Vous êtes sur la page 1sur 4

Cour d'appel de Bordeaux, 2ème Chambre civile, Arrêt du 17 juin 2021, Répertoire général nº

18/01938

TEXTE
COUR D'APPEL DE BORDEAUX

DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE

**********

ARRÊT DU : 17 JUIN 2021

(Rédacteur : Madame Catherine LEQUES, Conseiller)

N° RG 18/01938 - N° Portalis DBVJ-V-B7C-KLXZ

SARL LMC MENUISERIE

c/

X…

Nature de la décision : AU FOND

Grosse délivrée le :

Décision déférée à la cour : jugement rendu le 21 mars 2018 (7ème chambre civile - R.G. 16/10969) par le Tribunal de
Grande Instance de BORDEAUX suivant déclaration d'appel du 05 avril 2018

APPELANTE :

SARL LMC MENUISERIE , SAS au capital de 12.000 €, RCS BORDEAUX 797 576 295

agissant poursuites et diligences de ses représentants légaux domiciliés en cette qualité au siège social sis 14,
Impasse Lou Haou [...]

Représentée par Me Stéphanie BERLAND de la SELEURL CABINET SBA, avocat au barreau de BORDEAUX

INTIMÉE :

X…

née le [...]

de nationalité Française,

demeurant 27 rue Jolibois - [...]

Représentée par Me SIMOUNET substituant Me Johanne AYMARD-CEZAC, avocat au barreau de BORDEAUX

COMPOSITION DE LA COUR :

En application des dispositions des articles 805 et 912 du code de procédure civile, l'affaire a été débattue le 04 mai
2021 en audience publique, les avocats ne s'y étant pas opposés, devant Madame Catherine LEQUES, Conseiller chargé
du rapport,

Ce magistrat a rendu compte des plaidoiries dans le délibéré de la cour, composée de :

Madame Marie Jeanne LAVERGNE-CONTAL, Président,

Monsieur Alain DESALBRES, Conseiller,

Madame Catherine LEQUES, Conseiller,

Document Lamy Liaisons soumis au respect des Conditions Générales d’Utilisation et des Conditions Générales de Vente des produits et services Lamy Liaisons.

1/4
Greffier lors des débats : Mme Audrey COLLIN

ARRÊT :

- contradictoire

- prononcé publiquement par mise à disposition de l'arrêt au greffe de la cour, les parties en ayant été préalablement
avisées dans les conditions prévues à l'article 450 alinéa 2 du code de procédure civile.

X… a confié à la société GCR, courant 2013, un projet de rénovation de l'immeuble dont elle est propriétaire à
Mérignac.

Suivant devis en date du 14 octobre 2015, accepté le 19 octobre 2015, elle a commandé à la société LMC Menuiserie
(la société LMC) la fourniture et la pose de menuiseries PVC moyennant le prix de 12'614,98 € TTC.

Par courrier du 26 novembre 2015 elle a indiqué à la société LMC menuiserie qu'elle renonçait à l'intégralité des travaux
et sollicitait la restitution de l'acompte versé.

La société LMC menuiserie répondait que les menuiseries étaient en cours de livraison et seraient posées les 16 et 17
décembre 2015, ce que X… a refusé par courrier du 2 décembre 2015.

La société LMC Menuiserie s'est présentée en vain le 16 décembre 2015 sur les lieux du chantier en présence d'un
huissier de justice, puis a saisi le tribunal de grande instance de Bordeaux par acte du 4 novembre 2016.

Par jugement du 21 mars 2018, le tribunal a ainsi statué :

-prononce la nullité du contrat liant les parties

-déboute la société LMC Menuiserie de l'ensemble de ses demandes

-condamne la société LMC Menuiserie à verser à X… la somme de 3812,66 € correspondant à la restitution de son
acompte

-déboute X… de sa demande de dommages et intérêts

-condamne la société LMC Menuiserie à verser à X… la somme de 2000 € au titre des frais irrépétibles

-condamne la société LMC Menuiserie aux dépens de l'instance

-dit n'y avoir lieu à exécution provisoire de la décision.

La société LMC Menuiserie a formé un appel le 5 avril 2018.

Dans ses dernières conclusions du 8 avril 2020, elle demande, au visa des articles 1134 et 1147 anciens du code civil,
L 121-10 ancien du code de la consommation et 1109 et 1111 anciens et suivants du code civil de :

-réformer en toutes ses dispositions le jugement ayant retenu, pour débouter la société LMC de ses demandes, que le
consentement de X… aurait été vicié par l'exercice d'une pression morale

-statuant à nouveau : dire que X… a commis une faute contractuelle en refusant l'exécution du bon de commande
régularisé par elle le 19 octobre 2015 et en conséquence

-condamner X… à venir prendre possession des menuiseries qui lui sont destinées et laissées à sa disposition au siège
social de la société, sous astreinte journalière de 200 € à compter du 10e jour suivant la signification de l'arrêt à
intervenir

-condamner X… à lui payer les sommes de 8802,32 € en réparation du préjudice financier occasionné, et 3000 € en
réparation du préjudice matériel occasionné

-débouter X… de toutes ses demandes

-la condamner à lui payer la somme de 3500 € en application de l'article 700 du code de procédure civile

-la condamner aux entiers dépens.

La société LMC expose que X… avait confié à la société CGR la maîtrise d''uvre des travaux de rénovation de son

Document Lamy Liaisons soumis au respect des Conditions Générales d’Utilisation et des Conditions Générales de Vente des produits et services Lamy Liaisons.

2/4
immeuble d'habitation qui consistait à réunir deux immeubles mitoyens, l'un occupé par elle et l'autre par ses parents ;
qu'elle était donc en lien avec Y…, laquelle allait devenir associée de la société LMC, et que trois devis lui ont été
présentés de décembre 2013 à novembre 2014, le devis établi le 14 octobre 2015 n'étant donc que l'aboutissement de
très nombreux échanges.

Aucune démonstration n'est faite selon l'appelante d'une quelconque violence exercée sur X…, même sous la forme
d'une pression morale de nature à déterminer son consentement à un contrat dont elle n'aurait pas voulu.

Selon la société, l'interdiction de recevoir un paiement de la part du consommateur avant l'expiration d'un délai de sept
jours à compter de la conclusion du contrat hors établissement prévue par l'article L 121-18-2 du code de la
consommation n'est pas applicable en cas de contrat conclu au cours de réunions organisées par le vendeur à son
domicile ou au domicile d'un consommateur ayant préalablement et expressément accepté que cette opération se
déroule à son domicile, ce qui est le cas en l'espèce, puisque que le bon de commande a été passé dans le cadre
précis de réunion s'étant déroulées en présence de la maîtrise d''uvre et d'autres entreprises au domicile de X….

Or, X… n'a pas rétracté son engagement dans le délai légal de 14 jours et a commis une faute en refusant d'honorer
son engagement contractuel sous des prétextes fallacieux.

Dans ses dernières écritures du 18 mai 2020, X… demande, au visa des articles 1108, 1134 et 1147 et suivants du code
civil, 1382 et suivants du code civil, L 122-11 et suivants du code civil, L 121-20-10 et suivants du code civil de :

-confirmer le jugement

- subsidiairement si la cour retenait la validité du contrat et la responsabilité de X… :

*débouter la société LMC de sa demande d'exécution en nature sous astreinte

*dire que la société LMC ne rapporte pas la preuve d'un préjudice et qu'en tout état de cause les demandes
indemnitaires formées sont excessives

*dire que la société LMC a d'ores et déjà perçu une somme satisfactoire de 3812,66 € le 3 octobre 2015

*débouter la société LMC de ses demandes

-en tout état de cause

*condamner la société LMC à lui verser la somme de 6000 € sur le fondement de l'article 700 du code de procédure
civile

*la condamner aux entiers dépens d'appel et de première instance.

Elle soutient que, alors qu'elle présentait un état psychologique fragile aggravé par le décès de son père dont les
obsèques avaient eu lieu 48 heures avant la remise d'un chèque de 3812,66 € le 3 octobre 2015, les techniques
commerciales agressives de la société LMC ont été de nature à faire impression sur elle et lui ont inspiré de la crainte,
de sorte que son consentement n'était pas éclairé : ainsi, la société LMC, conformément à sa pratique, l'a conduite sur
le site de la société afin de lui faire signer un bon de commande et contourner les obligations en matière de
démarchage à domicile ; comme elle avait versé avant la conclusion du contrat la somme de 3812,66 €, elle s'est
sentie obligée d'accepter le bon de commande presque 10 jours après.

Elle affirme n'avoir jamais été en relation directe avec la société LMC, qui avait adressé ses devis précédents à la
société GRC.

MOTIFS DE LA DÉCISION

En application de l'article L 221-10 du code de la consommation, le professionnel ne peut recevoir aucun paiement ou
aucune contrepartie sous quelque forme que ce soit de la part du consommateur avant l'expiration d'un délai de sept
jours à compter de la conclusion du contrat hors établissement.

La méconnaissance de cette disposition d'ordre public est sanctionnée par la nullité du contrat en application de
l'article 6 du code civil. ( 1º Civ., 7 octobre 1998 , pourvoi nº 96-17.829)

Comme l'a pertinemment constaté le premier juge, la société LMC se prévaut depuis son assignation délivrée en
premier ressort de l'article L 121-20-12 du code de la consommation remplacé à compter du 1 juillet 2016 par l'article L
221-18 dudit code pour soutenir que l'engagement de X… était soumis à un délai de rétractation de 14 jours,
reconnaissant par là que le contrat a été conclu à distance à la suite d'un démarchage téléphonique ou hors

Document Lamy Liaisons soumis au respect des Conditions Générales d’Utilisation et des Conditions Générales de Vente des produits et services Lamy Liaisons.

3/4
établissement.

Elle ne peut soutenir que l'exception prévue au 3º de l'article L 221-10 visant les contrats conclus au cours de réunion
organisées par le vendeur à son domicile ou au domicile d'un

consommateur ayant préalablement et expressément accepté que cette opération se déroule à son domicile, est
applicable en l'espèce, à défaut pour elle de rapporter la preuve de l'organisation d'une telle réunion et d'une
acceptation expresse de la part de X… à ce sujet.

Il n'est pas contesté que X… a remis un chèque à titre d'acompte lors d'une visite à son domicile de la société LMC le 3
octobre 2015 ; le chèque de 3812,66 € dont la copie est versée aux débats, est daté du 3 octobre 2015. Une facture
d'acompte a été établie le 6 octobre 2015.

Cet acompte a donc été versé non seulement avant l'expiration du délai de rétractation mais encore avant la signature
de tout contrat, puisque le devis n'a été signé que le 19 octobre 2015.

Le contrat encourt dès lors la nullité de ce seul fait.

Le jugement sera entièrement confirmé.

La société LMC sera condamnée aux dépens d'appel et à payer à X… la somme de 1000 € en application de l'article 700
du code de procédure civile.

PAR CES MOTIFS

Confirme le jugement

Y ajoutant

Condamne la société LMC à payer à X… la somme de 1000 € en application de l'article 700 du code de procédure civile

Condamne la société LMC aux dépens d'appel

La présente décision a été signée par madame Marie-Jeanne Lavergne-Contal, présidente, et madame Audrey Collin,
greffier, à laquelle la minute de la décision a été remise par le magistrat signataire.

LE GREFFIER LA PRESIDENTE

Document Lamy Liaisons soumis au respect des Conditions Générales d’Utilisation et des Conditions Générales de Vente des produits et services Lamy Liaisons.

4/4

Vous aimerez peut-être aussi