, l'attribution des
responsabilités (Communication, point 16).

373. Chaque partie est tenue de respecter la confidentialité des informations qui


lui sont transmises par la Commission vis-à-vis des tiers, à moins que celle-ci ne
leur ait, au préalable, explicitement donné l'autorisation de les communiquer
o o
(Règl. n  773/2004, modifié par Règl. n  622/2008, art. 10 bis-2). Il en va de
même de la teneur des discussions, sous peine de sanction, cette révélation
pouvant constituer une circonstance aggravante prise en compte pour le calcul du
montant de l'amende (Communication, point 36). Le conseil de l'entreprise en
cause s'expose également à des sanctions disciplinaires, la Commission pouvant
signaler l'incident au barreau du conseil en cause (Communication, point 36).

374. Si les discussions en vue d'une transaction progressent, la Commission peut


impartir aux parties un délai pour s'engager éventuellement à suivre la procédure
de transaction en présentant des propositions de transaction reflétant les
résultats des discussions menées à cet effet et reconnaissant leur participation à
une infraction à l'article 81 du Traité, ainsi que leur responsabilité. Avant que la
Commission ne fixe un délai pour l'introduction des propositions de transaction,
les parties en cause ont le droit, si elles en font la demande, d'obtenir la
communication rapide des informations mentionnées à l'article 10 bis, paragraphe
o
2, premier alinéa, du règlement n  773/2004, modifié par le règlement
o
n  622/2008. La Commission n'est pas tenue de prendre en considération les
propositions de transaction reçues après l'expiration de ce délai (Règl.
o o
n  773/2004, mod. par Règl. n  622/2008, art. 10 bis-2).

375. Le délai imparti par la Commission est d'au moins quinze jours ouvrables
(Communication, point 17). À l'inverse, si les discussions n'aboutissent pas, la
procédure classique sera appliquée (Communication, point 19).

376. La demande officielle de transaction, qui prend la forme d'une proposition


de transaction, doit contenir plusieurs éléments et notamment « une
reconnaissance en termes clairs et sans équivoque, par les parties, de leur
responsabilité dans l'infraction, sous forme de résumé mentionnant l'objet de
l'infraction, son éventuelle mise en œuvre, les principaux faits et leur qualification
juridique, y compris le rôle de chaque partie ainsi que la durée de leur
participation à l'infraction, conformément aux résultats des discussions menées
en vue de parvenir à une transaction ». Les parties doivent confirmer qu'« elles
n'envisagent pas de demander l'accès au dossier ou à être entendues de
nouveau » et « qu'elles ont été suffisamment informées sur les griefs que la
Commission envisage de leur adresser ». Elles doivent en outre fournir une
indication du montant maximum de l'amende qu'elles accepteraient de se voir
infliger dans le cadre de la procédure de transaction. Enfin, la proposition de
transaction doit contenir l'accord des parties pour recevoir la communication des
griefs ainsi que la décision finale de la Commission (Communication, point 20).

377. Les propositions écrites ne peuvent être révoquées unilatéralement par les


parties qui les ont présentées, à moins que la Commission n'accède pas aux
demandes de transaction en n'entérinant pas les propositions écrites, d'abord
dans la communication des griefs, puis dans la décision finale (Communication,
point 22).

378. L'accès au contenu des propositions de transaction est accordé aux


destinataires de la communication des griefs qui n'ont pas demandé de
transaction, à condition qu'ils s'engagent à ne pas prendre copie de
renseignements figurant dans la proposition de transaction et de veiller à ce que
ces renseignements ne servent qu'aux fins de procédures administratives et
judiciaires ayant pour objet l'application de règles communautaires de
concurrence. Les autres parties, telles que les plaignants, n'ont pas accès aux
propositions de transaction (Communication, point 35).

379. L'utilisation de ces renseignements à d'autres fins est assortie de possibles


sanctions (Communication, point 36). Par ailleurs, les propositions de transaction
ne pourront être transmises aux autorités de concurrence des États membres que
pour autant qu'elles garantissent un niveau de confidentialité équivalant à celui
assuré par la Commission (Communication, point 37). La Commission accepte
que les propositions de transaction puissent se faire oralement (Communication,
point 38).

§ 3 - Fin de la procédure

380. Bien que la procédure de transaction soit une procédure simplifiée et


accélérée, la Commission est tenue d'adresser une communication des griefs par
écrit aux entreprises en cause (Communication, point 23). Lorsque la
communication des griefs notifiée reprend la teneur de leurs propositions de
transaction, les parties en cause doivent, dans le délai fixé par la Commission,
confirmer, dans leur réponse écrite à cette communication des griefs, que cette
dernière reflète la teneur de leurs propositions de transaction. La Commission
peut alors adopter une décision en vertu des articles 7 et 23 du règlement
o
n  1/2003, après consultation du comité consultatif en matière d'ententes et de
o o
positions dominantes (Règl. n  773/2004, mod. par Règl. n  622/2008, art. 10
bis-3). Le délai fixé par la Commission est d'au moins deux semaines
o
(Communication, point 26), et les articles 7 et 23 du règlement n  1/2003
permettent à la Commission de constater et ordonner la cessation d'une
infraction, et infliger une amende.

381. La Commission conserve néanmoins une marge d'appréciation


discrétionnaire puisqu'elle peut adopter une communication des griefs qui ne
reflète pas les propositions des entreprises. Les parties peuvent, quant à elles,
renoncer à la procédure de transaction et demander à se voir accorder un délai
pour présenter leur défense. Dans ce cas, les éléments reconnus sont réputés
avoir été retirés et ne peuvent être utilisés contre aucune des parties à la
procédure (Communication, point 27).

382. La décision finale de la Commission peut également s'écarter de la position


exprimée dans la communication des griefs qui entérine les propositions de
transaction. Dans ce cas, la Commission en informe les parties et leur notifie une
nouvelle communication des griefs afin de leur permettre d'exercer leurs droits de
la défense (Communication, point 29).

383. La Commission peut également décider, à toute étape de la procédure, de


mettre fin aux discussions menées en vue d'une transaction, pour l'ensemble d'un
dossier spécifique ou à l'égard d'une ou plusieurs parties concernées, si elle
considère qu'il est probable que l'efficacité de la procédure est menacée (Règl.
o o
n  773/2004, mod. par Règl. n  622/2008, art. 10 bis-4).

384. Si la transaction est acceptée, le collège de la Commission entérine le projet


de décision qui reprend l'ensemble des éléments figurant dans la communication
des griefs. Les parties bénéficient alors d'une réduction de 10 % du montant de
l'amende après application du plafond de 10 % visé dans les lignes directrices
pour le calcul des amendes (Communication, point 32), à laquelle peut s'ajouter
une réduction due au titre du programme de clémence (Communication,
point 33).

385. La décision finale de la Commission est susceptible de recours devant les


juridictions communautaires (Communication, point 41).

Section 8 - Prescription

o
386. Avec le règlement n  1/2003, les règles relatives à la prescription qui ont
été établies par le règlement du 26 novembre 1974 relatif à la prescription en
matière de poursuites et d'exécution dans les domaines du droit des transports et
o
de la concurrence de la Communauté économique européenne (Règl. n  2988/74
o
du Conseil, 26 nov. 1974, JOCE, n  L 319, 29 nov.) et qui concernent le domaine
o
couvert par le règlement n  1/2003, ont été directement intégrées.

387. Il était nécessaire, dans un système de compétence parallèle, d'ajouter au


nombre des actes susceptibles d'interrompre la prescription, les actes de
procédure autonomes effectués par une autorité de concurrence d'un État
o
membre (Règl. n  1/2003, considérant 31).
o
388. Le règlement n  2988/74 a donc été modifié.

er
Art. 1 - Imposition des sanctions

389. S'agissant de l'imposition des amendes et des astreintes, l'article 25 du


o
règlement n  1/2003 prévoit que la Commission est soumise aux délais de
o
prescription suivants : 1 trois ans en ce qui concerne les infractions aux
dispositions relatives aux demandes de renseignements ou à l'exécution
o
d'inspections ; 2 cinq ans en ce qui concerne les autres infractions.

390. La prescription court à compter du jour où l'infraction a été commise, sauf


pour les infractions continues ou répétées, pour lesquelles la prescription ne court
qu'à compter du jour où l'infraction a pris fin (art. 25-2).

391. Le délai de prescription peut être interrompu par tout acte de la Commission
ou d'une autorité de concurrence relatif à l'instruction ou à la poursuite de
l'infraction, à compter du jour où l'acte a été notifié à une des entreprises ayant
participé à l'infraction (art. 25-3).
392. L'interruption de la prescription vaut à l'égard de toutes les entreprises ou
associations d'entreprises qui ont participé à l'infraction (art. 25-4).

393. Constituent, à titre d'exemple, des actes interruptifs de prescription (Règl.


o
n  1/2003, art. 25-3) : – les demandes de renseignements écrites de la
Commission ou de l'autorité de concurrence d'un État membre ; – les mandats
écrits d'inspection délivrés à ses agents par la Commission ou par l'autorité de
concurrence d'un État membre ; – l'engagement d'une procédure par la
Commission ou par une autorité de concurrence d'un État membre ; – la
communication des griefs retenus par la Commission ou par une autorité de
concurrence d'un État membre.

394. Quand bien même la prescription court à partir de chaque interruption,


cette dernière est acquise au plus tard le jour où un délai égal au double du délai
de prescription arrive à expiration sans que la Commission ait prononcé une
amende ou une astreinte. Ce délai est prorogé de la période pendant laquelle la
prescription est suspendue (art. 25-5), et aussi longtemps que la décision de la
Commission fait l'objet d'une procédure pendante devant la Cour de justice
(art. 25-6).

Art. 2 - Exécution des sanctions

o
395. L'article 26 du règlement n  1/2003 prévoit que le pouvoir de la Commission
d'exécuter les décisions prises, amendes ou astreintes, est soumis à un délai de
cinq ans (art. 26-1), à compter du jour où la décision est devenue définitive
(art. 26-2).

396. La prescription en matière d'exécution des sanctions est interrompue : – par


la notification d'une décision modifiant le montant initial de l'amende ou de
l'astreinte ou rejetant une demande tendant à obtenir une telle modification ; –
par tout acte de la Commission ou d'un État membre, agissant à la demande de
la Commission, visant au recouvrement forcé de l'amende ou de l'astreinte
(art. 26-3).

397. Comme pour la prescription en matière d'imposition de sanctions, la


prescription court à nouveau à chaque interruption (art. 26-4).

398. Enfin, la prescription en matière d'exécution des sanctions est suspendue :


– aussi longtemps qu'un délai de paiement est accordé ; – aussi longtemps que
l'exécution forcée du paiement est suspendue en vertu d'une décision du Tribunal
de première instance ou de la Cour de justice, selon l'état de la procédure
(art. 26-5).
Section 9 - Droits de la défense

er
Art. 1 - Communication des griefs

o o
399. Au titre de l'article 10 du règlement n  773/2004 (Règl. n  773/2004 de la
o
Commission, 7 avr. 2004, JOUE, n  L 123, 27 avr., relatif aux procédures mises
en œuvre par la Commission en application des articles 81 et 82 du Traité CE),
o
modifié par le règlement n  622/2008, en ce qui concerne les procédures de
o
transaction engagées dans les affaires d'entente (Règl. n  622/2008 de la
o er
Commission, 30 juin 2008, JOUE, n  L 171, 1  juill.), la Commission informe les
parties en cause des griefs soulevés à leur encontre. La communication des griefs
est notifiée par écrit à chacune des parties contre lesquelles des griefs sont
soulevés.

ACTUALISATION
5, 125, 199, 399. Le 3 août 2015, la Commission a adopté un nouveau
o
règlement modifiant le règlement n  773/2004 relatif aux règles de la
concurrence dans ses articles 81 et 82 dans le cadre des enquêtes et de
o
l'accès au dossier (Règl. (UE) n  2015/1348 de la Commission, 3 août 2015,
o
JOUE, n  L 208, 5 août).

400. Dans le cadre d'une procédure de transaction, la Commission peut informer


les parties prenant part aux discussions en vue d'une transaction des griefs
o
qu'elle envisage de soulever à leur encontre (Règl. n  773/2004, mod. par Règl.
o
n  622/2008, art. 10 bis).

401. La communication des griefs énonce, de manière claire, les éléments


essentiels sur lesquels la Commission se base (CJCE, 7 juin 1983, Musique
Diffusion française c/ Commission, aff. jointes 100 à 103/80, Rec. 1825), ainsi
que la qualification qui leur est donnée (CJCE, 3 juill. 1991, AKZO c/ Commission,
aff. C-62/86, Rec. I. 3359).

402. Au moment où elle adresse la communication des griefs aux parties, la


Commission fixe un délai auxdites parties pendant lequel elles auront la
possibilité de lui présenter leurs observations écrites. La Commission peut refuser
de prendre en considération les observations présentées après l'expiration du
o
délai (Règl. n  773/2004, art. 10-2).
403. Les observations écrites sont l'occasion pour les parties d'exposer les faits
dont elles ont connaissance et qui leur permettent de se défendre contre les
griefs soulevés par la Commission. Les parties en cause joignent en annexe les
o
documents attestant des faits exposés (Règl. n  773/2004, art. 10-3).

404. Les parties n'ont pas l'obligation de répondre à la communication des griefs


(TPI, 12 déc. 1991, Hilti c/ Commission, aff. T-30/89, Rec. II. 1439).

405. L'original des observations et les annexes sont adressés sur papier ainsi que
par la voie électronique. À défaut de copie électronique, les parties adressent 28
exemplaires papier. Ces dernières peuvent aussi proposer à la Commission qu'elle
entende des personnes susceptibles de corroborer les faits exposés dans leurs
o
observations (Règl. n  773/2004, art. 10-3).

406. Pour respecter le droit des entreprises d'être entendues, la Commission doit


indiquer expressément, dans la communication des griefs, qu'elle va examiner s'il
convient d'infliger des amendes aux entreprises concernées, et énoncer les
principaux éléments de fait et de droit susceptibles d'entraîner une amende (ex. :
gravité et durée de l'infraction supposée et le fait d'avoir commis celle-ci « de
propos délibéré ou par négligence »). Ce faisant, elle leur donne les éléments
nécessaires pour se défendre non seulement contre une constatation de
l'infraction, mais également contre le fait de se voir infliger une amende (TPI,
18 juin 2008, Hoechst c/ Commission, aff. T-410/03, Rec. II. 881).

407. La décision fixant le délai pour répondre à une communication des griefs
complémentaires et celle rejetant une demande de production forcée de pièces
sont des actes préparatoires à une décision constatant une pratique
anticoncurrentielle, insusceptibles de faire l'objet d'un recours en annulation,
même s'ils sont constitutifs d'une violation des droits de la défense (TPI ord.,
27 janv. 2009, Intel c/ Commission, aff. T-457/08 R ).

Art. 2 - Auditions

er
§ 1 - Personnes pouvant être entendues

o
408. L'article 27 du règlement n  1/2003 impose à la Commission de donner aux
entreprises et associations d'entreprises en cause l'occasion de faire connaître
leur point de vue au sujet des griefs retenus par la Commission, avant de prendre
o
une décision de constatation et cessation d'infraction (Règl. n  1/2003, art. 7),
une décision rendant des engagements proposés par une entreprise obligatoires
(art. 8), une décision infligeant une amende (art. 23) ou prononçant une astreinte
(art. 24-2).
o
409. Au titre de l'article 11 du règlement n  773/2004, tel que modifié par le
o
règlement n  622/2008, la Commission donne aux parties auxquelles elle adresse
une communication des griefs la possibilité d'être entendues, avant de consulter
er
le Comité consultatif en application de l'article 14, paragraphe 1 , du règlement
o
n  1/2003.
o
410. En outre, selon l'article 12 du règlement n  773/2004, tel que modifié par le
o
règlement n  622/2008, la Commission donne aux parties auxquelles elle adresse
une communication des griefs la possibilité de développer leurs arguments lors
d'une audition, si elles en font la demande dans leurs observations écrites.
Toutefois, lorsqu'elles présentent des propositions de transaction, les parties
confirment à la Commission qu'elles ne demanderont à développer leurs
arguments lors d'une audition que si la communication des griefs ne reflète pas la
teneur de leurs propositions de transaction. Les demandes sont adressées au
conseiller-auditeur, compétent pour statuer en la matière (Décis.
o o
n  2001/462/CE-CECA de la Commission, 23 mai 2001, JOCE, n  L 162, 19 juin,
art. 7, relative au mandat des conseillers-auditeurs dans certaines procédures de
concurrence).

ACTUALISATION
410, 466 s. Fonction et mandat du conseiller-auditeur. - Le président
de la Commission a adopté le 13 octobre 2011 une décision relative à la
fonction et au mandat du conseiller-auditeur dans certaines procédures de
o
concurrence (Décis. n  2011/695 du président de la Commission, 13 oct.
o o
2011, JOUE, n  L 275, 20 oct.). La décision n  2011/462/CE-CECA est
abrogée. Aux termes de la nouvelle décision, le conseiller-auditeur est
notamment chargé de garantir l'exercice effectif des droits procéduraux dans
le cadre des pouvoirs d'enquête de la Commission et à l'occasion des
amendes infligées par la Commission. L'accent est mis sur les droits de la
défense et la confidentialité.

411. La Commission ne peut fonder ses décisions que sur les griefs au sujet
desquels les parties concernées ont pu faire valoir leurs observations. Les
plaignants sont étroitement associés à la procédure, et les droits de la défense
o
des parties sont pleinement assurés durant ladite procédure (Règl. n  1/2003,
art. 27-1 et 2).

412. La Commission a par ailleurs le pouvoir d'entendre d'autres personnes


physiques ou morales, et le devoir d'entendre les personnes physiques ou
morales qui demandent à être entendues et justifiant d'un intérêt suffisant (Règl.
o
n  1/2003, art. 27-3).

413. Les demandes d'audition des tiers sont adressées au conseiller-auditeur,


compétent pour décider si ceux-ci justifient avoir un intérêt au résultat de la
procédure. Si le conseiller-auditeur prend une décision négative, les tiers en
o
cause peuvent lui adresser des observations écrites (Décis. n  2001/462/CE-
CECA, art. 6).

414. Les autorités de concurrence des États membres peuvent également


demander à la Commission d'entendre d'autres personnes physiques ou morales
o
(Règl. n  1/2003, art. 27-3).

415. Préalablement à l'adoption d'une décision rendant obligatoire des


o
engagements proposés par une entreprise (Règl. n  1/2003, art. 9), ou d'une
décision de constatation d'inapplication de l'article 81 et/ou de l'article 82 du
Traité CE (art. 10), la Commission publie un résumé succinct de l'affaire et le
principal contenu des engagements ou de l'orientation proposée (art. 27-4). La
publication précise le délai fixé par la Commission et dans lequel les tierces
parties intéressées ont la possibilité de présenter leurs observations. Ce délai ne
peut pas être inférieur à un mois. La Commission doit respecter l'intérêt légitime
des entreprises à la protection de leurs secrets d'affaires (art. 27-4).
o
416. L'article 13 du règlement n  773/2004 prévoit que si les tiers, c'est-à-dire
o
les personnes autres que les plaignants (visés dans l'art. 5 du Règl. n  773/2004)
et les parties auxquelles la Commission a adressé une communication des griefs
o o
(visés dans l'art. 11 du Règl. n  773/2004, mod. par le Règl. n  622/2008),
demandent à être entendus et justifient d'un intérêt suffisant, la Commission les
informe par écrit de la nature et de l'objet de la procédure, et fixe un délai pour
leur permettre de faire part de leurs observations.

417. L'intervention d'un tiers faisant suite à la publication du résumé de l'affaire


par la Commission pourrait justifier son intérêt à agir en nullité contre la décision
finale à intervenir de la Commission (V. not., TPI, 12 déc. 1996, Leclerc c/
Commission, aff. T-19/92, Rec. II. 1851 ; TPI, 12 déc. 1996, Leclerc c/
Commission, aff. T-88/92, Rec. II. 1961).

418. Si les tiers font part de leur souhait de participer aux auditions dans leurs
observations écrites, la Commission peut les inviter à développer leurs arguments
lors de l'audition des parties auxquelles une communication des griefs a été
o
adressée (Règl. n  773/2004, art. 13-2).
o
419. L'article 13, paragraphe 3, du règlement n  773/2004, permet enfin à la
Commission d'inviter toutes autres personnes à faire part de leurs observations, à
assister aux auditions des parties et à exprimer leur point de vue lors de ces
auditions.

§ 2 - Conduite des auditions

os
420. Le conseiller-auditeur joue un rôle important à cet égard (V. infra, n  425
et s.).

421. La Commission fixe la date des auditions, et invite les personnes qui doivent
être entendues à y assister (art. 14-2). Elle invite aussi les autorités de
concurrence des États membres à y prendre part. Elle peut inviter les
fonctionnaires et agents d'autres autorités des États membres (Règl.
o
n  773/2004, art. 14-3).

422. Les personnes invitées à se présenter comparaissent en personne, ou sont


représentées par leur représentant, légal ou statutaire. Les entreprises et
associations d'entreprises peuvent être représentées par un mandataire dûment
o
habilité, et choisi dans leur personnel permanent (Règl. n  773/2004, art. 14-4).

423. Les personnes entendues peuvent être assistées par leurs conseillers


juridiques ou d'autres personnes qualifiées et admises par le conseiller-auditeur
o
(Règl. n  773/2004, art. 14-5).

424. L'article 14, paragraphe 6, précise que l'audition n'est pas publique, et que
les personnes qui ont un intérêt légitime à ce que leurs secrets d'affaires et
autres informations confidentielles ne soient pas divulguées peuvent être
entendues séparément.

425. C'est le conseiller-auditeur qui a le pouvoir d'autoriser les parties auxquelles


une communication des griefs a été adressée, les plaignants, les tiers invités à
l'audition, les services de la Commission et les autorités des États membres, à
o
poser des questions pendant l'audition (Règl. n  773/2004, art. 14-7).

426. Les auditions sont enregistrées. Les personnes qui y ont assisté peuvent
demander et obtenir l'enregistrement de l'audition, dans la limite du respect de
l'intérêt légitime des parties à ce que leurs secrets d'affaires et autres
o
informations confidentielles ne soient pas divulgués (Règl. n  773/2004, art. 14-
os os
8) (V. supra, n  182 et s., et n  202 et s.).

Art. 3 - Secret professionnel


o
427. Au titre de l'article 28 du règlement n  1/2003, sans préjudice des échanges
o
d'informations mis en œuvre conformément à l'article 12 du règlement n  1/2003,
ou de la coopération avec les juridictions nationales mise en œuvre en vertu de
o
l'article 15 du règlement n  1/2003, les informations recueillies à l'occasion :
o
d'une enquête par secteur économique ou par type d'accord (Règl. n  1/2003,
art. 17), des demandes de renseignements, des déclarations, des inspections, ou
à l'occasion d'une enquête mise en œuvre par les autorités de concurrence des
États membres (art. 22), ne peuvent être utilisées qu'aux fins pour lesquelles
elles ont été recueillies.

428. Les informations recueillies ou échangées en application du règlement


o o
n  1/2003 sont couvertes par le secret professionnel (Règl. n  1/2003, art. 28-2).

429. À ce titre, les personnes suivantes sont tenues de ne pas divulguer lesdites
o
informations (Règl. n  1/2003, art. 28-2) : – la Commission ; – les autorités de
concurrence des États membres ; – les fonctionnaires de ces entités ; – les
agents et autres personnes travaillant sous la supervision de ces autorités ; – les
agents et fonctionnaires d'autres autorités des États membres ; – les
représentants et experts des États membres assistant aux réunions du comité
o
consultatif visé à l'article 14 du règlement n  1/2003.

430. Cette obligation ne porte toutefois pas atteinte aux procédures d'échange et


d'utilisation d'informations qui sont mises en œuvre dans les hypothèses
o
suivantes (Règl. n  1/2003, art. 28-2) : – coopération entre la Commission et les
o
autorités nationales de concurrence (Règl. n  1/2003, art. 11) ; – échange
d'informations entre la Commission et les autorités nationales de concurrence
o o
(Règl. n  1/2003, art. 12) ; – consultation du comité consultatif (Règl. n  1/2003,
o
art. 14) ; – coopération avec les juridictions nationales (Règl. n  1/2003,
o
art. 15) ; – audition des parties, des plaignants ou des tiers (Règl. n  1/2003,
art. 27).

431. La jurisprudence considère qu'une entreprise victime d'une divulgation


d'informations couvertes par le secret professionnel, par la Commission ou l'un de
ses agents, peut obtenir réparation du préjudice subi sur le fondement de l'article
288 du Traité CE (CJCE, 7 nov. 1985, Adams c/ Commission, aff. 145/83,
Rec. 3539).

432. En outre, les informations fournies à titre purement volontaire, assorties


d'une demande de confidentialité en vue de protéger l'anonymat de l'informateur,
sont couvertes par le secret professionnel (CJCE, 7 nov. 1985, Adams c/
Commission, aff. 145/83, Rec. 3539).
Art. 4 - Accès au dossier

o
433. Avant l'entrée en vigueur du règlement n  1/2003, seule la jurisprudence
garantissait l'accès des entreprises poursuivies au dossier de la Commission
(V., not., TPI, 17 déc. 1991, Hercules Chemicals c/ Commission, aff. T-7/89,
Rec. II. 1711). Aujourd'hui, le droit d'accès au dossier est consacré par l'article
o
27, paragraphe 2, du règlement n  1/2003, dont les dispositions sont reprises
o o
dans le règlement n  773/2004, modifié par le règlement n  622/2008 (préc.). La
Commission avait par ailleurs adopté une communication relative aux règles de
procédure interne pour le traitement des demandes d'accès au dossier dans les
cas d'application des articles 85 et 86 du Traité CE, des articles 65 et 66 du Traité
o o
CECA et du règlement n  4064/89 du Conseil (JOCE, n  C 23, 23 janv. 1997).
os
Suite à la modernisation du droit des ententes (V. supra, n  4 et s.), la
Commission a adopté une nouvelle communication relative à l'accès au dossier,
qui remplace la précédente (Communication de la Commission du 13 déc. 2005
relative aux règles d'accès au dossier de la Commission dans les affaires relevant
des articles 81 et 82 du Traité CE, des articles 53, 54 et 57 de l'Accord EEE et du
o o
règlement n  139/2004 du Conseil, JOUE, n  C 325, 22 déc. 2005).
o o
434. L'article 15 du règlement n  773/2004 (mod. par Règl. n  622/2008) prévoit
que les parties qui se sont vu adresser la communication des griefs par la
Commission peuvent demander et obtenir l'accès au dossier de cette dernière.
Les parties n'ont donc pas le droit d'accéder au dossier avant la notification de la
communication des griefs de la Commission (Communication sur l'accès au
dossier, point 26).
o
435. L'article 15, paragraphe 1 bis, du règlement n  773/2004, tel que modifié
o
par le règlement n  622/2008, prévoit qu'après l'ouverture de la procédure et afin
de permettre aux parties désireuses de présenter des propositions de transaction
de le faire, la Commission communique, sur demande et sous réserve du respect
des conditions fixées dans les alinéas applicables, les éléments de preuve et les
o
documents visés à l'article 10 bis, paragraphe 2, du règlement n  773/2004, tel
o
que modifié par le règlement n  622/2008. À cet effet, lorsqu'elles présentent ces
propositions, les parties confirment à la Commission qu'elles ne demanderont
l'accès au dossier, après réception de la communication des griefs, que si celle-ci
ne reflète pas la teneur de leurs propositions de transaction.

436. Le dossier de la Commission dans une enquête en matière de concurrence


se compose de l'ensemble des documents obtenus, produits et/ou assemblés par
la direction générale de la concurrence de la Commission lors de l'enquête
(Communication sur l'accès au dossier, point 8). L'accès au dossier est donné sur
demande, et normalement une seule fois afin de protéger le principe de l'égalité
des armes et de protéger les droits de la défense (Communication sur l'accès au
dossier, point 27). En effet, selon la jurisprudence communautaire, compte tenu
du principe de l'égalité des armes, les entreprises en cause doivent avoir une
connaissance du dossier utilisé dans la procédure égale à celle dont dispose la
Commission (TPI, 19 mai 1999, BASF c/ Commission, aff. T-175/95, Rec. II.
1581), et il n'appartient pas à la Commission d'apprécier si un document ou une
partie d'un document est ou non utile pour la défense de l'entreprise intéressée
(CJCE, 25 oct. 1983, AEG-Telefunken c/ Commission, aff. 107/82, Rec. 3151). En
règle générale, les parties n'ont pas accès aux réponses des autres parties aux
griefs formulés par la Commission. En outre, une partie aura accès aux
documents reçus après la communication des griefs dans les phases ultérieures
de la procédure administrative, lorsque ces documents peuvent constituer de
nouveaux éléments de preuve, qu'ils soient à charge ou à décharge, relatifs aux
allégations formulées à l'égard de cette partie dans la communication des griefs
de la Commission. C'est particulièrement le cas lorsque la Commission entend se
fonder sur de nouvelles preuves (Communication sur l'accès au dossier, point
27). L'accès au dossier est donné sur CD-Rom ou tout autre support d'information
électronique, par l'envoi par la poste de copies sous forme papier des documents
disponibles, ou en invitant les entreprises en cause à examiner les documents
dans les locaux de la Commission, ou selon une combinaison de ces méthodes
choisie par la Commission (Communication sur l'accès au dossier, point 44). Le
fait qu'un document ait été mentionné dans la communication des griefs sans y
avoir été annexé n'est pas constitutif d'une violation des droits de la défense
lorsque les destinataires de ladite communication y ont eu accès avant qu'ils ne
soient obligés de répondre à celle-ci (TPI, 8 juill. 2004, Dalmine c/ Commission,
aff. T-50/00, Rec. II. 2395).

437. La jurisprudence considère qu'il appartient à la partie qui se prétend victime


d'une violation de son droit d'accès au dossier d'avancer des indices de nature à
établir que les services de la Commission ont sélectionné les documents rendus
accessibles afin de l'empêcher de réfuter les éléments de preuve avancés par la
Commission pour établir sa participation à l'infraction. Lorsqu'elle avance des
propos tenus par le rapporteur de la Commission à son conseil, l'entreprise en
cause doit prouver la réalité et la portée de ces propos (TPI, 10 mars 1992,
Hoechst c/ Commission, aff. T-10/89, Rec. II. 629). Une telle preuve est difficile à
rapporter, et l'intervention du conseiller-auditeur devrait être utile à cet égard
o
(Lamy procédures communautaires, janv. 2005, n  415-135).

438. Les parties ne peuvent pas avoir accès : aux secrets d'affaires, aux autres
informations confidentielles, aux documents internes de la Commission et des
autorités de concurrence des États membres, aux correspondances entre la
Commission et les autorités de concurrence des États membres, aux
correspondances entre autorités de concurrence qui se trouveraient dans le
o o
dossier de la Commission (Règl. n  773/2004, modifié par Règl. n  622/2008,
art. 15-2).
439. Les parties ne peuvent pas avoir accès aux documents établis dans le cadre
de la coopération entre la Commission et les autorités nationales de concurrence
ou aux documents établis dans le cadre de la consultation, par la Commission, du
o
comité consultatif (Règl. n  1/2003, art. 27-2).

440. Les documents internes de la Commission (projets, avis ou notes des


services de la Commission ou autres autorités publiques intéressées) sont
dépourvus de force probante. Leur non-divulgation ne porte donc pas atteinte à
l'exercice des droits de la défense des parties (Communication sur l'accès au
dossier, point 12). La jurisprudence admet toutefois exceptionnellement leur
accessibilité lorsqu'ils paraissent à première vue contenir des éléments de preuve
pertinents de nature à étayer les indices déjà avancés par la partie en cause, de
façon sérieuse, ou s'ils sont nécessaires pour permettre au Tribunal, s'il y a lieu,
de vérifier d'office que la Commission n'a pas méconnu les devoirs que lui impose
le Traité (TPI ord., 19 juin 1996, NMH Stahlwerke E.A. c/ Commission, aff. T-
134/94, Rec. II. 537).
o
441. Toutefois, aucune des dispositions du règlement n  773/2004 ne doit
empêcher la Commission de divulguer et d'utiliser des informations nécessaires à
l'établissement de la preuve d'une infraction aux articles 81 et 82 du Traité CE
o
(Règl. n  773/2004, art. 15-3).

442. En outre, les documents obtenus dans le cadre de l'accès au dossier de la


Commission ne peuvent être utilisés qu'aux fins de procédures judiciaires ou
administratives dont l'objet est l'application des articles 81 et 82 du Traité (Règl.
o
n  773/2004, art. 15-4).

443. La jurisprudence considère que le droit d'accès au dossier n'est pas


invocable au soutien d'un recours en nullité de la décision de la Commission
lorsque la demande d'accès au dossier est postérieure à la décision (TPI, 21 oct.
1997, Deutsche Bahn c/ Commission, aff. T-229/94, Rec. II. 1689 ; TPI, 22 oct.
1997, SCK et FNK c/ Commission, aff. jointes T-213/95 et T-18/96, Rec. II.
1739). Ainsi, à partir du moment où la décision a été notifiée aux parties, les
droits de la défense sont garantis par la possibilité d'exercer un recours contre
ladite décision, le droit d'accès s'éteignant au moment où la procédure est close.

444. Ce droit d'accès permet aux destinataires de la communication des griefs de


se défendre. Il en va différemment pour le plaignant, les tiers ou les entreprises
os
en position dominante dans certains cas (V. infra, n  445 et s.).
o
445. Au titre de l'article 8 du règlement n  773/2004, le plaignant peut demander
l'accès aux documents sur lesquels la Commission fonde son appréciation
provisoire, lorsqu'elle envisage de rejeter une plainte. Toutefois, le plaignant n'a
pas accès aux secrets d'affaires et autres informations confidentielles appartenant
à d'autres parties à la procédure.
446. La jurisprudence affirme par ailleurs que les tiers ne sauraient prétendre
disposer d'un droit d'accès au dossier détenu par la Commission dans des
conditions identiques à celles auxquelles peuvent prétendre les entreprises
poursuivies (TPI, 30 nov. 2000, Industrie des poudres sphériques c/ Commission,
aff. T-5/97, Rec. II. 3755).

447. De même, l'entreprise en position dominante ne sera en principe pas


informée du contenu de certaines lettres adressées à la Commission par les
partenaires commerciaux de cette entreprise. Selon la jurisprudence, « la
Commission peut aussi refuser l'accès à des documents que, dans le cadre d'une
correspondance ou d'une réponse à une demande de renseignements, des
entreprises tierces lui ont remis sous réserve de confidentialité. En effet, étant
donné qu'une entreprise en position dominante sur le marché est susceptible
d'adopter des mesures de rétorsion à l'encontre des concurrents, des fournisseurs
ou des clients qui ont collaboré à l'instruction menée par la Commission, les
entreprises tierces qui remettent à la Commission, au cours des enquêtes
effectuées par elle, des documents dont elles estiment que leur remise serait
susceptible d'être à l'origine de représailles à leur égard, ne peuvent le faire qu'en
sachant que leur demande de confidentialité sera prise en considération. Enfin,
des rapports de vérifications effectuées dans des entreprises tierces, en tant que
documents susceptibles de révéler des infractions commises par des tiers, ne sont
manifestement pas communicables » (CJCE, 6 avr. 1995, BPB Industries et
British Gypsum c/ Commission, aff. C-310/93 P, Rec. I. 865). À ce titre, la
communication sur l'accès au dossier précise que la notion d'« autres
informations confidentielles » auxquelles les parties n'ont pas accès peut englober
celles qui permettraient aux parties d'identifier les plaignants ou d'autres tiers qui
ont le souhait légitime de rester anonymes (Communication sur l'accès au
dossier, point 19).

448. Les actes par lesquels la Commission a refusé, dans le cadre d'une


procédure administrative d'application des règles de concurrence, d'une part, de
communiquer aux entreprises mises en cause une partie de la communication des
griefs et, d'autre part, de leur donner accès à l'ensemble des documents faisant
partie de son dossier ne sont pas susceptibles de produire des effets juridiques de
nature à affecter, avant l'intervention éventuelle d'une décision constatant une
infraction aux règles du Traité, les intérêts de ces entreprises. Il s'agit dès lors
uniquement d'actes de procédure, préparatoires par rapport à la décision qui
constituera le terme ultime de la procédure administrative, qui ne peuvent, en
tant que tels, faire l'objet d'un recours en annulation au titre de l'article 230 du
Traité (TPI, 18 déc. 1992, Cimenteries CBR E.A. c/ Commission, aff. jointes T-
10/92 et autres, Rec. II. 2667).

449. La violation des principes généraux du droit communautaire régissant le


droit d'accès au dossier au cours de la procédure préalable à l'adoption de la
décision est susceptible, en principe, d'entraîner l'annulation de cette décision
lorsqu'il a été porté atteinte aux droits de la défense de l'entreprise concernée. En
pareille hypothèse, la violation n'est pas régularisée du simple fait que l'accès a
été rendu possible à un stade ultérieur, et notamment au cours de la procédure
juridictionnelle concernant un éventuel recours visant à l'annulation de la décision
contestée. Cependant, une telle violation n'entraîne l'annulation de la décision
considérée que si l'entreprise concernée démontre qu'elle aurait pu utiliser pour
sa défense les documents dont l'accès lui a été refusé (CJCE, 8 juill. 1999,
Hercules Chemicals c/ Commission, aff. C-51/92 P, Rec. I. 4235). Toutefois,
lorsque les affirmations de la Commission qui reposent sur des documents qui
n'ont pas été portés à la connaissance des parties, sont purement accessoires par
rapport aux infractions constatées dans la décision finale, cette violation des
droits de la défense ne saurait affecter la validité de celle-ci dans son ensemble
(CJCE, 7 juin 1983, Musique Diffusion française c/ Commission, aff. jointes 100 à
103/80, Rec. 1825).

Art. 5 - Secrets d'affaires et données confidentielles

450. Le principe général de protection des secrets d'affaires s'oppose à ce qu'un


tiers plaignant reçoive communication des documents qui contiennent des secrets
d'affaires (CJCE, 24 juin 1986, AKZO Chemie c/ Commission, aff. 53/85,
Rec. 1965). La notion de secret d'affaires recouvre les informations sur l'activité
professionnelle d'une entreprise dont la divulgation peut gravement léser ses
intérêts (Communication sur l'accès au dossier, point 18).

451. Sont également couverts par le secret les documents destinés ou échangés


avec un avocat extérieur à l'entreprise, dans la mesure où seul ce dernier est
structurellement, hiérarchiquement et fonctionnellement indépendant de
l'entreprise qui bénéficie de son assistance. À défaut de satisfaire l'exigence
d'indépendance imposée par la jurisprudence, sont exclus du bénéfice du legal
privilege les documents échangés avec un juriste d'entreprise nonobstant les
spécificités du rapport d'emploi qui pourraient exister entre une entreprise et son
conseiller juridique (TPI, 17 sept. 2007, Akzo Nobel Chemicals et Akcros
Chemicals c/ Commission, aff. jointes T-125/03 et T-253/03, Rec. II. 3523). De
même, les constatations de la Commission relatives à une infraction commise par
une entreprise et susceptibles de se heurter au principe de la présomption
d'innocence doivent être considérées comme confidentielles vis-à-vis du public et
couvertes, de ce fait, par le secret professionnel (TPI, 12 oct. 2007, Pergan
Hilfsstoffe für industrielle Prozesse c/ Commission, aff. T-474/04, Rec. II. 4225).
La protection des secrets d'affaires constitue donc une restriction au droit d'accès
au dossier des entreprises visées par une procédure pouvant faire grief (Lamy
o
procédures communautaires, janv. 2005, n  415-135).

ACTUALISATION
451. Confidentialité des communications entre clients et avocats. -
Par arrêt du 14 septembre 2010, la Cour de justice a indiqué que, dans le
domaine du droit de la concurrence, les échanges au sein d'une entreprise
avec un avocat interne ne bénéficient pas de la confidentialité des
communications entre clients et avocats (CJUE, 14 sept. 2010, Akzo Nobel
Chemicals Ltd c/ Commission, aff. C-550/07  P, Europe nov. 2010.
Comm. 370, obs. Idot).

o
452. La jurisprudence Akzo a été confirmée par le règlement n  773/2004. Ainsi,
er
l'article 16, paragraphe 1 , dudit règlement prévoit que la Commission ne
communique pas et ne rend pas accessibles les informations et documents qui
contiennent des secrets d'affaires ou d'autres informations confidentielles
appartenant à une personne quelconque.

453. La notion d'« autres informations confidentielles » comprend les


informations autres que les secrets d'affaires qui peuvent être considérées
comme confidentielles dans la mesure où leur divulgation léserait gravement une
personne ou une entreprise (Communication sur l'accès au dossier, point 19). Des
informations sont considérées comme confidentielles lorsque la personne ou
l'entreprise en cause a fait une demande à cet effet et que cette demande a été
acceptée par la Commission (Communication sur l'accès au dossier, point 21).
o
454. L'article 16-2 du règlement n  773/2004 précise les personnes qui ont
qualité pour demander la protection d'informations qu'elles considèrent comme
confidentielles. Il s'agit des personnes suivantes : – un plaignant qui fait
connaître son point de vue lors de l'audition des parties à qui une communication
o o
des griefs a été adressée (Règl. n  773/2004, modifié par Règl. n  622/2008,
art. 6-1) ; – un plaignant qui fait connaître son point de vue lors du rejet de sa
o
plainte par la Commission (Règl. n  773/2004, art. 7-1) ; – une partie qui fait
connaître son point de vue suite à une communication des griefs par la
o
Commission (Règl. n  773/2004, art. 10-2) ; – un tiers qui fait connaître son
o
point de vue par écrit (Règl. n  773/2004, art. 13-1) ; – toute personne invitée
par la Commission à exprimer son point de vue lors de l'audition des parties
o
auxquelles une communication des griefs a été adressée (Règl. n  773/2004,
art. 13-3) ; – toute personne qui fournit des informations complémentaires à la
Commission, à un stade ultérieur de la même procédure.

455. Les personnes en cause doivent indiquer les raisons, et fournir une version
non confidentielle des informations en cause, de manière séparée, dans le délai
o
imparti par la Commission (Règl. n  773/2004, art. 16-2).

456. En outre, la Commission peut exiger de toute entreprise ou association


d'entreprises qui produit des documents ou des déclarations dans le cadre du
o
règlement n  1/2003, qu'elle signale les documents ou parties de documents
qu'elle considère comme contenant des secrets d'affaires ou d'autres informations
confidentielles lui appartenant, et qu'elle désigne les entreprises vis-à-vis
desquelles lesdits documents doivent être considérés comme confidentiels (Règl.
o
n  773/2004, art. 16-3).

457. Elle peut aussi exiger des entreprises et associations d'entreprises qu'elles


o
signalent les éventuels secrets d'affaires contenus dans (Règl. n  773/2004,
art. 16-3) : – la communication des griefs ; – le résumé succinct de l'affaire établi
avant de prendre une décision rendant des engagements pris par une entreprise
o
obligatoires (Règl. n  1/2003, art. 9), en application de l'article 27, paragraphe 4,
o
du règlement n  1/2003 ; – le résumé succinct de l'affaire établi avant de prendre
o
une décision de constatation d'inapplication (Règl. n  1/2003, art. 10), en
o
application de l'article 27, paragraphe 4, du règlement n  1/2003 ; – la décision
adoptée par la Commission.

458. La Commission peut impartir aux entreprises ou aux associations


o
d'entreprises en cause un délai (Règl. n  773/2004, art. 16-3) pour : – justifier
leur demande de confidentialité en ce qui concerne chaque document ou partie de
document, déclaration ou partie de déclaration ; – fournir à la Commission une
version non confidentielle des documents ou des déclarations, dans lesquels les
passages confidentiels sont supprimés ; – fournir une description concise de
chaque passage supprimé.
o
459. Ce délai ne peut être inférieur à deux semaines (Règl. n  773/2004, mod.
o
par Règl. n  622/2008, art. 17-3).

460. Le défaut, pour les entreprises en cause, de signaler, le cas échéant, dans le
délai imparti par la Commission, les documents qu'elles considèrent comme
confidentiels en application des paragraphes 2 et 3 de l'article 16 du règlement
o
n  773/2004, a pour conséquence que la Commission peut supposer que les
documents ou les déclarations concernés ne contiennent pas d'informations
o
confidentielles (Règl. n  773/2004, art. 16-4).

461. La Commission dispose d'un pouvoir discrétionnaire pour apprécier si un


document contient ou non des secrets d'affaires. Après avoir reçu le signalement
d'informations confidentielles de la part des personnes en cause, la Commission
accepte provisoirement les demandes de confidentialité qui paraissent justifiées,
ou informe la personne ou l'entreprise considérée qu'elle ne peut accepter en tout
ou en partie la demande de confidentialité lorsque celle-ci n'apparaît pas justifiée.
La Commission peut, à un stade ultérieur de la procédure, revenir sur son
acceptation provisoire de la demande de confidentialité en tout ou en partie. Elle
doit alors donner à la personne ou l'entreprise en cause l'occasion de présenter
des observations. Ce n'est que si le désaccord persiste que le conseiller-auditeur
est saisi pour statuer (Communication sur l'accès au dossier, points 40, 41 et 42 ;
os
et V. infra, n  433 et s.). La jurisprudence précise en outre qu'il appartient à la
Commission, dans le cadre de la procédure d'application des règles de
concurrence, d'apprécier si un document déterminé contient ou non des secrets
d'affaires. Après avoir mis l'entreprise en mesure de faire valoir son point de vue,
elle est tenue de prendre à ce sujet une décision dûment motivée qui doit être
portée à la connaissance de l'entreprise. Eu égard au préjudice extrêmement
grave qui pourrait résulter de la communication irrégulière de documents à un
concurrent, la Commission doit, avant d'exécuter sa décision, donner à
l'entreprise la possibilité de saisir la Cour (le Tribunal de première instance est la
juridiction compétente pour connaître des recours en matière de droit
o
communautaire de la concurrence : V. infra, n  497), en vue de faire contrôler les
appréciations portées et d'empêcher, par le jeu combiné des articles 173 et 185
du Traité (devenus art. 230 – recours en annulation – et 242 – sursis à exécution
– du Traité CE), qu'il soit procédé à la communication contestée (CJCE, 24 juin
1986, AKZO Chemie c/ Commission, aff. 53/85, Rec. 1965).

462. La mise en balance du principe de protection des secrets d'affaires avec la


garantie des droits de la défense ne permet pas à la Commission de refuser de
divulguer, même si ce n'est que dans des versions non confidentielles ou sous
forme de transmission d'une liste des documents recueillis par la Commission, à
une entreprise, des éléments du dossier que celle-ci pourrait utiliser pour sa
défense (TPI, 29 juin 1995, ICI c/ Commission, aff. T-36/91, Rec. II. 1847).

ACTUALISATION
462 s. Respect des droits de la défense et accès au dossier. - Dans un
arrêt du 25 octobre 2011, la Cour de justice a examiné l'hypothèse de la
perte par la Commission d'une partie importante d'un dossier (CJUE, 25 oct.
2011, Solvay c/ Commission, aff. C-109/10 P et C-110/10 P, Europe déc.
2011. Comm. 472, obs. Idot).

o
463. En outre, l'article 15, paragraphe 3, du règlement n  773/2004 précise
o
qu'aucune des dispositions du règlement n  773/2004 ne doit empêcher la
Commission de divulguer et d'utiliser des informations nécessaires à
l'établissement de la preuve d'une infraction aux articles 81 et 82 du Traité. Cette
disposition s'applique notamment aux documents comportant un secret d'affaires.
Par ailleurs, il appartient à la Commission d'apprécier si la nécessité de préserver
les droits de la défense des parties par l'accès le plus large possible au dossier de
la Commission peut l'emporter sur le souci de protéger les informations
confidentielles d'autres parties. La Commission tient ainsi notamment compte de
la pertinence des informations pour déterminer l'existence ou non d'une infraction
et leur force probante, leur caractère indispensable, leur niveau de sensibilité, la
conclusion provisoire sur la gravité de l'infraction alléguée (Communication sur
l'accès au dossier, point 24).

464. Pour veiller au respect des droits de la défense, les entreprises ou


associations d'entreprises doivent être à même de répondre aux griefs formulés à
leur encontre, en accédant aux documents exploités par la Commission. La
Commission est donc enfermée dans un dilemme décisif : soit elle appuie ses
griefs sur des documents confidentiels qu'elle sera pourtant tenue de divulguer en
vertu du principe d'égalité des armes, soit elle renonce à se servir de ces
documents, pour préserver leur confidentialité (Lamy procédures
o
communautaires, janv. 2005, n  415-135). La jurisprudence exige en effet de la
Commission qu'elle renonce à retenir contre l'entreprise en cause des faits,
circonstances ou documents qu'elle estime ne pas pouvoir divulguer, si ce refus
de divulgation affecte la possibilité, pour cette entreprise, de faire connaître
utilement son point de vue sur la réalité ou la portée de ces circonstances, sur ces
documents, ou encore sur les conclusions que la Commission en tire (CJCE,
13 févr. 1979, Hoffmann-La Roche c/ Commission [Vitamines], aff. 85/76,
Rec. 461).

Art. 6 - Statut et rôle du conseiller-auditeur

o
465. L'article 14 du règlement n  773/2004 prévoit que les auditions sont
conduites par un conseiller-auditeur. Le conseiller-auditeur est un organe
indépendant de la DG concurrence, responsable uniquement devant le
commissaire en charge de la concurrence.

ACTUALISATION
465 s. Rôle, nomination et fonctions du conseiller-auditeur. - Voir
o os
désormais la décision n  2011/695 précitée (V. supra, n  410 et 466 s.,
er
art. 1  à 3).

466. Sa mission est de veiller à l'exercice du droit d'être entendu dans le cadre
o
des procédures de concurrence devant la Commission (Décis. n  2001/462/CE-
o er
CECA de la Commission, 23 mai 2001, JOCE, n  L 162, 19 juin, art. 1 , relative
au mandat des conseillers-auditeurs dans certaines procédures de concurrence).

ACTUALISATION
410, 466 s. Fonction et mandat du conseiller-auditeur. - Le président
de la Commission a adopté le 13 octobre 2011 une décision relative à la
fonction et au mandat du conseiller-auditeur dans certaines procédures de
o
concurrence (Décis. n  2011/695 du président de la Commission, 13 oct.
o o
2011, JOUE, n  L 275, 20 oct.). La décision n  2011/462/CE-CECA est
abrogée. Aux termes de la nouvelle décision, le conseiller-auditeur est
notamment chargé de garantir l'exercice effectif des droits procéduraux dans
le cadre des pouvoirs d'enquête de la Commission et à l'occasion des
amendes infligées par la Commission. L'accent est mis sur les droits de la
défense et la confidentialité.

er
§ 1 - Conduite des auditions

467. Les auditions sont organisées et présidées par le conseiller-auditeur (art. 4-


1 du mandat du conseiller-auditeur). À cet effet, celui-ci est tenu informé, par le
directeur chargé de l'instruction de l'affaire, de l'état d'avancement de la
o
procédure, jusqu'au stade du projet de décision (Décis. n  2001/462/CE-CECA,
art. 3-2).

ACTUALISATION
o
467 s. Conduite des auditions. - Voir désormais la décision n  2011/695
os
précitée (V. supra, n  410 et 466 s., art. 4 à 6).

468. Le conseiller-auditeur a pour mission d'assurer le bon déroulement de


l'audition et de contribuer au caractère objectif de l'audition et des décisions
ultérieures. Il veille à ce que tous les faits pertinents, favorables ou non aux
intéressés, ainsi que les éléments de fait relatifs à la gravité de l'infraction, soient
dûment pris en considération dans l'élaboration des projets de décision de la
o
Commission (Décis. n  2001/462/CE-CECA, art. 5).

469. Le conseiller-auditeur peut adresser aux parties une liste des questions qu'il
souhaite voir abordées lors de l'audience, organiser des réunions préparatoires
avec les parties et les services de la Commission, et demander que l'essentiel des
déclarations envisagées par les personnes que les parties proposent de faire
o
entendre lui soit préalablement soumis par écrit (Décis. n  2001/462/CE-CECA,
art. 11).

470. Le conseiller-auditeur fixe la date, la durée et le lieu de l'audition et statue


sur les demandes de prorogation éventuelles. Il dirige les auditions. Il décide de
l'admission de nouveaux documents, des personnes entendues au nom des
parties. Il peut autoriser les entreprises en cause à présenter des observations
écrites après l'audition, dans un délai qu'il fixe. À l'expiration de ce délai, la
Commission n'est pas tenue de prendre en considération les observations fournies
o
(Décis. n  2001/462/CE-CECA, art. 12).

471. Le conseiller-auditeur est par ailleurs compétent pour statuer sur les
demandes motivées de prorogation de délai adressées par les entreprises en
cause. Il adresse sa réponse par écrit à l'entreprise qui demande la prorogation
o
(Décis. n  2001/462/CE-CECA, art. 10).

§ 2 - Accès au dossier et secrets d'affaires

o
472. Selon l'article 8 de la décision n  2001/462/CE-CECA, lorsqu'une entreprise
impliquée dans la procédure estime que l'accès à certains documents détenus par
la Commission est nécessaire pour exercer son droit d'être entendue, elle adresse
une demande motivée au conseiller-auditeur en charge du dossier.

ACTUALISATION
472 s. Accès au dossier. Confidentialité et secret d'affaires. - Voir
o os
désormais la décision n  2011/695 précitée (V. supra, n  410 et 466 s.,
art. 7 à 8).

473. Inversement, lorsque la Commission envisage de divulguer un document


susceptible de constituer un secret d'affaires pour une entreprise en cause, elle
informe cette entreprise de son intention et de ses motifs. L'entreprise dispose
alors d'un délai dans lequel elle peut présenter ses observations écrites. Si elle
considère que le document ne peut pas être divulgué alors que la Commission
considère que les informations qu'il contient ne sont pas protégées, la
Commission prend une décision motivée dans laquelle elle explique sa position et
fixe le délai à l'issue duquel le document sera divulgué. Ce délai ne peut être
inférieur à une semaine (art. 9).
o
474. L'article 9 de la décision n  2001/462/CE-CECA prévoit que la même
procédure est applicable lorsque la Commission envisage de publier sa décision
définitive au Journal officiel de l'Union européenne, mais que l'une des entreprises
en cause considère que certaines informations constituent un secret d'affaires.

475. Le Tribunal de première instance est venu préciser la notion de secret


professionnel. Selon lui, la notion de secret professionnel recouvre un domaine
plus large que celui des secrets d'affaires. Les personnes qui acceptent d'être
o
interrogées dans le cadre d'une enquête (Règl. n  17, art. 19-2) peuvent se voir
communiquer par la Commission des informations couvertes par le secret
professionnel, si cette communication est nécessaire au bon déroulement de
l'instruction. Pour être couvertes par le secret professionnel, les informations en
cause doivent n'être connues que par un nombre restreint de personnes, être
susceptibles de causer un préjudice sérieux à la personne qui les a fournies ou à
des tiers, et être de nature telle que les intérêts susceptibles d'être lésés par leur
divulgation soient objectivement dignes de protection. (TPI, 30 mai 2006, Bank
Austria Creditanstalt c/ Commission, aff. T-198/03, Rec. II. 1429).

§ 3 - Rapports du conseiller-auditeur

476. Après l'audience, le conseiller-auditeur établit un rapport qu'il délivre au


commissaire chargé de la concurrence. Ce rapport comporte ses observations
relatives au déroulement de la procédure (divulgation des documents, accès au
dossier, délais de réponse aux griefs et déroulement de l'audition), et dans lequel
il tire des conclusions sur le respect du droit d'être entendu. Une copie du rapport
est remise au directeur général de la concurrence et au directeur chargé du
dossier. Il peut aussi présenter des observations sur la poursuite de la procédure
(nécessité d'un complément d'information, abandon de certains griefs ou
o
communication de griefs supplémentaires) (Décis. n  2001/462/CE-CECA,
art. 13).

ACTUALISATION
476 s. Rapports du conseiller-auditeur. - Voir désormais la décision
o os
n  2011/695 précitée (V. supra, n  410 et 466 s., art. 14 à 17).

477. Lorsque des engagements sont proposés, le conseiller-auditeur peut


émettre des observations sur l'objectivité de l'enquête menée afin d'évaluer les
effets, sur la concurrence, des engagements. Ce rapport concerne en particulier le
choix des personnes interrogées et la méthodologie utilisée dans le cadre de
o
l'enquête (Décis. n  2001/462/CE-CECA, art. 14).

478. Sur la base du projet de décision de la Commission, le conseiller-auditeur


établit par ailleurs un rapport final sur le respect du droit d'être entendu. Dans ce
cadre, il vérifie notamment que le projet de décision ne retient que les griefs au
sujet desquels les parties ont eu l'occasion de faire connaître leur point de vue, et
l'objectivité des enquêtes. Le rapport final est soumis au commissaire en charge
de la concurrence, au directeur général de la concurrence et au directeur en
charge du dossier. Il est communiqué aux autorités compétentes des États
o
membres et à l'autorité de surveillance de l'AELE (Décis. n  2001/462/CE-CECA,
art. 15).

479. Le rapport final est joint au projet de décision soumis à la Commission (le
collège des commissaires). Il peut être modifié par le conseiller-auditeur au
regard des éventuelles modifications du projet de décision de la Commission. La
décision et le rapport final sont communiqués aux destinataires et publiés au
Journal officiel de l'Union européenne en même temps en tenant compte de
l'intérêt légitime des entreprises à ce que leurs secrets d'affaires ne soient pas
o
divulgués (Décis. n  2001/462/CE-CECA, art. 16).

Art. 7 - Respect du délai raisonnable

480. Selon la jurisprudence communautaire, la décision de la Commission doit


intervenir dans un délai raisonnable à compter de la réception des observations
du plaignant, conformément aux principes de bonne administration (CJCE,
18 mars 1997, Guérin automobiles c/ Commission, aff. C-282/95 P, Rec. I. 1503).
Le respect d'un délai raisonnable, par la Commission, lors de l'adoption de
décisions à l'issue des procédures administratives de concurrence, constitue
même un principe général du droit communautaire (TPI, 22 oct. 1997, SCK et
FNK c/ Commission, aff. jointes T-213/95 et T-18/96, Rec. II. 1739). Si la
Commission s'abstient d'engager une procédure contre la personne qui fait l'objet
de la plainte, ou de prendre une décision définitive dans un délai raisonnable, le
plaignant peut introduire un recours en carence (CJCE, 18 mars 1997, Guérin
automobiles, préc.).

481. Le caractère raisonnable de la durée de la procédure administrative


s'apprécie en fonction des circonstances propres à chaque affaire et, notamment,
de son contexte, des étapes procédurales suivies par la Commission, de la
conduite des parties au cours de la procédure, de la complexité de l'affaire ainsi
que de son enjeu pour les différentes parties intéressées (TPI, 22 oct. 1997, SCK
et FNK c/ Commission, aff. jointes T-213/95 et T-18/96, Rec. II. 1739).

482. La Commission précise, quant à elle, qu'elle s'efforcera en principe


d'informer le plaignant de la suite qu'elle se propose de donner à la plainte dans
un délai indicatif de quatre mois à compter de la réception de celle-ci. Elle ajoute
explicitement que ce délai n'est pas réglementaire et qu'il ne la lie pas (Projet de
communication relative au traitement par la Commission des plaintes déposées
o
au titre des articles 81 et 82 du Traité CE, JOUE, n  C 101, 27 avr. 2004 [préc.
o
supra, n  6], point 61).

483. Le dépassement du délai raisonnable ne peut constituer un motif


d'annulation que dans le cas d'une décision constatant des infractions, dès lors
qu'il a été établi que la violation de ce principe a porté atteinte aux droits de la
défense des entreprises concernées (TPI, 16 déc. 2003, Nederlandse Federatieve
Vereniging voor de Groothandel op Elektrotechnisch Gebied et Technische Unie c/
Commission, aff. jointes T-5/00 et T-6/00, Rec. II. 5761).
Section 10 - Publication

484. Il existe différents types de publication, avant ou après la décision finale de


la Commission.

ACTUALISATION
484 s. Adoption, notification et publication des décisions. - Voir les
points 145 à 150 de la communication du 20 octobre 2011 précitée (V. supra,
os
n  177 s.).

o
485. En vertu de l'article 27 du règlement n  1/2003, lorsque la Commission
envisage d'adopter une décision en application de l'article 9 ou 10 (engagements
et constatation d'inapplication), elle publie un résumé succinct de l'affaire et le
principal contenu des engagements ou de l'orientation proposée, pour que les
tiers parties intéressées présentent leurs observations dans un délai fixé par la
Commission ne pouvant être inférieur à un mois, tout en respectant le secret des
affaires.

486. Les décisions prises par la Commission, que ce soit la constatation et la


cessation d'une infraction, des mesures provisoires, des engagements, une
constatation d'inapplication, des amendes ou des astreintes, sont publiées en
mentionnant le nom des parties intéressées et l'essentiel de la décision, y compris
o
les sanctions (Règl. n  1/2003, art. 30).

487. Dans ce cas, la Commission doit respecter le secret des affaires des


entreprises.

Section 11 - Règlement d'exemption

er o
488. L'article 29, paragraphe 1 , du règlement n  1/2003 prévoit que la
Commission, soit d'office, soit sur plainte, peut retirer le bénéfice de l'application
d'un règlement d'exemption à un accord ou une pratique qui produit néanmoins
des effets incompatibles avec l'article 81, paragraphe 3, du Traité CE.

489. De plus, lorsqu'un accord ou une pratique entre dans le champ d'application
d'un règlement d'exemption, mais produit des effets incompatibles avec l'article
81, paragraphe 3, sur le territoire d'un État membre ou sur une partie de ce
territoire, l'autorité de concurrence de cet État membre peut retirer le bénéfice
o
d'une telle exemption (Règl. n  1/2003, art. 29-2).
Section 12 - Dispositions transitoires

o
490. Au titre de l'article 34 du règlement n  1/2003, les demandes présentées à
o
la Commission en vertu de l'article 2 du règlement n  17 et les notifications faites
en application des articles 4 et 5 ainsi que les mêmes demandes au titre des
o
règlements n  1017/68 du Conseil, du 19 juillet 1968, portant application de
règles de concurrence aux secteurs des transports par chemin de fer, par route et
o o
par voie navigable (Règl. n  1017/68 du Conseil, 19 juill. 1968, JOCE, n  L 175,
o
23 juill.), n  4056/86 du Conseil, du 22 décembre 1986, déterminant les
modalités d'application des articles 85 et 86 du Traité aux transports maritimes
o o
(Règl. n  4056/86 du Conseil, 22 déc. 1986, JOCE, n  L 378, 31 déc.), et
o
n  3975/87 du Conseil, du 14 décembre 1987, déterminant les modalités
d'application des règles de concurrence applicables aux entreprises de transports
o o
aériens (Règl. n  3975/87 du Conseil, 14 déc. 1987, JOCE, n  L 374, 31 déc.),
er
sont caduques depuis le 1  mai 2004. Les actes de procédure accomplis en vertu
o o o o
des règlements n  17, n  1017/68, n  4056/86 et n  3975/87 conservent leurs
o o
effets pour l'application du règlement n  1/2003 (sur le règlement n  4056/86,
o
V. infra, n  493).
o
491. À la suite de l'adoption du règlement n  1/2003, de nombreuses
modifications ont été apportées à des règlements existants.
o
492. Ainsi, les règlements suivants ont été modifiés : – le règlement n  1017/68,
o o
précité (V. Règl. n  1/2003, art. 36) ; – le règlement n  2988/74 du Conseil, du
26 novembre 1974, relatif à la prescription en matière de poursuites et
d'exécution dans les domaines du droit des transports et de la concurrence de la
o
Communauté économique européenne (Règl. n  2988/74 du Conseil, 26 nov.
o o
1974, JOCE, n  L 319, 29 nov.) (V. Règl. n  1/2003, art. 37) ; – le règlement
o o o
n  4056/86, précité (V. Règl. n  1/2003, art. 38) ; – le règlement n  3975/87
o o
précité (V. Règl. n  1/2003, art. 39) ; – les règlements n  19/65 du Conseil, du
2 mars 1965, concernant l'application de l'article 85, paragraphe 3, du Traité à
o
des catégories d'accords et de pratiques concertées (Règl. n  19/65 du Conseil,
o o
2 mars 1965, JOCE, n  36, 6 mars), n  2821/71 du Conseil, du 20 décembre
1971, concernant l'application de l'article 85, paragraphe 3, du Traité à des
o
catégories d'accords, de décisions et de pratiques concertées (Règl. n  2821/71
o o
du Conseil, 20 déc. 1971, JOCE, n  L 285, 29 déc.), n  1534/91 du Conseil, du
31 mai 1991, concernant l'application de l'article 85, paragraphe 3, du Traité à
certaines catégories d'accords, de décisions et de pratiques concertées dans le
o
domaine des assurances (Règl. n  1534/91 du Conseil, 31 mai 1991, JOCE,
o o o
n  L 143, 7 juin) (V. Règl. n  1/2003, art. 40) ; – le règlement n  3976/87 du
Conseil, du 14 décembre 1987, concernant l'application de l'article 85,
paragraphe 3, du Traité à des catégories d'accords et de pratiques concertées
o
dans le domaine des transports aériens (Règl. n  3976/87 du Conseil, 14 déc.
o o
1987, JOCE, n  L 374, 31 déc.) (V. Règl. n  1/2003, art. 41) ; – le règlement
o
n  479/92 du Conseil, du 25 février 1992, concernant l'application de l'article 85,
paragraphe 3, du Traité à certaines catégories d'accords, de décisions et de
pratiques concertées entre compagnies maritimes de ligne (« consortia ») (Règl.
o o o
n  479/92 du Conseil, 25 févr. 1992, JOCE, n  L 55, 29 févr.) (V. Règl. n  1/2003,
art. 42).

493. Outre des modifications, certains règlements ont été abrogés (Règl.


o o
n  1/2003, art. 43) : – le règlement n  17 est abrogé, sauf pour ce qui est de
l'article 8, paragraphe 3, qui continue de s'appliquer aux décisions adoptées en
vertu de l'article 81, paragraphe 3, du Traité CE avant la date d'application du
o
règlement n  1/2003, jusqu'à l'expiration desdites décisions ; – le règlement
o
n  141 du Conseil, du 26 novembre 1962, portant non-application du règlement
o o
n  17 au secteur des transports (Règl. n  141 du Conseil, 26 nov. 1962, JOCE,
o o
n  L 124, 28 nov.) ; – le règlement n  4056/86 a été abrogé par le règlement
o o o
n  1419/2006 (Règl. n  1419/2006 du Conseil, 25 sept. 2006, JOUE, n  L 269,
28 sept.). Les références aux règlements abrogés s'entendent comme faites au
o o
règlement n  1/2003 (Règl.n  1/2003, art. 43-3).
o
494. Enfin, l'article 44 du règlement n  1/2003 prévoit que dans un délai de 5
ans après la publication du règlement, la Commission fera un rapport au
o
Parlement européen et au Conseil sur le fonctionnement du règlement n  1/2003
et notamment sur l'article 11, paragraphe 6, relatif à la coopération entre la
Commission et les autorités nationales de concurrence et à l'attribution des
affaires (« L'ouverture par la Commission d'une procédure en vue de l'adoption
d'une décision en application du chapitre III dessaisit les autorités de concurrence
des États membres de leur compétence pour appliquer les articles 81 et 82 du
Traité CE. Si une autorité de concurrence d'un État membre traite déjà une
affaire, la Commission n'intente la procédure qu'après avoir consulté cette
autorité nationale de concurrence »), et sur l'article 17 relatif aux enquêtes par
secteur économique et par type d'accord.

495. Sur la base de ce rapport, la Commission évaluera s'il est opportun de


proposer au Conseil une révision.

496. La Commission a rendu son rapport sur le fonctionnement du règlement


o
n  1/2003 le 29 avril 2009 (Communication de la Commission au Parlement
européen et au Conseil, 29 avr. 2009, COM [2009] 206 final). Dans un nombre
limité de domaines, le rapport souligne les aspects qui méritent une étude
approfondie, mais ne tranche pas la question de savoir s'il est nécessaire de
modifier les règles ou les pratiques actuelles. Il servira de base pour permettre à
la Commission d'examiner ultérieurement s'il y a lieu de prendre d'autres
initiatives (V. Communication, paragraphe 43).

Section 13 - Recours

497. Indépendamment des explications qui vont suivre, il convient de se reporter


aux différentes rubriques qui traitent de l'intégralité des questions qui concernent
les recours devant les juridictions communautaires. Ces recours sont notamment
utilisés en droit de la concurrence. Selon les termes de l'article 225 du Traité CE,
le Tribunal de première instance qui a été créé auprès de la Cour de justice par la
o
décision du 24 octobre 1988 (Décis. n  88/591/CECA-CEE-Euratom du Conseil,
o o
24 oct. 1988, JOCE, n  L 319, 25 nov., rect. JOCE, n  L 241, 17 août 1989, art. 3)
« 1. […] est compétent pour connaître en première instance des recours visés aux
articles 230, 232, 235, 236 et 238, à l'exception de ceux qui sont attribués à une
chambre juridictionnelle et de ceux que le statut réserve à la Cour de justice. Le
statut peut prévoir que le Tribunal de première instance est compétent pour
d'autres catégories de recours […]. 2. Le Tribunal de première instance est
compétent pour connaître des recours qui sont formés contre les décisions des
chambres juridictionnelles créées en application de l'article 225 A […]. 3. Le
Tribunal de première instance est compétent pour connaître des questions
préjudicielles, soumises en vertu de l'article 234, dans des matières spécifiques
déterminées par le statut… ».

498. En droit de la concurrence plus particulièrement le Tribunal de première


instance est compétent pour les recours fondés sur l'article 230, alinéa 2, du
Traité CE (recours en annulation) et sur l'article 232, alinéa 3 (recours en
carence), « concernant la mise en œuvre des règles de concurrence applicables
aux entreprises » (Décis. 24 oct. 1988, préc.). Le Tribunal de première instance
est également compétent pour connaître des recours de pleine juridiction contre
les décisions de la Commission fixant des amendes ou des astreintes, en vue de
o
les modifier ou de les supprimer. Le règlement n  1/2003 ainsi que les
communications de la commission s'y rapportant sont des sources intéressantes
qui viennent préciser les conditions des recours. La référence au terme Cour de
justice employé dans les textes communautaires postérieurs à la création du
Tribunal de première instance englobe les références au Tribunal de première
instance dans la mesure où les dispositions du Traité relatives à la Cour de justice
sont applicables au Tribunal de première instance, à moins que le statut de la
Cour de justice n'en dispose autrement (Traité CE, art. 224-6) (sur la compétence
du Tribunal, V. Tribunal de première instance). Les arrêts rendus par le Tribunal
de première instance dans le cadre de recours en annulation, en carence et de
pleine juridiction peuvent faire l'objet d'un pourvoi devant la Cour de justice
os
(V. infra, n  519 et s.).
er
Art. 1 - Recours en annulation

o
499. Selon le considérant 33 du règlement n  1/2003, toutes les décisions prises
par la Commission étant soumises au contrôle du Tribunal de première instance
(et de la Cour de justice en cas de pourvoi) dans les conditions définies par le
Traité, il convient de prévoir, en application de l'article 229 du Traité, l'attribution
à celle-ci de la compétence de pleine juridiction en ce qui concerne les décisions
par lesquelles la Commission inflige des amendes ou des astreintes (V. infra,
os
n  517et s.).

ACTUALISATION
5, 128, 168, 499. Absence de pratiques déloyales de France Télécom.
- Le Tribunal de l'Union européenne a confirmé la décision de la Commission
saisie par la société Vivendi dans le cadre d'une plainte pour violation des
règles de concurrence par France Télécom. La Commission avait rejeté la
plainte de Vivendi sur les pratiques tarifaires de France Télécom pour
certaines prestations de gros de télécommunication car ces pratiques
n'avaient eu que des effets limités sur le fonctionnement des marchés de
détail (Trib. UE, 16 oct. 2013, Vivendi c/ Commission, aff. T-432/10).

500. Aux termes de l'article 230 du Traité CE (V. Recours en annulation [Eur.]),


la légalité des décisions de la Commission peut faire l'objet d'un contrôle
juridictionnel. Le délai de principe imparti pour former un recours est de deux
mois (auquel s'ajoute le délai de distance dont l'existence et la durée doivent être
vérifiées auprès du greffe du Tribunal de première instance lors de l'établissement
du mémoire) à compter de la publication de l'acte, de sa notification ou du jour
où le requérant en a eu connaissance (Traité CE, art. 230, al. 5). En ce qui
concerne la notification de la décision, le Tribunal de première instance a jugé que
seule la date de la notification postale était à prendre en considération et non le
second accusé de réception, qui est destiné uniquement à donner une date
certaine à la notification lorsque l'administration des postes concernée se montre
défaillante et omet de retourner l'accusé de réception postal à la Commission
(TPI, 29 mai 1991, Bayer c/ Commission, aff. T-12/90, Rec. II. 219) ; le pourvoi
formé contre cette décision a été rejeté par la Cour de justice (CJCE, 15 déc.
1994, Bayer c/ Commission, aff. C-195/91 P, Rec. I. 5619). En ce qui concerne
l'envoi du recours, la date qui permettra d'établir qu'il a été envoyé dans les
délais est celle de sa remise au greffe du Tribunal de première instance et non la
date d'envoi par La Poste. La date de réception du recours par le Tribunal de
première instance est donc celle du dépôt au greffe du Tribunal (Règl. de
o
procédure TPI mod., 2 mai 1991, JOCE, n  L 249, 24 sept., art. 43-3). Par
ailleurs, tout recours doit mentionner le nom d'un domiciliataire à Luxembourg,
généralement un avocat de cette ville et de ce barreau qui recevra les documents
envoyés aux parties par le Tribunal de première instance. Enfin, les Instructions
pratiques aux parties donnent des indications précises sur la procédure, et
notamment sur l'utilisation des moyens techniques de communication d'un acte
de procédure, et les délais (V. Instructions pratiques aux parties, version
coordonnant les Instructions pratiques aux parties adoptées par le Tribunal de
o
première instance le 5 juill. 2007, JOUE, n  L 232, 4 sept. 2007) et les
o
modifications adoptées le 16 juin 2009 (JOUE, n  L 184, 16 juill. 2009). Ces
instructions sont susceptibles d'être modifiées. Il convient par conséquent d'en
prendre connaissance lors de l'introduction d'une procédure devant le Tribunal
o
(V. égal. Règl. de procédure TPI, 2 mai 1991, JOCE, n  L 136, 30 mai, rect. JOCE,
o
n  L 317, 19 nov. 1991).

501. Le recours en annulation peut être formé contre une décision constatant
une infraction aux règles de concurrence. Les décisions formelles de la
Commission susceptibles d'être annulées sont variées, autant que le sont les
décisions que prend la Commission (décisions avec engagements, décisions
imposant des amendes ou des astreintes…, la liste est non exhaustive ; V. supra,
os
n  255 et s.). En vertu de la jurisprudence, les parties peuvent former un recours
contre une décision ordonnant une communication de certains renseignements ou
obligeant une partie à se soumettre à une vérification (TPI, 9 nov. 1994, Scottish
o
Football c/ Commission, aff. T-46/92, Rec. II. 1039). Le règlement n  1/2003 a
confirmé le droit de recours des entreprises visées par une demande de
o
renseignements par voie de décision (Règl. n  1/2003, art. 18-3).

502. S'agissant de certaines mesures prises par la Commission mais non


qualifiées de décisions formelles par les textes, la Cour de justice est intervenue
en se fondant sur leurs effets. C'est ainsi qu'elle a admis un recours en annulation
contre la communication de l'article 15, paragraphe 6, de l'ancien règlement
o
n  17/62 régissant les articles 81 et 82 du Traité CE. Dans son arrêt Usines Émile
Henricot (CJCE, 5 déc. 1963, Usines Émile Henricot c/ Haute Autorité de la CECA,
aff. jointes 23-24 et 52/63, Rec. 439), la Cour a pu décider qu'une décision doit
apparaître comme un acte émanant de l'organe compétent, destiné à produire
des effets juridiques constituant le terme ultime de la procédure dudit organe et
par lequel celui-ci statue définitivement dans une forme permettant d'en identifier
la nature. Par application de ce principe, la Cour a refusé l'exercice du recours de
l'article 230 contre une mesure d'engagement de la procédure (CJCE, 11 nov.
1981, IBM c/ Commission, aff. 60/81, Rec. 2639), ou contre une mesure de
communication des griefs (CJCE, 6 févr. 1973, Brasserie de Haecht c/ Wilkin-
Janssen [Haecht II], aff. 48/72, Rec. 77).
o
503. Depuis l'entrée en vigueur du règlement n  1/2003, la Commission rédige,
suite à une demande d'une entreprise, des lettres d'orientation (considérant 38).
La communication de la Commission relative à des orientations informelles sur
des questions nouvelles qui se posent dans des affaires individuelles au regard
o
des articles 81 et 82 du Traité CE (2004/C 101/06, JOUE, n  C 101, 27 avr. 2004)
précise, en son point 25, que « les lettres d'orientation ne sont pas des décisions
de la Commission et elles ne lient ni les autorités de concurrence ni les
juridictions des États membres ayant compétence pour l'application des articles
81 et 82 ». Ainsi, un recours ne pourra pas être formé contre un tel document.

504. Le Tribunal de première instance a considéré que « la Commission a le droit


d'arrêter de nouveau une décision qui a été annulée pour vices de pure
procédure. Une nouvelle décision peut en l'occurrence, être arrêtée sans que soit
engagée une nouvelle procédure administrative » ((TPI, 20 avr. 1999, LVM c/
Commission, aff. jointes T-305/94 et autres, Rec. II. 931 [PVC III], in Décis.
o o
n  2003/6 de la Commission, 13 déc. 2000, JOCE, n  L 10, 15 janv. 2003,
COMP/33.133, Carbonate de soude – Solvay). Il semble qu'il ne sera donc
d'aucune utilité, pour une entreprise, d'obtenir une annulation d'une décision pour
vices de forme ; elle permettra simplement de prolonger une procédure. Dans la
décision précitée, les entreprises en cause ont prolongé la procédure de 8 ans,
mais leurs amendes ont été confirmées par la Cour de justice (Décis. 13 déc.
2000, préc.).
o
505. Le règlement n  1/2003, qui confère à la Commission des pouvoirs
supplémentaires en matière d'inspection, prévoit que le contrôle de la légalité des
décisions de la Commission concernant une inspection appartient au Tribunal de
première instance (et à la Cour de justice en cas de pourvoi), et non pas aux
o
autorités judiciaires nationales (Règl. n  1/2003, art. 20-8).

506. Une décision de rejet de plainte de la Commission est susceptible de recours


devant le Tribunal de première instance (jurisprudence constante depuis CJCE,
11 oct. 1983, Demo-Studio Schmidt c/ Commission, aff. 210/81, Rec. 3045). Le
o
règlement n  1/2003 n'est pas explicite sur ce sujet ; néanmoins, ceci peut être
déduit de son article 13. De plus, le projet de communication de la Commission
relative au traitement par la Commission des plaintes déposées au titre des
o
articles 81 et 82 du Traité CE (2004/C 101/05, JOUE, n  C 101, 27 avr. 2004)
prévoit que « la décision de rejet d'une plainte peut faire l'objet d'un recours
devant les juridictions communautaires » (point 77).

507. La détermination des personnes recevables à former un recours contre une


décision individuelle fait naître une incertitude dans le domaine de la concurrence.
Le problème ne se pose pas en ce qui concerne les destinataires de la décision,
qui y sont habilités par l'article 230 (ex-art. 173) du Traité CE. À cet égard,
l'absence de sanction pécuniaire dans une décision appliquant les articles 81 et 82
n'exclut pas l'intérêt du destinataire à faire vérifier par le Tribunal de première
instance (et la Cour de justice en cas de pourvoi) la légalité de cette décision ou à
introduire un recours en annulation en vertu de l'article 230 du Traité CE (CJCE,
29 juin 1978, BP c/ Commission, aff. 77/77, Rec. 1513).

508. Les tiers non destinataires de la décision qui entendent en contester la


légalité doivent être « directement et individuellement concernés » par cette
décision. Dans le célèbre arrêt Metro, les juges communautaires ont déclaré
recevable le recours de la requérante pour laquelle le système de distribution
approuvé maintenait des obstacles illégitimes à l'agrégation de Metro en qualité
de grossiste de SABA (CJCE, 25 oct. 1977, Metro c/ Commission, aff. 26/76,
Rec. 1875).

509. La Cour de justice a donc jugé qu'il est de l'intérêt à la fois d'une bonne
administration de la justice et d'une exacte application des articles 81 et 82 que
des personnes physiques qui sont habilitées à faire constater une infraction à ces
articles puissent, s'il ne leur est pas fait droit en tout ou partie, disposer d'une
voie de recours destinée à protéger leurs intérêts légitimes.

510. Depuis, cette solution a été confirmée à de nombreuses reprises (CJCE,


17 nov. 1987, BAT et Reynolds c/ Commission, aff. jointes 142 et 156/84,
Rec. 4487, dans lequel le recours a été jugé irrecevable, mais dans la mesure où
il était demandé à la Cour d'ordonner à la Commission de prendre un acte en
remplacement de l'acte attaqué ; plus récemment, la décision du Tribunal de
première instance, 12 déc. 1996, Leclerc c/ Commission, aff. T-88/92,
Rec. II. 1961).

511. Outre le problème de la recevabilité du recours, l'article 230, alinéa 2,


énumère les moyens qui peuvent être invoqués. En vertu des dispositions de cet
article, la Cour de justice est compétente « pour se prononcer sur les recours
pour incompétence, violation des formes substantielles, violation du présent traité
ou de toute règle de droit relative à son application, ou détournement de
pouvoir ». La Cour de justice s'est montrée disposée à effectuer à cette occasion
un examen de faits ; lorsqu'elle était seule compétente en matière de droit de la
concurrence, elle a utilisé, dans certains dossiers, la procédure dite des faits
pertinents, fort pratiquée en droit américain (CJCE, 7 juin 1983, Musique
Diffusion française c/ Commission, aff. jointes 100 à 103/80, Rec. 1825). Cette
même compétence est attribuée au Tribunal de première instance depuis sa
création.

Art. 2 - Recours en carence

512. Le Tribunal de première instance est également compétent pour statuer sur
des recours en carence formés par toutes institutions communautaires, toutes
personnes physiques ou morales (V. Recours en carence [Eur.]). C'est un recours
direct qui peut être formé contre la Commission lorsqu'elle s'abstient de statuer,
en violation du Traité CE (Traité CE, art. 232). Le Tribunal a constaté que la
Commission se trouvait en état de carence, suite à l'absence de réponse à une
plainte, au cours d'une procédure, à l'expiration d'un délai de deux mois (TPI,
9 sept. 1999, UPS Europe SA, aff. T-127/98, Rec. II. 2633). La Commission
n'avait pas rempli son obligation de répondre au requérant dans un délai
raisonnable, sachant que la troisième phase d'inspection de l'affaire avait été
déclenchée. Le Tribunal reste néanmoins incompétent pour adresser des
injonctions aux institutions communautaires en état de carence (TPI, 9 sept.
1999, préc.).

513. C'est à la Commission qu'il appartient de décider ou non de l'opportunité


d'engager des poursuites. Un plaignant ne peut reprocher à celle-ci, sur le
fondement d'un recours en carence, de n'avoir pas initié une procédure
d'investigation contre une entreprise suspectée d'avoir enfreint les règles de
concurrence. Si la Commission a l'obligation d'examiner les faits allégués par un
plaignant, il ne saurait en être de même pour le déclenchement de la procédure,
pour lequel elle retrouve une marge de manœuvre pleine et entière.

514. Ce recours peut être formé par des personnes physiques ou morales. Selon
une jurisprudence bien établie, « pour être recevable en son recours, le requérant
doit être en mesure d'établir soit qu'il est destinataire d'un acte de la Commission
ayant à son égard des effets juridiques déterminés, susceptible comme tel
d'annulation, soit que la Commission, dûment mise en demeure conformément à
l'article 175, alinéa 2, a manqué de prendre à son égard un acte auquel il pouvait
légalement prétendre en vertu des règles du droit communautaire » (CJCE,
10 juin 1982, Lord Bethell c/ Commission, aff. 246/81, Rec. 2277, point 13).

515. Le recours n'est recevable que si la Commission a été préalablement invitée


à agir. En effet, suite à cette invitation, la Commission doit prendre position : si
elle ne répond pas dans un délai de deux mois, son silence fait courir un nouveau
délai de deux mois, pendant lequel la partie demanderesse peut introduire un
recours en carence devant le Tribunal de première instance. Lorsque la
Commission prend position par un refus d'agir, seule la voie du recours en
o
annulation contre cette décision peut être utilisée (V. supra, n  499).

516. L'article 233 du Traité CE dispose que « l'institution ou les institutions dont


émane l'acte annulé, ou dont l'abstention a été déclarée contraire au présent
traité, sont tenues de prendre les mesures que comporte l'exécution de l'arrêt de
la Cour de justice ». Cette obligation ne préjuge pas la mise en jeu de la
responsabilité de la Communauté (V. Responsabilité [de la Communauté])
(V. Traité CE, art. 288).

Art. 3 - Recours de pleine juridiction


o
517. Aux termes de l'article 31 du règlement n  1/2003, les recours de pleine
juridiction contre une décision de la Commission fixant une amende ou une
astreinte restent de la compétence exclusive de la Cour de justice. Certains
auteurs se sont interrogés sur le point de savoir si cette compétence exclusive
était maintenue au profit de la Cour de justice à la suite de la création du Tribunal
de première instance. La partie de la doctrine qui avait exprimé des réserves sur
ce point et qui formulait une opinion favorable à la compétence du Tribunal
(V. not. J.-B. BLAISE, Contrôle des opérations de concentration, BT/J eur.
o
1990. 743, n  71, et L. VOGEL, Le nouveau droit européen de la concentration,
o
JCP E 1990. Il. 15914, n  40), a été suivie par la jurisprudence. En effet, les
décisions rendues par le Tribunal dans ce domaine répondent clairement à cette
interrogation. Le Tribunal de première instance s'est prononcé à la fois sur les
recours en annulation et sur les recours de pleine juridiction dont il était saisi.

518. Dans le cadre de ce contrôle, le Tribunal de première instance (et la Cour de


justice en cas de pourvoi) a compétence de pleine juridiction. En vertu des
o
dispositions de l'article 31 in fine du règlement n  1/2003, le Tribunal (et la Cour
de justice en cas de pourvoi) peut, dans la limite fixée par ce texte, supprimer ou
réduire, voire majorer l'amende ou l'astreinte. Si la Commission dispose d'un
pouvoir discrétionnaire assez large dans la fixation des amendes et dans
l'appréciation des critères d'évaluation, le Tribunal de première instance (et la
Cour de justice en cas de pourvoi) contrôle plutôt les motifs fournis à l'appui de
sa décision. À titre d'exemple, la Cour de justice a, dans son arrêt du 6 mars
1974, non seulement tenu compte de la gravité et de la durée de l'infraction,
mais aussi de la capacité financière de l'entreprise ainsi que de l'effet, sur le
fonctionnement du marché, de la pratique incriminée (CJCE, 6 mars 1974,
Commercial Solvents c/ Commission [Matières colorantes-Zoja], aff. jointes 6 et
7/73, Rec. 223). Le Tribunal de première instance (et la Cour de justice en cas de
pourvoi) peut donc réformer la décision de sanction ; toutefois, ils ne sauraient
infliger une amende ou une astreinte là où la Commission ne l'aurait pas fait (TPI,
14 juill. 1995, CB c/ Commission, aff. T-275/94, Rec. II. 2169) (V. Tribunal de
première instance).

Art. 4 - Recours devant la Cour de justice

519. Ce sont les articles 56 et suivants du statut de la Cour et le titre IV de son


règlement de procédure qui fixent les modalités de la procédure applicable aux
pourvois avec beaucoup de précisions. Par application de l'article 225 du Traité
CE, un pourvoi peut être formé contre les décisions du Tribunal de première
instance (V. Cour de justice : procédure [Eur.]). Le délai de principe imparti pour
l'introduction de ce recours est de deux mois (auquel s'ajoute le délai de distance
dont l'existence et la durée doivent être vérifiées auprès du greffe de la Cour de
justice lors de l'établissement du mémoire) à partir de la notification de la
o
décision attaquée (Décis. n  88/591/CECA-CEE-Euratom du Conseil, 24 oct. 1988,
o o
JOCE, n  L 319, 25 nov., rect. JOCE, n  L 241, 17 août 1989 ; Statut de la Cour
de justice, art. 56). En ce qui concerne la notification de la décision, comme
o
indiqué supra, n  500, seule la date de la notification postale est à prendre en
considération et non le second accusé de réception, qui est destiné uniquement à
donner une date certaine à la notification lorsque l'administration des postes
concernée se montre défaillante et omet de retourner l'accusé de réception postal
à la Commission (TPI, 29 mai 1991, Bayer c/ Commission, aff. T-12/90,
Rec. II. 219, conf. par CJCE, 15 déc. 1994, Bayer c/ Commission, aff. C-
195/91 P, Rec. I. 5619). De même, en ce qui concerne l'envoi des recours, la
date qui permettra d'établir qu'il a été envoyé dans les délais est celle de sa
remise au greffe de la Cour de justice et non la date d'envoi par La Poste. La date
de réception du recours par la Cour de justice est donc celle du dépôt au greffe de
o
la Cour (Règl. de procédure CJCE mod., 19 juin 1991, JOCE, n  L 176, 4 juill.
1991, art. 37-3). Par ailleurs, tout recours doit mentionner le nom d'un
domiciliataire à Luxembourg, généralement un avocat de cette ville et de ce
barreau, qui recevra les documents envoyés aux parties par la Cour de justice.
Enfin, les Instructions pratiques relatives aux recours directs et aux pourvois
donnent des indications précises sur la procédure et notamment sur l'utilisation
des moyens techniques de communication d'un acte de procédure et les délais
(V. Instructions pratiques relatives aux recours directs et aux pourvois, site Curia,
Cour de justice). Ces instructions sont susceptibles d'être modifiées. Il convient
par conséquent d'en prendre connaissance lors de l'introduction d'une procédure
devant la Cour.

520. Le pourvoi doit se limiter aux questions de droit et peut se fonder, de


manière alternative ou cumulative, sur les moyens suivants : l'incompétence du
Tribunal de première instance, une irrégularité de procédure portant atteinte aux
intérêts de la partie requérante, ou une violation du droit communautaire par le
Tribunal de première instance (Statut, art. 58).

521. En vertu de l'article 56 du statut de la Cour de justice, le pourvoi peut être


formé, en outre, devant la Cour, par toute partie ayant partiellement ou
totalement succombé en ses conclusions. De plus, les parties intervenantes,
autres que les États membres et les institutions de la Communauté, ne peuvent
former ce pourvoi que lorsque la décision du Tribunal de première instance les
affecte directement.

522. Si la Cour de justice estime que le pourvoi est fondé, elle annule la décision
du Tribunal. Elle peut alors statuer définitivement sur le litige s'il est en état
d'être jugé, ou renvoyer l'affaire devant le Tribunal. Dans cette hypothèse, le
Tribunal de première instance est lié par les points de droit tranchés par la
décision de la Cour de justice.
523. Les recours formés devant la Cour de justice n'ayant pas d'effet suspensif, il
appartient aux requérants de présenter à la Cour, par acte séparé, une demande
visant à obtenir un sursis à l'exécution ou l'adoption de mesures provisoires.
Cette demande doit en outre préciser les circonstances établissant l'urgence. En
pratique, la Commission attend l'issue du recours avant de procéder à la
perception des amendes contre caution, mais ce n'est pas une obligation.

Art. 5 - Application directe des articles 81 et 82 du Traité CE par les


autorités et juridictions nationales

o
524. L'entrée en vigueur du règlement n  1/2003 marque l'application directe des
articles 81 et 82 du Traité CE par les autorités nationales de concurrence et les
o
juridictions nationales (Règl. n  1/2003, art. 3 et 5 et 6) (V. Concurrence : mise
en œuvre par les autorités et les juridictions nationales [Eur.]). Les recours
contre des décisions internes devront ainsi être formés devant les
juridictions/autorités internes compétentes, qui appliqueront les règles
communautaires du droit de la concurrence.

525. Lorsqu'une plainte est déposée par une entreprise devant la Commission, la


Commission se réserve le droit, et ce, en conformité avec la jurisprudence de la
Cour de justice, de rejeter une plainte (susceptible de recours, comme il a été vu
précédemment) pour défaut d'intérêt communautaire, même lorsque aucune
autre autorité de concurrence n'a indiqué son intention de traiter l'affaire (Règl.
o
n  1/2003, considérant 18).

526. Une juridiction nationale peut, au titre de l'article 234 du Traité CE former


un recours préjudiciel (en interprétation ou en appréciation de validité d'un acte
communautaire). Dans ce cas, seule la Cour de justice est compétente pour
l'examiner sous réserve de l'application de l'article 225, paragraphe 3, du Traité
o
CE (V. supra, n  497 in fine). Ce renvoi peut être fait d'office (notamment si c'est
une juridiction nationale de dernier ressort) ou à la demande d'une entreprise
partie à la procédure.

Index alphabétique

■Abus de position dominante 3 s.

■Accès au dossier 433 s.



conseiller-auditeur 472 s.

date 434

entreprise en position dominante 447

exclusion 436 s.

personnes concernées 434

plaignant 444 s.

refus 448

support 436

tiers 446

■Affectation du commerce entre États membres 18 s.

■Amende 259, 269



caractère pénal (non) 305

chiffre d'affaires à prendre en compte 306

durée de l'infraction, incidence 295 s

gravité de l'infraction, incidence 295 s

immunités 335, 337 s.

partielle 341, 350 s.

lignes directrices 297 s.

montant 287 s.

pouvant atteindre 1% du chiffre d'affaires 287 s.

pouvant atteindre 10% du chiffre d'affaires 291 s.

à l'encontre d'une association d'entreprises 292 s.

réduction 350 s.

■Amicus curiae 84

■Annulation (recours en) 499 s.

■Arbitrage 42

■Association d'entreprises

amende 292 s.

astreintes 314 s.

■Astreinte 190, 260, 269, 310 s.



cas 312

diminution 313

infligée à une association d'entreprises 314 s.

montant 310 s., 320

point de départ 311

■Attestation négative

absence 10 s.

■Auditions 408 s.

assistance 423 s.

conduite 420 s., 467 s.

date, fixation 421

enregistrement 426

non publiques 424

personnes pouvant être entendues 408 s

représentation 422 s.
V. Conseiller auditeur

■Auto-incrimination 188

■Autorité de la concurrence 30 s.

■Autorités nationales

application des articles 81 et 82 18 s., 524 s.

compétence 29 s.

coopération avec la Commission 45 s

enquêtes 248 s.

■Avis

comité consultatif 66 s.

demandé par les juridictions nationales 81 s.

■Carence (recours en) 512 s.

■Clémence
V. Procédure de clémence

■Clôture de la procédure 59 s.

■Comité consultatif 65 s., 181, 409



composition 68

décision de la Commission et des autorités nationales de concurrence 67 s.

exemption par catégories 76 s.

lignes directrices 76

mesures d'application 76 s.

■Commission 1 s.

comité consultatif, rapports 67 s

compétence 25 s.

coopération 43 s.

avec les autorités de concurrence 45 s.

avec les entreprises 103 s.
V. Lettres d'orientation

avec les juridictions nationales 78 s.

enquête 177 s.

pouvoirs 1 s.

saisine 125 s.

autosaisine 125 s.

plainte 128 s.
V. ce mot
V. Déclaration, Inspections

■Communications 6 s.

■Communications des griefs 399 s.



contenu 399 s.

délai de réponse 402 s.

■Compétence 25 s.

des autorités nationales de concurrence 29 s.

de la Commission 25 s.

juridictions arbitrales 42

des juridictions nationales 37 s.

■Confidentialité 53, 373, 379, 424


V. Secret des affaires, Secret professionnel

■Conseiller auditeur 465 s.



accès au dossier 472 s.

conduite des auditions 467 s.

rapports 476 s.

rôle 466 s.

secret d'affaires 472 s.

statut 465

■Constatation d'inapplication 283 s.

■Contrats

nullité 39, 258

■Coopération

entre la Commission et les autorités de concurrence 45 s.

entre la Commission et les entreprises 103 s

entre la Commission et les juridictions nationales 78 s.

■Cour de justice 497 s.



recours 498 s.

saisine 519 s.

■Décision 255 s.

cessation 255 s.

constatation 255 s.

constatation d'inapplication 283 s.

demande de renseignements 183 s.

engagements 272 s.

inspections 214 s.

mesures provisoires 262 s.

notion 501 s.

■Décisions informelles 11

■Déclarations 196 s.

délai pour revenir sur la déclaration 201

modalités de l'entretien 197

personnes concernées 196

■Délai raisonnable 480 s.

■Demande
V. Renseignements (demande)

■Dispositions transitoires 490 s.

■Domicile 229, 231 s.

■Dommages-intérêts 134

■Données confidentielles 450 s.


■Droit au silence 244 s.

■Droits de la défense 58, 187, 399 s.



secret d'affaires, incidence 450 s.

■Droits de l'homme 322

■Échange d'informations 45 s.



limites 57 s.

■Engagements 272 s.

cas 272 s.

durée 274

non-respect, sanctions 280

portée 277

réouverture de la procédure 279

■Enquête

droit au silence 244 s.

par les autorités nationales de concurrence 248 s.

par la Commission 177 s.

par secteur économique et par type d'accord 177 s.
V. Déclarations, Inspections, Renseignements

■Ententes 3 s.

■Entreprise

coopération avec la Commission 103 s
V. Lettres d'orientation

■Exemption par catégories 488 s.


■Formulaire

plainte 137 s.

■Immunité d'amende 335 s.



partielle 341, 350 s.

■Informations (échange) 45 s.



limites 57 s.

■Infraction

constat 339 s.

constatation, cessation 255 s.

■Inspections 202 s., 338 s.



documents, caractère professionnel 206 s

données, conservation 204

enregistrement 209 s.

locaux non professionnels, terrains et moyens de transports 231 s.

contrôle par le juge national 235 s.

sur mandat écrit 202, 211 s.

par voie de décision 202, 214 s.

contenu de la décision 217 s., 235

contrôle par le juge national 220 s.

prérogatives de la Commission 203

scellés 205
■Intérêt communautaire 147 s., 283 s.

■Intérêt légitime 141 s.

■Juridictions nationales

application des articles 81 et 82 18 s., 524 s.

assistance 92 s.

compétence 37 s.

coopération avec la Commission 78 s

demande d'avis 81 s.

■Langue

plainte 128

■Lettre de confort 11

■Lettres d'orientation 91, 103 s.



cas 104 s.

contenu 121 s.

décisions (non) 503

demande 104 s.

traitement 117 s.

effets 123 s.

formes 116

■Lignes directrices

amendes 297 s.
■Locaux non professionnels

inspections 231 s.

■Mandat

d'inspection 211 s.

■Marqueur 342 s.

■Mesures provisoires 262 s.



amendes 269

astreintes 269

cas 263 s.

durée 266

formes 265

non-respect, conséquences 269

préjudice grave et irréparable 263 s.

recours 267

■Non bis in idem 322 s.



application en droit communautaire 324 s

en cas de procédures nationale et communautaire de la concurrence 326 s.

autorité nationale appliquant le droit communautaire de la concurrence 329 s.

autorité nationale appliquant son droit interne de la concurrence 327 s.

principe 322 s.

■Notification 12
■Nullité

contrats 39, 258

■Observations écrites 402 s.

■Ordre public 42

■Plainte 128 s.

délai de décision 165 s.

dépôt 137 s.

différents types de saisine 132 s

examen 147 s.

appréciation au regard des articles 81 et 82 158 s.

intérêt communautaire 147 s.

formulaire 137 s.

intérêt légitime 131, 141 s

rejet 59 s., 152, 168 s.

cas 168 s.

traitement par la Commission 161 s.

effets 174 s.

■Préjudice grave et irréparable 263 s.

■Prescription 386 s.

exécution des sanctions 395 s.

imposition des sanctions 389 s.
■Preuve 337, 340 s., 440 s.

charge 15 s.

informations, utilisation 53 s.

■Primauté du droit communautaire 99

■Principes généraux du droit communautaire 41

■Procédure 177 s.

enquêtes par les autorités nationales de concurrence 248 s.

enquêtes par la Commission 177 s

■Procédure de clémence 333 s.



définition 333

immunité d'amendes 335, 337 s.

réduction d'amendes 335

■Procédure de transaction 363 s.



cas 364 s.

décision de la Commission 380 s

demande officielle 376 s.

déroulement 370 s.

fin 380 s.

ouverture 365 s.

point de départ 366

■Proportionnalité 222, 256, 275


■Publication 484 s.

■Rapports 496

conseiller-auditeur 476 s.

■Recours 497 s.

en annulation 499 s.

application directe des articles 81 et 82 par les autorités et les juridictions nationales
524 s.

en carence 512 s.

devant la Cour de justice 519 s.

de pleine juridiction 517 s.

■Référé 14

■Règlement 3 s.

champ d'application 5 s.

■Règlement d'exemption 488 s.

■Renseignements (demande) 182 s.



caractère nécessaire 193

copie, transmission 192

obligation de fournir les renseignements 191

par voie de décision 183 s.

caractère contraignant 185

contenu 190

recours 190

postérieure à une vérification sur place 194

simple 183 s.

■Sanctions 286 s.

amendes 286 s.
V. ce mot

astreintes 310 s.
V. ce mot

disciplinaires 373

non bis in idem 322 s.

pénales 23

prescription 386 s.

procédure de clémence 333 s
V. ce mot

procédure de transaction 363 s.
V. ce mot

■Scellés 205, 289

■Secret des affaires 450 s.



appréciation de la Commission 461 s

cas 454 s.

conseiller auditeur 472 s.

délais de signalement 460 s.

droits de la défense, incidence 462 s

notion 450 s.

■Secret professionnel 56, 85, 427 s.



informations concernées 88, 427 s

notion 475

■Suspension de la procédure 59 s.

■Terrains

inspections 231 s.

■Traité

CE 1 s.

■Traitement 59 s.

■Transaction
V. Procédure de transaction

■Transports 386, 490 s.

■Tribunal de première instance 497 s.

■Urgence 263

■Vérifications
V. Inspections

■Vie privée 229


Actualisation

Bibliographie. - PITTIE et HONORÉ, Imputabilité des infractions et plafond légal


des amendes en droit européen de la concurrence, CDE 2012. 101.
4. Réparation du préjudice en droit de la concurrence. - Une nouvelle
directive a été mise en place afin que toute personne ayant subi un préjudice lié à
une infraction au droit de la concurrence puisse obtenir réparation. Cette directive
institue également des règles permettant une concurrence non faussée sur le
marché intérieur et garantissant une protection à toute personne ayant subi un
o
préjudice (Direct. n  2014/104 du Parlement européen et du Conseil, 26 nov.
o
2014, JOUE, n  L 349, 5 déc.).
Double saisine. Le Tribunal se prononce pour la première fois sur le rejet d'une
plainte par la Commission au motif qu'une autorité de la concurrence d'un État
membre était déjà saisie de l'affaire et que cette affaire portait sur « le même
accord, la même décision ou la même pratique ». Le tribunal interprète ainsi pour
o
la première fois une disposition du règlement n  1/2003 et donne raison à la
Commission d'avoir rejeté l'affaire (Trib. UE, 17 déc. 2014, Si.
mobil.telekomunikacijske storitve c/ Commission, aff. T-201/11  ).

Procédure de clémence. L'entreprise participante à une entente ayant déposé


en premier sa demande d'immunité devant l'autorité nationale de concurrence
peut se voir exonérer totalement de l'amende infligée, indépendamment que
celle-ci ne fut pas la première à faire prévaloir sa demande d'immunité devant la
Commission. La procédure de clémence de l'Union et des États membres
coexistant de manière autonome, la Cour juge à l'absence de caractère
contraignant à l'égard des autorités nationales de concurrence pour son
application (CJUE, 20 janv. 2016, DHL Express S.r.I. e.a. c/ Autorità Garante
della Concorrenza e del Mercato e.a, aff. C-428/14  , AJDA 2016. 306, chron.
E. Broussy  , H. Cassagnabère et C. Gänser ; D. 2016. 196   ; Dalloz actualité,
8 févr. 2016, obs. L. Constantin).

5, 125, 199, 399. Le 3 août 2015, la Commission a adopté un nouveau


o
règlement modifiant le règlement n  773/2004 relatif aux règles de la
concurrence dans ses articles 81 et 82 dans le cadre des enquêtes et de l'accès
o o
au dossier (Règl. (UE) n  2015/1348 de la Commission, 3 août 2015, JOUE, n  L
208, 5 août).

5, 128, 168, 499. Absence de pratiques déloyales de France Télécom. - Le


Tribunal de l'Union européenne a confirmé la décision de la Commission saisie par
la société Vivendi dans le cadre d'une plainte pour violation des règles de
concurrence par France Télécom. La Commission avait rejeté la plainte de Vivendi
sur les pratiques tarifaires de France Télécom pour certaines prestations de gros
de télécommunication car ces pratiques n'avaient eu que des effets limités sur le
fonctionnement des marchés de détail (Trib. UE, 16 oct. 2013, Vivendi c/
Commission, aff. T-432/10).

168 s. Procédure concernant le rejet des plaintes. - Voir les points 134 à


141 de la communication du 20 octobre 2011 précitée (V.infra, Mise à jour,
os
n  177 s.).

177 s. Procédure. - La Commission a adopté une communication concernant les


bonnes pratiques relatives aux procédures d'application des articles 101 et 102
o
du TFUE publiée le 20 octobre 2011 (Communication n  2011/C 308/06 de la
o
Commission, 20 oct. 2011, JOUE, n  C 308, 20 oct.). Ce texte vise à améliorer la
compréhension du déroulement des enquêtes de la Commission et ainsi à
accroître l'efficacité de ces enquêtes en garantissant un haut degré de
transparence et de prévisibilité dans leur déroulement. Elle porte sur les
principales procédures concernant les infractions présumées aux articles 101
et 102 du TFUE.

La phase d'enquête est traitée aux points 9 à 76 de la communication du


20 octobre 2011 (préc.).

255 s. Procédure aboutissant à une décision d'interdiction. - Voir les


points 77 à 114 de la communication du 20 octobre 2011 précitée (V. supra, Mise
os
à jour, n  177 s.).

272 s. Procédure d'engagement. - Voir les points 115 à 133 de la


os
communication du 20 octobre 2011 précitée (V. supra, Mise à jour, n  177 s.).

275. Engagements. - Par un arrêt du 29 juin 2010 (CJUE, 29 juin 2010,


Commission c/ Alrosa, aff. C-441/07  P, Europe oct. 2010. Comm. 322, obs.
Idot), la Cour de justice a annulé l'arrêt du tribunal de première instance du
11 juillet 2007 (Alrosa c/ Commission, aff. T-170/06).

286 s. Responsabilité solidaire pour le paiement de l'amende. - Dans un


arrêt du 13 septembre 2010 le Tribunal a donné des précisions sur les règles
applicables à la responsabilité solidaire des sociétés mères successives pour le
paiement de l'amende imposée à leur filiale (TPI, 13 sept. 2010, Trioplast
Wittenheim SA c/ Commission et Trioplast Industrier AB c/ Commission, aff. T-
26/06 et T-40/06, Europe nov. 2010. Comm. 374, obs. Idot)

Une erreur sur l'existence d'une infraction, due à un avis juridique ou à une
décision d'une autorité nationale, n'exonère pas l'entreprise de l'infliction d'une
amende pour violation de l'article 101 TFUE (CJUE, 18 juin 2013, Schenker e.a.,
aff. C-681/11  , Europe août-sept. 2013. Comm. 364, obs. Idot).

297 s. Lignes directrices pour le calcul des amendes. - Dans un arrêt du


16 juin 2011, le Tribunal a réduit des amendes infligées à des entreprises de
déménagement internationaux en s'appuyant sur un contrôle de l'application des
Lignes directrices en matière d'amendes de 2006 (Trib. UE, 16 juin 2011, Ziegler
c/ Commission, aff. T-199/08 e.a., Europe août-sept. 2011. Comm. 311, obs.
Idot).

Pour la suite du contentieux, voir l'arrêt de la Cour de justice du 6 décembre


2012 (CJUE, 6 déc. 2012, Commission c/ Verhuizingens Coppens, aff. C-441/11
P, Europe févr. 2013. Comm. 90, obs. Idot).

313. Réduction des astreintes. - Dans un arrêt du 27 juin 2012, le Tribunal a


confirmé pour l'essentiel la décision de la Commission imposant une astreinte à
Microsoft pour ne pas avoir permis à ses concurrents d'accéder aux informations
relatives à l'interopérabilité à des conditions raisonnables mais a réduit le
montant de ladite astreinte (Trib. UE, 27 juin 2012, Microsoft c/ Commission, aff.
T-167/08  , Europe août-sept. 2012. Comm. 333, obs. Idot ; JDI 2013. 591,
note Lousberg et Petit).

322 s. Incidence de la récidive. - Dans un arrêt du 17 juin 2010 la Cour de


justice a donné des précisions sur les conditions de mise en jeu de la récidive
(CJUE, 17 juin 2010, Lafarge, aff. C-413/08 P, Europe août-sept. 2010. 280).

335 s. Procédure de clémence. - Dans un arrêt du 9 septembre 2011, le


Tribunal a jugé que la Commission n'avait pas commis d'erreur en n'octroyant pas
à une société incriminée l'immunité définitive en raison du fait que celle-ci avait
violé son obligation de coopération (Trib. UE, 9 sept. 2011, Deltafina c/
Commission, aff. T-12/06 ; Trib. UE, 9 sept. 2011, Alliance One International c/
Commission, aff. T-25/06).

410, 466 s. Fonction et mandat du conseiller-auditeur. - Le président de la


Commission a adopté le 13 octobre 2011 une décision relative à la fonction et au
mandat du conseiller-auditeur dans certaines procédures de concurrence (Décis.
o o
n  2011/695 du président de la Commission, 13 oct. 2011, JOUE, n  L 275,
o
20 oct.). La décision n  2011/462/CE-CECA est abrogée. Aux termes de la
nouvelle décision, le conseiller-auditeur est notamment chargé de garantir
l'exercice effectif des droits procéduraux dans le cadre des pouvoirs d'enquête de
la Commission et à l'occasion des amendes infligées par la Commission. L'accent
est mis sur les droits de la défense et la confidentialité.

451. Confidentialité des communications entre clients et avocats. - Par


arrêt du 14 septembre 2010, la Cour de justice a indiqué que, dans le domaine du
droit de la concurrence, les échanges au sein d'une entreprise avec un avocat
interne ne bénéficient pas de la confidentialité des communications entre clients
et avocats (CJUE, 14 sept. 2010, Akzo Nobel Chemicals Ltd c/ Commission, aff.
C-550/07  P, Europe nov. 2010. Comm. 370, obs. Idot).

462 s. Respect des droits de la défense et accès au dossier. - Dans un arrêt


du 25 octobre 2011, la Cour de justice a examiné l'hypothèse de la perte par la
Commission d'une partie importante d'un dossier (CJUE, 25 oct. 2011, Solvay c/
Commission, aff. C-109/10 P et C-110/10 P, Europe déc. 2011. Comm. 472, obs.
Idot).

465 s. Rôle, nomination et fonctions du conseiller-auditeur. - Voir


o os
désormais la décision n  2011/695 précitée (V. supra, n  410 et 466 s.,
er
art. 1  à 3).
o
467 s. Conduite des auditions. - Voir désormais la décision n  2011/695
os
précitée (V. supra, n  410 et 466 s., art. 4 à 6).
472 s. Accès au dossier. Confidentialité et secret d'affaires. - Voir
o os
désormais la décision n  2011/695 précitée (V. supra, n  410 et 466 s., art. 7
à 8).

476 s. Rapports du conseiller-auditeur. - Voir désormais la décision


o os
n  2011/695 précitée (V. supra, n  410 et 466 s., art. 14 à 17).

484 s. Adoption, notification et publication des décisions. - Voir les


points 145 à 150 de la communication du 20 octobre 2011 précitée (V. supra,
os
n  177 s.).

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