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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE

------------------- DU MARDI 17 NOVEMBRE 2020


COUR D’APPEL DE COMMERCE
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D’ABIDJAN
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RG N° 405/2020
-------- La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, en son
ARRET CONTRADICTOIRE audience publique ordinaire du mardi dix-sept
du 17/11/2020
novembre de l’an deux mil vingt tenue au siège de ladite
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5ème CHAMBRE Cour, à laquelle siégeaient :
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Affaire : Monsieur TRAORE BAKARY, Président de
----- chambre, Président ;
La Société MANUTENTION
IVOIRIENNE ET MAINTENANCE Madame TONIAN épouse KLOUTSEY JOSETTE
INDUSTRIELLE dite 2MI Y. E, Messieurs BERET DOSSA ADONIS, ALLAH
(Maître ALIMAN John) KOUADIO TIACOH J.C et TALL YACOUBA,
Conseillers à la Cour, Membres ;
Contre

Monsieur H. N Avec l’assistance de Maître MOSSOH N’Koh Martin,


(Maître KOUAME BI Iritié) Greffier ;
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ARRÊT A rendu l’arrêt dont la teneur suit dans la cause ;
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Contradictoire
--------- ENTRE :
Déclare la société Manutention Ivoirienne et
Maintenance Industrielle dite 2MI et La Société MANUTENTION IVOIRIENNE ET
Monsieur H. N recevables en leurs appels MAINTENANCE INDUSTRIELLE dite 2MI,
principal et incident interjetés contre le
Sarl Unipersonnelle sise à Abidjan-Treichville face à
jugement RG N°0426/2020, rendu le 27 Avril
2020 par le Tribunal de Commerce d’Abidjan la clinique Hôtel Dieu, RCCM : CI-ABJ-2015-B-
; 23565, 05 BP 2160 Abidjan 05, tel : 21 37 54 08 ;

Dit Monsieur H. N mal fondé en son appel Appelante,


incident ;

L’en déboute ; Représentée et concluant par son conseil, Maître


ALIMAN John, Avocat près la Cour d’Appel d’Abidjan, y
Dit la société Manutention Ivoirienne et demeurant, Cocody les II Plateaux, boulevard des
Maintenance Industrielle dite 2MI bien fondée martyrs, rue KO36 (carrefour MACACI à gauche en
en appel principal ;
venant de Cocody), SICOGI villa N° 337, 28 BP 1532
Infirme le jugement querellé ; Abidjan 28, ,tel : 22 41 45 98 / 22 41 46 04, fax : 22 41
46 04 ;
Statuant à nouveau :
D’UNE PART ;
Dit que le 05 Décembre 2019, date à laquelle la
mise en demeure lui a été servie, la société
Manutention Ivoirienne et Maintenance ET ;
Industrielle dite 2MI était à jour de ses loyers ;

1
Dit que le contrat de bail liant Monsieur H. Nà Monsieur H. N, né le 24 Mai 1966 à Abidjan, de
la société Manutention Ivoirienne et
nationalité Ivoirienne, entrepreneur, demeurant à
Maintenance Industrielle dite 2MI suit son
cours ; Abidjan Cocody II Plateaux, 03 BP 442 Abidjan 03 ;

Ordonne le maintien de la société Intimé,


Manutention Ivoirienne et Maintenance
Industrielle dite 2MI dans les lieux loués ;
Représenté et concluant par son conseil, Maître
Met les dépens de l’instance à la charge de KOUAME Bi Iritié, Avocat près la Cour d’Appel
Monsieur H. N. d’Abidjan, y demeurant, Cocody les II Plateaux,
Boulevard Latrille, cité SICOGI (Aghien), J-177, 2ème
Etage, 05 BP 115 Abidjan 05, tel : 22 40 64 30/ Fax : 22
48 89 28 ;

D’AUTRE PART ;

Sans que les présentes qualités puissent nuire ni


préjudicier en quoi que ce soit aux droits et intérêts
respectifs des parties en cause, mais au contraire et sous
les plus expresses réserves des faits et de droit ;

En son audience publique ordinaire, le Tribunal de


Commerce d’Abidjan statuant contradictoirement en la
cause a rendu le 27 Avril 2020 un jugement N° RG
426/2020 qui a :

-Déclaré recevables l’action principale de Monsieur H.


N et les demandes reconventionnelles de la société
Manutention Ivoirienne Maintenance Industrielle dite
2MI ;
- Dit l’action principale de Monsieur H. N partiellement
fondée ;
-Prononcé la résiliation du contrat de bail entre
Monsieur H. N
et la Société Manutention Ivoirienne Maintenance
Industrielle dite 2MI ;
-Ordonné l’expulsion de la société Manutention
Ivoirienne Maintenance Industrielle dite 2MI des lieux
loués tant de sa personne, de ses biens que de tous
occupants de son chef ;
-Condamné la société Manutention Ivoirienne
Maintenance Industrielle dite 2MI à payer à Monsieur
H. Nla somme de 222 000 FCFA au titre du
paiement de ses loyers ;
-Débouté ladite société du surplus de sa demande ;

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-Dit mal fondées les demandes reconventionnelles
de la société Manutention Ivoirienne Maintenance
Industrielle dite 2MI ;
-Ordonné l’exécution provisoire de la décision ;

Par exploit du 02 Juillet 2020, de Maître CISSE Yao


Jules, Commissaire de justice à Abidjan, la société
Manutention Ivoirienne Maintenance Industrielle dite
2MI a interjeté appel du jugement susénoncé et a par le
même exploit assigné Monsieur H. N à comparaître par
devant la Cour de ce siège à l’audience du 23 Juillet
2020 pour entendre :

-Déclarer recevable et bien fondée l’action de la société


Manutention Ivoirienne Maintenance Industrielle dite
2MI ;
-Constater qu’elle ne doit aucun loyer échu et
impayé à Monsieur H. N jusqu’à l’intervention du
jugement querellé ;
-Constater également qu’à la mise en demeure et le
délai y relatif, aucune cause de résiliation du bail
n’existait ;
-En conséquence, infirmer purement et simplement
le jugement querellé ;

Enrôlée sous le N° RG 405/2020 du rôle général du


greffe de la Cour, l’affaire a été appelée à l’audience du
16 Juillet 2020 puis renvoyée au 21 Juillet 2020 devant
la 5ème chambre pour attribution ;

Une mise en état a été ordonnée, confiée à Monsieur


TRAORE Bakary, Président de chambre ;
Cette mise en état a fait l’objet d’une ordonnance de
clôture n° 223/2020 du 21 Octobre 2020 ;
La cause a été renvoyée au 03 Novembre 2020 après
mise en état ;

A cette date, la cause a été mise en délibéré pour décision


être rendue le 17 Novembre 2020 ;

Advenue cette audience, la Cour a vidé son délibéré en


rendant l’arrêt suivant :

LA COUR

Vu les pièces de la procédure ;


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Ouï les parties en leurs demandes, fins et conclusions ;

Vu l’ordonnance de clôture de la mise en état


n°223/2020 en date du 21 Octobre 2020 ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

FAITS, PROCEDURE, PRETENTIONS ET


MOYENS DES PARTIES

Par exploit de Commissaire de Justice en date du 02


Juillet 2020, la société Manutention Ivoirienne et
Maintenance Industrielle dite 2MI a interjeté appel du
jugement RG N°0426/2020 rendu le 27 Avril 2020 par
le Tribunal de Commerce d’Abidjan, lequel en la cause a
statué comme suit :

« Statuant publiquement, contradictoirement et en


premier ressort ;

Déclare recevable l’action principale de Monsieur H.


Net les demandes reconventionnelles de la Société
Manutention Ivoirienne Maintenance Industrielle dite
2MI ;

Dit l’action principale de Monsieur H. Npartiellement


fondée ;

Prononce la résiliation du contrat de bail entre


Monsieur H. Net la Société Manutention Ivoirienne
Maintenance Industrielle dite 2MI ;

Ordonne l’expulsion de la Société Manutention


Ivoirienne Maintenance Industrielle dite 2MI des lieux
loués tant de sa personne, de ses biens que de tous
occupants de son chef ;

Condamne la Société de Manutention Ivoirienne


Maintenance Industrielle dite 2MI à payer à Monsieur
H. Nla somme de 222.000 F CFA au titre du paiement
de ses loyers ;

Déboute Monsieur H. Ndu surplus de sa demande ;

Dit mal fondées les demandes reconventionnelles de la


Société Manutention Ivoirienne Maintenance
Industrielle dite 2MI ;

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L ’y dit mal fondée ;

L’en déboute ;

Ordonne l’exécution provisoire de la décision ;

Condamne la société Manutention Ivoirienne et


Maintenance Industrielle dite 2MI aux dépens » ;

Il ressort des énonciations du jugement attaqué,


que par exploit d’Huissier de Justice en date du 23
Janvier 2020, Monsieur H. N a servi assignation à
la société Manutention Ivoirienne et Maintenance
Industrielle dite 2MI d’avoir à comparaître devant
le Tribunal de Commerce d’Abidjan le 05 Février
2020 pour entendre :
-Le recevoir en son action et l’y dire bien fondé ;
-Constater que la société Manutention Ivoirienne et
Maintenance Industrielle dite 2MI occupe ses
locaux et n’a pas payé ses loyers depuis juillet 2018 ;
-Prononcer la résiliation du contrat de bail liant les
parties ;
-Ordonner l’expulsion de la société Manutention
Ivoirienne et Maintenance Industrielle dite 2MI du
local occupé tant de sa personne, de ses biens que
de tous occupants de son chef ;
-Condamner ladite société à lui payer la somme de
3.400.000 francs à titre d’arriérés de loyers allant
du 1er juillet 2018 au 31 janvier 2020, somme à
liquider et à parfaire à la date du jugement à
intervenir ;
-Ordonner l'exécution provisoire de la décision à
intervenir, nonobstant toutes voies de recours ;
-Condamner la société Manutention Ivoirienne
Maintenance Industrielle dite 2MI aux entiers
dépens distraction au profit de Maître KOUAME BI
IRITIE, Avocat à la Cour, aux offres de droit ;

Au soutien de son action, Monsieur H. N a exposé


que suivant un contrat de bail à usage professionnel
signé le 29 février 2016 avec la société Manutention
Ivoirienne Maintenance Industrielle dite 2MI, il a
loué à celle-ci son local sis à Abidjan, dans la
Commune de Marcory, Boulevard Valéry Giscard
d’Estaing, moyennant un loyer mensuel de 200.000

5
F CFA payable mensuellement et d’avance au plus
tard le 05 de chaque mois ;

Il a déclaré que depuis le mois de juillet 2018, la


société 2MI n’a plus réglé le loyer et reste lui devoir
la somme de 3.400.000 F CFA au 31 janvier 2020
dont le détail est le suivant :
-La somme de 1.200.000 francs du 1er juillet 2018 au
31 décembre 2018 ;
-La somme de 2.400.000 francs du 1er janvier 2019
au 31 décembre 2019 ;
-La somme de 200.000 francs en janvier 2020 ;

Il a indiqué qu’en application de l’article 133 de l’acte


uniforme portant sur le droit commercial général, il
a fait servir à la défenderesse un exploit de mise en
demeure ;

Il a fait part de ce que le non-paiement des loyers lui


cause un préjudice ;

Pour ce faire, il a sollicité du Tribunal de Commerce


d’Abidjan qu’il prononce la résiliation du contrat de
bail liant les parties, prononce l’expulsion de la
société 2MI du local loué, condamne celle-ci à lui
payer la somme de 3.400.000 F CFA au titre des
loyers échus et impayés et ordonne l’exécution
provisoire de la décision à intervenir ;

En réplique, la société 2MI a exposé qu’elle loue


un magasin appartenant à Monsieur H. Npour
un loyer mensuel de 200.000 F CFA et ce, depuis
environ 15 années et elle a toujours honoré ses
obligations locatives ;

Elle a ajouté qu’en date du 21 août 2019, elle a reçu


de Monsieur H. N, une mise en demeure de payer
des arriérés de loyers qu’elle ne reconnaît pas ;
Elle a mentionné qu’en réaction à cette mise en
demeure, elle a fait servir à Monsieur H. N en date
du 27 août 2019, un exploit de protestation et que
pour d’avantage marquer son désaccord quant aux
allégations tendant à lui imputer des arriérés de
loyers, elle lui a transmis suivant exploit daté du 14
octobre 2019, un autre courrier ;

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Elle a souligné qu’elle ne doit pas des arriérés de
loyers d’un montant de 3.600.000 F CFA depuis le
mois de juillet 2018, expliquant que Monsieur H. Na
perçu divers paiements pour lesquels il a fait des
décharges dans son registre ;

Elle a déclaré que Monsieur H. N a reçu les sommes


suivantes :
-200.000 francs le 21 juillet 2018 ;
-100.000 francs le 04 août 2018 ;
-928.000 francs le 27 août 2018 ;
-150.000 francs le 22 septembre 2018 ;
-350.000 francs le 1er octobre 2018 ;
-1.500.000 francs le 20 octobre 2019 ;
Soit au total la somme de 3.228.000 francs ;

Elle a fait savoir que Monsieur H. N ne payant pas ses


impôts, un avis à tiers détenteur lui a été adressé par
le service des impôts, et elle a dû verser à ce service,
les sommes de 500.000 francs le 24 janvier 2019 et
9o.000 francs le 27 mars 2019, soit la somme globale
de 590.000 francs en lieu et place de Monsieur H. N
et pour son compte ;

Elle a relevé qu’en définitive, c’est la somme de


3.818.000 francs (3.228.000 francs + 590.000
francs) qu’elle a payé au demandeur ;

Elle a indiqué qu’en conséquence, elle ne doit plus


rien au demandeur, qui n’a plus fait cas d’arriérés de
loyers dans son courrier de révision de loyers ni des
pas de porte d’un montant de 1.000.000 de francs
sollicités après 15 années d’occupation des lieux ;

En réaction à ces écrits, Monsieur H. Na rectifié ses


dires pour déclarer qu’en réalité, la société 2MI ne
s’est pas acquittée de ses loyers depuis juillet 2019 et
non juillet 2018, tout en précisant qu’il ne lui réclame
pas les loyers pour l’année 2018 ;

Il a fait noter que les quittances versées au dossier


par la société 2MI pour l’année 2018 ne sont pas
concernées et que le paiement de la somme de
1.500.000 francs dont se prévaut celle-ci a été
effectué par chèque en octobre 2018 et non en
octobre 2019 ;

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Aussi, a-t-il réitéré le fait que tous les paiements
datent de l’année 2018 et ne concernent pas la période
conflictuelle qui court de juillet 2019 jusqu’à ce jour ;

En ce qui concerne le paiement des impôts, il a révélé


que ceux-ci ne concernent ni le contrat de bail liant les
parties, ni sa personne car il s’agit d’impôts dus
exclusivement par le nommé H. N dont la société 2MI
occupe le terrain sis à la zone industrielle de VRIDI ;

Dans ses dernières écritures, la société 2MI a déclaré


qu’elle prend acte de ce que Monsieur H. N reconnaît
qu’elle ne doit aucun loyer pour l’année 2018 ;

Elle a soutenu qu’elle ne doit également aucun loyer


en ce qui concerne l’année 2019 du fait qu’elle a payé
lesdits loyers de façon continue et par avance, à
savoir :
-200.000 francs le 21 juillet 2018 ;
-100.000 francs le 04 août 2018 ;
-928.000 francs le 27 août 2018 ;
-150.000 francs le 22 septembre 2018 ;
-350.000 francs le 1er octobre 2018 ;
-1.500.000 francs le 20 octobre 2018 ;
-200.000 francs le 17 novembre 2018 ;
-200.000 francs le 1er décembre 2018 ;
-200.000 francs le 08 décembre 2018 ;
-312.500 francs le 19 décembre 2018 ;
-150.000 francs le 31 décembre 2018 ;
Soit au total la somme de 4.290.500 Francs ;

Elle a ajouté que Monsieur H. N ne payant pas ses


impôts, un avis à tiers détenteur lui a été adressé, ce
qui l’a amené à payer les loyers aux impôts en ses lieu
et place comme suit :
-500.000 francs le 24 janvier 2019 ;
-90.000 francs le 27 mars 2019 ;
-600.000 francs le 11 février 2020 ;
Soit la somme globale de 1.190.000 Francs ;

Elle a précisé qu’elle a payé en définitive à Monsieur


H. N, la somme totale de 5.480.500 francs
(4.290.500 francs directement payés à Monsieur H.
N au titre des loyers + 1.190.000 francs directement
payés aux impôts au titre des loyers) alors même que
celui-ci lui réclamait à tort la somme de 3.600.000
francs au titre des loyers échus et impayés ;

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Elle en a conclu que la demande en expulsion est mal
fondée ;

Elle a sollicité reconventionnellement la restitution


de la somme de 1.800.000 francs le trop-perçu ;

Elle a sollicité également la condamnation de


Monsieur H. N à lui payer la somme de 2.000.000 de
francs à titre de dommages et intérêts pour
procédure abusive et vexatoire, en ce qu’elle est
poursuivie en justice alors qu’elle ne reste rien devoir
au titre des loyers et que cette procédure est de
nature à porter atteinte à son image ;

Vidant sa saisine, le Tribunal a rendu la décision


querellée ;

Au soutien de son appel, la société Manutention


Ivoirienne et Maintenance Industrielle dite 2MI sollicite
l’infirmation en toutes ses dispositions, du jugement RG
N°0426/2020, rendu le 27 Avril 2020 par le Tribunal de
Commerce d’Abidjan ;

Elle soutient qu’elle est à jour de ses loyers ;

Elle explique qu’il est constant comme résultant tant de


la mise en demeure en date du 05 Décembre 2019 que
de l’assignation en date du 23 Janvier 2020, que
Monsieur H. N réclamait la somme de 3.400.000 F CFA
correspondant, selon lui, aux loyers échus et impayés
allant du 1er Juillet 2018 à Janvier 2020, date de son
assignation ;

Elle ajoute qu’il est également constant comme


résultant des pièces produites, qu’elle a acquitté depuis
Juillet 2018 jusqu’à la date de l’assignation ou même la
mise en demeure qui lui a été servie le 05 Décembre
2019, la somme totale de 4.290.500 F CFA de la manière
ci-après :

-21 Juillet 2018 : 200.000 F CFA


-04 Août 2018 : 100.000 F CFA
-27 Août 2018 : 928.000 F CFA
-22 Septembre 2018 : 150.000 F CFA
-01 Octobre 2018 : 350.000 F CFA
-20 Octobre 2018 : 1.500.000 F CFA
-18 Novembre 2018 : 200.000 F CFA
-01 Décembre 2018 : 200.000 F CFA

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-08 Décembre 2018 : 200.000 F CFA
-19 Décembre 2018 : 312.000 F CFA
-31 Décembre 2018 : 150.000 F CFA

Dès lors, fait-elle valoir, au moment de la mise en


demeure en date du 05 Décembre 2019, qu’aucune
somme à titre d’arriérés de loyers n’était due, de sorte
qu’aucun manquement à ses obligations de locataire ne
pouvait lui être reproché ;

Elle déclare que curieusement, pour statuer ainsi qu’il l’a


fait, le Tribunal a motivé sa décision comme suit :

« En l’espèce, de Juillet 2018 à Décembre 2018, la


Société Manutention Ivoirienne Maintenance
Industrielle dite 2MI s’est acquittée de la somme de
2.128.000 F CFA au titre des loyers à payer sur cette
période, d’où un trop perçu de la somme de 928.500 F
CFA au titre de l’année 2018 ;

Au titre des loyers de l’année 2019, la Société


Manutention Ivoirienne Maintenance Industrielle dite
2MI a payé en 2018, la somme globale de 1.850.000 F
CFA par deux (02) chèques de montants respectifs de
350.000 FCFA payés le 1er Octobre 2018 et 1.500.000
F CFA payés le 20 Octobre 2018 ;

A cette somme, il convient d’ajouter le surplus de


928.000 F CFA ci-dessus indiquée, de sorte que la
défenderesse a payé au titre de l’année 2019 la somme
de 2.778.000 F CFA (928.500 Francs + 1.850.000
Francs), sur la somme de 2.400.000 Francs (200.000
F x 12) à payer au titre de l’année 2019, soit un surplus
de la somme de 378.000 F CFA (2.778.000 F -
2.400.000 F) ;
Pour tenir compte du paiement du loyer pour l’année
2020 jusqu’à la date du jugement à intervenir, c’est-à-
dire le 23 Mars 2020, la société Manutention
Ivoirienne Maintenance Industrielle dite 2MI devra
s’acquitter de la somme de 600.000 francs (200.000 F
x 3) au titre des mois de Janvier à Mars 2020, somme
dont il faut déduire le surplus des loyers au titre de
l’année 2019, soit la somme de 222.000 Francs
(600.000 Francs) ;

. . . E n conséquence, il convient de condamner la


société Manutention Ivoirienne Maintenance

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Industrielle dite 2MI à payer à Monsieur H. N la
somme de 222.000 Francs au titre des loyers échus et
impayés » ;

Elle indique que manifestement, en statuant ainsi qu’il


l’a fait, le Tribunal a erré ;

Elle explique que de Juillet 2018 jusqu’à la survenance


du litige entre les parties, elle a tenu à Monsieur H. N, la
somme totale de 4.290.500 F CFA ;

Elle précise qu’au titre des loyers de Juillet 2018 à


Décembre 2018, il y a lieu de retenir la somme de
1.200.000 F CFA, de sorte qu’il se dégage un solde de :
4.290.500 F CFA - 1.200.000 F CFA = 3.090.500 F
CFA ;

Elle relève que de ce solde, il y a lieu de retirer les loyers


de l’année 2019 allant de Janvier 2019 au 31 Décembre
2019, soit la somme de 2.400.000 F CFA, de sorte qu’il
se dégage un trop perçu de 690.500 F CFA qui couvre
les loyers de Janvier, Février et Mars 2020 ;

Dès lors, fait-elle valoir, le Tribunal a erré en la


condamnant à payer à Monsieur H. N, la somme de
222.000 F CFA à titre de loyers échus et impayés et en
prononçant la résiliation du contrat de bail ;

En réplique, Monsieur H. N précise que la société 2MI


occupe deux locaux distincts, à savoir le magasin sis à
Abidjan, Marcory, Boulevard Valéry Giscard d'Estaing
dont il est propriétaire et qui fait l’objet de la présente
procédure et le terrain sis à la zone industrielle
d’Abidjan Vridi, appartenant à Monsieur HAIDAR Ali
Salim, son père ;

Il déclare que suivant contrat de bail à usage


professionnel signé à Abidjan, le 29 Février 2016, il a
loué à la société 2MI son local sis à Abidjan, Marcory,
Boulevard Valéry Giscard d'Estaing, moyennant un
loyer mensuel de 200.000 F CFA ;

Il ajoute que la société 2MI a cessé tout paiement depuis


fin Juin 2019, de sorte qu’elle reste lui devoir les
sommes suivantes :
-Du 1er Juillet au 31 Décembre 2019 :1.200.000 F CFA ;
-De Janvier à Octobre 2020 : 2.000.000 F CFA ;

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Soit la somme totale de 3.200.000 F CFA ;

Par appel incident, il sollicite la condamnation de


l’appelante à lui payer les loyers jusqu’au mois
d’Octobre 2020 ;

Il fait noter que relativement au terrain sis à la zone


industrielle d’Abidjan Vridi, appartenant à Monsieur
HAIDAR Ali Salim, son père, les parties ont signé un
partenariat aux termes duquel la société 2MI s’est
engagée à payer la somme mensuelle de 400.000 F CFA
qu’elle a régulièrement payé jusqu’à fin 2019 ;

Il relève que la société 2MI fait à dessein une confusion


entre ses dettes résultant de ces deux opérations
contractuelles qui sont totalement différentes dans
leurs natures, caractéristiques et modalités ;

Il précise que le paiement des impôts dont se prévaut la


société 2MI a été fait pour le compte de Monsieur
HAIDAR Ali Salim, son père, pour l’exploitation du
terrain sis à la zone industrielle de Vridi, de sorte que
les impôts payés à ce titre ne peuvent être comptabilisés
pour compenser les dettes de loyers à son égard ;

Il sollicite en conséquence l’infirmation du jugement


querellé en ce que la société 2MI a été condamnée à lui
payer la somme de 220.000 F CFA au titre des loyers
échus et impayés ;

Par appel incident, il sollicite la condamnation de


l’appelante à lui payer la somme de 3.200.000 F CFA au
titre des loyers échus et impayés, allant de Juillet 2019
à Octobre 2020 ;

En réaction à ces écritures, la société 2MI déclare que


l’intimé prétend qu’elle ferait une confusion entre les
dettes de deux opérations différentes, notamment celle
résultant du paiement des loyers des locaux qu’elle
occupe à Marcory, Boulevard Valéry Giscard d’Estaing,
et celle résultant d’une exploitation d’un terrain sis à la
zone industrielle de Vridi et que les paiements auraient
été faits au titre de la dernière opération citée, de sorte
qu’elle resterait lui devoir des arrières de loyers ;

Elle fait observer qu’elle a rapporté la preuve de ce


qu’elle s’est acquittée depuis Juillet 2018 jusqu’à
Décembre 2019 de la somme totale de 4.290.500 F CFA

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représentant les loyers dû à Monsieur H. N au titre de la
location du magasin sis à Marcory Boulevard Valéry
Giscard d’Estaing ;

Elle déclare que c’est par pure mauvaise fois que l’intimé
tente de faire croire que les sommes à lui versées
seraient des sommes qu’elle lui devait au titre de
l’exploitation d’un terrain sis à la zone industrielle de
Vridi ;

Elle sollicite l’infirmation du jugement querellé, car


depuis Juillet 2018 jusqu’au 05 Décembre 2019, date à
laquelle la mise en demeure lui a été servie, aucun
manquement à ses obligations de locataire ne pouvait
valablement lui être reproché, justifiant son expulsion
des locaux loués ;

DES MOTIFS

EN LA FORME

Sur le caractère de la décision

Considérant que Monsieur H. N a conclu;

Qu’il y a lieu de statuer par décision contradictoire ;

Sur la recevabilité des appels principal et incident

Considérant que les appels principal et incident de la


société 2MI et de Monsieur H. N ont été interjetés
conformément aux prescriptions légales de forme et de
délai ;

Qu’il convient de les déclarer recevables ;

AU FOND

Sur le bien-fondé de l’appel principal

Considérant que la société 2MI sollicite l’infirmation du


jugement RG N°0426/2020 rendu le 27 Avril 2020 par
le Tribunal de Commerce d’Abidjan, motif pris de ce qu’à
la date de la mise en demeure qui lui a été servie le 05
Décembre 2019, elle était à jour de ses loyers ;

Qu’à cet effet, la société 2MI a versé aux débats des


extraits de son livre journal et les photocopies de deux
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chèques BICICI et a soutenu avoir versé le montant de
plusieurs loyers par anticipation ;

Qu’il ressort de l’analyse de ces documents, que du 21


Juillet 2018 au 31 Décembre 2018, la société 2MI a versé
à Monsieur H. N, la somme totale de 3.978.000 F CFA ;

Considérant que dans l’exploit de mise en demeure qui a


été servi à la société 2MI le 05 Décembre 2019, Monsieur
H. N a sollicité le paiement de la somme de 3.600.000 F
CFA, représentant les loyers échus et impayés des mois
de Juillet 2018 à Décembre 2019 ;

Que le loyer mensuel du local loué étant de 200.000 F


CFA, de Juillet 2018 à Décembre 2019, la société 2MI
devait verser au bailleur, la somme totale de 3.600.000
F CFA ;

Qu’il résulte des documents justificatifs produits, qu’à la


date du 31 Décembre 2018, la société 2MI s’était déjà
acquittée de la somme de 3.978.000 F CFA ;

Que ce montant couvre les loyers réclamés, plus un trop-


perçu de 378.000 F CFA à la date de la mise en demeure,
soit le 05 Décembre 2019 ;

Qu’il en résulte qu’à la date de la mise en demeure, la


société 2MI était à jour de ses loyers, de sorte qu’elle ne
doit aucune somme d’argent à Monsieur H. N au titre
des loyers échus ;

Que dès lors, c’est à tort que le premier juge a prononcé


la résiliation du bail liant les parties et ordonné
l’expulsion de l’appelante ;

Qu’il échet en conséquence d’infirmer le jugement


querellé et statuant à nouveau, dire que le contrat liant
les parties suit son cours et ordonner le maintien de la
société 2MI dans les lieux loués ;

Sur le bien-fondé de l’appel incident

Considérant que par appel incident, Monsieur H. N


sollicite la condamnation de la société 2MI à lui payer les
loyers échus depuis le jugement querellé jusqu’au mois
d’Octobre 2020 en application de l’article 175 du Code
de Procédure Civile, Commerciale et Administrative ;

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Considérant qu’aux termes de l’article 175 du Code
susvisé, « Il ne peut être formé en cause d’appel aucune
demande nouvelle à moins qu’il ne s’agisse de
compensation ou que la demande ne soit une défense à
l’action principale. Les parties peuvent aussi demande
des intérêts, arrérages, loyers et autres accessoires
échus depuis le jugement dont est appel et des
dommages-intérêts pour le préjudice souffert depuis ce
jugement. Ne peut être considérée comme demande
nouvelle, la demande procédant directement de la
demande originaire et tendant aux mêmes fins bien que
se fondant sur des causes ou des motifs différents » ;

Qu’il ressort de l’analyse de ce texte, que les parties


peuvent demander des intérêts, arrérages ou loyers
échus depuis le jugement dont appel ;

Considérant qu’en l’espèce, il a été sus-jugé que


Monsieur H. Nest mal fondé en ses demandes tendant à
obtenir la résiliation du contrat de bail qui le lie à la
société 2MI et la condamnation de celle-ci à lui payer le
montant de loyers échus et impayés ;

Que dès lors, la société 2MI ne peut être condamnée à


payer des loyers échus depuis le jugement en vertu du
texte susvisé ;

Qu’il échet en conséquence de déclarer Monsieur H. N


mal fondé en son appel incident et l’en débouter ;

Sur les dépens

Considérant que Monsieur H. N succombe ;

Qu’il sied de mettre les dépens de l’instance à sa charge ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement et en


dernier ressort;

Déclare la société Manutention Ivoirienne et


Maintenance Industrielle dite 2MI et Monsieur H. N
recevables en leurs appels principal et incident interjetés
contre le jugement RG N°0426/2020, rendu le 27 Avril
2020 par le Tribunal de Commerce d’Abidjan ;

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Dit Monsieur H. N mal fondé en son appel incident ;

L’en déboute ;

Dit la société Manutention Ivoirienne et Maintenance


Industrielle dite 2MI bien fondée en appel principal ;

Infirme le jugement querellé ;

Statuant à nouveau :

Dit que le 05 Décembre 2019, date à laquelle la mise en


demeure lui a été servie, la société Manutention
Ivoirienne et Maintenance Industrielle dite 2MI était à
jour de ses loyers ;

Dit que le contrat de bail liant Monsieur H. N à la société


Manutention Ivoirienne et Maintenance Industrielle
dite 2MI suit son cours ;

Ordonne le maintien de la société Manutention


Ivoirienne et Maintenance Industrielle dite 2MI dans les
lieux loués ;

Met les dépens de l’instance à la charge de Monsieur H.


N.

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les jours, mois


et an que dessus ;

ET ONT SIGNE LE PRESIDENT ET LE GREFFIER./.

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