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L’ÉLABORATION ET LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION :

-Assez souvent le pouvoir d’élaborer une Constitution est qualifié de pouvoir


constituant originaire
-Celui de réviser une Constitution de pouvoir constituant dérivé (distinction qui
date du vingtième siècle).
-Le pouvoir constituant originaire est parfois appelé pouvoir constituant initial.
-Le pouvoir constituant dérivé est parfois qualifié de pouvoir constituant
institué ou de pouvoir constituant constitué ou autrement encore (pouvoir de
révision constitutionnelle, pouvoir d’amendement de la Constitution…).
-Dans les États ou des règles coutumières forment l’essentiel de la Constitution,
les pouvoirs constituants originaire et dérivé ne se distinguent guère car les
règles coutumières sont forgées sans formalisation au quotidien par les acteurs
politiques (et les lois touchant au domaine politique sont adoptées comme les
autres lois).
-Pour ce qui est des États à Constitution formelle, il convient de nuancer la
distinction entre l’élaboration de la Constitution et la révision de la Constitution
ainsi que la distinction entre le pouvoir constituant originaire et le pouvoir
constituant dérivé.
-Par révision de la Constitution, il faut souvent entendre suppression ou
modification ou ajout de dispositions affectant la Constitution formelle, mais
pas examen ou réexamen de celle-ci (qui s’achèverait ou non par son «
remaniement »).

Les techniques d’élaboration et de révision de la Constitution :


-Les Constitutions (formelles) naissent à des moments particuliers.
-Soit elles naissent au moment de la formation d’un État (unitaire, fédéral ou
autre).
-soit elles naissent à des moments charnières de la vie politique d’un État, par
exemple parce qu’est voulu un changement notable de régime politique, ce qui
ne peut survenir qu’en cas de crise assez grave (révolution, coup d’État…), car il
n’y a pas lieu a priori de changer de Constitution et de régime politique quand
celui-ci donne plus ou moins satisfaction.
-Pour certains auteurs l’effondrement total d’un régime politique fait
disparaître l’État et nécessite de la part de ceux pouvant fonder le nouvel État
d’élaborer une nouvelle Constitution ; ils donnent pour exemples ce qui s’est
produit en France en 1814, 1830, 1848 et 1870. Mais cette opinion n’est pas
acceptée par d’autres auteurs.
-Cette opération peut prendre plus ou moins de temps.( Par exemple : la
Convention de Philadelphie a adopté la Constitution américaine de 1787 en même pas
quatre mois, l’Assemblée constituante française élue en 1871 a mis plus de quatre ans pour
adopter les trois lois constitutionnelles formant la Constitution de la Troisième République ).

-ce que l’on tient d’ordinaires pour des Constitutions formelles naît en général
d’une façon plus ou moins autoritaire (étant entendu que l’autoritarisme en
œuvre dans le processus constituant peut se donner des apparences
démocratiques, comme ce fut le cas pour l’élaboration de la Constitution
française de l’An VIII)
-ou d’une façon plus ou moins démocratique (étant entendu aussi qu’une
Constitution adoptée démocratiquement peut être perçue comme un acte
d’autorité par les groupes minoritaires qui s’y sont opposés).
-Une Constitution peut être octroyée. (Par exemple, en France, Louis XVIII a octroyé
en 1814 une Charte à ses sujets.) Une Constitution (ou Charte) est octroyée quand
une personne (voire des personnes), monarque ou autre, consent d’elle-même
à adopter une Constitution organisatrice du pouvoir et limitatrice de son
propre pouvoir.
-Une Constitution est parfois, dit-on, négociée . Il faut entendre par là (car en
vérité toute Constitution est négociée) Constitution qui résulte d’une entente
entre une personne, roi ou autre, et les représentants de la Nation. (on parle
ordinairement en France de Charte négociée, et ce pour désigner la Charte de 1830 ).

-Dans certains cas la participation du peuple à l’opération constituante


consistera tout bonnement à élire une Assemblée chargée d’élaborer et
d’adopter définitivement la nouvelle Constitution. Cette Assemblée, appelée
Assemblée constituante ou Convention.
-Dans d’autres cas il est demandé au peuple de se prononcer au stade terminal
de l’opération constituante sur le projet de Constitution qui aura été arrêté soit
par l’Exécutif (c’est ce qui s’est passé en France en 1958), soit par une
Assemblée élue par le peuple.
Les techniques de révision de la Constitution :
La diversité est aussi présente en matière de révision de la Constitution (au
sens courant de l’expression présentée ci-dessus).
-Dans les États à Constitution coutumière, les révisions de la Constitution
peuvent résulter, entre autres, de modifications législatives (cela dit la question
de la révision dans les États à Constitution coutumière est plus complexe que
l’on ne pourrait le croire).
-Pour ce qui est des Constitutions formelles, on s’aperçoit que parfois, ce qui
cependant rare, elles ne prévoient rien concernant leur révision.
-En premier lieu, certaines Constitutions, pour diverses raisons (permettre de
consolider leur mise en œuvre initiale ou éviter qu’une majorité momentanée
ne puisse les modifier à leur avantage ou éviter toute brusquerie dans leur
révision…) ont interdit, par exemple, toute révision pendant un certain délai
après leur adoption et/ou imposé un délai entre deux révisions ou ont prévu
des délais procéduraux spécifiques ou bien encore ont interdit que ne soit
proposé pendant un certain temps une modification qui a été rejetée.
-En deuxième lieu, des Constitutions ont interdit leur révision ou la révision de
certaines de leurs dispositions sauf nécessité impérieuse (article 161 de la
Constitution malgache de 2010) ou durant des périodes perturbatrices de la vie
de l’État.
-En troisième lieu, outre que l’on peut s’interroger sur la possibilité pour le
pouvoir constituant dérivé de modifier ce qui peut paraître comme étant
fondamental dans la Constitution, des constitutions interdisent de procéder à
la modification de certains de leurs principes ou de certaines de leurs
dispositions.
-Le pouvoir d’initier la révision de la Constitution peut appartenir soit au seul
Exécutif (par exemple, l’article 44 du senatus-consulte fixant la Constitution
française de l’Empire de 1870 disposait que celle-ci ne pouvait « être modifiée
que par le peuple, sur la proposition de l’Empereur »).
-Soit au seul Législatif (aux États-Unis l’initiative appartient au Congrès et aux
Législatures des États fédérés), via un nombre plus ou moins élevé de ses
membres.
-soit, ce qui est assez fréquent, tout à la fois à l’Exécutif et au Législatif, mais
dans ce cas les initiatives du législatif n’ont en général que peu de chance
d’aboutir.
-soit du peuple (ex. : 100000 électeurs en Suisse, 150000 électeurs en Serbie et en
Biélorussie, 10% des électeurs en Uruguay ; autre exemple : la Constitution de la Macédoine
de 1991 dispose que « La proposition de modification de la Constitution… peut être
présentée par le Président de la République, le Gouvernement, par 30 députés au moins ou
par 150000 citoyens »).

-La procédure de révision peut s’arrêter au stade de l’initiative


-ou se poursuivre par une deuxième phase constituée de l’examen du projet
(ou de la proposition) de révision par une Assemblée spéciale.
-Enfin, sauf dans certains cas (notamment quand le projet ou la proposition de
révision est rejeté ou adopté définitivement par l’Assemblée ou les Assemblées
concernées ou, comme cela est déjà arrivé durant la Cinquième République
française, rien n’est fait pour la poursuite de la procédure de révision après
l’adoption par les parlementaires du projet ou de la proposition de révision), la
procédure se poursuit par une autre phase souvent qualifiée de ratification de
la Constitution.

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