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INTRODUCTION

La Constitution est un acte fondateur par lequel une société se constitue


une identité et décide de l'ordre sociétal voulu. En particulier, elle consacre des
droits et libertés fondamentaux et définit les modalités de leur protection.
Ainsi La portée juridique de la Constitution d'un État varie selon le régime
en place. Elle a généralement une valeur supérieure à la loi.
La Constitution est à la fois l'acte politique et la loi fondamentale qui unit
et régit de manière organisée et hiérarchisée l’ensemble des rapports entre
gouvernants et gouvernés au sein d'un État, en tant qu'unité politique d'un espace
géographique et humain. Dans un régime démocratique, elle protège les droits et
les libertés des citoyens contre les abus de pouvoir potentiels des titulaires des
pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) peuvent avoir des changements et
modifications dans certains pays africains et francophones.
c’est dans ce optique que nous porterons un regard sur les changements et
modifications de certains pays africains et francophones.
I/ LES CHANGEMENTS ET MODIFICATIONS CONSTITUTIONNELS

1- Le droit du changement et de modification


Le droit du changement et de modification appartient soit au Président de la
République, sur proposition du Premier ministre, soit aux membres du
Parlement. Dans le premier cas, il s’agit d’un projet de loi constitutionnelle,
dans le second, d’une proposition de loi constitutionnelle.

2- Limitation du pouvoir de droit

L’article 89 précise que la forme républicaine du Gouvernement ne peut faire


l’objet d’une révision. Il prévoit également qu’aucune procédure de changement
ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du
territoire.

3- L’examen des projets ou propositions de loi constitutionnelle

L’examen des projets ou propositions de loi constitutionnelle se déroule


devant chaque assemblée selon la procédure législative de droit commun.
En revanche, est applicable le délai, introduit par la même révision, de six
semaines entre le dépôt du projet ou de la proposition de loi et sa discussion en
séance, sans que le Gouvernement puisse s’en affranchir par l’engagement d’une
procédure accélérée. Est également applicable le délai de quatre semaines entre
la transmission du texte par la première assemblée saisie et sa discussion devant
la seconde.
II/ LES FACTEURS DU CHANGEMENTS CONSTITTUTIONNELS
1- Le coût de la tentative de changement de constitution

Certains facteurs sont en mesure de dissuader une tentative de changement


constitutionnel. Parmi ces facteurs, on peut citer l’influence de l’aide étrangère
et la capacité de mobilisation du peuple. En effet, les pays dépendant des aides
étrangères sont plus réticents au changement constitutionnel que ceux disposant
de ressources naturelles.
De même, dans la littérature, plusieurs travaux ont mis en évidence l’effet de
la qualité des leaders politiques sur le fonctionnement de l’économie. Par
exemple, Jones et Olken [2005] montrent que dans les pays où les dirigeants
nationaux changent brusquement et fréquemment, cela a un effet causal sur la
croissance. Par la suite, Dreher et al. [2009] montrent que les antécédents
scolaires et professionnels du président influencent la mise en œuvre des
réformes libérales de marché. Enfin, Besley et al. [2011] montrent que la
croissance est en général plus élevée lorsque les dirigeants sont plus instruits.

III/ CONSEQUENCE DE LA MANIPULATION DES REGLES


CONSTITUTIONNELLES EN AFRIQUE

Nous distinguons deux périodes, avant et après 1990, date marquée par le
discours de la Baule .Le discours de la Baule, prononcé par le Président
François…. La première période est caractérisée par un nombre limité de
modifications constitutionnelles alors que la deuxième par un nombre important,
ouvrant la voie à une instabilité économique et juridique.
IV / LES CHANGEMENTS ET MODIFICATIONS DANS CERTAINS PAYS
AFRICAINS ET FRANCOPHONES

L’Afrique, notamment les pays de l’espace francophone sont secoués


par des nombreuses crises avec leurs cortèges d’arrangements et d’accords
politiques se substituant parfois aux textes de la Constitution.
l’Afrique ne replonge pas dans l’impasse constitutionnelle. Le
constitutionnalisme africain semble victime de nouveaux usages J. du Bois de
Gaudusson, « Défense et illustration du…. Voilà qui autorise à ouvrir de
nouvelles pistes de réflexions sur les pratiques constitutionnelles dans les États
africains notamment ceux de l’espace francophone auxquels se limite notre
étude.   Cette nécessité de revisiter l’état de la doctrine sur la pratique
constitutionnelle est renforcée par des événements en rupture avec les méthodes
antérieures. Les Présidents malien et béninois ont ouvert des pistes nouvelles de
réformes de leur Constitution respective. En effet, au Mali A.T. Touré a créé,
par décret n° 072/PRM du 7 février 2008, un comité d’experts chargé de la
réflexion sur la consolidation de la démocratie au Mali. Au Bénin, le Président
Y. Boni a créé par, décret n° 2008/ 052 du 18 février 2008 une commission
constitutionnelle.

1- la pratique constitutionnelle en afrique noire francophone, des succès


ponctuels

Des pratiques constitutionnelles, telles qu’elles s’expriment dans certains pays


d’Afrique noire francophone, semblent réconcilier ces États « avec
“l’orthodoxie” des démocraties constitutionnelles J. du Bois de Gaudusson, « Le
constitutionnalisme en Afrique »,… ». Il est possible de résumer ces progrès
ainsi réalisés par le constitutionnalisme en deux grandes tendances : la
revitalisation par endroits de la séparation des pouvoirs, et la création de cadres
politiques rénovés.

2- L’émergence d’une justice constitutionnelle

L’institutionnalisation de la justice constitutionnelle en Afrique, écrit en effet le


professeur L. Sindjoun, influence une dynamique locale de consolidation
démocratique.
De ce point de vue, conclut l’auteur, « il est possible d’étudier la justice
constitutionnelle africaine en la prenant au sérieux »

3- La persistance des régimes non constitutionnels

Que tout ne soit pas pour le mieux pour la Constitution dans le meilleur
des mondes, on le concède. Mais que le pouvoir soit à nouveau au bout des
fusils.Formule du Président chinois Mao-Zedong. en Afrique, on le comprend
difficilement. En effet, depuis 1990, l’amorce d’un mouvement vers la
démocratisation était perceptible. Une jonction s’est finalement opérée entre le
constitutionnalisme entendu au sens occidental, et la transition démocratique.
Mais hélas la Constitution, plus qu’hier, est marquée par une instabilité
répétitive et chaotique.

4- la constitution desservie par le droit

Plusieurs des difficultés du constitutionnalisme sont d’ordre juridique.


L’imperfection par endroits des textes constitutionnels a été indexée comme
étant à l’origine de ces difficultés . Parfois même certaines dispositions
constitutionnelles portent en elles les germes du conflit, mais plus que les
raisons ci-dessus évoquées, c’est surtout l’instrumentalisation de l’argument
juridique et l’encadrement international du pouvoir constituant qui desservent
la Constitution.

L’instrumentalisation de l’argument juridique

L’idée se construit et se diffuse d’une instrumentalisation juridique de la


Constitution en Afrique. Certains gouvernants ont en effet réalisé le profit qu’ils
pouvaient tirer de la légalité. Ils ne s’en privent d’ailleurs pas. Finies les
manipulations inélégantes de la Constitution. La stratégie est plus ingénieuse car
résultant de l’utilisation du texte constitutionnel. Cette ingénierie
constitutionnelle, d’après l’expression à la mode, est en réalité au service de la
conservation et de la pérennisation du pouvoir.
V/ CAS DE CERTAINS PAYS AFRICAINS SUR LES CHANGEMENTS
ET MODIFICATION CONSTITUTIONELS

 Cas du togo

En effet dans la nuit du 5 au 6 février 2005, l’Assemblée nationale


togolaise se réunit en urgence. La modification des 65 [192][192]Article 65 de la
Constitution du 27 septembre 1992, révisée… et 144 [193][193]Article 144
dispose : « Aucune procédure de révision ne peut… était au cœur de cette
session extraordinaire. Le premier, l’article 65, organisait une vacance
provisoire de la présidence de la République. Quant au second, l’article 144, il
interdisait toute révision en période de vacance ou d’intérim. M.F.N. Ouattara,
alors Président de l’Assemblée nationale devait succéder au Président Eyadema.
Mais en un temps record, par « une prouesse digne d’une véritable ingénierie
constitutionnelle J.-L. Atangana Amougou, « Les révisions constitutionnelles
dans… », l’Assemblée nationale modifia les articles 65 et 144. Les articles 65 et
144 nouveau, permettent respectivement au Président intérimaire de rester en
place jusqu’au terme du mandat de son prédécesseur et d’engager une révision
en période de vacance.
Suite à cette alchimie constitutionnelle, M.F. Natchata Ouattara, est remplacé
par F. Eyadema qui devient le nouveau Président de l’Assemblée nationale. La
voie de l’accession à la magistrature suprême était ainsi tracée pour Eyadema
fils.

 Cas de la Cote d’ivoire

Les soubresauts constitutionnels de la Côte-d’Ivoire depuis la crise de


septembre 2002, témoignent, s’il en était besoin, que le constitutionnalisme est
dévalué par les décisions des organismes intergouvernementaux et notamment
les résolutions des Nation Unies.

Voir, M.O. Abie, « Décision du conseil constitutionnel…. Une lecture même


rapide de la résolution 1721 permet de constater de nombreuses incohérences.
Alors que dans le paragraphe 2 du préambule de la résolution 1721, le Conseil
de sécurité réaffirme son « ferme attachement au respect de la souveraineté, de
l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité de la Côte-d’Ivoire », le
paragraphe 8 souligne que le « Premier ministre… doit pouvoir prendre toutes
les décisions nécessaires, en toute matière, en Conseil de ministres ou en Conseil
de gouvernement, par ordonnance ou décret-loi ». On est surpris avec A.P. Mel,
que la résolution, affirmant le respect de la souveraineté et de l’intégrité de la
Côte-d’Ivoire consacrant ainsi la reconnaissance de l’autorité de sa Constitution,
attribue, au mépris de ce texte, des pouvoirs aussi importants au Premier
ministre.

 Cas du Mali

Le projet de révision constitutionnelle vise notamment à mettre en œuvre


certains engagements de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali signé
en 2015, en confiant un rôle accru aux collectivités territoriales. Seraient ainsi
mis en place des conseils régionaux élus dans les dix régions du Mali - dont
deux nouvellement créés au nord - allant de pair avec la création d'un Sénat
(chambre haute), offrant ainsi une meilleure représentativité au nord du pays,
faiblement peuplé mais très étendu. Le texte transforme le régime semi-
présidentiel en régime présidentiel où le président de la République est chargé
de la conduite de la politique de la nation, et qui nomme un Premier ministre et
un gouvernement responsables devant lui sans tenir compte du Parlement. Il
prévoit également la création d'une Cour des comptes. Il permettrait au président
de nommer un tiers des membres du Sénat, ainsi que le président de la Cour
constitutionnelle .

Alors le e référendum constitutionnel malien de 2023 est prévu en 2023 afin de


permettre à la population du Mali se prononcer sur un projet de révision de la
constitution visant à davantage de décentralisation, dans le cadre des accords de
paix de la guerre du Mali.
 Cas du benin

Au Bénin, la justice constitutionnelle a été marquée ces dernières


années du sceau de la démocratie et de la liberté. Paradoxalement, 2014 est une
année normale pour la Cour. Et pourtant, certaines des décisions rendues ces
cinq dernières années peuvent faire croire à un pic de jurisprudence [...]
Reviennent aussi les rebondissements du dossier effervescent de la révision de la
Constitution, la restriction du droit de grève des paramilitaires ou encore
l'institution d'un coefficient de revalorisation des traitements indiciaires des
agents du ministère de l'économie et des finances, etc. Mais, l'examen de la «
doctrine » de la Cour depuis sa création en 1993 invite à la modération. En effet,
quelle que soit la sensibilité des affaires soumises à la Cour, quels que soient
leur résonance en doctrine et le retentissement médiatique qu'elles ont eu, les
délibérations récentes du juge se sont bien fondues dans les grandes tendances
de sa doctrine.
CONCLUSION

En conclusion, le pouvoir de changement et modification


constitutionnelle est limité dans les pays où le contrôle de la constitutionnalité
des lois constitutionnelles est possible, car les limites qui s'imposent à l'exercice
de ce pouvoir sont sanctionnées par l'organe de contrôle de la constitutionnalité.
En conséquence, le pouvoir de changement et modification
constitutionnelle n'est pas limité, en Afrique , que par les règles de forme et de
procédure, car dans ce pays seulement le contrôle de forme des lois
constitutionnelles est possible. Quant au pays francophone , il convient de faire
une distinction. Le pouvoir de changement constitutionnelle exercé directement
par le peuple n'est pas limité, car le Conseil constitutionnel s'est déjà déclaré
incompétent pour contrôler la constitutionnalité des lois adoptées à la suite d'un
référendum. Par contre, la question de savoir si le pouvoir de de changement et
de modification constitutionnelle exercé par le Congrès du Parlement est limité
n'a pas encore de réponse du point de vue du droit positif, car la question du
contrôle de la constitutionnalité des lois constitutionnelles votées par le Congrès
du Parlement ne s'est pas encore posée au Conseil constitutionnel.

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