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JUGEMENT REPUBLIQUE DU BENIN

N°069/2022/CJ2/S3/TCC

Du 15 AVRIL 2022
TRIBUNAL DE COMMERCE DE COTONOU

------------------- DEUXIEME CHAMBRE DE JUGEMENT DE LA


SECTION III
RÔLE GENERAL PRESIDENT : Valentin Vidjannagni Vidéhomè
BJ/e-TCC/2022/0231 KPAKO
JUGES CONSULAIRES : François AKOUTA et
Maurice YEDOMON
Monsieur Steve Sheyi MINISTERE PUBLIC: Jules AHOGA
JEMBI GREFFIER: Marcel T. ADOUNGBE
DEBATS : les 25 mars 2022
(Maître Elie Mahoussi Jugement contradictoire, en matière commerciale et
DOVONOU) en premier ressort, prononcé le 15 avril 2022.
C/ LES PARTIES EN CAUSE
Madame Pauline DEMANDEUR
AIWANOU Monsieur Steve Sheyi JEMBI, de nationalité
nigériane, demeurant et domicilié à Cotonou lieudit
Fidjrossè maison feu A. Thomas AIWANOU, lot n°
1756, contact : +229 66 36 85 37 / +234 481 185 376
74 assisté de Maître Elie Mahoussi DOVONOU,
OBJET : cessation de Avocat au barreau du Bénin ;
troubles et D’UNE PART
dommages - intérêts. DEFENDERESSE
Madame Pauline AIWANOU, de nationalité
béninoise, demeurant et domiciliée à Cotonou lieudit
Fidjrossè maison feu A. Thomas AIWANOU, lot n°
1756 ;
D’AUTRE PART
LE TRIBUNAL,
Suivant exploit en date de 1er mars 2022, le nommé
Steve Sheyi JEMBI a attrait la nommée Pauline
AIWANOU par – devant le tribunal de commerce de
Cotonou à l’effet d’enjoindre à cette dernière d’avoir à
cesser tous les troubles de jouissance à son égard en
débarrassant sa voiture du garage objet des lieux
loués, d’avoir à procéder à la remise en état du courant
électrique à son profit et de la condamner à lui payer
la somme de cinq millions (5 000 000) francs CFA au
titre des dommages et intérêts puis d’assortir le
présent jugement de l’exécution provisoire sur la

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minute en ce qui concerne la cessation des troubles et
la remise en état et à hauteur de la moitié s’agissant
des condamnations pécuniaires ;
Il appuie ses demandes en faisant valoir :
Que suivant contrat de bail à usage d’exploitation en
date du 05 août 2019, le nommé Evariste AÏWANOU
ès – qualité de représentant des héritiers de feu
Thomas AÏWANOU lui a donné à bail à usage
professionnel, un appartement de trois (03) chambres
et salon, un balcon dépendant de l’immeuble de feu
Thomas A. AÏWANOU et situé au quartier Fidjrossè à
Cotonou ;
Que le bail a été conclu pour une durée de cinq (05)
ans ;
Que le nommé Evariste AÏWANOU a pris de ses mains,
une somme totale de quatre cent soixante – quinze
mille (475 000) francs CFA pour diverses réparations
qui n’ont pas été effectuées ;
Que le comble est que la nommée Pauline AÏWANOU
sœur du nommé Evariste AÏWANOU a, contre toute
attente, débranché toutes les installations électriques
qu’il a prises à ses propres frais laissant ainsi les lieux
loués dans l’obscurité ;
Qu’indépendamment de ces agissements, la nommée
Pauline AÏWANOU vit dans la maison l’empêchant de
jouir du garage en y laissant son véhicule et parfois
celui de son concubin alors que selon les termes du
contrat, le garage fait partie des lieux loués ;
Qu’il a fait dresser un exploit de procès – verbal de
constat interpellatif en date du 09 février 2022 suivant
lequel la nommé Pauline AÏWANOU a reconnu ses
actes ;
Que la plainte qu’elle a déposée au commissariat
contre lui a été classée sans suite ;
Qu’il sied de faire cesser tous ces troubles ;

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Attendu que conformément aux dispositions de l’article
542 alinéa 2 du code de procédure civile, commerciale,
sociale, administrative et des comptes, le jugement est
réputé contradictoire lorsque la décision est
susceptible d’appel ou lorsque l’assignation a été
délivrée à la personne du défendeur ;
Attendu que dans le cas d’espèce, la nommée Pauline
AÏWANOU n’a ni comparu ni ne s’est faite représenter
pour faire valoir ses moyens de défense en dépit de ce
que l’assignation lui a été délaissée en personne le 1er
mars 2022 ainsi qu’il est inscrit sur ledit exploit ;
Attendu que la présente décision est rendue en
premier ressort et est dès lors susceptible d’appel ;
Qu’il convient, dans ces conditions, de déclarer le
présent jugement contradictoire à l’égard du
demandeur, et de jugement réputé contradictoire vis
– à – vis de la défenderesse puis de statuer en l’état ;
SUR LA CESSATION DES TROUBLES
Attendu que le nommé Steve Sheyi JEMBI sollicite de
la juridiction de céans d’enjoindre à la nommée Pauline
AÏWANOU d’avoir à cesser tous les troubles de
jouissance à son égard en débarrassant sa voiture du
garage objet des lieux loués et de procéder à la remise
en état du courant électrique à son profit ;

Attendu qu’en application des dispositions de l’article


109 et suivants de l’acte uniforme de l’OHADA portant
sur le droit commercial général, le bailleur est
responsable des troubles de jouissance survenus de
son fait au preneur, ou du fait de ses ayants-droits ou
de ses préposés ;

Qu’il ressort des pièces du dossier notamment du


contrat de bail à usage d’exploitation conclu entre les
héritiers de feu AIWANOU A. Thomas et le nommé
Steve Sheyi JEMBI le 05 août 2019 ;

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Que ledit contrat est conclu pour une durée de cinq
(05) et moyennant un loyer mensuel de cent vingt
mille (120 000) francs CFA ;

Qu’ès – qualité héritière de feu Thomas A. AÏWANOU,


la nommée Pauline AÏWANOU est toute aussi astreinte
aux obligations incombant au bailleur dans le cadre du
bail à usage professionnel susdit ;

Attendu qu’aux termes de l’exploit de procès – verbal


de constat interpellatif en date du 09 février 2022, la
nommée Pauline AÏWANOU déclare que c’est elle
« […] qui a procédé au changement des compteurs,
après avoir constaté que ses dernières factures
d’électricité étaient trop élevées Qu’elle est convaincue
que monsieur JEMBE Stève a procédé à un
branchement frauduleux sur ses installations » ;
Qu’il n’a aucune preuve au dossier du branchement
frauduleux allégué par la défenderesse ;

Attendu qu’il n’est pas ressorti des débats ni des pièces


du dossier que le demandeur ait manqué à ses
obligations résultant du bail ;

Que l’attitude de la défenderesse procède d’un trouble


manifeste de jouissance qu’il convient de faire
cesser et faisant droit aux demandes émises par le
nommé Steve Sheyi JEMBI ;
SUR LA REPARATION
Attendu que le nommé Steve Sheyi JEMBI sollicite la
condamnation de la nommée Pauline AÏWANOU à lui
payer la somme de cinq millions (5 000 000) francs
CFA au titre des dommages et intérêts ;
Attendu que les dommages et intérêts peuvent être
alloués toutes les fois que le préjudice est établi en lien
avec l’acte dommageable ;
Attendu qu’il résulte des éléments du dossier
notamment des stipulations de l’article 1er du contrat
de bail susdit que le demandeur a autant loué les
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appartements suscités que le garage situé en bas de
l’immeuble loué ;
Qu’il résulte par ailleurs des termes de l’acte intitulé
« réparation de maison » signé le 24 juillet 2019 par
le nommé Evariste AÏWANOU que le demandeur a
procédé, à ses frais, à la réparation des lieux objet du
bail ;
Que le fait pour la défenderesse de débrancher toutes
les installations électriques fait par le demandeur à ses
propres frais laissant ainsi les lieux loués dans
l’obscurité et empêchant ce dernier de jouir du garage
est générateur d’un préjudice certain pour le
preneur qu’il convient de réparer en lui allouant la
somme de deux cent mille (200 000) francs CFA pour
toutes causes de préjudices confondus ;
SUR L’EXECUTION PROVISOIRE SUR MINUTE
Attendu que le nommé Steve Sheyi JEMBI sollicite
d’assortir le présent jugement de l’exécution provisoire
sur la minute en ce qui concerne la cessation des
troubles et la remise en état et à hauteur de la moitié
s’agissant des condamnations pécuniaires ;
Attendu par contre qu’aux termes de l’article 597
alinéa 2 du code de procédure civile, commerciale,
administrative, sociale et des comptes, tel qu’il résulte
de la modification induite de la loi n° 2020 – 08 du 23
avril 2020 portant modernisation de la justice,
l’exécution provisoire sur minute ne peut être accordée
qu’en cas de péril imminent ou d’extrême nécessité
dûment prouvée par la partie qui en fait la demande ;
Qu’il résulte du même texte de loi que les dommages
et intérêts ne peuvent être assortis de l’exécution
provisoire sur la minute ;
Attendu que l’attitude de la défenderesse en l’espèce
justifie l’extrême nécessité à faire cesser les troubles
de jouissance qu’elle cause au demandeur ;
Qu’il sied, excepté les dommages – intérêts, de faire
droit à cette demande ;

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PAR CES MOTIFS
Statuant publiquement, contradictoirement à l’égard
du nommé Steve Sheyi JEMBI et par jugement réputé
contradictoire vis – à – vis de la nommée Pauline
AÏWANOU, en matière commerciale et en premier
ressort ;
En la forme
Reçoit le nommé Steve Sheyi JEMBI en son action ;
Au fond
Ordonne à la nommée Pauline AÏWANOU d’avoir à
cesser tous les troubles de jouissance causés au
nommé Steve Sheyi JEMBI ;
Lui ordonne également d’avoir à procéder à la remise
en état du courant électrique au profit de ce dernier ;
La condamne à lui payer la somme de deux cent mille
(200 000) francs CFA pour toutes causes de préjudices
confondus ;
Assortit les mesures de cessation de troubles et de
rétablissement de compteur électrique de l’exécution
provisoire à compter de la signification du présent
jugement ;
Dit n’y avoir lieu à exécution ni sur la minute ni par
provision s’agissant des dommages et intérêts ;
Condamne la défenderesse aux dépens.
Délai d’appel : quinze (15) jours
Ont signé
LE GREFFIER LE PRESIDENT

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