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Tribunal de commerce de Paris, 7eme chambre, 5 juillet 2017, n°

2016040123

Sur la décision

Référence : T. com. Paris, 7e ch., 5 juill. 2017, n° 2016040123


Juridiction : Tribunal de commerce de Paris
Numéro(s) : 2016040123

Sur les personnes

Avocat(s) :
Philippe GLASER, Julien COMBIER, Bruno SAUTELET
Cabinet(s) :
FIDAL, SCP BRODU-CICUREL-MEYNARD-GAUTHIER-MARIE, AVOCAT TAYLOR
Parties :
SA MMA IARD venant au droits de COVEA RISKS, SARL ADAPTEA, SC MMA IARD ASSURANCES MUTUELLES venant au droits de
COVEA RISKS

Texte intégral

Copie exécutoire  : SCP Brodu Cleurel Meynard Gauthier APRES EN AVOIR DELIBERE APRES EN AVOIR
Copie aux demandeurs : 2 | Copie aux défendeurs ; 4 DELIBERE

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE Falts


FRANCAIS
Dans le courant de l’année 2009, Monsieur A Y, directeur
TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS 7TEME CHAMBRE commercial, a été démarché par la société X (ci-aprés X)
qui exerce une activité de conseil en gestion de
JUGEMENT PRONONCE LE 05/07/2017  par sa mise à patrimoine.
disposition au Greffa
Sur les conseils d’X et en toute confiance, Monsieur A Y a
RG 2016040123 investi le 6/11/2008 dans un produit proposé par la société
DOM TOM DEFISCALISATION (ci-aprés dénommée DTD),
ENTRE : société spécialisée dans le montage d’opérations de
location longue durée de matériels industriels, de
M. Y A, demeurant […] construction d’ateliers, d’usines clés en mains et de projets
immobiliers en défiscalisation dans les DOM TOM,
Partie demanderesse  : assistée du Cabinet FIDAL investissement productif entrant dans la loi n°2003-
représenté par Maître Julien COMBIER Avocat au Barreau 660  du 21  juillet  2003, dite Loi GIRARDIN et ainsi
de Lyon et comparant par Me  SAUTELET Bruno Avocat bénéficier d’une réduction d’impôt.
(E1344)
Le montage proposé à M.  A Y consistait à souscrire au
ET : capital d’une Société en Participation (SEP) ayant pour
objet la mise en commun de moyens nécessaires pour
1) SARL X, dont le siège social est […] l’acquisition et la location dans les départements d’Outre-
Mer de centrales photovoltaïques. Ces SEP étaient gérées
2) SA MMA JARD venant aux droits de COVEA RISKS, par DTD, chacune d’entre elles devant acquérir auprés de
dont le siège social est […] la société L’YNX INDUSTRIES, du matériel
photovoltaïque, pour un montant de 298.000  euros HT.
3) SC MMA H ASSURANCES MUÛTUELLES venant aux
Ce plafond a ensuite été abaissé à 249.000  euros HT dans
droits de COVEA RISKS, dont le siège social est […]
le courant de l’année 2009,

Parties défenderesses  : assistées de Me  A GLASER du w_ 5È>\î


Cabinet TAYLOR WESSING Avocat (J010) et comparant
par la SCP BRODU CICUREL MEYNARD GAUTHIER 34
Avocat (P240)
TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS N° RG ; Vu la jurisprudence citée,
2016040123  JUGEMENT DU MERCREDI 05/07/2017
7EME CHAMBRE ERL* – PAGE 2 Vu les pièces versées aux débats,

Le montant de l’investissement fait par Monsieur A Y dans In limine litis,


DTD a été de 15.000 €, ce dernier pensant obtenir une
réduction d’impôts d’un montant total de 22.680 € au titre + Constater que la demande de sursis à statuer dans
de ses revenus 20086, l’attente de la procédure fiscale n’est pas fondée,

Le 14  novembre  2011, l’administration fiscale a adressé à En conséquence,


Monsieur A Y une proposition de rectification fiscale d’un
montant de 30.337 € au titre de l’opération de + Rejeter la demande de sursis à statuer dans l’attente de
défiscalisation précitée, opération qu’elle remettait en l’issue de la procédure administrative,
cause au motif que les investissements allégués ne
répondaient pas aux conditions prévues, à savoir : Sur le fond,

1. Absence de justificatif, » Constater le manquement d’X à son obligation


d’information, de conseil et de mise en garde à l’égard de
2. Disproportion entre les fonds collectés et les Monsieur A Y,
investissements importés,
+ Constater le préjudice subi par Monsieur A Y en lien
3. Investissements incapables de fonctionner de manière direct avec ces manquements quant aux investissements
autonome, réalisés dans le courant de l’année 2008,

4. Montant de l’investissement éligible. + Rejeter l’application de la franchise d’assurance,

L’administration fiscale ayant rejeté les réclamations faites En conséquence,


par Monsieur A Y, celui- ci s’est acquitté le
12 juillet 2016 de la somme de 27.579 €, aprés avoir obtenu » Condamner solidairement X et son assureur, les sociétés
une remise sur les pénalités et intérêls de retard après MMA H ET MMA H ASSURANCES MUTUELLES, à
discussion avec l’administration fiscale. indemniser l’entier préjudice subi par Monsieur

Dans ces conditions, après les avoir mis en demeure, A- -M


Monsieur A Y n’a pas eu d’autre choix que d’assigner X et
son assureur, les sociétés MMA [ARD et MMA H bi
ASSURANCES MÛTUELLES venant aux droits de COVEA
RISKS, devant la juridiction de céans aux fins de les voir TRIBUNAL DE COMMERCE OE PARIS N° RG  :
condamnées solidairement. 2016040123  JUGEMENT DU MERCREDI 05/07/2017
7EME CHAMBRE ERL* – PAGE 3
Procédure
Y, lequel s’élève à la somme de 33.094,80 €, outre intérêts
Par actes en date du 31 mai et du 13 juin 2016, Monsieur A au taux légal à compter de la mise en demeure en date du
Y assigne SARL 5 avril 2016,

X, la société MMA [ARD et la société MMA [ARD » Condamner solidairement X et son assureur, les sociétés
ASSURANCES MÛTUELLES MMA [ARD ET MMA ARD ASSURANCES MUTUELLES,
au réglement de la somme de 3.000 € en application des
toutes deux venant aux droits de la société COVEA RISKS, dispositions de l’article 700 du code de procédure civile,

Par ces actes remis à personnes habilitées et à l’audience » Condamner solidairement X et son assureur, les sociétés
du 28 février 2017, Monsieur MMA IARD ET MMA [ARD ASSURANCES MUTUËÊLLES
aux entiers dépens d’instance,
A Y, dans le dernier état de ses prétentions, demande au
tribunal de : « Assortir la décision de l’exécution provisoire.

Vu les dispositions des articles 1135 et 1147 du code civil, Aux audiences des 17  janvier et 16  mai  2017, SA MMA H
ET SC MMA [ARD ASSURANCES MUTUELLES, toutes
Vu les dispositions de l’article L341-3 du code monétaire et deux venant au droits de COVEA RISKS, et X demandent
financier, au tribunal de :

Vu les dispositions des articles L541-3  et suivants du code Vu les articles 378 et 762 du code de procédure civile,
monétaire et financier,
Vu l’article 41147 du code civil,
Vu les dispositions de l’article L131-1  du code des
procédures civiles d’exécution, Vu les pièces versées aux débats,

In fimine lilis,
» Constater que la décision définitive de l’Administration TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS N° RG  :
fiscale a un caractére déterminant sur l’existence des 2016040123  JUGEMENT DU MERCREDI 05/07/2017
préjudices allégués par Monsieur A Y, 7EME CHAMBRE ERL* – PAGE 4

En tout état de cause, A cette même audience, après avoir entendu les parties en
leurs explications et observations, le juge chargé
+» Donner acte aux sociétés MMA [ARD ET MMA tARD d’instruire l’affaire clôt les débats, met l’affaire en délibéré
Assurances Mutuelles de ce qu’elles viennent aux droits et dit que le jugement sera prononcé par sa mise à
de la compagnie COVEA RISKS, aux droits de laquelle disposition au gretfe le 5 juillet 2017.
viennent les sociétés MMA H ET MMA [ARD
ASSURANCES MUTUELLES; Moyens des parties

» Dire et juger que la société CABINET X n’a commis Des moyens et arguments des parties, le tribunal retient ce
aucune faute à l’égard de Monsieur A Y, qui suit pour l’essentiel et renvoie, pour de plus amples
informations au corps du présent jugement et aux
» Dire et juger que le préjudice allégué par Monsieur Y écritures des parties.
n’est pas établi,
A l’appui de sa demande, Monsieur A Y produit 30  pièces
En conséquence, dont :

+ Débouter Monsieur A Y de l’ensemble de ses prétentions Ln


à l’encontre de la société CABINET X et des sociétés MMA
[ARD ET MMA [ARD Assurances Mutuelles venant aux €
droits de la société COVEA RISKS,
Dispositif de la loi GIRARDIN industrielle,
» Constater qu’une franchise d’un montant de 15.000 €
par sinistre et par année d’assurance est stipulée dans le […], dossier de souscription,
contrat d’assurance souscrit par la société ADAPTEÉA au
profit de la société COVEA RISKS aux droits de laquelle Attestation de garantie de risque fiscal et attestation
viennent les sociétés MMA |ARD ET MMA [ARD d’assurance RCP de DTD, Avis à victime faisant état de
Assurances Mutuelles, l’instruction pénale en cours,

+ Condamner Monsieur A Y à payer aux sociétés Description du systéme mis en place par Monsieur C,
CABINET X et aux sociétés MMA ARD ET MMA [ARD
Assurances Mutuelles venant aux droits de la société Dossier de présentation et bulletin de souscription DTD,
COVEA RISKS, la somme de 10.000 € en application des
dispositions de l’article 700 du code de procédure civile, Courrier de la société DTD du 15 mars 2009,

« Condamner Monsieur Y aux entiers dépens de l’instance. Proposition de rectification du 14  novembre  2011  et avis
d’imposition complémentaire du 6 décembre 2012,
L’ensemble de ces demandes a fait l’objet du dépôt de
conclusions qui ont été échangées en présence d’un Mise en demeure en date du 5 avril 2016,
greffier qui en a pris acte sur la cote de procédure ou ont
été régularisées par le juge chargé d’instruire l’affaire en Preuve de réglement de l’imposition complémentaire,
présence des parties. A l’audience collégiale du
25  avril  2017, l’affaire a été confiée à l’examen d’un juge soutient que:
chargé d’instruire l’affaire.
X lui a présenté DTD comme étant spécialisée dans le
À l’audience du juge chargé d’instruire l’affaire du montage d’opérations de location longue durée de
16  mai  2017, X, MMA [ARD et MMA JARD ASSURANCES matériels industriels, de construction d’ateliers, d’usines
MUTUELLES, toutes deux venant au droits de COVEA clé en main et de projets immobiliers en défiscalisation
RISKS, ont informé le tribunal qu’elles ne demandaient dans les DOM TOM,
plus :
C’est par l’intermédiaire d’X qu’il a souscrit au capital
(1) in limine litis de constater que la décision définitive de d’une SEP afin de bénéficier d’une réduction d’impôt,
l’administration fiscale avait un caractère déterminant sur
Ayant toute confiance en X, sur ses conseils, il a investi
l’existence des préjudices allégués par Monsieur A Y, (2)
15.000 € dans le produit proposé par DTD en pensant
un sursis à statuer dans l’altente de la décision rendue à
obtenir une réduction d’impôt d’un montant de 22.680 €,
l’issue de la procédure opposant Monsieur A Y à
Les réductions d’impôt escomptées ont été remises en
l’administration fiscale, Monsieur A Y lui ayant payé la
cause par l’administration fiscale qui a
somme réclamée.

constaté que les conditions ouvrant droit à la réduction


33
d’impôt n’étaient pas remplies,
Le produit vendu s’est révélé être purement fictif et les Consultations du cabinet F G,
fonds collectés n’ont nultement servi à l’achat de matériel
photovoltaïques et à leur installation sur les toitures afin Courrier de Monsieur Z, du Ministère de l’Economie, en
de produire de l’électricité ; que les fonds ont été détournés date du 2/04 et 29/10/2009,
et ont bénéficié à DTD, et plus particulièrement à son
dirigeant, Monsieur B C, Jugement rendu par le tribunal de grande instance de
Toulouse en date du 2/09/14, Jugement du tribunal de
Qu’une instruction pénale a, en parallèle, été ouverte au commerce d’Aix-an-Provence du 1er mars 2016,
Pôle Financier près le tribunal de grande instance de Paris
révélant des faits d’escroqueries d’envergure nationale ; Arrêt du conseil d’état en date du 4 juin 2008,
que plus de
Réponse du ministre du budget au député D E-Aignan en
4 000 investisseurs seraient concernés et feraient l’objet de date du 2/07/2013, Jugements du TA de PARIS du
redressements fiscaux, 26 janvier 2016 et des 7 et 31 décembre 2015, Jugement du
tribunal de grande instance de Strasbourg du
C’est dans ce contexte que l’administration fiscale lui a 30 janvier 2012,
adressé une proposition de rectification de son impôt puis
un avis d’imposition complémentaire au titre des Arrêt de la cour de cassation du 16 avril 2015.
investissements qu’il a réalisés en 2008  en lui réclamant
la somme de 30.337 € comprenant le rappel des réductions et soutiennent que :
d’impôts au titre des années d’investissement majoré des
pénalités et intérêt de retard. L’activité de conseil en gestion de patrimoine consiste à
conseiller des particuliers ou des entreprises pour
Après discussion, il a obtenu une remise de pénalités et élaborer, structurer ou bonifier leur patrimoine,
intérêt de retard et a réglé le 12  juillet  2016  à notamment en vue d’une optimisation fiscale de leur
l’administration fiscale la somme de 27.579 €, gestion patrimoniale,

La qualité d’intermédiaire indépendant et rémunéré d’X X a mia Monsieur A Y, désireux de souscrire une
l’obligesit à une toule particulière précaution, opération de défiscalisation, en relation avec DTD,

ot NN Comme toute obligation de conseil, celle du conseil en


gestion de patrimoine est une obligation
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de moyens et que leur responsabilité ne saurait être
TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS N° RG  : engagée au seul motif que le résultat escompté n’a pas été
2016040123  JUGEMENT OL MERCREOI 05/07/2017 atteint,
7TEME CHAMBRE ERL* – PAGE 5
Une fois la mission de conseil réalisée, le conseil en
Un conseil en gestion de patrimoine est un professionnel gestion de patrimoine peut étre amené à
dont | 'activité consiste à guider son client dans le choix
de placement qui offrent à lui ainsi qu’à l’éclairer sur les rechercher et à proposer à son client un produit de nature
conséquences juridique et fiscale de ses choix. à mettre en œuvre la stratégie définie

L’obligation de conseil qui se situe au cœur même de avec lui, ou un autre produit, selon sa demande et qu’il
l’activité d’ADAPTEÉA a fait défaut. agit alors en qualité de courtier, c’est-à-dire
d’intermédiaire chargé de rechercher un partenaire
Pour leur défense, X, MMA H et MMA H Assurances contractuel à son client en vue de réaliser l’opération
Mutuelles produisent 30 pièces dont : envisagée, sans intervenir lui-même dans la conclusion
du contrat,
Contrat conclu entre l’ANACOFI et COVEA RISKS,
X a agi en qualité de courtier dans le cadre de la
Ordonnance du TGI de Rennes du 8 mars 2012, souscription par Monsieur A Y de l’opération litigieuse
auprès de DTD et que n’ayant ainsi souscrit qu’une
Ordonnance du TGI de Brest du 13 mai 2014, obligation de moyens, sa responsabilité ne saurait être
engagée du seul fait que l’investissement n’a pas produit le
Ordonnances du TG! de Paris du 7  octobre  2015  et du résultat escompté,
29 mars 2016,
Monsieur A Y souhaitait réaliser une opération de
Jugement du tribunal de commerce de Nanterre du défiscalisation afin d’alléger la charge de son imposition
29 juillet 2016, sur le revenu,

Arrêts de la cour d’appel de Paris en date des 24 novembre Monsieur A Y ne prétend aucunement qu’une telle
et 10 juin 2016, opération n’était pas adaptée à sa situation ou ne
correspondait pas à ses attentes,
Arrêt de la cour d’appel de RENNES du 6 mars 2012,
(__
(,: Attendu enfin que l’existence d’une faute ne peut être
déduite du seul fait de l’absence de résultat escompté, étant
TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS N° RG  : précisé qu’en l’espèce, l’échec de l’opération n’est pas
2016040123 JUGEMENT OL MERCREDI 05/07/2017 7EME imputable à une inadéquation du produit mais à la
CHAMBRE . ERL*-PAGEB défaillance de DTD et de ses partenaires, les matériels
photovoltaïques, supports de l’opération de défiscalisation
Il convient par ailleurs de souligner qu’X disposait, à la n’ayant jamais été livrés ni en capacité de fonctionner ;
date de souscription de l’opération litigieuse par le
demandeur, de tous les éléments permettant d’accréditer sa Attendu cependant que conformément à ses obligations
position en qualité de conseil, X devait s’assurer du sérieux de
l’opération proposée à Monsieur A Y avant de la lui
quant à la validité du montage proposé, proposer ;

Sur ce, le tribunal, Attendu que la brochure du produit DTD et le dossier de


souscription signé par Monsieur A Y exposaient avec
Attendu que Monsieur A Y qui souhaitait réaliser une clarté et précision le mécanisme de l’opération et les
opération de défiscalisation afin d’alléger la charge de son conditions d’obtention de la réduction d’impôt escompté
imposition sur le revenu, a choisi de souscrire & une et qu’ainsi à la date de souscription de l’opération par
opération sous l’égide de la Loi Girardin, produit offrant Monsieur A Y, X disposait de tous les éléments lui
une possibilité de bénéficier d’une réduction d’impôt ; permettant d’accréditer sa position quant à la validité du
montage proposé ; Ainsi, le cabinet F G, cabinet spécialiste
Attendu qu’il est constant que Monsieur A Y a procédé le en droit fiscal, avait garanti la validité et l’éligibilité du
24  avril  2008  à un investissement de 15.000 €, aprés que programme au dispositif de défiscalisation mis en place
ce projet lui ait été présenté par X ; Attendu que l’activité par les
de conseiller en gestion de patrimoine consiste à
conseiller des particuliers ou des entreprises pour +- \»
élaborer, structurer ou bonifier leur patrimoine,
notamment en vue d’une optimisation fiscale et que 41
comme toute obligation de conseil, celle du conseil en
gestion de patrimoine est une obligation de moyens et que TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS N° RG  :
sa responsabilité ne saurait être engagée au seul motif que 2016040123 JUGEMENT DU 05/07/2017 7EME CHAMBRE
le résultat escompté n’a pas été atteint ; ERL*-PAGE 7

Attendu que l’article L. 111-2 du code de la consommation pouvoirs publics afin d’encourager les investissements
dispose que, en sa qualité de conseil en gestion de outre-mer, dans diverses
patrimoine « tout professionnel prestataire de services doit
avant la conclusion du contrat et, en tout état de cause, consultations réalisées à la demande de DTD, confirmant
lorsqu’il n y a pas de contrat écrit, avant l’exécution de la notamment la solidité fimnanciére
prestation de services, mettre le consommateur en mesure
de connaître les caractéristiques essentielles du service » ; des exploitants, la légalité de l’opération et l’absence de
tout vice susceptible de mettre en cause l’avantage fiscal et
Attendu qu’une fois sa mission de conseil réalisée, un qu’il était précisé dans ces consultations que:
conseil en gestion de patrimoine peut-être amené à
rechercher et à proposer à son client un produit de nature o «L’ensemble des documents souscripteurs et exploitants
à mettre en œuvre la stratégie définie avec lui, ou un autre concermant le montage de défiscalisation industrielle»
produit, selon sa demande, avec Dom-Tom Défiscalisation SARL (DTD) ont été étudiés
par F G, Nous les avons actualisés, corrigés et validés,
Attendu qu’X a alors agi en qualité de courtier dans le
cadre de la souscription par Monsieur A Y de l’opération Cette étude de conformité s’est faite à la lumière de la Loi
auprès de DTD ; d’Orientation Pour l’Outre- Mer (LOPOM) dite «loi
Girardin» applicable et des dernières instructions
Attendu que la jurisprudence précise que «la mission administratives qui commentent en détail les articles du
essentiella du courtier est de mettre en rapport des Code Général des Impôts réglementant la défiscalisation
personnes qui contracteront éventuellement entre elles industrielle [. . .]. Compte-tenu des commentaires qui
par la suite. Il na représente pas les parties ainsi suivent, ces documents sont en adéquation avec la
approchées et ne conclut pas tui-même l’opération, réglementation Girardin industrielle et permettent une
laissant ce soin aux intéressés. Le courtier est un « trait défiscalisation sécurisée,
d’union » permettant de rapprocher des parties qui
concluront éventuellement une convention» ; o Le principe proposé est conforme à la réglementation,

Attendu qu’en tant que courtier, ADAPTEÉA ne o Si l’entreprise exploitante n’assure pas l’utilisation
garantissait pas la bonne fin de l’opération et ne saurait conformément aux règles fiscales, le montage peut être
étre tenu responsable en cas de manquement de l’un des remis en cause. Ce risque est quasiment nul du fait des
cocontractants qu’il a présenté à ses obligations ; procédures suivantes: la première parade réside dans les
précautions confirmant la solidité financière des
exploitants; la seconde porte sur la possibilité de trouver
un nouvel exploitant dans un délai raisonnable pour TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS N° RG  :
poursuivre la location (ce qui est admis par 2016040123  JUGEMENT DU MERCREDI 05/07/2017
l’administration) ; les fonds des investisseurs sont répartis 7EME CHAMBRE ERL* – PAGE 8
sur plusieurs SEP, donc plusieurs opérations et plusieurs
entreprises distinctes. Cependant le risque est théorique, Par ces motifs Le tribunal statuant par un jugement réputé
car Lynx Industries se substitue à l’exploitant» ; contradictoire et en premier ressort :

» Attendu que la cour d’appel de Paris a jugé, sur une Constatera que la société X n’a commis aucun
affaire similaire, dans son arrêt du 24  novembre  2015  que manquement à son obligation d’information, de conseil et
ces consultations concluaient à la conformité de de mise en garde à l’égard de Monsieur A Y ;
l’opération DTD à la loi Girardin ;
» Déboute Monsieur A Y de toutes ses demandes, fins et
+ Attendu par ailleurs que Monsieur A Y n’apporte aucun conclusions ; *» Déboute la SARL X et la SA MMA H et la
élément propre à démontrer qu’X ne lui avait pas fait société MMA H
connaître les caractéristiques essentielles du service
qu’elle lui fournissait et qu’il ne prétend aucunement ASSURANCES MUTUELLES venant aux droits de COVEA
qu’une telle opération n’était pas adaptée à sa situation ou RISKS de toutes leurs autres demandes fins et
ne correspondait pas à ses attentes ; conclusions ;

+ Attendu de sureroit qu’il ne ressort nultement du Condamne Monsieur A Y à payer à la SARL X et à la SA


dossier qu’X aurait été chargée de suivre la réalisation du MMA ARD et à la société MMA H ASSURANCES
projet et de veiller à ce qu’il soit mené à bonne fin, ; MUTUELLES venant aux droits de COVEA RISKS, la
somme de 2.000 € au titre de l’article 700  du code de
+ Attendu enfin qu’il résulte de ces constatations que procédure civile, déboutant pour le surplus ;
Monsieur A Y n’établit pas la réalité des fautes qu’il
reproche à X ; Condamne Monsieur A Y aux entiers dépens, dont ceux à
recouvrer par le greffe, liquidés à la somme de 122,83 €
le tribunal constatera qu’X n’a commis aucun dont 20,26 € de TVA. ;
manquement à son obligation d’information, de conseil et
de mise en garde à l’égard de Monsieur A Y et déboutera ce Juge qu’il n’y a pas lieu d’ordonner l’exécution provisoire
dernier de toutes ses demandes, fins et conclusions ; du présent jugement.

Sur l’article 700 du code de procédure civile Attendu que En application des dispositions de l’article 871  du code de
pour faire reconnaître leurs droits, SARL X et SA MMA H procédure civile, l’affaire a été débattue le 16  mai  2017  en
SC MMA audience publique, devant M. K L, juge chargé d’instruire
l’affaire, les représentants des parties ne s’y étant pas
H ASSURANCES MÛTUELLES venant au droits de opposés.
COVEA RISKS, ont dû exposer des frais non compris dans
les dépens qu’il serait inéquitable de laisser à leur charge, Ce juge a rendu compte des plaidoiries dans le délibéré du
le tribunal condamnera M.  A Y à leur payer la somme de tribunal, composé de MM. Denis Mugnier, I J et K L.
2.000 € au titre de l’article 700  du code de procédure
civile, déboutant pour le surplus ; Délibéré le 6 juin 2017 par les mêmes juges.

Sur les entiers dépens Les dépens seront mis à la charge de Dit que le présent jugement est prononcé par sa mise à
M. A Y la partie qui succombe ; disposition au greffe de ce tribunal, les parties en ayant été
préalablement avisées lors des débats dans les conditions
Sur l’exécution provisoire Atteridu que, compte tenu des prévues au deuxième alinéa de l’article 450  du code de
circonstances et de la solution donnée au litige, il n’y a procédure civile.
pas
La minute du jugement est signée par M.  Denis Mugnier,
lieu d’ordonner l’exécution provisoire sollicitée ; président du délibéré et par M. K Loff, greffier.

N «SW Le greffier Le président

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