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Cour d'appel d'Amiens, Arrêt du 11 mai 2021, Répertoire général nº 18/03026

TEXTE
ARRET N°

A…

C/

S.E.L.A.R.L. V ET V

S.C.P. LEHERICY HERMONT

Association UNEDIC AGS CGEA D'AMIENS VENANT AUX DROITS DU CGEA D'AMIENS

S.A.S. LA SOCIETE DE PANIFICATION MODERNE

copie exécutoire

le 11/05/2021

Me BIDART-DECLE

Me DRYE

Me CAMIER

Xtof/MR/SF

COUR D'APPEL D'AMIENS

5EME CHAMBRE PRUD'HOMALE

ARRET DU 11 MAI 2021

**********

N° RG 18/03026 - N° Portalis DBV4-V-B7C-HBDM

JUGEMENT DU CONSEIL DE PRUD'HOMMES - FORMATION PARITAIRE DE CREIL DU 28 JUIN 2018 (référence dossier N°
RG 17/00001)

PARTIES EN CAUSE :

APPELANTE

X…

née le [...]

de nationalité Française

54 rue Alexandre Ribot

[...]

Représentée par Me Ludivine BIDART-DECLE, avocat au barreau D'AMIENS, postulant

Concluant par Me David LIBESKIND, avocat au barreau de PARIS

ET :

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INTIMEES

S.E.L.A.R.L. V ET V représentée par Maître Stéphane VERMUE, pris en sa qualité d'administrateur judiciaire au
redressement judiciaire de la SOCIETE DE PANIFICATION MODERNE

35 rue victor Basch

[...]

Représentée, concluant et plaidant par Me Bruno DRYE de la SCP DRYE DE BAILLIENCOURT ET ASSOCIES, avocat au
barreau de SENLIS

S.C.P. LEHERICY HERMONT représentée par Maître Philippe LEHERICY, 577, pris en sa

qualité de mandataire judiciaire au redressement judiciaire de la SOCIETE DE PANIFICATION MODERNE

577 rue de la Croix Verte

[...]

Représentée, concluant et plaidant par Me Bruno DRYE de la SCP DRYE DE BAILLIENCOURT ET ASSOCIES, avocat au
barreau de SENLIS

S.A.S. LA SOCIETE DE PANIFICATION MODERNE agissant poursuites et diligences de son représentant légal domicilié
en cette qualité audit siège

30 avenue Félix Louat

[...]

Représentée, concluant et plaidant par Me Bruno DRYE de la SCP DRYE DE BAILLIENCOURT ET ASSOCIES, avocat au
barreau de SENLIS

UNEDIC AGS CGEA D'AMIENS VENANT AUX DROITS DU CGEA D'AMIENS agissant poursuites et diligences de son
représentant légal domicilié en cette qualité audit siège

2 rue de l'Etoile - CS 49019

[...]

Représentée, concluant et plaidant par Me Hélène CAMIER de la SELARL LEXAVOUE AMIENS-DOUAI, avocat au barreau
D'AMIENS substituée par Me Marion MANDONNET de la SELARL LEXAVOUE AMIENS-DOUAI, avocat au barreau D'AMIENS

DEBATS :

A l'audience publique du 16 février 2021, devant B…, siégeant en vertu des articles 786 et 945-1 du Code de procédure
civile et sans opposition des parties, ont été entendus :

- B… en son rapport,

- Me DRYE et Me MANDONNET en leurs conclusions et plaidoiries respectives.

B… indique que l'arrêt sera prononcé le 11 mai 2021 par mise à disposition au greffe de la copie, dans les conditions
prévues au deuxième alinéa de l'article 450 du Code de procédure civile.

GREFFIER LORS DES DEBATS : Madame Malika RABHI

COMPOSITION DE LA COUR LORS DU DELIBERE :

B… en a rendu compte à la formation de la 5ème chambre sociale, composée de :

B…, Président de Chambre,

Mme Agnès DE BOSSCHERE, Conseiller,

Mme Marie VANHAECKE-NORET, Conseiller,

qui en a délibéré conformément à la Loi.

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PRONONCE PAR MISE A DISPOSITION :

Le 11 mai 2021, l'arrêt a été rendu par mise à disposition au greffe et la minute a été signée par B…, Président de
Chambre, et Madame Malika RABHI, Greffier.

***

DECISION :

La société PANIFICATION MODERNE (SAS) a employé X…, née en 1979, par contrat de travail à durée indéterminée à
compter du 23 mars 2012 en qualité de responsable qualité. Ce contrat prévoyait une clause de non-concurrence lui
interdisant de travailler directement ou indirectement pour une entreprise ayant une activité de boulangerie pâtisserie
industrielle en Picardie et Ile de France.

Les relations contractuelles entre les parties étaient soumises à la convention collective nationale des activités
industrielles de boulangerie et pâtisserie.

En dernier lieu, la rémunération mensuelle brute moyenne de X… s'élevait à la somme de 3.800 €.

Par courrier du 30 juin 2016 Z… a démissionné de son poste et demandé une dispense partielle de son préavis pour
finir le 26 août 2016, ce que l'employeur a accepté.

Après la restitution de son téléphone portable professionnel, la société PANIFICATION MODERNE

a constaté la réception de deux SMS les dimanche 28 août à 22 h 34 et le lundi 29 août à 8 h 42 en provenance de Y…
qui travaille au sein de la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE dont il ressort qu'elle attendait Z… pour l'embaucher à
compter du lundi 29 août 2016. Or, cette entreprise exploite une boulangerie industrielle à Aubervilliers.

Un différend est donc né entre la société PANIFICATION MODERNE et X… du fait de cette embauche prévue le 29 août
2016 par une société concurrente.

Considérant que X… ne respectait pas la clause de non concurrence prévue dans le contrat de travail, et réclamant à ce
titre des dommages et intérêts, le remboursement de la contrepartie financière de la clause de non concurrence et la
condamnation de la salariée à cesser toute activité directe ou indirecte pour la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE,
la société PANIFICATION MODERNE a saisi le 2 janvier 2017 le conseil de prud'hommes de CREIL qui, par jugement du
28 juin 2018 a rendu la décision suivante :

« DIT que X… n'a pas respecté la clause de non concurrence.

CONDAMNE X… à verser à le société DE PANIEICATION MODERNE, prise en la personne de son représentant légal, la
somme de 49.656 euros en réparation du préjudice subi *

DÉBOUTE la société DE PANIFICATION MODERNE, prise en la personne de son représentant légal, du surplus de ses
demandes.

CONDAMNE la société DE PANIFICATION MODERNE, prise en la personne de son représentant légal, à verser à X… la
somme de :

- 3.000 euros bruts au titre de rappel de primes sur les années 2015 et 2016 ,

- 300 euros bruts pour les congés y afférents

DÉBOUTE X… du surplus de ses demandes.

CONDAMNE X… à verser à la société DE PANIEICATION MODERNE, prise en la personne de son représentant légal, la
somme de 2.500,00 euros sur le fondement de l'article 700 du code de procédure civile

CONDAMNE chaque partie à succomber à la charge de ses propres dépens. »

X… a relevé appel de ce jugement par déclaration transmise par voie électronique le 31 juillet 2018.

La constitution d'intimée de la société PANIFICATION MODERNE a été transmise par voie électronique le 4 septembre
2018.

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Par jugement du 24 mars 2020, le tribunal de commerce de Compiègne a ouvert une procédure de redressement
judiciaire à l'égard de la société PANIFICATION MODERNE et désigné la SELARL V ET V représentée par Me Stéphane
VERMUE en qualité d'administrateur judiciaire et la SCP LEHERICY HERMONT représentée par Me Philippe LEHERICY en
qualité de mandataire judiciaire.

La constitution d'intimée des organes de la procédure collective de la société PANIFICATION MODERNE a été transmise
par voie électronique le 22 juin 2020.

La constitution d'intimée de l'Unedic délégation AGS-CGEA d'Amiens a été transmise par voie électronique le 30 juillet
2020.

L'ordonnance de clôture a été rendue à la date du 3 février 2021.

L'affaire a été appelée à l'audience du 16 février 2021.

Par conclusions communiquées par voie électronique en date du 22 octobre 2018, X… demande à la cour de :

« INFIRMER le jugement du Conseil de Prud'hommes de CREIL du 28 juin 2018 en ce qu'il a considéré que X… avait
manqué à une obligation de non-concurrence, l'a condamnée aux sommes de 49.656 € à titre de dommages et intérêt
et de 2.500 € au titre de l'article 700 du CPC et déboutée partiellement de ses demandes reconventionnelles.

Et statuant à nouveau,

A titre principal,

DECLARER la clause de non concurrence inclue dans le contrat de travail du 23 mars 2012 nulle,

CONDAMNER la SPM à verser la somme de 25.268 € nets à titre de dommages et intérêts pour le préjudice subi en
raison de l'illicéité de la clause de non concurrence,

A titre subsidiaire,

DIRE que X… a parfaitement respecté la clause de non concurrence ,

CONDAMNER la SPM à verser la somme de 5.005 € bruts à titre de l'indemnité de concurrence (juillet 2017 et août
2017) non réglée ,

En tout état de cause,

DEBOUTER la société PANIFICATION MODERNE de toutes demandes, fin et conclusions ;

CONDAMNER la société PANIFICATION MODERNE à payer à X… la somme de 3.550 € bruts au titre de rappels d'heures
supplémentaires et contreparties en repos sur l'année 2013 outre 355 € bruts au titre des congés payés ;

CONDAMNER la société PANIFICATION MODERNE à payer à X… la somme de 9.200 € bruts au titre de rappels d'heures
supplémentaires et contreparties en repos sur l'année 2014 outre 920 € bruts au titre des congés payés ;

CONDAMNER la société PANIFICATION MODERNE à payer à X… la somme de 9.575 € bruts au titre de rappels d'heures
supplémentaires et contreparties en repos sur l'année 2014 outre 957 € bruts au titre des congés payés ;

CONDAMNER la société PANIFICATION MODERNE à payer à X… la somme de 4.813 € bruts au titre de rappels d'heures
supplémentaires et contreparties en repos sur

l'année 2014 outre 481 € bruts au titre des congés payés ;

CONDAMNER la société PANIFICATION MODERNE à payer à X… la somme de 24.828 € à titre d'indemnité forfaitaire
pour travail dissimulé,

CONDAMNER la SPM à verser la somme de 5.000 € à X… au titre de l'article 700 du Code de procédure civile ;

CONDAMNER la SPM aux entiers dépens. »

Par conclusions communiquées par voie électronique en date du 13 novembre 2020, la société PANIFICATION MODERNE
et les organes de la procédure collective demandent à la cour de :

« Déclarer mal fondée X… en son appel du jugement rendu par la section « encadrement » du Conseil des Prud'hommes

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de Creil du 28 juin 2018.

L'en débouter.

Déclarer irrecevable et en tous les cas mal fondée X… en ses demandes à l'encontre de LA SOCIETE DE PANIFICATION
MODERNE « SPM ».

L'en débouter.

Confirmer le jugement rendu par la section « encadrement » du Conseil des Prud'hommes de Creil

du 28 juin 2018 en ce qu'il a condamné X… à payer à la SOCIETE DE PANIFICATION MODERNE « SPM » les sommes de :

- 49.656 € en réparation de son préjudice,

- 2.500 € à titre d'indemnité de procédure,

Recevoir la SOCIETE DE PANIFICATION MODERNE « SPM » en son appel incident du jugement rendu par la section «
encadrement » du Conseil des Prud'hommes de Creil du 28 juin 2018, et la déclarant bien fondée.

Infirmer le jugement entrepris en ce qu'il a condamné SOCIETE DE PANIFICATION MODERNE « SPM » à payer à X… les
sommes de 3 000 € à titre de rappel de primes sur les années 2015 et 2016 et 300 € à titre de congés payés afférents,
et a condamné chaque partie à succomber à la charge de ses propres dépens.

Et en ce qu'il a débouté la SOCIETE DE PANIFICATION MODERNE « SPM » du surplus de ses demandes.

Et statuant de nouveau de ces chefs,

Déclarer irrecevable et en tous les cas mal fondée X… en toutes ses demandes à l'encontre de la SOCIETE DE
PANIFICATION MODERNE « SPM »,

L'en débouter,

Condamner X… à payer à la SOCIETE DE PANIFICATION MODERNE « SPM » en sus des sommes prononcées par le
jugement entrepris, les sommes suivantes :

- 27.759,18 € en remboursement de la contrepartie financière et des charges sociales afférentes réglées à X… ,

- 7.000 € sur le fondement de l'article 700 du Code de Procédure Civile.

Condamner X… aux entiers dépens de première instance et d'appel qui comprendront les frais de constat dressé par
Maître CICUTO. »

Par conclusions communiquées par voie électronique en date du 8 octobre 2020, l'Unedic délégation AGS-CGEA
d'Amiens demande à la cour de :

« Déclarer l'AGS recevable et bien fondée en ses demandes, fins et conclusions.

À titre principal :

Mettre purement et simplement hors de cause l'AGS.

À titre subsidiaire :

Sur la clause de non concurrence :

Confirmer le jugement entrepris en ce qu'il a jugé que la clause de non-concurrence était valable.

Statuant à nouveau,

Débouter X… de sa demande au titre de la nullité de la clause de non concurrence et de sa demande indemnitaire qui
en découle.

S'agissant de la demande reconventionnelle de la société PANIFICATION MODERNE à l'encontre de A…, donner acte à
l'AGS de ce qu'elle s'en rapporte à l'appréciation de la Cour.

En tout état de cause, écarter la garantie de l'AGS à ce titre.

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Débouter X… de sa demande au titre du paiement de la contrepartie financière de la clause de non concurrence pour les
mois de juillet et août 2017.

Sur la convention de forfait jours :

Donner acte à l'AGS de ce qu'elle s'en rapporte à l'appréciation de la Cour s'agissant de l'opposabilité de la convention
de forfait jours.

Sur les heures supplémentaires, les congés payés afférents, les contreparties obligatoires en repos et le travail
dissimulé :

Confirmer le jugement entrepris en ce qu'il a débouté X… de ses demandes au titre des heures supplémentaires, des
congés payés y afférents, des contreparties en repos et du travail dissimulé.

Statuant à nouveau,

La débouter de ses demandes à ce titre.

Sur les rappels de primes :

Infirmer le jugement entrepris en ce qu'il a fait droit à la demande de X… au titre des rappels de primes pour les
années 2015 et 2016.

Débouter X… de ses demandes à ce titre.

En tout état de cause :

Dire que l'AGS ne peut en aucun cas être condamnée et que sa garantie n'est due que dans le cadre de l'exécution du
contrat de travail.

En conséquence, dire et juger que l'AGS ne peut en aucun cas garantir la somme sollicitée au titre des dispositions de
l'article 700 du Code de Procédure Civile, ni au titre des dépens.

Dire que la garantie de l'AGS n'est également due, toutes créances avancées confondues pour le compte du salarié,
que dans la limite des 3 plafonds définis notamment aux articles L.3253-17, D.3253-2 et D.3253-5 du code du travail
et dans la limite des textes légaux définissant l'étendue et la mise en 'uvre de sa garantie (articles L.3253-8 à L.3253-
13, L.3253-15 et L.3253-19 à L.3253-24 du Code du Travail).

Dire qu'en application des dispositions de l'article L.622-28 du Code de Commerce, le cours des intérêts a été
interrompu à la date de l'ouverture de la procédure collective. »

Lors de l'audience présidée selon la méthode dite de la présidence interactive, le conseiller rapporteur a fait un rapport
et les conseils des parties ont ensuite plaidé par observations et s'en sont rapportés pour le surplus à leurs écritures ;
l'affaire a alors été mise en délibéré à la date du 11 mai 2021 par mise à disposition de la décision au greffe (Art. 450
CPC).

MOTIFS :

Vu le jugement du conseil de prud'hommes, les pièces régulièrement communiquées et les conclusions des parties
auxquels il convient de se référer pour plus ample information sur les faits, les positions et prétentions des parties.

Sur la mise hors de cause de l'Unedic délégation AGS-CGEA :

La cour rejette cette demande au motif que l'Unedic délégation AGS-CGEA est nécessairement concernée par le litige
impliquant la société PANIFICATION MODERNE dès lors qu'une procédure collective est en cours à l'encontre de cette
société et que X… invoque des créances à l'encontre de cette société.

Sur la clause de non concurrence :

X… soutient que la clause de non concurrence est nulle : elle n'est pas conforme et au surplus elle est injustifiée au
regard de l'atteinte portée à la liberté du travail ; ainsi :

- la clause de non concurrence n'est pas conforme à l'article 28 de la convention collective du fait qu'elle rajoute une «
interdiction de non-débauchage » et une « interdiction de non-démarchage » qui ne sont pas prévues par la convention
collective,

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- la clause de non concurrence porte une atteinte excessive à sa liberté de travailler ; elle n'est aucunement
indispensable à la protection des intérêts légitimes de l'entreprise dès lors qu'aucun préjudice n'est prouvé au cas où
elle viendrait à exercer dans une entreprise concurrente ; en outre, elle n'avait ni activité commerciale, ni accès à des
informations confidentielles,

- la clause de non concurrence est injustifiée au motif qu'elle l'empêche de travailler dans le secteur de la boulangerie-
pâtisserie industrielle en Ile de France, alors qu'elle dispose essentiellement d'une expérience professionnelle
importante dans ce secteur.

En réplique la société PANIFICATION MODERNE soutient que :

- la clause de non concurrence mentionne notamment que X… reconnait que les fonctions qu'elle occupe lui donnent
largement accès au savoir-faire technique, pratiques commerciales et plus généralement à de nombreuses informations
confidentielles concernant la société ainsi que les sociétés du groupe et leurs activités et que ces informations
confidentielles constituent un atout essentiel de la société qui a donc un intérêt légitime à l'insertion d'une clause de
non-concurrence (pièce employeur nº 1),

- cette clause est conforme à la convention collective,

- la clause de non démarchage qui interdit à X… de démarcher les clients de la société avec laquelle elle a été
personnellement en contact au cours des douze derniers mois, n'est qu'une précision de la clause de non-concurrence,

- la clause d'interdiction de débaucher tout salarié de la société n'encourt aucune critique et ne saurait se confondre
avec la clause de non concurrence qui, seule, ouvre droit à une contrepartie financière,

- la clause de non concurrence est légitime et ne constitue pas une atteinte excessive à la liberté du travail : seuls les
cadres qui sont en contact direct avec le portefeuille de clientèle, l'établissement des tarifs, les recettes de fabrication
ou les matières premières utilisées ont des clauses de non-concurrence (pièces employeur nº 1, 30, 37 & 38) mais pas
le responsable administratif et financier et le responsable technique (pièces employeur nº 58 et 59),

- de par sa fonction de responsable qualité, chargée des achats, X… avait accès à toutes les recettes et à toutes les
fiches techniques ; elle maîtrisait les quantités, les processus de fabrication, les matières premières utilisées et
validait toutes les fiches techniques produits et toutes les fiches recettes qui sont autant de procédés de fabrication
très confidentiels ; elle avait accès donc aux informations confidentielles de nature commerciale et relatives à la
fabrication des produits ; son poste était stratégique pour l'entreprise ; la spécificité de son emploi justifiait une
clause de non-concurrence,

- peu avant la démission de X…, le disque dur externe comprenant toutes les archives du service qualité et où étaient
stockées toutes les recettes et fiches produits et qui était dans le bureau de X…, a disparu et la société PANIFICATION
MODERNE a porté plainte (pièce employeur nº 42),

- la clause de non concurrence était limitée géographiquement aux régions Picardie et Ile de France et l'atteinte à sa
liberté de travailler était limitée.

La cour constate que les points litigieux concernent la conformité à la convention collective et la protection des
intérêts légitimes de la société PANIFICATION MODERNE justifiant l'atteinte à la liberté de travail de X….

La cour rappelle qu'en application du principe fondamental du libre exercice d'une activité professionnelle et de l'article
L. 1121-1 du code du travail selon lequel «nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles
et collectives des restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au
but recherché», la validité d'une clause de non-concurrence est subordonnée au respect de cinq conditions, dont l'octroi
d'une contrepartie financière au profit du salarié. C'est ainsi qu'une clause de non-concurrence doit pour être licite :

- être indispensable à la protection des intérêts légitimes de l'entreprise,

- être limitée dans le temps,

- être limitée dans l'espace,

- tenir compte des spécificités de l'emploi du salarié,

- comporter pour l'employeur l'obligation de verser au salarié une contrepartie financière.

Ces conditions sont cumulatives. L'absence de l'une d'entre elles entraîne la nullité de la clause.

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Le contrat de travail de X… stipule une clause de non-concurrence rédigée dans les termes suivants :

« X… reconnait que ses fonctions lui donneront largement accès aux savoir-faire, techniques, pratiques commerciales et
plus généralement à de nombreuses informations confidentielles concernant la Société ou les sociétés du Groupe et
leurs activités. Elle reconnaît que les informations confidentielles constituent un atout essentiel de la Société qui a
donc un intérêt légitime à l'insertion d'une clause de non concurrence dans le présent avenant au contrat de travail.

En conséquence, X… s'interdit, en cas de rupture de ses relations contractuelles pour quelque cause que ce soit, (i) de
travailler, en tant que salariée, directeur ou dans le cadre d'une autre fonction, directement ou indirectement, pour son
compte personnel ou

celui d'un tiers et à quelque titre ou qualité que ce soit, pour une société dont l'activité est concurrente ou similaire à
celle exercée par la Société.

X… s'interdit également de démarcher ou de tenter de démarcher directement ou indirectement, pour son propre
compte personnel et pour son propre compte ou au nom et pour le compte de toute Société Concurrente, (a) tout client
; ou (b) tout client potentiel de la Société avec lequel elle a personnellement été en contact au cours des douze (12)
derniers mois de son contrat de travail.

Pour les besoins du présent article : (a) le terme « client de la Société » désigne toute personne physique ou morale
ayant eu pour habitude d'acheter des biens ou des services auprès de la Société au cours des douze (12) derniers mois
du contrat de travail de X… et (b) le terme «client potentiel» désigne toute personne physique ou morale qui, au cours
des douze (12) derniers mois du contrat de travail de X…, a engagé des négociations avec la Société en vue de devenir
client de celle-ci.

Sont considérées comme susceptibles de concurrencer la Société, les entreprises ayant une activité de fabrication et de
commercialisation de Boulangerie et pâtisserie industrielle.

X… ne pourra également pas débaucher de quelque manière que ce soit, toute personne qui aurait été, au cours de
l'année précédant la cessation du présent Contrat, employée par la Société ou toute autre société du Groupe SPM ou
en pourparlers en vue d'être embauchée par la Société ou le Groupe SPM.

Ces interdictions de non concurrence et de non débauchage sont applicables pendant une durée de 12 mois à compter
de la date d'expiration du Contrat (c'est-à-dire la date de fin du préavis que celui-ci ait été exécuté ou non). Elles
couvrent les Régions Picardie et Ile de France.

En contrepartie du respect par X… de ces interdictions de concurrence et

de démarchage, elle percevra une indemnité mensuelle d'un montant de 40% de son salaire moyen des trois derniers
mois d'activité.

Toute violation de la présente clause rendra X… automatiquement redevable d'une pénalité fixée dès à présent et
forfaitairement à 12 mois de son dernier salaire brut

sans qu'il soit besoin d'une mise en demeure d'avoir à cesser l'activité concurrentielle.

Toutefois, le paiement de cette indemnité ne porte pas atteinte aux droits de poursuite que la Société se réserve
expressément d'engager contre X… en remboursement du préjudice pécuniaire et moral effectivement subi et de faire
ordonner sous astreinte la cessation de l'activité concurrentielle.

La Société se réserve le droit de renoncer au bénéfice de cette clause. Cette renonciation devra alors être notifiée à X…
dans les délais prévus par la Convention Collective en vigueur à la date de signification de la rupture du contrat.
L'indemnité contractuelle prévue ci-dessus en sera alors pas due (') »

Sur les moyens tirés de la non conformité avec la convention collective :

A l'examen des moyens débattus, la cour retient que X… est mal fondée à soutenir que la clause de non concurrence
litigieuse n'est pas conforme à la convention collective du fait qu'elle rajoute une «interdiction de non-débauchage » et
une « interdiction de non-démarchage » qui ne sont pas prévues par la convention collective ; en effet la clause de non
débauchage ne se confond pas avec la clause de non concurrence et n'ouvre d'ailleurs pas droit à la contrepartie
financière de la clause de non concurrence ; en outre la clause de non démarchage qui interdit à X… de démarcher les
clients de la société avec laquelle elle était personnellement en contact au cours des douze derniers mois, pour son
propre compte ou pour le compte d'une société concurrente, n'est qu'une précision de la clause de non-concurrence.

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La clause de non concurrence n'encourt donc pas les griefs relatifs aux non conformités que X… allègue et le moyen de
ce chef sera rejeté.

Sur les autres moyens relatifs aux conditions de validité de la clause :

A l'examen des pièces produites et des moyens débattus, la cour retient que X… est mal fondée à soutenir que la
clause de non concurrence litigieuse est injustifiée au regard de l'atteinte portée à sa liberté de travailler, que cette
clause n'est aucunement indispensable à la protection des intérêts légitimes de l'entreprise dès lors qu'aucun préjudice
n'est prouvé au cas où elle viendrait à exercer dans une entreprise concurrente, qu'en outre, elle n'a ni activité
commerciale, ni accès à des informations confidentielles, qu'enfin cette clause l'empêche de travailler dans le secteur
de la boulangerie-pâtisserie industrielle en Ile de France, alors qu'elle dispose essentiellement d'une expérience
professionnelle importante dans ce secteur ; en effet la cour retient que les fonctions de responsable qualité et de
responsable des achats que X… exerçait comme elle le rappelle (pièce salarié nº 1), lui donnaient accès à toutes les
recettes et à toutes les fiches techniques, qu'ainsi elle avait connaissance des processus de fabrication et des
matières premières utilisées et validait toutes les fiches techniques produits et toutes les fiches recettes qui sont des
procédés de fabrication confidentiels ; que X… avait donc accès à des informations confidentielles relatives à la
fabrication des produits, vitales pour l'entreprise, ce qui suffit amplement à retenir que la clause de non concurrence
était indispensable à la protection des intérêts légitimes de l'entreprise.

Compte tenu de ce qui précède, la cour retient aussi que la spécificité du poste de X… justifiait la clause de non-
concurrence ; en effet la définition des actes de concurrence que X… était interdite d'exercer pendant 12 mois en
Picardie et en Ile de France, était justifiée par la nature de l'activité de l'entreprise et les spécificités des fonctions de
responsable qualité et des achats qu'elle occupait, sa qualification professionnelle, son savoir-faire, les secrets de
fabrication et les connaissances techniques confidentielles auxquels elle avait eu accès.

Enfin, appréciant la proportionnalité de l'atteinte à la liberté du travail au regard des intérêts que la société
PANIFICATION MODERNE entend protéger, la cour retient d'abord que la clause de non

concurrence n'est pas excessive en ce que l'interdiction de concurrence dans l'espace est limitée aux deux régions
composant la zone de chalandise de la société PANIFICATION MODERNE comme cela ressort du contrat de travail de
X…, la Picardie et l'Ile de France étant ajouté que cette délimitation ne contrevient pas aux dispositions de la
convention collective ; la cour retient ensuite que la délimitation dans le temps, savoir 12 mois, n'encourt aucune
critique et ne contrevient pas non plus aux dispositions de la convention collective ; la cour retient enfin que X… n'était
aucunement empêchée de travailler au motif que les limitations de la clause de non concurrence lui permettaient
suffisamment de travailler soit dans le secteur de la boulangerie ou la pâtisserie industrielle mais en dehors de la
Picardie et de l'Ile de France, ce qui était tout à fait envisageable pour X… qui habite dans le Val d'Oise ou même en
Picardie ou en Ile de France mais dans une entreprise qui n'a pas pour activité la boulangerie ou la pâtisserie
industrielle.

Compte tenu de ce qui précède, la cour retient que la clause de non concurrence est valable au motif que la clause
tient compte de la nature de l'activité de l'entreprise et des spécificités de l'emploi de X…, qu'elle indique les «intérêts
légitimes» que la société PANIFICATION MODERNE entend protéger et qui justifient l'interdiction de concurrence et au
motif que l'atteinte à la liberté de travail n'est pas disproportionnée en ce que l'interdiction de concurrence de X… qui
est cadre est limitée aux deux régions de chalandise de l'entreprise et à 12 mois.

Par suite, le jugement déféré est confirmé en ce qu'il a débouté X… de ses demandes relatives à la nullité de la clause
de non concurrence et aux dommages et intérêts pour le préjudice subi en raison de l'illicéité de la clause de non
concurrence.

Sur la violation de la clause de non concurrence :

Sur l'activité exercée au sein de la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE :

X… soutient qu'elle a respecté ses obligations au titre de la clause de non concurrence, et que la société
PANIFICATION MODERNE doit être déboutée de l'intégralité de ses demandes. Elle précise que la clause de non-
concurrence débutait de fin août 2016 à fin août 2017, que pendant cette période, elle a travaillé 1 mois pour la
société SOFRAM qui a une activité dans le secteur de l'alimentaire, a été ensuite demandeur d'emploi jusqu'en mars
2017 et a alors retrouvé un poste dans le secteur alimentaire où elle travaille toujours. Si elle a un temps envisagé
d'exercer ses fonctions de responsable qualité au sein de la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE, qui est une
entreprise concurrente située en Ile de France, ce projet n'a pas été concrétisé du fait que la société PANIFICATION
MODERNE en a eu connaissance en fouillant dans son portable professionnel ; la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE
l'a relancée fin août 2016 ; la société PANIFICATION MODERNE l'a mise en demeure de cesser son activité concurrente

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au sein de la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE le 30 août 2016 (pièce salarié nº 4) ; elle a aussitôt répondu en
contestant cet emploi (pièce salarié nº 6) et en indiquant avoir été recrutée par la société SOFRAM (pièces salarié nº
9,10 et 18) ; elle a cependant perdu cet emploi le 5 octobre 2016 et s'est alors inscrite à Pôle Emploi (pièces salarié nº
11 à 15) ; elle a retrouvé un emploi fixe depuis mars 2017 (pièce salarié nº 28) ; la société PANIFICATION MODERNE a
introduit une première action en référé en non concurrence et a été déboutée (pièces salarié nº 27) ; après avoir « créé
de toutes pièces une histoire surréaliste en tentant de faire croire que son embauche par la société SOFRAM serait un
montage », la société PANIFICATION MODERNE persiste quand même à la poursuivre alors qu'elle a payé
mensuellement la contrepartie financière de la clause de non concurrence ; mais elle ne met en pas en cause la société
LA PARISIENNE DE BAGUETTE.

L'accusation de montage fictif avec la société SOFRAM est contredite par la DPAE (pièce salarié nº 18).

Le message FACEBOOK qui l'accuse (pièce employeur nº 20) en date du 7 octobre 2016 n'est pas

d'elle car elle était à Pôle Emploi à cette date ; «l'application étant ouverte» (sic), ils ont été écrits par la société
PANIFICATION MODERNE.

L'appel téléphonique passé à la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE ne montre pas qu'elle y travaillait, tout au
contraire.

L'accusation de vol d'un disque dur est destinée à « constituer un dossier ».

Cette action est destinée à lui nuire.

En réplique, la société PANIFICATION MODERNE soutient que X… a violé la clause de non concurrence ; le 28 août 2016
et le 29 août 2016 elle a reçu 2 SMS confirmant le rendez-vous d'embauche le 29 août au matin au sein de la société
LA PARISIENNE DE BAGUETTE (pièces employeur nº 12 pour les SMS et 15 pour l'identification de Y…) ; le recrutement
chez la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE a été habilement préparé à l'instar de l'ancien salarié qu'elle a été
rejoindre (pièces employeur nº 2, 40, 41) ; l'embauche au sein de la société SOFRAM est fictive : elle n'a été réalisée
que postérieurement à la réception de la mise en demeure de la société SPM (pièce employeur nº 4) et pour masquer
la violation de la clause de non-concurrence ; la DPAE (pièce employeur nº 10) faite le 1er septembre 2016 pour une
embauche du 23 août 2016 est incohérente (sic) ; d'ailleurs l'attestation Pôle Emploi produite par X… pour cet emploi
n'est pas un véritable document (sic) : elle mentionne que le préavis est non effectué et non payé (pièce employeur nº
56) ; cet emploi est en outre contredit par ce qu'elle écrit sur FACEEBOOK (pièce employeur nº 20) ; le montage est
corroboré par la proximité des dirigeants de la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE et de la société SOFRAM (pièces
employeur nº 22, 23, 32 à 34) et par les conditions d'embauche de X… au sein de la société SOFRAM : ainsi elle
bénéficie d'un véhicule de société à titre d'avantage en nature qui ne figure pas sur le bulletin de paye, aucune
adhésion à une mutuelle n'a été envisagée et le règlement de la paye s'est effectué par chèque, ce qui n'est pas
habituel au sein d'une société qui emploie plus de 80 personnes.

La cour rappelle qu'il incombe à l'ancien employeur de rapporter la preuve de la violation de la clause de non
concurrence par le salarié.

A l'examen des pièces produites et des moyens débattus, la cour retient que X… a violé la clause de non concurrence
au motif qu'elle a travaillé directement ou indirectement du 29 août 2016 au 7 octobre 2016 pour la société LA
PARISIENNE DE BAGUETTE qui est une société dont l'activité est concurrente à celle exercée par la société
PANIFICATION MODERNE après avoir quitté cette dernière le 26 août 2016 ; cela est suffisamment établi par les SMS
adressés à X… par Y… de la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE (pièce employeur nº 15) les 28 et 29 août 2016
(pièce employeur nº 12) et par les messages échangés sur FACEBOOK entre X… et son amie « C T », le 31 août 2016
et le 7 octobre 2016, qui montrent explicitement que X… travaillait effectivement au sein de la société LA PARISIENNE
DE BAGUETTE à ces dates et qu'elle cherchait le 7 octobre du fait que la société PANIFICATION MODERNE n'acceptait
pas cette violation de la clause de non concurrence (pièce employeur nº 20).

La cour retient aussi que X… a alors quitté la société SOFRAM peu après étant précisé que l'appel téléphonique passé
le 5 octobre 2016 pour établir sa présence dans l'entreprise n'a pas échappé à sa vigilance et à celle de la société
SOFRAM (pièce employeur nº 19) ; en tout cas X… s'est inscrite à Pôle Emploi le 10 octobre 2016 (pièce salarié nº 14)
et il n'y a plus eu de nouvelle preuve de sa présence au sein de la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE après le 7
octobre 2016.

La violation de la clause de non concurrence est donc établie du 29 août au 7 octobre 2016.

C'est donc en vain que X… produit des documents relatifs à l'emploi allégué au sein de la société SOFRAM dont les

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incohérences exactement signalées par la société PANIFICATION MODERNE montrent que cet emploi n'était
qu'apparent et que l'emploi réel de X… était exercé au sein de la société LA PARISIENNE DE BAGUETTE.

C'est aussi en vain que X… soutient que le message du 7 octobre 2016 a été écrit par la société PANIFICATION
MODERNE sur son compte FACEBOOK car « il était ouvert » ; en effet rien ne permet de retenir une telle accusation qui
n'est étayée par aucun élément de preuve.

Sur les sanctions encourues par X… :

La cour rappelle que l'ancien salarié qui ne respecte pas l'interdiction découlant de la clause de non-concurrence
s'expose à trois types de sanctions :

- perte du droit à la contrepartie financière,

- condamnation à des dommages-intérêts envers son ancien employeur, parfois fixés à l'avance dans une clause
pénale,

- condamnation à cesser son activité concurrente, ou licenciement par son nouvel employeur.

La société PANIFICATION MODERNE demande la confirmation du jugement en ce qu'il a condamné X… à lui payer la
somme de 49.656 € en réparation de son préjudice et par infirmation du jugement, la somme de 27.759,18 € en
remboursement de la contrepartie financière et des charges sociales afférentes réglées à X….

X… s'oppose à ces prétentions et demande la somme de 5.005 € bruts à titre de l'indemnité de concurrence (juillet
2017 et août 2017) non réglée ; elle invoque à titre principal le fait qu'elle n'a pas violé la clause de non concurrence
et à titre subsidiaire que la clause pénale est excessive et doit être réduite et cela d'autant plus que la société
PANIFICATION MODERNE invoque une violation pour une durée de 2 mois.

Sur le remboursement de la contrepartie financière de la clause de non concurrence :

A l'examen des pièces produites et des moyens débattus, la cour retient que la société PANIFICATION MODERNE est
bien fondée à demander à X… le remboursement de la somme non utilement contestée de 27.759,18 € en
remboursement de la contrepartie financière et des charges sociales afférentes au motif qu'en violant la clause de non-
concurrence comme elle l'a fait du 29 août au 7 octobre 2016, X… s'est exposée à être condamnée à rembourser les
sommes indûment payées au titre de la contrepartie financière de la clause de non concurrence étant précisé que
même si la convention collective ou le contrat de travail ne le prévoit pas expressément, l'employeur est en droit de
cesser de payer l'indemnité, puisque le salarié ne respecte pas son obligation de non-concurrence et que l'indemnité
est justement la contrepartie de cette obligation et que la perte du droit à l'indemnité est définitive pour l'avenir,
même si la violation de la clause de non-concurrence n'a duré que peu de temps.

Sur les dommages et intérêts :

Selon l'article 1231-5 du code civil, lorsque la convention porte que celui qui manquera de l'exécuter payera une
certaine somme à titre de dommages-intérêts, il ne peut être alloué à l'autre partie une somme plus forte, ni moindre.
Néanmoins le juge peut, même d'office, modérer ou augmenter la pénalité ainsi convenue si elle est manifestement
excessive ou dérisoire. Toute stipulation contraire est réputée non écrite.

A l'examen des pièces produites et des moyens débattus, la cour retient que la société PANIFICATION MODERNE est
bien fondée dans sa demande de dommages et intérêts à hauteur de 5.000 € au motif que conformément à l'article
1231-5 du code civil, le juge à qui il est demandé de condamner le salarié au paiement de la somme fixée par la clause
pénale est en droit d'en modifier le montant ; en l'occurrence la violation de la clause de non concurrence est établie
du 29 août au 7 octobre 2016 et cette durée de violation ne justifie pas l'octroi des dommages et intérêts
forfaitairement convenue pour 12 mois de son dernier salaire brut.

Compte tenu de ce qui précède, le jugement est infirmé en ce qu'il a débouté la société PANIFICATION MODERNE de sa
demande en remboursement des indemnités payées au titre de la contrepartie financière de la clause de non
concurrence et en ce qu'il a condamné X… à payer à la société PANIFICATION MODERNE la somme de 49.656 € en
réparation de son préjudice, et statuant à nouveau de ce chef, la cour condamne X… à payer à la société PANIFICATION
MODERNE les sommes de :

- 27.759,18 € en remboursement de la contrepartie financière et des charges sociales afférentes,

- 5.000 € au titre de la clause pénale.

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Sur la demande reconventionnelle de X… en paiement du solde de la contrepartie

financière de la clause de non concurrence :

Compte tenu de ce que la cour a retenu que X… a violé la clause de non concurrence du 29 août 2016 au 7 octobre
2016, la cour rejette sa demande en paiement du solde de la contrepartie financière de la clause de non concurrence
au motif que cette contrepartie cesse d'être due en cas de violation de la clause de non-concurrence et que la perte du
droit à l'indemnité est définitive pour l'avenir, même si la violation de la clause de non-concurrence n'a duré que peu de
temps.

Sur les heures supplémentaires, les contreparties obligatoires en repos et le travail dissimulé :

Aux termes de l'article L.3171-4 du code du travail, en cas de litige relatif à l'existence ou au nombre d'heures de
travail effectuées, l'employeur doit fournir au juge les éléments de nature à justifier les horaires effectivement réalisés
par le salarié ; le juge forme sa conviction au vu de ces éléments et de ceux fournis par le salarié à l'appui de sa
demande après avoir ordonné, en cas de besoin, toutes les mesures d'instruction qu'il estime utiles.

Si la preuve des horaires de travail effectués n'incombe ainsi spécialement à aucune des parties et si l'employeur doit
être en mesure de fournir des éléments de nature à justifier les horaires effectivement réalisés par le salarié, il
appartient cependant à ce dernier de fournir préalablement au juge des éléments de nature à étayer sa demande.

En l'espèce, X… expose que :

- la convention collective (art. 55) prévoit qu'une convention de forfait jours n'est possible que pour les « les salariés
cadres qui disposent d'une autonomie dans l'organisation de leur emploi du temps, dont la catégorie des emplois se
situe au minimum au niveau CA2 de la classification conventionnelle, et qui les conduit à ne pas suivre l'horaire
collectif applicable au sein de l'atelier, du service ou de l'équipe auquel ils sont intégrés » ,

- elle bénéficiait de la classification C1 comme le montrent son contrat de travail et ses bulletins de salaire (pièces
salarié nº 1 et 19),

- la convention de forfait jours est donc inopposable,

- en plus aucun entretien sur sa charge de travail n'a eu lieu,

- elle prenait son service à 8h/8h30 et le quittait vers 18h30 (pièces salarié nº 21, 22, 24),

- elle travaillait 8h30 par jour soit 42h30 par semaine,

- elle effectué 7,5 heures supplémentaires par semaine et 300 par an,

- le contingent annuel est de 220 heures supplémentaires par an et elle a donc droit à des contreparties obligatoires
en repos en sus des heures supplémentaires,

- elle détaille ses demandes dans ses écritures.

Pour étayer ses dires, X… produit notamment :

- des attestations (pièces salarié nº 21, 22),

- des relevés de péage (pièce salarié nº 24).

Le salarié produit ainsi des éléments préalables qui peuvent être discutés par l'employeur et qui sont de nature à
étayer sa demande.

En défense, la société PANIFICATION MODERNE expose que :

- X… est forclose dans ses demandes au motif qu'elle n'a pas dénoncé le reçu pour solde de tout compte signé le 26
août 2016 dans les 6 mois,

- X… est mal fondée,

- la convention de forfait jours est valable et X… relevait en réalité de la classification CA2 comme le montre ses
attributions et son autonomie ; son salaire était supérieur au minimum conventionnel prévu pour cette classification CA
2,

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- ses pointages montrent qu'elle arrivait souvent beaucoup plus tard que 8h30 (pièce employeur nº 51) ; elle était
quasiment systématiquement absente le vendredi après midi,

- elle avait des RTT et son solde de 6 jours de RTT lui a été réglé avec son reçu pour solde de tout compte (pièces
employeur nº 21 et 52).

A l'appui de ses moyens, la société PANIFICATION MODERNE produit :

- les relevés de pointage (pièce employeur nº 51),

- les bulletins de salaire et le reçu pour solde de tout compte (pièces employeur nº 21 et 52).

Sur la forclusion :

La cour rejette le moyen tiré de la forclusion soulevé par la société PANIFICATION MODERNE au motif que les heures
supplémentaires ne sont pas mentionnées dans le reçu pour solde de tout compte alors qu'il ne produit son effet
libératoire que pour les sommes qui y sont mentionnées.

Sur l'opposabilité de la convention de forfait jours :

La cour dit que la convention de forfait jours n'est pas opposable à X… au motif d'une

part que la salariée qui est classé cadre C1 n'a pas la classification CA 2 requise par la convention collective pour
pouvoir bénéficier d'une convention de forfait jours, peu important que son salaire soir supérieur au minimum
conventionnel prévu pour cette classification et peu important que la salariée aurait tout à fait pu bénéficier de cette
classification et au motif d'autre part que la société PANIFICATION MODERNE ne prouve ni même ne soutient qu'un
entretien annuel individuel a été organisé avec X… sur la charge de travail du salarié, l'organisation du travail dans
l'entreprise, l'articulation entre l'activité professionnelle et la vie personnelle et familiale, ainsi que sur la rémunération
du salarié, comme cela est pourtant exigé la loi pour qu'une convention de forfait jours soit valable.

Sur les heures supplémentaires :

A l'examen des éléments produits de part et d'autre, et sans qu'il soit besoin d'une mesure d'instruction, la cour a la
conviction que X… n'a pas effectué les heures supplémentaires alléguées ; en effet les relevés de pointage, même s'ils
sont partiels, établissent amplement que X… arrivait souvent au travail largement après 9h ce qui suffit à ôter tout
crédit aux 2 attestations qu'elle produit et à ses affirmations.

Ses demandes relatives aux heures supplémentaires, aux contreparties obligatoires en repos et au travail dissimulé
doivent par conséquent être rejetées.

Par suite, le jugement déféré est confirmé en ce qu'il a débouté X… de ses demandes formées au titre des heures
supplémentaires, aux contreparties obligatoires en repos et au travail dissimulé.

Sur les primes :

La société PANIFICATION MODERNE demande l'infirmation du jugement en ce qu'elle a été condamnée à payer à X… les
sommes de 3.000 € à titre de rappel de primes sur les années 2015 et 2016 et 300 € au titre des congés payés
afférents.

X… ne formule aucune demande sur ce point.

La cour ne dispose donc pas, en l'état, d'éléments pour retenir que la condamnation de la société PANIFICATION
MODERNE à payer à X… les sommes de 3.000 € à titre de rappel de primes sur les années 2015 et 2016 et 300 € au
titre des congés payés afférents, est justifiée.

Le jugement déféré est donc infirmé en ce qu'il a condamné à payer à X… les sommes de 3.000 € à titre de rappel de
primes sur les années 2015 et 2016 et 300 € au titre des congés payés afférents.

Sur les autres demandes :

La cour condamne X… aux dépens de la procédure de première instance et de la procédure d'appel en application de
l'article 696 du Code de procédure civile.

Le jugement déféré est infirmé en ce qui concerne l'application de l'article 700 du Code de procédure civile.

Il apparaît équitable, compte tenu des éléments soumis aux débats, de condamner X… à payer à la société

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PANIFICATION MODERNE la somme de 2.500 € en application de l'article 700 du Code de procédure civile.

L'ensemble des autres demandes plus amples ou contraires formées en demande ou en défense est

rejeté, leur rejet découlant des motifs amplement développés dans tout l'arrêt.

PAR CES MOTIFS :

La cour statuant par arrêt contradictoire et en dernier ressort

Rejette la demande de la mise hors de cause de l'Unedic délégation AGS-CGEA,

Infirme le jugement sauf en ce qu'il a débouté X… de ses demandes relatives :

- à la nullité de la clause de non concurrence,

- aux dommages et intérêts pour le préjudice subi en raison de l'illicéité de la clause de non concurrence,

- aux heures supplémentaires, aux contreparties obligatoires en repos et au travail dissimulé,

Statuant à nouveau et ajoutant,

Condamne X… à payer à la société PANIFICATION MODERNE les sommes de :

- 27.759,18 € en remboursement de la contrepartie financière et des charges sociales afférentes,

- 5.000 € au titre de la clause pénale,

Rejette la demande de X… en paiement du solde de la contrepartie financière de la clause de non concurrence,

Condamne X… à payer à la société PANIFICATION MODERNE la somme de 2.500 € en application de l'article 700 du
Code de procédure civile,

Déboute X… et la société PANIFICATION MODERNE de toutes leurs autres demandes plus amples ou contraires,

Condamne X… aux dépens de première instance et d'appel.

LE GREFFIER, LE PRESIDENT.

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