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REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE EXTRAIT DES MINUTES DU GREFFE


Union-Discipline-Travail
----------------
COUR D’APPEL DE COMMERCE AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE DU MERCREDI
D’ABIDJAN 07 AVRIL 2021
--------------
RG N°747/2020 La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, en son audience
-------------- publique ordinaire du mercredi sept avril deux mil vingt et un
ARRÊT CONTRADICTOIRE tenue au siège de ladite Cour, à laquelle siégeaient :
DU 07 AVRIL 2021
--------------
4ème CHAMBRE
MONSIEUR KACOU BREDOUMOU FLORENT, Président
-------------- de Chambre, Président ;
AFFAIRE:
MESSIEURS DOUGNON DAVIDE, BONI KOUANDE
MAÎTRE BLOA GEREMI LEONARD, DENNIEL ALBERT, CISSE ABDOUL
(Maître N’ZI AFFROUMOU Clément)
KADER, tous Conseillers à la Cour, Membres ;
Contre
Avec l’assistance de MAITRE DOUMBIA MANDE
1-LA SOCIETE DE OUSMANE, Greffier ;
DISTRIBUTION D’EAU DE LA
CÔTE D’IVOIRE dite SODECI
(SCPA BLESSY & BLESSY)
A rendu l’arrêt dont la teneur suit dans la cause ;
2-SOCIETE SUNU ASSURANCES
IARD CÔTE D’IVOIRE ENTRE :
(Maître TOURE Marame)
-------
ARRÊT
MAÎTRE BLOA GEREMI, Commissaire de justice près le
------- Tribunal de Première Instance d’Abidjan et la Cour d’Appel
CONTRADICTOIRE d’Abidjan, y demeurant, Cocody Cité des Arts, 166 Logements,
Statuant publiquement, contradictoirement et Bâtiment A, 3ème escalier, 2ème étage, porte 10, BP 185,
en dernier ressort ;
Bingerville, Tel : 22 44 66 48/07 86 17 78 ;
Reçoit Maître BLOA Geremi en son appel ; APPELANT ;
Rejette l’exception de communication de pièces
soulevée par la Société de Distribution d’Eau de Représenté et concluant par le canal de Maître N’ZI
la Côte d’Ivoire dite SODECI ;
Affroumou Clément Patrick, Avocat près la Cour d’Appel
Déclare Maître BLOA Geremi mal fondé en son d’Abidjan, y demeurant à Cocody Riviera Anono, 1ère porte de
appel ;
l’immeuble faisant face au Bâtiment le Fromager de la
L’en déboute ; Résidence Les Elias, 01 BP 2247 Abidjan 01, tel : 22 43 4363,
Confirme le jugement RG N°4313/2018 du 06 e-mail : nziaffroumou@email.com;
juin 2019 rendu par le Tribunal de Commerce D’UNE PART ;
d’Abidjan en toutes ses dispositions ;

Condamne Maître BLOA Geremi aux dépens ;


Et :

1-LA SOCIETE DE DISTRIBUTION D’EAU DE LA


CÔTE D’IVOIRE dite SODECI, société anonyme au capital
de 4.500.000000 F CFA, RC 884, siège social : Treichville-
Avenue Christiani, Tel :21 23 30 00, Téléfax : 21 24 20 33, 01
BP 1843 Abidjan 01, Compte contribuable : n°01.00.984 A,
RCCM N°CI-ABJ-1959-B 984, Compte SGBCI : 111.301.148.71,
Régime d’imposition : Réel, Centre des Impôts : DGI/DGE,
prise en la personne de son représentant légal, son Directeur
Général, Monsieur Ahmadou BAKAYOKO ;

Représentée et concluant par le canal de la SCPA BLESSY &


BLESSY, Avocats près la Cour d’Appel d’Abidjan, y demeurant,

1
Km 4, Boulevard de Marseille face à Bernabé, Tel :21 35 33 34,
Fax :21 35 33 34, e-mail : cabinetblessy@yahoo.fr

2-LA SOCIETE SUNU ASSURANCES IARD CÔTE


D’IVOIRE anciennement Le Millenium Assurance
Internationale IARD dit LMAI-IARD, société anonyme,
RCCM : CI ABJ 1997 B 221 398, dont le siège social est à
Abidjan, Plateau, Immeuble Sunu, ex-Le Mans, Avenue
Botreau Roussel, 01 BP 3803 Abidjan 01, Tel : 20 25 18 18,
prise en la personne de son représentant légal, demeurant
audit siège ;

Représentée et concluant par le canal Maître TOURE Marame,


Avocat près la Cour d’’Appel d’Abidjan, y demeurant, Abidjan
Plateau, 10, Rue du Commerce, Immeuble Amiral face
Novotel, 3ème étage, 01 BP 1246 Abidjan 01, Tel :20 32 11 00,
Fax :20 32 11 14, e-mail : cabinetdavocats@touremarame.com

INTIMEES ;

D’AUTRE PART ;

Sans que les présentes qualités puissent nuire ni préjudicier en


quoi que ce soit aux droits et intérêts respectifs des parties en
cause, mais au contraire et sous les plus expresses réserves des
faits et de droit ;

Le Tribunal de Commerce d’Abidjan, statuant en la cause en


matière ordinaire, a rendu le 06 juin 2019 le jugement RG
N°4313/2018 et RG N°4134/2018 en ces termes :
- Déclare recevables et bien fondées les oppositions de la
Société de Distribution d’Eau de Côte d’Ivoire dite SODECI et
de Sunu Assurances IARD Côte d’Ivoire ;
- Dit l’action de recouvrement des frais prescrite ;
- En conséquence, rétracte l’ordonnance de taxe n°4579/2018
du 12/11/2018 les condamnant à payer à Maître BLOA Geremi,
la somme de 35.930.000 F CFA au titre des frais, droits et
émoluments ;
- Condamne Maître BLOA Geremi aux dépens de l’instance ;

Par exploit du 02 décembre 2020 de Maître KOUADIO


Kouassi Thomas Becket, Commissaire de justice près la Cour
d’Appel d’Abidjan, Maître BLOA Geremi a interjeté appel du
jugement sus énoncé et a, par le même exploit, assigné les
sociétés SODECI et SUNU ASSURANCES IARD CÔTE
D’IVOIRE à comparaître par devant la Cour de ce siège à
l’audience du mardi 17 décembre 2020 pour s’entendre :
En la forme :
-Déclarer recevable l’appel interjeté par Maître BLOA Geremi
contre le jugement RG N°4313/2018 et RG N°4134/2018
rendu par le Tribunal de Commerce d’Abidjan à la date du 06
juin 2019, pour être intervenu dans les forme et délai légaux ;
Au fond :

2
-Infirmer le jugement RG N°4313/2018 et RG N°4134/2018 en
date du 06/06/2019 rendu par le Tribunal de Commerce
d’Abidjan ;
Evoquant et statuant à nouveau :
-Condamner la SODECI et la société SUNU Assurances à lui
payer la somme de 35.930.000 F CFA au titre de l’ordonnance
de taxe ;
-Condamner la SODECI et la société SUNU Assurances aux
entiers dépens pour distraction faite au profit de Maître N’ZI
Clément ;

Enrôlée sous le numéro 747/2020 du rôle général du greffe


de la Cour, l’affaire a été appelée à l’audience du 17 décembre
2020, puis renvoyée au mercredi 23 décembre 2020 devant
la 4ème Chambre pour attribution ;
Ensuite, la Cour a ordonné une mise en état et renvoyé la
cause à l’audience publique du 27 janvier 2021 ;
A cette date, la Cour a mis l’affaire en délibéré pour le 24
février 2021 ; lequel délibéré a été rabattu et renvoyé
successivement au 03 février 2021 pour plaidoiries des
conseils des parties et au 17 février 2021 pour les conclusions
écrites du Ministère Public ;
Par la suite, le délibéré a été rabattu et la cause renvoyée au
17 février 2021 pour les conclusions écrites du Ministère
Public ;
Enfin, l’affaire a été à nouveau mise en délibéré pour le 17
mars 2021, puis prorogée successivement au 31 mars 2021 et
au 07 avril 2021 pour production de dossier de première
instance ;
Advenue cette audience, la Cour a vidé son délibéré comme
suit :
LA COUR
Vu les pièces du dossier ;
Vu les conclusions écrites du Ministère Public en date du 15
février 2021 ;
Ouï les parties en leurs demandes, fins et conclusions ;
Après en avoir délibéré conformément à la loi ;
FAITS, PROCÉDURE, PRÉTENTIONS ET MOYENS
DES PARTIES
Par exploit de commissaire de justice en date du 02 décembre
2020 Maître BLOA Geremi a relevé appel du jugement
contradictoire RG N°4313/2018 et RG N°4134/2018 rendu le
06 juin 2019 par le Tribunal de de Commerce d'Abidjan dont
le dispositif est ainsi libellé :
« Par ces motifs ;
Statuant publiquement, contradictoirement et en premier
ressort;
Déclare recevables et bien fondées les oppositions de la société
de Distribution d'Eau de Côte d'Ivoire dite Sodeci et Sunu
Assurances IARD Côte d’Ivoire ;
Dit l'action en recouvrement des frais prescrite ;
En conséquence, rétracte l'ordonnance de taxe N°4579/2018
du 12/11/2018 les condamnant à payer à Maître BLOA
GEREMI, la somme de 35.930.000 F CFA au titre de frais,
droits et émoluments ;
3
Condamne Maître BLOA GEREMI aux entiers dépens de
l’instance. » ;

Au soutien de son appel Maître BLOA Geremi expose qu’en sa


qualité de commissaire de justice, il a obtenu une ordonnance
de taxe n°4579/2018 du 12 novembre 2018 rendue par le juge
taxateur du Tribunal de Commerce d’Abidjan condamnant la
Société de Distribution d'Eau de Côte d'Ivoire dite SODECI et
la société SUNU ASSURANCES IRAD Côte d’Ivoire à lui payer
la somme de 35.930.000 F CFA au titre de frais, droits et
émoluments ;
Que par exploit d'huissier de justice en date du 03 décembre
2018, la SODECI lui a fait opposition à l’ordonnance de taxe
sus indiquée ;
Que vidant sa saisine, le Tribunal de Commerce d’Abidjan a
retracté cette ordonnance au motif que son action en
recouvrement de ses frais est prescrite ;
Que le premier juge s’est fondé sur la prescription annale
prévue par l'article 2272 du code civil alors qu’en la matière, le
texte applicable est l'article 32 de la loi n°2011-94 du 25
janvier 2011 ayant modifié l'article 2 de la loi du 24 décembre
1897 ;
Que les dispositions qui régissent le recouvrement des frais
dus aux notaires, avoués et huissiers découlent de la loi du 24
décembre 1897 qui a été ignorée par le Tribunal de Commerce
d’Abidjan ;
Que relativement au recouvrement des frais des notaires,
avoués et huissier de justice cette loi dispose en son article 32:
« Les demandes de taxe et action en restitution dues aux
notaires et huissiers pour les actes de leur ministère se
prescrivent par cinq ans du jour du paiement ou en règlement
par compte arrêté, reconnaissance ou obligation» ;
Que l’article 2 de la loi du 24 décembre 1897 modifiée par la loi
n°2011-94 du 25 janvier 2011, qui prévoit une prescription
quinquennale, est une loi spéciale à laquelle l’article 2272 du
code civil, instituant une prescription de droit commun, ne
peut déroger ;
Qu'en effet, il n'était pas question d’appliquer la prescription
annale prévue par le code civil, mais plutôt la prescription
quinquennale prévue par l’article 32 de la loi n°2011-94 du 25
janvier 2011 précitée ;
Qu'en l’espèce, la prescription de cinq (05) ans n'était pas
encore acquise au moment où l’appelant engageait sa
procédure aux fins d’obtention de l’ordonnance de taxe ;
Qu’en tout état de cause, la prescription annale prévue par
l’article 2272 du code civil ne peut commencer à courir qu’à
partir du moment où l’encaissement des sommes par le
commissaire de justice instrumentaire a pris fin;
Qu’en l'espèce, depuis la signification du jugement RG
N°2346/2016 du 27 juillet 2017 intervenue, le 24 octobre 2017,
les intérêts de droit qui font partie du montant principal dû
aux demandeurs n’ont pas encore été payés par les intimés, de
sorte que le délai de prescription annale n’a pas commencé à
courir ;

4
Qu’en outre, l’appelant a initié tous les actes aux fins de
recouvrement de ses droits et émoluments dans le délai annal
fixé par l’article 2272 du code civil ;
Que par ailleurs, c’est en décembre 2017 que les trois chèques,
émis par la SODECI en paiement du principal dû en exécution
du jugement RG N°2346/2016 du 27 juillet 2017, ont été
réceptionnés, de sorte que la prescription annale, invoquée par
les intimées, ne peuvent s’appliquer à cette situation ;
Qu’en considérant le certificat de non appel en date du 22
janvier 2018, comme point de départ du délai de prescription
annale prévue par l’article 2272 du code pénal, ce délai n’a pas
encore expiré ;
Qu’en plus, l’appelant a adressé à Maître ADJOUSSOU
THIAM, conseil de la SODECI, un courrier de relance en date
du 05 avril 2018 relativement au paiement des sommes
portant sur les dépens mis à la charge de ladite société par le
jugement RG N°2346/2016 du 27 juillet 2017 ;
Que ce courrier de relance et l’ensemble des actes accomplis
ont interrompu la prescription annale retenue par le jugement
attaqué ;
Que c'est donc à bon droit que la SODECI et la société SUNU
ASSURANCES IARD Côte d'Ivoire ont été condamnées,
suivant l’ordonnance de taxe n°4579/2018 du 12 novembre
2018, à payer la somme de 35.930.000 F CFA au titre des
frais, droits et émoluments dus à l’appelant ;
Que par conséquent, Maitre BLOA Geremi sollicite
l’infirmation du jugement attaqué et demande que la Cour
restitue à l’ordonnance de taxe sus indiquée son plein et entier
effet ;

En réponse, la SODECI soulève, in limine litis, l'exception de


communication de pièces, au motif que l'appelant ne lui a pas
communiqué la loi du 24 décembre 1897, relative aux
recouvrements des frais dus aux notaires, avoués et huissier de
justice, modifiée par la loi n°2011-94 du 25 janvier 2011 citée
ainsi que les courriers qui fondent l'argumentaire de celui-ci ;
Qu’elle fait valoir que la loi n°2011-94 du 25 janvier 2011
relative aux frais dus aux notaires, avoués et huissier de
justice, dont se prévaut Maître BLOA Geremi, est une loi
française qui ne saurait s’appliquer dans l’ordonnancement
juridique de la Côte d’Ivoire ;
Qu’en la matière, est applicable, l'article 2272 du code civil qui
dispose: « L'action des huissiers pour le salaire des actes
qu'ils signifient et des commissions qu'ils exécutent se
prescrivent par un an » ;
Qu’ainsi les émoluments, frais et débours de l’huissier qui
constituent le salaire de celui-ci se prescrivent par un an ;
Qu’en l’espèce, il s'est écoulé plus d'un an entre l'exploit de
signification-commandement en date du 24 octobre 2017 et la
requête aux fins de taxe en date du 05 novembre 2018 ;
Que par conséquent, c’est à bon droit que le premier juge a
déclaré l’action de Maître BLOA Geremi irrecevable pour cause
de prescription ;
Que la SODECI demande par conséquent à la Cour de
confirmer le jugement attaqué ;
5
Pour sa part, la société SUNU ASSURANCES IARD Côte
d'Ivoire indique qu’aux termes de l'article 79 du décret
n°2013-279 du 24 avril 2013 portant tarification des
émoluments et frais de justice en matière civile, commerciale,
administrative et sociale, la rémunération des huissiers de
justice comprend notamment les émoluments fixés
forfaitairement pour chaque acte ou formalité ainsi que les
émoluments proportionnels perçus à l'occasion des
recouvrements amiables et judiciaires ;
Qu’il résulte de l’économie des dispositions de l’article 2272 du
code civil et 79 du décret susvisé que l'action pour le salaire ou
la rémunération des actes accomplis par les commissaires de
justice se prescrivent par un an ;
Qu’ainsi, c’est à bon droit que Tribunal de Commerce
d’Abidjan a déclaré l’action en recouvrement des frais, droits
et émoluments, initiée par Maître BLOA Geremi, irrecevable ;
Que très subsidiairement, la société SUNU ASSURANCES
IARD Côte d’Ivoire demande à la Cour de la mettre hors de
cause, car suivant les stipulations contractuelles la liant à la
SODECI, elle a déjà offert sa garantie aux victimes du sinistre à
hauteur de la limite annuelle fixée à 500.000.000 FCFA ;
Qu’ainsi, en application des dispositions de l'article 1234 du
code civil, son obligation est éteinte par les différents
paiements effectués auxdites victimes ;

Le Ministère Public a conclu qu’il plaise à la Cour infirmer le


jugement entrepris et restituer à l’ordonnance de taxe
n°4579/2018 du 12 novembre 2018 son plein et entier effet ;
SUR CE
En la forme
Sur le caractère de la décision
Considérant que la SODECI et la société SUNU ASSURANCES
IARD Côte d’Ivoire ont comparu et conclu ;
Qu’il convient de statuer contradictoirement à leur égard ;
Sur la recevabilité de l’appel
Considérant que l’appel de Maître BLOA GEREMI a été
interjeté dans les forme et délai légaux ;
Qu’il convient de le déclarer recevable ;
Au fond
Sur l’exception de communication de pièces
Considérant que la SODECI soutient que la loi du 24 décembre
1897, relative aux recouvrements des frais dus aux notaires,
avoués et huissier de justice, modifiée par la loi n°2011-94 du
25 janvier 2011, invoquée par Maître BLOA Geremi ainsi que
les différents courriers de relance, qui constituent les pièces
maîtresses sur lesquelles se fonde l’action de l’appelant, ne lui
ont pas été communiquées ;
Qu’elle demande à la Cour d’ordonner la communication
desdites pièces ;

Considérant que l'article 120 du code de procédure civile


commerciale et administrative dispose:« L’exception de
communication de pièces a pour but d'exiger que soient
communiquées à la partie qui la soulève, les pièces sur
6
lesquelles la partie adverse entend fonder sa demande ou sa
défense.
Ces pièces sont déposées au dossier et il en est donné
connaissance sous le contrôle du juge » ;

Considérant qu’en l’espèce, la loi du 24 décembre 1897,


relative aux recouvrements des frais dus aux notaires, avoués
et huissier de justice, modifiée par la loi n°2011-94 du 25
janvier 2011 et les différents courriers de relance invoqués par
Maître BLOA Geremi sont versés au dossier et il en a été
donné connaissance à la SODECI qui a pu faire valoir ses
observations relativement à ces pièces ;
Que dès lors, l’exception de communication de pièces soulevée
par la SODECI est mal fondée et doit être rejetée ;
Au fond
Sur la demande en rétractation de l’ordonnance de
taxe
Considérant que Maître BLOA Geremi fait grief au jugement
entrepris d’avoir rétracté l’ordonnance de taxe n°4579/2018
du 12 novembre 2018 condamnant la SODECI et la société
SUNU ASSURANCES IARD Côte d’Ivoire à lui payer la somme
de 35.000.000 F CFA au titre des frais, droits et émoluments
au motif que son action en recouvrement desdits frais, droits
et émoluments tombe sous le coup de la prescription annale
édictée par l’article 2272 du code civil alors que cette action est
en réalité soumise à la prescription quinquennale prévue par la
loi du 24 décembre 1897, relative aux recouvrements des frais
dus aux notaires, avoués et huissiers de justice, modifiée par la
loi française n°2011-94 du 25 janvier 2011 ;

Considérant que suivant le principe de la continuité législative,


affirmé par les dispositions de l’article 183 de la Constitution
de la République de Côte d’Ivoire du 08 novembre 2016, c’est
la loi du 24 décembre 1897, relative au recouvrement des frais
dus aux notaires, avoués et huissiers telle qu’en vigueur avant
l’indépendance de la Côte d’Ivoire, proclamée en 1960, qui est
toujours applicable ;
Qu’il s’ensuit que la modification de cette loi, intervenue en
France en 2011, n’est pas applicable en Côte d’Ivoire
contrairement à ce que Maître BLOA Geremi prétend ;

Considérant que l'article 1er de la loi du 24 décembre 1897,


relative aux recouvrements des frais dus aux notaires, avoués
et huissier de justice en vigueur en Côte d’Ivoire dispose : « Le
droit des notaires au payement des sommes à eux dues pour
les actes de leur ministère se prescrit par cinq ans à partir de
la date des actes. Pour les actes dont l'effet est subordonné au
décès, tels que les testaments et les donations entre époux
pendant le mariage, les cinq ans ne courront que du jour du
décès de l'auteur de la disposition.
Il n'est pas innové, en ce qui concerne les huissiers et les
avoués, aux dispositions édictées par les articles 2272 et 2273
du Code civil.
La prescription a lieu, quoiqu'il y ait eu continuation d'actes
de leur ministère de la part des notaires, avoués et huissiers.
7
Elle ne cesse de courir que lorsqu'il y a eu compte arrêté,
reconnaissance, obligation ou signification de taxe, en
conformité de l'article 4 ci-après. » ;

Considérant que cette disposition légale renvoie à l’article


2272 du code civil qui énonce : « L'action des huissiers, pour
le salaire des actes qu'ils signifient, et des commissions qu'ils
exécutent.
Celle des maîtres de pension, pour le prix de pension de leurs
élèves et des autres maitres, pour le prix de l'apprentissage.
Celle des domestiques qui se louent à l'année, pour le
payement de leur salaire, se prescrivent par un (1) an. (…) » ;
Qu’il s’infère de l’article 2272 précité que l'action des huissiers
pour le salaire des actes qu'ils signifient et, des commissions
qu'ils exécutent est soumise à la prescription annale ;
Que c’est par conséquent à tort que Maître BLOA Geremi
soutient que cette action se prescrit par cinq (05) ans ;

Considérant qu’en l’espèce, il est constant que la demande aux


fins d’ordonnance de taxe, introduite par Maître BLOA
Geremi, commissaire de justice, est fondée sur le jugement RG
N°2346/2016 du 27 juillet 2017 condamnant la SODECI et la
société SUNU ASSURANCES IARD Côte d’Ivoire aux dépens ;
Que ce jugement a été signifié aux intimées par exploit de
commissaire de justice en date du 24 octobre 2017 ;
Qu’il suit qu’à compter du 24 octobre 2017, Maître BLOA
Geremi disposait d’un délai d’un (01) an pour agir en justice en
réclamation des frais, émoluments et droits au titre des actes
qu'il a instrumentés dans le cadre de la procédure sanctionnée
par le jugement sus indiqué ;
Qu’il ressort du dossier qu’il a initié son action en
recouvrement desdits frais, émoluments et droits par requête
en date du 05 novembre 2018 adressée au juge taxateur du
Tribunal de Commerce d’Abidjan c’est-à-dire après
l’expiration du délai du délai d’un (01) an imparti par la loi
pour l’exercice de ladite action ;
Qu’il s’ensuit que l’action de Maître BLOA Geremi tombe sous
le coup de la prescription annale conformément aux
dispositions de l’article 2272 du code civil ;

Considérant que Maître BLOA Geremi soutient cependant que


la prescription annale a été interrompue par les chèques émis
par la SODECI en règlement de la somme principale au
paiement de laquelle elle a été condamnée par le jugement RG
N°2346/2016 du 27 juillet 2017 ainsi que par les courriers de
relance en date des 05 avril 2018 et 10 octobre 2018 adressés
aux conseils de la SODECI et de la société SUNU
ASSURANCES IARD Côte d’Ivoire pour avoir paiement des
dépens ;

Considérant qu’aux termes de l’article 2244 du code civil


énonce : « Une citation en justice, un commandement ou une
saisie signifiés à celui que l'on veut empêcher de prescrire,
forment l'interruption civile. » ;

8
Considérant qu’il en résulte qu’en l’espèce, les chèques émis
par la SODECI pour payer les dommages et intérêts en
exécution du jugement RG N°2346/2016 du 27 juillet 2017 et
les courriers de relance adressés aux conseils des intimées ne
constituent pas des actes interruptifs de prescription ainsi que
le premier juge l’a relevé à bon escient ;
Qu’en conséquence, la prescription annale acquise, comme sus
jugé, n’a pu être interrompue par lesdits chèques et courriers ;
Qu’ainsi, c’est à bon droit que le Tribunal de Commerce
d’Abidjan a déclaré l’action de Maître BLOA Geremi prescrite
en application des dispositions de l’article 2272 du code civil et
a rétracté l’ordonnance de taxe n°4579/2018 du 12 novembre
2018 ;
Qu’il y a lieu de confirmer le jugement attaqué ;
Sur les dépens
Considérant que Maître BLOA Geremi succombe à l’instance ;
Qu’il y a lieu de le condamner aux dépens ;
PAR CES MOTIFS
Statuant publiquement, contradictoirement et en dernier
ressort ;

Reçoit Maître BLOA Geremi en son appel ;

Rejette l’exception de communication de pièces soulevée par la


Société de Distribution d’Eau de la Côte d’Ivoire dite SODECI ;

Déclare Maître BLOA Geremi mal fondé en son appel ;

L’en déboute ;

Confirme le jugement RG N°4313/2018 du 06 juin 2019 rendu


par le Tribunal de Commerce d’Abidjan en toutes ses
dispositions ;

Condamne Maître BLOA Geremi aux dépens ;

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les jour, mois et an


que dessus ;
Et ont signé, le Président et le Greffier ;

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