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CHAPITRE PREMIER : LE CONTROLE PARLEMENTAIRE EN


REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO DANS LA
CONSTITUTION DU 18 FEVRIER 2006

L’article 100 al.2 de la constitution congolaise du 18


février 2006 stipule ce qui suit : « le parlement contrôle le
gouvernement, les entreprises publiques ainsi que les établissements
et services publics ».1

Aussi, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale


impose aux membres du gouvernement l’obligation s’ils en font requis
d’assister aux séances de l’Assemblée nationale, d’y prendre la parole
et de donner aux députés des éclaircissements que ces derniers jugent
utiles sur les affaires relevant de leur compétence. En principe,
l’objectif du contrôle parlementaire est de promouvoir l’efficience et
l’efficacité dans la gestion des affaires publiques, de réunir des
éléments objectifs pour toute sanction éventuelle, de produire un
impact sur le développement économique et humain et par voie de
conséquence, de contribuer au bien-être de la population.

La réalisation ou l’efficacité du contrôle parlementaire sur


l’action du gouvernement est de l’essence de la démocratie
parlementaire. Ce contrôle sur le gouvernement comporte un droit à
l’information indispensable, non seulement pour le travail législatif en
l’occurrence dans le domaine de l’élaboration du budget, mais aussi
pour l’utilisation de la modalité du contrôle la plus absolue ; la mise en
cause de la responsabilité du gouvernement.2

Le contrôle parlementaire débouche sur certaines


sanctions. Pour mieux aborder les sanctions issues des mécanismes
1
Art. 100, al.2 de la Constitution de la RDC du 18 Février 2006, in JORDC, Kinshasa, n°
spécial, mars, 2006
2
F. Vunduawe, Te PEMAKO, Traite de droit administratif, édition Afrique, larcier, Kinshasa,
2007, p.707
2

du contrôle parlementaire (section deuxième), il convient d’abord de


voir dans un premier temps ces mécanismes de contrôle tels que
prévus par la constitution congolaise (section première).

Section 1. LES MECANISMES DE CONTROLE PARLEMENTAIRE

De prime abord, le parlement dispose d’un droit à


l’information. Ce droit, en notant que le gouvernement est pleinement
responsable de la question de l’Etat devant l’Assemblée nationale,
nécessite des mécanismes pour sa mise en œuvre.

La constitution du 18 févier 2006 fixe ces mécanismes à


son article 138 en ce terme : « les moyens d’information et de contrôle
de l’Assemblée nationale et/ou du sénat, sur le gouvernement, les
entreprises publiques, les établissements et services publics sont : la
question orale ou écrite avec ou sans débat non suivi de vote ; la
question d’actualité ; l’interpellation ; la commission d’enquête, et
l’audition par les commissions ».3

C’est ainsi que nous en ferons étude tout en confrontant


ces derniers à la réalité vécue pendant la première et la deuxième
législature de cette troisième République.

§1. LES QUESTIONS PARLEMENTAIRES

En vue de mieux contrôler le gouvernement, les


parlementaires doivent nécessairement s’informer sur la conduite des
affaires de l’Etat par l’exécutif. Les questions écrites ou orales(A)
constituent pour les députés un procédé traditionnel d’information.
Cependant, ils peuvent aussi recourir aux questions d’actualité et aux
interpellations(B).

A. LES QUESTIONS ECRITES ET ORALES

3
Art. 138 de la Constitution de la RDC du 18 Février 2006, in JORDC, Kinshasa, n° spécial,
mars, 2006
3

L’article 153 du règlement intérieur de l’Assemblée


nationale dispose que les questions orales ou écrites constituent des
moyens d’information de l’Assemblée nationale dont les députés use à
titre strictement individuel. Elles sont sommairement rédigées, leur
objet clairement défini et bien circonscrit.

Selon P. Avril et J. Gicquel, dans « Droit parlementaire »,


les questions écrites constituent une exception à la règle selon
laquelle : la procédure écrite n’est pas d’essence parlementaire, car
cette dernière est essentiellement traitée en dehors de la tribune.4

Les questions sont des demandes de renseignement ou


d’explications adressées par les parlementaires aux membres du
gouvernement. A la question orale(a), d’ailleurs diversifiée, s’ajoute la
question écrite(b).

a. Les questions orales.

Indépendamment de l’affectation de séance prévue par la


constitution, la procédure en est régie par les règlements des
Assemblées. C’est ainsi l’article 160 du règlement intérieur de
l’Assemblée nationale stipule que la question orale ne peut être posée
qu’en session ordinaire. L’auteur précise dans sa lettre si sa question
donne lieu ou non à un débat. Les questions orales sont posées par un
député ou un sénateur à un ministre et si, elles portent sur la politique
générale du gouvernement, au premier ministre, elles doivent être
sommairement rédigées et sont remises au président de l’Assemblée où
elles sont posées qui les notifie au gouvernement. 5 L’article 162 du
règlement intérieur nous montre que le membre du gouvernement ou
le gestionnaire de l’Entreprise publique, de l’établissement ou du
service public répond oralement à la question posée en séance plénière
de l’Assemblée nationale à la date fixée par le bureau et, dans tous les
4
P. Avril et J. Gicquel, Droit parlementaire, 2e éd., Paris, Montchretien, 1996, P.256
5
M. Prélot, et J. Boulouis, Institution politique et droit constitutionnel, 11e éd., Dalloz, Paris,
1990, P.870
4

cas, au plus tard dans quinze jours qui suivent la réception du texte
par le destinataire. On distingue :

1. Les questions orales sans débat :

Elles sont exposées sommairement par leurs auteurs ou


exceptionnellement par les suppléants qu’ils ont désignés. Le ministre
compétent y répond. Les auteurs disposent ensuite de la parole
pendant cinq minutes. A l’Assemblée nationale, le ministre peut
répliquer. Aucune autre intervention n’est permise.

2. Les questions orales avec débat :

Elles sont exposées par leurs auteurs qui disposent à


l’Assemblée nationale d’un temps de parole variant suivant la décision
du président entre dix et vingt minutes ; au sénat, de trente minutes.
Le ministre compétent y répond. Après cette réponse, le président
organise le débat en fonction de la liste des orateurs inscrits. L’auteur
de la question a toujours priorité pour intervenir. Après l’intervention
du dernier orateur, le président passe à la suite de l’ordre du jour. Le
débat peut à l’Assemblée nationale, être interrompu par l’annonce
pour l’un de deux prochains jours de séance d’une communication du
gouvernement avec débat portant sur le même sujet que la question.

3. Les questions au gouvernement :

La procédure des questions orales traditionnelles s’étant


en pratique révélées relativement décevantes, l’idée s’imposant de
l’améliorer. Une nouvelle réforme fut donc entreprise aménageant
d’une part la procédure des questions orales et prévoyant d’autre part
une nouvelle forme des questions dites « d’actualités ».

4. Les questions écrites :


5

Les questions écrites sont rédigées, notifiées et publiées


dans les mêmes conditions que les questions orales. L’article 165 du
règlement intérieur de l’Assemblée nationale précise à cet égard que la
question écrite peut être déposée pendant ou en dehors des sessions.
Le membre du gouvernement, le représentant de l’entreprise publique,
de l’établissement ou du service public saisi de la question écrite
envoie sa réponse au bureau de l’A.N. endéans quinze jours à dater de
la réception de la question. Les réponses des ministres doivent être
publiées dans le délai d’un mois qui suit la publication de la question.
Ce délai ne comporte aucune interruption. Les ministres peuvent
cependant soit déclarer que l’intérêt public ne leur permet pas de
répondre, soit demander à titre exceptionnel un délai supplémentaire
qui ne peut excéder un mois pour rassembler les éléments de leur
réponse.6 Si la réponse ne parvient pas au bureau dans ce délai, la
question écrite fait l’objet de l’interpellation (article 166 al.2 règlement
intérieur).

Non toujours dépourvues d’un certain humour dans leur


formulation dont sont exclues toutes imputations d’ordre personnel à
l’égard de tiers nommément désignés, les questions écrites donnent
lieu de la part des ministres à des réponses qui, bien qu’elles ne soient
pas toujours pertinentes, constituent une source précieuse
d’information sur la pratique des administrations. La participation des
parlementaires à un certain nombre d’organisme constitue également
un mode d’information et de contrôle direct.

B. LES QUESTIONS D’ACTUALITES ET INTERPELLATION.

6
T. MUHINDO MALONGA, Droit constitutionnel et institutions politiques, Théorie générale
et doit constitutionnel congolais, édition P .U.G-CRIG, Butembo, Nord-Kivu, RDC, février,
2010, P.523
6

1. La question d’actualité.

L’art. 168 du règlement intérieur dispose : « Tout député


peut, pendant les sessions, requérir du gouvernement, d’une
entreprise publique, d’un établissement ou d’un service public, des
éclaircissements sur certains problèmes de l’heure qu’il juge
important ».

La question d’actualité a la particularité d’interroger le


gouvernement ou un de ses membres sur la façon de gérer un dossier
concernant un événement touchant la vie nationale et internationale
du moment. Elle vise à connaitre la position du gouvernement sur un
problème du moment.7

Etant une prérogative reconnue à chaque parlementaire,


la question d’actualité est formulée par écrit et déposée au bureau de
la chambre qui en juge la recevabilité, l’auteur entendu, la séance y
consacrée est clôturée après les réponses des questionnés.( article 169
du RI).

Cependant, s’il faut confronter les théories à la réalité, la


même étude de l’open initiative for southern african et afrimap,
rapporte que jusqu’à la date du 15 juin 2009, à la fin de la session de
mars 2009, il ya eu qu’onze questions d’actualités auxquelles les
membres du gouvernement ont répondu et qui ont été déposées à la
chambre basse. Signalons qu’en session ordinaire, l’Assemblée
nationale réserve la journée de mercredi aux questions d’actualité à
poser aux membres du gouvernement, aux responsables des
entreprises publiques, des établissements et services publics. La
séance prévue à cet effet est programmée dans l’après-midi pour une
durée de trois heures au plus.8

7
G. Burdeau, F. Hamon, et M. Troper, Droit constitutionnel, 28e éd., LGDJ, Paris, 2003,
P.353
8
Art. 170 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale de la RDC
7

2. L’interpellation :

« L’interpellation est une demande d’explication adressée


au gouvernement ou à ses membres, aux gestionnaires des entreprises
publiques, des établissements et services publics les invitant à se
justifier, selon le cas, sur l’exercice de leur autorité ou sur la gestion
d’une entreprise publique, d’un établissement ou service public ».9

L’interpellation est un procédé proche de la question.

Théoriquement, « dans sa forme et dans ses résultats, elle


est beaucoup plus importante que la question. D’abord, le
gouvernement est obligé de répondre. C’est la chambre qui fixe le jour
de l’interpellation… Ensuite, l’interpellation donne lieu à un débat
auquel tous les parlementaires peuvent participer … Enfin,
l’interpellation se termine par un vote par lequel l’Assemblée nationale
précise son attitude à l’égard du gouvernement ».10

Ainsi, si l’interpellation manifeste un manque de


confiance de l’Assemblée nationale envers le gouvernement, celui-ci
démissionne.11

L’interpellation est plus que, les autres questions car elle


peut être définie comme « une mise en demeure adressée au
gouvernement, à ses ministres, aux membres des entreprises
publiques, des établissements et services publics ou leurs
représentations. » Les invités s’expliquent selon le cas sur l’exercice de
leur autorité ou la gestion de l’entreprise publique, l’établissement ou
le service public dont ils ont la charge». C’est ainsi que le député qui se
propose les interpeller doit faire connaitre au bureau de l’Assemblée
nationale l’objet de son interpellation par une déclaration écrite.

9
Art. 171 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale de la RDC
10
Idem
11
T.MUHINDO MALONGA, Op. Cit. P.524
8

Pour ce qui est de la réalité, sur trois initiatives


introduites par les députés nationaux au cours de la première
législature de la 3e République, une seule émanant du député Jean
BAMANISA à l’encontre du ministre des hydrocarbures lors de la
session extraordinaire de juin 2008, permet à l’Assemblée nationale de
prendre une résolution portant création d’une commission d’enquête.
Cette commission fut chargée de l’audition de la gestion du domaine
des hydrocarbures.12 Cependant, la mise sur pied effective de cette
commission a été prévue dans le calendrier de la session ordinaire
septembre 2009, trois mois après, en décembre 2009, cette
commission n’avait pas encore débuté. Ainsi, il y a lieu de se demander
si c’est une question de manque de volonté, situation qui informe que
l’Assemblée nationale de la RDC sous-utilise les moyens
constitutionnels et légaux de contrôle et se caractérise par une
léthargie dans l’exécution de ses décisions.

Signalons qu’en France, la procédure d’interpellation


avait existé sous la troisième et la quatrième République où le
gouvernement pourrait être renversé à l’issu du débat.

En Belgique, sans que la constitution l’ait prévue, la


procédure d’interpellation est dégagée à partir de la prérogative
constitutionnelle reconnue aux chambres de requérir ou de solliciter la
présence des ministres aux fins d’entendre leur explication. 13
L’interpellation peut donc donner lieu à des sanctions. Ce qui nous
pousse à examiner les commissions.

§2 : LES COMMISSIONS PARLEMENTAIRES :

« Une organisation rationnelle du travail, dans le cadre


d’une Assemblée parlementaire, exige que les projets ou propositions
12
Site du député, J. BAMANISA, http//bamanisajean-unblog.fr/à-propos/.
13
Art. 100 al.2 de la Constitution Belge
9

des lois ne viennent immédiatement en séance publique. Il est


souhaitable qu’ils soient d’abord étudiés et discutés dans des
formations les plus restreintes qu’une Assemblée de 500 membres,
dans lesquelles se rassembleront éventuellement des spécialistes.
L’institution des commissions répond à cette nécessité ; mais il peut
arriver que, sous couvert de rationalisation du travail parlementaire,
de fâcheux errements politiques s’instaurent ».14 L’information du
parlement par ses commissions, est une fonction normale des
commissions des Assemblées de rechercher, indépendamment des
nécessités de la délibération législative, l’information nécessaire à
l’exercice du contrôle parlementaire. Mais si ce rôle incombe
normalement aux commissions permanentes, il peut également être
dévolu à des commissions spécialement constituées à cet effet, les
commissions d’enquêtes et de contrôle. Au nombre des commissions
parlementaires qu’exerce le contrôle parlementaire, nous devons citer
d’abord les commissions d’Enquête(A), ensuite les commissions
permanentes(B) qui participent à l’exercice de la fonction informative
selon des formes diversifiées notamment à travers la technique
d’audition(C).

A. LES COMMISSIONS D’ENQUETES :

De prime abord, la constitution de la République


démocratique du Congo à son article 138 al.1 er 4° donne la possibilité
de créer une commission d’enquête.15

Elles impliquent une descente sur terrain ayant pour


objet de recueillir les éléments d’information, les plus complets sur des
faits déterminés par l’Assemblée plénière. Elles sont créées pour
obtenir des informations sur un fait déterminé, soit pour étudier la

14
A. Hauriou, Droit constitutionnel et institutions politiques, 4e éd., Montchrestien, Paris,
1970, P.867
15
Art. 138, al. 1er de la Constitution de la RDC du 18 Février 2006, in JORDC, Kinshasa, n°
spécial, mars, 2006.
10

gestion financière et administrative des services publics et entreprises


nationales.16

Le parlement peut aussi constituer des commissions


d’enquêtes, à propos d’une affaire ou d’un problème déterminé. Il s’agit
alors des commissions temporaires ad-hoc, dont le mandat est limité
dans le temps et dans l’objet. La création est de l’initiative de tout
parlementaire. Cependant, la décision de création est prise en séance
plénière.

En droit comparé, la constitution d’une commission


d’enquête répond à un double objectif : Elle permet à la chambre
intéressée de s’informer sur un sujet et à l’issue de ces travaux, de
mettre à jour des responsabilités politiques. Elle permet aussi à
l’Assemblée de faire œuvre législative dans le domaine étudié.17

Juridiquement, ceci prouve que les commissions


d’enquêtes servent de base pour le rôle de légiférer et non seulement
dans le contrôle.

En France, jusqu’à la loi du 20 juillet 1991, il existait une


différence entre les commissions d’enquêtes et les commissions de
contrôle. Ces deux catégories ont été unifiées et les commissions
d’enquêtes sont chargées de recueillir des éléments d’information soit
sur les points déterminés soit sur la gestion des services publics ou
des entreprises nationales en vue de soumettre leurs conclusions à
l’Assemblée qui les crée.18

En RDC, pour ce qui est de l’analyse, au 30 novembre


2009, on dénombrait pour la première législature de cette troisième
République, 24 commissions d’enquêtes déployées par l’amélioration
16
D. Touret, Droit constitutionnel, la France depuis 1789, éd. D’organisation, Paris, 1789,
P.114
17
F. Delperée et S. Depre, Le droit constitutionnel de la Belgique, Bruyant, Bruxelles-Paris,
LGDJ, 2000, P.247
18
G. Burdeau, F. Hanon et M. Tropes, Manuel de droit constitutionnel, 249e éd, LGDJ, Paris,
1998, P.602
11

nationale. Le nombre de ces commissions d’enquêtes apparaît


insuffisant face à l’ampleur de la mission de contrôle du parlement. Si
la commission d’enquête n’est pas insuffisamment éclairée, elle soumet
ses conclusions à la plénière pour une discussion pouvant déboucher
sur des plus amples éclaircissements.

Au cours de l’enquête, le président et le chef de la


commission disposent des pouvoirs les plus étendus, comme par
exemple :

1° La possibilité d’introduire une requête auprès de l’autorité judiciaire


et

2° La possibilité de déférer devant la justice les auteurs des faits


répréhensibles qui ont été constatés à l’issue de l’enquête. Outre, les
travaux de la commission se clôturent par le dépôt d’un rapport. En
séance plénière, la chambre tire des conclusions. Les conclusions de la
commission d’enquête dument approuvées par la plénière donnent
généralement lieu à des sanctions.

1. LES COMMISSIONS PERMANENTES :

Selon le prescrit de l’article 189 du règlement intérieur de


l’Assemblée nationale, en sus de leur attributions législatives, les
commissions permanentes assurent, dans les limites de leurs
spécialités respectives, l’information de l’Assemblée nationale aux fins
de l’exercice de son contrôle sur la politique du gouvernement et la
gestion des entreprises publiques, des établissements et des services
publics, par l’audition des membres du gouvernement et des
gestionnaires de ces organismes.19

Le principe est donc la commission « ad-hoc », constituée


pour l’examen d’un projet particulier. Mais il faut dire que, dans la
pratique, l’exception est devenue la règle et que ce sont les

19
Art. 189 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale de la RDC.
12

commissions permanentes qui se partagent l’examen des projets ou


propositions.20 Il s’agit plutôt des commissions d’audition et non celles
chargées d’examiner les projets ou propositions des lois.

En France, le rôle d’information des commissions


permanentes est affirmé aussi bien par le règlement de l’Assemblée
nationale que par celui du sénat.

La fonction comporte la possibilité de constituer des


commissions d’information, de bénéficier de l’assistance de certains
fonctionnaires des administrations centrales en qualité d’experts, de
demander la comparution des ministres et de se faire communiquer
toute pièce utile, spécialement en matière budgétaire et financière. 21

En RDC, les commissions permanentes sont des


structures continues du parlement. Leur demande est introduite par le
président de la commission concernée auprès du bureau de
l’Assemblée nationale qui la transmet à un membre du gouvernement
ou au gestionnaire des entreprises publiques, des établissements ou
des services publics, avec copie, selon le cas, à la hiérarchie ou à la
tutelle. Elles existent pendant toute la législature. D’après l’article 37
du règlement intérieur de l’assemblée nationale (1 ère législature), « Il est
créé au sein de l’Assemblée nationale les sept commissions
permanentes ci-après :

1° La commission politique, administrative et judiciaire ;

2° La commission économique et financière ;

3°La commission sociale et culturelle ;

4°La commission des relations extérieures,

5°La commission défense et sécurité ;

20
A. Hauriou, Op. Cit. P.868
21
M. Prélot et J. Boulouis, Institutions politiques et droit constitutionnel, 11e éd., Dalloz,
Paris, 1990, P.869
13

6° La commission environnement et ressources naturelles ; et

7° La commission aménagement du territoire et infrastructures.

Chaque commission est subdivisée en sous-commissions


correspondant chacune à un ou plusieurs ministères du
gouvernement. Toutefois, en cas d’opportunité et de nécessité,
l’Assemblée nationale peut, sur proposition de son bureau, créer
d’autres commissions permanentes ». Chaque commission permanente
comprend au moins soixante-dix membres. Les sous-commissions
comprennent un nombre plus ou moins égal de membres. Le président
de l’Assemblée nationale est de droit membre de chacune des
commissions et sous-commissions. Les autres députés font chacun
partie d’une commission et/ou d’une sous-commission. 22 Toutefois, un
député peut participer, sans voix délibérative, aux travaux d’une
commission ou sous-commission autre que celle dont il est membre.
(Article 38 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale).

1. DE L’AUDITION PAR DES COMMISSIONS :

Le parlement peut procéder à l’audition des personnes


intéressées par les commissions permanentes qui sont constituées en
son sein et qui sont plus ou moins spécialisées dans les différents
domaines de l’action du gouvernement.23

De par la volonté du constituant, les commissions


permanentes, spécialisées, ou ad-hoc peuvent auditionner n’importe
quel responsable de l’appareil exécutif de l’Etat. A titre de rappel, les
22
T. MUHINDO MALONGA, Op. Cit. , P. 512
23
T. MUHINDO MALONGA, Op. Cit., P.524
14

commissions permanentes, voire spéciales du genre, les commissions,


auditionnent régulièrement les membres du gouvernement comme les
responsables des entreprises, établissements et services publics de
l’Etat. En plus de leurs attributions législatives, les commissions
permanentes assurent, dans les limites de leurs spécialités
respectueuses, l’information de l’Assemblée nationale aux fins de
l’exercice de leur contrôle sur la politique du gouvernement et la
gestion. A titre d’exemple, durant la session ordinaire du mois de mars
2008, la commission d’ECOFIN a procédé à 9 auditions dont celle du
06 mai 2008 du ministre des mines au sujet de la révisitation et de la
renégociation des contrats miniers signés par le gouvernement. 24 Les
rapports d’audition sont rendus publics au niveau des plénières.
Toutefois, lorsqu’ils abordent des sujets sensibles, le huis clos peut
être prononcé sur demande d’un député ou du président de la
chambre après décision de la plénière. La demande d’audition est
introduite par le président de la commission concernée au bureau de
la chambre (Assemblée nationale) qui la transmet à son tour au
concerné avec copie, selon le cas à la hiérarchie ou à sa tutelle.

L’objet de l’audition est purement informatif. 25 A l’issue


des auditions, les remarques et commentaires à l’intention des
personnes auditionnées et les recommandations conséquences faites
par les commissions à la demande de la plénière lors de l’audition des
membres de l’exécutif sont transmises au gouvernement par le biais
du bureau de l’Assemblée nationale.

Après avoir décortiqué les mécanismes de contrôle


parlementaire, nous pouvons nous poser la question de savoir, à quoi
aboutit le contrôle parlementaire ? C’est cette question qui nous plonge
directement dans le vif de la seconde section sur les effets ou sanctions
issus de ces mécanismes.
24
Module de l’interface exécutif n° de sept. 2008, PP.54-56
25
Art. 189 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale de la RDC.
15

SECTION 2. LES SANCTIONS OU EFFETS ISSUS DU CONTROLE


PARLEMENTAIRE.

De prime abord, la sanction du contrôle parlementaire


comporte des modalités très différentes par leur nature et par leurs
conséquences. Les techniques d’information portent déjà en elles-
mêmes une sanction dans la mesure où, à partir des données qu’elles
contribuent à révéler et qu’elles obligent à soumettre à la discussion,
elles sont susceptibles d’écho dans l’opinion et de prolongement dans
les rapports politiques du gouvernement.26

En effet, si la cour constitutionnelle accorde aux


deux chambres réunies en congrès le pouvoir d’exercer le contrôle du
gouvernement et de voter la décision de poursuite et de mise en
accusation du président de la République et du premier ministre, il
apparait que certaines sanctions politiques ne sont prononcées que
par l’Assemblée nationale, à savoir le vote de la motion de censure et
de défiance contre le gouvernement ou un membre du gouvernement.

En outre, le vote de la décision de poursuite et de


mise en accusation des membres du gouvernement figure comme
prérogative de l’Assemblée nationale en vertu de l’article 166 al.2 de la
constitution ; disposition considérée par certains comme garantissant
l’impunité et par conséquent, encourageant l’immoralité des membres
du gouvernement.

Ce qui précède confirme la prépondérance de la chambre


basse dans le cadre du contrôle.

Enfin, les mécanismes de contrôle peuvent déboucher


sur la mise en jeu de la responsabilité politique d’un membre du
gouvernement, ce qui constitue la motion de défiance (§2) ou sur la
responsabilité politique de tout le gouvernement, la motion de censure

26
M. Prélot et J. Boulouis, Op. Cit. P.872
16

contre le premier ministre (§1), par l’initiative gouvernementale, ce qui


constitue la question de confiance (§3), mais aussi les responsabilités
pénales du premier ministre peuvent être envisagées (§4).

§1. LA MISE EN CAUSE DE LA RESPONSABILITE POLITIQUE DU


GOUVERNEMENT PAR L’ASSEMBLEE NATIONALE : LA MOTION DE
CENSURE.

La censure est le moyen donné à l’Assemblée nationale de


mettre en cause la responsabilité du gouvernement.27 La motion est
une proposition émanant de l’Assemblée nationale, un acte de défiance
à l’encontre du gouvernement. La motion de censure est l’arme
classique de l’Assemblée à l’encontre du gouvernement dans le régime
parlementaire. Elle se traduit par une motion réglementée dans des
conditions qui donnent à cette rupture un caractère d’extraordinaire
gravité.

La motion étant une conséquence de la responsabilité


du gouvernement ou de l’un de ses membres, elle est régie par la
constitution en ses articles 146 et 147.

Quant à l’article 146 al.2, l’Assemblée nationale met en


cause la responsabilité du gouvernement (…) par le vote d’une motion
de censure…28 Pour mieux comprendre les dispositions
constitutionnelles des articles 146 et 147, il convient d’abord de
s’intéresser sur la procédure applicable(A) et c’est après qu’on verra la
signification politique de la motion de censure(B).

A. LA PROCEDURE APPLICABLE :

Elle est conçue de manière à éviter que l’Assemblée


nationale ne puisse renverser trop facilement le gouvernement.

Le dépôt de la motion de censure :


27
M. Prélot et J. Boulouis, Op. Cit, P.882
28
Art. 146, al.2 de la Constitution de la RDC du 18 Février 2006, in JORDC, Kinshasa, n°
spécial, mars, 2006.
17

La motion de censure contre le gouvernement n’est


recevable que si elle est signée par un quart des membres de
l’Assemblée nationale29, ce quart étant calculé sur le nombre de sièges
effectivement pourvus. Un même député ne peut signer plusieurs
motions de censures à la fois. Les motions sont généralement
motivées.

Il est à rappeler qu’aucune motion de censure ne peut


être déposée pendant la durée de l’intérim présidentiel et que pendant
la vacance parlementaire, une motion de censure ne peut être déposée
que lors des sessions ordinaires.30

2. Le vote de la motion :

Aux termes de l’article 146 al.5, le débat et le vote ne


peuvent avoir lieu que quarante-huit heures après le dépôt de la
motion. Aucun retrait de la motion de censure n’est possible après sa
mise en discussion qui, une fois engagée, doit être poursuivie jusqu’au
vote.

3. Le calcul de majorité :

L’article 146 al.6 comporte à cet égard une règle


essentielle selon laquelle seuls sont recensés les votes favorables à la
motion de censure(…) qui ne peut être adopté qu’à la majorité absolue
des membres composant l’Assemblée nationale.

Ce système présente des avantages certains. D’abord, il


crédite le gouvernement non seulement des voix de ceux qui, dans un
scrutin normal, auraient voté pour lui mais également des voix de ceux
29
Art. 146, al.3 de la Constitution de la RDC du 18 Février 2006, in JORDC, Kinshasa, n°
spécial, mars, 2006.
30
P. Pactet, Institutions politiques et droit constitutionnel, 6e éd., édition Masson, Paris,
1983, P.443
18

qui se seraient abstenus ; de ce fait, les députés n’ont pas d’autres


possibilités que de prendre position pour ou contre le maintien en
fonction du gouvernement, ce qui parait tout à fait normal dans un
scrutin aussi important, requérant de chaque député un engagement
clair et complet et non pas une neutralité équivoque. Ensuite, lorsque
la motion n’est pas adoptée, il renforce la position du gouvernement,
qui se trouverait politiquement diminuer si, dans un scrutin normal,
les abstentions dénombrées avaient été considérables.

Enfin, lorsque la motion de censure est adoptée, elle


peut favoriser, en dégageant une majorité nette, la constitution du
nouveau gouvernement ; toutefois, le résultat ne sera atteint que si
cette majorité est unie et constructive et ne résulte pas de la
conjonction occasionnelle d’oppositions contradictoires.

4. Les suites de la motion :

Si elle est adoptée, elle entraine la démission du premier


ministre et du gouvernement. Si elle est rejetée, ses signataires ne
peuvent en déposer une autre au cours de la même session31, à moins
que le gouvernement ne prenne lui-même l’initiative d’engager sa
responsabilité sur le vote d’un texte.

B. LA SIGNIFICATION POLITIQUE DE LA MOTION DE CENSURE.

La motion de censure représente une survivance du


régime semi-parlementaire dans le cadre spécifique de la troisième
République mais sa signification est entièrement nouvelle.32

1. La mise en cause du pouvoir.

31
Art. 146, al.6 de la Constitution de la RDC du 18 Février 2006, in JORDC, Kinshasa, n°
spécial, mars, 2006
32
P. Pactet, Op. Cit. P.444
19

C’est une mise en cause globale car si, conformément à


la tradition, la motion de censure est dirigée contre le premier
ministre, on ne doit pas oublier qu’il n’est plus le seul ni même le
principal titulaire du pouvoir politique. De lors il est très
compréhensible que la motion puisse viser le président de la
République tout autant et même davantage que le premier ministre.
Celui-ci en est certes le destinataire nominal mais le président peut
être le destinataire réel.33 En d’autres termes, le chef du gouvernement
est politiquement responsable devant l’Assemblée nationale non
seulement pour sa politique et ses décisions mais aussi pour la
politique et les décisions prises par le président, notamment dans
l’exercice de ses pouvoirs propres quand bien même il n’aurait pas
participé et aurait seulement été tenu informé.

2. La pratique parlementaire en République Démocratique du


Congo.

Rappelons que durant cette deuxième législature de la


troisième République, une seule motion de censure a été déjà initiée à
l’émis-sicle nationale ; le 16 avril 2013 par l’Honorable Baudouin
MAYO de l’UNC de Vital KAMERHE contre le premier ministre
Augustin MATATA MPONYO pour motif de violation de la constitution.

Eu regard du spectacle offert à l’opinion nationale et


internationale, par les « honorables » députés, qui se sont caractérisés
par une versatilité et une légèreté dans la gestion de la « RES
PUBLICA », ces derniers ne sont guidés que par le lucre et les
avantages personnels qu’ils peuvent tirer de leur position de député.
Ceci s’explique par le fait que les députés signataires de la motion de
censure de l’honorable Baudouin MAYO ont commencé les uns après
les autres à retirer leurs signatures au bas de la motion MAYO.
33
Idem, P.444
20

Si bien que celle-ci qui avait déjà recueilli 137 signatures


n’en comptait plus que 95, largement en deçà du nombre de
signatures requis par la constitution, pour inquiéter le premier
ministre et son gouvernement.34 Les députés en retirant leurs
signatures ont invoqué comme motif « des convenances personnelles ».
C’est ainsi que la motion sera jugée irrecevable suite au nombre
inférieur des signatures requises par la constitution.

Enfin, s’agissant de l’article 147 de la constitution, il sied


de rappeler que lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de
censure, le gouvernement est réputé démissionnaire. Dans ce cas, le
premier ministre remet la démission du gouvernement au président de
la République dans les vingt-quatre heures.35

§2. LA RESPONSABILITE POLITIQUE D’UN MEMBRE DU


GOUVERNEMENT : LA MOTION DE DEFIANCE.

La motion de défiance est une proposition émanant d’un


parlementaire ayant pour objectif de mettre en cause la responsabilité
politique d’un membre du gouvernement.

L’article 138 al.2, assortit les moyens de contrôle et la possibilité de


vote d’une motion de censure ou de défiance, adoptée conformément
aux articles 146 et 147 de la constitution. Il en résulte que, sous
réserve des conditions d’adoption d’une telle motion, les procédés de
contrôle peuvent déboucher sur la démission des membres du
gouvernement, soit individuellement, …36 Les moyens de contrôle
acquièrent alors une portée politique considérable en dépit de leur
caractère apparemment anodin. Nous allons voir d’abord la procédure
applicable(A) mais aussi la signification politique(B) afin de mieux
comprendre la motion de défiance.

34
Site internet, http://: WWW Google. Com, consulté le 20 Avril 2013 à 10h 30min
35
Art. 147, de la Constitution de la RDC du 18 Février 2006, in JORDC, Kinshasa, n°
spécial, mars, 2006
36
T.MUHINDO MALONGA, Op. Cit., P.524
21

1. LA PROCEDURE APPLICABLE.

1. Le dépôt de la motion de défiance.

L’article 146 al. 4 de la constitution stipule ce qui suit : « la motion de


défiance contre un membre du gouvernement n’est recevable que si
elle est signée par un dixième de membres composant l’Assemblée
nationale »37 Ce dixième doit être calculé sur le nombre de sièges
effectivement pourvus. Le signataire d’une motion de défiance ne peut
point initier plusieurs au cours de la même session. Elle est
généralement motivée.

2. Le vote de la motion de défiance.

S’inspirant de l’article 146 al. 5 de la constitution, le débat et le


vote ne peuvent avoir lieu que quarante-huit heures après le dépôt de
la motion.

3. Le calcul de majorité.

Le constituant congolais donne une norme importante à ce point.


L’article 146 al. 6 dispose : « seuls sont recensées les voix favorables à
la motion… de défiance, qui ne peut être adoptée qu’à la majorité
absolue des membres composant l’Assemblée nationale ».38

4. Les suites de la motion.

D’après l’article 147 al. 2, lorsqu’une motion de défiance contre un


membre du gouvernement est adoptée, celui-ci est réputé
démissionnaire. Par contre, si elle est rejetée, ses signataires ne
peuvent plus en déposer une autre au cours de la même session.

37
Art. 146, al.4 de la Constitution de la RDC du 18 Février 2006, in JORDC, Kinshasa,
n°spécial, mars, 2006
38
Art. 146 al.6 de la Constitution de la RDC du 18 Février 2006, in JORDC, Kinshasa, n°
spécial, mars, 2006
22

1. LA SIGNIFICATION POLITIQUE DE LA MOTION DE


DEFIANCE.

De prime abord, il se remarque que la motion de défiance est d’une


application capitale en régime mixte.

En effet, s’agissant de sa mise en cause, conformément à la


tradition, la motion de défiance est dirigée contre un ministre.

En outre, le ministre étant chef d’un département ministériel, est


responsable de tous les actes de son ministère.39

Enfin, lorsque la motion de défiance est adoptée, le ministre


concerné doit déposer sa démission au premier ministre.

§3. DE LA QUESTION DE CONFIANCE.

La mise en cause de la responsabilité de l’exécutif constitue


l’apothéose du contrôle parlementaire. Elle permet de constater, avec
plus de pertinence, au-delà des apparences, la dépendance politique
du gouvernement et de ses membres à l’organe délibérant.

A la manière de qui m’aime me suive, l’alinéa premier de l’article 146


dispose : le premier ministre peut, après délibération du conseil des
ministres, engager devant l’Assemblée nationale la responsabilité du
gouvernement sur son programme, sur une déclaration de la politique
générale ou sur le vote d’un texte.40

C’est là, l’énoncé d’une règle constitutionnelle aussi


ancienne que le parlementarisme qui, cependant, a donné matière à
discussion. Ayant sacrifié au formalisme de la délibération du conseil
des ministres, le premier ministre engage l’existence de son
gouvernement, soit sur son programme, soit sur une déclaration de
39
T. MUHINDO MALONGA, Cours de droit constitutionnel congolais, uob, G2, droit, 2011-
2012, inédit
40
Art. 146, al. 1er de la constitution de la RDC du 18 Févier 2006, in JORDC, Kinshasa, n°
spécial, mars, 2006
23

politique générale, sachant que ces expressions sont d’une acceptation


analogue. Mais, une question essentielle se pose : le premier ministre
est-il tenu ou non de solliciter la confiance, au moment de son entrée
en fonction.

Deux arguments plaident en ce sens : le gouvernement


existe juridiquement dès sa nomination indépendamment d’une
manifestation de la volonté parlementaire.

Mais, l’investiture, ce réactif exige la volonté de


l’Assemblée nationale. Aucun délai n’est par ailleurs visé par l’alinéa
premier.

§4. L’ENGAGEMENT DE RESPONSABILITE SUR LE VOTE D’UN


TEXTE

4.1. LA PROCEDURE APPLICABLE.


1. L’engagement de responsabilité et la présomption
d’adoption.

L’article 146 al.1er prévoit que le premier ministre peut,


après délibération du conseil des ministres, engager la responsabilité
du gouvernement devant l’Assemblée nationale sur (…) le vote d’un
texte. La liaison avec ce dernier élément c.à.d. avec tout texte
susceptible de faire l’objet d’un vote de la part de l’Assemblée
nationale, est absolument indispensable ; en pratique, il s’agit presque
toujours d’un projet de loi.41 A partir du moment où le premier
ministre, seul compétent, décide d’engager sa responsabilité sur le vote
d’un texte, celui-ci bénéficie d’une présomption d’adoption par
l’Assemblée nationale.

En effet, la situation créée par la décision du premier


ministre n’a que trois issues possibles : ou bien aucune motion de
41
P. Pactet, Op. Cit., P. 445
24

censure n’est déposée, ou bien une motion de censure est déposée et


rejetée, ou bien encore une motion de censure est déposée et adoptée.

2. L’absence d’une motion de censure.

Aucune motion de censure n’est déposée dans les vingt-quatre


heures qui suivent la transmission à l’Assemblée nationale de la
décision du premier ministre, le texte est considéré comme adopté,
sans même que les députés votent à son sujet ; en d’autres termes,
l’écoulement du délai transforme la présomption d’adoption en
décision définitive. Cette solution est normale car s’il ne se trouve pas
un dixième des députés pour protester, c’est que le texte bénéficie
d’une majorité massive.

3. Le dépôt et le rejet de la motion de censure.

Une motion de censure est déposée dans le même délai de vingt-


quatre heures et selon la procédure précédemment examinée mais ne
recueille pas la majorité absolue ; le texte est encore considéré comme
adopté.

En effet, on considère, et c’est là toute l’innovation mais elle est


capitale, que tous ceux qui ne se sont pas expressément prononcés
contre le gouvernement en votant la motion de censure ont, en
définitive, voté pour lui.42 L’article 146 évite les inconvénients en
recourant à la fiction du soutien tacite du gouvernement par les
députés qui ne se sont pas déclarés ouvertement hostiles, selon
l’application d’une formule pouvant s’énoncer : « qui n’est pas
activement contre le gouvernement est pour lui ».

En dépit de son niveau élevé d’abstraction, ce système n’est pas


choquant parce qu’il est très logique : Lors d’un vote suffisamment
important pour que le gouvernement engage son existence à son sujet,
42
P. Pactet, Op. Cit. P.446
25

les députés doivent prendre une position sans équivoque et il est


normal que le gouvernement soit présumé recueillir l’adhésion de ceux
qui ne se manifestent pas.

Ajoutons enfin que la constitution ne permet pas seulement au


gouvernement d’exercer une forte pression sur l’Assemblée nationale
pour l’amener à voter un texte auquel il tient.43

4. Le dépôt et l’adoption de la motion de censure.

Une motion de censure est régulièrement déposée et recueille les


voix de la majorité absolue des membres composant l’Assemblée
nationale. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, le texte est rejeté et
le gouvernement renversé.

5. LA SIGNIFICATION POLITIQUE.

Il apparait, dans ces conditions que le gouvernement bénéficie, du


fait des dispositions de l’article 146, d’une arme très efficace puisque,
son sort étant indissolublement lié à celui des textes qu’il juge
importants, l’assemblée est dans l’impossibilité de lui refuser les
moyens de gouverner sans mettre fin à ses fonctions, ce qui parait
normal.

Dans la hiérarchie des moyens de pression gouvernementaux,


l’engagement de responsabilité se situe au sommet, juste au-dessus du
contrôle du vote bloqué.

6. CONTROLE PARLEMENTAIRE ET RESPONSABILTE PENALE


DU 1er MINISTRE.

Après avoir énoncé à son article 164 que la cour


constitutionnelle est le juge pénal du 1 er ministre pour, entre autres,
outrage au parlement, la constitution affirme à l’article 165 qu’ « il y a
outrage au parlement lorsque sur des questions posées par l’un ou

43
P. Pactet, Op. Cit. P.446
26

l’autre chambre du parlement sur l’activité gouvernementale, le


premier ministre ne fournit aucune réponse dans un délai de trente
jours ». Dès la mise en accusation, le 1 er ministre doit présenter sa
démission, selon le prescrit de l’article 166 al. 3 de la constitution.

Un tel dispositif peut poser des problèmes à la fois


politiques et pratiques.

Sur le plan politique, que devient le gouvernement dont le


chef coordonnateur démissionne.

Sur le plan pratique, la démission du premier ministre


dès la mise en accusation, n’est-elle pas une atteinte au droit à la
présomption d’innocence dont il bénéficie comme tout citoyen.

Enfin, il convient de rappeler que la responsabilité


politique s’éteint avec la démission. Cependant, dans ce cas précis la
responsabilité pénale demeure avec la démission de poursuite et la
mise en accusation conformément à ce qui précède, il est claire que la
démission ou la responsabilité politique n’éteint pas l’action pénale.
27

CHAPITRE 2 : LE CONTROLE PARLEMENTAIRE COMME


INSTRUMENT D’AMELIORATION DE LA BONNE GOUVERNANCE ET
DE L’ETAT DE DROIT EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO

« Une société qui, à tous les niveaux, désire véritablement


demeurer au service de l’être humain, est celle qui se fixe le bien
commun pour objectif prioritaire, dans la mesure où c’est un bien
appartenant à tous les hommes et à tout l’homme.44

C’est ainsi que dans un Etat démocratique où le contrôle


parlementaire est effectif et efficace constitue un véritable vecteur de la
bonne gouvernance ainsi que la garantie de l’Etat de droit.

C’est ainsi que pour donner sens à ce chapitre, il est


utile de parler dans un premier temps de la bonne gouvernance
(section 1ère) afin de mieux comprendre les notions sur l’Etat de droit
(section deuxième).

SECTION I. LE CONTROLE PARLEMENTAIRE COMME


INSTRUMENT DE LA BONNE GOUVERNANCE.

P. MUAMBA Tujibikile, Pour un vrai Etat de droit au lendemain des


44

élections en RDC, Engagement social n° 21, Ed. L’EPIPHANIE,


Kinshasa, janvier, 2008, P.33
28

« La bonne gouvernance constitue actuellement le mot le


plus cité dans les discours des politiciens et des intellectuels congolais.
D’aucuns pourraient alors se demander si la bonne gouvernance est
un slogan ou une règle pour conduire les affaires publiques de l’Etat
afin d’atteindre les objectifs de tout gouvernement à l’occurrence le
développement socio-économique, l’épanouissement de l’Homme et
l’amélioration du bien-être des congolais ».45

Par essence, dans un pays démocratique, où le


contrôle juridictionnel sur les gouvernants, l’indépendance de la
justice, le respect de l’ordre juridique, l’égalité des sujets devant le
droit et la protection des droits et libertés individuelles sont effectifs et
efficaces, constitue un véritable vecteur de la bonne gouvernance.

L’Etat de droit exige que les personnes publiques et les


gouvernants soient soumis, au même titre que les particuliers, au
respect de l’ordre juridique et que ce dernier soit sanctionné en dernier
ressort par le juge.46

Afin de répondre effectivement à ces préoccupations, il


importe avant tout d’examiner la notion du concept « bonne
gouvernance » (§1) puis la bonne gestion des ressources publiques
dans un pays où règne la bonne gouvernance (§2).

§1. LA NOTION DE BONNE GOUVERNANCE.

La compréhension de la notion de Bonne


gouvernance reste indispensable pour une bonne culture
démocratique dans notre pays et une conduite irréprochable dans la
gestion des personnes et des biens communautaires.

45
Pasteur L.N. MULANGA, Manuel d’éducation à la citoyenneté et à la
bonne gouvernance, Connaitre pour bien éduquer, 2e édition,
PED /ECC, Bukavu, Mai, 2008, P.116.
46
T. MUHINDO M., Op. Cit., P.189
29

Ce mot vient du verbe « gouverner » qui fait son


apparition au 11e siècle et qui signifie diriger, conduire, mener.

Lorsqu’il est question des affaires politiques, on parle de


« gouvernement », apparu au 12e siècle, « gouvernance est utilisée à
partir du 13e siècle, mais ce mot n’avait pas le sens qu’aujourd’hui on
lui donne.47

C’est à partir de 1990 qu’il est clamé par les dirigeants


politiques de l’occident pour aider les leaders politiques, surtout
africains, à bien conduire les affaires de leurs Etats.

La gouvernance peut se définir comme un ensemble de


mécanismes liés à l’organisation, au fonctionnement et à la gestion de
tel ou tel domaine d’activité de l’Etat.48

Selon le rapport national en développement Humain


2000, PNUD définit la gouvernance comme les voies et moyens
d’exercer l’autorité politique, économique et administrative par la
conduite des affaires d’un pays dans le triple but d’assurer :

 La cohésion sociale,
 L’intégration et
 Le bien-être de la population.

En fait, lorsque la gestion échoue et capote on parle de


mal gouvernance au lieu de bonne gouvernance. C’est ainsi qu’il est
nécessaire de voir la définition de la bonne gouvernance (A) avant de
consulter ses caractéristiques (B), afin de mieux comprendre les
dimensions de la bonne gouvernance(C).

A. DEFINITION DE LA BONNE GOUVERNANCE.

La bonne gouvernance, c’est l’ensemble de procédures


institutionnelles, de rapports des pouvoirs et de modes de gestion des
47
Pasteur L.N.MULANGA, op. cit., P.116
48
Pasteur L.N. MULANGA, Op. Cit., P. 116.
30

affaires publiques ou privées, formels aussi bien qu’informels qui


régissent notamment l’action publique réelle.

Elle est un ensemble de mécanismes, de processus et


d’institutions par le biais desquels les citoyens et les groupes
expriment leurs intérêts, exercent leurs droits juridiques, assument
leurs obligations et auxquels ils s’adressent en vue de régler leurs
différends.49 Par rapport à ceux qui précédent, la gouvernance, venant
de gouverner, peut être considérée comme une manière de diriger et de
régir les personnes ou les choses. C’est l’exercice de l’autorité
économique, politique et administrative en vue de gérer les affaires
d’un pays à tous les niveaux. Elle englobe les mécanismes, les
processus et institutions par les biais desquels les citoyens et les
groupes expriment leurs intérêts, exercent leurs droits juridiques,
assument leurs obligations et auxquels ils s’adressent en vue de régler
leurs différends.

B. LES CARACTERISTIQUES DE LA BONNE GOUVERNANCE.

La bonne gouvernance est caractérisée par :

1° La participation active : de la population dans la prise des


décisions sur les problèmes qui la concerne.

2° Le respect des droits : de la personne humaine.

3° La primauté du droit : il y a une application de la loi pour une


justice distributive dans un Etat de droit.

4° La transparence : dans la gestion, les systèmes financiers et


fiscaux.

5° La responsabilisation : sanction en cas de faute.

6° L’efficacité : méritocratie à la place du clientélisme

7° L’équité : répartition équitable des ressources communautaires

49
Ibidem, P.117
31

8° La séparation et l’indépendance de différents pouvoirs : (Exécutif,


législatif et judiciaire).

9° Les élections : accessions aux charges politiques par la voie des


élections.

10° Capacité et efficacité dans l’administration ;

11° La lutte contre la corruption et la dimension saine de l’armée ;

12° La liberté de la presse et la liberté d’opinion ;

13° La prévisibilité des comportements par l’émergence de l’approche


prospective (avoir une vision prospective, gouverner c’est prévoir) ;

14° Lier la théorie à la pratique ; etc.

C. LES DIMENSIONS DE LA BONNE GOUVERNANCE.

La bonne gouvernance présente des dimensions diverses parmi


lesquelles nous avons :

 La gouvernance politique : qui est le processus de prise de


décisions en rapport avec l’élaboration des politiques.
 La gouvernance économique : qui recouvre les processus de prise
des décisions qui ont une incidence sur les activités économique
du pays et des relations économiques avec les autres pays. Ceci a
des répercussions importantes sur l’équité, la pauvreté et la
qualité de la vie.
 La gouvernance administrative : qui est le système de mise en
œuvre de ces politiques, c’est-à-dire l’organisation des rapports
entre gouvernants et gouvernés.
 La gouvernance sociale : concerne les mécanismes d’accès des
citoyens aux sociaux de base (éducation, santé, emploi et
logement).

Comme on peut le constater, la Bonne gouvernance exige les


actions combinées de plusieurs acteurs et leurs mobilisations dans un
32

élan de solidarité et de cohésion sociale, de partenariat, de


participation et d’équité. Elle suscite des synergies constructives entre
les participants et les acteurs, comme par exemple :

- L’Etat comme garant d’un environnement politique, juridique et


macroéconomique indispensable à la réalisation des activités par
d’autres secteurs ;
- Le secteur privé dans son rôle de création d’emplois et de
générateur des revenus ;
- La société civile en tant que population organisée en réseaux
thématiques pour la défense de ses intérêts politiques,
économiques et sociaux.

§2. LES EFFETS DU CONTROLE PARLEMENTAIRE : LA BONNE


GESTION DES RESSOURCES PUBLIQUES.

La bonne gestion des ressources disponibles pour les


plus grands biens du propriétaire originel, en l’occurrence les
populations, sources de légitimité des autorités publiques.

S’agissant du contrôle sur la bonne gestion des


ressources, retenons qu’en RDC, le parlement engage un débat public
sur les ressources extérieures à l’occasion du dépôt annuel par le
gouvernement du projet de loi de finances. Au cours de l’exécution du
budget, chaque membre du parlement peut également mettre en
œuvre les divers moyens de contrôle prévus par la constitution pour
s’informer sur la gestion par le gouvernement des ressources
extérieures, demander la constitution d’une commission d’enquête, ou
proposer le contrôle par la cour des comptes du compte général du
trésor.

Le contrôle exercé par le parlement sur l’exécution de


l’APD (Aide Publique au Développement) présente les mêmes
insuffisances et limites relevées dans le contrôle parlementaire en
33

général. Les limites du modèle parlementaire entachent le débat et le


contrôle sur l’exécution du budget en général et de la gestion des
ressources extérieurs en particulier.

Ceci implique qu’il faille éviter de confondre le bien public


du bien privé.50 La question de la bonne gestion fait appel à certains
aspects qui la complètent et la rendent plus intelligible :

1° La transparence : L’action des décisions et la prise des décisions


des administrations publiques sont, dans certaines mesures, ouvertes
à l’examen des autres secteurs de l’administration, du parlement, de la
société civile et parfois d’institution.

2°La réceptivité : Les autorités publiques ont les moyens et la


flexibilité voulus pour répondre rapidement à l’évolution de la société,
tiennent compte des attentes de la société civile lorsqu’elles définissent
l’intérêt général et elles sont prêtes à faire l’examen critique du rôle de
l’Etat.

3° L’obligation de rendre compte : Les administrations publiques


sont capables et désireuses de montre en quoi leur action et leurs
décisions sont conformes à des objectifs précis et convenus.

4° L’efficience et l’efficacité : Les administrations publiques


s’attachent à une production de qualité, notamment dans les services
rendus aux citoyens et veiller à ce que les prestations répondent à
l’intention des responsables de l’action publique.

5° La primauté du droit : Sans pour autant être une répétition, les


autorités publiques font appliquer les lois, les règlements et les codes
en toute transparence.

6° La prospective : Les autorités publiques sont en mesure d’anticiper


les problèmes qui se poserons à partir des données disponibles et

50
Rapport de PNUD, appui aux institutions, P.160
34

tendances observées, ainsi que d’élaborer des politiques qui tiennent


compte de l’évolution des couts et des changements prévisibles.

A part ces aspects qui illustrent la bonne gouvernance dans un Etat de


droit, il existe en République Démocratique du Congo la cour des
comptes qui, compétente aux recours des services publics, la cour des
comptes s’avère pertinente dans le cadre du contrôle parlementaire
surtout de ce qui est de la bonne gestion des ressources publiques.
Nous en passerons en revis.

C’est ainsi qu’il se constate que la plus part des aspects ci-hauts
énumérés ne sont pas le propre des autorités publiques congolaises,
chose qui ne fait que naitre l’écart entre la bonne gouvernance et la
gestion en RDC.

SECTION 2. LE CONTRÔLE PARLEMENTAIRE COMME


INSTRUMENT D’AMELIORATION DE L’ETAT DE
DROIT.

« Tout Etat qui se respecte est désormais tenu de se


présenter sous l’aspect avenant, de se parer des couleurs chatoyantes
de l’Etat de droit ».51

L’Etat de droit est aujourd’hui une notion d’actualité.


Il exige que les personnes publiques et les gouvernants soient soumis,
au même titre que les particuliers, au respect de l’ordre juridique et
que ce respect soit sanctionner en dernier ressort par un juge.

Dans un Etat qui se veut démocratique, l’effectivité et


l’efficacité du contrôle parlementaire demeure l’essence pour
l’amélioration de l’Etat de droit. Dans cet angle de raisonnement, le
contrôle parlementaire efficace constitue un vecteur de l’Etat de droit,

51
J. CHEVALIER, l’Etat de droit, Paris, Montchretien, 1999, p.7
35

celui-ci étant entendu comme le respect d’un certain nombre de


valeurs.

L’Etat de droit postule l’existence d’un ordonnancement


juridique formellement et surtout matériellement hiérarchisé. Il est
presque devenu le corollaire de la démocratie libérale. Il constituerait
même une étape supplémentaire et un perfectionnement par rapport à
la démocratie.52 L’existence d’une bonne gouvernance, la défense du
droit ou du devoir d’ingérence et la subordination de l’aide au
développement à la démocratie libérale sont encore des signes et des
manifestations des contraintes liées à la notion de l’Etat de droit. A ce
propos, on peut lire chez Anne-Céline ROBERT : « L’Etat de droit est
devenu au fil des années, l’étalon de mesure de la démocratie à travers
le monde. Les organismes internationaux y ont notamment recours
pour apprécier l’avancée des transitions politiques à l’Est et en Afrique
et octroyer leurs aides au titre de la conditionnalité. 53 Il fait partie des
critères qu’un Etat doit remplir pour mériter le label de bonne
gouvernance.

C’est ainsi que dans un premier temps, nous allons


parler sur les notions de l’Etat de droit (§1), afin d’aboutir à l’Etat de
droit comme corollaire de la bonne gouvernance (§2).

§1. LA NOTION D’ETAT DE DROIT : ESSAI DE DEFINITION.

L’Etat de droit ou la primauté du droit est une situation


juridique dans laquelle chacun est soumis au respect du droit, du
simple individu jusqu’à la puissance publique. 54 La définition de l’Etat
de droit résultera de l’examen de ses différents aspects (A) et de ses
objectifs (B).
52
T. MUHINDO MALONGA, Op. Cit., P.189
53
A. C. ROBERT, Naissance d’une mythologie juridique, in le monde
diplomatique, janvier, 2001, P.22
54
T. MUHINDO M., Notes de cours droit constitutionnel, U.O.B, G1,
Droit, 2010-2011, Inédit.
36

A. LES ASPECTS DE L’ETAT DE DROIT.

Il n’est pas inutile de se livrer à la quête du sens qu’il


faut donner à la notion de l’Etat de droit.

En effet, la notion d’Etat de droit, brusquement


propulsée sur la place publique, a connu une surcharge de
signification qui lui donne une coloration nouvelle. Devenu la référence
de tout discours politique, l’Etat de droit peut apparaitre comme une
catégorie fourre-tout qui recouvre des significations multiples et
parfois contradictoires. Nous examinerons successivement la genèse
de l’Etat de droit(I) avant de parler sur son contenu(II).

1. LA GENESE DE L’ETAT DE DROIT.

Né en Allemagne à la fin du XIXe siècle, la notion


d’Etat de droit permet de prémunir la société contre les concentrations
et les excès de pouvoir.

Pour A. Bleckmann, l’expression « Etat de droit » a


été inventée dans les années 1860 par deux auteurs allemands, Bahr
et Gneist, pour trouver une solution juridique au contrôle par le juge
des actes administratifs.

S’agissant de son contenu, F. J. Stahl était d’avis que


l’Etat de droit est moins un dispositif de limitation du pouvoir de l’Etat
qu’un moyen d’organisation rationnelle de travail de l’Etat et de
juridicisation de ses rapports avec les administrés.55

A travers ces conceptions, écrit J. CHEVALIER, « on voit


dès ce moment poindre les deux versions autour desquelles gravitera

55
T. MUHINDO M., Op. Cit., P.192
37

toute l’histoire de la théories de l’Etat de droit, l’une substantielle, qui


s’attache au contenu du droit en vigueur, l’autre formelle, qui privilégie
l’aménagement de l’ordre juridique étatique.56

Mais très vite, l’aspect formel a pris le pas sur la


garantie des droits individuels.

Cependant quel que soit l’aspect prépondérant, il


apparait que, dans la doctrine allemande, l’Etat de droit se dresse
contre le pouvoir monarchique.

Depuis l’Allemagne, la notion aura un rayonnement


sur toute l’Europe et, par la colonisation, sur les autres continents.

En France, par exemple, l’évolution de la défense des


droits et libertés face au pouvoir monarchique trouve son point de
référence dans la révolution de 1789 qui a consacré d’une part l’égalité
des citoyens par la suppression des privilèges et, d’autre part, la
suprématie du parlement grâce à l’importance accordée à la loi,
expression de la volonté générale, et à l’adoption de la souveraineté
nationale.

Importé en France par R. Carré de Malberg, la théorie de


l’Etat de droit a donc rempli une double fonction :

 Une fonction cognitive, en permettant de mieux cerner les


caractéristiques du régime politique, et
 Une fonction critique, en fournissant les arguments théoriques à
l’appui de la dénonciation de l’omnipotence parlementaire.57

Si la notion d’Etat de droit a eu un tel rayonnement, c’est qu’elle


renferme un certain contenu.

56
J. CHEVALIER, Op. Cit., P.15
57
51 M.DELMAS-MARTY et C.L. de LEYSSAC, Libertés et droits
fondamentaux, cité par Malonga, Seuil, paris, 1996, pp.9-10.
38

II. LE CONTENU DE LA NOTION DE L’ETAT DE DROIT.

L’Etat de droit est celui dans lequel les mandataires,


en démocratie ; les élus sont tenus par le droit qui a été édicté. Il
correspond à un processus d’institutionnalisation du pouvoir et de
limitation des prérogatives des gouvernants. Ce faisant, il se distingue
de l’Etat de police et de l’Etat légal notions voisines qu’il englobe en
même temps qu’il les dépasse.

L’Etat de police n’est pas, comme on serait tenté de le


croire, une situation de non-droit. Cette indentification résulte sans
doute d’une assimilation trop facile entre institution administrative, en
l’occurrence la police, avec pouvoir discrétionnaire et, par glissement
sémantique, avec excès de pouvoir.

« Comme l’Etat de droit et à la différence du


gouvernement despotique ou arbitraire, écrit J. Chevalier, l’Etat de
police accorde une large place au droit, mais celui-ci est dépourvu de
tout élément d’ambivalence, dénué de tout caractère de réciprocité :
placé sous la ligne de l’unilatéralité, il n’est que l’expression de la
suprématie étatique, l’enveloppe de la puissance ; servant à imposer
des obligations aux administrés, il n’est pas en retour source de
contrainte pour les gouvernants et l’administration ».58

L’Etat de police est celui dans lequel le droit


applicable émane de l’exécutif, du gouvernement au sens strict du
terme, tel qu’il s’exprime à travers les règlements et les mesures
individuelles.

Mais l’Etat de police se distingue de l’Etat de droit :


alors que dans l’Etat de police, fondé sur le bon plaisir du prince, il n’y
a ni véritable limite juridique à l’action du pouvoir, ni réelle protection

58
J. CHEVALIER, Op. Cit., P.16
39

des individus contre lui, dans l’Etat de droit les gouvernants se


trouvent, soumis à des règles qui s’imposent à eux de façon
contraignante.

L’Etat légal, en revanche, est marqué par le légicentrisme


hérité de Rousseau et de l’idée que la loi, expression de la volonté
générale, est par structure libérative.59

L’Etat légal correspond à l’idée selon laquelle le corps


législatif élu est l’autorité supérieure qui possède seule le pouvoir de
décision initiale dans tous les domaines de la vie sociale et politique.

Dans l’Etat de droit, le droit n’est plus seulement un


instrument d’action pour l’Etat, mais aussi un vecteur de limitation de
sa puissance. L’évolution du contenu de l’Etat de droit nous permet de
le situer, à trois niveaux différents :

D’abord, au niveau de la conception de l’ordre juridique


étatique.

Dans ce cadre, l’Etat de droit renvoie alors à la hiérarchie


des normes, à la soumission à la loi et à la possibilité offerte aux
citoyens de formuler des recours devant un juge indépendant ;

Ensuite, au niveau de la soumission de l’Etat au droit.

En ce sens, l’Etat de droit renferme le principe de


limitation subjective (autolimitation) ou objective de l’Etat ; et

Enfin, au niveau du contenu du droit en vigueur.

Dès lors que l’Etat de droit inclut des valeurs et des


principes visant à assurer aux citoyens des garanties effectives contre
l’Etat.60

59
T. MUHINDO M., Op. Cit., P.196
60
Idem, P.196
40

En définitive, l’Etat de droit se situe sur un double plan


d’analyse. D’un côté l’analyse juridique fait de la prééminence du droit
la condition de l’accès à la juridicité, par la soumission à des normes
sanctionnées par la censure du juge.

De l’autre côté, l’analyse philosophique, d’inspiration


libérale, qui, pour défendre les individus et les minorités, fait l’emprise
du droit le moyen de conjurer l’oppression des gouvernants.

Une fois consacrés par l’Etat de droit, les libertés et les


droits fondamentaux vont acquérir une valeur supra-législative, voire
supranationale, et vont servir de base pour une critique de la
souveraineté des Etats. L’Etat de droit aura alors pour objectif
d’encadrer et de limiter juridiquement le pouvoir.

B. LES OBJECTIFS DE L’ETAT DE DROIT.

On oppose traditionnellement la notion d’Etat de


droit et la notion raison d’Etat, même s’il est évident que tout Etat,
qu’il soit ou non Etat de droit peut être amené à faire prévaloir ses
intérêts nationaux sur toutes considérations.

L’autorité doit être aménagée de telle sorte que, fondée


sur l’adhésion de ceux qui lui sont soumis, elle demeure compatible
avec leurs libertés et leurs droits.61 Cette compatibilité passe par la
soumission de tous les pouvoirs publics au droit (A) et par le contrôle
juridictionnel exercé sur les gouvernants (B).

I. LES EFFETS DU CONTROLE PARLEMENTAIE SUR L’ETAT DE


DROIT : LA SOUMISSION DES POUVOIRS AU DROIT.

61
T. MUHINDO MALONGA, Op. Cit., P.198
41

La soumission des pouvoirs au droit suppose le respect par eux de


l’ordre juridique établi. Dès l’instant où la proclamation des droits et
libertés fait partie intégrante de l’ordre juridique, le respect du droit
implique la protection des droits et libertés des citoyens. C’est ainsi
qu’il y a :

1. Le respect de l’ordre juridique.

L’existence d’une hiérarchie des normes constitue l’une


des plus importantes garanties de l’Etat de droit. La théorie de l’Etat
de droit implique une conception de la démocratie dans laquelle les
représentants élus sont tenus au respect des règles juridiques
supérieures.62

Dans ce cadre, les compétences des différents


organes de l’Etat doivent être précisément définies et les normes qu’ils
édictent ne sont valables qu’à condition de respecter l’ensemble de
normes de droit supérieures.

Le progrès de la démocratie et de l’Etat de droit a


d’abord conduit à renforcer les prérogatives de parlement, porteur de
la volonté générale.

Aussi, la loi, expression de la volonté générale, est le


garant de l’ordre, le bouclier des citoyens contre toutes les formes de
tyrannies et le portique de la démocratie.

2. L’égalité des sujets devant le droit.

L’égalité des sujets devant le droit constitue une des


conditions de l’Etat de droit. Celui-ci implique en effet, que tout
individu, que toute organisation, puissent contester l’application d’une
norme juridique dès lors que celle-ci n’est pas conforme à une norme
supérieure. Les individus et les organisations reçoivent par conséquent
la qualité des personnes juridiques. On parle alors des personnes
62
Ibidem
42

physiques dans un premier cas et des personnes morales dans le


second.

3. La protection des droits et des libertés individuelles.

« Si la démocratie bénéficie d’un prestige dans le monde


actuel et si elle est une aspiration des peuples, c’est qu’elle se ramène
en définitive, à la protection des droits et libertés ».63

Par une sorte de positivisation ou juridicisation du droit


naturel des droits fondamentaux dont la constitution est le vecteur, les
droits fondamentaux sont devenus plus qu’un ensemble de règles
fixées par la constitution et, irriguant l’ensemble du système juridique,
du droit privé au droit public, ils incarnent l’un des fondements sur
lesquels doit se construire et s’appuyer le pouvoir.

Le premier aspect de la limitation du pouvoir réside dans


la référence aux droits et aux libertés individuelles. L’Etat de droit,
dans une société démocratique, implique une certaine conception des
rapports entre l’Etat et l’individu et une garantie des droits et libertés
de ce dernier. « L’Etat de droit repose enfin de compte sur l’affirmation
de la primauté de l’individu dans l’organisation sociale et politique, ce
qui entraine à la fois l’instrumentalisation de l’Etat dont le but est de
servir les libertés, et la subjectivisation du droit qui dote chacun d’un
statut, lui attribue un pouvoir d’exigibilité et lui confère une capacité
d’action ».64

Sans perdre de vue l’intérêt général de la collectivité,


l’Etat de droit accorde une place particulière à la défense de l’individu.
Elle s’efforce de concilier l’intérêt général, égalité et liberté.

4. L’indépendance de la justice.

63
Idem, p. 203
64
J. CHEVALIER, Op. Cit., P.55
43

L’indépendance du juge, c'est-à-dire son insubordination


vis-à-vis des pouvoirs et des groupes de pression, est une donnée
indispensable à la constitution de l’Etat de droit. Pour avoir une portée
pratique, le principe de l’Etat de droit suppose l’existence des
juridictions indépendantes, compétentes pour trancher les conflits
entre les différentes personnes juridiques en appliquant à la fois le
principe de l’égalité qui découle de l’existence de la hiérarchie des
normes et le principe d’égalité qui s’oppose à traitement différencié des
personnes juridiques.65

Un tel modèle implique l’existence d’une séparation


des pouvoirs et d’une justice indépendante.

En effet, la justice faisant partie de l’Etat, seule son


indépendance à l’égard des pouvoirs législatifs et exécutifs est à même
de garantir son indépendance dans l’application des normes de droit.

Ensuite, on ne sait pas parler aujourd’hui en République


Démocratique du Congo d’une indépendance politique de la justice.
Elle demeure que théorique malgré les efforts des organisations non
gouvernementales tant locales qu’internationales à travers des
sensibilisations et recommandations.

Eu égard à ce qui précède, il est déplorable de constater


que nous sommes encore loin d’un Etat de droit fort et solide car la
question d’égalité des citoyens dans l’impunité ne trouve pas d’assise.

Enfin, en ce qui est de la hiérarchisation des normes,


certes qu’elle est effective et elle trouve au sommet la constitution qui
malheureusement risque de perdre ses caractères suite à des révisions
constantes et permanentes.

1. LE CONTROLE JURIDICTIONNEL SUR LES GOUVERNANTS.

J.P. ROBIN NAMEGABE, Notes de cours d’administration et


65

développement, U.C.B., G3, droit, 2010-2011, Inédit.


44

Le contrôle juridictionnel des gouvernants suppose


une justice indépendante. Pour se distinguer du totalitarisme, l’Etat de
droit doit présenter certaines caractéristiques dont, en plus de la
séparation des pouvoirs et la non rétroactivité des lois, l’existence d’un
pouvoir judiciaire indépendant et la possibilité d’un contrôle de
l’égalité et d’un contrôle de constitutionnalité effectif.

En effet, pour que la fonction juridictionnelle soit


effectivement une fonction de justice pour tous, il est nécessaire que,
dans un Etat de droit, elle soit indépendante des autres fonctions
étatiques. L’indépendance de l’autorité juridictionnelle et le contrôle
que cette autorité exerce sur les gouvernants constituent une garantie
contre l’arbitraire du pouvoir et en réalité une limitation.

Le contrôle juridictionnel fonde la possibilité de


sanctionner les actes des autorités et d’engager leur responsabilité
civile ou pénale, leur responsabilité politique étant engagée devant le
peuple ou devant le parlement.

La responsabilité pénale est recherchée devant le juge


pénal ou devant le juge constitutionnel. A travers ces différents
contrôles, l’Etat de droit assure la lutte contre l’impunité et la
transparence dans la gestion des affaires publiques.

§2. DE LA COUR DES COMPTES COMME INSTRUMENT DE LA


BONNE GOUVERNANCE ET DE L’ETAT DE DROIT.

De prime abord, l’article 225 du règlement intérieur de


l’assemblée nationale dispose : la cour des comptes contrôle, dans les
conditions fixées par la loi, la gestion des finances de l’Etat, des biens
publics ainsi que les comptes des provinces, des entités territoriales
décentralisées et des organismes publics.
45

Les valeurs prédominantes de la bonne gouvernance


telle que l’Etat de droit, la bonne gestion des ressources et la
responsabilité précédemment développées, le recours aux services de
la cour des comptes s’avère pertinent dans le cadre du contrôle
parlementaire surtout en ce qui concerne la bonne gestion des
ressources publiques.

Pour rappel, la cour des comptes de par sa nature


juridique est à la fois un service public administratif et une juridiction
administrative spécialisée. Elle soumet chaque année, à l’Assemblée
nationale, avec ses observations, le compte général de la république,
qui est toujours arrêté par une loi.66 Dans ce cadre, la cour des
comptes est l’expert financier de l’Assemblée nationale chargée par la
constitution, de contrôler la gestion de l’Etat par le gouvernement et
ses services. L’Assemblée nationale peut confier à la cour des comptes
une mission de contrôle chaque fois qu’elle le juge utile. Dans ce
cadre, la cour des comptes fait un rapport à l’Assemblée nationale
dans le délai imparti. Le rapport est publié au journal officiel. (Article
127 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale).

C’est ainsi qu’il s’avère pertinent de parler sur le contrôle


de gestion (I) afin de mieux comprendre le contrôle budgétaire (II).

I. LE CONTROLE DE GESTION.

La cour des comptes contrôle la gestion des services de


l’Etat et de tous les organismes et entreprises publics afin d’en
apprécier la qualité et de formuler des suggestions sur les moyens
susceptibles d’en améliorer les méthodes et d’en croire l’efficacité et le
rendement.67 A ce niveau la cour apprécie la réalisation des objectifs
assignés, les moyens utilisés, les coûts des biens et services publics,

66
Art. 178 de la constitution de la RDC du 18 Février 2006, in JORDC,
n° spécial, Kinshasa, mars, 2006.
67
V. Te Pemako, Op. Cit., P.812
46

les prix pratiqués et les résultats financiers. Il porte également sur la


régularité et la sincérité des comptabilités ainsi que la matérialité de
leurs opérations.

C’est ici que la cour des comptes a le pouvoir d’entendre


tout dirigeant ou agent des services et établissements soumis à son
contrôle ainsi que tous les membres des corps de contrôle comme
l’inspection générale des finances, l’inspection générale de
l’enseignement primaire et secondaire et les services d’audit au sein
des organismes publics.68

II. LE CONTROLE BUDGETAIRE.

La commission économique et financière recueille


trimestriellement les documents et les renseignements relatifs à
l’exécution budgétaire en vue de permettre un contrôle efficace de
l’exécution du budget de l’Etat.69

Dans ce cas déterminé, la cour des comptes examine les


pièces justificatives des recettes et dépenses effectuées au titre du
budget général et des budgets annexes de l’Etat et des entités
administratives décentralisées.

La cour procède ainsi en vue de rendre un arrêt du


compte général de la république. La question budgétaire est d’une
grande sensibilité dans la gestion des affaires de l’Etat et des
provinces. En effet, la gestion des ressources publiques suscite
beaucoup d’intérêt en même temps, qu’elle peut amener à beaucoup
de faits répréhensibles. Par conséquent, le contrôle de la gestion du
budget de l’Etat ou même des provinces mérite une attention
particulière. Le rapport sur le compte général de l’Etat établi par les
magistrats de la cour est examiné par la suite par la cour des comptes,

68
Art. 47 de la loi n° 87-031 du 22 juillet 1987 portant procédure
devant la cour des comptes, in JORDC, n° spécial, Août 1987
69
Article 193 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale de la RDC
47

siégeant toutes sections réunies. La cour des comptes se prononce


alors sur la conformité ou non entre les comptes individuels des
comptables et le compte général de l’Etat, des entités régionalisées, ou
des entités administratives décentralisées selon le cas. Les décisions
de la cour des comptes et ses annexes, accompagnés des observations
sur l’exécution de la loi des finances sont transmis à l’Assemblée
nationale, en même temps que le projet de loi portant arrêt du compte
général de la république.

Des rapports particuliers peuvent également être établis


par la cour des comptes pour faire observer certaines situations
spécifiques sur les fautes de gestion dans le cadre de l’exécution
budgétaire.

Disons ainsi qu’il s’agisse du contrôle budgétaire ou du


contrôle de gestion, lorsque la cour des comptes révèle des faits
susceptibles de constituer des infractions, le procureur général près la
cour des comptes informe le général de la république qui saisira les
cours et tribunaux.70

Eu égard à ce qui précède, il nous est aisé de dire que la


cour des comptes est un organe important dans le cadre du contrôle ;
c’est un appui que le parlement, aurait dû exploiter au maximum
pendant cette troisième république afin d’espérer voir la bonne gestion
des ressources dans le chef du gouvernement et des gouvernants.
Malheureusement, il s’avère contradictoire d’espérer que la cour des
comptes serve d’un instrument de bonne gouvernance dans un Etat où
la sanction n’est pas toujours certaine.

Arts.16 al.2 et 53 de la loi n° 87-031 du 22 juillet 1987 portant


70

procédure devant la cour des comptes, in JORDC, n° spécial,


septembre, 1987
48

CONCLUSION GENERALE

De prime abord, en République Démocratique du


Congo, au programme nationale de l’enseignement supérieur et
universitaire, il est prévu qu’après le premier cycle, l’étudiant puisse
rédiger un travail de fin de cycle.

C’est la raison pour laquelle nous avons, en ce qui nous


concerne, choisi dans le même cadre, de mener les recherches sur les
mécanismes du contrôle parlementaire sur l’action gouvernementale
49

en République Démocratique du Congo tel que prévu par la


constitution du 18 Février 2006.

En ceci, notre problématique a porté essentiellement


sur l’effectivité des mécanismes du contrôle parlementaire et son
efficacité et sur les causes en cas d’ineffectivité et d‘inefficacité.

En effet, le contrôle parlementaire est un moyen par


excellence pour les élus du peuple de suivre la bonne exécution des
décisions prises.

En fait, l’Assemblée nationale qui accepte le


programme d’action du gouvernement à travers la procédure de
l’investiture, n’accorde pas un blanc-seing à l’exécutif. La
représentation nationale use des dispositions contenues dans la
constitution pour ce faire. Une panoplie d’instrument juridique,
prévues autant dans la constitution que le règlement intérieur de la
chambre basse du parlement permettent aux élus de s’en servir. Les
plus usités sont les questions orales ou écrites, avec ou sans débat,
l’interpellation, les motions de censure ou de défiance, etc.

Pour y arriver, nous avons proposé comme


hypothèses dans un premier temps s’agissant de l’effectivité et de
l’efficacité du contrôle parlementaire, que les textes, en l’occurrence la
constitution garantit des outils et des mécanismes nécessaires à cet
exercice qui permettrait l’avènement de la bonne gouvernance mais
lesquels rencontrent des blocages tels que, la protection de la majorité
servant de bouclier aux siens, le manque des moyens financiers
nécessaires mais aussi un manque de volonté politique dans le chef
des parlementaires. S’agissant de ces mécanismes et moyens, ils sont
prévus par la constitution à son article 138 dont la question orale ou
écrite avec ou sans débat, la question d’actualité, l’interpellation, la
commission d’enquête et l’audition par les commissions lesquels
50

trouvent leurs sanctions dans l’esprit de l’article 146 en l’occurrence la


motion de censure en la personne du gouvernement et de défiance
pour un membre du gouvernement. Cependant, dans la réalité vécue,
on se rend compte que l’Assemblée nationale ne fait pas usage de ses
prérogatives constitutionnelles soit par complaisance politique ou par
manque de volonté politique, mais surtout suite au fait majoritaire. Le
fait majoritaire ne permet pas de distinguer l’Assemblée nationale du
gouvernement parce que tous émanent d’une même famille politique,
la majorité et par conséquent la sanction ne peut rencontrer sa
finalité. Pour ce qui concerne la mise en pratique des mécanismes du
contrôle sur l’action gouvernementale par le parlement, ceux-ci
paraissent théorique concernant l’efficacité de son action car il se voit
dépourvu de ses moyens d’action pour mieux engager la responsabilité
du gouvernement ou pour mettre fin aux fonctions des membres de
l’exécutif.

Bref, pour ce qui concerne la mise en pratique des


mécanismes du contrôle sur l’action gouvernementale par le
parlement, ceux-ci paraissent théoriques concernant l’efficacité de son
action car il se voit dépourvu de ses moyens d’action pour mieux
engager la responsabilité du gouvernement ou pour mettre fin aux
fonctions des membres de l’exécutif.

Dans le second lieu concernant les causes en cas


d’inefficacité et d’ineffectivité, nous avions précisé que le parlement a
néanmoins largement failli à remplir avec efficacité son rôle de
contrepoids à l’occasion des procédures de contrôle de l’exécutif.
L’indépendance institutionnelle reconnue au parlement lui a permis de
mettre effectivement en branle son pouvoir de contrôle sur le pouvoir
exécutif tel que prévu par la constitution du 18 février 2006. Pour
appréciables qu’ils soient, les efforts du parlement ont néanmoins eu
des effets très limités. La très forte soumission de la majorité
51

parlementaire à l’autorité politique du président de la république et à


l’influence du gouvernement l’empêche d’appuyer les initiatives
tendant à sanctionner l’action de l’exécutif suite au contrôle
parlementaire. En partie, à cause de l’absence de toute sanction
possible, les recommandations issues du contrôle parlementaire sont
largement ignorées par le gouvernement. Le gouvernement ne prend
pas souvent la peine d’exécuter les recommandations faites par le
parlement et les rapports d’enquête parlementaire sont pour la plupart
très peu exploités si pas du tout, et finissent en leur majorité par être
rangés dans les tiroirs.

Et pour rendre les choses pires, l’intégrité du contrôle


parlementaire a été sérieusement affectée par les allégations de
corruption soulevées contre les membres du parlement et la faillite du
parlement à les sanctionner. Nous avons montré qu’en réalité, la
faiblesse du contrôle parlementaire peut s’expliquer par ces trois
éléments suivants : d’abord, la mauvaise compréhension de
l’Assemblée nationale par les députés, ensuite, il se remarque
qu’aujourd’hui le Président de l’Assemblée nationale est lui-même le
chef de la majorité présidentielle et enfin, actuellement certains
députés ont fait de leur mission un instrument de chantage ou ont
monnaie leur mission. S’agissant des solutions à apporter à ces causes
d’inefficacité et d’ineffectivité du contrôle parlementaire, étant donné
que le contrôle parlementaire demeure le plus important pour le
peuple et pour la gestion rationnelle et efficience de la chose
publique parmi les fonctions parlementaires ; le bureau du parlement
devrait systématiquement transmettre au procureur général de la
république les rapports d’enquête parlementaire qui contiennent des
allégations de corruption et autres crimes à charge des membres de
l’exécutif ou des mandataires publics pour des enquêtes judiciaires
appropriées et des poursuites éventuelles.
52

A ce stade, nous avons affronté le prescrit des lois,


constitution, règlement au bilan sommaire de ce dernier (mécanisme)
pendant cette troisième république notamment la première législature,
nous nous sommes rendu compte que les mécanismes sont bien
prévus par la constitution et par le règlement intérieur de chaque
chambre mais ils ne sont pas effectifs, c. à. d qu’ils ne sont pas
exploités dans leur maximum possible eu égard au besoin qui se
manifeste.

Ensuite, la bonne gouvernance, dans sa portée et par


ses indicateurs qui sont l’Etat de droit, la bonne gestion des
ressources, la responsabilité ne peut pas voir son jour apparaitre
pendant que le contrôle n’est pas efficace et non effectif et pendant que
le contrôle même bien effectué n’aboutit pas à des sanctions.

Néanmoins, l’intervention de la cour des comptes


serait un grand atout pour la bonne gestion des ressources publiques
mais la pratique fait preuve des résultats contraires. La responsabilité
bien qu’elle soit reconnue, nous constatons que les règles de droit ne
demeurent que des simples souhaits car les sanctions du contrôle
entre autre la motion de censure, celle de défiance et la question de
confiance même ne sont pas utilisées par les parlementaires soit par
complaisance ce qui ne facilite pas l’aboutissement de l’Etat de droit
en RDC.

C’est à travers ces dispositions que nous avons


analysé notre thématique et nous pouvons affirmer à travers elles, nos
hypothèses selon lesquelles les mécanismes de contrôle ne sont pas
exploités au maximum et que les sanctions ne demeurent que
théoriques.

Après avoir remarqué que le travail abattu par le


parlement pendant la première législature de cette troisième
53

république n’a pas été à la hauteur des attentes relatives à la bonne


gouvernance, nous pouvons proposer les mesures suivantes afin de
renforcer les mécanismes de contrôle parlementaire et espérer à
l’avènement de la bonne gouvernance :

1° Transmettre au procureur général de la république les


rapports d’enquête parlementaire qui contiennent des allégations de
corruption et autres crimes à charge des membres de l’exécutif pour
les enquêtes judiciaires appropriées et des poursuites éventuelles. Il
est important à cet effet de modifier les lois sur les immunités afin de
simplifier la procédure de mise en accusation des ministres devant les
instances judiciaires ;

2° Procéder à l’audition dans un temps raisonnable de


tous les rapports des commissions d’enquête parlementaire et prévoir
des concertations régulières avec le gouvernement à l’occasion des
débats sur les rapports d’enquête ;

3° Doter le Bureau d’études du parlement d’une capacité


en personnel et en ressources nécessaires pour soutenir les
investigations du parlement ;

4° Allouer au contrôle de l’exécutif un budget conséquent


permettant de multiplier effectivement sur le terrain, les missions
d’enquête parlementaire et d’information.

En plus de ces recommandations, signalons que la


République Démocratique du Congo a seulement cinq ans d’expérience
de démocratie par les institutions et en vertu des mécanismes de
participation politique mis en place par la constitution de 2006.

Bien qu’il soit relativement court, ce temps est


largement suffisant pour évaluer la viabilité des institutions
démocratiques de la troisième république et pour tester l’effectivité des
mécanismes de participation au sein de ces institutions.
54

Enfin, les mécanismes garantis dans la constitution


du 18 février 2006 manifestent dans leur application d’une part des
insuffisances et d’une autre part le manque de volonté politique dans
le chef des acteurs. Cette première et deuxième législature étant des
exemples, le fait que les sanctions prévues par le constituant ne font
pas preuves d’application ni d’aboutissement afin de répondre aux
objectifs assignés au contrôle pour l’avènement de la bonne
gouvernance doit interpeller tout citoyen congolais. Ceci ferait croire
que tout ce passe bien et que le gouvernement est irresponsable, ce
qui n’est pas le cas conformément au vécu quotidien du congolais.

Nous ne pouvons pas affirmer avoir épuisé la


thématique car elle est complexe pour être toute contenue dans cette
sommaire étude mais nous disons que la recherche sur un sujet ne
peut jamais arriver à terme. Les corrections et suggestions de tout
lecteur sont le bienvenu.

BIBLIOGRAPHIE

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 Constitution de la France, disponible sur http://www.glin.com
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cour des comptes, in JORDC, n° spécial, septembre, 1987.
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 CHEVALIER J., l’Etat de droit, Paris, Montchretien, 1999, p.
 MUAMBA P. T., Pour un vrai Etat de droit au lendemain des
élections en RDC, Engagement social n° 21, Ed. L’EPIPHANIE,
Kinshasa, janvier, 2008,
 Avril P. et Gicquel J., Droit parlementaire, 2 e éd., Paris,
Montchretien, 1996,
 DELPEREE F. et DEPRE S., Le droit constitutionnel de la
Belgique, Bruyant, Bruxelles-Paris, LGDJ, 2000,

III. REVUES ET NOTES DE COURS :

 Module de formation sur les mécanismes de contrôle


parlementaire, bonne gouvernance, disponible à
l’USAID/BKV/SK.
 MUHINDO MALONGA T., Note de cours de droit constitutionnel
congolais, UOB, G2, droit, 2011-2012, inédit.
 ROBIN NAMEGABE J.P., Notes de cours d’administration et
développement, U.C.B., G3, droit, 2010-2011, Inédit.
 MUHINDO MALONGA T., Notes de cours droit constitutionnel,
théorie générale et institutions politiques, U.O.B, G1, Droit,
2010-2011, Inédit.

1. SITEINTERNET :

 https://www.Treaties.un.org
 https://www.Glin.com
 https://www.wikipedia.com
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