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Département : Droit et Economie

Filière : Sciences Economiques et Gestion

Semestre : 3

Module : Introduction à l’étude de droit

Année universitaire : 2020 – 2021

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Chapitre 2 : Les sources de la règle de droit
On distingue entre deux types de sources de la règle de droit
Section1 : Sources directes de la règle de droit
Les sources directes émanent des pouvoirs publics habilités à produire des règle de droit ;
il s’agit de :

- La constitution ;

- Les conventions et les traités internationaux

- La loi ;

- Le règlement.

- La coutume

Parragrapge1 : La Constitution

La constitution est le texte fondamental qui fixe l'ossature organisationnelle et


fonctionnelle de l'Etat. Elle détermine la forme de l'Etat (Monarchie constitutionnelle), la forme
du régime politique (le régime parlementaire, les rapports entre le Roi, le parlement et le
gouvernement…) et les droits fondamentaux (droit au travail, liberté d'opinion, droits
politiques…).

on peut sommairement dire que la Constitution est la loi suprême de l’Etat et comporte, à
ce titre, trois catégories de règles juridiques :

 Des règles juridiques garantissant la séparation des pouvoirs, c’est le caractère


institutionnel de la Constitution ;

 Des règles juridiques garantissant, au profit des gouvernés, des libertés et des droits
fondamentaux. Cette catégorie de règles juridiques reflète le caractère substantiel de la
Constitution ;

 Des règles juridiques protégeant la portée contraignante de la Constitution moyennant la


mise en place d’un mécanisme juridictionnel, en l’occurrence la justice constitutionnelle,
auquel échoit la mission de contrôler la conformité des actes de valeur législative édictés
par l’Etat aux dispositions constitutionnelles.

Depuis son accession à l'indépendance, le Maroc a connu cinq constitutions : 1962,


1970, 1972, 1992, 1996 et 2011 actuellement en vigueur.

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Plus détaillée par rapport aux précédentes, la constitution de 2011 contient 180 articles,
répartis sur 13 titres dont les contenus renvoient aux trois (03) catégories de règles juridiques
constitutionnelles précédemment mentionnées.

Une des nouveautés consacrées par la Constitution de 2011 se manifeste dans l’octroi
d’une vocation managériale au contenu constitutionnel, en adoptant des règles destinées à
améliorer et à optimiser la gestion des affaires publiques : reddition des comptes, moralisation
de la vie politique, institutions indépendantes de bonne gouvernance, performances,
déontologie professionnelle etc.

L'initiative de la révision de la Constitution appartient au Roi, au Chef du


Gouvernement, à la Chambre des Représentants et à la Chambre des Conseillers. Le Roi peut
soumettre directement au référendum le projet de révision dont Il prend l'initiative.

Pourtant, aucune révision ne peut porter sur les dispositions relatives à la religion
musulmane, sur la forme monarchique de l'État, sur le choix démocratique de la nation ou sur
les acquis en matière de libertés et de droits fondamentaux inscrits dans la présente
Constitution.

Paragraphe 2 : Conventions et traités internationaux

Le préambule de la Constitution énonce que l’Etat marocain s’engage à Protéger et


promouvoir les dispositifs des droits de l’Homme et du droit international humanitaire et
contribuer à leur développement dans leur indivisibilité et leur universalité ; et à accorder aux
conventions internationales dûment ratifiées par lui, dans le cadre des dispositions de la
Constitution et des lois du Royaume, dans le respect de son identité nationale immuable, et dès
la publication de ces conventions, la primauté sur le droit interne du pays, et harmoniser en
conséquence les dispositions pertinentes de sa législation nationale.

Il ressort des dispositions ci-dessus, que les conventions et les traités internationaux,
insérés dans l’ordonnancement juridique national par une loi, sont, au même titre que les lois
nationales, opposables aux pouvoirs publics et aux individus.

En guise d’exemple, les conventions et les traités constitutifs du droit international des
droits de l’Homme dûment ratifiés par l’Etat marocain sont directement invocables par
quiconque s’en prévalant.

Il s’agit, à titre indicatif, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques dont
les dispositions ont été directement appliquées par des juridictions administratives marocaines à
l’occasion de l’examen de litiges leur ayant été déférés. D’autres conventions et traités relatifs

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aux droits de l’Homme peuvent être cités comme: la Convention d’élimination de toutes les
formes de discrimination à l’égard des femmes etc.

Parragraphe3 : La loi

A- Typologie

La loi est un texte voté par le Parlement. Elle peut prendre Trois formes :

1. Les lois organiques.

Ce sont des lois dont la fabrique obéit à une procédure spéciale impliquant l’auto-
saisine de la Cour constitutionnelle pour en contrôler la conformité à la Constitution avant de
les soumettre à la promulgation de Sa Majesté le Roi.

Par voie d’exemple, on cite la loi organique n° 130.13 relative à la loi de finances, la
loi organique n° 065-13 relative à l’organisation, à la conduite des travaux du gouvernement
et au statut de ses membres etc.

2. Les lois ordinaires.

Le qualificatif « ordinaire » a été adopté par la doctrine, par référence au droit français.
La Constitution de 2011 ne contient aucune disposition prescrivant l’emploi dudit qualificatif.

Suivant un raisonnement par élimination, ayant pour point de départ la définition de la


loi organique étayée ci-dessus, on peut dire que la loi ordinaire est toute loi autre
qu’organique, ou toute loi dont la fabrique n’implique pas l’auto-saisine de la Cour
constitutionnelle pour en examiner la constitutionnalité.

3. Les lois-cadres.

Elles sont prises dans le cadre de l’article 71 de la Constitution disposant : « (…) le


Parlement est habilité à voter des lois-cadres concernant les objectifs fondamentaux de
l’activité économique, sociale, environnementale et culturelle de l’Etat ».
B- Institutions de fabrique de la loi

La Constitution confie le pouvoir de fabrique de la loi au Parlement. Celui-ci est


bicaméral en ce sens qu’il se compose de deux Chambres : la Chambre des représentants et la
Chambre des conseillers.
Les membres de la Chambre des représentants sont élus pour cinq (05) ans, au suffrage
universel direct. Leur nombre est fixé par une loi organique et est de 395 actuellement (selon
l’article 62 de la Constitution).

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Quant à la Chambre des conseillers, elle peut comprend au minimum 90 membres et
au maximum 120, élus au suffrage universel indirect pour six (06) ans, par des collèges
électoraux catégoriels Leur nombre est fixé par une loi organique et est de 120 actuellement
(article 63 de la Constitution).

C- Domaine de la loi

Le domaine de compétence du parlement en matière législative, c'est à dire la loi, est


déterminé par la constitution le de manière restrictive par énumération des matières qui
doivent faire l'objet d'une loi. Il s'agit principalement des matières suivantes :

- les libertés et droits fondamentaux prévus dans le préambule et dans d’autres articles de
la présente Constitution,
- le statut de la famille et l’état civil,
- les principes et règles du système de santé,
- le régime des médias audio-visuels et de la presse sous toutes ses formes,
- l’amnistie,
- la nationalité et la condition des étrangers,
- la détermination des infractions et des peines qui leur sont applicables,
- l’organisation judiciaire et la création de nouvelles catégories de juridictions,
- la procédure civile et la procédure pénale,
- le régime pénitentiaire,
- le statut général de la fonction publique,
- les garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires,
- le statut des services et forces de maintien de l’ordre,
- le régime des collectivités territoriales dont les principes de délimitation de leur ressort
territorial,
- le régime électoral des collectivités territoriales, dont les principes du découpage des
circonscriptions électorales,
- le régime fiscal et l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impôts,
- le régime juridique de l’émission de la monnaie et le statut de la banque centrale,
- le régime des douanes,
- le régime des obligations civiles et commerciales, le droit des sociétés et des
coopératives,
- les droits réels et les régimes des propriétés immobilières publique, privée et collective,
- le régime des transports,
- les relations de travail, la sécurité sociale, les accidents de travail et les maladies
professionnelles,
- le régime des banques, des sociétés d’assurances et des mutuelles,

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- la nationalisation d’entreprises et le régime des privatisations.
En principe, ces matières doivent faire l'objet d'une loi votée par le parlement.
Toutefois, ce principe n'est pas absolu. En effet, elles peuvent faire l'objet d'un décret-loi pris
par le gouvernement, Dans trois situations particulières :

- Décret-loi pendant les vacances du parlement : Dans l'intervalle des sessions du parlement,
le gouvernement peut prendre, avec l'accord des commissions permanentes des deux chambres,
des décrets -lois.

- Décret- loi sur habilitation : Le parlement peut, par une loi d'habilitation, autoriser le
gouvernement, pendant un délai limité et en vue d'un objectif déterminé, à prendre par décret
des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. Ces décrets sont soumis à la
ratification du Parlement lors de la session ordinaire suivante.

- Les décrets d’ouverture des crédits nécessaires à la marche des services publics et à l’exercice

de leur mission : Ces décrets sont édictés en cas de retard de vote du projet de loi de finances de
l’année, conformément à l’article 75 de la Constitution.

D- Circuit de fabrique de la loi :

L’adoption d’une loi est soumise à une procédure scrupuleuse, décrite par la Constitution.
La genèse de la loi peut être initiée par le Gouvernement au moyen d’un projet de loi, ou par un
ou plusieurs membres du Parlement par le biais d’une proposition de loi.

Tout projet ou proposition de loi est examiné successivement par les deux Chambres du
Parlement pour parvenir à l’adoption d’un texte identique. La Chambre des représentants
délibère la première et successivement sur les projets de loi et sur les propositions de loi initiées
par ses membres ; la Chambre des conseillers délibère en premier et successivement sur les
projets de loi ainsi que sur les propositions de loi initiées par ses membres. Une Chambre saisie
d’un texte voté par l’autre Chambre, délibère sur le texte tel qu’il lui a été transmis.

La Chambre des représentants adopte en dernier ressort le texte examiné. Le vote ne peut
avoir lieu qu’à la majorité absolue des membres présents, lorsqu’il s’agit d’un texte concernant
les collectivités territoriales et les domaines afférents au développement régional et aux affaires
sociales (article 84 de la Constitution).

La loi votée est transmise au Gouvernement qui la transmet, à son tour, à Sa Majesté le Roi
en vue de la promulgation. Ainsi, l’article 50 de la Constitution dispose : « Le Roi promulgue la
loi dans les trente (30) jours qui suivent la transmission au Gouvernement de la loi
définitivement adoptée.
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La loi ainsi promulguée doit faire l’objet de publication au Bulletin officiel du
Royaume dans un délai n’excédant pas un mois courant à compter de la date du Dahir de sa
promulgation ».
Tout projet ou proposition de loi est examiné successivement par les deux Chambres
du Parlement pour parvenir à l’adoption d’un texte identique. La Chambre des représentants
délibère la première et successivement sur les projets de loi et sur les propositions de loi
initiées par ses membres ; la Chambre des conseillers délibère en premier et successivement
sur les projets de loi ainsi que sur les propositions de loi initiées par ses membres. Une
Chambre saisie d’un texte voté par l’autre Chambre, délibère sur le texte tel qu’il lui a été
transmis.

La Chambre des représentants adopte en dernier ressort le texte examiné. Le vote ne


peut avoir lieu qu’à la majorité absolue des membres présents, lorsqu’il s’agit d’un texte
concernant les collectivités territoriales et les domaines afférents au développement régional et
aux affaires sociales (article 84 de la Constitution).

La loi votée est transmise au Gouvernement qui la transmet, à son tour, à Sa Majesté le
Roi en vue de la promulgation. Dans ce sillage, l’article 50 de la Constitution dispose : « Le
Roi promulgue la loi dans les trente (30) jours qui suivent la transmission au Gouvernement
de la loi définitivement adoptée.

La loi ainsi promulguée doit faire l’objet de publication au Bulletin officiel du


Royaume dans un délai n’excédant pas un mois courant à compter de la date du Dahir de sa
promulgation ».

Paragraphe 4 : Le règlement

Le pouvoir réglementaire, consistant en la production de règlements, est exercé, via des


décrets, par le Chef du Gouvernement. Ce dernier peut le déléguer aux ministres qui, en en étant
ainsi investi, l’exerce par des arrêtés. En effet, Le pouvoir réglementaire prend deux formes :

A- Le pouvoir réglementaire autonome.

Il est délimité par l’article 72 de la Constitution disposant que les matières autres que celles
faisant partie du domaine de la loi, appartiennent au pouvoir réglementaire.

Lors de l’exercice du pouvoir réglementaire autonome, le Chef du Gouvernement se réfère


directement aux dispositions pertinentes de la Constitution.

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B- Le pouvoir réglementaire d’exécution de la loi ou subordonnée à
l’exécution de la loi.

Dans ce cas, les décrets du Chef du Gouvernement doivent comporter la référence à la loi
les prévoyant.

En guise d’exemple, le Parlement, créant par une loi un établissement public, prévoit
dans ce texte de loi, des dispositions autorisant le Chef du Gouvernement à fixer par voie de
règlement, certaines modalités de gestion dudit établissement.

Paragraphe 5 : La coutume

La coutume ou la règle coutumière, est une règle émanant de pratiques traditionnelles et


d’usages communs et habituels, se répétant dans le temps et consacrés comme étant une règle
de droit.

Pour revêtir l’acception juridique de coutume, une pratique ou un usage doit remplir
deux éléments :

 L’élément matériel se vérifiant dans la répétition d’un comportement dans le temps ;


 L’élément psychologique, c’est-à-dire la règle coutumière doit être considérée
comme obligatoire.

Section2 : Les sources indirectes de la règle de droit


On évoquera, dans ce cadre, deux sources :

Paragraphe 1 : La jurisprudence

La jurisprudence peut avoir deux définitions. Dans un sens formel, la jurisprudence


désigne l'ensemble des décisions de la justice rendues pendant un temps déterminé.

Le recueil de jurisprudence est le document qui regroupe l'ensemble des décisions


judiciaires. Elle peut être répertoriée selon plusieurs critères : selon son origine (jurisprudence
de la cour d'appel, jurisprudence de la cour suprême), selon la branche du droit concernée
(jurisprudence civile, commerciale, pénale, administrative)….

Dans une acception restrictive, la jurisprudence désigne la solution habituellement


donnée par les tribunaux à une question de droit. C'est l'interprétation admise par les tribunaux
concernant une disposition de la loi (ex : la définition de la bonne foi, l'intérêt général, le bon
père de famille).

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Dans la mesure où les lois et les règlements sont généraux et parfois utilisent des termes
dans le sens n’est pas précis, le rôle de la jurisprudence consiste non seulement à les interpréter
mais encore à combler leurs éventuelles lacunes.

Par cet effort d'interprétation, la jurisprudence contribue à faire évoluer le droit et à


susciter des réformes.

En fait, si la loi est générale et abstraite, c’est pour assurer la justice dans l’égalité de
tous les citoyens devant la loi. Mais les injustices réapparaîtraient si, dans l’interprétation de la
loi par le juge, celle-ci était tantôt appliquée de telle manière, tantôt d’une autre. La normalité
de l’application de la loi par les tribunaux est au moins aussi nécessaire que la généralité de sa
rédaction.

Paragraphe 2 : La doctrine

La doctrine désigne l’ensemble des "opinions" émises par les auteurs (professeurs,
magistrats, avocats et autres praticiens du droit) qui traitent des matières juridiques.
Formellement c'est l'ensemble de travaux juridiques écrits : ouvrages, notes, commentaires …

Ces positions doctrinales ne constituent pas une source formelle et directe du droit et le
juge n'est pas lié par une opinion partagée par plusieurs auteurs sur une question de droit.

En fait, si la majorité des auteurs s'accorde que les tribunaux font une interprétation
erronée d'une disposition de la loi, leur position ne s'impose nullement au juge.

Toutefois, la doctrine contribue à mettre en lumière les lacunes de la loi et des positions
jurisprudentielles et peut ainsi amorcer une modification de la loi ou inspirer une révision de
l'interprétation qui en est faite par les juges (revirement jurisprudentiel).

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