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RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE

COUR D’APPEL D’ABIDJAN

TRIBUNAL DE COMMERCE D’ABIDJAN

RG N° 1973 / 14

JUGEMENT CONTRADICTOIRE DU 15 – 01 – 2015

Affaire :

Monsieur TANOH THIERRY ( SCPA ADJE – ASSI et METAN et SCPA LEX WAYS )

Contre

1 – Société PUBLIC INVESTMENT CORPORATION dite PIC

2 – Monsieur MATJILA DANIEL ( Me. Jean François CHAUVEAU )

3 – ECOBANK TRANSNATIONAL INCORPORATED dite ETI ( SCPA DOGUE – ABBE Yao et Associés )

DECISION

Contradictoire

Rejette l’exception d’incompétence et se déclare compétent ;

Reçoit Monsieur TANOH Thierry en son action ;

Constate la non-conciliation des parties ;

L’y dit partiellement fondé ;

Condamne solidairement Monsieur MATJILA Daniel et les sociétés Public Investment Corporation dite PIC et Ecobank Transnational Incorporated dite
ETI à lui payer la somme de sept milliards cinq cent millions ( 7.500.000.000 ) de francs CFA à titre de dommages et intérêts ;

Ordonne la publication de la présente décision dans tous les organes de presse et site internet ayant reçu ou fait état de la correspondance du 1er Mars 2014
aux frais des défendeurs sous astreinte comminatoire de deux cent millions ( 200.000.000 ) de francs CFA par jour de retard à compter de la signification
de la présente décision ;

Ordonne l’exécution provisoire de la présente décision nonobstant toutes voies de recours ;

Condamne les défendeurs aux dépens distraits au profit des SCPA ADJE – ASSI – META et LEX WAYS, Avocats aux offres de droit.
AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE DU 15 JANVIER 2015

Le tribunal de commerce d’Abidjan en son audience publique ordinaire du quinze janvier de l’an deux mille quinze tenue au siège dudit
tribunal à laquelle siégeaient :

Docteur François KOMOIN, Président du Tribunal ;

Madame TIENDAGA GISÈLE, Monsieur KACOU BREDOUMOU Florent, Ignace FOLOU, N’GUESSAN Gilbert, AMEMA TEKPO
Jacob et WADJA Eugène, Assesseurs,

Avec l’assistance de Maître KONÉ Songui Adama, Greffier,

A rendu le jugement dans la teneur suit dans la cause entre : MONSIEUR TANOH THIERRY, né le 20 avril 1962 à Nogent sur Marne en
France, Expert-comptable, de nationalité ivoirienne, anciennement employé de ECOBANK TRANSNATIONAL INCORPORATED dit ETI, domicilié à
Abidjan, République de Côte d’Ivoire ;

Demandeur représenté par ses conseils, les SCPA ADJE – ASSI et METAN et LEX WAYS, Avocats près la Cour d’Appel d’Abidjan ;

D’une part,

ET

1 - LA SOCIÉTÉ PUBLIC INVESTMENT CORPORATION dite PIC, Société anonyme dont le siège social est à Menlo Park, Pretoria, Afrique du Sud,
Tel, : + 27 12 742 34 00, Fax : + 27 12 346 32 76, prise en la personne de son représentant légal Monsieur Elias Masilela, demeurant es qualité audit siège
social ;

2 - MONSIEUR MATJILA DANIEL, Administrateur de PUBLIC INVESTMENT CORPORATION dite PIC, Société anonyme dont le siège social est à
Menlo Park, Pretoria, Afrique du Sud, Tel, : + 27 12 742 34 00, Fax : + 27 12 346 32 76 ;

Défendeurs représentés par leur conseil, Maître Jean François CHAUVEAU, Avocat près la Cour d’Appel d’Abidjan ;

LA SOCIÉTÉ TRANSNATIONAL INCORPORATED dite ETI, Société anonyme dont le siège est à Lomé ( TOGO ), 20, Avenue Sylvanus Olympio, P.
O. Box 3302 Lomé – Togo, Tel, : (228) 22 21 72 14, Fax : (228) 22 21 42 37, prise en la personne de son représentant légal, Monsieur Albert ESSIEN, son
Directeur Général, demeurant es-qualité audit siège social ; Défenderesse représentée par son conseil, la SCPA DOGUE – ABBE YAO et Associés,
Avocats près la Cour d’Appel d’Abidjan

D’autre part,

Enrôlée pour l’audience du 17 juillet 2014, l’affaire a été appelée et renvoyée successivement au 24 juillet 201, 31 juillet 2014, et 02 octobre 2014 pour
poursuite de la conciliation qui s’est soldé par un échec ;

À la date de renvoi l’affaire a été mise en délibéré pour jugement être rendu le 15 janvier 2015 ;

Une mise en état a alors été ordonnée, confiée au juge KOMOIN François, en qualité de juge rapporteur et la cause renvoyée à l’audience publique du 18
décembre 2014.
Cette mise en état a fait l’objet d’une ordonnance de clôture n° 1078 du 17 décembre 2014 ;

Avenue cette date, le tribunal a vidé son délibéré comme suit :

Par exploit d’huissier en date du 12 mai 2014, Monsieur TANOH Thierry a assigné la Société Public Investment Corporation dite PIC, Monsieur magila
Daniel et la Société Transnational Incorporated dite ETI à comparaître le 17 juillet 2014 devant le tribunal de ce siège pour s’entendre :

• ordonner la publication de la décision à intervenir dans tous les organes de presse et site internet ayant reçu ou ayant fait état de la
correspondance en date du 1er mars 2014 au frais des défendeurs sous astreinte comminatoire de cinq millions ( 5.000.000 ) de dollars au cours
de cinq cent ( 500 ) francs soit la somme de deux milliards cinq cent millions ( 2.500.000.000 ) de francs CFA, par jour de retard à compter de
la signification de la décision intervenir ;

• condamner solidairement à lui payer la somme de trente millions ( 30.000.000 ) de dollars au cours de cinq cent ( 500 ) francs sont la somme
de quinze milliards ( 15.000.000.000 ) de francs CFA ;

• assortir la décision intervenir de l’exécution provisoire pour sa totalité ;

• Condamner aux dépens dont distraction au profit des SCPA ADJE ASSI METAN et LEX WAYS, Avocats aux offres de droit.

LE TRIBUNAL

Vu les pièces de dossier ;

Vu l’échec de la tentative de conciliation ;

Ouï les parties en leurs fins, demandes conclusions ;

Et après en avoir délibéré conformément à la loi ;

FAITS, PROCÉDURE ET PRÉTENTIONS DES PARTIES

À l’appui de son action, il expose que par correspondance du 1er mars 2024 la société PUBLIC INVESTMENT CORPORATION dite PIC a, sous la
signature de Monsieur MATJILA Daniel, son Directeur chargé des investissements, écrit dans les termes suivants, à son sujet, alors Directeur Général
d’ECOBANK TRANSNATIONAL INCORPARATION dite ETI : «. il manque d’aptitude au plan technique et moral pour diriger une institution comme
Ecobank qui exige la confiance et le respect, le sens élevé de l’éthique et de la morale, l’excellence, le professionnalisme ainsi que l’expertise technique
dans le secteur bancaire. Sa première action a été de vouloir tromper l’ancien président à apporter des modifications à son contrat aux fins d’accroître ses
avantages tout en réduisant les mesures de rendement, et en s’attribuant de façon frauduleuse plus d’un million de dollars de bonus sans l’approbation du
Conseil, plante le décor quant à ce qui est devenu sa marque déposée de manipulation, réduisant ainsi l’excellente réputation d’une institution africaine
aussi fière de l’être à un tel niveau de recul.
Il a jeté le discrédit sur le nom de la Banque ainsi que le Conseil. Il a mis en place de nouveaux systèmes et valeurs en permettant aux politiciens de
s’ingérer dans les affaires de la Banque afin de demeurer à son poste de Président Directeur Général du Groupe.

Il a délibérément semé la division au sein du Conseil d’Administration, des actionnaires, du personnel, et des responsables chargés de la réglementation. Il
a rejeté les avis critiques des membres fondateurs, des administrateurs, des actionnaires, et du personnel et continue de poser des actes au détriment de la
Banque.

Il a manqué de respect envers le Conseil et des responsables chargés de la réglementation en ce qu’il a de façon constante agi sans leur avis.

Il a contribué à la baisse du moral du personnel, provoquant ainsi la peur chez eux, en les amenant à vivre constamment en victime craignant de poser des
actes à l’encontre des désirs du Président Directeur Général du Groupe. Il continue d’utiliser les ressources d’Ecobank ( financières et autres ) à des fins
personnelles.

Il a manqué de mobiliser des capitaux, chose qui constitue le gage vital pour une banque, depuis sa prise en fonction en qualité de Président Directeur
Général du Groupe.

Plusieurs filiales d’Ecobank ont un besoin urgent de capitaux pour conduire leurs activités, alors que le Président Directeur Général du Groupe continue
dans la manipulation politique, affaiblissant ainsi la compétitivité de la Banque.

Il trompe constamment les administrateurs, les actionnaires et les chargés de la réglementation afin de les manipuler aux fins de bénéficier de leur soutien.

Il continue de propager délibérément de fausses allégations tendant à faire croire que la Société d’Investissement Public ( PIC ) et / où les actionnaires
Sud-africains veulent reprendre la Banque.

Il continue à induire en erreur le Conseil sur les questions de legs auxquelles Ecobank Nigeria est confronté… Il profère des allégations mensongères
volontaires en soutenant qu’il a découvert des problèmes au Nigeria lorsque tous les concernés lui ont fait parvenir l’information de façon volontaire… Le
Président Directeur Général du Groupe, dans son incompétence notoire à gérer le Groupe en ayant recours, comme ses habitudes, de façon ostentatoire, à
des actes de défiance tout en continuant à profiter et à utiliser de façon abusive des réalisations positives de ses prédécesseurs.

Le Président Directeur Général du Groupe, aidé de son Président, ont écrit une lettre au SEC afin de détourner son attention en n’enquêtant pas sur les
accusations formées contre lui par Madame le Président Exécutif chargé des finances et des risques. Interrogé par le Conseil d’Administration au sujet de
la lettre remise à la SEC et des réunions tenues avec la SEC, il a fermement nié, alléguant que leurs rencontres avec la SEC ont porté sur des sujets à titre
personnel et non sur des affaires liées à Ecobank, proférant ainsi ouvertement des propos mensongers sur le Conseil avec preuves à l’appui.

Il continue de dissimuler délibérément des informations essentielles au Conseil d’Administration et ne les a exhibées que lorsque le Conseil lui a demandé
de présenter les correspondances échangées avec la SEC et la Banque Centrale du Nigeria.

Il a manqué d'assumer ses fonctions avec diligence, compétence et attention. Nous faisons remarquer que cette année aucun dividende ne pourra versé
pour la première fois après une longue période à Ecobank.

Il a fait preuve d'incompétence, d’immaturité, de manque d’expérience de gestion aux plans technique et humain. Il manque de sérieux et de posture pour
exercer les fonctions de Président Directeur Général d’Ecobank réputée pour être une institution internationale de renom… »

Que cette correspondance a été adressée au douze ( 12 ) membres du Conseil d’Administration de la Société ECOBANK TRANSNATIONAL
INCORPORATED dite ETI ;

Que les jours suivants, les termes de ladite correspondance se sont retrouvés dans les colonnes de plusieurs organes de presse de diffusion internationale ;
Que c’est tout d’abord le journal FINANCIAL TIMES qui, le premier faisait état du contenu des correspondances en cause, en écrivant que : « Dans un
courrier très ferme, le PIC avec 190 milliards de dollars représentant de 18,95 % des parts d’Ecobank accuse Monsieur Thierry TANOH d’être incapable
aux plan technique et moral de diriger la banque… » ;

Que c’est aussi le site en ligne BLBLOOMBERG NEWS qui, se faisait l’écho de la correspondance en cause, écrivait aussi dans les termes suivants : «
TANOH a manqué de se concentrer sur les activités de la Banque et le Conseil, a permis l’ingérence politique, à divisé le Conseil d’Administration, les
actionnaires, le personnel et les organismes de la réglementation à induit les Administrateurs, les actionnaires et les organismes de la réglementation en
erreur, et n’a pas réussi à porter le capital de la banque à la hausse, a déclaré MATJILA dans sa lettre qui faisait allusion à 15 plaintes directes contre
TANOH… »

Que cette caricature n’est pas la sienne, lui qui a reçu une solution et c’est à une solide réputation professionnelle ; ayant fait ses études en Côte d’Ivoire où
il a obtenu en 1980 son Baccalauréat Série C au Lycée Scientifique de Yamoussoukro ; intégré ensuite la célèbre École Supérieure de Commerce d’Abidjan
dite ESCA d’où il est sorti major de sa promotion en 1985 ; obtenu en 1992, après plusieurs années d’études en cours du soir et cours par correspondance,
le diplôme français d’Expertise Comptable ; il ajoute qu’il est rentré en juin 1992 à la Harvard Business School d’où il est sorti en 1994 avec le diplôme de
Master in Business Administration ( MBA ) ;

Que cette formation de base lui vaudra par la suite une brillante carrière professionnelle ;

Que s’il est recruté en 1985 par le cabinet international Coopers and Lybrand en France et devient, à force de talent, le premier Africain atteint le grade de
manager dans l’un des « big eight » en France en 1988 ;

Que par souci d’apporter sa contribution à la construction de l’Afrique, il a rejoint 1990 la toute nouvelle Commission Bancaire de l’UEMOA en qualité
d’inspecteur ; Qu’il est, après une année passée à l’UEMOA, appelé à intégrer la célèbre Direction et Contrôle des Grands Travaux de Côte d’Ivoire en
1991 et devient Conseiller à la Primature ;

Qu’en 1994, il est appelé à intégrer le groupe de la Banque mondiale et plus particulièrement la Société Financière Internationale ( SFI ) ou ( IFC ) dans le
programme très sélectif des jeunes professionnels.

Que là-bas, il a gravi tous les échelons est devenu Vice-président en charge de l'Afrique, de l'Amérique Latine, des Caraïbes et de l'Europe de l’Ouest ; et
est ainsi devenu le premier Vice-président noir à la SFI ou IFC et l'un de ses plus jeunes Vice-présidents opérationnels ; Que dans le cadre de ses fonctions,
il a géré environ 50 % du portefeuille des investissements de la SFI ou IFC, et était responsable d'un niveau d’investissements annuels depuis le dix
milliards ( $ 10.000.000.000 ) de dollars US ;

Que sous son leadership, le volume des investissements de la région Afrique de la SFI est passé cent quarante millions ( $ 140.000.000 ) de dollars US en
2003 à environ trois milliards huit cent millions ( $ 3.800.000.000 ) de dollars US en juin 2012 ;

Que sous sa direction, la région Afrique de la SFI est passée de la région la moins profitable à la deuxième région la plus profitable après l’Amérique
Latine.

Que sous sa direction, la présence de la SFI en Afrique a plus que doublé avec moins de cinq ( 05 ) bureaux dans la région à plus de vingt ( 20 ) bureaux en
juin 2012 ;

Qu’il a été tout au long de sa carrière un grand défenseur de la diversité et a reçu dans ce contexte le prix du Groupe de la Banque Mondiale du leadership
et de la diversité ;

Qu’il a aussi été distingué pour son travail en faveur du développement en Afrique :

• Chevalier de l’ordre du Lion par le gouvernement de la République du Sénégal


• Officier de l’ordre du Mérite National par le gouvernement de la République de Côte d’Ivoire
• Commandeur de l’ordre du Mérite National par le gouvernement de la République du Burkina Faso
Qu’au cours de l’année 2011, la Société ETI l’a contacté par le canal du cabinet de recrutement international Korn Ferry ; Qu’à la suite d’une procédure
rigoureuse de recrutement au niveau international, incluant des tests, ce cabinet a recommandé au Conseil d’Administration de la société ETI et le recruter ;
qu’il a été ainsi recruté et a signé son contrat en décembre 2011 ;

Qu’une fois la tête de la société ETI, il a introduit les règles de bonne gouvernance en prenant les mesures idoines, qui ont permis à la société de mettre un
frein à la gestion opaque qu'elle connaissait ;

Que son impact à la tête d'Ecobank TRANSLATIONAL INCORPORATED s'est nettement fait sentir par les actions suivantes :

• La confiance des investisseurs est revenue, traduite par l'augmentation du cours de l'action de la banque cotée à la Bourse qui est passé de
trente-deux ( 32 ) Francs CFA à sa prise de fonction, après quelques mois de présence, à soixante-quinze ( 75 ) Francs CFA ;
• Les performances du groupe se sont améliorées avec notamment l’une des croissances organiques les plus fortes de l’histoire du groupe en
matière de revenus ; la mise en place d’un programme de réduction des coûts sur revenus et donc de la profitabilité de la banque ;
• La mise en place de procédures d’appel d’offres à la société ETI. C’est ainsi que notamment il a sélectionné le cabinet de conseil McKinsey
dans le cadre de l’appui à l’amélioration de l’efficacité, du service client et de la mise en place de règles et procédures pour la gestion des
ressources humaines et sélectionné des partenaires stratégiques pour l’activité de banque-assurance
• La révélation, et, ce, pour la première fois, au Conseil d’Administration de la société ETI d’actes posés lors de la gestion passée en désaccord
avec les principes de bonne gouvernance et ayant une implication matérielle sur les états financiers du groupe ETI ;

Que le changement dans le mot de gestion de la banque par rapport à la gestion précédente semble avoir incommodé bien des personnes, notamment la
Société PIC sous la signature de Monsieur MATJILA Daniel qui ont décidé de ruiner sa réputation ;

Qu’aussi, a-t-il décidé de demander des comptes aux mis en cause devant le Tribunal de Commerce d’Abidjan ;

Que le Tribunal de Commerce d’Abidjan est compétent pour connaître des faits qu’il reproche aux défendeurs pour les raisons suivantes :

• Ceux-ci n’ayant en Côte d’Ivoire ni domicile, ni résidence, le tribunal compétent est celui du domicile du demandeur, en application de
l’article 11 alinéa 4 du code de procédure civile commerciale administrative ;
• En tout état de cause, en sa qualité d’ivoirien, l’Article 14 du Code civil habilite le demandeur à traduire les défendeurs devant les juridictions
ivoiriennes ;
• Le demandeur non commerçant peut attraire les personnes commerçantes devant le tribunal de commerce ( Article 7 de la décision N° 01 / PR
du 11 janvier 2012 les Tribunaux de Commerce ) ;

Qu'il est constant que le 1er mars 2014 la société PIC, sous la signature de Monsieur MATJILA Daniel, l’a traité, dans une correspondance adressée aux
administrateurs et publiée dans la presse à diffusion internationale de :

• Immature
• Incompétent
• Menteur, Manipulateur
• Délinquant d’abus de biens sociaux,
• Fraudeur,
• Sans éthique,
• Inapte professionnellement et moralement à exercer sa profession de banquier ;

Que la réparation du préjudice qu’il subit de ce fait et rechercher sur le fondement des textes ci-après :

• Article 1382 du Code Civil : « Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la foi duquel il arrive à le
réparer. »
• Article 1383 du Code civil : « Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait mais encore par sa négligence ou
par son imprudence. »

Que ces textes appellent la démonstration d’une faute commise, d’un préjudice qui en est résulté, et du lien de causalité entre la faute et le préjudice.

Que s’agissant de la faute, si elle ne fait pas l’objet d’une définition légale à proprement dit, c’est au pouvoir prétorien des juges qui est revenu le soin de
définir les faits et attitudes qui peuvent constituer une faute au plan civil, résultant d’un délit ou d’un quasi-délit ;

Que la jurisprudence et la doctrine estime en effet que : « La faute consiste en la violation d’un devoir ou d’une obligation préexistante. Il peut s’agir
d’une norme général et abstraite imposant en toutes circonstances de se conduire loyalement et avec prudence » ; « La faute peut consister dans la
violation d’une règle légale indiquant avec précision ce qu’il faut faire ou ne pas faire ; c’est alors l’acte illicite proprement dit » . « Elle peut aussi
consister dans un écart de conduite, témoignant de la malhonnêteté de l’auteur de l’acte ou son défaut d’habileté au point de vue physique ou intellectuel.
Elle peut enfin consister dans l’imprudence avec laquelle on crée une situation susceptible de nuire au tiers. »

Que : « La faute s’apprécie normalement in abstracto, par référence à l’attitude qu’aurait eu à la place de l’agent “ le bon père de famille ” ».

Qu’« il s’agit de faire une comparaison entre deux attitudes ; celle qu’a eue l’auteur du dommage et celle qu’il aurait dû avoir. Est en faute, celui qui ne
s'est pas comporté comme il aurait dû le faire » ;

Que dans le cas d’espèces, il s’agit de vérifier si les mis en cause ont agi avec prudence, s’ils se sont comportés comme ils auraient dû le faire en “ bon père
de famille ” ;

Que s’agissant de Monsieur MATJILA Daniel, il a commis une faute par action, celle d’avoir posé un acte positif, car il est constant qu’il a d’une plume
particulièrement virulente écrit dans une correspondance en date du 1er Mars 2014 au sujet de Monsieur TANOH Thierry ce qui suit : « Il a fait preuve
d’incompétence de maturité de manque d’expérience de gestion au plan technique et humain. Il manque de sérieux et de posture pour exercer les fonctions
de PDG. »

Que Monsieur TANOH Thierry est traité dans la même correspondance de manipulateur, fraudeur, délinquant d’abus de biens sociaux, de personnes sans
éthique, qui trempe constamment dans la tromperie ;

Qu’il est aussi constant que ces graves affirmationw ont été éventées et portées à la connaissance de plusieurs organes de presse de diffusion internationale
tels FINANCIAL TIMES et BLOOMBERG NEWS ;

Qu’il rappelle que, sauf preuve contraire rapporté par Monsieur MATJILA Daniel, il a plutôt eu une formation solide, pour être sorti depuis célèbres
Universités dont la prestigieuse HARVARD, et un parcours professionnel exemplaire l’ayant amené à exercer les plus hautes fonctions au plan
international et à gravir tous les échelons pour devenir Vice-président en charge de l’Afrique, de l’Amérique Latine, des Caraïbes et de l’Europe de l’ouest,
et le premier Vice-président noir de la ( SFI ) ou ( IFC ) et l’un de ses plus jeunes Vice-présidents opérationnels ;

Qu’il est aussi établi que son action à la tête de la société ETI a eu un impact important sur les résultats de cette société, en ce que la valeur de l’action de la
banque est passée de trente-deux ( 32 ) francs CFA à son arrivée À soixante-quinze ( 75 ) francs CFA, soit une augmentation de plus de 134 % ;

Qu’il est encore établi qu’il a amélioré les performances financières du groupe avec notamment l’une des croissances organiques les plus fortes de
l’histoire du groupe en matière de revenus ; mis en place un programme de réduction des coûts qui se traduit par une amélioration du ratio coûts sur revenus
et donc de la profitabilité de la banque ;

Qu’il est de surcroît établi qu’il a mis en place des procédures d’appel d’offres à la société ETI dans l’optique de la transparence et de la bonne
gouvernance ; et dans ce cadre a sélectionné :
• Le Cabinet de Conseil McKinsey pour l’appui à l’amélioration de l’efficacité du service client et la mise en place de règles de procédures pour
la gestion des ressources humaines ;
• Des partenaires stratégiques pour l’activité de banque assurance ;

Que de même, il est établi que, sous sa direction, et ce pour la première fois, des actes posés lors de la gestion passée en désaccord avec les principes de
bonne gouvernance et ayant une implication matérielle sur les états financiers du groupe ETI ont été révélés au Conseil d’Administration ;

Que c’est donc gratuitement avec une intention de nuire que Monsieur MATJILA Daniel s’en est pris à sa personne en le traitant d’incompétent,
d’immature, de personne manquant de sérieux et de posture, de manipulateur, de fraudeur, de délinquant d’abus de biens sociaux, sans éthique, sans
aptitude à exercer sa profession de banquier.

Que manifestement, Monsieur MATJILA Daniel la nui à sa personne en le traitant, par écrit de cette façon, et en transmettant ou laissant transmettre copie
de sa correspondance aux rédactions les plus lus dans le monde. En conséquence, il a eu une attitude qu’il n’aurait pas dû avoir et, par cela, a commis une
faute en nuisance à sa réputation, à son honorabilité, à son crédit, en un mot à sa personne, lui, l’ancien Vice-président de la SFI ;

Que la société PIC en a fait autant ;

Qu’en effet il est constant que la correspondance écrit par Monsieur MATJILA Daniel l’a été sur papier en-tête de la société PIC qui n’a élevé aucune
protestation, de sorte qu’elle a endossé les propos de Monsieur MATJILA Daniel, dans les termes qui les a tenus. Qu’il sera donc jugé que la responsabilité
de la personne morale ( PIC ) est engagée directement du fait de son préposé, Monsieur MATJILA Daniel. Que dans un arrêt de la Cour de Cassation en
date du 15 janvier 1872, le principe est à qui dans les termes suivants : « Attendu que la société défenderesse était tenue, comme obligée directe et
personnelle, de toutes les conséquences dommageables du fait de son gérant dans des opérations sociales. »

Il ajoute que la société ETI a, elle aussi, commis une faute par inaction, pour avoir laissé faire cette situation ;

Qu’en effet il est constant que la correspondance écrit par Monsieur MATJILA Daniel sur papier en-tête de la société PIC qui est l’un des principaux
administrateurs de ETI, a été portée à sa connaissance. Que la société ETI n’a émis ni réserve, ni entrepris par ses organes, la moindre action pour s’en
désolidariser, épousant de fait les termes de ladite correspondance. Que la jurisprudence considère que la responsabilité de la personne morale, la société
ETI en l’espèce, devrait être engagée en ce que la personne morale répond des fautes dont elle s’est rendue coupable par ses organes, et on doit réparation à
la victime sur la base de l’article 1382 du Code Civil. Qu’il a été en effet ainsi jugé : « Attendu que la personne morale répond des fautes dont elle s’est
rendu coupable par ses organes et en doit réparation à la victime, sans que celle-ci soit obligée de mettre en cause, sur le fondement de l’article 1384
alinéa 5 du Code Civil, lesdits organes pris comme préposés. » ( Civ. 2 ème 17 juillet 1967, GAZ, PAL, 1967, II, 235.)

Que « s’agissant d’une responsabilité directe, la victime n’a bien entendu pas à mettre en cause l’organe pour que la personne morale soit déclarée
responsable ; la solution est d’ailleurs la même lorsque la personne morale est prise en sa qualité de commettant et condamnée à répondre des fautes de
ses préposés ; elle s’imposait donc à fortiori lorsque le groupement est responsable à titre personnel » ;

Que c’est gratuitement, avec une intention de nuire, que la société ETI a laissé, sans réaction, son administrateur PIC s’en prendre à sa personne en le
traitant sous la signature de Monsieur MATJILA Daniel, d’incompétent, d’immature, de personnes manquant de sérieux et de posture, de manipulateur, de
menteur, de fraudeur, de délinquant d’abus de biens sociaux, dans une correspondance virulente qu’elle a transmise, ou laissé transmettre aux rédactions les
plus lues dans le monde. Que manifestement la société ETI est responsable des dommages ainsi causés à sa personne, et qu’en conséquence, elle a eu une
attitude qu’elle n’aurait pas dû avoir et, par cela, a commis une faute en nuisant à sa réputation, à son honorabilité, à son crédit, en un mot à la personne de
l’ancien Vice-président de la SFI qu’il est.

Monsieur TANOH Thierry précise qu’au total, il est constant que Monsieur MATJILA Daniel et les sociétés PIC et ETI, pris séparément et / ou
collectivement, ont commis une faute particulièrement intentionnelle, ayant nui gratuitement à sa réputation, à son crédit et à son prestige, lui qui fut le plus
jeune et le tout premier noir à avoir occupé le poste de Vice-président de la SFI.
Qu’après un dénigrement aussi odieux, il est clair que sa stature est atteinte, que sa respectabilité est écorchée, que son crédit est touché dans un secteur
aussi sensible que celui de la Finance Internationale, après une si longue carrière des postes aussi prestigieux que respectables, fruit d’une formation solide,
d’une correction et d'une droiture dans l'éthique et la bonne gouvernance ;

Que cette perte de prestige, qu'il ne recouvre certainement plus, en raison du rayon de diffusion de la correspondance en cause, distribuée à toutes les
rédactions les plus lues dans le monde, est une tâche indélébile définitivement portée à sa réputation, à son honorabilité et à son crédit ;

Que la réparation d’un tel dommage est acquise en droit, et consolidée par la jurisprudence et la doctrine qui estiment clairement qu’il s’agit toujours d’une
« souffrance », « d’un droit à l’honneur », « les hommes ne réagissent pas toujours de la même façon à ce qui attente à leur honneur… la douleur est
insusceptible de preuve, le degré d’intensité qu’elle atteint insusceptible de mesure » ;

Que lui, l’ancien Vice-président de la SFI a souffert et continue de souffrir de la tâche portée à sa réputation, à son honorabilité et à son crédit, fruit
d’énormes efforts dans le travail, la droiture et la dignité ;

Que ce à quoi il a été porté atteinte n’a aucun prix ; et comme la réparation de tout dommage se résout par le paiement de numéraires, la condamnation des
défendeurs au paiement de la somme de trente millions ( $ 30.000.000 ) de dollars, au taux de cinq cent ( 500 ) francs CFA, qu’il sollicite parfaitement
justifié ;

Que cette réparation est d’autant due que le lien de causalité est plus évident ; Qu’en effet si Monsieur MATJILA Daniel et les sociétés PIC et ETI ne
l’avaient pas traité d’incompétent, d’immature, de menteur, de manipulateur, de fraudeur, de délinquant d’abus de bien sociaux, de pas sérieux, manquant
de posture, avec une amplification sans précédent dans les rédactions les plus lues dans le monde, il n’aurait pas tant souffert, de sorte que le préjudice subi
par lui est donc foncièrement lié à l’attitude des défendeurs ;

Qu’en conséquence, la condition du lien de causalité est parfaitement satisfaite.

Qu’au regard l’extrême dommage qui lui a été causé, il sollicite que la décision intervenir soit assortie des mesures suivantes :

• L’exécution provisoire parce qu'elle est acquise dans tous les cas d’extrême urgence, la réparation de la grave atteinte qui lui a été portée
présentant ce caractère d’extrême urgence, au regard de sa réputation.
• La publication de la décision à intervenir car la faute commise a été amplifiée dans plusieurs organes de presse et reprise sur des sites internet.

Les défendeurs s’opposent à cette demande.

Ils soulèvent in limine litis les compétences des juridictions ivoiriennes pour connaître de cette demande. Ils avancent pour cela :

• Premièrement, que l’article 7 de la loi organique N° 2014-424 du 1er juillet 2014 portant création, organisation et fonctionnement des
juridictions de commerce ne permet pas au tribunal de retenir cette affaire, car elle ne concerne ni des engagements entre commerçant au sens
de l'Acte Uniforme portant sur le Droit Commercial Général, la lettre litigieuse émanant d’un administrateur qui n’a pas qualité de commerçant
et portant une appréciation sur la gouvernance de la société et l’action d’un directeur général, Monsieur TANOH Thierry qui n’est pas
commerçant ;le litige n’est ni une constation entre associés d’une société commerciale ou d’un groupement d’intérêt économique ni des
procédures collectives d’apurement du passif ni un acte de commerce. Ils précisent, à cet égard, que Monsieur MATJILA Daniel et Monsieur
TANOH Thierry n'ont pas agi lors de la commission des faits allégués en qualité de commerçant, de même que la Société PIC que Monsieur
MATJILA Daniel représente au sein du conseil d’administration de la société ETI qui, outre le fait d’être un organe public de gestion
notamment des fonds de retraite de l’État Sud-africain, agit au sein de la société ETI comme administrateur ; et que les faits allégués ne
constituent ni un acte de commerce ni un acte de société au sens des articles 2 et 3 de l'acte uniforme portant sur le droit commercial général ;

• Deuxièmement, que les articles 164 et 170 de l'Acte Uniforme relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du groupement d’intérêt
économique ne peuvent fonder la compétence du Tribunal de Commerce d’Abidjan, car ces articles traitent de l’action individuelle, action en
responsabilité contre les dirigeants sociaux, et donne expressément ma compétences à la juridiction dans le ressort de laquelle est situé le siège
de la société pour en connaître, et donc à la juridiction de LOMÉ où la société ETI à son siège social ;

• Troisièmement, que dans le contrat du 15 décembre 2011 conclu par Monsieur TANOH Thierry avec la société ETI existe une clause
attributive de juridiction exclusive au profit des juridictions anglaises une clause compromissoire, de sorte que la contestation actuelle qui est
relative à l’exécution de ce contrat, ne peut-être connue par le Tribunal de Commerce d’Abidjan ;

• Quatrièmement que les articles 11 alinéa 4 du Code de Procédure Civile, Commerciale et Administrative et 14 Code Civil sur lesquels
Monsieur TANOH Thierry fonde la compétence du Tribunal de Commerce d’Abidjan ne peut s'appliquer en l’espèce. S’agissant de l'article 11
alinéa 4 il n'y a ne peut s'appliquer en espèces s'agissant de l'article 11 alinéa 4 du Code de Procédure Civile, Commerciale et Administrative,
ils font valoir qu’à la date de l’introduction de l’instance Monsieur TANOH Thierry a affirmé être domicilié à LOMÉ, ainsi qu’il a déclaré
dans le litige social qui l’oppose à la société ETI à Lomé et à Washington D.C., ainsi qu’il est mentionné dans son contrat de travail ; ville où il
a d’ailleurs demandé à la Société AGS d’effectuer le déménagement de ses effets personnels, et a également demandé à la Société ETI de lui
faire délivrer un billet d’avion en business class sur Washington. Ils précisent que l’article 11 alinéa 4 susindiqué ne permet pas, comme c’est
le cas en l’espèce, qu'un ressortissant ivoirien sollicite, du seul fait de sa nationalité, la compétence de la juridiction ivoirienne dès lors qu’il est
établi qu’à la date de l’introduction de l’instance, il était objectivement et incontestablement domicilié à l’étranger. S’agissant de l’Article 14
du Code Civil, ils indiquent que, de pratique et de jurisprudence constante de tous les États civilistes de traduction juridique comme avec la
Côte d’Ivoire, l’application de cet article n’est possible que lorsqu’aucun critère ordinaire de compétence territoriale n’est réalisée ; ce qui n'est
pas le cas en l’espèce, d'autres critères de compétence territoriale s'appliquant ;

Pour tout cela, ils sollicitent que le tribunal de commerce se déclare incompétent au profit soit des tribunaux togolais soit les tribunaux anglais soit du
tribunal arbitral désigné par le contrat du 15 décembre 2011 ;

Subsidiairement au fond, ils concluent au mal fondé de l’action. Ils font valoir à cet égard que le litige ne porte pas sur les faits qui ont motivé la lettre
litigieuse, mais sur la terminologie de celle-ci. Ils expliquent que cette lettre n’a été que l’expression de l’indignation de Monsieur MATJILA Daniel,
représentant de la société PIC face au report cavalier par Monsieur TANOH Thierry du Conseil d’Administration du 25 Février 2014, qui revêtait une
importance stratégie vitale pour le groupe ECOBANK ; car il devait être l’occasion de régler les problèmes de gouvernance ; ce qui a fait accroître la
suspicion de la société PIC à l’égard de la gestion du demandeur. Ils ajoutent qu’aucune preuve n’est rapportée par Monsieur TANOH Thierry que c’est
bien Monsieur MATJILA Daniel qui a transmis la lettre litigieuse aux organes de presse. Ils précisent que cette lettre n’a été transmise qu’aux
administrateurs de la société ETI, et que s’il est vrai que des extraits de cette lettre se sont retrouvés dans la presse, rien ne permet d’affirmer que cette fuite
provient de Monsieur MATJILA Daniel et / ou de la société PIC. Ils attirent l’attention du Tribunal sur le fait que le Président et le Directeur Général de la
société ETI qu’était le demandeur avaient eux-mêmes pris l’initiative de saisir la presse et notamment le journal FINANCIAL TIMES pour communiquer
sur la gouvernance de la société, et qu'en tout état de cause, Monsieur MATJILA Daniel et la Société PIC nient catégoriquement être les auteurs de la fuite,
et précisent que Monsieur TANOH Thierry ne rapporte aucune preuve contraire pour les contredire. Ils font, en outre, valoir que la lettre écrite par
Monsieur MATJILA Daniel ne révèle aucune intention de nuire, d’une part parce que les administrateurs au sein du conseil d’administration ont la liberté
d’expression écrite ou verbale à laquelle aucun texte ne fait obstacle et qu'aucune règle juridique ou bien déontologique n'impose à ceux-ci une obligation
de réserve qui les astreindrait par exemple à une forme de courtoisie ; ce qui explique selon eux que la conduite du Conseil d’Administration puisse
fréquemment amener à la manifestation d’oppositions franches voire violentes, encore que la lettre litigieuse a été adressée par la société PIC à l’ensemble
des administrateurs dans le seul but d’exposer la perception de Monsieur MATJILA Daniel de la situation de la société et de son management, et
rassembler une majorité favorable à la révocation de Monsieur TANOH Thierry ; ce qui relève bien de son droit et de ses compétences d’administrateur ;
d’autre part parce que Monsieur MATJILA Daniel avait l’obligation statutaire de dénoncer les faits contenus dans la lettre incriminée car la société PIC est
une entreprise publique régie par des statuts des règles de bonne gouvernance et de transparence, qui font obligation de dénoncer tout fait qui semble
anormal ou suspect dans la gestion des entreprises qui bénéficient de ses placements, a fortiori s’ils sont de nature à en affecter la rentabilité et / ou la
pérennité. Ils rappellent qu’en l’espèce la Société PIC a investi deux cent cinquante millions ( $ 250.000.000) de dollars dans le capital de la Société ETI
dont elle était à l’époque des faits le principal actionnaire et, donc pour cela, ne pouvait se soustraire à sa responsabilité d’actionnaire de référence. En
adressant la lettre litigieuse, le but poursuivi par Monsieur MATJILA Daniel n’était autre que la protection des investissements de la Société PIC.

Ils précisent que cela n’est pas constitutif de faute, car la lettre incriminée est en concordance avec la pratique des affaires.

Ils font par ailleurs valoir que Monsieur TANOH Thierry ne rapporte en aucune façon la preuve du préjudice dont il se prévaut, et que, malgré les faits de
la cause, l’opinion favorable des milieux politiques et d’affaires à l’égard de celui-ci est demeurée intacte ; qu’à preuve il a été nommé le 12 septembre
2014, Secrétaire Général de la Présidence de la République de Côte d’Ivoire avec rang de Ministre, et que ces nouvelles fonctions prouvent plus que tout
que son désaccord avec les administrateurs de la société ETI notamment la société PIC ne lui a causé aucun préjudice.

Ils sollicitent donc qu’il soit débouté au fond de son action.

S’agissant de l’exécution provisoire sollicitée par le demandeur, ils concluent à son rejet, les conditions légales n’en étant pas selon eux réunies en l’espèce.

La société ETI ajoute aux moyens de la société PIC de Monsieur MATJILA Daniel qu'en ce qui la concerne, elle ne peut répondre de la faute d’un
l’administrateur, surtout qu’elle ne disposait d’aucun moyen pour empêcher un administrateur d’exercer ses fonctions, pas plus qu’elle n’avait d’intérêt
particulier à s’opposer à la démarche de Monsieur MATJILA Daniel, conforme à la loi et à la pratique du droit des sociétés. Elle fait également valoir que
la preuve de l’intention de nuire n’a pas été rapporté par Monsieur TANOH Thierry, prenant à son compte tous les autres moyens opposés par les deux
autres défendeurs à l’action de Monsieur TANOH Thierry.

Monsieur TANOH Thierry a répliqué à ces arguments. Sur les exceptions d’incompétence territoriale et matérielle il fait valoir que celles-ci sont les
irrecevable. D’abord, par application de l’Article 115 du Code de Procédure Civile, Commerciale et Administrative qui exige que la partie qui soulève cette
exception, indique la juridiction qui selon elle est compétente ; et qu’à cet égard les défendeurs ont indiqué trois juridictions à savoir les tribunaux togolais,
anglais et le tribunal arbitral. Il estime que cette indication alternative de la juridiction compétente viole l’article 115 susindiqué. Ensuite, par application
combiné des articles 125 du Code de Procédure, Civile, Commerciale et Administrative et 22 de la loi organique N° 2014 – 424 du 14 juillet 2014 relative
aux juridiction de commerce en ce que l’exception d’incompétence a été soulevée après les défenses au fond, alors qu’elle aurait dû être à l’audience de
conciliation qu’il considère comme étant le « seuil du procès ».

Très subsidiairement, il estime que les exceptions tenant à la matière sont mal fondées et doivent être rejetées, car s’il est exact que les termes injurieux
contenus dans la lettre litigieuse du 1er Mars 2014 n’ont pas été tenus dans l’exercice de ses fonctions d’administrateur par Monsieur MATJILA Daniel, ils
l’ont été à l’occasion de celles-ci, et que du seul fait de la présence de la société ETI, société commerciale par la forme dans la procédure aux côtés des
autres défendeurs, le tribunal de commerce est parfaitement compétent pour connaître de la présente cause, la qualité de non commerçants des autres parties
étant totalement indifférente, et les développements sur les dirigeants sociaux faits par les défendeurs sans aucun intérêt. Les faits ayant été commis à
l’occasion de l’activité commerciale de la société ETI, ils sont bien justiciables du tribunal de commerce par application de la théorie de l’accessoire. Il
poursuit que les articles 164 et 170 de l’Acte Uniforme relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Économique évoqués par les
défendeurs sont sans application en l’espèce, car ils sont relatifs à l’action individuelle qui ne concerne que les faits commis par les dirigeants sociaux dans
l’exercice de leur fonctions ; alors que les faits qu’il reproche à Monsieur MATJILA Daniel, il a traité d’immature, d’incompétent, de menteur, de
manipulateur, de fraudeur et de sans éthique, sont sortis du cadre de l’exercice des fonctions administrateur de sorte que ces faits sont détachables de ses
fonctions.

Il estime l’exception d’incompétence fondée sur les clauses de son contrat de travail également inapplicable, car l'action engagée par lui n’est pas relative
aux clauses de son contrat de travail ni à la critique d’une délibération du conseil d’administration, mais à l’aventure individuelle d’un administrateur en
dehors de ses fonctions qui lui a causé un dommage. Il estime par ailleurs que l’exception d’incompétence fondée sur l’article 14 du Code civil doit être
aussi rejetée, car les défendeurs qui considèrent que les termes de cet article n’ont pas indiqué le caractère subsidiaire qui leur est attribué, introduisent une
distinction dans cet article non prévu par celui-ci, en violation du principe général selon lequel « il n’y a pas distinguer là où la loi ne distingue pas. »
Au total, selon Monsieur TANOH Thierry, les exceptions d’incompétence doivent être rejetées par le tribunal de céans, qui est parfaitement compétent
pour connaître des faits qu’il allègue.

Sur le fond, il réaffirme le bien fondé de ses prétentions, car les défendeurs ont été incapables de justifier qu’il est immature, incompétent, menteur et
manipulateur, fraudeur, sans éthique et non professionnellement et moralement apte à exercer sa fonction de banquier, propos injurieux et infamants qui ont
fait et continuent de lui faire le plus grand mal. Il ajoute que puisque les défendeurs ont mis en avant la bonne gouvernance pour justifier la lettre litigieuse,
il sollicite la production du rapport du cabinet Ernst & Young sur la période de 2005 à 2013, qui contredit les vertus de bonne gouvernance dont il parent la
société ETI.

Il réitère qu’une faute délictuelle a bien été commise à son égard, résultant de la lettre litigieuse et de sa publication par les défendeurs dans la presse
financière internationale la plus prestigieuse.

Relativement au préjudice, il rappelle qu’il a fait le choix de faire carrière dans la finance internationale et que le fait commis à son égard par les défendeurs
compromettent sérieusement la poursuite de cette carrière. Il ajoute qu’aussi prestigieuse que soit la fonction que le Président de la République de Côte
d’Ivoire lui a confiée, elle reste en dessous de ce qu’il aurait pu normalement espérer, s’il était resté dans le monde de la finance internationale ; et que, sauf
à verser dans l'ironie et le mépris, les défendeurs ne peuvent prétendre que leur lettre accusatrice et injurieuse du 1er Mars 2014 contre lui, lui a ouvert des
opportunités meilleures.

En seconde réplique, la Société PIC et Monsieur MATJILA Daniel font valoir que l’exception d'incompétence qu’ils ont soulevée est parfaitement
recevable on regarde l’article 115 du Code de Procédure Civile, Commerciale et Administrative, car tant dans sa lettre que dans l’esprit du législateur, le
défendeur qui évoque un moyen d’incompétence, doit le motiver en fait et en droit, et surtout indiquer la où les juridictions compétentes devant lesquelles
l’affaire devrait être portée.

Ils expliquent que cet article 115 ne sanctionne en réalité que le défaut d’indication d’une juridiction compétente, de sorte que l’indication de deux ou
plusieurs juridictions concurremment compétentes ne sauraient être une cause d’irrecevabilité de l’exception ; et que la doctrine et la jurisprudence
admettent « qu’en cas d’option légale de compétence le défendeur doit pouvoir, ou bien ne citer qu’une des juridictions compétente, ou bien les citer
toutes, même s’il s’agit de juridictions étrangères. » Relativement au moyen que Monsieur TANOH Thierry oppose à leur exception d’incompétence tirée
des articles 125 du Code de Procédure Civile, Commerciale et Administrative et 22 de la loi organique N° 2014-424 du 14 juillet 2014 relative aux
juridiction de commerce, ils considèrent qu’ils ont soulevé toutes les exceptions ensemble et bien avant tout défense au fond, car la phase de conciliation,
préalable à la phase contentieuse, qui vise à rechercher une considération préalable obligatoire, diffère les débat de fond, pour permettre si possible un
accord entre les parties, sans confrontation ; de centre que le demandeur ne peut valablement leur reprocher de ne pas avoir présenté leurs exceptions
pendant cette phase ; surtout que certaines de ces exceptions notamment celles relatives à la compétence d’attribution sont d’ordre public. Monsieur
MATJILA Daniel et la société PIC réitèrent ensuite le bien fondé de leurs exceptions fondées sur les articles 7 de la loi organique N° 2014-424 du 14 du 14
juillet 2014 relative aux juridictions de Commerce, 164 et 170 de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique, 11 alinéa 4 du code de procédure civile commerciale administrative et 14 du Code civil. Sur le fond du litige, ils font valoir qu’ils n’ont
commis aucune faute car la lettre litigieuse a été écrite par Monsieur MATJILA Daniel dans l’exercice normal de ses fonctions de membre de conseil
d’administration, en application des statuts de la société ETI et de l’Acte uniforme sus indiqué.

Ils ajoutent que cette lettre est une lettre adressée par un administrateur à d’autres administrateurs et qu’ « elle n’a pas vocation dans ses termes et son
contenu à être justifiée. De ce fait elle est ni justifiable ni injustifiable ». Ils précisent que la juridiction commerciale ne peut être le censeur moral du
caractère convenable ou non des propos ou des écrits échangés par les administrateurs entre eux dans le cadre de leurs travaux au sein des organes
délibérant de la société qu’ils administrent ; et que le fonctionnement des sociétés commerciales sera rendu impossible si l’on devait soumettre à la sanction
de la juridiction commerciale la bienséance des débats de leurs organes délibérants ; et encore que si le demandeur estime que les propos tenus sont
injurieux ou diffamants à son égard, il lui appartient de saisir la juridiction compétente qui ne saurait en l’état actuel des dispositions légales et de la
pratique des affaires être la juridiction commerciale. S’agissant de la production du rapport du cabinet Ernst & Young, ils indiquent que cette demande de
communication du demandeur ne leur est pas adressée, et donc ne les concerne pas. Concernant la publication de la lettre dans la presse, ils réaffirment que
la preuve n’est pas rapportée que cela de leur fait, surtout qu’une telle diffusion nuit à leur propres intérêts en qualité de principal actionnaire de la société
ETI. Ils s’étonnent en outre que le demandeur n’ait pas sur le fondement de la loi sur la presse engagé la responsabilité des organes de presse considérés.
Relativement au préjudice, ils soutiennent qu'il n'existe pas car d’une part le demandeur ne rapporte pas la preuve de propositions d’embauche qui n’ont pas
pu se concrétiser à cause de la lettre litigieuse, et d’autre part sa nomination à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire prouve que même si son
expérience sur la Société ETI n’a pas répondu à ses attentes ni à celle de ses mandants, cela n’a aucune façon affecté la perception par ses pairs de ses
compétences ni l’accomplissement de sa destinée personnelle et professionnelle. Ils demandent donc que le tribunal rejette la demande en paiement de
dommages-intérêts de Monsieur TANOH Thierry.

La Société ETI, quant à elle, reprend en d’autres termes les arguments de Monsieur MATJILA Daniel et de la Société PIC quand à la recevabilité et au bien
fondé de leurs exceptions d’incompétence. Au fond, elle rappelle le contexte de la lettre litigieuse, qui a été écrite suite à de nombreuses interpellations des
autorités de régulation sur la gouvernance de la société telle que conduite par Monsieur TANOH Thierry, et qu’aucune faute ne peut lui être reprochée, le
demandeur ayant été incapable de prouver son abstention par un fait positif qu’elle aurait dû accomplir en vertu d’une obligation légale, réglementaire ou
conventionnelle ou d’une information objective. Concernant la publication de la lettre, elle affirme que le journaliste William WALLIS a écrit ceci, parlant
de Monsieur TANOH Thierry : « qu’il avait 500 millions de Dollars comme nouveaux investissements en attente ; toutefois, il fallait que quelques
problèmes internes ( certainement les mêmes qui ont présidé à la réprobation de la SEC et repris par PIC ) soient résolu au préalable » ; que cela désigne
clairement l’auteur des fuite dans la presse, les fuites dans le FINANCIAL TIMES ayant débuté avec l’arrivée de Monsieur TANOH Thierry à la tête de la
société ETI ; ce pourquoi le Conseil d’Administration l’a mandaté pour régler définitivement le problème. Concernant le préjudice, comme les autres
défendeurs, elle l’estime non prouvé car Monsieur TANOH Thierry, aux lieu et place de justification objective, réelle et précise du préjudice subi, se plaît à
faire revisiter son parcours professionnel, sans s’expliquer sur les opportunités réelles manquées par lui du fait de cette publication ; et que le fait de rester
sept ( 07 ) mois en attente n’induit pas forcément un préjudice.

Pour tout cela, elle conclut aussi au débouté de Monsieur TANOH Thierry de sa demande.

Les parties ont produit des pièces pour justifier leur prétentions respectives.

SUR CE

En la forme

Sur le caractère de la décision

Les défendeurs ayant été représentés et conclu, il y a lieu de statuer par décision contradictoire conformément à l’article 144 alinéa 1 du Code de procédure
civile commerciale et administrative qui dispose que : « Sont contradictoires les décisions rendues contre les parties qui ont eu connaissance de la
procédure soit parce que l’acte introductif d’instance leur a été signifié ou notifié à personne, soit parce qu’elles ont comparu en cours de procédure, soit
elles-mêmes soit par leur représentants ou mandataires, soit parce qu’elles ont fait valoir à un moment quelconque de la procédure leur moyens »

Sur le taux de ressort


L’arrêt 8 l’article de la loi organique N° 2014 – 424 du 14 juillet 2014 portant création, organisation et fonctionnement des juridictions de commerce
dispose : « Les tribunaux de commerce statuent :

• en premier ressort, sur toutes les demandes dont l’intérêt du litige est supérieur à un milliard de francs CFA ou est indéterminé ;
• en premier et dernier ressort, sur toutes les demandes dont l’intérêt du litige n’excède pas un milliard de francs CFA. »

En l’espèce, Monsieur TANOH Thierry sollicite la condamnation des défendeurs à lui payer la somme de trente millions ( $ 30.000.000 ) de dollars au taux
de cinq cent ( 500 ) francs CFA soit la somme de quinze milliards ( 15.000.000.000 ) de francs CFA. Cette somme excédant un milliard ( 1.000.000.000 )
de francs CFA, il y a lieu de statuer en premier ressort.

Sur la compétence du tribunal de commerce d’Abidjan

Les défendeurs la déclinent aussi bien territorialement que matériellement au profit des tribunaux de Lomé, de Londres et de la juridiction arbitrale.

Monsieur TANOH Thierry soulève l’irrecevabilité de l’exception d'incompétence à lui opposé par les défendeurs d’une part parce qu’elle est intervenue
tardivement pour n’avoir pas été présentée en tout début d’audience de conciliation et donc avant tout défense au fond comme le prescrit l’article 115 du
Code de Procédure Civile Commerciale et Administrative ; et d’autre part parce que ceux-ci ont indiqué trois juridictions compétente au lieu d’une seule
comme l’exige cet article.

Le tribunal rappelle avant d’examiner la pertinence des moyens opposés ainsi par Monsieur TANOH Thierry à l’exception d'incompétence soulevée par les
défendeurs, ce qu’est cette exception de procédure.

L’article 115 du Code de Procédure Civile Commerciale Administrative qui la prévoit dispose : « L’exception d’incompétence a pour but le renvoi de
l’affaire devant la juridiction compétente.

La partie qui la soulève doit à peine d’irrecevabilité, indiquer la juridiction qui selon elle est compétente pour connaître du litige ». Du point de vue du
droit processuel, les conditions dans lesquelles une partie au procès peut soulever cette exception sont au nombre de deux :

• La première condition concerne le moment auquel le moyen tiré de l’incompétence doit être invoqué. Et là c’est l’article 125 du Code de
Procédure Civile Commerciale et Administrative qui exige que l’exception des compétences comme tout comme les autres exceptions de
procédure, soit présentée en tout début de procès en ces termes : « Les exceptions dès lors qu’elles ne sont pas d’ordre public, ne sont
recevables que si elles sont présentées simultanément avant tout défense au fond et aucune ne sera reçue après qu’il aura été statué sur l’une
d’elle.
Il en est de même des fins de non-recevoir lorsque celles-ci ne constituent pas elles-mêmes de véritables défenses au fond. »

• La seconde condition concerne la motivation de l’exception d’incompétence. En effet, il ne suffit pas de contester de la juridiction à laquelle le
demandeur a entendu soumettre l’affaire ; il faut que le demandeur adopte une attitude positive en indiquant la juridiction qui selon lui est
compétente pour connaître de l’affaire.

Le tribunal rappelle que ces deux exigences conditionnent la recevabilité même de l’exception d’incompétence ; ce qui signifie que si elles ne sont pas
remplies, le juge n’a même pas à statuer sur la pertinence de cette exception.

Tout ceci rappelé, il y a le devoir ce qu’il en est en l’espèce.

Monsieur TANOH Thierry considère que l’exception d’incompétence soulevée par les défendeurs et est irrecevable d’abord parce qu’elle aurait dû l’être au
seuil du procès ; c’est-à-dire au tout début de l’audience de conciliation devant le tribunal de ce siège.
La tentative de conciliation est prévue par l’article 5 de la loi organique N° 2014-424 du 1er juillet 2014 portant création, organisation, et fonctionnement
des juridictions de commerce en ces termes : « La tentative de conciliation est obligatoire devant le tribunal de commerce et se tient à huis clos.

Le huis clos peut-être également donner à toutes les autres étapes de la procédure si l’ordre public, les bonnes mœurs et le secret des affaires l’exigent. » ;

l’Article 22 de cette loi précise : « Au jour fixé pour l’audience, si les parties comparaissent ou sont régulièrement représentées, le tribunal de commerce
procède obligatoirement à une tentative de conciliation.

En cas d’accord, le président dresse un procès-verbal de conciliation signé par les parties, dont une expédition est revêtue de la formule exécutoire.

En cas de non conciliation, et si l’affaire est en état d’être jugée, le tribunal délibère, dans les meilleurs délais, sur rapport de ses membres.

Ce délai ne saurait excéder quinze jours.

Si l’affaire n’est pas en état d’être jugée, le tribunal la renvoie à une prochaine audience et confie à l’un de ses membres le soin de l’instruire en qualité de
juge rapporteur .»

Il en résulte que la phase de la conciliation obligatoire précède la phase contentieuse, qui, elle, s’ouvre après le constat de la non-conciliation.

Le tribunal rappelle que l'objectif de cette n’est pas tant de discuter du bien-fondé des prétentions des parties, que de les amener à trouver une issue
pacifique à leurs différends au moyen d’une solution négociée.

La défense des prétentions respectives et notamment la contestation directe par les défendeurs du bien-fondé des réclamations du demandeur n’ayant lieu
qu’après constat de l’échec de la tentative de conciliation, Monsieur TANOH Thierry est mal venu à reprocher aux défendeurs de n’avoir pas dès l’amorce
de la tentative de conciliation dénié au tribunal de commerce toute compétence pour connaître de la présente cause. il y a lieu dès lors de rejeter ce moyen.

Relativement au second moyen, Monsieur TANOH Thierry considère que l’exception d’incompétence soulevée par les défendeurs est irrecevable parce que
ceux-ci n’ont pas indiqué la juridiction compétence selon eux pour connaître du litige, mais on a indiqué trois ( 3 ) au mépris de l’article 115 du code de
procédure civile commerciale administrative.

Il est constant que les défendeurs ont désigné 3 juridiction différentes qu’il estiment compétentes pour connaître de la présente affaire que sont, à titre de
rappel, les tribunaux de Lomé et de Londres, et la juridiction arbitrale. Ils estiment que la doctrine et la jurisprudence les y autorisent.

Toutefois, la lecture attentive de l’article 115 sus énoncé révèle que le législateur ivoirien mais à la charge de celui qui se prévaut d’une exception
d’incompétence l’obligation de désigner selon lui LA juridiction compétente pour connaître du litige.

Les dictionnaires des termes juridiques ne donnant pas la définition du mot « LA » utilisé par le législateur ivoirien, c’est à ceux de la langue française
qu’il faut se référer à cet effet. Et ces dictionnaires disent que ce mot est un article défini féminin singulier. Il ne peut être contesté par personne que
l’article défini, en grammaire, est un mot qui se rapporte à un être ou à un objet déterminé comme « le, la, les » ; au contraire de l’article indéfini qui se
rapporte à un être ou à un objet indéfini comme « un, une, des ». L’article défini peut dans son genre être masculin ( le ) ou féminin ( la ) et en nombre être
singulier ou pluriel. Cet article est singulier lorsqu’il désigne une catégorie qui s'exprime à l’unité ( le ou la ) et pluriel lorsqu’il désigne les catégories dont
le nombre est supérieur à l’unité ( les ).

De ces précisions grammaticales rendues nécessaires pour une interprétation juste de l’article 115 du code de procédure civile commerciale et
administrative le tribunal juge qu'en utilisant l’article défini « LA », le législateur ivoirien fait obligation à celui qui se prévaut d’une exception
d’incompétence d’indiquer CELLE qui selon lui EST compétente pour connaître du litige, et non pas CELLES qui selon lui SONT compétentes pour
connaître du litige. Les défendeurs en désignant plusieurs juridictions compétentes dont deux juridictions étatiques et une juridiction arbitrale n’ont pas
satisfait à cette obligation, de sorte que l’exception d'incompétence qu’ils ont soulevée doit être rejetée.
Il pourrait être avancé que tout tribunal doit, avant de statuer, vérifier sa compétence, et que le législateur ivoirien a donné au tribunal de commerce une
compétence d’attribution qui est d'ordre public de sorte que ce tribunal doit lui-même soulever cette exception d’incompétence. Toutefois en l’espèce, il n’y
avait pas lieu pour le Tribunal à soulever d’office l’exception d’incompétence.

En effet, ce que Monsieur TANOH Thierry reproche aux défendeurs dont l'un, Monsieur MATJILA Daniel, est administrateur et donc a la qualité de
dirigeants social, et les deux autres, les sociétés ETI et PIC, qui sont des sociétés anonymes, sociétés commerciales par la forme c’est la commission de
fautes issues de faits se rattachant par un lien direct à la gestion de la société ETI, fautes qui lui ont causé un préjudice. La connaissance de ces faits ne peut
que relever de la compétence de la juridiction commerciale s’il n’est pas, comme c’est le cas en l’espèce, allégué devant le tribunal de commerce le
caractère infractionnel de ces faits et que le demandeur ne s’est pas porté partie civile devant une juridiction pénale.

Par ailleurs, du point de vue de la compétence territoriale, le tribunal de commerce est bien complétant pour connaître de l’action du demandeur car l’action
intentée par monsieur TANOH Thierry n’est pas, contrairement à ce que soutiennent les défendeurs, une action individuelle à engager devant la juridiction
du siège de la société ETI, fondée sur les articles 161 et suivants de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique. En effet l’article 162 dudit acte uniforme qui définit cette action, dispose : « L’action individuelle est l’action en réparation du dommage subi
par un tiers ou par un associé, lorsque celui-ci subit un dommage distinct du dommage que pourrait subir la société, du fait de la faute commise
individuellement ou collectivement par les dirigeants sociaux dans l’exercice de leur fonction.

Cette action est intentée par celui qui subit le dommage… »

Il résulte de ce texte que l’action individuelle ne concerne que les faits fautifs commis par les dirigeants sociaux dans l’exercice de leurs fonctions. Or,
Monsieur Thierry TANOH reproche aux défendeurs une faux détachable des fonctions, c’est-à-dire une faute intentionnelle particulièrement grave
incompatible avec l’exercice des fonctions sociales, sur le fondement des article 1382 et 1383 du Code Civil.

En outre, il est constant comme droit processuel, c’est au moment de l’assignation que les vérifications de forme doivent être opérées par le tribunal. Et au
12 mai 2014, Monsieur TANOH Thierry a indiqué dans son arc d’assignation être un ancien employé de la société ETI et domicilié à Abidjan, République
de Côte d’Ivoire.

Le tribunal rappelle que le principe en matière de domicile n’est pas celui de la fixité, les personnes physiques ou morales pouvant, au gré de leur intérêts,
changer de domicile. Même si dans le contrat de Monsieur TANOH Thierry existe une clause de domicile dans laquelle est indiqué la ville de Washington
comme étant ce domicile, même si dans l’instance social engagée devant le tribunal de travail de Lomé suite à la rupture qu’il considère abusive de son
contrat, celui-ci a déclaré être domicilié à Lomé, le Tribunal relève que ces indications sont bien antérieures à sa saisine. Et au moment de celle-ci,
Monsieur TANOH Thierry a indiqué à domicile à Abidjan, et expliqué dans ses conclusions du 21 octobre 2014 qu’une fois révoqué de ses fonctions
revenu dans son pays d’origine, il a fait aussi élection de domicile dans deux sociétés d’avocats.

Le tribunal note de cela que ce qui est mis en avant par Monsieur TANOH Thierry n’est pas seulement l’élection de domicile, mais aussi le fait que,
révoqué de ses fonctions à Lomé, Il est revenu dans son pays d’origine qui est la Côte d’Ivoire. Il appartient dans ses conditions au défendeur d’en apporter
la preuve contraire, c’est-à-dire de démontrer au tribunal que nonobstant cette indication contenue dans l’assignation, Monsieur TANOH Thierry, au
moment où il les assignait devant le tribunal de commerce, était domicilié à l’étranger, non pas en brandissant la clause de domicile du contrat de travail, ou
l’acte d’assignation devant le tribunal de travail de Lomé, tous deux, comme sus indiqué, antérieurs à la saisine du tribunal de ce siège et inaptes à faire
échec au droit qu’à toute personne de changer de domicile. Monsieur TANOH Thierry était donc domicilié à Abidjan au moment où il introduisait son
action devant le tribunal de commerce d’Abidjan jusqu’à preuve du contraire, non rapportée par les défendeurs ; et ceux-ci résidant tous en dehors de la
Côte d’Ivoire où ils n’ont ni domicile ni résidence, le tribunal compétent est dans ce cas celui du demandeur notamment le tribunal de ce siège en
application des dispositions pertinentes de l’article 11 alinéa du code de procédure civile commercial et administrative qui dispose : « Si le défendeur est un
Ivoirien établi à l’étranger ou un étranger n’ayant en Côte d’Ivoire une résidence le tribunal compétent est celui du domicile du demandeur »

Au total, le tribunal retient sa compétence dans la présente cause.


Sur la recevabilité de l’action de Monsieur TANOH Thierry

Monsieur panneau Thierry a introduit son action en paiement de dommages-intérêts dans les conditions légales de forme et de délai. Pour cela, cette action
doit être déclaré recevable.

Au fond

Sur le bien-fondé de la demande en paiement de dommages-intérêts

Monsieur TANOH Thierry sollicite la condamnation des défendeurs à lui payer la somme de 15 milliards (15.000.000.000) de francs CFA en réparation du
préjudice qu’ils lui ont causé. L’accueil favorable de cette demande par le tribunal nécessite d’une part la réunion des conditions des articles 1382 et 1383
du Code civil sur lequel le demandeur fonde son action et d’autre part la justification du montant réclamé en guise de réparation.

• Sur la réunion des conditions des articles 1382 et 1383 du Code Civil

L’article 1382 du Code Civil dispose : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le
réparer. »

Quant à l’article 1383 du Code Civil il dispose : « Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa
négligence ou pas son imprudence.»

Ces articles, considérés comme les articles angulaires de la responsabilité civile délictuelle et quasi-délictuelle, nécessitent l’existence d’une faute, d’un
préjudice et d’un lien de causalité entre la faute et le préjudice.

• Sur la faute reprochée aux défendeurs

Monsieur TANOH Thierry trouve cette faute des défendeurs dans les termes de la lettre du 1er Mars 2014 écrite par Monsieur Daniel MATJILA et dans la
publicité sans égale qui en a été faite.

Le tribunal relève que les adjectifs qualificatifs utilisés par Monsieur MATJILA Daniel et attribués par lui à Monsieur TANOH Thierry sont les suivants :
« immature, incompétent, menteur et manipulateur, fraudeur, sans éthique, inapte professionnellement et moralement à exercer sa profession de banquier »

Le sens commun donné à ces termes est le suivant :

• Immature : qui n’a pas encore atteint la maturité intellectuelle, affective, c’est-à-dire qui n’est pas arrivé à maturité, au plein développement
physique, affectif et intellectuel, qui n’a pas de sûreté de jugement.
• Incompétent : qui manque de compétence, de connaissances pour faire quelque chose, c’est-à-dire qui n’a pas l’attitude et l’expérience
nécessaires pour faire quelque chose.

• Menteur : qui ment, qui a l’habitude de mentir, c’est-à-dire de donner pour vrai ce que l’on sait être faux ou nier ce que l’on sait être vrai ou
encore tromper par de fausses apparences.

• Fraudeur : qui fraude, c’est-à-dire qui commet des actes malhonnêtes qui vont à l’encontre de la loi ou des règlements, et qui nuit au droit
d’autrui.

• Manipulateur : qui manipule autrui, c’est-à-dire qui amène insidieusement ( en trompant ) autrui à tel ou tel comportement, qui le dirige ainsi à
sa guise.

• Sans éthique : qui est sans principe moraux.

• Inapte professionnellement et moralement à exercer sa profession de banquier : qui n’a pas la disposition professionnelle et morale pour
exercer sa profession de banquier.

Monsieur MATJILA Daniel ne conteste pas avoir utilisé ces termes dans sa lettre du 1er Mars 2014 termes réprouvés avec véhémence par Monsieur
TANOH Thierry qui les considère comme insultants, c'est-à-dire outrageants, blessant sa dignité son honneur ; et infamants c’est-à-dire déshonorants et
nuisibles pour sa réputation.

Dans ces conditions, il revient à Monsieur MATJILA Daniel d’apporter la preuve des faits qui l’ont autorisé attribuer ses épithètes au demandeur et qui
justifie que tel est effectivement Monsieur TANOH Thierry.

Il est produit au dossier à cet égard différentes pièces principalement une lettre du 12 décembre 2014 adressé au Président du Tribunal de ce siège dans
laquelle Monsieur MATJILA Daniel apporte les raisons qui fondent son appréciation sur monsieur TANOH Thierry.

Concernant le qualificatif « immature » le tribunal constate que Monsieur Daniel MATJILA dans sa lettre du 12 décembre 2014 adressé au Président du
tribunal de ce siège n'en parle pas. Le tribunal relève que lors de son audition au cours de la mise en état par le juge rapporteur, Monsieur MATJILA Daniel
a justifié ce qualificatif par le fait que Monsieur TANOH Thierry a pleuré devant un Conseil d’Administration et précisé que les réunions de Conseil
d'administration ne sont pas la maternelle. Le tribunal rappelle que « pleurer », c’est-à-dire verser des larmes, gouttes de liquide salé produit par les
glandes lacrymales situées sous les paupières, qui s’échappent parfois au dehors et coulent sur les joues, peut bien se voir sur des êtres humains matures
c’est-à-dire au développement physique, affectif et intellectuel parfaitement achevé ; lorsqu’ils sont mus par des sentiments de joie, de douleur ou de
tristesse. Pour cela, le tribunal considère sur ce point que monsieur MATJILA Daniel n’a pas rapporté la preuve de ses allégations à savoir que monsieur
TANOH Thierry a pleuré parce qu’il est immature

Concernant le qualificatif « incompétent » Monsieur MATJILA Daniel dans sa lettre du 12 décembre 2014 le justifie par le fait que Monsieur TANOH
Thierry n’a pas été capable en tant que directeur général de mesurer la gravité de la crise créée au sein de la Société ETI suite au courrier du 8 avril 2013 de
la Banque Centrale du Nigéria dénonçant la légitimité de l’ancien Président du conseil d’administration monsieur KOLAPO Lawson à présider ce conseil et
sa publication dans le journal FINANCIAL TIMES ; et de n’avoir pas su ou voulu prendre les moyens appropriés pour y faire face ; d’être à l’origine de
pratique de mauvaise gouvernance de la société ETI, notamment d’être à l’origine de la rupture de la confiance au sein de l’équipe dirigeante, de la
nomination du contrôleur interne comme son assistant alors que celui-ci doit jouir d’une totale indépendance vis-à-vis de lui, d’avoir manqué de respect
envers le conseil d’administration et l’Autorité de régulation en licenciant la directrice des Finances et des Risques Madame DO REGO, malgré
l’opposition de ceux-ci ; et d’avoir empêché par des manœuvres publiques et judiciaires la tenue du conseil d’administration du 25 février 2014. Certes, il
produit des pièces ; mais à l’examen attentif de chacune d’elles, le tribunal se rend compte qu’elles ne justifient pas le qualificatif « incompétent » attribué
à Monsieur TANOH Thierry, le demandeur ; ce d’autant moins qu’il n’est pas contesté par les défendeurs qu’il a été choisi pour diriger le groupe ETI
parmi bien d’autres candidats desquels il était le meilleur, et que les défendeurs ne contestent pas l’augmentation de la valeur des actions de la société ETI
obtenue sous sa direction. Or la valeur des actions d’une société anonyme cotée à la Bourse comme c’est le cas pour la Société ETI reflète, sans conteste, la
santé financière et les performances économiques de celle-ci.

Le tribunal notre par ailleurs que Monsieur TANOH Thierry a prétendu qu’en réalité c’est parce qu’il avait mis lui-même en exergue les problèmes de
mauvaise gouvernance au sein du groupe ETI que son éviction a été orchestrée par les défendeurs, et à sollicité la production du rapport du cabinet Ernst &
Young pour confirmer ces allégations.

Le tribunal note également qu'il a lui-même demandé aussi la production au dossier de ce rapport pour apprécier par lui-même la question de la
gouvernance au sein du groupe ETI, et que le conseil d’administration de cette société a finalement refusé dny satisfaire

Il ressort aussi du procès-verbal d’audition des parties établie par le juge rapporteur que Monsieur MATJILA Daniel n’a pas contesté que le rapport du
cabinet Ernst & Young que le conseil d’administration du groupe ETI a refusé de communiquer au tribunal, a révélé des graves problèmes de gouvernance
au sein de ce groupe ; et que Monsieur MATJILA Daniel a déclaré et confirmé que si la société PIC qu’il représente au sein du groupe ETI l’avait su, elle
n’aurait pas investi dans le capital de ce groupe. Il est par ailleurs constant qu’un administrateur de la société ETI a démissionné de son poste
d’administrateur pour ne pas être comptable de la mauvaise gouvernance observée dans cette société. Tout ceci ajoute grand crédit aux déclaration de
Monsieur TANOH Thierry selon lesquelles à titre de rappel, la lettre du 1er mars 2014 a été écrite parce qu’il avait mis en exergue la mal gouvernance dans
la ETI.

Concernant le qualificatif de « menteur » le Tribunal relève qu’il est nulle part prouvé par Monsieur MATJILA Daniel dans sa lettre du 12 décembre 2014
censée justifier les faits évoqués dans la lettre du 1er mars 2014 censé justifier les faits évoqué dans la lettre du 1er mars 2014 ni dans aucune autre pièce
versée par lui au dossier.

Concernant le qualificatif « fraudeur » Monsieur MATJILA Daniel le justifie par le fait que Monsieur TANOH Thierry a de manière frauduleuse obtenu la
modification de son contrat de recrutement avec la complicité du Président du conseil d’administration, sans que ce conseil en soi informé alors que c’est
lui qui est compétent à la matière selon l’article 31 des statuts de la société ETI ; et que dans le nouveau contrat, il s’est vu octroyer des avantages
supplémentaires tout en réduisant les critères de performance qui lui ont été fixés. Il revient à Monsieur MATJILA Daniel de prouver au tribunal
l’existence de cette collusion frauduleuse entre Monsieur TANOH Thierry et le Président du conseil d’administration. Le Tribunal constate qu’une telle
collusion n’est pas prouvée en l’espèce par Monsieur MATJILA Daniel ; de même qu’il n’a pas été prouvé par les défendeurs que Monsieur TANOH
Thierry, en sollicitant la modification de son contrat de travail avait entendu contourner le conseil d’administration donc il avait du reste saisi le président,
auquel il appartenait sans doute possible de réunir ce conseil. Son inaction ne peut donc être mise à la charge de Monsieur TANOH Thierry. Le Tribunal
considère ce point comme non prouvé.

Concernant le qualificatif « manipulateur » Monsieur Magellan Daniel ne produit au dossier aucune pièce de nature a prouver que Monsieur TANOH
Thierry a manipulé le conseil d’administration de la société ETI se contentant de simples allégations. il avait, en outre, avancé lors de la mise en étant que
Monsieur TANOH Thierry avait fait intervenir des autorités politiques dans le fonctionnement de la Société ETI, ce que celui-ci conteste. Alors qu’il lui
revenait de prouver cette allégation devant le tribunal, il se contente de décrire dans sa lettre du 12 décembre 2014 censée justifier ses propos ceci :« ce
point ne mérite amples développements Monsieur TANOH n’ayant pas pu apporter des éléments de contradiction à mes déclaration lors de la dernière
audition des parties. » Le tribunal tient donc ce point également pour non prouvé.
Concernant le qualificatif « sans éthique », Monsieur MATJILA Daniel le justifie dans sa lettre du 12 décembre 2014 par trois faits à savoir la réclamation
indue de bonus au titre de l’exercice 2012, l’achat non autorisé de véhicule de luxe et l’utilisation abusive du jet de la société. Le bonus au titre de
l’exercice 2012, Monsieur MATJILA Daniel le trouve éthique parce que parce qu’en violation de son contrat de recrutement qui fixait ce bonus à 25 % de
son salaire annuel, Monsieur TANOH Thierry a réclamé et obtenu un bonus de 40 % de la prime annuelle du directeur général sortant, sans que cette
question, qui constitue une modification de contrat de recrutement, ait été préalablement soumise à l’approbation du conseil d’administration. Le tribunal
note que Monsieur MATJILA Daniel, s’est octroyé avec la complicité de Monsieur KOLAPO Lawson, Monsieur TANOH Thierry ayant saisi ce dernier en
sa qualité de Président du conseil d’administration de la société ETI, il lui appartenait de soumettre cette question en concert d’administration qu’il présidé.
Sauf à prouver la collusion frauduleuse à l'origine de cette opération, ce que Monsieur MATJILA Daniel n’a pu faire, le tribunal considère que à tort que
Monsieur MATJILA Daniel écrit cela au compte des actes non éthiques du demandeur. Il en va de même pour ce qu’il considère comme des « achats non
autorisés de véhicule de luxe », achats pourtant dûment autorisé par le Président du Conseil d’administration. Là non plus, la preuve de la collusion
frauduleuse entre ce et Monsieur TANOH Thierry pour continuer les procédures n’est pas rapportée. Quant à l’utilisation du jet de la société ETI, Monsieur
MATJILA Daniel considère que celle-ci a été abusive car lors de son court passage à la tête de la société ETI, Monsieur TANOH Thierry a laissé, à cet
égard des factures de deux milliards deux cent quarante-trois millions trois cent vingt-neuf mille neuf cent trente cinq ( 2.423.329.935 ) francs CFA, et
qu’une lecture attentive de l’état d’utilisation du jet à Abidjan prouve également qu’il s’est agit d’une utilisation à des fins personnelles, sinon étrangères
aux fonctions de Directeur Général l de Monsieur TANOH Thierry. Les pièces qu’il produit à cet égard ne sont que des récapitulatif des voyages effectués
et ne prouvent nullement que ces voyages n’étaient pas nécessaires et/ ou avaient des buts autre que professionnels. Lors de la mise en état, Monsieur
MATJILA Daniel a même prétendu que monsieur TANOH Thierry a utilisé le jet pour aller jouer au tennis ; ce qu’il a été bien en peine de justifier par la
suite tant devant le juge rapporteur que devant le tribunal.

Concernant le qualificatif « inapte professionnellement et moralement à exercer sa profession de banquier », Monsieur MATJILA Daniel le déduit de tous
les faits, du reste non prouvés, qu’il a reprochés à Monsieur TANOH Thierry, dont il ne conteste paradoxalement par les performances à la société
financière internationale. Il a même déclaré devant le juge rapporteur lors de son audition avoir du respect pour Monsieur TANOH Thierry à qui pourtant il
n’a pas hésité à attribuer des qualificatifs peu flatteurs.

Au regard de tout ce qui précède, le tribunal considère que Monsieur MATJILA Daniel à qui il incombait d’apporter la preuve des faits à l’origine des
qualificatifs qu’il a attribués à Monsieur TANOH Thierry n’a plus le faire en l’espèce. Ces qualificatifs portant atteinte à l’honneur et à la considération,
c’est à juste titre que monsieur TANOH Thierry lui reproche une faute délictuelle à son égard.

Monsieur MATJILA Daniel dans sa lettre du 12 Décembre 2014 écrit ce qui suit : « Comme déjà amplement développé dans les précédentes écritures, il
était du devoir et de la responsabilité des administrateurs signataires de la Lettre Litigieuse, et notamment de moi-même, de dénoncer les manœuvres, eu
égard :

(1) à l’objet et au statut d’institution financière publique en charge de la gestion des retraites des travailleurs sud-africains, l’actionnaire dont j’ai
le devoir de défendre les intérêts,

(2) au fait que cette actionnaire était, alors, le principal actionnaire d’ETI, et donc son actionnaire de référence, de ce fait, potentiellement
garant de la solvabilité du groupe, et

(3) à la responsabilité légale et statutaire des administrateurs signataires, garants de la bonne gouvernance de la Société, et ne pouvant, à ce
titre, être complices des dérèglements managériaux soulignés en synthèse dans la présente lettre

Il est également important de rappeler avec insistance qu’au regard des principes et des règles régissant les sociétés commerciales aussi bien dans
l’environnement juridique sud-africain que dans celui de l’OHADA, les administrateurs disposent d’une totale liberté de parole, d’expression et donc
d’écriture pour faire valoir les intérêts qu’ils représentent.
La Lettre Litigieuse, quels qu’en soient les termes ou le ton, adressée à un conseil d’administration ne saurait donc être constitutive d’une faute au sens des
différents Actes Uniformes régissant les sociétés commerciales et le droit commercial, ni même au sens des dispositions de l’article 1382 du Code Civil. »

Les conseils de Monsieur MATJILA Daniel dans leurs écritures ont longuement mis en avant cette liberté totale de parole, d’expression écrite et orale dont
les administrateurs jouissent pour faire valoir les intérêts qu’ils représentent, en prétendant même que le juge commercial ne saurait être le censeur des
propos tenus par ceux-ci dans le cadre de l'accomplissement de leur mission.

Le tribunal rappelle que l'exercice du mandat confié à un administrateur n'est pas îlot dépourvu de règles juridiques et que le statut d'administrateur d'une
société commerciale me confère à leur titulaire ni immunité ni privilège. S’il est vrai que les administrateurs bénéficient de cette liberté de parole et décrit,
l’exercice de cette liberté doit néanmoins être conforme à l’obligation générale de prudence imposée à toutes personnes quelles qu’elles soient par l’article
1382 du Code Civil en ces termes : « Tout faire quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le
réparer. »

Tout dirigeant social dans l’exercice de ses fonctions doit agir avec prudence aussi bien dans les informations qu’il donne, dans les décisions qu’il prend
que dans les propos qu’il tient. En l’espèce, Monsieur MATJILA Daniel a manqué cruellement à cette prudence ; il a abusé de sa liberté D’EXPRESSION,
et commet par là une faute. Cette faute intentionnelle d’une particulière gravité doit être considérée comme détachable de sa fonction d’administrateur, car
incompatible avec l’exercice normal de ses fonctions d’administrateur, qui n’inclut nullement le droit de tenir des propos portant atteint à l'honneur et à la
considération des tiers, du directeur général de la société.

Monsieur TANOH Thierry trouve également la faute des défendeurs dans la publicité sans égal qui a été fait de la lettre litigieuse du 1er mars 2014.

Il est constant que cette lettre s’est retrouvée dans les journaux tels que FINANCIAL TIMES et BLOOMBERG NEWS.

Monsieur MATJILA Daniel conteste être à l’origine de cette publication, et dans sa défense suggère que Monsieur TANOH Thierry pourrait bien en être
lui-même l’auteur ; sauf qu’il ne trouve pas cela, se contentant d’allégations et de raisonnement non étayés par des éléments de preuve. Pourtant dans
l’article intitulé « Public Investment Corp. ( la société d’investissement public ) demande la démission du PDG TANOH d’Ecobank » écrit par le
journaliste Renée BONORCHIS dans le BLOOMBERG NEWS, le 1er Mars 2014, le jour même de la rédaction de la lettre, il apparaît clairement ceci : «
MATJILA a transmis le courrier à Bloomberg après un entretien téléphonique aujourd’hui » Monsieur MATJILA Daniel n’a pu apporter au tribunal des
éléments de preuve contraire. De même concernant le journal FINANCIAL TIMES ,il n’a plus justifier avoir protester contre la publication de la lettre
litigieuse, qu'il n'avait selon lui destiné qu’aux seuls administrateurs de la société ETI.

Le tribunal tiens donc aussi ce point allégué par Monsieur TANOH Thierry à la charge de Monsieur MATJILA Daniel pour acquis en l’espèce.

Au regard de tout ce qui précède, le tribunal juge quand l’espèce, Monsieur MATJILA Daniel, en écrivant aux administrateurs de la société ETI Qla lettre
du 1er Mars 2014 contenant des termes portant atteinte à l’honneur et à la considération de Monsieur TANOH Thierry et en divulgant cette lettre dans la
presse, a commis une faute détachable de ses fonctions d’administrateur qui engage sa responsabilité personnelle en tant qu’administrateur.

Il est constant que Monsieur MATJILA Daniel siège au concert d’administration de la société ETI en tant que représentant de la Société PIC, qui occupe
un siège d’administrateur au sein de ce conseil. Il a ainsi agi pour le compte de la société PIC et dans l’intérêt de celle-ci en vue, comme il a répété à l’envi,
de protéger les investissements de cette société, qu'il dit être l'actionnaire principal de la cité ETI. La faute qu'il a commise à l'égard de Monsieur TANOH
Thierry engage donc la responsabilité solidaire de la société pic qu’il convient de retenir.

Concernant la société ETI, il est constant que l’action de Monsieur MATJILA Daniel a été accomplie par celui-ci en tant qu’administrateur de cette société
et dans l’intérêt aussi de celle-ci, dont il se considérait du reste garant de la bonne gouvernance. Il est également constant qu’à aucun moment la société ETI
ne s’est désolidarisé des propos tenus par Monsieur MATJILA Daniel ; bien au contraire elle a durant tout le procès tant dans ses déclarations orales
qu’écrites tenté de justifier ces propos ainsi que le droit qu’à son auteur de les tenir, et même précisé n’avoir aucun intérêt particulier à réprouver ses propos
ou à les empêcher. Dans ces conditions, la faute commise par Monsieur MATJILA Daniel engage aussi sa responsabilité solidaire, qu’il convient également
de retenir.
• Sur le préjudice

Il est constant que le contenu de la lettre litigieuse du 1er Mars 2014 porte atteinte à l’honneur et à la considération de Monsieur TANOH Thierry. Il est
également constant que la publication de cette lettre dans la presse internationale notamment dans les journaux FINANCIL TIMES, quotidien centenaire
d’informations économiques et boursières destinée à la haute sphère financière internationale et BLOOMBERG NEWS, site d’informations spécialisé dans
l’économie et la finance, journaux à large diffusion et à grande audience, porte gravement atteinte à sa réputation. Il y a là incontestablement un préjudice
dont le demandeur est fondé à demander réparation ; sans qu’il y ait lieu à prêter la moins atten à l’argument des défendeurs tiré de la nomination de
Monsieur TANOH Thierry à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire. Cela n’ayant pas pour conséquence d’effacer l’humiliation que la lettre
litigieuse lui inflige à la face de la communauté financière internationale et de toutes les personnes qui ont vu et lu les articles contenant les faits
incriminés ; et la Présidence de la République n’étant pas une banque prestigieuse de dimension internationale ou le destine normalement la renommée
qu’il s’est patiemment bâtie.

• Sur le lien de causalité

De tout ce qui précède, ce lien apparaît avec une évidence telle qu’elle dispense le tribunal de longs développements à cet égard, le préjudice subi par le
demandeur résultant directement, sans contestation possible, de la faute commise par les défendeurs.

Au total, le tribunal juge qu’en l’espèce, les conditions des articles 1382 et 1383 du Code Civil sont bien réunies et accueille pour cela favorablement la
demande en paiement de dommages-intérêts de Monsieur TANOH Thierry contre Monsieur MATJILA Daniel et les sociétés ETI et PIC.

Sur la réparation

Monsieur TANOH Thierry sollicite la condamnation des défendeurs à lui payer la chambre de 15 milliards ( 15.000.000.000 ) de francs CFA. Ceux-ci s’y
opposent au motif qui ne justifie pas ce montant

Le tribunal rappelle que le droit à l’honneur et à la considération fait partie des droits de la personnalité et garanti par les alias 1, 2 et 3 de l’article 2 de la
Constitution ivoirienne du 1er août 2000 en ces termes « La personne humaine est sacrée .

Tous les êtres humains naissent libres et égaux devant la loi. Ils jouissent des droits et inaliénables que sont le droit à la vie, à la liberté, à
l’épanouissement de leur personnalité et au respect de leur dignité.

Les droits de la personne humaine sont inviolables. Les autorités publiques ont l’obligation d’en assurer le respect, la protection et la promotion .»

Le tribunal rappelle également que l’article 12 de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme du 10 Décembre 1948 à laquelle le Peuple de Côte
d’Ivoire dans le préambule la Constitution a proclamé son adhésion dispose que : « Nul ne peut faire l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa
famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteinte à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles
immixtions ou de telles atteinte ».

Le tribunal rappelle en outre qu’en matière d’indemnisation, le principe est celui de la réparation intégrale selon lequel ce qui doit être réparé par le juge,
c’est le dommage, tout le dommage et rien que le dommage.
Il est constant que Monsieur TANOH Thierry évolue dans la sphère de la finance internationale. Il est également constant que les prétendants à ces
fonctions doivent justifier d’une réputation sans tâche pour ce qui concerne l’intégrité et l’éthique et d’un bon prestige professionnel. Il ne peut être non
plus contesté que la faute commise par les défendeurs ruine le crédit de Monsieur TANOH Thierry dans ce milieu et compromet sérieusement ses chances
de retrouver la considération que lui vouaient ses paires avant la faute donc il a été victime, faute qui ternit sa renommée et est de nature à forger dans
l’opinion financier internationale des faux jugements quant à son intégrité morale et à son prestige professionnel ; etant du reste précisé que tant la
réputation au niveau de l’entreprise est considérée comme son actif stratégique le plus important sur le plans de la création de la valeur, tant au niveau des
individus la réputation joue un rôle capital pour qui veut établir et sauvegarder sa valeur morale et professionnelle auprès de ses semblables et des
personnes physiques ou morales susceptibles de l’employer

Toutefois le tribunal considère que la somme sollicitée est excessive, et en tenant compte de l’ensemble des éléments de la cause, fixe le montant de la
réparation à la somme de quinze millions ( $ 15.000.000 ) de dollars au taux de 500 francs soit sept milliards cinq cent millions ( 7.500.000.000 ) de francs
CFA au paiement de laquelle il condamne les défendeurs.

• Sur la publication de la présente décision

Monsieur TANOH Thierry la sollicite. Elle se justifie en matière de violation des droits de la personnalité comme moyen accessoire de réparation, la
publication de la décision contribuant à redonner au demandeur l’honneur et la considération dont il a été privé par la faute qu’il a subie, et à le rétablir dans
l’estime des tiers particulièrement de la communauté de la finance internationale dont il est issu. Il y a lieu d’y faire droit et d’encourager les défendeurs à y
satisfaire, sous astreinte comminatoire, dont le montant doit cependant être réduit à deux cent millions ( 200.000.000 ) de francs CFA par jour de retard à
compter de la signification de la présente décision.

Sur l’exécution provisoire

L’article 146 du code de procédure civile, commerciale et administrative l’autorise en cas d’extrême urgence. Tel est bien le cas en l’espèce, la réputation
de Monsieur TANOH Thierry injustement bafouée et ternie par les défendeurs devant sans délai être compensée par la réparation par équivalent et la
publication décidées par le tribunal. Il y a lieu de l’ordonner nonobstant toutes les voies de recours.

Sur les dépens

Puisque les défendeurs succombent en la cause, ils doivent les supporter conformément à l’Article 149 du code de procédure civile commercial et
administrative qui dispose : « Toute partie qui succombe est condamnée au dépens, sauf au Tribunal à laisser la totalité ou une fraction de ceux-ci à la
charge d’une autre partie par décision spéciale et motivée »

Ces dépens doivent être distraits au profit des SCPA ADJE-ASSI-METAN et LX WAYS en application de l’article 152 alinéa un du code de procédure
civile commercial et administrative qui dispose que : « Les avocats pourront demander la distraction la distraction des dépens à leur profit, en affirmant,
lors de la prononciation du jugement, qu’ils ont fait la plus grande partie des avances. »
PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement et en premier ressort ;

Rejette l’exception d’incompétence et se déclare compétent ;

Reçoit Monsieur TANOH Thierry en son action ;

Constate la non-conciliation des parties ;

L’y dit partiellement fondé ;

Condamne solidairement monsieur MATJILA Daniel et les société Public Investment Corporation dite PIC et Ecobank Transnational Incorporated à lui
payer la somme de sept milliards cinq cent million ( 7.500.000.000 ) de francs CFA à titre de dommages-intérêts ;

Ordonne la publication de la présence décision dans tous les organes de presse et site internet ayant reçu ou fait état de la correspondance du 1er Mars 2014
au frais des défendeurs sous astreinte comminatoire de deux cent millions ( 200.000.000 ) de francs CFA par jour de retard à compter de la signification de
la présente décision ;

Ordonne l’exécution provisoire de la présente décision nonobstant toutes les voies de recours ;

Condamne les défendeurs aux dépens distraits au profit des SCPA ADJE-ASSI-METAN et LEX WAYS, Avocats aux offres de droit.

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les jour, mois et an que dessus.

ET ONT SIGNÉ LE PRÉSIDENT

By Armand Jr Oupoh

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