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299,
Inédit
N° de pourvoi : 19-26.299
ECLI:FR:CCASS:2021:SO00705
Non publié au bulletin
Solution : Cassation
Texte intégral
RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Cassation
Pourvoi n° D 19-26.299
RÉPUBLIQUEFRANÇAISE
_________________________
M. [U] [O], domicilié [Adresse 1], a formé le pourvoi n° D 19-26.299 contre l'arrêt rendu le 28
mai 2019 par la cour d'appel de Paris (pôle 6, chambre 11), dans le litige l'opposant à la Société
européenne d'intervention et de gardiennage, société à responsabilité limitée, dont le siège est
[Adresse 2], défenderesse à la cassation.
Le demandeur invoque, à l'appui de son pourvoi, le moyen unique de cassation annexé au présent
arrêt.
Sur le rapport de Mme Duvallet, conseiller référendaire, les observations de Me Haas, avocat de
M. [O], après débats en l'audience publique du 13 avril 2021 où étaient présents Mme Leprieur,
conseiller doyen faisant fonction de président, Mme Duvallet, conseiller référendaire rapporteur,
Mme Mariette, conseiller, et Mme Lavigne, greffier de chambre,
la chambre sociale de la Cour de cassation, composée des président et conseillers précités, après
en avoir délibéré conformément à la loi, a rendu le présent arrêt.
Faits et procédure
1. Selon l'arrêt attaqué (Paris, 28 mai 2019), M. [O] a été engagé le 29 décembre 2009 en qualité
d'agent de sécurité incendie par la société Sécuritas. Son contrat de travail a été transféré auprès
de la société européenne d'intervention et de gardiennage (la société SEIG). Il a été licencié pour
faute lourde le 13 octobre 2014.
Examen du moyen
Enoncé du moyen
3. Le salarié fait grief à l'arrêt de dire le licenciement fondé sur une faute lourde et de rejeter ses
demandes, alors « que la faute lourde suppose l'intention de nuire du salarié ; qu'en retenant la
faute lourde, sans caractériser l'intention du salarié de nuire à l'employeur, la cour d'appel a violé
les articles L. 1234-1, L. 1234-5, L. 1234-9, L. 1235-1 et L. 3141-26 du code du travail. »
Réponse de la Cour
4. La faute lourde est caractérisée par l'intention de nuire à l'employeur, laquelle implique la
volonté du salarié de lui porter préjudice dans la commission du fait fautif et ne résulte pas de la
seule commission d'un acte préjudiciable à l'entreprise.
5. Pour dire le licenciement fondé sur une faute lourde et rejeter les demandes du salarié, l'arrêt
retient que celui-ci conteste s'être introduit dans le local et avoir procédé à des photocopies alors
qu'il n'était pas en service le jour des faits, et soutient que c'est un autre salarié affecté sur le
même site le jour des faits reprochés qui a pénétré dans le local de la société Total ainsi que cela
résulte de l'attestation rédigée par ce dernier. Il estime toutefois que cette attestation ne permet ni
d'établir dans quelles circonstances ce collègue a pu être en possession de la carte du salarié, ni
celles dans lesquelles il a pu avoir le mot de passe personnel de celui-ci, l'employeur mettant aux
débats le planning de ses agents du mois d'août 2014 desquels il ressort que ce collègue n'était pas
affecté sur le site. Il en déduit qu'il est prouvé que le salarié est à l'origine de l'effraction d'une
particulière gravité, alors d'une part, qu'elle constitue une violation du « code de bonne conduite
utilisateur tiers » que le salarié a signé le 19 juillet 2014, d'autre part, que le site abrite des
établissements dont l'activité est sensible, et alors au surplus que le salarié avait déjà été averti, la
société SEIG ayant à la suite de cette effraction perdu le marché de gardiennage du site.
6. En se déterminant ainsi, sans caractériser la volonté de nuire du salarié, la cour d'appel n'a pas
donné de base légale à sa décision.
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur l'autre grief, la Cour :
CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 28 mai 2019, entre les parties,
par la cour d'appel de Paris ;
Remet l'affaire et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant cet arrêt et les renvoie devant
la cour d'appel de Paris autrement composée ;
Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera
transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt cassé ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre sociale, et prononcé par le président en son
audience publique du neuf juin deux mille vingt et un.
TRAVAIL A FAIRE :