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Numéro d’ordre :

Cour d’appel
Liège
Date du prononcé :

Arrêt du 01-10-2015
Arrêt
Numéro du rôle :

2014/RG/1064 de la VINGTIEME c chambre civile


Numéro du répertoire : Expédition(s) délivrée(s) à :
Huissier : Huissier : Huissier :
2015 /
Avocat : Avocat : Avocat :

Partie : Partie : Partie :

Liège, le Liège, le Liège, le


Coût : Coût : Coût :
CIV : CIV : CIV :

A destination du Receveur :
Présenté le

Non enregistrable
Cour d’appel de Liège, 20c Ch., 01-10-2015
2014/RG/1064 - J.L./VERANDAS 4 SAISONS n° d’ordre :

EN CAUSE DE :

J.Laurent, domicilié à
partie appelante,

représentée par Maître HUMBLET Sébastien, avocat à 5100 JAMBES (NAMUR),


avenue Prince de Liège, 91 bte 9

CONTRE :

LES VERANDAS 4 SAISONS S.A., dont le siège social est établi à 6900 MARCHE-
EN-FAMENNE, rue du Parc Industriel, 15, inscrite à la Banque Carrefour des
Entreprises sous le numéro 0436.760.910,
partie intimée,

représentée par Maître GHISLAIN Michel, avocat à 6900 MARCHE-EN-FAMENNE,


rue du Luxembourg, 66

__________________________

Vu les feuilles d’audiences des 4 septembre 2014, 4 septembre 2015 et de ce jour

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A P RÈ S E N A V O IR DÉL IB ÉR É :
Vu la requête du 4 juillet 2014 par laquelle Laurent J. interjette appel du
jugement prononcé le 5 février 2014 par le tribunal de première instance de
Namur et intime la SA Les Vérandas 4 Saisons.

Vu les conclusions et les dossiers des parties.

Antécédents et objet de l’appel

Les faits de la cause et l’objet du litige sont exactement énoncés par le premier
juge à l’exposé duquel la cour se réfère.

Il suffit de rappeler que par citation du 30 décembre 2010 la SA Les Vérandas 4


Saisons postule la condamnation de Laurent J.au paiement d’une indemnité
contractuelle de 5.200 euros, à majorer des intérêts conventionnels depuis le 28
septembre 2010 et des dépens.

Par jugement prononcé le 5 février 2014, le tribunal dit l’action recevable et


fondée.

Laurent J.critique ce jugement dont il postule la réformation. En degré d’appel, il


demande de dire l’action originaire non fondée et d’en débouter la
demanderesse avec charge des dépens des deux instances.

La SA Les Vérandas 4 Saisons demande de dire l’appel recevable mais non fondé
et de condamner l’appelant aux dépens d’appel.

Discussion

I. Eléments pertinents pour la solution du litige


1.
Les parties ont signé le 16 mai 2008 au domicile de Laurent J.un contrat
d’entreprise portant sur la fourniture et la pose d’une véranda par la SA Les
Vérandas 4 Saisons pour un prix de 26.415,29 euros + 6% de TVA = 28.000 euros
TVAC. Le contrat est conclu « sous réserve de l’octroi urbanistique et bancaire »
(pièce 1 dossier de l’intimée1).
1
Le contrat est libellé aux noms des époux J.mais seul Laurent J.l’a signé

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Il n’est pas contesté que le contrat a été conclu après que Monsieur J.ait
préalablement demandé la visite en son domicile d’un représentant de la SA Les
Vérandas 4 Saisons.

2.
Par courrier du 7 janvier 2009, la SA Les Vérandas 4 Saisons écrit aux époux
J.pour qu’ils la tiennent au courant de l’état d’avancement du projet. Si le client a
reçu l’autorisation urbanistique, le paiement du premier acompte de 20% est
demandé (pièce 2 dossier de l’intimée). La réception de ce courrier est contestée.

Le 8 avril 2009, la SA Les Vérandas 4 Saisons écrit aux époux J.en reproduisant le
contenu de son courrier du 7 janvier 2009 resté sans réponse (pièce 3 dossier de
l’intimée).

Par lettre du 22 mai 2009, la SA Les Vérandas 4 Saisons écrit aux époux J.qu’étant
sans nouvelles de leur part suite aux lettres des 7 janvier et 8 avril 2009, ils
présument leur intention d’annuler la commande et précisent que dans ce cas
l’article 11 des conditions générales du contrat prévoit le paiement d’une
indemnité égale à 20% du prix convenu à titre de manque à gagner pour
l’entrepreneur (pièce 4 dossier de l’intimée).

Suite à ce courrier, Laurent J.répond à l’entrepreneur en date du 2 juin 2009 qu’il


a reçu uniquement le courrier du 8 avril 2009 dont il est question dans la lettre
du 22 mai 2009, qu’il ne comprend pas la raison pour laquelle l’article 11 est
invoqué, que la demande de permis urbanistique sera déposée très
prochainement et qu’il ne manquera pas de contacter l’entrepreneur dès
l’obtention de celui-ci (pièce 5 dossier de l’intimée).

3.
Laurent J.a introduit sa demande de permis d’urbanisme pour le placement de la
véranda sur son fonds en date du 4 juin 2009. Par décision du 20 août 2009, le
Collège Communal de Profondeville a refusé le permis. Laurent J.en a informé
l’entrepreneur par lettre du 20 octobre 2009 libellée comme suit :
« Contrairement à ce que vous m’aviez certifié lors de la signature du bon de
commande du 16 mai 2008, tout n’était pas en ordre au niveau de vos plans et
recherches dans la mesure où le permis d’urbanisme sollicité par mes soins n’a
pas été accordé par la Commune de Profondeville.
J’en suis particulièrement déçu ainsi que mon épouse, nous paraissant que vous
deviez savoir que les prescriptions urbanistiques ne permettaient pas une pente
de toiture ainsi que nous le souhaitions, regrettant dès lors de vous avoir cru.

En ces conditions, nous pensons qu’il convient d’arrêter les frais et de constater
que le bon de commande est devenu sans objet.

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Nous vous notifions donc la présente par voie recommandée y joignant la copie
du refus de permis d’urbanisme.
En l’état, nous sommes trop déçus pour encore envisager une collaboration sur
un autre projet et sur le principe même de l’ajout d’une véranda à notre
immeuble » (pièce 6 dossier de l’intimée).

Par lettre du 30 novembre 2009, l’entrepreneur répond qu’il remarque à la


lecture de la décision de refus de permis qu’il s’agit d’un problème de procédure
et non de fond, qu’il suffit d’introduire une demande de permis avec dérogation
et que la SA Les Vérandas 4 Saisons peut réaliser les travaux (pièce 7 dossier de
l’intimée).

Monsieur J.répond par lettre du 24 décembre 2009 que la relation de confiance


est brisée et que l’entrepreneur qualifie un refus portant sur la conception d’un
élément essentiel de « simple problème de procédure » alors qu’il lui incombait
d’en tenir compte (pièce 8 dossier de l’intimée).

Le conseil de la SA Les Vérandas 4 Saisons adresse une lettre de mise au point au


maître de l’ouvrage en date du 28 septembre 2010 et le met en demeure de
payer l’indemnité contractuelle de 5.200 euros pour le 15 octobre 2010 (pièce 9
dossier de l’intimée).

La situation restant bloquée, la SA Les Vérandas 4 Saisons a pris l’initiative de la


présente procédure.

II. Fondement de l’action

Quant à l’absence de permis d’urbanisme

1.
1.1.
Laurent J.fait valoir qu’il a été étonné de recevoir une décision de refus de permis
du Collège Communal alors qu’il a fait appel à un professionnel du secteur,
« lequel se devait de prendre toute initiative généralement quelconque et
conseiller utilement le concluant quant à la faisabilité du projet au regard des
prescriptions urbanistiques applicables dans le lotissement Misson situé sur le
territoire de la commune de Profondeville » (page 4 de ses conclusions). Il fait
grief à l’entrepreneur d’avoir proposé un projet sur base de matériaux de toiture
et un degré de pente de toiture non conformes aux prescriptions du lotissement
alors que la SA Les Vérandas 4 Saisons devait, en sa qualité de professionnelle,
vérifier les prescriptions urbanistiques en vigueur et accompagner le maître de
l’ouvrage dans ses démarches afin de mener à bien le bon de commande signé.

L’appelant en conclut que la convention portant sur l’exécution de travaux qui


nécessitent un permis d’urbanisme sans que cette exigence soit rencontrée est

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frappée de nullité absolue pour contrariété à l’ordre public, et qu’en


conséquence la convention litigieuse doit être déclarée nulle à défaut d’avoir pu
obtenir un permis de bâtir. Il cite en ce sens une décision en page 5 de ses
conclusions.

1.2.
La SA Les Vérandas 4 Saisons allègue que Monsieur J.ne démontre pas avoir
entrepris toutes les démarches utiles afin d’obtenir le permis de bâtir, qu’il n’a
pas fait diligence pour l’introduction de sa demande de permis et qu’il n’a pas
introduit de recours à l’encontre de la décision de refus de permis.

L’intimée considère que son cocontractant n’a de ce fait pas exécuté le contrat
de bonne foi et que la condition suspensive de l’octroi d’un permis d’urbanisme
est réputée accomplie de sorte que le contrat doit sortir ses effets.

2.
Le contrat est conclu sous la condition suspensive de l’obtention d’un permis de
bâtir dès lors qu’il mentionne « sous réserve de l’octroi urbanistique et
bancaire2 ».

L’entrepreneur est tenu d’une obligation d’information à l’égard du maître de


l’ouvrage. Il est ainsi tenu de rappeler à ce dernier l’obligation de solliciter un
permis d’urbanisme si nécessaire et d’attirer son attention sur les conséquences
préjudiciables à son absence. Il ne peut réaliser une construction sans s’être
assuré préalablement que le maître de l’ouvrage a obtenu les autorisations
nécessaires.

Les démarches nécessaires à l’obtention du permis d’urbanisme incombent


toutefois au maître de l’ouvrage. Il lui appartient de respecter les obligations
légales et administratives qui lui incombent en sa qualité de maître de l’ouvrage,
notamment pour l’obtention d’un permis d’urbanisme. Il assume en principe les
risques liés au permis, mais l’entrepreneur doit en tenir compte également (A.
Delvaux, B. de Cocqueau, R. Simar, B. Devos, J. Bockourt, Le contrat d’entreprise,
dossier du J.T., n° 89, n° 78, p. 77, et n° 159, p. 137).

Dans les circonstances de la cause, l’entrepreneur a respecté son devoir


d’information à l’égard du maître de l’ouvrage quant à l’obligation d’obtenir un
permis d’urbanisme dès lors que le contrat est conclu sous la condition
suspensive de l’octroi d’un tel permis.

L’appelant ne peut être suivi lorsqu’il affirme qu’il appartenait à l’entrepreneur


de se renseigner quant aux conditions concrètes d’octroi du permis et de
l’accompagner dans ses démarches en vue de l’obtention de l’autorisation

2
Les parties ne formulent aucune remarque quant à l’obtention d’un crédit bancaire, de sorte qu’il
y a lieu de considérer que cette condition ne posait pas de problème dans le cas d’espèce

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administrative. En effet, les démarches en vue de l’obtention d’un permis


d’urbanisme incombent au maître de l’ouvrage.

3.
Cela signifie-il pour autant que Laurent J.a commis une faute en n’accomplissant
pas toutes les diligences nécessaires qu’on pouvait attendre de lui pour obtenir le
permis et permettre l’exécution effective des travaux, ainsi que l’a retenu le
premier juge ?

L’appelant a certes laissé s’écouler un peu plus d’un an avant d’introduire sa


demande de permis3, et ce après l’envoi de lettres de rappel par l’entrepreneur4,
mais il sera relevé que le contrat ne prévoit pas de délai précis d’exécution des
travaux. En effet, le délai de placement contractuellement prévu (90 jours
ouvrables) est subordonné à diverses conditions (mesurage, réalisation des
maçonneries, paiement du premier acompte). Le paiement du premier acompte
étant lui-même subordonné à l’obtention du permis d’urbanisme (voir les lettres
de l’entrepreneur des 7/1/2009 et 8/4/2009). Le contrat prévoit uniquement que
le prix est garanti pendant un an à dater de la signature du bon de commande et
qu’au-delà il peut être majoré de 5% l’an si le retard est attribuable au client pour
des motifs tels que, notamment, l’obtention du permis de bâtir (article 8 des
conditions générales).

Il suit de ces éléments que le fait d’avoir introduit sa demande de permis un peu
plus d’un an après la signature du contrat n’est pas fautif dans le chef de
l’appelant. En outre, il n’est ni affirmé ni démontré que Monsieur J.ne se serait
pas heurté au même obstacle (les prescriptions du permis de lotir) s’il avait
introduit sa demande de permis plus tôt.

L’appelant a introduit sa demande de permis le 4/6/2009 et le permis


d’urbanisme lui a été refusé par le Collège Communal le 20/8/2009 :
« Considérant que la demande de permis n’est pas conforme aux prescriptions
urbanistiques du lotissement MISSON pour les motifs suivants : les matériaux de
toiture et le degré de pente de toiture inférieur à 20° ; qu’une proposition motivée
de dérogation n’a pas été adressée par le Collège communal au Fonctionnaire
délégué ; qu’une telle proposition est requise ;
Considérant que seul le Gouvernement ou le Fonctionnaire délégué peut, à titre
exceptionnel, accorder des dérogations » (annexe à la pièce 6 dossier de
l’intimée).

Le contrat a été conclu sous la condition suspensive de l’obtention d’un permis


d’urbanisme.

3
Le contrat est signé le 16/5/2008 et la demande de permis est déposée le 4/6/2009
4
Monsieur J.admet avoir reçu les lettres de rappel des 8/4/2009 et 22/5/2009

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La condition suspensive se définit comme un événement futur et incertain qui


suspend l’exigibilité de l’obligation, mais non sa naissance (Cass., 5 juin 1981,
Pas., 1981, I, 1149). Le débiteur engagé en vertu d’une obligation conditionnelle
ne peut, par son fait fautif, empêcher la condition de s’accomplir et, de la sorte,
se soustraire à son engagement. L’article 1178 du Code civil sanctionne ce
comportement par une réparation en nature particulière : la condition est en ce
cas réputée accomplie et l’obligation devient pure et simple. Cela implique
toutefois un comportement fautif de la part du débiteur (De Page, Traité de droit
civil belge, T.II, Les obligations, vol. 3, par P. Van Ommeslaghe, n° 1218, p. 1807).

L’existence d’un tel comportement fautif n’est pas démontrée dans le chef de
Monsieur Jeanmart. Comme précisé ci-dessus, le temps qui s’est écoulé entre la
signature du bon de commande et l’introduction de la demande de permis ne
peut lui être reprochée dans la mesure où le contrat ne prévoit aucun délai précis
pour l’exécution des travaux de fourniture et de pose d’une véranda.

Monsieur J.a introduit sa demande urbanistique et le permis qu’il sollicitait lui a


été refusé. Ce faisant, Monsieur J.a exécuté le contrat de bonne foi et il ne peut
lui être reproché de ne pas avoir, en outre, exercé un recours devant le
gouvernement wallon à l’encontre de la décision de refus de permis.

Il suit de ces considérations que la condition suspensive est défaillie puisque le


permis d’urbanisme demandé par le maitre de l’ouvrage lui a été refusé.

Lorsque la condition est défaillie, la convention cesse d’exister et l’obligation


contractée sous condition ne devra jamais être exécutée (Cass., 5 juin 1981
précité)5.

Il y a dès lors lieu de considérer qu’en raison de la défaillance de la condition, le


contrat avenu entre les parties ne peut sortir ses effets. La SA Les Vérandas 4
Saisons ne peut donc exiger le paiement d’une indemnité contractuelle par
Laurent Jeanmart.

L’action que l’appelante a introduite à l’encontre de l’intimé est dès lors non
fondée, sans qu’il y ait lieu d’examiner plus avant les moyens développés par les
parties quant à l’application de l’article 11.1 des conditions générales.

Quant aux dépens

La SA Les Vérandas 4 Saisons succombe dans son action et doit en conséquence


être condamnée aux dépens des deux instances de Monsieur J.qu’il liquide à 990

5
La décision citée par l’appelant en page 5 de ses conclusions n’est pas transposable au cas
d’espèce car il n’a pas été question d’exécuter les travaux de fourniture et de pose de la véranda
nonobstant le refus de permis de bâtir

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euros par instance à titre d’indemnité de procédure de base et à 210 euros pour
le coût de la requête d’appel.

PAR CES MOTIFS,

Vu l’article 24 de la loi du 25 juin 1935 relative à l’emploi des langues en matière


judiciaire,
La cour, statuant contradictoirement,
Reçoit l’appel et le dit fondé,

Réformant le jugement entrepris,

Dit l’action originaire formée par la SA Les Vérandas 4 Saisons à l’encontre de


Laurent J.non fondée,

Condamne la SA Les Vérandas 4 Saisons aux dépens des deux instances liquidés
dans le chef de Laurent J.à l’indemnité de procédure de base de 990 euros par
instance et à 220 euros pour le coût de la requête d’appel, et lui délaisse ses
propres dépens.

Ainsi jugé et délibéré par la VINGTIEME c chambre de la cour d'appel de Liège, où


siégeait le président Martine BURTON comme juge unique et prononcé par
anticipation du 2 octobre 2015 en audience publique du 1er octobre 2015 par le
président Martine BURTON, avec l’assistance du greffier Denys DERAMAIX.

Denys DERAMAIX Martine BURTON

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