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Cour d'appel de Paris - Pôle 05 ch.

11 - 15 mars 2019 - n° 16/25909

TEXTE INTÉGRAL

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

Copies exécutoires RÉPUBLIQUE FRANÇAISE délivrées aux parties le : AU NOM DU PEUPLE

FRANÇAIS

COUR D'APPEL DE PARIS

Pôle 5 - Chambre 11

ARRÊT DU 15 MARS 2019

(n° , 8 pages)

Numéro d'inscription au répertoire général : N° RG 16/25909 - N° Portalis 35L7- V B7A B2JF5

Décision déférée à la Cour : Jugement du 09 Juin 2015 - Tribunal de Commerce de Lille - RG n°

2014005773

APPELANTE

Société HURRA COMMUNICATIONS GMBH, société de droit allemand

prise en la personne de ses représentants légaux

Wollgrasweg 27
70599 Suttgart, ALLEMAGNE

assistée de Me Julien LACKER de l'AARPI GOMIS & LACKER AVOCATS, avocat au barreau de

PARIS, toque : C1398

INTIMEE

Société CONRAD ELECTRONIC

prise en la personne de ses représentants légaux

Lieu dit Rue du Hem - Zone Commerciale Englos les Géants

TSA 72001

59458 LOMME

N° SIRET : 350 082 632 (Lille)

représentée par Me Samuel ROTHOUX de l'AARPI LHJ avocats, avocat au barreau de PARIS, toque

: A1005

assistée de Me Jean LECLERCQ, avocat plaidant du barreau de LILLE, toque : 280

COMPOSITION DE LA COUR :

L'affaire a été débattue le 24 Janvier 2019, en audience publique, devant la Cour composée de :

Madame Michèle L.S., Présidente de la chambre

Madame Françoise BEL, Présidente de chambre

Madame Agnès COCHET MARCADE, Conseillère

qui en ont délibéré

Un rapport a été présenté à l'audience dans les conditions prévues à l'article 785 du code de procédure

civile.

Greffier, lors des débats : Madame Saoussen HAKIRI


ARRÊT :

- contradictoire,

- par mise à disposition de l'arrêt au greffe de la Cour, les parties en ayant été préalablement avisées

dans les conditions prévues au deuxième alinéa de l'article 450 du code de procédure civile.

- signé par Madame Michèle L.S., Présidente et par Madame Cyrielle BURBAN, Greffière, présente

lors de la mise à disposition.

Faits et procédure,

Le 19 juin 2009, la société HURRA COMMUNICATIONS GMBH (ci après HURRA) a conclu

avec la société CONRAD ELECTRONIC (ci après CONRAD) un contrat de coopération ayant pour

objet l'optimisation de la visibilité des pages internet des produits de cette dernière, notamment via la

création de pages intermédiaires modèles. Ledit contrat prévoyait que la société HURRA serait

rémunérée de 7,10 euros par commande générée.

Par lettre recommandée avec accusé de réception du 6 mai 2011, la société CONRAD a notifié à la

société HURRA la fin de leur relation contractuelle, arguant que l'offre ne correspondait plus à ses

attentes et prévenant qu'une redirection des liens webapps vers les pages natives conrad. fr (redirection

de type 301) serait effectuée. La société CONRAD a également désactivé le logiciel permettant de

décompter les commandes générées.

Par courrier en date du 31 mai 2011, la société HURRA a informé la société CONRAD que la

redirection effectuée constituait une violation du contrat puisqu'elle lui permettait d'obtenir sans

contrepartie le transfert du travail de référencement réalisé et qu'il en résultait ainsi une confusion

entre leurs URLS respectives. La société HURRA a en outre réclamé le paiement du mois de mai 2011

qu'elle estime lui être dû malgré l'arrêt du compteur.


La société CONRAD estimant la position de la société HURRA non fondée, cette dernière a sollicité

du Tribunal de commerce de Lille Métropole une expertise judiciaire acceptée pr ordonnance du 19

avril 2011.

Non satisfaite des conclusions de l'expert judiciaire, la société HURRA a communiqué un nouveau

rapport d'expertise et a proposé à la société CONRAD de mettre un terme au litige par le versement

d'une somme de 322.925 à laquelle s'ajouterait la somme de 68.561 euros correspondant aux frais

engagés.

Par courrier du 18 mars 2014, la société CONRAD a confirmé que sa position s'alignait sur le rapport

d'expertise suivant l'ordonnance du Tribunal de commerce de Lille Métropole et a proposé de prendre

en charge les frais d'expertise.

Par assignation délivrée le 14 mars 2014 à la société CONRAD, la société HURRA a saisi le Tribunal

de commerce de Lille Métropole d'une demande visant à faire condamner la société CONRAD au

paiement de la somme de :

127.182,05 euros pour avoir violé le contrat du 19 juin 2009 ;

5.317,36 euros au titre des frais d'expertise,

127.182,30 euros au titre du préjudice subi du fait de la rupture brutale des relations commerciales

établies.

Par jugement rendu le 9 juin 2015, le Tribunal de commerce de Lille Métropole a :

constaté que la société CONRAD avait toujours reconnu devoir à la société HURRA le règlement du

mois de mai 2011 au titre de l'application du contrat du 19 juin 2009,

dit que la société CONRAD acquiesce aux conclusions de l'expertise judiciaire et est redevable de la

somme de 21.345,05 euros,

constaté que la société CONRAD n'a pas été appelée aux opérations d'expertises diligentées

unilatéralement par la société HURRA,


débouté la société HURRA de ses demandes sur les violations contractuelles,

débouté en conséquence la société HURRA de sa demande de condamnation à payer par la société

CONRAD la somme de 127.182,05 euros pour avoir violé le contrat du 19 juin 2009,

constaté que la société CONRAD reconnaît prendre en charge le montant de la rémunération de

l'expert judiciaire,

condamné la société CONRAD à payer à la société HURRA la somme de 5.317 euros en

remboursement des frais d'expertise engagés,

jugé que la société CONRAD n'engage pas sa responsabilité au titre des dispositions de l'article L. 442-

6 du code de commerce,

débouté la société HURRA de sa demande sur les frais juridiques,

condamné la société HURRA au paiement de la somme de 12.000 euros au titre de l'article 700 du

code de procédure civile,

condamné la société HURRA aux dépens.

Sur les violations contractuelles et les frais d'expertise,

Le Tribunal de commerce a relevé que la société CONRAD avait reconnu devoir à la société HURRA

le règlement du mois de mai 2011 au titre de l'application du contrat du 19 juin 2009 ainsi que les frais

d'expertise engagés. Les premiers juges ont également relevé que la société CONRAD avait acquiescé

aux conclusions de l'expert judiciaire et qu'elle acceptait donc de payer à la société HURRA la somme

de 21.345,05 euros. Ils ont ensuite estimé que la société HURRA avait fait les mêmes constats que

l'expert mais sollicitait une condamnation de la société CONRAD à des sommes supérieures en se

basant sur un rapport d'expertise non contradictoire, écarté de ce fait des débats.

Sur la rupture brutale des relations commerciales,

Le Tribunal de commerce a constaté que le contrat du 19 juin 2009 était un contrat type prévoyant

une faculté de rompre « tous les mois au moins 7 jours avant la fin du mois suivant ». Les premiers juges
ont également relevé que la société HURRA n'avait jamais évoqué la responsabilité de la société

CONRAD pour rupture brutale dans ses courriers et qu'au vu de la volatilité du marché du

référencement, elle ne pouvait légitiment s'attendre à la pérennité des relations commerciales.

La société HURRA a régulièrement interjeté appel de cette décision par déclaration du 21 décembre

2016.

Prétentions des parties,

Par ses conclusions signifiées par RPVA le 9 janvier 2019 , auxquelles il est fait référence pour plus

amples exposé des motifs, de leurs moyens et de leur argumentation, la société HURRA sollicite de la

Cour de :

Vu les articles 1134 et 1142 du code civil,

Vu l'article L. 442-6 du code de commerce,

Vu l'article 700 du code de procédure civile,

Confirmer le jugement entrepris mais seulement en ce qu'il a :

constaté que la société CONRAD avait toujours reconnu devoir à la société HURRA le règlement du

mois de mai 2011 au titre de l'application du contrat du 19 juin 2009,

condamné la société CONRAD à payer à la société HURRA la somme de 5.317,36 euros en

remboursement des frais d'expertise engagés,

Infirmer le jugement entrepris pour le surplus,

Sur les violations contractuelles,

constater que la société CONRAD a désactivé le logiciel de compteur avant l'expiration du contrat,

constater que la société CONRAD a mis en place et utilisé un tableau de concordance contenant

29.700 URLs créées par la société HURRA afin de faire une redirection de type 301 vers les pages

qu'elle avait créées,


dire qu'en faisant une redirection de type 301, la société CONRAD a utilisé les URLs créées par la

société HURRA en violation du contrat du 19 juin 2009,

dire que cette violation a permis à la société CONRAD d'obtenir le transfert de la réputation attachée

aux URLs créées par la société HURRA,

juger qu'elle a ainsi violé sciemment le contrat du 19 juin 2009,

en conséquence, condamner la société CONRAD à payer à la société HURRA la somme de

127.182,05 euros pour avoir violé le contrat du 19 juin 2009,

Sur la rupture brutale des relations commerciales établies,

juger que la rupture brutale des relations commerciales établies par la société CONRAD est fautive et

crée un préjudice distinct,

condamner la société CONRAD à payer à la société HURRA la somme supplémentaires de

127.182,30 euros au titre du préjudice subi du fait de la rupture des relations commerciales établies,

Condamner la société CONRAD au paiement de la somme de 100.000 euros au titre de l'article 700

du code de procédure civile,

Débouter la société CONRAD de toutes ses demandes, fins et conclusions,

Condamner la société CONRAD aux entiers dépens.

Sur les violations du contrat du 19 juin 2009,

Sur la désactivation du logiciel de compteur avant l'expiration du contrat,

La société HURRA rappelle que la société CONRAD reconnaît avoir violé le contrat en désactivant le

logiciel décomptant les commandes passées avant le terme. Elle affirme en revanche être en désaccord

avec la société CONRAD quant à l'évaluation du préjudice. Elle critique la méthode de calcul retenu

par l'expert judiciaire en prétendant qu'il s'agit davantage d'un choix arbitraire que d'un choix

mathématique et rationnel. Elle privilégie donc l'évaluation faite par l'expert qu'elle a unilatéralement
mandaté et qui consiste à obtenir une moyenne de chiffre d'affaires sur 12 mois. Elle sollicite par

conséquent la condamnation de la société CONRAD au paiement de la somme de 21.197,05 euros.

Sur la redirection effectuée par la société CONRAD,

La société HURRA indique que l'expertise judiciaire a permis d'établir que la société CONRAD a,

avant la fin du contrat, mis en place un tableau de concordance entre les URLs créées par la société

HURRA et les URLs créées par la société CONRAD. Elle explique que cette redirection a eu pour

effet de transférer aux nouvelles pages la notation de réputation acquise avec les anciennes pages sans

aucune contrepartie. Elle affirme que l'expert judiciaire est sorti de sa mission en concluant qu'il était

légitime que la société CONRAD puisse quitter la relation contractuelle sans subir de chute de

réputation et en validant la redirection effectuée. Elle rappelle qu'une telle redirection est contraire à

l'article 9 du contrat de coopération qui stipule que la société CONRAD n'est plus en droit d'utiliser les

prestations effectuées par la société HURRA après la fin de la relation contractuelle et que les URLs ne

devront pas être rendus accessibles au public pendant une période d'un an après la fin du contrat. Elle

évalue son préjudice à la somme de 105.985 euros, soit le prix auquel elle aurait pu vendre à la société

CONRAD le droit de réutilisation des URLs.

Sur la rupture brutale des relations commerciales établies,

La société HURRA rappelle que le respect du préavis contractuel est insuffisant en cas de relations

commerciales établies. Elle affirme qu'en l'espèce, le respect d'un préavis de 25 jours pour des relations

commerciales ayant duré plus de 7 ans est insuffisant. Elle produit diverses factures attestant que les

relations commerciales qu'elle a entretenu avec la société CONRAD ont débutées en 2003. Elle

sollicite donc un préavis de six mois. Elle calcule son préjudice comme il suit : 6 mois x 21.197,05 euros

de chiffre d'affaires = 127.182,30 euros. Elle soutient en effet que dans le cas de prestations

intellectuelles sans achat de matières premières, la mage brute sur le chiffre d'affaires correspondant au

chiffre d'affaires lui même.


Par ses conclusions signifiées par RPVA le 14 janvier 2019, auxquelles il est fait référence pour plus

amples exposé des motifs, de leurs moyens et de leur argumentation, la société CONRAD sollicite de la

Cour de :

Vu l'article 1134 du code civil,

Vu les dispositions de l'article 442-6 du code de commerce,

dire les conclusions de la société CONRAD recevables,

constater que la société CONRAD a toujours reconnu devoir à la société HURRA le règlement du

mois de mai 2011 au titre de l'application du contrat du 19 juin 2009,

constater que la société CONRAD a entériné les conclusions de l'expertise judiciaire sollicitée par la

société HURRA avant l'introduction de l'instance,

constater que la société CONRAD n'a pas été appelée aux opérations d'expertise privée diligentées

unilatéralement par la société HURRA,

constater que la société HURRA est à l'origine de la rédaction du contrat du 19 juin 2009 et a proposé

un préavis de résiliation d'un mois,

constater que la société CONRAD a indiqué à la société HURRA prendre en charge la rémunération

de l'expert judiciaire,

constater que les demandes au titre de l'article 700 du code de procédure civile de la société HURRA

sont totalement disproportionnées,

constater que les procédures devant le Tribunal de commerce de Lille Métropole puis devant la Cour

d'appel de Paris sont dans ces conditions particulièrement inutiles,

En conséquence,

confirmer le jugement du 9 juin 2015 du Tribunal de commerce de Lille Métropole en toutes ses

dispositions, et en conséquence,
acter que la société CONRAD acquiesce aux conclusions de l'expertise judiciaire et est redevable de la

somme de 21.345,05 euros,

acter que la société CONRAD prend en charge la rémunération de l'expert judiciaire à hauteur de

5.317,36 euros,

juger que la société CONRAD n'engage pas sa responsabilité au titre des dispositions de l'article L.

442-6, I,5° du code de commerce,

Au surplus,

condamner la HURRA au paiement d'une somme complémentaire de 25.000 euros au titre de l'article

700 du code de procédure civile,

condamner la société HURRA aux dépens de l'instance d'appel.

A titre préliminaire, la société CONRAD rappelle que les demandes de la société HURRA sont

exclusivement fondées sur un rapport d'expertise non contradictoire. Elle soutient que la société

HURRA ne saurait justifier le recours unilatéral à un expert par le fait qu'elle aurait communiqué à ce

dernier de nouveaux éléments, ces derniers étant des contrats conclus avec d'autres clients datés de

2002 à 2011.

Sur le règlement du mois de mai 2011,

La société CONRAD confirme qu'elle a reconnu devoir à la société HURRA le mois de mai 2011, soit

la somme de 17.660,05 euros. Elle explique que cette somme est obtenue en comparant la moyenne des

4 premiers mois des années 2010 et 2011. Elle soutient que la méthode retenue par l'expert mandaté

par la société HURRA est erronée car elle ne tient pas compte des pics saisonniers entrainant un

surcroît d'activité.

Sur la période postérieure au 31 mai 2011,

La société CONRAD soutient que la société HURRA n'a jamais démontré que les liens commençant

par www. conrad. fr/webapps et suivis du nom d'un produit CONRAD étaient encore accessibles sur
le réseau internet, postérieurement au 31 mai 2011. Elle explique que les constats d'huissier sur

lesquels se fondent la société HURRA reposent sur la mémoire cache du moteur de recherche

GOOGLE, laquelle conserve les recherches des internautes même si les pages ont été supprimées ou

rendues inaccessibles. Elle soutient donc que les pages modèles générées par la société HURRA

n'étaient pas accessibles au public et que l'article 9 du contrat a donc été respecté.

La société CONRAD explique encore que la redirection de type 301 qu'elle a effectué avait pour but

de rendre inaccessibles au public les pages modèles développées par la société HURRA en les

désindexant. Elle explique que le contrat n'interdit pas les redirection de type 301 mais oblige

seulement à rendre inaccessibles les URLs sous www. conrad. fr/webapps. Elle prétend qu'en l'absence

d'une telle redirection, les internautes auraient été redirigés vers une page « erreur 404 », réduisant à

néant sa réputation acquise.

Elle conclue donc, à l'instar de l'expert, que la redirection ne constitue pas une faute contractuelle.

Elle rappelle que l'expert judiciaire a estimé que la société HURRA avait subi un préjudice, non en

raison de l'accessibilité de ses pages mais compte tenu du temps de désindexation desdites pages. Elle

confirme qu'elle a reconnu ce préjudice et qu'elle a accepté de verser à la société CONRAD la somme

de 3.685 euros à ce titre.

Sur la rupture brutale des relations commerciales établies,

La société CONRAD explique que le contrat en date du 19 juin 2009 est un contrat d'adhésion si bien

que le délai de préavis d'un mois a été proposé par la société HURRA. Elle explique donc que cette

dernière aurait dû anticiper l'éventualité d'une rupture contractuelle, d'autant plus qu'elle exerçait dans

le milieu particulièrement volatile du référencement.

En tout état de cause, elle soutient que la perte de marge brute de la société HURRA ne peut être

évaluée à son chiffre d'affaires.

SUR CE;
Sur les violations contractuelles et les frais d'expertise ;

Considérant qu' il résulte de l'expertise du 2 octobre 2012 ordonnée le 19 avril 2011 par le tribunal de

commerce de Lille que: « La société CONRAD a rompu intentionnellement le contrat qui la liait à la

société HURRA pour la prestation de maintien d'un bon référencement. Le procédé utilisé par la

société CONRAD à la rupture du contrat ( redirection 301) pour récupérer sa récupération internet est

légitime et n'est pas en contradiction avec les termes du contrat ( clause 9 ( 1) et (2)). Cependant

CONRAD ne respecte pas le contrat lorsqu'elle arrête le logiciel compteur de commandes avant la fin

du contrat ( clause 3 ( 5). L'indemnité légitime que pourrait réclamer HURRA s'élève à 21 345, 05

euros.»

que l'expert explique que la société HURRA ne peut se prévaloir d'aucun préjudice sous réserve que

la société CONRAD a reconnu devoir la redevance du mois de mai 2011 d'un montant de 17 660,05

euros compte tenu que la vente des articles est saisonnière et de l'évolution du chiffre d'affaire entre

2009 et 2001,

que l'expert précise que la société CONRAD a tout mis en oeuvre pour sortir rapidement du contrat

sans utiliser les pages webapps et qu'elle n'avait pas les moyens de les supprimer toutes à la fin du

contrat,

que l'article 9 du contrat stipule: « Après la fin de la relation contractuelle et indépendamment de la

raison respective, le CLIENT ne sera plus en droit d'utiliser les prestations effectuées par HURRA, ni

les pages web MODELE.

Les URLs des pages webMODELE, utilisés par HURRA pour le transfert d'utilisateurs, c'est à dire

toutes les URLs rendues disponibles sous www. conrad. fr:webapps/et www. conrad. fr/electonique/

ne devront plus être rendus accessibles au public pendant une période de 1 an après la fin du contrat.

Les logiciels fournis ou traîtés par HURRA ainsi que les données fournies ou traîtées par HURRA

devront être effacées par le CLIENT et il devra retourner tous autres documents à HURRA »,
qu' ainsi le contrat n'interdit pas les redirections de type 301 mais oblige seulement à rendre

inaccessibles au public les URLs sous www. conrad. fr/webapps,

que c'est ce qu'a fait la société CONRAD en rendant inacessibles aux internautes les URLs sus visés, (

PV de constat d'huissier de justice en date du 20 juin 2011),

que les constats d'huissier de justice produits par la société HURRA ne démontrent pas d'accèss ib i l i t

é des in ternatutes d irec tement sous www. conrad. fr :webapps /e t www. conrad. fr/electonique,

les pages " WEBAPPS" relatives au site WWW. CONRAD. FR n'étant plus visibles sur Internet ( note

technique de M. S.),

que la société CONRAD n'a donc pas commis de faute et n'a pas violé l'article 9 du contrat,

que si c'est à juste titre que la société CONRAD soutient que c'est à la société HURRA d' assumer le

rythme de désindexation des pages référencées par GOOGLE, tiers au contrat, il n'en demeure pas

moins qu'elle en a tiré un bénéfice après le 31 mai 2011, les pages modèles pouvant être détectées par

les moteurs de recherche suite à une interrogation de l'internaute,

qu' ainsi l'expert a évalué le préjudice à 3 685 euros en fonction d'une méthode fondée sur le revenu et

le nombre de visites,

qu'il ne peut être tenu compte de l'expertise non contradictoire de M. B. et dont la méthode ne tient pas

compte des pics saisonniers, sur laquelle la société HURRA s'appuie pour solliciter des montants plus

élevés,

qu'en outre, la société CONRAD a reconnu être redevable des frais d'expertise judiciaires,

qu'il convient donc de confirmer le jugement entrepris ;

Sur la rupture brutale des relations commerciales établies ;

Considérant que l' article L 442-6 I 5° du Code de commerce dispose : « Engage la responsabilité de son

auteur et l' oblige à réparer le préjudice causé le fait, par tout producteur, commerçant, industriel ou

artisan :
5°) De rompre brutalement, même partiellement, une relation commerciale établie, sans préavis écrit

tenant compte de la durée de la relation commerciale et respectant la durée minimale de préavis

déterminé, en référence aux usages du commerce, par des accords interprofessionnels ( ...) »,

que l' application de ces dispositions suppose l' existence d' une relation commerciale, qui s' entend d'

échanges commerciaux conclus directement entre les parties, revêtant un caractère suivi, stable et

habituel laissant raisonnablement anticiper pour l' avenir une certaine pérennité dans la continuité du

flux d' affaires entre les partenaires commerciaux,

qu' en outre la rupture doit avoir été brutale, soit sans préavis écrit soit avec un délai de préavis trop

court ne permettant pas à la partie qui soutient en avoir été la victime de pouvoir trouver des solutions

de rechange et de retrouver un partenaire commercial équivalent ;

Considérant qu'en l'espèce, il n'est pas contesté par la société CONRAD que la relation commerciale

entre les parties a débuté fin 2003 (factures produites par la société HURRA) et s'est interrompue le 6

mai 2011 par lettre recommandée avec accusé de réception du 6 mai 2011envoyée par la société

CONRAD avec effet à la fin du mois de mai 2011,

que les relations revêtaient un caractère de continuité et de stabilité qui a pu laisser croire à la société

HURRA en la pérennité du flux d'affaires,

qu'ainsi, les relations commerciales des parties étaient donc établies au sens de l'article L 442-6 I 5° du

Code de commerce,

que si le contrat du 1er juin 2009 prévoyait dans son article 8 un engagement mensuel par tacite

reconduction et possibilité de rompre le contrat tous les mois, 7 jours avant la fin du mois, il n'en

demeure pas moins qu'un préavis de 25 jours pour une relation commerciale d'environ 8 ans apparaît

comme totalement insuffisant,

que la cour estime le préavis nécessaire, au vu des éléments dont elle dispose, à une durée de 6 mois,

qu'il n' a été accordé que 5 mois,


qu'en matière de rupture brutale des relations commerciales établies, seule la brutalité de la rupture est

indemnisée , non la rupture elle même,

que le préjudice est constitué de la perte de marge brute sur le chiffre d'affaire qui aurait dû être perçue

sur un préavis de 5 mois,

que la marge brute ne peut être constituée du chiffre d'affaire, même dans le cas de prestations

intellectuelles,

que la Cour dispose d'éléments suffisants pour évaluer la marge brute dans cette matière à 40% du

chiffre d' affaire de la société HURRA avec la société CONRAD d'un montant de 251 556 euros sur

l'année 2010 soit 20 963 euros mensuels, au montant de 41 926,13 euros, montant que la société

CONRAD est condamnée à payer à la société HURRA,

qu'en conséquence, il convient d'infirmer le jugement entrepris de ce chef de demande ;

Considérant que l'équité impose de condamner la société CONRAD ELECTRONIC à payer à la

société HURRA la somme de 10 000 euros au titre de l'article 700 du code de procédure civile ;

PAR CES MOTIFS ;

La Cour,

CONFIRME le jugement entrepris en toutes ses dispositions à l'exception du débouté sur la rupture

brutale des relations commerciales établies ;

Statuant à nouveau,

CONDAMNE la société HURRA COMMUNICATIONS Gmbh à payer à la société CONRAD

ELECTRONIC la somme de 41 926,13 euros au titre de la réparation du préjudice résultant de la

rupture des relations commerciales établies ;

CONDAMNE la société HURRA COMMUNICATIONS Gmbh à payer à la société CONRAD

ELECTRONIC la somme de 10 000 euros au titre de l'article 700 du code de procédure civile ;
LA CONDAMNE aux entiers dépens comprenant les frais d'expertise judiciaire.

Le greffier Le président

Composition de la juridiction : Michèle LIS SCHAAL, Saoussen HAKIRI,


Me Samuel ROTHOUX, Me Jean LECLERCQ, AARPI GOMIS & Lacker,
Julien LACKER
Décision attaquée : T. com. Lille 2015-06-09

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