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« INITIATION A LA COMPREHENSION DES CONTRATS DE PARTENARIAT

PUBLIC-PRIVE »
Par
Pr Bernard-Raymond GUIMDO DONGMO
Agrégé des facultés de droit

PLAN DE L’EXPOSE

INTRODUCTION
I- LA CONCEPTION
A- Définition et typologie
B- Justification et objectifs
C- Principes et conditions
II- LA REALISATION
A- Passation
B- Exécution et contrôle
C- Régime fiscal, financier et comptable
III- LA CESSATION
A- Cessation normale
B- Cessation à l’initiative de la personne publique
C- Cessation prononcée par le juge
CONCLUSION

INTRODUCTION
Corriger les limites de la privatisation, pérenniser la maîtrise
publique de la définition de la nature et de l’étendue des prestations fournies
aux usagers.
C’est pour ces deux raisons essentielles que les contrats de partenariat
public-privé ont été imaginés en Grande-Bretagne.
Il ne s’agissait donc pas, contrairement à une idée reçue, d’un
désengagement de la puissance publique.
La Private Finance Initiative (PFI), qui en constitue la forme
dominante, a été conçue comme une alternative aux problèmes de la privatisation,
dont les limites commençaient à apparaître dès le milieu des années 1980.
L’« Accountability » ou l’obligation de rendre compte, qui est un
principe dans le mode de gestion privée, va être progressivement réceptionnée dans
les services publics. Les règles nouvelles qui vont apparaitre vont donner naissance
à ce qu’on va appeler « le nouveau management public ».
Il exige transparence et responsabilité. Il est favorisé par ailleurs par
l’accroissement important des déficits et de la dette qui réduisent considérablement
les ressources publiques.
Le contrat de partenariat public/privé se présente alors comme un
moyen permettant de réduire les couts et d’obtenir un meilleur résultat.
Le contrat de partenariat est donc apparu à coté d’autres contrats entre
les personnes publiques et le secteur privé que sont notamment les marchés
publics et les délégations de service public (concession, affermage).
Cette multiplicité des contrats administratifs rend pertinente une
interrogation sur l’identification du contrat de partenariat public-privé, sa conception,
sa réalisation et sa cessation.
Ainsi, qu’est-ce que le contrat de partenariat public-privé ?
Comment est-il formé et exécuté ? Quand et comment prend-t-il fin ?
Il s’agit globalement de poser la question de savoir comment peut-on
appréhendé les contrats de partenariat public-privé au regard de sa spécificité
et surtout de la nouvelle logique de gestion du service public qu’il apporte ?
La question est importante dans la mesure où elle permet de lever le
voile sur une catégorie relativement nouvelle de contrats administratifs qui se
présentent comme une solution efficace à la réalisation du service public dans les
Etats qui ne disposent pas toujours des moyens suffisants pour réaliser des
investissements importants pour la satisfaction de ses missions d’intérêt général.
Pour mieux appréhender ces contrats de PPP, il convient de
s’intéresser à leurs conception (I), réalisation (II) et cessation (III).
I- LA CONCEPTION
Après avoir défini et indiqué la typologie des contrats de partenariat public-
privé (A), il conviendra d’en donner les justifications et de présenter les objectifs (B)
avant d’en préciser les principes et les conditions pour y recourir (C).
A- Définition et typologie
Nous allons considérer d’une part la définition, et, d’autre part, la
typologie des contrats de partenariat.
1- Définition
Le droit camerounais en la matière nous servira de socle définitionnel.
Au terme de l’article 2 alinéa 1 de la loi n°2006/012 du 29 décembre
2006 fixant le régime général des contrats de partenariat, « le contrat de partenariat
régit, dans le cadre des projets d’une grande envergure technique et financière, les
relations de partenariat entre : les personnes publiques et une ou plusieurs autres
personnes publiques ; les personnes publiques et une ou plusieurs personnes
privées ».
Il est alors définit dans l’alinéa 2 du même article comme : « un contrat
par lequel l’Etat ou l’un de ses démembrements confie à un tiers, pour une période
déterminée, en fonction de la durée d’amortissement des investissements ou des
modalités de financement retenues, la responsabilité de tout ou partie des phases
suivantes d’un projet d’investissement : la conception des ouvrages ou équipements
nécessaires au service public ; le financement ; la transformation des ouvrages ou
des équipements ; l’entretien ou la maintenance ; l’exploitation ou la gestion ».
Au regard de cette définition, on peut se rendre compte que les contrats de
partenariat se distinguent des autres types de contrats conclus par les personnes
publiques entre elles ou entre elles et les personnes privées.
Ils se distinguent des marchés publics sur au moins deux points : la
rémunération et la durée.
Dans les marchés publics, le paiement est fait après la réalisation de la
prestation. Il n’y a pas de report de paiement. Dans les contrats de PPP, le
partenaire est rémunéré en partie ou totalement selon les termes du contrat sur la
gestion qu’il fait de l’investissement. Les premiers s’exécutent sur une période
relativement courte, tandis que les seconds s’exécutent sur une période plus longue
(10 ans, 20 ans…).
Ils se distinguent également des délégations de service public sur trois
points principaux.
-Tout d’abord dans les délégations de service public, le projet est financé par
la personne publique qui en confie simplement la gestion à son cocontractant dans
les contrats de ppp, le financement est fait en tout ou partie par le cocontractant.
- Ensuite, dans les contrats de délégation, il n’y a aucun partage des risques.
Ils sont entièrement de la responsabilité, sauf exception du délégataire. Le CPPP
vise à réaliser un partage optimisé des risques. Il permet d’allouer les responsabilités
à la partie qui sera à même de les assumer le plus efficacement.
- Enfin, il ouvre la possibilité d’avoir comme client principal du service fourni,
une collectivité publique et de ne plus être ainsi tenu de tirer une part essentielle de
ses ressources des paiements directs des usagers.
Le contrat de partenariat se distingue aussi du bail emphytéotique
administratif. En effet, ce dernier permet essentiellement le transfert de droits à
construire à un partenaire privé sur un terrain public et a en conséquence pour
domaine de prédilection la construction, l’exploitation étant la plupart du temps
limitée à la gestion de la maintenance et des installations. En outre, le bail
emphytéotique administratif offre moins de flexibilité pour les recettes annexes,
provenant des utilisateurs, et les financements innovants.
2- Typologie
Concernant la typologie des contrats de partenariat public-privé, elle varie en
fonction du critère retenu.
Il peut s’agir notamment du degré de participation de l’autorité publique au
financement initial ou ultérieur du projet, de la durée et de la nature du contrat qui lie
l’autorité publique au partenaire privé du PPP, du partage des risques entre le
secteur privé et le secteur public, des tâches qui composent le projet, des montages
financiers ou le ratio entre projets en site vierge et projets de reprise.
Il n’est pas facile de classer les PPP en catégories homogènes car chaque
projet se caractérise par de nombreuses particularités qui le rendent unique.
Par exemple, sur le critère du degré de participation de l’autorité publique au
financement initial ou ultérieur du projet, on a le BOT (Build-operate-Transfert) (ou
contrat construction, exploitation et transfert).
Ainsi, il existe une variété de BOT. On a :
• la Concession à péages de type BOT avec subventions publiques :
l’autorité publique subventionne en partie l’exploitation en fonction du volume de
trafic. Bien que cela augmente son exposition financière dans le cadre du projet,
c’est le partenaire privé qui continue d’assumer la plupart des risques ;
• la Concession à péages (de type BOT) avec apport de fonds publics :
l’autorité publique contribue à l’investissement initial. Dans ce cas, le niveau
d’exposition financière de l’autorité publique est semblable au cas de figure
précédent, à ceci près que cette approche diminue le capital initial que doit mobiliser
le partenaire privé et donc réduit son risque ;
• la Concession à péages (de type BOT) avec emprunt d’Etat : l’autorité
publique fournit une partie du capital requis sous forme de prêts assortis de
conditions préférentielles. Ces prêts doivent être remboursés à un moment ou à une
autre pendant la durée du projet ;
• la Concession à péages (de type BOT) avec caution de l’Etat : ce
montage est structuré comme une concession de type BOT classique, mais l’autorité
publique se porte caution pour l’emprunt contracté par le partenaire privé du PPP ;
• le DBFO (Design-Build-Finance an Operate ou péages fictifs : ces
systèmes peuvent être considérés comme des cas extrêmes de concessions à
péages subventionnées de type BOT dans le cadre desquelles l’autorité publique
paie 100% du péage ;
• le Financement par le constructeur : Il s’agit de contrats de construction
pour lesquels l’autorité publique effectue un seul versement pour régler
l’infrastructure une fois que les travaux sont terminés.
• Délégation de la gestion : l’autorité publique signe un contrat avec une
société privée qu’elle charge d’assurer l’exploitation pour son compte, mais sans
cession ou bail des actifs.
Qu’est ce qui justifie ou peut justifier le recours aux contrats de partenariat
public-privé et quels en sont les objectifs ?
B- Justification et objectifs
C’est un fait. La gestion publique et la gestion privée sont construites sur deux
paradigmes distincts.
Tandis que dans la gestion publique, la logique est celle de la recherche de
l’intérêt général, dans la gestion privée, la logique est plutôt celle de la recherche du
profit.
Cette division fondamentale fait en sorte que la gestion publique soit moins
axée sur les résultats et que l’accent soit mis dans une moindre mesure sur la
dépense.
Qu’est-ce qui a donc justifié le changement de ce paradigme par les
personnes publiques et quels en sont les objectifs ?
1- Justification
C’est l’endettement progressif des Etats Africains qui va favoriser l’émergence
d’un nouveau mode de gestion publique qui n’oblitère plus complétement l’idée de
performance. En effet, c’est sur proposition des institutions financières
internationales que la plupart des Etats africains vont se tourner vers ce nouveau
moyen d’investir dans la réalisation du service public sans avoir besoin de disposer
des fonds importants ou suffisants.
Les contrats de PPP s’inscrivent donc dans une logique de gestion et de
contrôle centrés sur les résultats et non plus sur les ressources consommées,
et dans la mise en place d’une organisation comptable fondée sur le modèle
privé.
Les contrats de PPP sont une solution pour la réalisation des projets pour
lesquels les personnes publiques ne disposent pas d’importants moyens.
Ils permettent en effet à l’Etat d’investir sans sortir son portefeuille dans des
délais courts et pour un résultat optimal.
En Afrique, on observe que la demande sociale s’accroit provoquant
l’augmentation des dépenses de fonctionnement et d’intervention de l’Etat.
Cette situation a conduit les autorités publiques à différer les investissements
et l’entretien des infrastructures existantes.
Dans ce contexte, les contrats de partenariats public-privé apparaissent
comme une solution adéquate. Ils favorisent le développement de nouvelles
infrastructures que seules les personnes publiques ne peuvent réaliser.
Cette nouvelle configuration oblige donc les personnes publiques à avoir une
gestion non plus axée sur la dépense, mais sur le résultat selon la logique du secteur
privé.
2- Objectifs
Pour ce qui est des objectifs, les PPP visent l’augmentation de la disponibilité
des ressources financières, l’augmentation de la rentabilité d’un projet, la réduction
des coûts, de la simplification de l’élaboration du projet, de la réduction des délais de
développement, de l’optimisation des coûts sur l’ensemble du cycle de vie du projet,
de la permission d’une structure financière qui dépende plus des usagers ou encore
le retardement du passif du secteur public sans que ce passif n’apparaisse dans les
comptes publics.
Les contrats de partenariat public-privé sont assis sur des principes classiques
des contrats administratifs, mais leurs conditions d’existence sont tout à fait
atypiques.
C- Principes et conditions
Quid d’abord des principes, puis des conditions de recours aux contrats de
PPP ?
1- Principes
Le rapprochement de la gestion privée n’oblitère pas du tout les
principes classiques des contrats administratifs auxquels sont soumis les
contrats de partenariat public-privé.
Au Cameroun, par exemple, l’article 8 alinéa 1 de la loi n°2006/012 du 29
décembre 2003 fixant le régime général des contrats de partenariat, dispose à ce
propos que « la passation d‘un contrat de partenariat public-privé est soumise aux
principes de liberté d’accès, d’égalité de traitement des candidats, d’objectivité des
procédures, de concurrence et de transparence ».

2- Conditions
Concernant les conditions, l’article 6 de la loi n°2006/012 fixe des conditions
de forme et de fond de recours aux contrats de partenariat public-privé.
Relativement aux conditions de forme, l’article 6 en pose deux : une
évaluation effectuée par la personne publique avant le lancement de la procédure de
passation et l’avis motivée du ministre en charge des finances avant le
déclenchement de la procédure d’appel à concurrence.
Concernant les conditions de fond, la loi en pose deux : la complexité et
l’urgence du projet à réaliser et les motifs économiques.
L’article 6 alinéa 1 dispose à ce propos que « le contrat de partenariat ne
peut-être conclu que pour la réalisation de projets pour lesquels, une évaluation
effectuée par la personne publique avant le lancement de la procédure de
passation :
- montre que, compte tenu de la complexité du projet, la personne publique n’est pas
en mesure de définir seule et à l’avance les moyens techniques pouvant répondre à
ses besoins ou d’établir le montage financier ou juridique du projet, ou bien que le
projet présente un caractère d’urgence ;
- expose avec précision les motifs de caractère économique, financier, juridique et
administratif, qui l’ont conduite, après une analyse comparative notamment en
termes de cout global, de performance et de partage des risques, de différentes
options, à retenir le projet envisagé et à décider de lancer une procédure de
passation d’un contrat de partenariat. »
Il est à noter que le législateur camerounais a réceptionné là les conditions
posées en France pour le recours aux PPP.
Cette limitation du recours aux contrats de PPP en France a une valeur
constitutionnelle et est liée à l’existence d’autres types de contrats administratifs qui
font intervenir les acteurs privés.
Le Conseil constitutionnel français en a ainsi posé progressivement les limites.
En 2003, il pose la première réserve en jugeant que l’utilisation des contrats
de partenariat ne pouvait être généralisée, mais réservée uniquement à des
situations répondant à des motifs d’intérêt général.
De cette première réserve d’interprétation, le recours au contrat de partenariat
ne pouvait initialement être envisagé qu’au regard des critères de la complexité ou
de l’urgence du projet. Le CC consacrait ainsi le caractère dérogatoire au droit
commun du contrat de partenariat.
Cette règle va être confirmée en 2008 et une nouvelle condition ajoutée : il
s’agit de celle de l’efficience économique.
Il s’est donc agit d’une rationalisation du domaine des contrats de PPP que
l’ont ne retrouvent pas toujours dans d’autres Etats comme l’Angleterre, qui offre une
ouverture assez importante aux contrats de PPP.
Dans son document d’orientation intitulé : « Une nouvelle approche des
contrats de partenariat public-privé » publié en décembre 2012, le
Trésor britannique indique que plus de 700 Public Finance Initiative ont été conclus
depuis l’origine pour un montant correspondant à un investissement du secteur privé
d’environ 55 milliards de livres (soit un peu plus de 65 milliards d’euros) et ajoute que
les PFI ont toujours représenté « une petite part mais néanmoins importante de la
totalité des investissements du Gouvernement en infrastructures et services publics
».
En France où ils (contrats de PPP) ont été introduit en 2004, on compte en
2014, 540 projets contrats de partenariat signées par les personnes publiques
(collectivités territoriales et Etat) pour un montant de 14, 14 milliards.
Au Cameroun, en 2013 on comptait 12 contrats de partenariat public-privé en
cours d’exécution et 21 autres projets qui étaient annoncés par le gouvernement.
L’idée de contrat de partenariat économique est réalisée à partir des règles
juridiques.
II- LA REALISATION
La réalisation des contrats de partenariat public-privé passe par sa passation, son
exécution et son contrôle.
A- Passation
La passation des contrats de partenariat public-privé se fait en trois grandes
étapes.
La première étape consiste à lancer l’appel à concurrence par l’autorité publique.
L’article 8 alinéa 2 de la loi n°2006/012 indique, à ce propos, que l’appel public
est précédé d’une publicité permettant la présentation de plusieurs offres
concurrentes dans les conditions fixées par décret.
La deuxième étape consiste à sélectionner le cocontractant. Elle s’effectue à
travers trois étapes que précise l’article 9 de la loi suscitée.
D’abord, la présélection, qui consiste à retenir, sur la base des pièces
produites par les candidats, les offres les plus qualifiées techniquement et
financièrement pour répondre aux besoins de la personne publique.
Ensuite, le dialogue de pré-qualification, qui est une concertation engagée par
la personne publique avec les candidats présélectionnés, afin de définir les moyens
techniques, ainsi que le montage juridique et financier les mieux à même de
répondre à ses besoins. Il permet, par ailleurs, de s’assurer de l’expérience et des
capacités professionnelles avérées des candidats.
Enfin, l’adjudication, qui est l’aboutissement de la procédure de sélection des
offres par la désignation du cocontractant. Cette troisième étape de la procédure
consiste à attribuer le contrat au candidat qui a présenté l’offre économiquement la
plus avantageuse.
L’alinéa 3 de la loi n°2006/012 précise toutefois que même en cas de
candidature unique, son examen reste soumis à la procédure prévue à l’article 9
suscité.
Loi n°2006/012 indique les critères d’attribution au rang desquels figurent le
cout de l’offre, les objectifs de performance définis en fonction de l’objet du
contrat, la part d’exécution du contrat que le candidat s’engage à confier à des
petites et moyennes entreprises et à des artisans locaux, la valeur technique et le
caractère innovant de l’offre, le délai de réalisation des ouvrages ou des
équipements, leur qualité esthétique ou fonctionnelle.
L’article 32 du décret n° 2008/0115/PM du 24 janvier 2008 précisant les
modalités d’application de la loi n° 2006/012 du 29 décembre 2006 fixant régime
général des contrats de partenariat, précise que le contrat de partenariat est
constitué d’un document unique rédigé recto verso. Y sont annexées toutes pièces
contractuelles prévues par le règlement de la concurrence.
Une fois donc le document signé, s’ouvre la phase d’exécution suivie du
contrôle.
B- Exécution et contrôle
On verra d’abord l’exécution, puis le contrôle.
1- Exécution
Le cadre d’exécution des contrats de partenariat public-privé est fixé par
la loi n°2006/012 et le décret n°2008/0115/PM du 24 janvier 2008 précisant les
modalités d’application de la loi n°2006/012 du 29 décembre 2006 fixant régime
général des contrats de partenariat. Ces textes fixent le cadre juridique dérogatoire
des CPPP.
Le contrat de partenariat entre en vigueur après sa notification à l’adjudicataire
par l’administration publique initiatrice du projet.
L’article 13 alinéa 1 de la loi dispose que : « Lorsqu’un contrat de partenariat
confie au cocontractant tout ou partie de la conception des ouvrages, il est fait
obligation à la personne contractante d’identifier une équipe de maîtrise d’œuvre
chargée de la conception des ouvrages et du suivi de leur réalisation, d’exiger un
projet architectural, s’agissant des offres relatives aux bâtiments et aux ouvrages
d’art, afin de connaître la qualité globale des ouvrages concernés comme critère
d’attribution du contrat ».
L’alinéa 2 précise que « lorsque la personne publique ne confie au
cocontractant qu’une partie de la conception des ouvrages, elle peut elle-même faire
appel à une équipe de maîtrise d’œuvre pour la partie de la conception qu’elle
assume ».

2- Contrôle
Concernant le contrôle de l’exécution du contrat de partenariat, le décret
n°2008/0115/PM précise que les deux parties procèdent chaque année à une
évaluation de l’exécution du contrat, les modalités de celle-ci étant consignés dans le
contrat de partenariat.
Par ailleurs, lorsque le contrat de partenariat emporte occupation du domaine
public, les conditions de cette occupation sont déterminées selon les mêmes
modalités que pour une concession de service public.
Pour ce qui concerne l’encadrement des autres aspects qui ne sont pas
développés par ces textes notamment le pouvoir de direction de l’administration, son
pouvoir de contrôle, son pouvoir de modification unilatérale, les dispositions y
relatives doivent être expressément prévues dans le contrat de partenariat. Quid du
régime fiscal, financier et comptable des contrats de partenariat ?
C- Régime fiscal, financier et comptable
Les contrats de partenariat et les prestations du cocontractant de la personne
publique sont soumis à un régime fiscal, financier et comptable spécifique et stable
fixé par la loi.
Ce régime est contenu dans la loi n° 2008/009 du 16 juillet 2008 fixant le
régime fiscal, financier et comptable applicable aux contrats de partenariat.
1- Concernant le régime fiscal, il varie selon qu’on se trouve dans la phase
de conception, de réalisation ou d’exploitation du projet d’investissement.
Pour les deux premières phases, les avantages sont :
- la prise en charge par le budget de la personne contractante de la taxe sur la
valeur ajoutée (TVA) relative aux importations et aux achats locaux de matériels ;
- l’enregistrement gratis des conventions et actes passés par le cocontractant
de la personne publique dans la phase de la réalisation du projet d’investissement.
Par ailleurs, les matériels et équipements importés, destinés aux projets
d’investissement réalisés en contrats de partenariat, bénéficient de la mise à la
consommation avec prise en charge des droits et taxes de douane par le budget de
la personne publique contractante, de même qu’ils peuvent bénéficier du régime de
l’Admission Temporaire Spéciale (ATS) ou de la procédure d’enlèvement direct.
Ces matériels et équipements peuvent également être dispensés de
l’inspection avant embarquement à la demande du cocontractant de la personne
publique.
Pour ce qui est du régime fiscal de la phase d’exploitation, le cocontractant
bénéficie d’une décote de cinq points en principal sur le taux d’impôt sur les sociétés
durant les 5 premières années d’exploitation et dans la même période, les actes et
conventions qu’il passe sont enregistrés gratis.
2- Concernant le régime financier, le financement des projets
d’investissement réalisés en contrat de partenariat peut être fait selon 3 modalités :
- soit intégralement par le partenaire privé ;
- soit par un organisme tiers ;
- soit conjointement entre lui et une personne publique, qui peut être l’Etat ou
une collectivité territoriale décentralisée ;
- soit conjointement entre lui, l’Etat et les CTD ;
- soit conjointement entre les personnes publiques (l’Etat et les CTD ; et CTD
entre elles).
3- Pour ce qui est du régime comptable, le cocontractant de la personne
publique peut déduire de ses bénéfices imposables des amortissements calculés
selon un système constant préférentiel au titre des biens amortissables utilisés dans
le cadre de son exploitation.
Ce taux d’amortissement est égal au taux normal majoré de 25%. Le point de
départ de la computation du délai d’amortissement prévu à l’alinéa 1 ci-dessus est la
date de commencement de l’exploitation proprement dite.
Cette exécution peut mener au terme normal du contrat de partenariat, ce qui
n’est pas toujours le cas.
III- LA CESSATION
Le contrat de partenariat PP peut prendre fin de manière naturelle (A), mais
son terme peut également être provoqué, aussi bien par la personne publique (B)
que par le juge (C).
A- Cessation normale
Le contrat de partenariat peut prendre fin lorsque, au bout du temps déterminé
dans le contrat, chacune des parties à respecté ses engagements. C’est la fin
normale ou naturelle du contrat de partenariat.
La fin du contrat de partenariat est tributaire de sa nature. Il s’inscrit presque
toujours dans une logique de longue durée, parce que la prise en charge de la
gestion d’ensemble d’un service public suppose le plus souvent la réalisation, par le
cocontractant d’investissements matériels ou immatériels qu’il doit pouvoir amortir
dans le cadre de l’exécution du contrat.
La durée de la concession constitue donc un élément important de la
rémunération du cocontractant. Par ailleurs, la fin du contrat doit composer avec la
nécessaire continuité du service public.
Lorsque le terme arrive, la personne publique prend les dispositions pour
assurer la continuité du service public. L’expiration de la durée stipulée dans le
contrat entraîne normalement de plein droit l’extinction du contrat.
B- Cessation à l’initiative de la personne publique
C’est l’hypothèse de la sanction de l’administration qui peut résilier le contrat
avec son partenaire. Elle est prévue à l’article 39 du décret n°2008/0115/PM, qui
dispose que « le contrat de partenariat peut être résilié (…) par la personne publique
concédante, soit pour faute grave du cocontractant, soit pour des motifs d’intérêt
général. Dans ce dernier cas, une indemnité couvrant les charges d’investissement
est versée au cocontractant ».
Dans cette hypothèse, la personne publique concédante doit prendre « des
mesures pour assurer la continuité du service public ou des travaux. Elle peut, à cet
égard, faire appel au candidat le mieux classé à l’issue du dialogue de pré-
qualification ou alors assurer la continuité des travaux en régie ».

C- Cessation prononcée par le juge


C’est également l’article 39 du décret n°2008/0115/PM qui fixe le cadre de la
cessation du contrat de partenariat public-privé par le juge. Il dispose que « le contrat
de partenariat peut être résilié par le juge compétent, à la demande du cocontractant
de la personne publique ».
Le juge compétent peut être précisé dans le contrat de partenariat. Si ce n’est
pas le cas, c’est le droit commun des contrats administratifs qui s’applique. Cela
signifie que dans le cas où un juge n’est pas désigné dans la convention,
compétence revient naturellement au juge administratif.
CONCLUSION
Si les contrats de partenariat sont pertinents dans le contexte actuel des Etats
en voie développement, il reste qu’il présente des dangers qu’il faut absolument
noter.
La mise en place des conditions qui peuvent permettre d’optimiser le cycle de
vie du projet à réaliser, le recours à des capitaux et au savoir faire du secteur privé,
l’option d’u service plus axé sur le client et le développement de nouvelles
opportunités commerciales peuvent à coup sur booster la performance de la gestion
publique et donner une chance au développement.
Seulement, il convient de garder présent à l’esprit que le partenaire de la
personne publique est une personne privé et par conséquent est davantage porté
vers la réalisation du profit. On peut donc craindre une certaine dénaturation du
service public avec une gestion qui remettrait en cause le principe de la gratuité du
service.
C’est pour cette raison qu’il est essentiel que le cadre juridique d’effectuation
des contrats de partenariat public-privé soit clair et précis, de même que les
obligations contenues dans le contrat.

Yaoundé, le 05 décembre 2016

Pr Bernard-Raymond GUIMDO DONGMO


Agrégé des facultés de droit

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