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INTRODUCTION AUX MARCHES PUBLIQUES ET

AUX APPELS D’OFFRES

L’Etat en tant que garant du service public doit réaliser les grands travaux qui répondent aux
besoins de la population. Cependant ces grands travaux doivent être réalisés par les
entreprises de BTP soit par la voie des Marchés Publics ou des Partenariats Publics Privés
selon le choix de l’Etat.

Le Marché Public est « un contrat écrit, conclu à titre onéreux par une autorité contractante
pour répondre à ses besoins en matière de travaux, de fournitures ou de services. Les marchés
publics sont des contrats administratifs à l'exception de ceux passés par les sociétés nationales
et les sociétés anonymes à participation publique majoritaire qui demeurent des contrats de
droit privé ».

A ce niveau, une définition de différentes formes des marchés publics doit être opérée :

Il s’agit d’abord de : Marché de Fournitures : biens mobiliers de toutes sortes y compris
des matières premières, produits, équipements et objets sous forme solide, liquide ou gazeuse
et l’électricité, y compris également les biens acquis par crédit bail ou location-vente et les
services accessoires à la fourniture des biens, si la valeur de ces derniers services ne dépasse
pas celle des biens eux-mêmes ;

Ensuite, il y a le Marché de Prestations Intellectuelles ou consultances : prestation


consistant principalement dans la réalisation de prestations, telles que des études des travaux,
de recherche, des services de conseils, des prestations d’ingénierie ou d’assistance qui ne se
traduisent pas par un résultat physiquement mesurable ou apparent ;

Il y a aussi le Marché de travaux : opérations de construction, reconstruction, démolition,


réparation ou rénovation de tout bâtiment ou ouvrage, y compris la préparation du chantier, le
terrassement, l’installation d’équipements ou de matériels, de la décoration et la finition, ainsi
que les services accessoires aux travaux, si la valeur de ses services ne dépasse pas celle des
travaux eux-mêmes ;
Il y a enfin le Marché de services : tout marché autre que de fournitures ou de travaux, y
compris les prestations intellectuelles.

Parlant des Partenariats Publics Privés, nous ne sommes pas sans savoir que nos Etats
africains sont en carence dans leurs missions de services publics notamment dans la
réalisation des infrastructures de base telles que : l'Eau, l’Electricité, la santé, l’Education, le
transport et les infrastructures routières. Mais, leur incapacité est surtout due au fait que la
réalisation de ces infrastructures demande des moyens financiers assez conséquents et, ils ne
peuvent pas non plus consacrer leurs budgets consolidés d'investissement (BCI) pour les
réaliser par les marchés publics.

C'est pourquoi, pour ne rester sans rien faire alors que leurs populations en souffrent par
l'absence de ces infrastructures, il est important qu'ils fassent recours aux Partenariats Publics
Privés.

Les Partenariats Publics Privés (PPP) sont des contrats par lesquels l'Etat en tant que Autorité
Délégante ou Contractante , en tant que autorité en charge du pouvoir et garant du service
public, confie à un privé appelé Partenaire Privé une mission d’intérêt général, la réalisation
globale d'un ouvrage; notamment sa construction, gestion , exploitation... pour une durée
relativement longue (allant de 5 à 30 ans voire même 50 ans ) dont le financement est apporté
soit totalement ou en partie par le privé et dont sa rémunération est la contrepartie d'un loyer
annuel perçu par l'Etat sur la durée de l'amortissement des investissements réalisés ou sur la
durée du contrat. Cette rémunération peut aussi être la contrepartie du prix que va taxer le
partenaire privé aux usagers bénéficiaires du service public. 

Si, compte tenu de l'indisponibilité des ressources financières nos Etats ne peuvent pas
réaliser les infrastructures sociales de base (un avis que je partage) par eux-mêmes (sur fond
propre) alors que la population en a besoin, il est fortement conseiller de les réaliser par les
PPP parce qu’en faisant recours à cette nouvelle commande publique, l'Etat peut ne pas
dépenser un sou pour réaliser le service qu'il devrait en principe prendre en charge. C'est parce
que dans ce mode contractuel l'Etat fait le projet et c'est le partenaire privé qui le réalise par
ces propres moyens.
Jusque là la pratique des PPP en Afrique à démontrer que les entreprises qui contractent avec
nos Etats en matière de PPP sont des multinationales étrangères. Ce qui justifie cela est que
les PPP ne sont pas très développés en Afrique et les entreprises communautaires ou
africaines n’ont pratiquement aucune expérience en la matière. L’autre argument est que les
capacités financières de nos entreprises locales ne leur permettent pas de réaliser des contrats
de grandes envergures ou des grands projets avec leurs financements propres. Toutefois il
serait mieux pour nos entreprises africaines de se constituer en groupe, en mobilisant une
contribution financière, leur permettant ainsi d’avoir un capital important pour la réalisation
d’un tel contrat.

A titre d’exemple des quelques pays africains qui ont pu réaliser des projets en PPP, je
citerai :

1- Le Sénégal qui a réalisé l’autoroute à péage Dakar Diamniadio en PPP avec le Groupe
Eiffage, ainsi que la réalisation de l’Aéroport International Blaise DIAGNE (AIBD)
avec l’Entreprise Ben LADEN Groupe ;
2- La Cote d’Ivoire avec la construction du Troisième Pont d’Abidjan,
3- Le Benin avec la construction, réalisation et Gestion du Port autonome de Cotonou.
4- La Tunisie avec aussi l’autoroute à péage de Tunis.

Ce sont certes des contrats qui demandent beaucoup d’investissement échelonnés dans une
durée relativement très longue mais dont la rentabilité est énorme et cela en vertu de l’adage
selon lequel «  qui ne risque rien, n’a rien ».  

Quelle est la place des architectes et les entreprises des BTP dans les marchés publics  ?
Les architectes étant des maitres d’études dans le domaine des travaux, interviennent depuis la
conception du projet de construction qu’il soit d’un bâtiment administratif, d’une école,
université, d’un hôpital ou de bitumage des routes.

C’est dans ce sens qu’un marché de prestation intellectuel sera lancé par l’Etat via ce qu’on
appelle en langage de marché public l’Avis à Manifestation d’Intérêt (AMI) pour le
recrutement ou en vu de la sélection d’un cabinet d’architecture pour la conception d’un plan
d’un hôpital d’une capacité de 1000 lits par exemple, ou de la construction d’une école
primaire avec une capacité d’accueil de 2000 à 4000 élèves…etc. On précise dans l’avis à
manifestation d’intérêt, les critères que doit remplir le cabinet qui veut participer. Les critères
tels que : le cabinet doit être composé des personnes ressources qui doivent être des
ingénieurs en architecture, des ingénieurs en génie civil, une main d’œuvre suffisante et
hautement qualifiée, des ingénieurs en planification, des financiers et des comptables ; le
cabinet doit prouver avoir une expérience dans les études de cette nature ou d’au moins de
nature similaire…

C’est ainsi que les cabinets intéressés par l’AMI vont devoir faire des propositions techniques
et financières, appelées communément demande des propositions techniques et financières ou
par abus de langage appelées offre technique et offre financière. En effet, en droit des marchés
publics, on parle de l’offre technique et de l’offre financière lorsqu’on est dans un marché des
fournitures ou des travaux qui est fait par un Avis d’Appel d’Offre (national ou international,
déterminé selon le seuil c'est-à-dire le montant fixé par le code des marchés publics) ou par
Appel et de la demande de proposition technique et financière lorsqu’on est dans un marché
de prestation intellectuelle appelé aussi marché d’étude.

Ainsi, la procédure de selection sera soit :

- Sur la base du moindre cout (moins cher)


- Sur la base de l’offre évaluée techniquement meilleure
- Par pondération (la notation par point).

Une fois le cabinet est sélectionné, alors celui-ci exécute le marché en accomplissant la
mission qui lui a été confiée. Et c’est ainsi qu’il fera tout dans son étude à savoir : le plan,
la maquette, le devis détaillé pour la réalisation du plan de l’édifice à construire qu’il
aurait conçus.
Et, c’est de cette étude que l’autorité contractante ou l’Etat en terme facile, maitre du
projet, va constituer son Dossier d’Appel d’Offre (DAO), notamment ses clauses des
charges Techniques Générales (CCTG) et Particulières (CCTP). L’Etat à partir de l’étude
de l’architecte et du devis détaillé proposé, connait donc déjà et à l’avance combien cela
lui coutera comme prix de la construction.

Une fois le budget disponible et le DAO formé, l’Etat lance le marché par Appel d’Offre,
et toutes les entreprises peuvent soumissionner dans le délai de soumission qui leur sera
imparti ou préciser dans l’Avis d’appel d’offre.

Dans cette phase, ce sont plutôt les entreprises intervenantes dans le domaine des BTP qui
sont au rendez-vous parce que ce leur tours de jouer leur rôle en prenant d’abord part à la
compétition. Les entreprises vont acheter le dossier d’appel d’offre chez l’autorité en
charge du marché qui peut être l’Etat, l’administration centrale, les collectivités locales,
les établissements publics, les sociétés nationales et les sociétés anonymes à participation
publique majoritaire.

Exemple : si c’est un marché de construction d’un hôpital, généralement c’est le ministère


de la santé qui est en charge et donc l’entreprise désirant soumissionner achètera le DAO
auprès de la cellule de passation des marchés publics dudit ministère ;

Si c’est une construction d’école c’est le ministère de l’éducation nationale qui est en
charge du marché ;

Si c’est un bitumage d’une route alors c’est le ministère des infrastructures… etc.

Il sera alors demandé dans le DAO et aux candidats (NB : sont appelés candidats, tous
ceux qui ont acheté le Dossier d’Appel d’Offre) de présenter les pièces suivantes dans son
dossier de soumission :

- La garantie de soumission qui est inferieure ou égale à 3% du montant du marché


accordée par la banque de l’entreprise,
- L’attestation de capacité financière oui l’attestation des lignes de crédits qui atteste
que le soumissionnaire a un solde créditeur qui lui permet de réaliser le marché. Cette
attestation est délivrée aussi par la banque de l’entreprise,
- L’attestation de l’inspection de travail,
- L’attestation de l’IPRES,
- L’attestation de l’acquittement des impôts
- Dans certain cas, l’attestation de versement de la redevance de régulation de
l’ARMP… etc.

Une fois la date de clôture des dépôts des offres est arrivée, généralement précisée à
l’heure près dans l’avis d’appel d’offre, et le nombre des soumissions minimum est
acquis ; la commission d’ouverture des plis en présence des soumissionnaires ayant
déposé leurs offres (NB : seules ceux qui ont soumissionné au marché peuvent prendre
part à la séance d’ouverture de plis), procède à l’ouverture des plis. Apres l’ouverture des
plis, un comité technique d’évaluation sera mis en place le même jour ou dans un délai
maximum déterminé pour procéder à l’évaluation des offres et ainsi designer l’attributaire
du marché (par attributaire il faut entendre la personne a qui le marché a été attribué).

Ainsi, un procès verbal d’attribution provisoire sera envoyé à tous les soumissionnaires et
à l’attributaire mais aussi et surtout à la personne responsable du marché qui approuve le
marché. Dès cet instant vient la phase de notification du marché par la Direction Centrale
des marchés publics pour le cas du Sénégal, et l’attributaire devient à cet instant titulaire
du marché. Une fois que l’entreprise titulaire du marché reçoit l’avis de démarrage, elle
commence aussi tôt l’exécution des ouvrages.

Ce moment, l’autorité contractante peut faire appel à un cabinet d’étude autrement appelé
bureau d’étude et de suivi (les B.O .S) pour le suivi des travaux en exécution et cela
nécessite encore la présence ou fait appel à la compétence des architectes d’où
l’expression du double rôle que peuvent jouer les ingénieurs architectes et en génie civil
dans marchés publics, plus précisément dans le domaine des travaux ou BTP.

En conclusion, les architectes et les entreprises du domaine de BTP occupent une très
grande place dans les marchés publics voire même qu’ils constituent les acteurs clés dans
le domaine des marchés publics. Parce que sans eux, aucun bâtiment de l’Etat ne verra le
jour ou se verra pousser parce que l’Etat n’a pas vocation à créer son propre entreprise
pour la construction ou la réalisation des ses travaux…

Que ces différents acteurs restent optimistes et aient confiances à l’Etat dans le processus
d’attribution des marchés car ce dernier (le processus d’attribution) obéit à des règles et
des principes qui ne peuvent pas être bafoués par l’Etat.

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