Vous êtes sur la page 1sur 3

Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 9 juin 2021, 19-26.

299,
Inédit

Cour de cassation - Chambre sociale

 N° de pourvoi : 19-26.299
 ECLI:FR:CCASS:2021:SO00705
 Non publié au bulletin
 Solution : Cassation

Audience publique du mercredi 09 juin 2021


Décision attaquée : Cour d'appel de Paris, du 28 mai 2019
Président
Mme Leprieur (conseiller doyen faisant fonction de président)
Avocat(s)
Me Haas

Texte intégral

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, a rendu l'arrêt suivant :


SOC.
LG
COUR DE CASSATION
______________________
Audience publique du 9 juin 2021

Cassation

Mme LEPRIEUR, conseiller doyen


faisant fonction de président

Arrêt n° 705 F-D

Pourvoi n° D 19-26.299

RÉPUBLIQUEFRANÇAISE
_________________________

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS


_________________________
ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, DU 9 JUIN 2021

M. [U] [O], domicilié [Adresse 1], a formé le pourvoi n° D 19-26.299 contre l'arrêt rendu le 28
mai 2019 par la cour d'appel de Paris (pôle 6, chambre 11), dans le litige l'opposant à la Société
européenne d'intervention et de gardiennage, société à responsabilité limitée, dont le siège est
[Adresse 2], défenderesse à la cassation.

Le demandeur invoque, à l'appui de son pourvoi, le moyen unique de cassation annexé au présent
arrêt.

Le dossier a été communiqué au procureur général.

Sur le rapport de Mme Duvallet, conseiller référendaire, les observations de Me Haas, avocat de
M. [O], après débats en l'audience publique du 13 avril 2021 où étaient présents Mme Leprieur,
conseiller doyen faisant fonction de président, Mme Duvallet, conseiller référendaire rapporteur,
Mme Mariette, conseiller, et Mme Lavigne, greffier de chambre,

la chambre sociale de la Cour de cassation, composée des président et conseillers précités, après
en avoir délibéré conformément à la loi, a rendu le présent arrêt.

Faits et procédure

1. Selon l'arrêt attaqué (Paris, 28 mai 2019), M. [O] a été engagé le 29 décembre 2009 en qualité
d'agent de sécurité incendie par la société Sécuritas. Son contrat de travail a été transféré auprès
de la société européenne d'intervention et de gardiennage (la société SEIG). Il a été licencié pour
faute lourde le 13 octobre 2014.

2. Contestant son licenciement, il a saisi la juridiction prud'homale.

Examen du moyen

Sur le moyen, pris en sa première branche

Enoncé du moyen

3. Le salarié fait grief à l'arrêt de dire le licenciement fondé sur une faute lourde et de rejeter ses
demandes, alors « que la faute lourde suppose l'intention de nuire du salarié ; qu'en retenant la
faute lourde, sans caractériser l'intention du salarié de nuire à l'employeur, la cour d'appel a violé
les articles L. 1234-1, L. 1234-5, L. 1234-9, L. 1235-1 et L. 3141-26 du code du travail. »

Réponse de la Cour

Vu l'article L. 3141-26 du code du travail, dans sa rédaction résultant de la décision n° 2015-523


du Conseil constitutionnel en date du 2 mars 2016 :

4. La faute lourde est caractérisée par l'intention de nuire à l'employeur, laquelle implique la
volonté du salarié de lui porter préjudice dans la commission du fait fautif et ne résulte pas de la
seule commission d'un acte préjudiciable à l'entreprise.
5. Pour dire le licenciement fondé sur une faute lourde et rejeter les demandes du salarié, l'arrêt
retient que celui-ci conteste s'être introduit dans le local et avoir procédé à des photocopies alors
qu'il n'était pas en service le jour des faits, et soutient que c'est un autre salarié affecté sur le
même site le jour des faits reprochés qui a pénétré dans le local de la société Total ainsi que cela
résulte de l'attestation rédigée par ce dernier. Il estime toutefois que cette attestation ne permet ni
d'établir dans quelles circonstances ce collègue a pu être en possession de la carte du salarié, ni
celles dans lesquelles il a pu avoir le mot de passe personnel de celui-ci, l'employeur mettant aux
débats le planning de ses agents du mois d'août 2014 desquels il ressort que ce collègue n'était pas
affecté sur le site. Il en déduit qu'il est prouvé que le salarié est à l'origine de l'effraction d'une
particulière gravité, alors d'une part, qu'elle constitue une violation du « code de bonne conduite
utilisateur tiers » que le salarié a signé le 19 juillet 2014, d'autre part, que le site abrite des
établissements dont l'activité est sensible, et alors au surplus que le salarié avait déjà été averti, la
société SEIG ayant à la suite de cette effraction perdu le marché de gardiennage du site.

6. En se déterminant ainsi, sans caractériser la volonté de nuire du salarié, la cour d'appel n'a pas
donné de base légale à sa décision.

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur l'autre grief, la Cour :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 28 mai 2019, entre les parties,
par la cour d'appel de Paris ;

Remet l'affaire et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant cet arrêt et les renvoie devant
la cour d'appel de Paris autrement composée ;

Condamne la Société européenne d'intervention et de gardiennage aux dépens ;

En application de l'article 700 du code de procédure civile, condamne la Société européenne


d'intervention et de gardiennage à payer à M. [O] la somme de 3 000 euros ;

Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera
transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt cassé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre sociale, et prononcé par le président en son
audience publique du neuf juin deux mille vingt et un.

TRAVAIL A FAIRE :

Il vous est demandé de répondre aux questions suivantes :

Quels sont les faits et les parties en présence ?


Qui est à l’origine du pourvoi en cassation ?
Quelles sont les prétentions de chaque partie ?
Quel est le problème de droit posé par cet arrêt ? Est-ce lié à un comportement fautif du salarié ou
à une incompétence professionnelle ?
La décision attaquée va-t-elle dans le sens du salarié ou de l’employeur ?
Que décide la Cour de Cassation, va-t-elle dans le même sens que la décision attaquée ?

Vous aimerez peut-être aussi