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DROIT CONSTITUTIONNEL (SUITE).

CHAPITRE II : L’ENCADREMENT JURIDIQUE DU POUVOIR : LA


CONSTITUTION

La constitution renvoie à l’ensemble des règles qui déterminent la forme de


l’Etat, la dévolution et l’exercice du pouvoir.

Elle fixe donc les règles de désignation, d’organisation et de fonctionnement des


institutions étatiques.

La constitution a pour intérêt : l’encadrement juridique du pouvoir. Elle permet


de mesurer et marquer les limites à l’action des gouvernants afin de protéger les
droits fondamentaux des citoyens. M. Hauriou distinguait ainsi une constitution
politique et une constitution sociale.

Dans le présent chapitre, il s’agira d’aborder d’une part cette notion de


constitution et d’autre part la question relative à son élaboration et sa révision
qui obéit dans certains cas à une procédure spéciale.

Section 1 : La notion de constitution

La constitution revêt deux sens essentiels notamment : un sens matériel et un


sens formel.

Paragraphe 1 : La constitution au sens matériel

La définition matérielle de la constitution, prend le contenu comme objet.


Elle s’attache à l’objet, à la matière et au fond.

On définit traditionnellement la constitution au sens matériel comme l’ensemble


des dispositions « organisant les pouvoirs publics, le fonctionnement des
institutions et les libertés des citoyens » Certains ajoutent « l’organisation
territoriale », d’autres affirment qu’il s’agit « de règles juridiques les plus
imposantes ».

Mais toutes ces définitions présentent un triple inconvénient : elles sont


subjectives, circulaires et juridiquement insaisissables.

Pour H. Kelsen, tout système juridique est nécessairement hiérarchisé : la


constitution au sens matériel peut alors être définie comme « l’ensemble des
normes de production de normes générales et abstraites ».

Paragraphe 2 : La constitution au sens formel

La définition de la constitution au sens formel s’attache à la forme c’est-à-dire


au processus d’élaboration.

Selon la théorie de la hiérarchie des normes, chaque procédure spécifique définit


une forme juridique ou une catégorie normative. Il existerait une forme
constitutionnelle s’il existe une procédure spécifique déterminant des normes
explicitement qualifiées de « constitutionnelle ».

Au Gabon, la constitution formelle est introduite, non parce qu’elle s’appelle


constitution du 26 mars 19911, mais parce que ce texte contient un titre XII, « de
la révision » qui détermine une procédure spécifique et renforcée par rapport à la
procédure législative ordinaire.

1
- Depuis la transition du 30 août 2023, l’ordre constitutionnel a été dissout ; Le Gabon étant à présent régi par
une Charte de la transition. Toutefois, les dispositions de la Constitution du 26 mars 1991 qui ne sont pas
contraires à la Charte.
Section 2 : L’élaboration et la révision de la constitution

Dans la présente section, nous examinerons succinctement ses deux points,


d’abord l’élaboration, avant la révision de la constitution.

Paragraphe 1 : L’élaboration de la constitution

I. La notion de pouvoir constituant originaire

Le pouvoir constituant originaire est le pouvoir d’établir les règles


constitutionnelles.

Il s’agit d’élaborer un texte constitutionnel qui va fonder le nouvel ordre


juridique. C’est pourquoi il faut supposer que l’ordre juridique antérieur a
disparu ou est devenu caduc et que l’on se trouve devant un vide juridique.

Il peut se produire en diverses circonstances :

- Après une révolution ;


- En cas de résurrection d’un Etat que l’on a pu croire un moment
disparu.2

II. La mise en œuvre du pouvoir constituant originaire

2
- Cas de l’Allemagne de l’Ouest après la défaite de 1945, lorsqu’elle a adopté la loi fondamentale du 23 mai
1949.
A- L’élaboration non démocratique : la charte octroyée

Les modes d’élaboration non démocratique sont ceux qui confient l’exercice du
pouvoir constituant au chef, au monarque, au dictateur ou encore à un groupe.

Dans le contexte ici présent, l’élaboration de la constitution exclut toute


participation populaire ; c’est le système de la charte octroyée3.

B- L’élaboration mixte : La charte négociée

Dans ce système, le pouvoir constituant est exercé conjointement par le


monarque et le peuple4.

C- L’élaboration démocratique

Les modes d’élaboration démocratique sont ceux qui confient à une assemblée
élue par l’ensemble des citoyens, le soin d’élaborer la constitution.

Paragraphe 2 : La révision de la constitution

Les constitutions n’étant point immuables, elles doivent évoluer avec la société.

I. Le pouvoir constituant dérivé

A- La notion de pouvoir constituant dérivé

3
- Cas de la charte octroyée de 1814 en France.
4
- Cas de l’élaboration de la constitution de 1958. Le Général De Gaulle ayant obtenu l’accord de la classe
politique, du parlement et de la nation sur les grandes lignes du nouveau texte, le fit préparer par un groupe
d’expert avant de le soumettre au referendum.
Il s’agit du pouvoir de modifier la constitution entendue au sens formel.

Aujourd’hui, la constitution n’est plus considérée comme un texte intangible.

Il existe dans le contexte ici présent deux types de révisions :

- Les révisions destinées à corriger les dysfonctionnements des institutions ;

- Les révisions consistant à remettre l’ordre et la cohérence entre les


dispositions constitutionnelles.

B- Constitution souple et constitution rigide

- La constitution souple est celle qui peut être révisée par les organes et
selon la procédure servant à l’adoption des lois ordinaires. La suprématie
de la constitution n’est alors qu’un mot car il n’y a pas de différence entre
les lois constitutionnelles et celles ordinaires. Elles s’identifient et se
situent à la même place dans la hiérarchie des normes.

Ainsi, les constitutions coutumières5 sont presque toujours souples, tandis


que celles écrites ne le sont que très exceptionnellement.

- La constitution rigide est celle qui ne peut être révisée que par un organe
distinct et selon une procédure distincte de la procédure législative
ordinaire. C’est le cas de la constitution gabonaise du 26 mars 1991.

II. La mise en œuvre du pouvoir constituant dérivé

A- Les organes

5
- Exemple de la constitution de la Grande Bretagne.
Il existe une grande variété de situations possibles, qu’on peut ramener à deux
catégories avec des nombreuses variantes.

- Dans la première catégorie, ce sont les représentants élus qui sont


investis, seuls et de manière exclusive, du pouvoir constituant dérivé ;

- Dans la seconde catégorie, ce sont d’une part les représentants élus,


d’autre part, soit le peuple, qui se prononce par voie référendaire, soit
dans les Etats fédéraux, les Etats fédérés qui se prononcent par le biais de
leurs chambres.

B- Les procédures

Elles se résument à l’initiative, la révision et les limites.

D’abord, l’initiative appartient le plus souvent soit aux organes exécutifs, soit
aux organes parlementaires. Le plus souvent elle est reconnue aux deux
conformément aux dispositions de l’article 116 de la constitution gabonaise.

Ensuite, la révision est adoptée par une convention spécialement élue soit par les
assemblées parlementaires, par le peuple ou par les Etats membres6.

Enfin pour ce qui est des limites à la révision, la constitution peut contenir des
dispositions interdisant certaines modifications. Ces interdictions peuvent
concerner la forme ou le fond.

- Les interdictions relatives à la forme peuvent tenir aux délais dans


lesquels la procédure peut être entamée, aux circonstances dans lesquelles
elle peut avoir lieu ou à la procédure ;

6
- CF, article 5 de la constitution américaine.
- Les interdictions relatives au fond, concernent certains points qui ne
peuvent faire l’objet d’une modification. L’article 117 de la constitution
gabonaises dispose que « la forme républicaine de l’Etat ainsi que le
caractère pluraliste de la démocratie sont intangibles et ne peuvent faire
l’objet d’aucune révision ».

Mais ces interdictions ne sont pas vraiment contraignantes.

Il existe une autre théorie qui prétend limiter le pouvoir constituant dérivé. C’est
celle de la supra-constitutionnalité. La constitution proprement dite comprend
des principes fondamentaux de l’Etat. Le pouvoir constituant dérivé ne peut
modifier ces principes.

Section 3 : L’effectivité de la suprématie de la constitution : le principe de


constitutionnalité

Paragraphe 1 : La signification du principe

C’est à Louis Favoreu que l’on doit cette notion de principe de


constitutionnalité. Ce principe signifie que seule une loi constitutionnelle peut
déroger à une loi constitutionnelle.

Ce principe est indissociable de la justice constitutionnelle.

Il a été consacré tardivement dans les pays européens. A cause du


légicentrisme : la loi est placée au centre du système juridique et véhicule les
valeurs essentielles du droit.

En France, il a fallu attendre la constitution de 1958 avec la mise en place d’une


juridiction constitutionnelle, le conseil constitutionnel pour que ce principe soit
affirmé. Mais il ne devient réellement effectif qu’avec les premières décisions
invalidant les lois pour inconstitutionnalité.

La décision du CC du 8 août 1985 évolution de la nouvelle Calédonie, contient


l’affirmation la plus nette du principe de constitutionnalité. Dans cette décision,
la haute juridiction française affirme sous la plume du doyen Vedel rapporteur,
que « la loi n’exprime la volonté générale que dans le respect de la
constitution ».

Paragraphe 2 : La portée du principe : la notion de bloc de constitutionnalité.

C’est Louis Favoreu qui a aussi consacré cette notion. Le bloc de


constitutionnalité, c’est l’ensemble des normes de référence du contrôle de
constitutionnalité ; c’est-à-dire les normes à l’aune desquelles le juge
constitutionnel contrôle la constitutionnalité des normes infra constitutionnelles.

Pour établir le rapport de constitutionnalité c’est-à-dire la relation de


subordination entre la constitution et la loi, la juridiction constitutionnelle
s’appuie sur ledit bloc.

Le contenu du bloc de constitutionnalité diffère selon les pays.

En France, depuis la décision liberté d’association du 16 juillet 1971, il


comprend outre la constitution stricto sensu, son préambule qui renvoie : au
préambule de de la constitution de 1946, la DDHC de 1789 et la Charte de
l’environnement adossée à la constitution.

Au Gabon, le bloc de constitutionnalité renvoie selon la première décision de la


cour constitutionnelle du 28 février 1992, CNC, à la Constitution et son
préambule composé de la DDHC de 1789, la DUDH de 1948, la Charte
Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, et la Charte Nationale des
Libertés de 1990. Elle a été enrichie en intégrant : les principes et objectifs de
valeur constitutionnelle, les lois organiques et les règlements des assemblées.
CHAPITRE III : LE CONTROLE JURIDIQUE DU POUVOIR : LA
JUSTICE CONSTITUTIONNELLE

Section 1 : Les modèles de justice constitutionnelle (Sujet de recherche).

Section 2 : Le système gabonais de justice constitutionnelle

Paragraphe 1 : La cour constitutionnelle

I. La composition

La cours constitutionnelle est composée de 9 membres qui portent le titre de


juge constitutionnel. Les anciens présidents de la République sont membres de
droit avec voix délibérative.

Les neuf (9) membres nommés de la Cour Constitutionnelle étaient, avant la


transition du 30 août 2023, désignés comme suit :

- trois (3) par le Président de la République, dont le Président ;

- trois (3) par le Parlement, à raison de deux (2) par l'Assemblée Nationale et un
(1) par le Sénat ;

- trois (3) par le Conseil Supérieur de la Magistrature.

Ils étaient nommés pour un mandat de 9 ans non renouvelable. Chaque autorité
de nomination devait désigner au moins deux juristes dont un magistrat.

A l’heure actuelle, tous les juges constitutionnels sont nommés par le


Président de la transition.
II. Le statut

Il s’agit ici non seulement du statut de l’institution mais aussi des membres.

A- Le statut de l’institution

Cette dernière bénéficie d’une double autonomie qui permet d’assurer son
indépendance :

-Une autonomie administrative qui suppose que la juridiction


constitutionnelle dispose d’une administration autonome par rapport à celle du
pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Cela suppose aussi l’existence d’un
siège de l’institution distinct et séparé, d’un ensemble d’expert et d’agents
administratifs nommés et rémunérés directement par l’institution, des moyens
bibliographiques et techniques adaptés aux missions des juridictions
constitutionnelles.

-Une autonomie financière qui implique que la juridiction constitutionnelle


établit librement son budget et l’exécute de manière autonome par un comptable
placé sous la responsabilité du président de l’institution. L’article 93 de la
constitution dispose que « la cour constitutionnelle jouit de l’autonomie de
gestion financière. Les crédits nécessaires à son fonctionnement sont inscrits
dans la loi de finances. »

B- Le statut des membres :

Le statut des membres de la cour constitutionnelle doit assurer leur


indépendance. Cette indépendance n’est assurée que lorsque sont réunies des
conditions tenant essentiellement au mandat des membres, notamment la
nomination pour un mandat long et le caractère non renouvelable de celui-ci.

Or, si les juges constitutionnels sont effectivement nommés pour un mandat


long (9 ans), et le caractère non renouvelable de celui-ci constitue une garantie à
leur indépendance.
Par ailleurs, l’immunité de juridiction des membres consacrée par la loi
organique relative à la cour constitutionnelle permet de garantir aussi leur
indépendance.

Paragraphe 2 : Le contentieux constitutionnel

I. Le contentieux des institutions

La cours constitutionnelle est chargée de veiller à l’authenticité des


manifestation de volonté du souverain à l’occasion du contrôle de la régularité
des élections présidentielles, locales et des opérations de référendum
conformément aux dispositions de l’article 84 de la constitution gabonaise.

Elle est également compétente pour connaitre du contentieux de la division


horizontale7 des pouvoirs.

II. Le contentieux des normes

C’est le contentieux le plus important. Il consiste au contrôle de


constitutionnalité des normes infra- constitutionnelles exercé par le juge
constitutionnelle notamment sur :

- Les traités internationaux avant leur entrée en vigueur ;


- Les lois organiques avant leur promulgation ;
- Les lois ordinaires ;
- Les règlements des assemblées, du CNC, et du CES avant leur mise en
application ;
- Les actes réglementaires censés portés atteinte aux droits fondamentaux.

Le contrôle revêt un caractère abstrait car il se fait en dehors de tout litige,


déclenché par les autorités politiques et parfois aussi par les citoyens.

7
- Des conflits d’attribution entre les organes de l’Etat.
Toutefois, ce contrôle abstrait coexiste avec un contrôle concret, par voie de
question préjudicielle.

III. Le contentieux des libertés

C’est l’une des fonctions fondamentale de la juridiction constitutionnelle


aujourd’hui. Etant donné que la justice constitutionnelle se conçoit difficilement
aujourd’hui sans ce contentieux phare.

La justice constitutionnelle est associée à la protection des libertés fondamentale


depuis que la cour suprême est apparue aux Etats-Unis comme le défenseur des
libertés fondamentales surtout après la seconde guerre mondiale. Cependant, H.
KELSEN n’avait pas envisagé cette fonction de la justice constitutionnelle.

Cette fonction de la cours est prévue par l’article 83 de la constitution qui


dispose que la cour constitutionnelle garantit les droits fondamentaux de la
personne humaines et les libertés publiques.

Cependant, il nous convient de préciser que cette protection des libertés


fondamentales par le juge constitutionnel est assurée essentiellement par le
contrôle de constitutionnalité de la loi.

Paragraphe 3 : Le procès constitutionnel

I. La saisine

La saisine du juge constitutionnelle peut se faire selon trois voies possibles.

D’abord, à l’initiative des autorités publiques à l’occasion d’un contrôle abstrait.


Il s’agit :

- Du Président de la République ;
- Du Premier ministre ;
- Les présidents des assemblées ;
- Les parlementaires, 1/10 des parlementaires ;
- Les présidents de la cours de cassation, du Conseil d’Etat et de la Cours
des comptes8.

Ensuite, la Cour constitutionnelle peut être saisie sur renvoie des tribunaux, par
voie de question préjudicielle conformément aux dispositions de l’article 86 de
la constitution gabonaise.

Enfin, la Cour constitutionnelle peut être saisie par les individus par voie
d’action prévue à l’article 85 de la même constitution.

II. L’instance

A la différence de la saisine dont les modalités principales sont fixées par l a


constitution, le déroulement de l’instance n’est pas prévu par celle-ci qui renvoie
à la loi organique.

Le déroulement de l’instance commence généralement avec l’instruction et la


nomination d’un rapporteur.

Les parties sont invitées à échanger par écrit leurs arguments ; ce qui attache au
déroulement de l’instance un caractère contradictoire.

Jouxtons à cela le fait que la plupart des affaires sont jugées sans audience
publique. Cependant, en matière électorale, les débats peuvent être publics et les
décisions peuvent être prononcées en audience publique9.

III. Le jugement

Les jugements de la Cour constitutionnelle sont des décisions.

8
- Article 85 de la constitution gabonaise.
9
- L.O relative à la Cour constitutionnelle.
La Cour délibère à huis clos à partir du rapport établi par le juge rapporteur. Le
vote est secret.

Le jugement est rédigé selon le modèle français du viscondi avec des visas, des
motifs et un dispositif.

Les décisions ont un effet absolu de la chose jugée conformément aux


dispositions de l’article 92 de la constitution.

CHAPITRE IV : LA SEPARATION DES POUVOIRS

La séparation des pouvoirs est une technique constitutionnelle consistant à


attribuer chaque fonction de l’Etat à un organe étatique distinct.

Ce principe de technique constitutionnelle a pour intérêt, d’éviter le despotisme


et à garantir la liberté. Il est lié à la nécessité de limiter la monarchie absolue.

Aujourd’hui, ce principe est un des critères principaux de reconnaissance des


démocraties libérales.

Section 1 : Le principe de séparation des pouvoirs

Paragraphe 1 : L’apparition du principe

L’acte de naissance du principe de séparation des pouvoirs est l’œuvre de


deux principaux auteurs que sont : J. LOCKE et MONTESQUIEU.

D’abord, LE SECOND ESSAI SUR LE GOUVERNEMENT CIVIL DE J.


LOCKE, publié en 1690. Selon LOCKE, il convient de distinguer 3 pouvoirs
dans l’Etat : le législatif, l’exécutif et le fédératif ; à ce dernier revient la tâche
de conduire la diplomatie.
Ensuite, dans son ouvrage intitulé « DE L’ESPRIT DES LOIS », publié en
1748, MONTESQUIEU développe le principe formulé par LOCKE. Pour lui,
le gouvernement modéré ne peut résulter que de la séparation des pouvoirs.

Il distingue 3 pouvoirs (ou puissance) séparés : le législatif qui fait les lois,
l’exécutif qui applique de manière générale et le judiciaire qui les applique de
manière particulière.

MONTESQUIEU remplace le pouvoir fédératif de LOCKE par le pouvoir


judiciaire et établit le lien entre séparation des pouvoirs et garantie des droits
comme condition d’existence d’une constitution effective.

Ainsi, l’article 16 de la DDHC de 1789 dispose que « Toute société dans


laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs
déterminée, n’a point de constitution. »

Paragraphe2 : Les modèles de séparation des pouvoirs

Deux modèles peuvent être distingués notamment ceux fondés sur la


séparation des pouvoirs et ceux fondés sur la concentration des pouvoirs.
Cependant, nous n’examinerons que les premiers.

En ce qui concerne donc les modèles fondés sur une séparation des pouvoirs,
on distingue :

I. La séparation souple des pouvoirs : le régime parlementaire.

Le régime parlementaire implique une séparation souple des pouvoirs reposant


sur deux principes :
- La collaboration fonctionnelle qui signifie que chacun des pouvoirs peut
être amené à participer à la fonction exercée par l’autre. Le gouvernement
peut disposer de l’initiative des lois et le parlement contrôler l’action du
gouvernement.

- L’équilibre organique suppose la possibilité pour chaque pouvoir de


remettre en cause l’existence de l’autre grâce aux moyens d’action
réciproques. L’exécutif dispose du droit de dissolution et le législatif peut
mettre fin, par le biais de la responsabilité ministérielle.

Le régime parlementaire suppose sur le plan institutionnel, un exécutif


bicéphale.

Il est important de relever qu’il existe plusieurs types de régimes


parlementaires. La summa divisio oppose : le régime parlementaire moniste et
celui dualiste ou orléaniste.

II. La séparation stricte des pouvoirs : le régime présidentiel

Le régime présidentiel est né aux USA avec la constitution de 1787. Le


système politique mis en place repose sur la séparation rigide des pouvoirs.
Celle-ci se caractérise :

- d’une part, par une spécialisation fonctionnelle ;


- d’autre part, par une indépendance organique impliquant l’absence de
moyens d’action réciproque susceptibles de remettre en cause l’existence
de tel ou tel organe législatif ou exécutif.

L’exécutif est monoséphale.


Il existe aussi des modèles fondés sur la concentration des pouvoirs
notamment les régimes de dictature traduisant la concentration des pouvoirs au
profit d’un homme ou d’un parti ; il s’agit des régimes dits autoritaires ou
totalitaire.

Section 2 : La pratique de la séparation des pouvoirs

Paragraphe 1 : La collaboration des pouvoirs en régime présidentiel

I. Les moyens d’action du président sur le congrès

Ces moyens sont nombreux mais les plus importants sont :

- Le message au congrès : le message sur l’état de l’union présenté au


congrès au début de chaque année constitue véritablement aujourd’hui un
programme législatif.
- Le droit de veto : en matière législative consacré par l’article I, section
VII de la constitution de 1787, permet au président de s’opposer à l’entrée
en vigueur d’une loi votée par le congrès. Cependant, il s’agit d’un veto
suspensif et non absolu.
- Le président exerce un pouvoir général d’influence sur le congrès.
- Le président peut s’appuyer sur l’opinion publique pour influencer le
congrès.

II. Les moyens d’action du congrès sur le président


De manière générale, l’exécutif a besoin du congrès qui doit lui accorder les
moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre de son action politique.

Le congrès intervient également en matière internationale et militaire.

Le congrès intervient en outre, en matière de nomination aux emplois


fédéraux. Ainsi, le sénat dispose d’une prérogative de confirmation de
nomination proposée par le président.

Enfin, la constitution des USA prévoit une procédure d’Impeachment visant


le président, vice-président, et tous les fonctionnaires civiles ou juges fédéraux.

Paragraphe 2 : La collaboration des pouvoirs en régime parlementaire

Le contrôle parlementaire effectif constitue une première limitation à la


toute-puissance de l’exécutif.

L’autorité du premier ministre dépend de la confiance de son parti ; si cette


confiance disparait, il est obligé de démissionner.

CHAPITRE V : LA PARTICIPATION DES CITOYENS A L’EXERCICE


DU POUVOIR : LA DEMOCRATIE

Section 1 : Le fondement de la démocratie

Définition : Traditionnellement, on définit la démocratie comme le


gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. La démocratie repose
donc sur le principe selon lequel le pouvoir appartient au peuple et est exercé par
lui, selon les explications de Louis Favoreu.

Paragraphe 1 : Les formes de démocratie

I. La démocratie représentative

C’est la forme la plus répandue de démocratie. Dans la conception française, elle


découle du concept de souveraineté nationale. D’une manière générale, le
système représentatif repose sur le postulat que le peuple ne peut matériellement
exercer lui-même la souveraineté et qu’il est alors nécessaire de confier à des
représentant le soin de décider pour lui au nom de la Nation.

Initié par Montesquieu, dans son ouvrage L’Esprit des lois (1748), repris par
l’abbé Sieyes en 1789, ce système a été consacré pour la première fois en France
dans la Constitution de 1791. Mais, on est loin, ici, de la démocratie, les
représentants de la Nation étant le Roi et le corps législatif élu au suffrage
censitaire.

Ce n’est qu’au XIX siècle, que se mettra véritablement en place la démocratie


représentative grâce à la généralisation de l’élection des représentants au
suffrage universel.

Ainsi, la démocratie représentative repose donc sur une notion empruntée au


droit romain et connue de notre droit civil : le mandat, c’est-à-dire le titre par
lequel le peuple confie aux représentants le pouvoir de gouverner et de décider
en son nom. Le mandat est d’abord représentatif ; le mandat est ensuit collectif.

II. La démocratie directe ou semi-directe

A. La notion
La démocratie directe est la forme la plus pure de démocratie. Il s’agit, en effet,
du régime dans lequel le peuple exerce directement la souveraineté,
conformément à la notion de souveraineté populaire. Chaque citoyen dispose
ainsi d’une parcelle de souveraineté et peut diriger lui-même les affaires de
l’Etat sans avoir recours à des représentants.

Ainsi définie, la démocratie directe apparait comme un mythe dont la mise en


œuvre concrète est impossible. Même Jean Jacques Rousseau qui préconisait ce
système dans Le Contrat social (1762) reconnaissait qu’il était inapplicable en
pratique.

D’ailleurs, on ne connait pas d’exemple d’application véritable de ce système.


La démocratie directe athénienne dans l’antiquité qui permettait aux citoyens de
voter les lois sur l’Agora de la Cité n’était qu’illusoire, une petite minorité de
personne seulement disposant de la qualité de citoyen.

B. Les techniques

Ces techniques débouchent toutes sur l’organisation d’un référendum, d’une


votation, qui permet au peuple de décider lui-même.

Pour essayer de présenter clairement ces techniques on peut les classer en


fonction de leur domaine et en fonction du système d’initiative.

1. Distinction selon le domaine

D’abord, le référendum constitutionnel. C’est de loin le plus répandu. Il se


justifie par l’idée que la Constitution est une sorte de contrat social dont la
modification exige le consentement des citoyens. Si bien que dans de nombreux
pays le référendum est obligatoire pour réviser la Constitution (Suisse, Autriche,
Irlande, Australie, Espagne). Dans d’autres pays, il n’est que facultatif comme
en Allemagne, en Italie, en France.

Ensuite, le référendum législatif. Il vise à permettre au peuple d’adopter


directement une loi.

2. Distinction selon le système d’initiative

D’abord, sur l’initiative des autorités publiques.

Le Parlement peut être à l’origine du référendum, et apprécier lui-même son


opportunité.

Le pouvoir exécutif peut lui aussi initier des référendums.

Ensuite, sur l’initiative populaire. Le référendum d’initiative populaire peut


être déclenché par un certain nombre de citoyens.

Section 2 : Le droit de suffrage

Paragraphe 1 : L’électeur

A. Les titulaires du droit de vote


- Le suffrage restreint ;
- Le suffrage universel (direct ou indirect).

B. Les caractères du droit de vote

1. L’égalité du suffrage

2. Suffrage direct ou indirect

C. Les modalités du droit de vote

- Le vote secret ;
- Le vote facultatif ou obligatoire;
- Le vote personnel : chaque électeur doit voter lui-même.

Paragraphe 2 : L’élection

A. Le cadre : le découpage électoral

B. Les modalités de scrutin

1. Le scrutin majoritaire

- Le scrutin majoritaire à un tour ;


- Le scrutin majoritaire à deux tours.
2. Le scrutin à la représentation proportionnelle

3. Les modes de scrutin mixtes

C. La campagne électorale

D. Le contentieux électoral

Paragraphe 3 : L’élu

Travaux Dirigés

Thème 1 : La démocratie (au Gabon)

Thème 2 : L’Etat de droit (au Gabon).

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