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2016040123
Sur la décision
Avocat(s) :
Philippe GLASER, Julien COMBIER, Bruno SAUTELET
Cabinet(s) :
FIDAL, SCP BRODU-CICUREL-MEYNARD-GAUTHIER-MARIE, AVOCAT TAYLOR
Parties :
SA MMA IARD venant au droits de COVEA RISKS, SARL ADAPTEA, SC MMA IARD ASSURANCES MUTUELLES venant au droits de
COVEA RISKS
Texte intégral
Copie exécutoire : SCP Brodu Cleurel Meynard Gauthier APRES EN AVOIR DELIBERE APRES EN AVOIR
Copie aux demandeurs : 2 | Copie aux défendeurs ; 4 DELIBERE
X, la société MMA [ARD et la société MMA [ARD » Condamner solidairement X et son assureur, les sociétés
ASSURANCES MÛTUELLES MMA [ARD ET MMA ARD ASSURANCES MUTUELLES,
au réglement de la somme de 3.000 € en application des
toutes deux venant aux droits de la société COVEA RISKS, dispositions de l’article 700 du code de procédure civile,
Par ces actes remis à personnes habilitées et à l’audience » Condamner solidairement X et son assureur, les sociétés
du 28 février 2017, Monsieur MMA IARD ET MMA [ARD ASSURANCES MUTUËÊLLES
aux entiers dépens d’instance,
A Y, dans le dernier état de ses prétentions, demande au
tribunal de : « Assortir la décision de l’exécution provisoire.
Vu les dispositions des articles 1135 et 1147 du code civil, Aux audiences des 17 janvier et 16 mai 2017, SA MMA H
ET SC MMA [ARD ASSURANCES MUTUELLES, toutes
Vu les dispositions de l’article L341-3 du code monétaire et deux venant au droits de COVEA RISKS, et X demandent
financier, au tribunal de :
Vu les dispositions des articles L541-3 et suivants du code Vu les articles 378 et 762 du code de procédure civile,
monétaire et financier,
Vu l’article 41147 du code civil,
Vu les dispositions de l’article L131-1 du code des
procédures civiles d’exécution, Vu les pièces versées aux débats,
In fimine lilis,
» Constater que la décision définitive de l’Administration TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS N° RG :
fiscale a un caractére déterminant sur l’existence des 2016040123 JUGEMENT DU MERCREDI 05/07/2017
préjudices allégués par Monsieur A Y, 7EME CHAMBRE ERL* – PAGE 4
En tout état de cause, A cette même audience, après avoir entendu les parties en
leurs explications et observations, le juge chargé
+» Donner acte aux sociétés MMA [ARD ET MMA tARD d’instruire l’affaire clôt les débats, met l’affaire en délibéré
Assurances Mutuelles de ce qu’elles viennent aux droits et dit que le jugement sera prononcé par sa mise à
de la compagnie COVEA RISKS, aux droits de laquelle disposition au gretfe le 5 juillet 2017.
viennent les sociétés MMA H ET MMA [ARD
ASSURANCES MUTUELLES; Moyens des parties
» Dire et juger que la société CABINET X n’a commis Des moyens et arguments des parties, le tribunal retient ce
aucune faute à l’égard de Monsieur A Y, qui suit pour l’essentiel et renvoie, pour de plus amples
informations au corps du présent jugement et aux
» Dire et juger que le préjudice allégué par Monsieur Y écritures des parties.
n’est pas établi,
A l’appui de sa demande, Monsieur A Y produit 30 pièces
En conséquence, dont :
+ Condamner Monsieur A Y à payer aux sociétés Description du systéme mis en place par Monsieur C,
CABINET X et aux sociétés MMA ARD ET MMA [ARD
Assurances Mutuelles venant aux droits de la société Dossier de présentation et bulletin de souscription DTD,
COVEA RISKS, la somme de 10.000 € en application des
dispositions de l’article 700 du code de procédure civile, Courrier de la société DTD du 15 mars 2009,
« Condamner Monsieur Y aux entiers dépens de l’instance. Proposition de rectification du 14 novembre 2011 et avis
d’imposition complémentaire du 6 décembre 2012,
L’ensemble de ces demandes a fait l’objet du dépôt de
conclusions qui ont été échangées en présence d’un Mise en demeure en date du 5 avril 2016,
greffier qui en a pris acte sur la cote de procédure ou ont
été régularisées par le juge chargé d’instruire l’affaire en Preuve de réglement de l’imposition complémentaire,
présence des parties. A l’audience collégiale du
25 avril 2017, l’affaire a été confiée à l’examen d’un juge soutient que:
chargé d’instruire l’affaire.
X lui a présenté DTD comme étant spécialisée dans le
À l’audience du juge chargé d’instruire l’affaire du montage d’opérations de location longue durée de
16 mai 2017, X, MMA [ARD et MMA JARD ASSURANCES matériels industriels, de construction d’ateliers, d’usines
MUTUELLES, toutes deux venant au droits de COVEA clé en main et de projets immobiliers en défiscalisation
RISKS, ont informé le tribunal qu’elles ne demandaient dans les DOM TOM,
plus :
C’est par l’intermédiaire d’X qu’il a souscrit au capital
(1) in limine litis de constater que la décision définitive de d’une SEP afin de bénéficier d’une réduction d’impôt,
l’administration fiscale avait un caractère déterminant sur
Ayant toute confiance en X, sur ses conseils, il a investi
l’existence des préjudices allégués par Monsieur A Y, (2)
15.000 € dans le produit proposé par DTD en pensant
un sursis à statuer dans l’altente de la décision rendue à
obtenir une réduction d’impôt d’un montant de 22.680 €,
l’issue de la procédure opposant Monsieur A Y à
Les réductions d’impôt escomptées ont été remises en
l’administration fiscale, Monsieur A Y lui ayant payé la
cause par l’administration fiscale qui a
somme réclamée.
La qualité d’intermédiaire indépendant et rémunéré d’X X a mia Monsieur A Y, désireux de souscrire une
l’obligesit à une toule particulière précaution, opération de défiscalisation, en relation avec DTD,
L’obligation de conseil qui se situe au cœur même de avec lui, ou un autre produit, selon sa demande et qu’il
l’activité d’ADAPTEÉA a fait défaut. agit alors en qualité de courtier, c’est-à-dire
d’intermédiaire chargé de rechercher un partenaire
Pour leur défense, X, MMA H et MMA H Assurances contractuel à son client en vue de réaliser l’opération
Mutuelles produisent 30 pièces dont : envisagée, sans intervenir lui-même dans la conclusion
du contrat,
Contrat conclu entre l’ANACOFI et COVEA RISKS,
X a agi en qualité de courtier dans le cadre de la
Ordonnance du TGI de Rennes du 8 mars 2012, souscription par Monsieur A Y de l’opération litigieuse
auprès de DTD et que n’ayant ainsi souscrit qu’une
Ordonnance du TGI de Brest du 13 mai 2014, obligation de moyens, sa responsabilité ne saurait être
engagée du seul fait que l’investissement n’a pas produit le
Ordonnances du TG! de Paris du 7 octobre 2015 et du résultat escompté,
29 mars 2016,
Monsieur A Y souhaitait réaliser une opération de
Jugement du tribunal de commerce de Nanterre du défiscalisation afin d’alléger la charge de son imposition
29 juillet 2016, sur le revenu,
Arrêts de la cour d’appel de Paris en date des 24 novembre Monsieur A Y ne prétend aucunement qu’une telle
et 10 juin 2016, opération n’était pas adaptée à sa situation ou ne
correspondait pas à ses attentes,
Arrêt de la cour d’appel de RENNES du 6 mars 2012,
(__
(,: Attendu enfin que l’existence d’une faute ne peut être
déduite du seul fait de l’absence de résultat escompté, étant
TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS N° RG : précisé qu’en l’espèce, l’échec de l’opération n’est pas
2016040123 JUGEMENT OL MERCREDI 05/07/2017 7EME imputable à une inadéquation du produit mais à la
CHAMBRE . ERL*-PAGEB défaillance de DTD et de ses partenaires, les matériels
photovoltaïques, supports de l’opération de défiscalisation
Il convient par ailleurs de souligner qu’X disposait, à la n’ayant jamais été livrés ni en capacité de fonctionner ;
date de souscription de l’opération litigieuse par le
demandeur, de tous les éléments permettant d’accréditer sa Attendu cependant que conformément à ses obligations
position en qualité de conseil, X devait s’assurer du sérieux de
l’opération proposée à Monsieur A Y avant de la lui
quant à la validité du montage proposé, proposer ;
Attendu que l’article L. 111-2 du code de la consommation pouvoirs publics afin d’encourager les investissements
dispose que, en sa qualité de conseil en gestion de outre-mer, dans diverses
patrimoine « tout professionnel prestataire de services doit
avant la conclusion du contrat et, en tout état de cause, consultations réalisées à la demande de DTD, confirmant
lorsqu’il n y a pas de contrat écrit, avant l’exécution de la notamment la solidité fimnanciére
prestation de services, mettre le consommateur en mesure
de connaître les caractéristiques essentielles du service » ; des exploitants, la légalité de l’opération et l’absence de
tout vice susceptible de mettre en cause l’avantage fiscal et
Attendu qu’une fois sa mission de conseil réalisée, un qu’il était précisé dans ces consultations que:
conseil en gestion de patrimoine peut-être amené à
rechercher et à proposer à son client un produit de nature o «L’ensemble des documents souscripteurs et exploitants
à mettre en œuvre la stratégie définie avec lui, ou un autre concermant le montage de défiscalisation industrielle»
produit, selon sa demande, avec Dom-Tom Défiscalisation SARL (DTD) ont été étudiés
par F G, Nous les avons actualisés, corrigés et validés,
Attendu qu’X a alors agi en qualité de courtier dans le
cadre de la souscription par Monsieur A Y de l’opération Cette étude de conformité s’est faite à la lumière de la Loi
auprès de DTD ; d’Orientation Pour l’Outre- Mer (LOPOM) dite «loi
Girardin» applicable et des dernières instructions
Attendu que la jurisprudence précise que «la mission administratives qui commentent en détail les articles du
essentiella du courtier est de mettre en rapport des Code Général des Impôts réglementant la défiscalisation
personnes qui contracteront éventuellement entre elles industrielle [. . .]. Compte-tenu des commentaires qui
par la suite. Il na représente pas les parties ainsi suivent, ces documents sont en adéquation avec la
approchées et ne conclut pas tui-même l’opération, réglementation Girardin industrielle et permettent une
laissant ce soin aux intéressés. Le courtier est un « trait défiscalisation sécurisée,
d’union » permettant de rapprocher des parties qui
concluront éventuellement une convention» ; o Le principe proposé est conforme à la réglementation,
Attendu qu’en tant que courtier, ADAPTEÉA ne o Si l’entreprise exploitante n’assure pas l’utilisation
garantissait pas la bonne fin de l’opération et ne saurait conformément aux règles fiscales, le montage peut être
étre tenu responsable en cas de manquement de l’un des remis en cause. Ce risque est quasiment nul du fait des
cocontractants qu’il a présenté à ses obligations ; procédures suivantes: la première parade réside dans les
précautions confirmant la solidité financière des
exploitants; la seconde porte sur la possibilité de trouver
un nouvel exploitant dans un délai raisonnable pour TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS N° RG :
poursuivre la location (ce qui est admis par 2016040123 JUGEMENT DU MERCREDI 05/07/2017
l’administration) ; les fonds des investisseurs sont répartis 7EME CHAMBRE ERL* – PAGE 8
sur plusieurs SEP, donc plusieurs opérations et plusieurs
entreprises distinctes. Cependant le risque est théorique, Par ces motifs Le tribunal statuant par un jugement réputé
car Lynx Industries se substitue à l’exploitant» ; contradictoire et en premier ressort :
» Attendu que la cour d’appel de Paris a jugé, sur une Constatera que la société X n’a commis aucun
affaire similaire, dans son arrêt du 24 novembre 2015 que manquement à son obligation d’information, de conseil et
ces consultations concluaient à la conformité de de mise en garde à l’égard de Monsieur A Y ;
l’opération DTD à la loi Girardin ;
» Déboute Monsieur A Y de toutes ses demandes, fins et
+ Attendu par ailleurs que Monsieur A Y n’apporte aucun conclusions ; *» Déboute la SARL X et la SA MMA H et la
élément propre à démontrer qu’X ne lui avait pas fait société MMA H
connaître les caractéristiques essentielles du service
qu’elle lui fournissait et qu’il ne prétend aucunement ASSURANCES MUTUELLES venant aux droits de COVEA
qu’une telle opération n’était pas adaptée à sa situation ou RISKS de toutes leurs autres demandes fins et
ne correspondait pas à ses attentes ; conclusions ;
Sur l’article 700 du code de procédure civile Attendu que En application des dispositions de l’article 871 du code de
pour faire reconnaître leurs droits, SARL X et SA MMA H procédure civile, l’affaire a été débattue le 16 mai 2017 en
SC MMA audience publique, devant M. K L, juge chargé d’instruire
l’affaire, les représentants des parties ne s’y étant pas
H ASSURANCES MÛTUELLES venant au droits de opposés.
COVEA RISKS, ont dû exposer des frais non compris dans
les dépens qu’il serait inéquitable de laisser à leur charge, Ce juge a rendu compte des plaidoiries dans le délibéré du
le tribunal condamnera M. A Y à leur payer la somme de tribunal, composé de MM. Denis Mugnier, I J et K L.
2.000 € au titre de l’article 700 du code de procédure
civile, déboutant pour le surplus ; Délibéré le 6 juin 2017 par les mêmes juges.
Sur les entiers dépens Les dépens seront mis à la charge de Dit que le présent jugement est prononcé par sa mise à
M. A Y la partie qui succombe ; disposition au greffe de ce tribunal, les parties en ayant été
préalablement avisées lors des débats dans les conditions
Sur l’exécution provisoire Atteridu que, compte tenu des prévues au deuxième alinéa de l’article 450 du code de
circonstances et de la solution donnée au litige, il n’y a procédure civile.
pas
La minute du jugement est signée par M. Denis Mugnier,
lieu d’ordonner l’exécution provisoire sollicitée ; président du délibéré et par M. K Loff, greffier.
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