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LES SOURCES DU DROIT

Dr. Abdessadek BOUNAGUI


abdessadekbounagui@gmail.com
Il nous faut connaître les autorités et les procédés
techniques qui donnent naissance à ces règles
générales dont l’ensemble forme le droit objectif.
Il est certain que c’est la loi qui constitue la
principale source de ce droit objectif.
- La loi proprement dite c’est celle qui est
normalement votée par le Parlement ou qui est
prise, à titre exceptionnel par un organisme qui,
pour une raison ou une autre, s’est substitué au
Parlement.
- Ces lois sont également désignées par les termes:
textes législatifs.
-Les règlements ou textes réglementaires:
émanent du pouvoir exécutif.
Telles sont, à notre époque, les principales sources
du droit marocain: les lois et les règlements.
Mais, on peut se demander s’il existe d’autres
sources de notre droit positif.
LES SOURCES TRADITIONNELLES DU DROIT
Les sources traditionnelles du droit marocain sont
représentées par deux éléments :
Le droit musulman qui a joué et qui joue toujours
un rôle prépondérant dans notre vie juridique et
le droit coutumier.
Le droit musulman
Dans un pays comme le Maroc qui a toujours été
un carrefour de grandes civilisations, il ne fait
pas de doute que la société marocaine a évolué,
peut-être plus rapidement qu’ailleurs. De plus, la
vie moderne ne cesse d’engendrer des besoins
nouveaux. Compte tenu de cette évolution, on
serait tenté de croire que la loi islamique n’est
plus tout à fait adaptée aux conditions de vie
actuelles des Marocains.
Pour permettre une meilleure organisation de la
société et des rapports entre les citoyens, ne
conviendrait-il pas de donner la préférence à la
législation moderne ? Peut-on arrêter ce choix avec
toutes les conséquences qui pourraient en découler,
notamment au regard du statut personnel, familial
et successoral mariage, divorce judiciaire, égalité
des sexes en matière successorale... ? A l’exception
de quelques rares Etats comme la Turquie ou
l’Albanie qui ont laïcisé leur droit et remplacé la loi
coranique par des codes européens, la plupart des
pays musulmans continuent à proclamer - dans
leurs constitutions, leurs codes ou leurs lois - leur
attachement à l’islam et au droit musulman.
Au regard du problème des sources du droit, on s’attachera
uniquement aux principales dispositions qui régissent:
1-La famille : Il ne fait pas de doute que les structures
familiales n’ont pas été modifiées de façon substantielle
par le nouveau Code. Conformément à la tradition, la
seule famille reconnue et protégée par le droit positif se
réduit à la famille légitime, fondée sur les liens du sang.
Cela revient à exclure de la famille les enfants
naturels. La Moudaouana, suivant en cela la tradition
islamique et selon son article 83-alinéa 2, filiation
naturelle ne rattache pas l’enfant à son père et ne produit
au des effets qui découlent normalement de la filiation
légitime. C’est que l’enfant naturel ne peut rien réclamer
à son père naturel, ni se présenter à sa succession.
2-La dissolution du mariage : C’est une autre
manifestation de cet attachement aux structures
du passé. La société se désintéressant toujours
de la stabilité de la famille, l’homme peut mettre
fin au mariage, à tout moment, par un acte
unilatéral : la répudiation. C’est peut-être l’acte
juridique le plus facile qui puisse se concevoir:
seul à prendre la décision, le mari n’a pas à tenir
compte de l’avis de son épouse, comme il n’a pas
à invoquer les motifs qui l’incitent à se séparer
d’elle.
3-La dévolution successorale : C’est surtout
en matière successorale que la prédominance du
droit musulman classique sur notre droit positif
mérite d’être soulignée.
-Si la jeune fille accède aujourd’hui à la majorité
dans les mêmes conditions que son frère, sa part
héréditaire est toujours inférieure de moitié.
Cette règle, qui a été remise en cause par
certains pays musulmans comme la Turquie,
s’explique par le fait que la dot, l’entretien et les
charges de la famille incombent exclusivement
aux hommes.
II- Le droit coutumier
C’est la source la plus vivante, qui traduit le mieux
les besoins et les aspirations des citoyens. A la
différence des dispositions législatives ou
réglementaires, les règles coutumières ne sont
pas élaborées par un corps constitué de l’Etat,
comme le Parlement ou le Gouvernement. Elles
procèdent directement et spontanément des
pratiques populaires : c’est en quelque sorte le
peuple lui-même qui crée la coutume.
LES SOURCES DIRECTES DU DROIT
• Les sources modernes du droit marocain ont
connu, depuis l’avènement de l’indépendance,
une évolution remarquable.
• En examinant, les rapports de loi et du
règlement, nous verrons que.
• La force obligatoire de la loi,
• l’entrée en vigueur et l’abrogation de la loi,
• le domaine d’application de la loi dans le temps,
• la non-rétroactivité des lois nouvelles.
§ 1 : La loi et le règlement
Les sources directes et modernes du droit
marocain sont constituées par :
Les dispositions qui émanent du pouvoir
législatif : les lois stricto sensu ; et Les
dispositions qui sont prises par le pouvoir
exécutif : les règlements.
I- La distinction de la loi et du règlement
en période normale
Il est certain que la première Constitution du
Royaume (14 décembre 1962) a subi l’influence
de la constitution française de 1958. Les deux
constitutions, utilisant les mêmes techniques,
distinguent deux sources fondamentales du
droit: la loi et le règlement. Cette distinction a
été reprise par les cinq dernières constitutions
marocaines de 1970, l972, 1992 ,1996 et 2011.
A la lumière des dispositions constitutionnelles
actuellement en vigueur, mais tout en se référant
à titre comparatif aux anciennes, il importe de
s’interroger:
sur le domaine respectif de la loi et du règlement ;
et sur l’autorité de chacun de ces deux
instruments de l’élaboration de notre droit.
A. Les organes compétents

Conformément au grand principe de la séparation


des pouvoirs, les textes de caractère général et
impersonnel sont élaborés, en période de vie
constitutionnelle normale, par des organes
différents.
Aussi faut-il se demander : de qui émane la loi?
Et de qui émanent les règlements?
1. De qui émane la loi?

• Dans le cadre des cinq constitutions, le principe


général est le même: la loi est normalement
l’oeuvre du pouvoir Législatif.
• A cet égard, l’article de la Constitution qui dispose
expressément “la loi est votée par le Parlement”.
• Il faut dire que ce principe n’est pas absolu. II
subit un certain nombre d’exceptions, qui n’ont
cessé de prendre de l’importance, d’une
constitution à l’autre.
2)- De qui émanent les règlements?

Ils émanent exclusivement du pouvoir exécutif, des


autorités administratives. Il s’agit de dispositions
variées et d’importance inégale : au premier rang :
le Dahir du Souverain ; à un échelon
intermédiaire : les décrets du Premier Ministre.
Ces actes réglementaires sont parfois qualifiés par
l’expression : décrets gouvernementaux ; à un
échelon inférieur, on rencontre les arrêtés
ministériels. Il s’agit des textes réglementaires
pris par les membres du gouvernement.
a- Les Dahirs
Ils représentent l’un des vestiges du patrimoine légué au
Maroc par les khalifes et les Princes de l’Andalousie. Utilisés
depuis la dynastie des Mérinides, les Dahirs ont été
maintenus par les Saâdiens et les Alaouites qui les scellaient
par « le Grand sceau ». Aux termes de l’article actuelle
Constitution, « le Roi exerce par Dahir les pouvoirs qui lui
sont expressément réservés par la Constitution ». Il s’agit
plutôt de marquer la prééminence des décisions royales sur
celles de la Chambre des Représentants, la supériorité du
Dahir sur la loi. Le Roi est le « Représentant Suprême de la
Nation ». C’est dire surtout que l’institution monarchique
est hiérarchiquement supérieure au Parlement. Par voie de
conséquence, les décisions royales - les dahirs - ont
juridiquement plus de valeur que les lois votées par le
Parlement.
b - Les décrets gouvernementaux et les arrêtés ministériels

Le Premier Ministre exerce le pouvoir réglementaire


sous forme de décrets qu’on appelle aussi décrets
gouvernementaux. Corrélativement, les termes
« arrêtés ministériels » sont réservés principalement
aux décisions administratives prises par les ministres
et rarement par le premier ministre. L’article actuel
affirme expressément que « le Premier Ministre peut
déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres ».
Quoi qu’il en soit, les arrêtés ministériels se bornent
le plus souvent à assurer l’exécution des règles
générales posées par le Chef de l’Etat et le Premier
Ministre.
B- Le domaine législatif et le domaine réglementaire

1- Le domaine de la loi
• a- Les droits politiques, économiques et
sociaux des citoyens
• Il s’agit, en premier lieu, selon les termes de
l’article, de « tous les droits individuels ou collectifs
énumérés au titre premier » de la Constitution.
Pour mettre les droits individuels et les garanties
accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés
publiques à l’abri de l’arbitraire éventuel du
pouvoir exécutif, la Constitution réserve à la
compétence exclusive du Parlement.
b - Les matières pénales, civiles et commerciales

Une loi organique pourrait préciser et compléter les


dispositions constitutionnelles.
Une loi organique est celle qui ne peut être promulguée
qu’après avoir été approuvée par la Chambre
Constitutionnelle de la Cour Suprême - actuellement le
Conseil Constitutionnel- ce contrôle étant destiné à
vérifier la conformité de la loi organique avec la
Constitution. la Constitution fixent comme suit la
compétence législative: La détermination des
infractions et des peines qui leur sont applicables ; La
procédure pénale; La procédure civile; Le régime des
obligations civiles et commerciales.
c - Les matières d’ordre économique,
financier ou social.

Ce troisième groupe de matières législatives, qui


intéresse le développement économique et social
du pays et qui est relativement aussi dense que le
précédent, comprend à la fois des domaines
nouveaux et des matières classiques: La création
des établissements publics; La nationalisation
d’entreprises et les transferts d’entreprises du
secteur public au secteur privé…
d - Les traités
Après avoir posé le principe général que c’est le
Souverain qui signe et ratifie les traités, précise que
« les traités engageant les finances de l’Etat ne
peuvent être ratifiés sans avoir été préalablement
approuvés par la loi ».
Le Parlement ayant la maîtrise des matières
budgétaires et financières, il est tout à fait naturel
qu’il exerce son contrôle sur les traités et les
conventions internationales qui peuvent avoir des
incidences financières: obligations qui entraînent
une charge effective ou une charge future ou bien
des engagements qui provoquent une réduction des
ressources de l’Etat.
• e - Les lois organiques
• Les lois organiques relèvent également de la
compétence du Parlement. Une procédure
spécifique et surtout au contrôle obligatoire du
Conseil Constitutionnel. Loi organique des
Finances ; Loi organique fixant la composition
du Cons Supérieur de la Promotion Nationale et
du Plan ; Loi organique relative à la composition
et à l’élection de la Chambre des Représentants ;
Loi organique relative à La Chambre
constitutionnelle de la Cour suprême ; Loi
organique relative à la Haute Cour....
• f - La révision de la constitution
• Depuis la Constitution de 1972, l’initiative de la
révision appartient à la fois au Monarque, à la
Chambre des Représentants et aussi depuis 1996
à la Chambre des Conseillers. Toutefois, la
proposition émanant d’un député ou d’un
conseiller ne peut être adoptée, que par un vote à
la majorité des deux tiers des membres qui
composent l’une ou l’autre Chambre. Dans tous
les cas, les projets et les propositions de révision
sont soumis par Dahir au référendum.
2- Le domaine du règlement

En vertu de la constitution, le Premier ministre


exerce le pouvoir réglementaire (le pouvoir
d’édicter des règlements) : les actes
réglementaires du Premier ministre sont
contresignés par les ministres chargés de leur
exécution.
Le pouvoir réglementaire destiné à assurer
l’exécution de la loi et ne peut l’enfreindre.
3- Sanctions du partage des
compétences
La distinction d’un domaine réservé au Parlement
et d’un domaine réservé au Gouvernement
risque d’entraîner des conflits entre les deux
pouvoirs. Les membres de la Chambre des
Représentants et de la Chambre des Conseillers
peuvent déposer des propositions de loi ou des
amendements qui empiètent sur le domaine
réglementaire. De leur côté, les projets
gouvernementaux sont susceptibles de porter
atteinte au domaine législatif.
Une technique permet de défendre le domaine
réglementaire contre les empiétements du
pouvoir législatif.
Conformément à l’article de La Constitution, « le
Gouvernement peut opposer l’irrecevabilité à
toute proposition ou amendement qui n’est pas
du domaine de la loi ».
C- L’autorité de la loi et du règlement

Il s’agit de savoir dans quelle mesure la loi et le


règlement s’imposent aux particuliers et aux
tribunaux. Il faut, à cet égard, distinguer les deux
catégories de textes : En ce qui concerne les lois,
il importe de vérifier si elles sont ou non
conformes à la Constitution. C’est le problème
du contrôle de la constitutionnalité des lois. Pour
ce qui est des règlements, il est nécessaire de
vérifier s’ils sont ou non conformes à la loi. C’est
le problème du contrôle de la légalité des
règlements.
• 1-Le contrôle de la constitutionnalité des lois
• Une loi votée par le Parlement peut être contraire à la
Constitution ou à l’un des principes qui en découlent. Ex : une
loi nouvelle qui prétend régir le passé, alors que l’article de la
Constitution proclame expressément: « la loi ne peut avoir
d’effet rétroactif ».
• Il faut donc vérifier si les lois sont ou non conformes à la
Constitution. Les lois peuvent être déférées au Conseil
Constitutionnel avant leur promulgation par le Roi :
• Le Premier ministre, le président de la Chambre des
Représentants, le président de la Chambre des Conseillers ou le
quart des membres de l'une ou l'autre Chambre.
• Le contrôle de la Constitutionnalité des lois garantit tant au
niveau de la forme que du fond, le respect des principes, droits
et libertés consacrées par la Constitution, fondement du mandat
donné par les citoyens à leurs représentants au Parlement, en
vue d’édicter des règles juridiques, pénales, civiles, fiscales...
2-Le contrôle de la légalité des règlements

Les tribunaux peuvent vérifier la conformité d’un


texte réglementaire à la loi.
Ce contrôle juridictionnel peut emprunter deux
voies différentes :
directement, le contrôle s’exerce par
l’intermédiaire du recours pour excès de pouvoir
et indirectement, il se réalise à la faveur de
l’exception d’illégalité.
Le recours pour excès de pouvoir est un procédé
direct de contrôle de la légalité. Dans les deux
mois qui suivent la publication d’un règlement,
un particulier a la possibilité de le soumettre à la
juridiction administrative et de demander son
annulation pour illégalité. Si le tribunal saisi lui
donne raison, le texte attaqué sera annulé.
Cette annulation produit un effet absolu : privé de
tout effet, le règlement annulé ne pourra plus à
l’avenir recevoir application.
• L’exception d’illégalité
On suppose un procès quelconque déjà engagé :
des poursuites pénales pour stationnement
illicite ou bien une instance administrative par
laquelle un fonctionnaire révoqué demande le
paiement d’une indemnité.
L’intéressé soulève, à titre de moyen de défense,
le caractère illégal du règlement qu’on voudrait
lui appliquer.
C’est l’exception d’illégalité qui, n’étant pas limitée
dans le temps, peut être opposée quelle que soit
l’ancienneté du règlement.
C’est une différence sensible par rapport au
recours pour excès de pouvoir.
Une autre différence réside dans le fait que
l’exception d’illégalité n’aboutit jamais à
l’annulation du règlement attaqué.
Si le tribunal considère que l’exception est fondée,
son rôle se limite à écarter l’application du
règlement dans l’affaire qui lui est soumise.
Mais, le texte en question reste en vigueur et son
illégalité pourra être soulevée dans des procès
ultérieurs.
§ 2 : La force obligatoire de la loi

La règle de droit présente un caractère obligatoire.


En d’autres termes, les particuliers, comme les
organes de l’Etat, doivent se soumettre aux
prescriptions législatives et réglementaires. Cette
force obligatoire prend naissance avec l’entrée
en vigueur de la loi et se prolonge tant qu’elle n’a
pas été abrogée.
I- L’entrée en vigueur de la loi
• L’entrée en vigueur de la loi est marquée, de façon
générale, par deux formalités : la promulgation et la
publication.
• La promulgation ne concerne que la Constitution elle-
même et les lois votées par le Parlement. C’est l’une des
attributions du Chef de l’Etat: aux termes de l’article de
la Constitution, « le Roi promulgue la loi dans les 30
jours qui suivent la transmission au Gouvernement de
la loi définitivement adoptée ». Cette important
formalité se propose en effet d’atteindre un double
objectif : constater, dans un délai de rigueur fixé à 30
jours, que la loi été régulièrement votée par le
Parlement et ordonner l’exécution de cette loi.
En revanche, la publication, est générale. Elle
concerne aussi bien les lois que les règlements.
La publication s’impose d’autant plus qu’un
principe général de droit fait obstacle à ce qu’une
personne puisse invoquer comme excuse son
ignorance de la loi :
« Nul n’est censé ignorer la loi ».
A- La publication des textes est-elle obligatoire ?

Au Maroc, il existe également, depuis 1912, un Bulletin Officiel


qui est devenu, le 29 novembre 1957, le Bulletin Officiel du
Royaume du Maroc. Il est même publié en deux langues
l’Arabe et le Français. Seulement aucune disposition
générale, légale ou réglementaire, n’a imposé jusqu’ici la
publication au Bulletin officiel des textes marocains. C’est ce
qui explique que, depuis l’époque du Protectorat à nos jours,
cette question ait été laissée à l’appréciation de l’auteur de
chaque texte.
De son côté, la Constitution n’a fait qu’une vague allusion à la
publication, uniquement à propos des décrets pris par le
Gouvernement à la suite d’une délégation consentie par le
Parlement. En vertu de la constitution, ces décrets-lois
« entrent en vigueur dès leur publication ».
B- Les modalités de la publication

En pratique, le procédé normal de publication


consiste dans une insertion de la loi ou du
règlement au Bulletin officiel.

On se demandera toutefois si des procédés plus


exceptionnels de publication peuvent être
utilisés, notamment en cas d’urgence.
1- Le procédé normal de publication

En l’absence d’une réglementation légale, la


pratique suivie au Maroc c’est que les textes
publiés entrent en vigueur le même jour dans
l’ensemble du Royaume.

En principe, une loi ou un règlement est


exécutoire dès sa publication au Bulletin officiel,
sans qu’il y ait lieu de faire intervenu aucun délai
de distance.
• La deuxième difficulté tient aux erreurs qui peuvent
affecter la publication elle-même: est-ce que le
Gouvernement peut les rectifier librement?
• Il se peut que les textes publiés par le Bulletin
officiel ne soient pas tout à fait conformes à la loi
qui a été votée par le Parlement ou au décret qui a
été signé par le Premier Ministre.
• Ces anomalie découlent généralement d’erreurs
d’impression. Dans pareilles hypothèses, le
Gouvernement prend soi d’insérer, dans un numéro
postérieur du Bulletin officiel, un rectificatif. Ce fut
le cas de la rectification des erreurs qui ont affecté le
nouveau code de commerce, lors de sa publication
au Bulletin Officiel.
La troisième difficulté résulte du fait que le
Bulletin officiel marocain est publié en plusieurs
langues : lequel de ces textes doit faire foi ?
Lequel doit prévaloir : le texte arabe ou le texte
rédigé en langue étrangère ? La réponse à cette
question ne fait aucun doute: la langue arabe
étant la langue officielle du pays, c’est le texte
arabe inséré au Bulletin officiel qui doit faire foi.
C’est ce texte qui doit s’imposer aux tribunaux.
De reste, depuis l’avènement du régime
constitutionnel, le Préambule affirme
expressément: « la langue officielle est l’arabe ».
2- Les procédés exceptionnels de publication

Il est possible, selon les circonstances, d’avancer ou de


retarder l’entrée en vigueur de la loi.
Une loi ou un règlement peut être exécutoire dans
l’ensemble du Royaume sans avoir fait l’objet d’une
publication au Bulletin officiel.
Pour cela, il suffit que le texte en question ait été
préalablement porté à la connaissance du public par un
procédé quelconque : une insertion dans la presse, une
annonce par la Radiodiffusion ou même un avis donné
par les crieurs publics.
Remarquons, enfin, qu’au Maroc, la mise en vigueur
d’une loi peut être retardée jusqu’à une certaine date.
II- - L’abrogation de la loi

S’il est vrai que les lois et les règlements


s’appliquent de façon indéfinie, la même
autorité, habilitée à prendre une catégorie
donnée de textes, peut valablement lui retirer sa
force obligatoire et le remplacer par des
nouvelles dispositions.
Cette abrogation peut être soit expresse, soit
tacite.
A- L’abrogation expresse
Elle suppose que le texte nouveau, décide que
telles dispositions antérieures sont abrogées.
Cette forme d’abrogation peut être partielle ou
globale.
1- L’abrogation partielle
L’abrogation partielle, qui est la plus fréquente,
laisse subsister une partie de la législation
antérieure. Ainsi, les Dahirs du 21 mai 1974 et 28
septembre 1974 n’ont abrogé que certaines
dispositions du Code pénal et du Code de
procédure pénale.
• 2- L’abrogation globale
• L’abrogation globale présente un caractère
exceptionnel.
• Elle intervient à l’occasion de grandes réformes
ou à la suite d’un grand mouvement de
codification.
• L’exemple le plus caractéristique est celui du
Dahir du 26 novembre 1962 qui a institué le
Code pénal.
• B- L’abrogation tacite
• C’est l’hypothèse d’une loi nouvelle qui prévoit
des règles incompatibles avec celles qui figuraient
dans un texte antérieur.
• En bonne logique, il n’est pas possible d’appliquer
au même moment deux textes contradictoires.
• Il faut donc en déduire que la loi récente a
implicitement abrogé la loi ancienne. C’est le cas
de la dernière révision constitutionnelle qui a
modifié de nombreuses dispositions de la
constitution antérieure, sans préciser pour autant
quelles sont celles qui sont abrogées par cette
révision.
§ 3 : L’application de la loi dans le temps

L’avènement d’une législation nouvelle, comme celle qui vient


de modifier le régime des retraites civiles et militaires ou
celle qui a transformé le système fiscal, soulève le problème
des conflits de lois dans le temps. Une même matière est
susceptible d’être régie par deux lois: la loi ancienne et la loi
nouvelle. Faut-il donner la préférence au texte nouveau et
appliquer de façon systématique les réformes introduites ?
Faut-il considérer que le texte ancien continuera à produire
ses effets ? Pour résoudre ces conflits éventuels, le droit
marocain retient deux principes qui semblent se compléter :
le principe de la non-rétroactivité des lois nouvelles et le
principe de l’effet immédiat des lois nouvelles.
I- Le principe de la non-rétroactivité des lois nouvelles
Les arguments qui ont toujours été avancés pour justifier le
principe de la non-rétroactivité mettent l’accent sur les
considérations de justice et de sécurité. Quand deux personnes
décident d’établir une convention, elles tiennent compte de la
loi en vigueur à ce moment précis. Si par la suite, une réforme
législative intervient et si l’or considère qu’elle doit s’appliquer
à cette transaction, cela reviendrait à bouleverser les prévisions
de la règle de droit : assurer la sécurité et la stabilité des
rapports sociaux. A la limite, la remise en cause des droits
régulièrement acquis sous l’empire de la loi ancienne risque
d’être source de désordres et d’anarchie. Dans le cadre du
système marocain antérieur à 1962, la non-rétroactivité se
présente comme une règle relative, qui laisse place à des
exceptions plus nombreuses. Ce sont ces deux techniques qu’il
nous faut examiner : le système la non-rétroactivité relative et
le système de la non-rétroactivité absolue.
II- Le principe de l’effet immédiat des lois nouvelles

Il ne s’agit pas de remettre en cause les fait


antérieurs à la promulgation d’une loi nouvelle,
mais d’envisager les situations en cours de
constitution ou en cours d’exécution. C’est le cas
d’une vente à tempérament. Si la loi régissant les
paiements échelonnés dans le temps vient à
changer, faut-il maintenir la loi ancienne ou
appliquer immédiatement la loi nouvelle? Au
Maroc, il n’existe aucun texte d’ensemble
donnant une réponse à ce problème.
LE SYSTEME JUDICIAIRE
MAROCAIN
I- L’organisation judiciaire
L’organisation judiciaire désigne l’ensemble des tribunaux et des
cours du Royaume.
Le terme tribunal est réservé à des juridictions inférieures telles que
le tribunal de première instance. Par contre, le terme cour
s’applique uniquement aux juridictions supérieures, aux cours
d’appel et à la Cour suprême.
On remarquera que le terme juridiction est plus large. Il désigne
aussi bien un tribunal, une cour d’appel ou la Cour suprême. Un
certain nombre de personnes interviennent, à des degrés divers,
dans le fonctionnement de ces juridictions des magistrats, des
greffiers, des avocats, des experts et des Adouls... Ce personnel
fait partie de ce qu’on appelle les corps judiciaires. En
conséquence, l’examen de l’organisation judiciaire sera
successivement axé sur les différentes juridictions (A) et les corps
judiciaires (B).
A- Les juridictions
En retenant une division classique dans le souci
de la clarté, nous envisagerons tour à tour les
juridictions de droit commun (1) et les
juridictions spécialisées (2).
1- Les juridictions de droit commun
Depuis la réforme de 1993, seules les juridictions
communales et d’arrondissement et
exceptionnellement les tribunaux de première
instance, sont des juridictions à juge unique (a).
En revanche, les autres juridictions de droit
commun ; les tribunaux de première instance,
les cours d’appel et la Cour suprême ; obéissent à
la technique de la collégialité : (le concours de
plusieurs juges) (b).
• a- Les juridictions à juge unique
• Il convient d’examiner séparément les deux
catégories de juridictions à juge unique: d’abord,
les juridictions communales et d’arrondissement
(1), ensuite les tribunaux de première instance
lorsqu’ils sont appelés à siéger,
exceptionnellement, à juge unique (2).
• 1 - Les juridictions communales et
d’arrondissement
• L’organisation des juridictions communales et
d’arrondissement est très simple : un juge unique,
assisté d’un greffier ou d’un secrétaire. Rappelons
que ce juge peut être indifféremment un magistrat
de carrière, régi par le statut de la magistrature ou
un simple citoyen choisi par un collège électoral
composé de cent personnes et investi par Dahir
pour une durée limitée de trois ans. La
compétence des juridictions communales et
d’arrondissement se réduit aux affaires mineures,
en matière civile, comme en matière pénale.
En matière civile, les juges communaux et les juges
d’arrondissement peuvent, en principe, connaître
de toutes les actions personnelles et mobilières
dont la valeur n’excède pas 1.000 DH. En matière
pénale, la compétence des juges communaux et
d’arrondissement se limite aux infractions les
moins graves, celles qui sont passibles uniquement
d’une peine d’amende.
En matière pénale, comme en matière civile, il s’agit
donc d’affaires peu importantes. C’est
probablement ce qui a déterminé le législateur à
doter les jugements rendus d’une grande autorité:
ils ne sont susceptibles d’aucune voie de recours
ordinaire ou extraordinaire.
• 2)-Les tribunaux de première instance
siégeant à juge unique
• Ces tribunaux siègent, exceptionnellement, à juge
unique pour connaître: Des demandes dont les
tribunaux de première instance connaissent en
premier et en dernier ressort en vertu de l’article 19
du code de procédure civile ; Des demandes tendant à
déclarer judiciairement une naissance ou un décès ;
Des enquêtes suivies en matière d’accident de travail
et de maladies professionnelles ; De procédure de
conciliation en matière d’accident de travail et de
maladies professionnelles ; Des affaires des mineurs ;
Des contraventions punies par une peine d’amende et
dont la compétence est attribuée aux tribunaux de
1ere instance par le code de procédure pénale.
• b -Les juridictions collégiales
• 1 - Les tribunaux de 1ère instance siégeant en formation
collégiale
• Les tribunaux de première instance constituent des tribunaux de
droit commun ayant plénitude de juridiction, sauf lorsque la loi
attribue formellement compétence à une autre juridiction.
• L’organisation des tribunaux de première instance en tant que
juridictions collégiales, comprend trois grandes catégories que
l’on retrouve dans toutes les juridictions, à l’exception des
juridictions communales et d’arrondissement : Les magistrats du
siège qui ont pour mission de juger : le président, un certain
nombre de juges et des juges suppléants. Les magistrats du
ministère public ou du parquer qui représentent, auprès du
tribunal, le pouvoir exécutif et la société toute entière, en assurant
la défense de l’intérêt général. Il s’agit du procureur du Roi et de
ses adjoints: les substituts. Le personnel administratif qui est
constitué par les greffiers et les membres du secrétariat du
parquet.
Le tribunal de première instance siège en principe
avec trois magistrats et l’assistance d’un greffier.
Si, en matière pénale, que la présence du
représentant du ministère public est obligatoire
à l’audience.
La compétence du tribunal de première instance est
générale, qui s’étend à toutes les affaires civiles,
immobilières, sociales et pénales. De plus, toutes les
questions relatives au statut personnel, familial et
successoral. Dans l’état actuel du droit positif, le tribunal
statue en premier et dernier ressort si la valeur du litige
est inférieure à 3.000 dirhams. C’est dire que, l’appel est
exclu. Il reste que la décision peut toujours faire l’objet
d’un pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Si la
valeur du litige est supérieure à 3.000 dirhams, l’appel est
possible. En matière pénale, les tribunaux de première
instance sont compétents, en principe, pour juger les
contraventions et les délits. Par contre, les infractions les
plus graves, les crimes sont réservées à la compétence de
la chambre criminelle de la cour d’appel, siégeant avec
cinq magistrats.
2 - Les cours d’appel
La composition d’une cour d’appel, Les magistrats
du siège : le premier président et les conseillers
qui ont pour rôle de rendre la justice. La cour
d’appel est marquée par une grande
spécialisation à la fois des magistrats (magistrats
chargés de l’instruction, magistrats des
mineurs ...) et des chambres qui la composent
(chambre d’appel de statut personnel et
successoral, chambre criminelle, chambre
correctionnelle ...).
Le ministère public est représenté par un
procureur général du Roi et des substituts
généraux. Si la présence du magistrat du parquet
est obligatoire à l’audience pénale, son
assistance en toute autre matière est facultative.
La cour d’appel comprend également un greffe et
un secrétariat du parquet général. En toute
matière, l’audience est tenue et les arrêts sont
rendus par trois magistrats. Parfois, le système
de la collégialité est renforcé. C’est ainsi que la
chambre criminelle siège, en raison de la gravité
des matières, avec cinq magistrats: un président
de chambre et quatre conseillers.
La cour d’appel constitue un second degré de
juridiction : elle examine une seconde fois les
affaires déjà jugées en premier ressort par les
tribunaux de première instance. La juridiction
d’appel est habilitée à juger, en premier et
dernier ressort, les infractions les plus graves :
les crimes.
3 - La cour suprême

C’est une juridiction qui se trouve au sommet de la hiérarchie


judiciaire. Son organisation se base sur : Les magistrats du siège il
s’agit du premier président, des présidents de chambres et des
conseillers. Le ministère public est représenté par le procureur
général du Roi, qui est assisté par les avocats généraux. Comme
les juridictions inférieures, la Cour suprême comporte également
un greffe et un secrétariat du parquet général. La Cour suprême
comprend six chambres: une chambre civile qu’on appelle la
première chambre, une chambre de statut personnel et
successoral, une chambre commerciale, une chambre
administrative, une chambre sociale et une chambre pénale. La
Cour suprême est aussi une juridiction collégiale, les audiences
sont tenues et les arrêts sont rendus par 5 magistrats.
• Les attributions de la Cour suprême sont
nombreuses et diversifiées, il suffit de mentionner
les attributions suivantes qui présentent un
Caractère exceptionnel :
• Les recours formés contre les actes et décisions par
lesquels les juges excèdent leurs pouvoirs ; les
règlements de juges entre juridictions n’ayant au-
dessus d’elles aucune juridiction supérieure
commune autre que la Cour suprême ; les prises à
partie contre les magistrats et les juridictions à
l’exception de la Cour suprême ; les instances en
suspicion légitime ; les dessaisissements pour
cause de sûreté publique, ou pour l’intérêt d’une
bonne administration de la justice.
Ces procédures spéciales mises à part, il reste que
les deux principales attributions de la Cour
suprême résident dans : les recours en
annulation pour excès de pouvoirs formés
contre les décisions de certaines autorités
administratives et les pourvois en cassation
formés contre les décisions rendues en dernier
ressort par toutes les juridictions du Royaume.
• 2 - Les juridictions spécialisées
• a- Les tribunaux administratifs
Une loi instituant les tribunaux administratifs a
été adoptée par la Chambre des Représentants,
lors de sa session d’avril 1991, elle a été
promulguée le 3 novembre 1993 et appliquée le 4
mars 1994. Ces nouveaux tribunaux restent sous
le contrôle de la Cour Suprême.
Le système de la collégialité (un président et
plusieurs magistrats) les audience des tribunaux
administratifs sont tenues et leurs jugements
rendus publiquement, par trois magistrats
assistés d’un greffier. Et l’institution d’un
ministère public réellement indépendant par
rapport au pouvoir exécutif (constituent les
deux principales réformes consacrées par la loi
n°41-90 instituant des tribunaux administratifs)
le Commissaire Royal de la Loi et du Droit.
Le tribunal administratif est doté d’une compétence
générale, en matière administrative ou pour les litiges
qui mettent en cause l’administration. De la sorte, ils
sont habilités à juger, en premier ressort : Les recours
en annulation pour excès de pouvoir formés contre les
décisions des autorités administratives ; Les litiges
relatifs aux contrats administratifs ; Les actions en
réparation des dommages causés par les actes ou les
activités des personnes publiques (à l’exclusion des
dommages causés par un véhicule appartenant à une
personne publique) ; Le contentieux des pensions des
agents civils et militaires ; Le contentieux électoral ;
Le contentieux fiscal ; Le contentieux de
l’expropriation pour cause d’utilité publique ;
L’appréciation de la légalité des actes administratifs.
• b- Les juridictions de commerce
• 1- Les tribunaux de commerce
• Les tribunaux de commerce comprennent: un
président, des suppléants, des juges, et un ministère
public composé d’un procureur du roi et d’un ou
plusieurs substituts ainsi qu’un greffe et un
secrétariat du parquet.
• Les tribunaux de commerce sont compétents, pour
connaître : Des actions relatives aux contrats
commerciaux ; Des actions entre commerçants à
l’occasion de leurs activités commerciales ; Des
actions relatives aux effets de commerce ; Des
différends entre associés d’une société commerciale ;
Des différends à raison de fonds de commerce.
• 2- Les cours d’appel de commerce
• Les cours d’appel de commerce comprennent : Un
premier président, des présidents de chambre, et des
conseillers ; un parquet général composé d’un
procureur général et des substitut généraux ; un
greffe et un secrétariat du parquet général. Elles se
subdivisent en chambres, selon la nature des litiges.
Toutefois, chaque chambre reste compétente pour
connaître de tout litige porté devant la cour.
• Les cours d’appel de commerce connaissent des
appels interjetés contre les décisions rendues en
premier ressort seulement par les tribunaux de
commerce. Cette voie de recours est assortie d’un
délai franc de 15 jours à compter de la date de
notification de la décision.
• c- La Cour des comptes et les Cours régionales
des comptes
• La Cour des comptes est une juridiction comptable
supérieure, chargée des missions suivantes : Assurer le
contrôle supérieur de l’exécution des lois de finances ;
S’assurer de la régularité des opérations de recettes et de
dépenses des organismes soumis à son contrôle en vertu
de la loi et en apprécier la gestion. A cet effet, elle est
habilitée à sanctionner, le cas échéant, tous manquements
aux règles régissant lesdites opérations ; Assister le
Parlement et le Gouvernement dans les domaines
relevant de sa compétence en vertu de la loi ; Rendre
compte au Roi de l’ensemble de ses activités.
• Quant aux Cours régionales des comptes, elles sont
chargées d’assurer le contrôle des comptes et de la gestion
des collectivités locales et de leurs groupements.
• d- Les juridictions d’exception
• A la différence des tribunaux de droit commun,
les juridictions d’exception ne sont compétentes
que pour statuer sur les procès dont la
connaissance leur a été attribuée par un texte de
loi spécial.
• 1- Les tribunaux militaires
• Il faut distinguer :
• -le tribunal militaire permanent des Forces Armées
Royales, en temps de paix : est confiée à une juridiction
unique, qui siège normalement à Rabat. S’il est composé
essentiellement de juges militaires, la présidence est
confiée à un juge civil.
• La compétence du tribunal militaire est assez large : Il
doit normalement juger toutes les infractions commises
par les militaires et les cadres de l’armée : infractions
spécifiques (désertion, rébellion...) ou de droit commun
(meurtre, vol...). Sa compétence peut également s’étendre
aux civils qui ont commis : un crime au préjudice des
membres des F.A.R ; Ou une infraction contre la sûreté
extérieure de l’Etat (espionnage, trahison...).
-et les tribunaux militaires, en temps de guerre : A
la différence du Tribunal militaire permanent
qui est une juridiction unique, les tribunaux
militaires du temps de guerre sont multiples : un
tribunal par division des F.A. R. Ces juridictions
sont compétentes pour juger les militaires
jusqu’au grade de lieutenant-colonel inclus. Leur
composition est la même que celle du tribunal
militaire permanent, avec cette différence très
importante : la présidence est assurée, non par
un juge civil, mais par un officier de l’armée.
• 2- La Cour spéciale de justice
• La Cour spéciale de justice a une composition à l’image
de celle des nouvelles chambres criminelles des cours
d’appel, avec exclusivement des magistrats de carrière :
un président et quatre magistrats assesseurs. Elle est
chargée de la répression des crimes : de détournement
des deniers publics ou privés ; de concussion ; de
corruption et de trafic d’influence.
• Toutes ces infractions ne sont justiciables de la Cour
spéciale de justice qu’à une double condition : il faut,
d’une part, qu’elles soient reprochées à des
fonctionnaires publics ou à des magistrats ; il faut,
d’autre part, que le total des détournements,
dissipations, soustractions, faveurs, bénéfices réalisés
soit d’une valeur égale ou supérieure à 25.000 dirhams.
• 3- La Haute Cour
• Cette juridiction se compose, de parlementaires, par
parts égales de membres élus au sein de la Chambre
des Représentants et au sein de la Chambre des
Conseillers. Leur nombre, les modalités de leur
élection et de la procédure applicable sont fixées par
une loi organique. Le président est nommé par Dahir.
La Haute Cour est compétente pour connaître des
crimes et délits commis par les membres du
Gouvernement, dans l’exercice de leurs fonctions. La
mise en accusation est décidée par les deux
Chambres du Parlement. Il importe de rappeler que
cette juridiction n’a jamais été constituée.

• B- Les corps judiciaires
• A l’exception des juridictions qui font appel à des
représentants du monde du travail ou à des militaires,
nous avons constaté que les autres juridictions sont
composées de magistrats professionnels. Dans
l’exécution de leur mission, les magistrats sont aidés
par un certain nombre d’auxiliaires tels que les
greffiers, les huissiers de justice et même les avocats.
• 1-Les magistrats
• Ce corps de l’Etat comprend deux grandes catégories -
les magistrats du siège et les magistrats du ministère
public - qui ont des rôles tout à fait distincts.
Seulement, au point de vue recrutement, il n’existe
aucune différence entre les deux catégories.
• a- Le recrutement des magistrats
• L’accès au corps de la magistrature se réalise par
voie de concours ouvert aux titulaires du
diplôme de Alimya de l’enseignement supérieur
islamique, de la licence en droit, sciences
juridiques, de la licence Ech-Charia de
l’Université Quaraouyne ou d’un diplôme
équivalent. Les lauréats sont nommés attachés
de justice, par arrêté du ministre de la justice, et
effectuent, en cette qualité, un stage de deux
années comportant :
• - un cycle d’études et de travaux pratiques à
l’Institut national d’études judiciaires qui se
propose d’assurer leur formation
professionnelle;
• - un stage dans les cours d’appel et les
tribunaux de première instance;
• - et un autre stage, plus court, réparti entre les
établissements pénitentiaires, les entreprises
publiques ou privées. Les attachés de justice qui
ont subi avec succès l’examen de fin de stage
peuvent être nommés par Dahir, sur proposition
du Conseil supérieur de la magistrature, au
premier échelon du troisième grade.
• b- Les deux grandes catégories de
magistrats
• Bien qu’ils appartiennent à un corps unique, les
magistrats du siège et les magistrats du
ministère public exercent des fonctions
différentes. Cette spécialisation entraîne des
incidences sur le statut des uns et celui des
autres.
• 1- Les magistrats du siège
• Ce sont ceux qui jugent, qui tranchent les procès
qui leur sont soumis. En s’acquittant de cette
tâche, ils restent assis. C’est pourquoi on les
appelle magistrats du siège.
• 2 - Les magistrats du ministère public
• A l’opposé des magistrats du siège, les magistrats
du ministère public ne jugent pas. Ils sont les
représentants du pouvoir exécutif auprès des
différentes juridictions du Royaume. Les
membres du ministère public forment ce qu’on
appelle « la magistrature debout », parce qu’ils
se lèvent quand ils sont appelés à prendre la
parole à l’audience.
• 2- Les auxiliaires de la justice
• Traditionnellement, les greffiers, qui ont pour
mission d’assister les juges, constituent sans
doute les principaux auxiliaires de la justice.
Mais, il faut désormais reconnaître cette même
qualité à un corps nouveau les huissiers de
justice auxquels on vient de confier certaines
fonctions qui étaient initialement assumées par
les membres du greffe.
• Par ailleurs, on peut se demander si les avocats,
les Oukils judiciaires et les défenseurs agrées ne
jouent pas parfois le rôle d’auxiliaires, au moins
d’auxiliaires indirects de la justice.
• a- Les auxiliaires directs
• Il s’agit essentiellement des greffiers et des
huissiers de justice :
• 1- Les greffiers
• Tout en relevant du statut général de la fonction
publique, ils sont également régis par un texte
particulier. Dans les tribunaux, le personnel en
question est spécialisé. Les uns s’occupent des
audiences, les autres des procédures commerciales,
comme les faillites. Jusqu’à la création par un
Dahir du 25 décembre 1980 d’un corps d’huissiers
de justice, certains greffiers étaient chargés des
notifications et des exécutions judiciaires.
• 2 - Les huissiers de justice
• Pour surmonter les lenteurs et les aléas qui
marquaient les notifications et l’exécution des
décisions de justice, la loi a confié l’exécution de
tâches qui relevaient de la compétence de
fonctionnaires public aux membres d’une
nouvelle profession libérale: le corps des
huissiers de justice, institué auprès des
tribunaux de première instance du Royaume.
Les trois principales attributions des huissiers
consistent : à procéder à toutes les notifications
nécessaires à l’instruction des procédures ; à
dresser tous les actes requis pour l’exécution des
ordonnances, jugements et arrêts, lorsque le
mode de notification n’a pas été précisé et à
assurer l’exécution des décisions de justice, ainsi
que des actes et titres ayant force exécutoire.
• b- les auxiliaires indirects
• Bien que leur principale vocation consiste à
assister les personnes physiques ou morales et à
défendre les intérêts privés, les avocats, les
Oukils judiciaires et les défenseurs agréés
apportent un précieux concours au
fonctionnement de la justice . En préparant les
dossiers et en développant les arguments de
droit et de fait, à propos d’un litige, ils
contribuent à éclairer les juges et à faciliter leur
tâche.
• 1- Les avocats
• L’organisation des barreaux et l’exercice de la profession
d’avocat à été régie par Dahir qui a été complétée par un
décret du 1er février 1982 déterminant les modalités
d’obtention du Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat
(CAPA).

• Les conditions d’accès à la profession d’avocat : être de


nationalité marocaine, sous réserve des dérogations prévues
par les conventions internationales ; être titulaire d’une
licence en droit ou d’un diplôme équivalent ; être majeur, âgé
de moins de 40 ans et jouir de ses droits civiques et civils ;
n’avoir pas été condamné pour des faits contraires à
l’honneur, à la probité ou aux bonnes moeurs ou mis en
faillite et non encore réhabilité ; être en position régulière vis
à vis du service civil, militaire et de l’administration de
rattachement pour les fonctionnaires publics.
Les avocats font partie de la famille judiciaire.
Leur profession est une profession libérale et
indépendante. La principale attribution de
l’avocat, consiste à plaider, assister, défendre et
représenter les parties en justice.
• 2- Les oukils judiciaires
• Les Oukils judiciaires jouent un rôle à peu près
identique à celui des avocats: ils assistent et
représentent les parties et rédigent tous les actes
de la procédure. Mais, il existe une différence
fondamentale entre les deux fonctions : les
Oukils judiciaires ne peuvent intervenir que
dans les matières qui relèvent du Charaâ.
• 3- Les défenseurs agréés
• A l’époque du protectorat, ils représentaient un
corps assez important, même si leur formation
juridique n’était pas aussi poussée que celle des
avocats. En raison de l’expérience acquise, ils
ont été maintenus après l’indépendance.
Seulement, si les anciens gardent leurs droits
acquis, on n’accorde plus d’autorisation pour
exercer les fonctions de défenseur agréé.
• 4-Les adouls
• Les adouls constituent des auxiliaires indirects
du Cadi taoutik en matière du Charaâ. Ils
assurent le service de greffe et de notariat au
regard des différents actes relatifs au statut
personnel, familial et successoral et aux
transactions sur les immeubles non
immatriculés. Ils reçoivent également des
déclarations et des témoignages.
MERCI
POUR VOTRE
ATTENTION

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