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Section 4.

Les situations de crise dans la société

Les oppositions peuvent être d’origines diverses :

-Externes : difficultés de relations entre la sté et les tiers.

-Internes : divergences entre les acteurs de la sté, conflit au sein d’un même organe social,
comme entre les associés réunis en AG en cas d’abus de droit de vote.

La vie de la sté peut être ponctuée de crises, entre associés, entre dirigeants et associés, avec
les tiers, qui peuvent être politiques, juridiques ou encore éco susceptibles d’entraîner sa
disparition. Le droit des sté prévoit des mécanismes de résolution des crises internes dont la
mise en œuvre sera faite en fonction de la boussole de l’intérêt social.

En cas d’impossibilité de résoudre la crise à l’amiable c’est au juge de trancher le conflit


devenu litige et le juge référé peut être saisi dans tous les cas d’urgence :

-Ordonnance sur requête sans la présence de la partie adverse.


-Ordonnance en référé avec présence de la partie adverse.
-Le référé injonction.

Idée contemporaine : la prévention, le règlement amiable, l’intervention su juge en amont


pour forcer l’exécution, au lieu d’être saisi a posteriori pour constater une inexécution des
obligations.

Le droit de vote est un droit fondamental de tout associé, ce qui n’en autorise pas pour autant
un usage discrétionnaire. L’intérêt social peut être bafoué en cas d’abus de leur droit de vote
par les associés, qu’ils soient majoritaires, minoritaires ou égalitaires.

§1. L’abus de droit de vote des associés (crise politique) (TD8 et 9)

Le droit de vote est un droit fondamental de tout associé, ce qui n’en autorise pas pour autant
un usage discrétionnaire. L’intérêt social peut être bafoué en cas d’abus de leur droit de vote
par les associés, qu’ils soient majoritaires, minoritaires ou égalitaires.

Quand l’abus est là, l’affectio societatis n’y est plus. En sté, abuse qui peut… y compris les
faibles (associés minoritaires) et les égalitaires et a fortiori les majoritaires.

C’est par un arrêt du 18/04/1961 que la Ccass a défini pour la 1ère fois l’abus de majorité en
application de la théorie civilité de l’abus. Ce n’est que dans un 2 nd tps, que les juges ont
dessiné les ébauches des abus de minorité, puis d’égalité.
Il convient de rechercher quelles sont les conditions de sa constitution et celles de sa
répression. En effet, ni le Cciv ni le Code de com. ne comportent de dispositions relatives à
ces abus de droit de vote par les associés.

Ce sont donc les juges qui ont construit un système de lutte en se fondant sur des concepts
généraux tels que l’intérêt social, l’intérêt commun des associés, le droit commun de
responsabilité délictuelle, ou encore l’administration provisoire par une tiers.

Quoi qu’il en soit, qualification et sanctions doivent rester exceptionnelles sous peine de
dénier tout pvr d’opposition constructive aux associés minoritaires ou égalitaires. Il en va du
respect de l’éthique, de la déontologie et de la démocratie en droit des sté.

1) L’abus de majorité

L’abus de majorité se conçoit aisément. Dans une démocratie ce que constitue en ppe une sté
c’est la majorité qui l’emporte. Or il est facile pour le fort d’obliger le faible (ex : si la
décision du 1er est excessive, prise en violation de l’intérêt de la sté et à des fins purement
personnelles, en contrariété avec l’intérêt commun des associés, elle pourra être sanctionnée
sur le fondement de l’abus).

a) Les conditions constitutives de l’abus de majorité

Selon la Ccass, il y a abus de majorité lorsque la résolution litigieuse est prise contrairement à
l’intérêt social et dans l’intérêt des membres de la majorité au détriment des membres de la
minorité (Com. 18/04/1961 : en l’espèce, q° de la mise en réserve des dividendes au détriment
des minoritaires).

Déf° abus de majorité : Toute résolution prise contrairement à l’intérêt général de la sté, et
dans l’unique dessein de favoriser les membres de la majorité au détriment des membres de la
minorité (ex : vente d’actifs à une sté tierce composée par les majoritaires pour un prix très
inférieur à la valeur réelle ce qui appauvrit).

La sanction est svt l’annulation de la délibération abusive (prescription de 3 ans) à compter du


jour où la nullité est encourue (art. L. 235 du Code de com). Il peut aussi y avoir mise en jeu
de la responsabilité des majoritaires fautifs condamnés à verser des DI en réparation des
préjudices causés (prescription de 5 ans).

En cas de mésentente très grave il peut y avoir une sanction de dissolution de la sté.

2) L’abus de minorité

L’abus de minorité peut étonner davantage. Comment un faible peut-il abuser dans sa position
d’infériorité ? C’est que la puissance du fort est concurrencée par la "tyrannie" du faible.
Lorsque la prise de décision suppose l’acceptation d’une majorité qualifiée, les minoritaires
entrent en scène et gagnent un pvr de contestation, qui peut s’avérer paralysant. Plus encore,
l’abus de minorité est à la portée d’un associé lorsque l’unanimité est requise.

Or, si s’opposer est permis, harceler ne l’est pas. L’identification de l’abus de minorité est
intervenue en jurisprudence et un doctrine dans les années 80.
La notion d’abus de minorité dégagée à partir de 1986.

Soit les minoritaires intentent une action en justice abusive, soit ils obtiennent un vote par
surprise en l’absence d’une représentation suffisante de la majorité.

La Ccass, par un arrêt de ppe du 04/03/1986, a consacré pour la 1ère fois ce dernier cas
d’abus de minorité positif sur le fondement des éléments constitutifs de l'abus de majorité et
prononcé la nullité de la décision jugée abusive.

En 2nd lieu, le cas jurisprudentiel le plus fréquent concerne l'abus de minorité négatif, lsq les
minoritaires maintiennent, de force, le statut quo. Cette "minorité de blocage" peut être
abusive. Ce type d'abus négatif a été défini pour la 1ère fois par l’arrêt Six de la Ccass du
15/07/1992 qui, pour refuser sa caractérisation, invoque et précise les 2 critères de l'abus de
majorité puisqu'elle exige une atteinte à "l’intérêt général de la société", par le blocage d'une
opération "essentielle à la société", dans "l’unique dessein de favoriser ses propres intérêts au
détriment de l'ensemble des autres associés".

Par un nouvel arrêt très commenté rendu l'année suivante, arrêt Flandin du 09/03/1993, la
Ccass considère une nouvelle fois que la preuve de l’abus de minorité n’est pas rapportée au
regard des 3 éléments constitutifs précités dans le cas de minoritaires qui s’étaient opposés à
l’augmentation du capital à 50 000€ francs d’une SARL conformément aux nouvelles
dispositions légales.

La sanction ? Les juges ne peuvent pas forcer la vote d’une décision mais désigner un
mandataire qui votera… dans le sens du juge… Les majoritaires peuvent aussi engager la
responsabilité contractuelle des minoritaires en cas de préjudices (prescription 5 ans).

3) L’abus d’égalité

L’abus d’égalité n’est autre qu’une catégorie d’abus de minorité en ce qu’il aboutit le plus
souvent à bloquer, lui aussi, la prise de décision et est soumis au même régime juridique.

L’abus d’égalité a été défini dans un 3ème tps.

Le dvlpt de causes d’exonération :

Quand bien même les 3 éléments précédemment évoqués seraient rapportés par les
demandeurs, l'abus sera rejeté en cas de faute commise par le demandeur qui conteste le vote.
C'est ainsi que par un arrêt du 27/05/1997, la ch.com a refusé la sanction d'un abus de
minorité, en raison d'un défaut d'information, le minoritaire n'ayant pas été mis en mesure de
voter de manière éclairée à une augmentation de capital social d'une société en difficulté.

En définitive, les défendeurs vont pouvoir s'exonérer en prouvant au juge la violation de la


loi, des statuts ou la commission d'une faute de gestion qui les a empêchés de voter pour
l'opération indispensable a la survie.

La faute du demandeur chasse l'abus du défendeur. C'est bien la bonne ou la mauvaise foi des
parties dans l'exercice de leurs droits que doivent rechercher les juges pour sanctionner ou non
l'abus.

§2. L’intervention de tiers pour la résolution des crises

Quand un acte de gestion est contraire à l’IS, il contrevient aux intérêts de l’entreprise et des
tiers partenaires. Le juge peut alors intervenir pour nommer un tiers pour résoudre la crise
pour donner les informations nécessaires aux acteurs interne pour la résoudre.

A) Les mesures de prévention des crises

Dans un souci de transparence, le droit des sociétés a dvp les droits à l’information. Quand les
informations ne sont pas transmises ou qu’elles évoquent des difficultés, un tiers peut être
nommé dans la société (un expert de gestion), pour qu’une expertise de gestion ou une
expertise in futurum soit faite.

-L’expertise de gestion (supra) = mécanisme du droit des stés pour les stés par actions et les
stés hybrides (SA, SCA, SAS, SARL).

-Les mesures d’instruction in futurum = mécanisme de droit commun (art. 145 CPC).

Cet art. prévoit que « s’il existe un motif légitime de conserver ou d’établir avant tout procès
des faits dont pourrait dépendre la solution d’un litige, les mesures d’instruction légalement
admissibles peuvent être ordonnées à la demande de tout intéressé, sur requête ou en référé ».

L’expertise in futurum est également appelée expertise préventive ou référé probatoire.

Cette action permet de rassembler ou conserver des preuves avant toute procédure par
demande sur requête ou en référé.

La désignation d’un expert un futurum est plus facile à obtenir que l’expert de gestion, la 1 ère
action étant ouverte à toute personne qui rapporte un intérêt légitime à conserver ou établir
toute preuve, avant l’engagement d’une procédure. Donc elle est ouverte à tous, y compris
aux tiers.
Surtout, cette expertise est possible toute les sociétés et pas seulement dans les SARL et les
sociétés par actions.

L’expertise in futurum n’est pas subsidiaire à l’expertise de gestion selon la Cass : Com., 24
juin 2020.

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