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Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 27

janvier 2021, 18-22.541, Inédit


Cour de cassation - Chambre commerciale

 N° de pourvoi : 18-22.541
 ECLI:FR:CCASS:2021:CO00075
 Non publié au bulletin
 Solution : Rejet

Audience publique du mercredi 27 janvier 2021


Décision attaquée : Cour d'appel de Rouen, du 19 février 2018
Président
Mme Darbois (conseiller le plus ancien faisant fonction de président)
Avocat(s)
SCP Fabiani, Luc-Thaler et Pinatel, SCP Foussard et Froger
Texte intégral

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu l'arrêt suivant :

COMM.

CH.B

COUR DE CASSATION
______________________

Audience publique du 27 janvier 2021

Rejet

Mme DARBOIS, conseiller le plus


ancien faisant fonction de président

Arrêt n° 75 F-D

Pourvoi n° Y 18-22.541
RÉPUBLIQUEFRANÇAISE

_________________________

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS


_________________________

ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIÈRE ET


ÉCONOMIQUE, DU 27 JANVIER 2021

1°/ M. T... S...,

2°/ Mme L... K..., épouse S...,

domiciliés tous deux [...],

ont formé le pourvoi n° Y 18-22.541 contre l'arrêt rendu le 19 février 2018 par la cour d'appel
de Rouen (chambre de la proximité), dans le litige les opposant à la société [...] , société
d'exercice libéral à responsabilité limitée, dont le siège est [...] , en la personne de M. Y... H...,
pris en qualité de liquidateur judiciaire de la société Orn'Discothèque, défenderesse à la
cassation.

Les demandeurs invoquent, à l'appui de leur pourvoi, le moyen unique de cassation annexé
au présent arrêt.

Le dossier a été communiqué au procureur général.

Sur le rapport de Mme Boisselet, conseiller, les observations de la SCP Foussard et Froger,
avocat de M. et Mme S..., de la SCP Fabiani, Luc-Thaler et Pinatel, avocat de la société [...] ,
ès qualités, après débats en l'audience publique du 1er décembre 2020 où étaient présentes
Mme Darbois, conseiller le plus ancien faisant fonction de président, Mme Boisselet,
conseiller rapporteur, Mme Champalaune, conseiller, et Mme Fornarelli, greffier de chambre,

la chambre commerciale, financière et économique de la Cour de cassation, composée des


président et conseillers précités, après en avoir délibéré conformément à la loi, a rendu le
présent arrêt.

Faits et procédure

1. Selon l'arrêt attaqué (Rouen, 19 février 2018), la société Orn'Discothèque a, le 2 juin 2014,
vendu à la société AH Discothèque l'un des deux fonds de commerce de discothèque qu'elle
exploitait, pour un prix payable en 84 échéances mensuelles. M. et Mme S... se sont rendus
caution solidaire des engagements de la société AH Discothèque.

2. A la suite de la défaillance de cette dernière, la société Orn'Discothèque a fait inscrire une


hypothèque sur un bien immobilier appartenant à M. et Mme S....

3. Les sociétés AH Discothèque et Orn'Discothèque ont été mises en liquidation judiciaire les
7 et 21 septembre 2015, et M. H... a été désigné liquidateur judiciaire de la seconde. Ce
dernier, aux droits duquel vient la société [...] , a déclaré la créance de la société
Orn'Discothèque au passif de la société AH Discothèque puis, après avoir fait délivrer à M. et
Mme S... un commandement de payer valant saisie immobilière, les a assignés à l'audience
d'orientation du juge de l'exécution compétent.

4. M. et Mme S... ont demandé l'annulation de l'acte de vente pour dol.


Examen du moyen

Enoncé du moyen

5. M. et Mme S... font grief à l'arrêt de rejeter leur demande d'annulation de la vente du 2 juin
2014, de fixer le montant de la créance et d'ordonner la vente forcée de leur bien, alors qu'« à
supposer même que les chiffres mis en avant aient concerné l'établissement "Le Space" et lui
seul, de toute façon, l'acte du 2 juin 2014 mentionnait un chiffre d'affaires de 120 000 euros
pour la période comprise entre le 1er octobre 2013 et le 2 juin 2014 ; qu'en s'abstenant de
rechercher si ce chiffre était exact et si M. et Mme S... n'avaient pas été trompés, sachant
qu'aucune comptabilité n'a été tenue pour la période postérieure au 1er octobre 2013 et
qu'aucun livre comptable n'a été fourni tant à l'acquéreur qu'aux cautions, l'attestation
d'expert-comptable ne concernant que la période close au 30 septembre 2013, les juges du
fond ont privé leur décision de base légale au regard des articles 1130 et 1137 nouveaux du
code civil. »

Réponse de la Cour

6. Selon l'article 2313 du code civil, la caution n'est pas recevable à se prévaloir d'une nullité
relative tirée du dol subi par le débiteur principal, qui constitue une exception purement
personnelle destinée à protéger ce dernier seulement.

7. Il en résulte que M. et Mme S..., qui n'ont pas contesté la validité de leurs engagements de
cautions, ne sont pas recevables à demander l'annulation du contrat de vente conclu entre la
société Orn'Discothèque et la société AH Discothèque en raison du dol qui aurait affecté le
consentement de cette dernière, seule cessionnaire et débitrice du prix du fonds de
commerce litigieux.

8. Par ce motif de pur droit, substitué à ceux critiqués, dans les conditions prévues par les
articles 620, alinéa 1er, et 1015 du code de procédure civile, la décision déférée se trouve
légalement justifiée de ce chef.

PAR CES MOTIFS, la Cour :

REJETTE le pourvoi ;

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