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INTRODUCTION ............................................................................................................

OBJECTIFS ................................................... ..... ............................................................. 3

CONTENU ...................................................................................................................... 3

DÉFINITIONS ET CONCEPTS ....................................................................................... 5

QU'EST-CE QU'UN MARCHE PUBLIC ? ..................................................................... 5

NOTION DE CONTRAT ........... ............. ..... .. ............................................ 6

LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA COMMANDE PUBLIQUE .... .. ......... 9

LES DIFFERENTES NATURES DE MARCHES PUBLICS ................................. 12

MANAGEMENT DES MARCHES PUBLICS .................................... .... ..................... .12

- LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS? ........................................... ........... 12

·· L'EXECUTION DES MARCHES PUBLICS ? .......................................... ............. 22

LES PROCESSUS DU MANAGEMENT DES MARCHES PUBLICS ......................... 23

L'AUDIT DES MARCHES PUBLICS ? ................................... , ................................... 32

LA REGULATION DES MARCHES PUBLICS ....... ... ... .. ... ........................... 34

LA GOUVERNANCE CONTEXTUALISÉE AU DOMAINE DES MARCHÉS PUBLICS


··············· ···· ····························· ···· ·..................................................... ............................. 37

QU'EST-CE QUE LA BONNE GOUVERNANCE? ..................................................... 37

LES PRINCIPES FONDAMENTAUX, CARACTERISTIQUES DE LA BONNE


G·OUVERNANCE ? .......................................... ... ................................................. ..... .... 39
Introduction

Les marchés publics sont une réalité incontournable pour le développement d'un pays, d'une
collectivité, ... Ils font partie du quotidien des communes, des provinces, des intercommunales, ...
: de la fourniture de mazout à la désignation d'un auteur de projet en passant par l'entreprise de travaux
chargée de réfectionner la voirie.

Afin d'initier les étudiants aux marchés publics, nous proposons à travers le présent document
quelques notions que nous jugeons essentielles pour appréhender le monde des marchés publics.

A la fin de ce cours, il est attendu des participants qu'ils comprennent qu'est-ce qu'un marché
public, qu' est-ce que la passation, l'exécution et la régulation des marchés publics, ainsi que
certains contours et éléments essentiels des marchés publics.
Les étudiants doivent aussi s' approprier le concept de la bonne gouvernance et comprendre
les fondements qui la définissent dans le contexte de la gestion publique.
Ils sont aussi appelés à étudier et à comprendre quels sont les principaux processus de management
des marchés publics du point de vue de l'acheteur public ainsi que du point de vue de l'auditeur.

Objectifs
• Définir les terminologies et les principaux concepts relatifs aux marchés publics, au
Management des Marchés Publics, à la Gouvernance, à l'audit et à la régulation des
marchés publics ;
• Introduire les principaux processus du management des marchés publics ; de la prépa~·ation,
en passant par la passation et jusqu'à l'exécution du marché;
Contenu
• Définitions et concepts généraux ;
• Management des marchés publics;
Processus de management des marchés publics ;
Passation des marchés publics;
Exécution des marchés publics ;
Audit des marchés publics;
- Régulation des marchés publics ;
• Bonne governance:
L' obligation de rendre compte
La Transparence
L'efficience et l'efficacité
COURS D'INTRODUCTION GENERALE AUX MARCHES PUBLICS

Monsieur AHARRH GNAMA A. Mafissa


La réceptivité ou réactivité
La prospective
U, l
La primate du droit
La participation

4
L._ __p'
A) Definitions et concepts

1) Qu'est-ce qu'un marché public?


Les marchés publics sont les contrats conclus à titre onéreux 1et par écrit entre les organes de
l'appareil de l'État et les opérateurs économiques du secteur privé ou public et ils ont pour objet
principal l'exécution de travaux, la fourniture de produits ou la prestation de services.
On entend par appareil d'État l'ensemble des institutions publiques d'un État. L'appareil d'État
est différent d'un pays à l'autre. À titre d'exemple, dans un système républicain, hérité du modèle
français, l'appareil d'État est composé du :

• pouvoir exécutif : la présidence, le gouvernement ou Conseil des ministres,


l'administration publique, l'armée, les autorités préfectorales (ou régions et
municipalités) et la police ;
• le pouvoir législatif: Parlement, Assemblée Nationale et le Sénat ;
• le pouvoir judiciaire : tribunaux, parquet, Conseil d'État, Conseil constitutionnel,
Cour de justice de la République, Conseil supérieur de la magistrature, Cour des
comptes et Cours régionales de comptes;
• les collectivités territoriales : la commune ou municipalité, et son conseil municipal,
le canton, représenté par un conseiller général; le département et son conseil général,
la région et son conseil régional.
• Les sociétés d'Etat.
• les structures de droit privé bénéficiant du concours financier ou de la garantie de l'Etat
Ce sont des autorités contractantes : personnes de droit public ou de droit privé ayant
prérogative de conclure un contrat d'achat de bien, de services ou de travaux au nom de l'Etat.
C'est aussi toute personne morale de droit public ûU de droit privé ayant prérogative de conclure
un contrat d'achat de biens ou de service au nom de l'Etat.

Le caractère onéreux du contrat implique qu'un prix soit à prendre en charge par le pouvoir
adjudicateur, le plus souvent sous la forme d'une somme d'argent à payer.

Le terme marché public s'utilise donc lorsque les institutions formant l'appareil d'État concluent
des contrats à titre onéreux. Quand les fonctionnaires d'un Ministère sollicitent des offres pour
la construction de nouvelles écoles et qu'un fonctionnaire dudit ministère signe un contrat avec
une entreprise pour ladite construction, celui-ci conclue alors un marché public. Lorsque

1
Ce contrat à titre onéreux s'oppose au contrat à titre gratuit. Il peut s'agir de la vente, du louage, du prêt à intérêt, etc

1
c; .
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....... •..J-
l' Armée acquière de nouveaux véhicules pour son corps d'infanterie auprès d'un fabricant de
blindés, l' Armée conclu aussi ici un marché public. Lorsqu'une municipalité octroie un contrat
à une entreprise qui aura la responsabilité de la collecte des déchets domestiques pour le quartier
Sud de la ville, le contrat entre la municipalité et l'entreprise est un marché public. Les agences
publiques autonomes et spécialisées gèrent également des marchés publics. À titre d'exemple si
l'agence des aires marines protégées sollicite les services d'une firme de consultant pour
concevoir le nouveau système d'information géographique, le contrat de consultance entre la
firme et l'agence est un marché public.
L'État, par l'intermédiaire de ces marchés publics, qui par leur taille et le volume transigé,
demeure aujourd'hui et sans équivoque l'un des principaux donneurs d'ordre sur le marché.
Au sein de l'Union Européenne les marchés publics représentent un pourcentage variant entre
10% et 25% du PIB des États Membres2et dans la plupart des pays en développement ou en
transition, cette proportion est supérieure à 20%. 3 Le poids économique et financier des
marchés publics font d'eux un levier indispensable pour soutenir et réaliser les politiques de
développement d'unÉtat.
2) Maitre d' œuvre : Personne physique ou morale qui, pour sa compétence technique, est
chargé par le maitre de l'ouvrage de diriger et de contrôler l'exécution des travaux et de
proposer leur réception et leur règlement.
3) Maitre de l'ouvrage : Personne morale pour le compte de laquelle les travaux sont exécutés.
4) La délégation de services publics
Contrat par lequel une personne morale de droit public ou de droit privé confie la gestion
d'un service public relevant de sa compétence à un délégataire dont la rémunération est liée
ou substantiellement assurée par les résultats de l'exploitation du service ; elle comprend les
régies intéressées, les affermages ainsi que les concessions de service public, qu'elle inclut
ou non l'exécution d'un ouvrage.

5) La notion de contrat
Le contrat est le libre accord de volontés des parties: par rapport à l'acte unilatéral, il est préféré

2
http://ec.europa.eu/trade/policy/accessing-markets/public-procurement/

3
Evenett, Simon J., "Multilateral Disciplines and Government Procurement," in English, Philip, Bernard M . Hoekman, and Aaditya Matto
(Eds.), Development, Trade and the WTO, Geneva: World Trade Organlzation, 2002, p. 423. [online: web] URL:
h!.U!.;LLQu bl ications.worl d ban k. org/ cata log/ content-ci ownloa d?revi si o n_id =1526178
à cause de sa valeur symbolique. En effet, le contrat est l'instrument le plus adéquat pour la
réglementation des rapports économiques, sociaux et politiques : en effet, la bonne gouvernance
et les relations consensuelles permettent une adhésion volontaire où on favorise le« mieux faire
» plutôt que le « laisser faire».
Le recours de l'administration au contrat est ancien, mais - de nos jours - il s'est beaucoup
développé dans plusieurs secteurs tels que les marchés publics et les délégations de services
publiques; l'action sanitaire et sociale; les relations du travail; le domaine économique et fiscal:
donc on peut affirmer en toute sûreté que la formule contractuelle est devenu« à la mode». Le
secret de son succès est enraciné dans la perception d'une administration consensuelle et
partenariale qui permet d'améliorer les relations avec les citoyens et entre les personnes
publiques elles-mêmes. L'action publique se manifeste par l'externalisation, la régulation et la
négociation : c'est une approche pluraliste et consensuelle dans un cadre de relations qui sont
consenties plus que prescrites.
6) Contrats publics et privé
Le contrat administratif, moyen principal de l'action de l'administration dans le contexte des
services publics, suppose essentiellement deux contractants « qui se reconnaissent placés sur un
pied d'inégalité» (affirmation du juriste Gaston Jèze). C'est la différence la plus importante avec
le contrat de droit privé, qui est caractérisé a priori par l'égalité des parties contractantes.
Par contre, l'administration - qui doit protéger l'intérêt général - a des prérogatives qui lui
permettent de modifier ou de résilier unilatéralement le contrat (pouvoirs exorbitants). Ces
prérogatives ne sont pas toujours d'origine contractuelle, elles peuvent quand même ne pas être
stipulées.
Afin de distinguer les contrats administratifs des contrats privés utilisés par l'administration, la
doctrine et la jurisprudence ont élaboré les critères suivants :
La détermination par la loi des contrats administratifs ou des contrats privés;
La qualité des personnes contractantes;
La présence ou non de clauses exorbitantes du droit commun
La participation ou non à l'exécution d'un service public.
ic- Les contrats « par détermination de la loi »
En vertu de la loi, on qualifie certains contrats comme des contrats privés ou des contrats
administratifs. Par exemple, selon la loi française, on a les contrats suivants :
les ventes des immeubles du domaine privé de l'Etat;
les contrats « emplois-jeunes » ;
les baux ruraux des collectivités publiques même s'ils relèveraient du droit
1

administratif en application des critères jurisprudentiels et même si l'Etat y est


représenté, sont considérés des contrats privés parce que la loi leur prévoit ce
statut.
La hiérarchie des normes juridiques - représenté sous la forme d'une pyramide - comporte une
superposition des normes ; au sommet de la pyramide, il y a la Constitution, toutes les normes
inférieures doivent la respecter. Selon cette théorie, la loi est une norme supérieure par rapport à
la jurisprudence: c'est le motif pour lequel c'est indiscutable que des contrats qualifiés par la loi
comme privés soient effectivement considérés comme des contrats de droit privé même si, en
application des critères jurisprudentiels, ils relèveraient du droit administratif.
Par contre, selon la loi française, sont des contrats administratifs :
les contrats relatifs à l'exécution de travaux publics : dans ce domaine la gestion
publique est fortement marquée (par exemples, les prérogatives de puissance publique,
le droit d'occupation temporaire, le droit d'expropriation de terrains privés) ;
les contrats portant occupation du domaine public, dont le contentieux a été
confié au juge administratif;
les marchés soumis au Code des marchés publics et les contrats de partenariat.
Les marchés publics englobent l'ensemble des marchés publics de fournitures,
de services et de travaux.
La qualification des contrats comme contrats administratifs comporte la compétence pour les
contentieux du juge administratif.
~ Le critère organique : la qualité des personnes contractantes

En dehors de la détermination ~ 1oi, pour la qualification des contrats administratifs


)(
la condition nécessaire mais non suffisante est qu'un des contractants soit une personne
publique : c'est ce qu'on appelle le critère organique.
Donc, si le contrat est conclu entre deux personnes publiques on a la présomption du
caractère administratif. Par contre, les contrats conclus entre des personnes privées
sont normalement des contrats de droit privé.
Toutefois, ce principe connaît les exceptions suivantes:

le contrat conclu entre des personnes publiques n'est pas administratif lorsque l'objet du
contrat ne fait naître que des rapports de droit privé : c'est l'exception à la nature
administrative de ce type de contrat ;

r···•-----.. ·-·--·--··,
!i ~
(/
l
l-·-·-·-··'·
si une des personnes privés est détentrice d'un mandat explicite d'une personne publique,
telle que un syndicat d'initiative, ellej!1ransparente » : donc la jurisprudence a affirmé
que le contrat passé avec une autre personne privée est administratif. C'est le critère
relationnel.
Toutefois, on a remarqué un croissant déclin du critère organique, vu que :
il n'est pas suffisant parce qu'il faut vérifier la présence de deux autres critères: les clauses
exorbitantes et l'exécution d'un service public;
la présomption d'« administrativité » n'a plus une validité absolue et elle est devenu une
quasi- présomption : les contrats entre personnes publiques n'ont pas toujours un
caractère administratif (c'est le cas d'un contrat qui a fait naître uniquement des rapports
de droit privé) ;
en plus, les travaux sont par nature fortement attractifs du droit public plus que du droit
privé.
C'est pour cette grande complexité qu'on a jugé de préférer le critère matériel au critère
organique.

-i- La présence ou non de clauses exorbitantes du droit commun


Une définition de la notion de clause exorbitante du droit commun peut être recherchée en
fonction d'une caractéristique qui est la stipulation dans l'intérêt général. Il en est ainsi
d'une clause de résiliation unilatérale pour motif d'intérêt général ou de pouvoirs de
contrôle par la personne publique.
·t Le critère matériel: clause exorbitantes et exécution d'un service public

Le contrat est considéré administratif à raison de son objet (exécution d'un service public)
ou à raison de ses clauses (clauses exorbitants) : il s'agit de critères alternatifs.
Les clauses exorbitantes du droit commun : ce sont des prérogatives de puissance publique
qui témoignent de l'inégalité des relations entre les parties, vu que l'administration peut
prévoir un droit de contrôle sur l' exploitation, un droit de résiliation unilatérale ; le pouvoir
de donner des instructions ... ).
L'exécution d'un service public dans l'intérêt public : c'est la mission de l'administration. 4
Le but de service public exige que le contrat et ses obligations soient exécutés selon des

4
Jacques ZILLER, op. cit., p. 545.
règles plus strictes que celles des contrats entre particuliers. Ce sera justement dans le
domaine de l'inexécution qu'on verra la différence la plus importante entre les deux types
de contrats.
Par contre, les contrats de droit privé mettent en évidence les intérêts particuliers. Il s'agit
du cœur de la dualité entre les deux types de contrat.

B) Les principes fondamentaux de la commande publique


Les principes de la commande publique sont les principes fondamentaux opposables à tout
marché, quelle que soit sa nature ou quel que soit son montant. Ces principes permettent
d'assurer l'efficacité de la commande publique et la bonne utilisation des deniers.
Tous les principes relatifs aux procédures de passation des marchés publics ont pour objectif
commun la recherche des offres économiquement les plus avantageuses pour les entités
adjudicatrices. Cette notion, implique de rechercher les meilleures offres des points de vue du
prix bien sûr, mais également et dans une plus ou moins grande mesure en fonction des
différents marchés, des aspects qualitatifs.
Ces principes sont :

• la liberté d'accès à la commande publique

Le principe de liberté d'accès à la commande publique renvoie à la possibilité d'accéder


librement aux contrats et marchés pour opérateur économique.
Sa mise en œuvre impose des procédures de publicité et de transparence dont les exceptions
doivent se rattacher "à des situations répondant à des motifs d'intérêt général tels que
l'urgence qui s'attache à rattraper un retard ou la nécessité de tenir compte des
caractéristiques techniques, fonctionnelles ou économiques d'un équipement ou d'un
service déterminé.

• L'égalité de traitement des candidats

Le respect de ce principe interdit notamment toute discrimination et s'étend à tous les stades de la
procédure, ainsi :
la rédaction du cahier des charges doit être objective et ne pas orienter le choix,

r--··················,
1 10 :
L. ._._,:f
toutes les offres arrivées dans le délai demandé doivent être examinée, quel que soit la nationalité
ou l'implantation du candidat,

les candidats doivent disposer d'une information équivalente et, si l'un d'entre eux pose une
question complémentaire, l'acheteur public doit répondre à tous les candidats.

Parmi les objectifs principaux des règles du droit de l'Union en matière de marchés publics figure
celui d'assurer la libre circulation des services et l'ouverture à la concurrence non faussée dans
tous les États membres. Pour la poursuite de ce double objectif, le droit de l'Union applique
notamment le principe d'égalité de traitement des soumissionnaires ou des candidats et l'obligation
de transparence qm en découle.
L'application du principe d'égalité de traitement dans les procédures de passation de marchés
publics ne constitue donc pas une fin en soi, mais doit être appréhendée dans la perspective des
objectifs qu'il poursuit.
Les principes d'égalité de traitement et de non-discrimination imposent que les soumissionnaires
disposent des mêmes chances dans la formulation des termes de leurs offres et impliquent donc
que ces offres soient soumises aux mêmes conditions pour tous les soumissionnaires.
Selon une jurisprudence constante, ce principe exige que des situations comparables ne soient pas
traitées de manière différente et que des situations différentes ne soient pas traitées de manière
égale, à moins qu'un tel traitement ne soit objectivement justifié" (voir arrêt du 3 mars 2005,
Fabricom, C 21/03 et C 34/03, Rec. p. I 1559, point 27; CJUE 10 oct. 2013, aff. C 336/12)

• La transparence des procedures.

La transparence permet à tous les candidats, ou à toute personne intéressée, de s'assurer que
l'acheteur public respecte des 2 premiers principes.

D'autre part, dans les procédures formalisées, les critères de choix sont portés à la connaissance
des candidats dès la publicité. Ces critères doivent permettre à l'acheteur public de choisir l'offre
économiquement la plus avantageuse.

De même, tout soumissionnaire qui voit son offre rejetée doit en être informé et les motifs de ce
rejet doivent lui être précisés.

1 11 J
L_____
__j?
Le non-respect de ces principes peut faire l'objet d'une sanction pénale. Ainsi, le délit de
favoritisme vise le fait de commettre un acte contraire aux dispositions législatives ou
réglementaires qui garantissent la liberté d'accès et l'égalité des candidats dans les marchés publics.
L'obligation de transparence a pour but de garantir l'absence de risque de favoritisme et
d'arbitraire de la part du pouvoir adjudicateur. Cette obligation implique que toutes les conditions
et les modalités de la procédure d'attribution soient formulées de manière claire, précise et
univoque, dans l'avis de marché ou dans le cahier des charges, de façon, premièrement, à permettre
à tous les soumissionnaires raisonnablement informés et normalement diligents d'en comprendre
la portée exacte et de les interpréter de la même manière et, deuxièmement, à mettre le pouvoir
adjudicateur en mesure de vérifier effectivement si les offres des soumissionnaires correspondent
aux critères régissant le marché en cause.

C) Les différentes natures de marchés publics :


Suivant l'objet de la commande, on note trois grands ensembles de marchés publics:
a) Le marché public de travaux
Les marchés publics de travaux sont les marchés conclus entre un pouvoir adjudicateur et un
entrepreneur, qui a pour objet soit l'exécution, soit conjointement la conception et l'exécution d'un
ouvrage ou de travaux de bâtiment ou de génie civil répondant à des besoins précisés par le
pouvoir adjudicateur qui en exerce la maîtrise d'ouvrage. Un ouvrage est le résultat d'un ensemble
de travaux de bâtiment ou de génie civil destiné à remplir par lui-même une fonction économique
ou technique.

b) Le marché public de fournitures


C'est le contrat à titre onéreux conclu entre un pouvoir adjudicateur et un fournisseur et ayant pour
objet la mise à disposition de produits (c'est-à-dire des biens mobiliers corporels tels que l'achat
de fournitures de bureau, d'un véhicule utilitaire pour un service de travaux, l'achat de fruits et
légumes pour une maison de repos, etc.) sous la forme d'acquisition ou de location ou encore de
location-vente ou de leasing.
Le transfert de la propriété du bien au profit du pouvoir adjudicateur n'est donc pas requis pour
qu'il y ait marché de fournitures. Les exemples donnés ne sont pas exhaustifs.

C) Le marché public de services (incluant la prestation intellectuelles)


C'est le contrat à titre onéreux conclu entre un pouvoir adjudicateur et un prestataire de services
et ayant pour objet des services ou de prestation intellectuelle.

**Lorsqu'un marché public porte sur des travaux et sur des fournitures ou des services, il est un
marché de travaux si son objet principal est de réaliser des travaux.
Lorsqu'un marché public a pour objet des services et des fournitures, il est un marché de services
si la valeur de ceux-ci dépasse celle des fournitures achetées.

D) Management des marchés publics


Le management des marchés publics inclus deux grandes opérations qui sont : la passation et
l'exécution des marchés publics.
I) Qu'est-ce que la passation des marchés publics ?
Le mot passation dans la langue :française signifie l'action de passer un acte, de conclure un contrat
ou de passer les pouvoirs à un autre. Dans le domaine des marchés publics spécifiquement, le
mot passation prend la signification de l'action de conclure un contrat.
Dans le jargon de la passation de marchés publics, le pouvoir adjudicateur est la personne
morale de droit public qui attribue le marché, il est le client et représentant du secteur public
sollicitant des offres afin de conclure le marché. L'adiudicataire est l'entreprise dont l'offre
a été retenue par le pouvoir d'adjudication (adjudicateur) pour être le cocontractant à la
personne morale de droit public voulant conclure le contrat administratif en question.
À titre d'illustration, le Gouvernement Togolais décide de se procurer des vaccins pour réaliser
une campagne de vaccination annuelle ciblant les personnes à risque dans le cadre d'un
programme national de prévention de la grippe saisonnière. Le département responsable des
achats au sein du Ministère lance un appel d'offre international afin de solliciter des offres.
Après la soumission d'offres par des fournisseurs de vaccin, la réception et l'évaluation de ces
offres par le Ministère de la Santé, la société Fanosi-Pastor emporte le marché. Le Ministère
de la Santé et Fanosi-Pastor signe finalement un contrat prévoyant la production et la livraison
de 200 000 doses dans les semaines précédant la campagne de vaccination.
Dans l'exemple ci-dessus, l'adjudicateur est le Ministère de la Santé, l'adjudicataire est la

société Fanosi- Pastor, le marché public est le contrat, qui a pour objet la production et la
livraison de 200 000 doses du vaccin contre la grippe saisonnière, signé par le Ministère de
la Santé et la société Fanosi-Pastor: La passation de marché est l'ensemble des actions qui
mènent à la signature du contrat, incluant la signature.
L'adjudicateur dispose de procédure assez variée qu'il peut au besoin combiner pour parvenir à
l'acquisition souhaitée.
Un appel à candidature est une procédure qui permet à un commanditaire (le maitre d'ouvrage),
de faire le choix de l'entreprise (le soumissionnaire qui sera le fournisseur) la plus à même de
réaliser une prestation de travaux, fournitures ou services. Le but est de mettre plusieurs entreprises
en concurrence pour fournir un produit ou un service.

On distingue les étapes suivantes :

Rédaction du cahier des charges:

Le cahier des charges sert à formaliser les besoins et à les expliquer aux différents acteurs pour
s'assurer que tout le monde soit d'accord. Il permet notamment de cadrer les missions des acteurs
impliqués, dont celles du directeur de projet (côté maîtrise d'ouvrage) et/ou du chef de
projet (côté maîtrise d'œuvre).

Il sert ensuite à sélectionner le prestataire ou soumissionnaire (dans le cas d'un appel d'offres), et
à organiser la relation tout au long du projet. Il est considéré comme un référentiel partagé par le
prestataire et l'équipe interne, et décliné dans les documents contractuels. Vers l'externe, c'est en
outre un outil fondamental de communication du directeur de projet et/ou du chef de projet.

La préparation d'un appel d'offre donne lieu à l'élaboration d'un cahier des charges, il s'agit d'un
document émanant du commanditaire (maitre d'ouvrage) pour formuler avec exactitude du besoin,
aussi bien sur le plan administratif, financier et particulièrement sur le plan technique.
Il décrit :
Ce document avant sa diffusion doit être contrôlé, et approuvé en interne par la commission des
marchés du maître d'ouvrage, dans le but de faire respecter les trois principes de cette
réglementation à savoir:
Il décrit :

• le besoin du maître d'ouvrage ;


• les fonctionnalités et usages attendus du produit ou service ;
• les exigences techniques attendues ;
• les contraintes de la maîtrise d'ouvrage ;
• le dossier administratif;
• le mode d'évaluation ;
• la présentation de l'offre financière ou commerciale.
Le cahier des charges peut se présenter sous la forme :

• d'une étude préalable ou de spécifications fonctionnelles générales ;


r····················· ,
1 14 :
l. . ... _1?'
• de l'ensemble Cahier des Clauses Techniques Particulières et Cahier des Clauses
Administratives Particulières

·i création de lots ;

* définition des critères de choix ; Il s'agit de définir les méthodes d'analyse des offres et de
formaliser des grilles de sélection. On peut identifier différentes thématiques;

i choix des soumissionnaires et diffusion de l'appel d'offres;


~ réception analyse des offres et évaluation des soumissionnaires ;
~ choix du prestataire et contractualisation.
Ces étapes construisent le plan projet.

a) Les procédures les plus courantes :


• Le gré à gré
Le marché est de dit de« gré à gré» quand l'acheteur et le vendeur sont mis en relation directe, soit
de leur propre initiative, soit par l'intermédiaire d'une banque ou d'un courtier. On parle aussi de
marché OTC (over the counter). Les deux parties négocient elles-mêmes les termes de la
transaction. Ce type de marché est donc plus souple, mais peut présenter plusieurs risques :
- un risque de défaut de contrepartie (faillite du vendeur ou de l'acheteur)
- un risque de règlement livraison : l'acheteur ne paie pas ou le vendeur ne fournit pas les
titres.
Pour cela, l'organisme public va consulter directement des fournisseurs. Il est recommandé de
consulter 3 fournisseurs. (On appelle également cette procédure la demande de 3 devis)

• L'appel d'offre
L'appel d'offre est une procédure qui permet à un commanditaire (le maitre d'ouvrage) une
entreprise, une institution, ou un organisme, qui formule un besoin en travaux, en fourniture, en
services, ou en études à travers un cahier des charges, de lancer un appel d'offre ou une
consultation auprès d'entreprises (le soumissionnaire qui sera éventuellement le prestataire de
service) les plus à même de réaliser une prestation avec le meilleur rapport qualité/prix en
choisissant l'offre économiquement la plus avantageuse.
• L'appel d'offre peut être national ou international ou les deux à la fois, il se subdivise en 05
catégories :
- L'appel d'offre ouvert ;
- L'appel d'offre restreint;
- L'appel d'offre avec exigences de capacités minimales ;
- L'appel d'offre avec présélection
Le concours.

L'appel d'offres ouvert est la procédure de passation des marchés publics à laquelle ont
fréquemment recours les acheteurs publics. Elle est ainsi appelée parce que toute entreprise
peut remettre une offre. Moins souple que la procédure adaptée, elle est utilisée pour les
marchés publics au-dessus d'un certain seuil (suivant les pays et ou acheteurs) :

Les marchés publics ayant pour objet des services sociaux ou autres services spécifiques
bénéficient d'un régime particulier. L'acheteur n'est pas obligé d'avoir recours à un appel d'offres
ouvert, quel que soit le montant estimé du marché. Ceci s'applique à tous les types d'acheteurs
(Etat, collectivité territoriale etc.).
Les entreprises candidates ne peuvent procéder à la modification (lors d'une phase de
négociation) de leur offre après le dépôt du dossier de candidature. L'acheteur quant à lui n'est
pas admis au sens de la réglementation des marchés publics à entreprendre une quelconque
négociation avec les entreprises candidates.
Il est toutefois possible que l'organisme public demande des précisions au plan technique.

Par ailleurs, en appel d'offres ouvert l'acheteur doit respecter un délai minimum de remise des
offres à compter de la publication de l'avis de marché. Ce délai est de 35 jours (et peut être
réduit à 30 jours si les candidats sont autorisés à déposer leurs dossiers sous format électronique).

En outre, en général l'acheteur public doit respecter un délai minimum de 11 jours (dit délai de
standstill) entre l'attribution du marché et la notification au titulaire, c'est-à-dire l'entreprise
retenue; ce délai est de 15 jours ouvrable au Togo. La réglementation oblige l'organisme public
à envoyer une lettre de regret aux autres candidats qui n'ont pas été retenus. Si les règles de
procédure n'ont pas été respectées par l'acheteur, ces derniers disposent de la faculté de déposer
un recours connu sous l'appellation de référé précontractuel.

Tout d'abord, il faut rappeler en quoi consiste un appel d'offres ouvert : C'est une procédure
de marchés publics par laquelle la personne publique sélectionne l'offre économiquement la plus
avantageuse. Ceci se fait sans aucune négociation et sur des critères précis, objectifs, actés et
connus du candidat. L'appel d'offre ouvert se déroule en une seule étape et dans le même laps de
temps : c'est à dire que les candidats remettent au même moment les éléments relatifs à la
candidature et les éléments relatifs à l'offre (acte d'engagement mémoire technique ... )

L'appel d'offres restreint

L'appel d'offres restreint est similaire à l'appel d'offres ouvert, sauf que cette procédure se déroule
en deux étapes. Lorsqu'un appel d'offres restreint est lancé, les candidats sont tout d'abord
soigneusement sélectionnés en fonction des éléments relatifs à la candidature c'est à dire en
fonction des capacités de l'entreprise. Lorsque les entreprises sont sélectionnées, elles reçoivent
le DCE et sont invitées à déposer alors une offre.

Lors du lancement d'un appel offres restreint, l'organisme public peut déterminer un nombre
minimum et maximum de candidats admis à présenter leurs offres. La date limite de remise des
candidatures et des offres est donc différente.

- L'appel d'offre avec présélection

Le recours à l'appel d'offres avec présélection est utilisé lorsque les prestations à réaliser sont
complexes, surtout dans le cas des marchés de travaux (construction d'ouvrages d'art : barrage,
pont, etc.).

La procédure ne diffère guère de la procédure de l'appel d'offres ouvert, sauf qu'elle est précédée
d'une phase préliminaire de sélection des concurrents, ce qui la rapproche de l'appel d'offres
restreint. Il est opéré « une sélection préalable des candidats dans une première étape avant
d'inviter ceux d'entre eux qui ont été admis à déposer des offres dans une seconde étape », ce
qui signifie que la première phase porte sur la candidature pour pouvoir formuler et déposer une
offre. Les candidats potentiels envoient leurs demandes de participation qui contiennent les
références techniques et proposent des solutions appropriées selon la complexité de l'ouvrage.

L'ouverture des candidatures se fait par le maître d'ouvrage et la commission procède à


l'élimination des candidats inaptes à participer et à être admis. Seuls les candidats dont les plis
de candidature ont été déclarés recevables peuvent formuler une offre. Ils sont informés
simultanément par écrit.

Le concours
le concours est la procédure par laquelle la personne publique choisit, après mise en concurrence
et avis du jury, parmi les propositions de plusieurs concurrents qui portent sur la conception d'un
projet, c'est-à-dire un projet à caractère conceptuel dans les domaines de l'aménagement du
territoire, de l'urbanisme ou de l'ingénierie, et/ou l'exécution d'un ou plusieurs éléments de
missions définis par le code des marchés publics, moyennant des primes, avantages et
récompenses accordés aux candidats choisis. Un marché sur concours selon cet article distingue
le concours d'idée (domaine de l'aménagement du territoire) du concours de maîtrise d'œuvre
(domaine de l'ingénierie).

Les prestations qui peuvent faire l'objet de concours concernent notamment les domaines de
l'aménagement du territoire, de l'urbanisme ou de l'ingénierie.» Il est à noter que l'adverbe «
notamment » laisse entendre que cette liste n'est pas donnée de manière exhaustive.

Le premier domaine concerne l'aménagement du territoire qui porte sur la disposition spatiale
des hommes et des activités. Il conjugue donc les considérations relatives au respect de
l'environnement et les objectifs du développement durable. Les marchés publics par le biais du
concours constituent donc un outil pour l'aménagement du territoire, notamment le
développement local, d'où la conception des projets de gestion de l'espace agricole et forestier.

Le deuxième domaine touche le secteur de l'urbanisme. C'est une démarche qui vise à concilier
l'idée sous-jacente de créer, d'améliorer pour arriver à maîtriser un développement immobilier
harmonieux. Il s'agit de créer un document d'urbanisme respectant la règlementation en vigueur
et les objectifs définis par les pouvoir publics, tel que la conception d'un schéma de cohérence
territoriale, un schéma directeur, un plan local d'urbanisme, un plan d'occupation des sols, une
carte communale ou un montage d'opération immobilière. Ce sont les objectifs relatifs au
règlement du concours qui met en avant « les performances liées à la protection de
l'environnement; le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique».

Le troisième domaine est celui de l'ingénierie, qui concerne notamment tout ce qui relève de la
conception et de la réalisation des projets d'infrastructure, de la conception des outils, des
programmes informatiques, du traitement de données informatiques ou de la communication.
Quant aux prestations d'un marché de concours, elles peuvent porter soit sur la conception d'un
projet, soit à la fois sur la conception d'un projet et la réalisation de l'étude y afférente, ainsi que
le suivi ou le contrôle de son exécution, dans le cadre des marchés de travaux ou de fourniture
évaluant des idées dans les domaines susvisés.
Il s'agit donc d'une procédure justifiée et d'un travail conceptuel qui portent sur des prestations
intellectuelles spécifiques qui nécessitent des interventions d'ordre technique ou esthétique sur la
base d'une procédure réglementée, en fonction d'un programme et de critères définis, appréciés
de manière anonyme par une instance collégiale appelée jury, en vue de dégager le meilleur projet.

Le maître d'ouvrage prend sa décision sur la base de l'avis rendu par une instance collégiale pour
attribuer le marché à un partenaire potentiel appelé communément lauréat.
Sa préparation obéit généralement à une chronologie qui comporte deux phases la phase
d'admission et la phase de sélection.

b) Les procédures qui s'étalent dans le temps

La procédure d'accord-cadre

Il y est défini comme un contrat conclu à titre onéreux entre une personne publique et des
opérateurs économiques publics ou privés, ayant pour objet d'établir les termes régissant les
marchés (dits subséquents) à passer au cours d'une période donnée, en particulier en ce qui
concerne les prix et, s'il y a lieu, les quantités envisagées.

Il a pour caractéristique essentielle de séparer la procédure de choix du ou des titulaires de


l'attribution des marchés. Il permet de sélectionner plusieurs prestataires, qui seront remis en
concurrence lors de la survenance du besoin.
En définitive, c'est un contrat conclu entre une ou plusieurs personnes publiques avec 1m ou
plusieurs opérateurs économiques qui leur accorde une exclusivité unique ou partagée pour une
durée déterminée (au maximum quatre ans) et sur le fondement duquel des marchés s0nt
ultérieurement passés. Ce sont des avant-contrats accessoires aux marchés publics ultérieurs.

La procédure se divise donc en deux parties :

• la passation d'un contrat global (l'accord-cadre) dans lequel l'acheteur défini les modalités
de consultation des entreprises titulaires,
• la passation de marchés subséquents ou de bons de commande, qui font l'objet de
formalités réduites.

L'accord-cadre peut être passé selon les différentes procédures de marché :

• Appel d'offres ouvert ou restreint.


• Procédure adaptée,
• Dialogue compétitif,
• Procédure négociée,
• Etc.

Lorsque l'accord-cadre est multi-attributaire, chaque marché subséquent doit faire l'objet d'une
remise en concurrence de tous les attributaires et ne peut pas apporter de modifications
subséquentes à l'accord-cadre. La mise en concurrence est réalisée selon une procédure
simplifiée, et ne nécessite pas, par exemple, de publicité.

Bons de commande

Les bons de commande sont des documents écrits adressés aux titulaires de l'accord-cadre qui
précisent celles des prestations, décrites dans l'accord-cadre, dont l'exécution est demandée et
en déterminent la quantité. L'émission des bons de commande s'effectue sans négociation ni
remise en concurrence préalable des titulaires, selon des modalités prévues par l'accord-cadre.
»
L'émission d'un bon de commande n'est donc soumis à aucun formalisme particulier. Dans
l'hypothèse d'un accord-cadre multi-attributaire, l'acheteur est libre de choisir à quelle
entreprise il souhaite faire appel pour effectuer chaque commande.
Classés dans la catégorie des marchés publics fractionnés avec les marchés à tranches
conditionnelles, les marchés à bon de commande sont une catégorie particulière de marchés
publics.
Ils sont aussi définis comme des marchés dont la conclusion se fait avec un ou plusieurs
opérateurs économiques. L'exécution de tels marchés publics se fait au fur et à mesure des
besoins de l'acheteur public au moyen d'une émission de bons de commande.
Il n'y a plus de conditions spécifiques pour recourir aux marchés à bon de commande.
Toutefois, il est bon de souligner que c'est dans l'hypothèse d'une incertitude sur l'étendue ou
le rythme du besoin dont la satisfaction est recherchée que cette procédure de passion est
intéressante. Il ne s'agit pas là d'une limitation de la liberté du choix du pouvoir adjudicateur
mais d'une simple recommandation. Cela dit, pour des achats fréquents ou pour des services
courants comme les denrées alimentaires, les fournitures de bureaux, le nettoyage des locaux
ou encore le gardiennage, les marchés à bon de commande constituent une solution très
avantageuse. De plus, il est possible de recourir à ce type de procédure pour tous types de
prestations tels que les marchés industriels, les marchés de travaux, les marchés informatiques
ou encore les prestations intellectuelles.

c) Les procédures où il est possible de "discuter" avec les candidats :

L9 procédure négociée
La procédure négociée est l'un des nom~reux modes de passation des marchés publics. Elle se
définit comme la procédure dans laquelle l'acheteur public choisit le titulaire du marché après avoir
consulté les entreprises candidates et négocié les conditions du marché public avec une ou
plusieurs d'entre elles.
Dans une telle procédure, le pouvoir adjudicateur discute de manière ouverte avec les candidats
susceptibles de répondre à son besoin. L'administration peut avoir recours à la procédure négociée
dans le cas où l'objet du marché à attribué n'est pas précisé au départ de la procédure.

la procédure de dialogue compétitif

Le dialogue compétitif est une procédure de passation des marchés publics au cours de laquelle
"l'acheteur dialogue avec les candidats admis à participer à la procédure en vue de définir ou
développer une ou plusieurs solutions de nature à répondre à ses besoins et sur la base de laquelle
ou desquelles les participants au dialogue sont invités à remettre une offre".
La procédure de dialogue compétitif peut également être utilisée pour des contrats de partenariat,
des baux emphytéotiques hospitaliers, etc.
Elle se déroule en 3 phases
1/ la sélection des candidatures,
2/ le dialogue et la présentation des offres par les entreprises.

3/ une fois le dialogue terminé, les candidats devront proposer des offres correspondant aux
attentes de l'acheteur.
L'offre qui présentera le plus d'avantages économiques pour l'acheteur sera retenue.
L'acheteur peut avoir recours à cette procédure lorsqu'un marché est jugé particulièrement
complexe, c'est-à-dire que l'acheteur n'a pas les capacités pour déterminer ses besoins ou les
solutions juridiques qui s'offrent à lui dans le cadre de ce marché.

La procédure de conception-réalisation

Une procédure de conception-réalisation est une procédure de marché public au cours de laquelle
la conception et la réalisation d'un projet sont confiées à une même et seule entreprise. Cette
procédure a d'une certaine façon modifiée les prescriptions existantes auparavant. En fait, il faut
dire que la conception était auparavant séparée de la réalisation.

Il) L'exécution du marché public


L'exécution du marché public signifie la réalisation des prestations et des obligations prévues
au niveau d'un contrat qui a été préalablement passé.

Le suivi de l'exécution des marchés consiste à contrôler que les prestations fournies par
l'entité exécutant le marché sont réalisées en conformité avec les termes et obligations
contractuelles. L'exécution et le suivi de l'exécution du marché comprennent deux volets
majeurs. Un volet qui concerne l'exécution technique du marché en relation avec l'objet du
marché et un volet relatif à l'exécution financière du marché en relation avec la gestion des
paiements, garanties, assurances, etc.

Dans l'exemple mentionné ci-dessus, à propos de l'achat de vaccins contre la grippe


saisonnière, l'exécution du marché sous-entend qu'un contrat a été préalablement signé
(un marché passé) et que le fournisseur Fanosi-Pastor a commencé à se mobiliser pour
produire et pour livrer les vaccins en contrepartie des paiements prévus et versés par le
Ministère de la Santé. Le suivi de l'exécution technique « se matérialise » par exemple
lorsque les fonctionnaires du Ministère inspectent les quantités de lots de vaccins reçus et
vérifient si cette quantité est conforme aux prestations prévues au niveau du contrat. De la
même façon quand les fonctionnaires du Ministère ordonnent un paiement vers Fanosi-Pastor,
il s'agit de l'exécution financière du marché.
En d'autres mots:

Passation de marches Exécution (et suivi de l'exécution) du


marchés
Etape de so Hicitation, de réception, Réalisation des prestations prévues au
d'évaluation des offres, d'attribution du contrat. Production, transport, livraison,
marché et de signature du contrat installation, test, formation, Inspection,
réception, paiements, etc.

III) les processus du management des marchés publics ?


Les processus du management des marchés publics, présentés à partir de la perspective de
l'acheteur public, comprennent généralement les différents sous-processus suivants :

La planification des marchés : déterminé quoi acheter ou acquérir, quand et comment.


La préparation des dossiers d'appel d'offres et des contrats : documenter les
exigences et spécifications concernant les produits, les services et les résultats, et
identifier les fournisseurs potentiels
La sollicitation des offres ou des propositions des fournisseurs : obtenir des
informations, des propositions de prix, des soumissions, des offres ou des propositions
selon les cas
La sélection des fournisseurs : passer les offres en revue, sélectionner des fournisseurs
parmi un groupe de fournisseurs potentiels et négocier un contrat écrit avec chacun
d'entre eux (ou un seul)
L'administration du contrat : effectuer le management du contrat et des relations
entre l'acheteur et le fournisseur, passer en revue et documenter les performances
passées ou présentes d'un fournisseur afin de définir les actions correctives nécessaires
et d'établir une base de relations futures avec ce dernier, maitriser les modifications
concernant ce contrat et, au besoin, gérer les relations contractuelles avec l'acheteur
extérieur du projet
La clôture du contrat : achever et effectuer le règlement final de chaque contrat, y
compris la résolution de tout point en suspens, et clore chacun des contrats applicables
au projet ou à l'une de ses phases.

Les processus de management incluent la passation de marchés qui généralement se réfère


aux processus 1, 2, 3 et 4, c' est-à-dire l'ensemble des processus menant à la signature du contrat
(inclusivement). Les processus de management incluent aussi la gestion de contrat (exécution
du marché) qui généralement se réfère aux processus 5 et 6, en d'autres mots ceux mise en
œuvre une fois le contrat signé.

1. La planification des marches


Le processus de la planification des marchés identifie quels besoins de l'organisation peuvent
être le mieux satisfaits par l'achat ou l'acquisition de produits, services ou travaux en dehors
de l'organisation, et lesquels peuvent être satisfaits par l'organisation elle-même. Pour
r· ·7~·· ·
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répondre à ces questions, il est nécessaire de faire une recherche de marché et de connaître les
conditions existantes sur ce dernier.

Ce processus implique d'envisager premièrement s'il faut s'approvisionner à l'externe ou


produire soi-même à l'interne et deuxièmement d'identifier de quelle manière
s'approvisionner, quelle méthode de passation de marchés utiliser, quoi acheter, en quelle
quantité et à quel moment le marché doit être exécuté.
Lorsque les produits, services et travaux nécessaires sont obtenus à l'extérieur de
l'organisation, c'est-à-dire contractés en externe, il s'agit alors de management des marchés
publics. Dans ce dernier cas tous les processus depuis la planification des marchés jusqu'à la
clôture du contrat sont exécutés pour chaque élément à acheter ou à acquérir, en d'autres
mots pour chacun des marchés la bonne pratique est de réaliser l'ensemble des processus.
Lorsque les produits, services et travaux nécessaires sont obtenus à l'intérieur de l'organisation
en utilisant ses propres forces productives, il n'est plus question de marchés publics mais plutôt
de production interne à l'organisation.
Au niveau du processus de la planification des marchés, il convient de s'intéresser également
aux fournisseurs potentiels et aux dynamiques existantes sur le marché, notamment lorsque
l'acheteur souhaite exercer un certain niveau d'influence ou de maitrise sur les décisions
concernant les prix et les contrats. Le marché est-il concurrentiel ou monopolistique? Il faut
aussi considérer à qui revient la responsabilité d'obtenir ou de conserver les permis et licences
professionnelles qui, selon le cas, peuvent être requis par la législation, les réglementations ou
la politique organisationnelle. Durant la planification, il faut aussi considérer de quelle façon,
un projet par exemple sera divisé en marchés. L'approche clé-en-main, c'est-à-dire de passer
un marché qui inclut la conception, la construction et la mise en opération peut être utilisée
ou encore l'approche multi-contrat où chacune des composantes du projet fera l'objet d'un
contrat spécifique.
L'échéancier général et annuel de l'organisation (ou du programme ou du projet) peut influencer
le processus de planification des marchés de manière significative. Dans l'autre sens, les
décisions prises dans l'élaboration du plan de passation des marchés peuvent aussi influencer
l'échéancier général annuel. Ces deux plans de travail sont habituellement préparés en
concomitance.
De plus, le processus de planification des marchés comprend parfois l'analyse coûts-avantages

r ,4 :
L...... j/
entre produire, acheter ou utiliser le mode du Partenariat-Public-Privé (PPP). Le processus peut
aussi comprendre une revue des risques encourus pour chaque décision entre produire, acheter
ou utiliser le PPP; il comprend également la revue du type de contrat prévu dans le but d'atténuer
les risques et de les transférer au fournisseur ainsi que l'identification de la méthode qui sera
utilisée pour passer le marché.

2 La préparation des dossiers d'appel d'offres et des contrats


Le processus de la préparation des dossiers d' appel d'offres et des contrats comme son nom
l'indique consiste en la préparation des documents nécessaires au soutien des processus de la
sollicitation des offres ou des propositions des fournisseurs et de la sélection des fournisseurs.
Pour les marchés de grande envergure, les administrations utilisent généralement des dossiers
types d'appel d'offres afin de standardiser et de faciliter la rédaction des documents de
sollicitation. Les documents d'appels comprennent habituellement une section présentant les
instructions aux soumissionnaires qui permet à ces derniers d'obtenir l'ensemble des
informations utiles et nécessaires pour préparer leurs soumissions. Cette section comporte aussi
des renseignements sur la soumission, l'ouverture des plis et l'évaluation des offres, et sur
l'adjudication des marchés. Les critères d'évaluation des offres et de qualification des
soumissionnaires complètent habituellement ces instructions. L'appel d'offres met en
concurrence des fournisseurs, c'est une compétition, et les documents d'appel d'offres
présentent les règles du jeu, les règles qui seront suivies pour arbitrer la compétition.
Les documents comportent aussi un contrat (ou des clauses contractuelles) que le
soumissionnaire gagnant devra signer ou négocier au cas échéant. Le contrat comporte une
notion de partage des risques entre l'acheteur et le fournisseur, par conséquent cette notion de
partage des risques influence et affecte les soumissionnaires lorsqu'ils préparent et développent
le contenu des offres.
Les documents d'appel d'offres comportent souvent des formulaires que les soumissionnaires
utilisent pour préparer leurs offres. Du point de vue de l'acheteur public, l'utilisation de ces
formulaires facilitent l'examen et l'évaluation des différentes offres étant donné que chaque
offre est présentée dans un format unique.
Les documents comprennent obligatoirement une description du besoin de l'acheteur qui est en
fait une description technique de l'objet du marché. Il peut s'agir de spécifications techniques,
de termes de références, de cahier des charges, de plans et devis, etc. L'Essentiel est que l'objet
du marché soit défini de façon à ce que les soumissionnaires puissent préparer une offre qui est
en adéquation avec les besoins de l'acheteur.

3 Sollicitation des offres ou des propositions des fournisseurs


Le processus de sollicitation des offres ou des propositions des fournisseurs est destiné à obtenir
des réponses, telles que les offres et les propositions des fournisseurs éventuels, sur la manière
de satisfaire les exigences du projet de marché. Les fournisseurs éventuels effectuent la majeure
partie de l'effort, c'est-è-dire du travail dans ce processus, normalement sans que l'acheteur
public en supporte le coût direct.
Ce processus comprend la publication des avis d'appel d'offres (ou des demandes de
manifestation d'intérêt et autres invitations), la vente ou la distribution des dossiers d'appel
d'offres, la mise à jour du registre de fournisseurs intéressés au(x) marché(s), la réception des
plis et leur entreposage en lieu sûr. Durant ce processus, l'acheteur répond aussi à des demandes
d'éclaircissement sur les documents de l'appel d'offre et informe les soumissionnaires
intéressés des changements apportés aux documents.

4 Choisir les fournisseurs (prestataires, entrepreneurs, consultants, etc.)

Le processus Choisir les fournisseurs consiste à recevoir les propositions ou les offres et à les
examiner en fonction des critères de qualification et d'évaluation applicables, afin de choisir un
ou plusieurs candidats qui soient à la fois qualifiés et acceptables en tant que fournisseurs. De
nombreux facteurs peuvent être évalués dans le processus de décision du choix des fournisseurs
qui exécuteront le ou les marchés, les plus fréquents sont :

• Le prix ou le coût peut être le facteur principal et déterminant pour un article


immédiatement disponible par exemple ;
• les qualifications et les capacités du fournisseur ou du prestataire de services ;

• la qualité technique des services à fournir ;

• etc.
Les soumissions sont souvent divisées en une section technique (approche et méthodologie) et
une section commerciale (prix), chacune étant évaluée séparément. Parfois pour les projets de
grande envergure, une section concernant « le management » est aussi exigée dans le cadre de
l'offre et doit être évaluée.
Des sources multiples d'approvisionnement peuvent parfois être exigées pour les produits, les

1 7fi :
L...... .rt
services et les résultats critiques afin d'atténuer les risques qui peuvent être associées à
contracter avec un seul et unique fournisseur qui serait de facto en situation de monopole
temporaire. Les coûts de transactions potentiellement plus élevés du recours à plusieurs
fournisseurs, y compris la perte de remises possibles et d'économie d'échelle pour des achats
en quantité, est pris en considération, ainsi que les problèmes de remplacement et de service
après-vente.
L'utilisation d'outils et techniques d'aide à la décision employés séparément ou en combinaison
pour choisir les fournisseurs est une bonne pratique. Par exemple, un système de filtrage peut
être utilisé, les offres ne répondant pas à un critère minimal important sont disqualifiées et
ceux y répondant sont dites qualifiées. Il est aussi possible d'utiliser un système de pondération
avec des grilles d'évaluation pour classer les offres grâce à un système de pointage. L'acheteur
public peut aussi contracter une évaluation indépendante des offres qui l'aidera à prendre la
bonne décision. À noter, que ces systèmes de filtrage ou de pointage doivent être indiqués au
préalable dans le dossier d' appel d'offres. Le résultat de ce processus est la sélection d'un
fournisseur unique auquel on demandera de signer un contrat. Le résultat de ce processus peut
aussi prendre la forme d'un classement organisé en fonction des notes d'évaluation pondérées
et attribuées à chacune des offres qui servira à démarrer les négociations.

Les fournisseurs choisis sont donc ceux qui ont été jugés être dans une fourchette compétitive
d'après le résultat de l'évaluation des offres ou des propositions, et qui ont négocié ou qui ont
reçu un projet de contrat qui deviendra le contrat réel à l'issue de la décision d' attribution.
Le contrat peut se présenter sous la forme d'un document complexe ou d'un simple bon de
commande. Indépendamment de la complexité du document, un contrat est un accord juridique
mutuel qui oblige le vendeur à fournir les produits, services ou résultats spécifiés, et oblige
l'acheteur à en payer le prix au vendeur. Un contrat établit une relation légale et peut être
porté devant les tribunaux.
Après la mise en concurrence, le marché public est attribué au soumissionnaire qui a présenté
l'offre économiquement la plus avantageuse sur la base des critères définis par l'acheteur dès le
début de la procédure.

► Notification du marché au candidat retenu ?

a) Information du candidat retenu


L'acheteur informe l'opérateur économique retenu. Cependant, à ce stade, le marché n'est pas
encore notifié.

b) Attestations du candidat retenu


Avant l'attribution définitive du marché, l'attributaire pressenti doit fournir les attestations qui
justifient qu'il n'est pas dans un cas d'interdiction de soumissionner à un marché public (les
attestations fiscales et sociales par exemple). Ce n'est qu'après avoir reçu les pièces, et les avoir
vérifiées, que l'acheteur informera les autres soumissionnaires du rejet de leurs offres.
c) Signature du contrat
C'est à ce stade de la procédure que l'acheteur formalise le marché ou l'accord-cadre conclu.
Dans ce cas, il peut utiliser le modèle d'acte d'engagement proposé par le ministère de
l'économie, l'ATTRl , qu'il transmet au titulaire pressenti qui doit le signer. Ce document, pièce
principale du marché public, permet d'identifier les parties liées par le marché et de connaître
les engagements réciproques du titulaire du marché et de l'acheteur.
Cependant, pour les marchés passés selon une procédure formalisée, l'acheteur doit attendre au
moins 11 jours à partir de la date d'envoi des informations de rejet aux autres soumissionnaires
pour signer le marché (16 jours si l'information a été transmise par courrier papier).
Il peut ensuite signer le marché et le notifier au titulaire, c'est-à-dire lui communiquer une copie
des pièces contractuelles (acte d'engagement, par exemple).
La date à retenir pour la notification du marché est celle de la réception des pièces par le
prestataire.
En cas de différend dans l'exécution d'un marché, l'acheteur et le titulaire du marché peuvent
recourir:
au médiateur des entreprises,
à un comité consultatif de règlement amiable des différends ou litiges relatifs aux marchés
publics.

5 Administration du contrat
Les acheteurs et les fournisseurs administrent le contrat pour des raisons similaires. Chacune
des parties s'assurent qu'elle-même et que l'autre partie exécutent le marché en respectant leurs
obligations contractuelles et vérifient que leurs propres droits sont protégés. Le processus
Administration du contrat permet de s'assurer que la performance du fournisseur respecte les
exigences contractuelles et que l'acheteur agit conformément aux termes de contrat. Pour les
projets de grande envergure comprenant de nombreux fournisseurs de produits, services et
résultats, le management des interfaces entre les divers fournisseurs constitue un aspect
principal de l'administration du contrat.
La nature juridique des relations contractuelles impose que l'équipe de management du projet
(un marché étant un projet) soit profondément consciente des implications techniques,
juridiques et financières des actions entreprises. En raison des considérations d'ordre juridique,
beaucoup d'organisations traitent l'administration du contrat comme une fonction
administrative distincte de l'organisation de projet. Cependant, les volets financiers et
techniques du contrat imposent de facto un travail d'équipe entre spécialistes technique,
financier et juridique qui sont habituellement regroupés au sein d'une équipe de projet.

L'administration du contrat comprend aussi l'application des techniques et des outils de gestion
de projet appropriés aux relations contractuelles. Cette intégration se produit souvent à plusieurs
niveaux lorsque de multiples fournisseurs entrent en jeu pour la réalisation de biens, de services
ou de résultats multiples et complémentaires qui doivent être coordonnés dans un ensemble plus
large au niveau d'un projet. Les processus de management de projet qui sont appliqués dans la
gestion des contrats comprennent entre autres :
Le processus Diriger et piloter l'exécution du projet afin d'autoriser le travail des
entrepreneurs, fournisseurs et prestataires au moment opportun;
Le processus Etablissement du rapport d'avancement pour surveiller les performances de
coût, d'échéancier et la performance technique de l'entrepreneur,
Le processus Mettre en œuvre le contrôle qualité pour inspecter et vérifier la conformité
des biens, services et ouvrages produits et livrés
Le processus Maitrise intégrée des modifications pour s'assurer que les modifications sont
correctement approuvées et que toutes les personnes qui doivent en être informées le sont
bien
Le processus Surveillance et maîtrise des risques pour s'assurer que les risques sont atténués
L'administration du contrat comporte également une composante de gestion financière qui
implique la surveillance des paiements au fournisseur. La gestion financière doit garantir que
les conditions de paiement définies dans le contrat soient respectées et que le paiement du
fournisseur soit lié au progrès réalisé conformément aux clauses du contrat et que les
paiements soient versés selon le calendrier prévu.
r····
1 ,q
l ___ ___
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Le processus Administration du contrat permet de passer en revue et de documenter le niveau
de performance passé et présent du fournisseur par rapport au contrat et aux actions correctives
définies (amendements, avenants, etc.). La performance est également documentée pour servir
de base aux relations futures avec le fournisseur. L'évaluation de la performance du fournisseur
effectuée par l'acheteur sert principalement à confirmer ses capacités et compétences (ou à les
infirmer). L'évaluation positive de l'exécution d'un contrat aidera le fournisseur à se qualifier
pour participer à de nouveaux appels d'offres. Des évaluations similaires sont aussi effectuées
lorsqu'il est nécessaire de confirmer qu'un fournisseur ne respecte pas ses obligations
contractuelles et que l'acheteur envisage des actions correctives qui peuvent aller jusqu'à la
résiliation du contrat. L'administration du contrat comprend donc le management de toute
résiliation anticipée du travail réalisé (si cette résiliation est motivée, par commodité ou pour
inexécution) en accord avec les termes de résiliation inscrit au contrat.
Avant leur clôture, les contrats peuvent faire l'objet d'amendements à tout moment par
consentement mutuel, conformément aux clauses de maîtrise des modifications du contrat. De
tels amendements sont souvent utilisés au niveau des pratiques de corruption et peuvent parfois
ne pas présenter des avantages équitables pour le fournisseur et l'acheteur ; dans le cadre• de
marchés publics les amendements et avenants sont dont à gérer avec doigté.
Les principales tâches à gérer au niveau de l'administration de contrat sont la revue de la
performance du ou des fournisseurs, l'inspection et la réception provisoire et finale des produits
ou ouvrages, l'établissement ou l'approbation de rapports d'avancement, la gestion financière
(trésorerie et paiement), la gestion des réclamations et des litiges, l'enregistrement des contrats,
l'archivage de la documentation, etc.

6. Clôture du contrat
Le processus Clôture du contrat implique que tout le travail et tous les livrables ont été acceptés
et réceptionnés. Le processus Clôture du contrat comporte des activités administratives, telles
que la mise à jour des enregistrements pour refléter les résultats finaux et l'archivage de ces
informations pour un usage filture et pour faciliter le travail des auditeurs. Dans les projets, il
se peut qu'une clause d'un contrat s'applique seulement à une phase donnée du projet. En pareil
cas le processus Clôture du contrat clôt le ou les contrats applicables liés à la fin de la phase du
projet en question. Les réclamations non résolues peuvent faire l'objet de litiges après la clôture
du contrat.
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1 :in , /
L.............. '··
La résiliation prématurée d'un contrat est un cas particulier de clôture de contrat. La résiliation
peut provenir d'un accord mutuel entre les parties ou d'un manquement de l'une des parties
contractantes. Les droits et les responsabilités des parties en cas de réalisation prématurée sont
stipulés dans une clause de résiliation du contrat. En fonction de ces termes et conditions du
contrat, l'acheteur peut avoir à tout moment le droit de résilier le contrat entier ou d'en résilier
qu'une partie si cette résiliation est motivée est justifiée par accommodement. Toujours selon
les termes et conditions du contrat, l'acheteur peut devoir indemniser le fournisseur pour son
travail préparatoire et pour tout travail achevé et accepté relatif à la partie résiliée du contrat.
En conclusion le management des marchés publics se compose essentiellement des six
processus présentés ci- dessus qui, dépendamment de la taille et de la nature du marché,
varieront en complexité. Néanmoins que le marché soit de petite taille ou de grande taille, la
bonne pratique est de le planifier, de préparer des documents de sollicitation, d'inviter les
fournisseurs à soumettre des offres, d'évaluer les offres, de choisir les fournisseurs, de signer,
administrer et clôturer le contrat.
Ces différents processus du domaine de connaissance du management des marchés publics et
de la gestion de projet seront approfondis et exposés en détails ultérieurement.

E) Qu'est-ce que l'audit des marchés publics?

L'audit est l'examen professionnel qui consiste en une expertise par un agent compétent et
impartial aboutissant à un jugement sur les états financiers, le contrôle interne, l'organisation,
la procédure, ou une opération quelconque d'une entité.

L'audit constitue un outil d'amélioration continue, car il permet de faire le point sur l'existant,
produire un état des lieux afin d'en dégager les points faibles et/ou non conformes (suivant les
référentiels d'audit). Ce constat, nécessairement formalisé sous forme de rapport écrit permet
de mener par la suite les actions adéquates en vue de corriger les écarts et dysfonctionnements
constatés. 5
Lorsque qu'il est question de l'audit des marchés publics, il s'agit de contrôler :
• la fonction de passation des marchés,

5 Wikipedia - http://fr.wikipedia .org/wiki/Audit

r--····--·········· .
1 ,1 :
L_.........Y'
• la préparation de la passation des marchés,
• la procédure de passation des marchés,
• la publicité et la notification,
• les procédures d'attribution,
• les travaux ou livraison complémentaire 6.
Auditer la fonction de passation des marchés signifie se demander si : Les procédures de
passation de marchés sont-elles dûment organisées et documentées ? Des modalités de
financement adéquates ont-elles été adoptées? Des systèmes de contrôle interne ont-ils été mis
en place? Le déroulement de la passation de marchés fait-il l'objet d'un suivi approprié et est-
il dûment documenté ?

Auditer la préparation de la passation des marchés se résume à chercher à savoir quelle était
la réglementation relative à la passation de marchés applicable ? L'autorité publique a-t-elle
calculé la valeur du marché (le budget) de manière précise ? La description de l'exécution du
marché correspond-elle aux besoins et aux obligations légales ? Le dossier d'appel d'offres
était-il complet, transparent et non discriminatoire? La soumission de variantes a-t-elle été
acceptée et dûment gérée? Le cas échéant, l'autorité publique a-t-elle dirigé de manière
adéquate les experts chargés de l'assister dans la procédure de passation de marchés ?

Lorsqu'un marché est préparé, une procédure de passation des marchés s'applique, l'audit des
marchés publics doit contrôler la mise en œuvre de cette procédure: L'autorité publique a-t-
elle choisi une procédure de passation de marchés appropriée et recevable ? La procédure
choisie a-t-elle assuré le respect des principes de concurrence loyale, de transparence et
d'économie et d'efficacité?

Pour solliciter des offres, l'acheteur public doit non seulement faire la publicité mais il doit
aussi annoncer les résultats d'un appel d'offres, lorsque conclu, et notifier les soumissionnaires
concernés des résultats de la compétition, de la conclusion du marché. Auditer le marché signifie
donc de contrôler cette fonction publicité et notification en se posant les questions suivantes :

6 Comité desd'nstitutions supérie1Jre~ de contrôle {ISC) de l'Union Européenne : Listes de vérification à utiliser dans le cadre des audits
financiers et e conformité relatits à la passation de marchés publics
L'autorité publique a-t-elle notifié les procédures de passation de marchés et les résultats
conformément aux règlements et directives applicables? L'égalité d'accès, en temps utile, aux
documents et aux informations relatives au marché a-t-elle été assurée pour tous les
candidats? Le cas échéant, la confidentialité était-elle assurée ?
Un autre aspect sujet au contrôle est la procédure d'attribution. L'acheteur public utilise une
méthode pour passer un marché tels que l'appel d'offre international ; la consultation de
fournisseurs, le gré- à- gré, etc. L'auditeur des marchés cherchent à vérifier si un examen formel
des offres reçues a bien été effectué ? L'aptitude des candidats a-t-elle fait l'objet d'une
évaluation précise? Les documents reçus ont-ils fait l'objet d'un examen avant l'évaluation
des offres afin de déterminer s'ils étaient complets et répondaient aux conditions énoncées ?
Les offres ont-elles été correctement évaluées? Le résultat du processus d'attribution a- t-il été
correctement obtenu et communiqué?
L'audit des marchés s'est aussi contrôlé de quelle façon le marché a été exécuté. L'auditeur
contrôlera en particulier les travaux ou livraisons complémentaires ou additionnels qui
n'étaient pas prévus initialement au contrat et cherchera à savoir si ces derniers auraient biaisé
la décision d'attribution et aurait nécessité la mise en place d'une nouvelle procédure de
passation des marchés.
La passation de marchés est un domaine d'activités exposé aux risques de fraude et de
corruption, et peut conduire à une utilisation abusive et mauvaise des deniers publics. En ce
sens, l'audit des marchés publics permet ultimement d'assurer que la fonction de passation de
marchés au sein d'une organisation publique soit solide et qu'elle garantisse la satisfaction des
besoins du secteur public et des citoyens de manière efficace et efficience au travers de la
concurrence ouverte et équitable organisée en toute transparence.

F) La régulation des marchés publics ?


L'utilisation du terme régulation dans le domaine des marchés publics est une importation de
l'anglais américain. En fait, l'expression régulation est un anglicisme et un faux-ami, qui en
français se traduit officiellement par règlementation. L'expression régulation a été
popularisée ces dernières années au travers de projets financés par la Banque mondiale au
niveau des pays francophones de l'Afrique Sub-Saharienne. Plusieurs pays ont adopté un
modèle de réglementation des marchés publics se basant sur une Autorité de Régulation des
Marchés Publics (ARMP) garante de la mise en œuvre et de l'application de règlementation
,.,

dans le domaine des marchés publics.


Le terme régulation, tel qu'utilisé en pratique et lorsque traduit par règlementation en français,
ne permet pas une exacte transposition du concept et de l'idée de régulation telle que comprise
en anglais américain. Par l'absence de traduction parfaite, régulation est donc couramment
confondue avec la notion de réglementation. Les deux termes partagent certaines similarités
sans pour autant prendre les mêmes formes et sans chercher à atteindre les mêmes finalités.
Le thème régulation prend ses origines au niveau de la théorie des systèmes (approches
systémique et cybernétique) et désigne à l'origine le maintien (ou le rétablissement) d'un
équilibre au sein d'un système. L'utilisation de ce terme s'est propagée aux domaines de
l'économie-politique (régulation des cycles économiques) puis à celui du droit. La régulation,
en tant que concept, est plus vaste que la règlementation car elle englobe les notions de
règlementation, de politique publique, de système et de surveillance du système par des
opérateurs de l'État tels que les juges ou les organismes régulateurs chargés de la surveillance
et du contrôle du système. Les organismes régulateurs ont donc pour objectif de garantir que le
système demeure en équilibre ou encore de le rétablir lorsque celui-ci est perdu. Réguler
signifie donc faire fonctionner correctement et en équilibre un système complexe.
En ce sens, l'autorité de régulation des marchés publics a pour objectifs de faire fonctionner
correctement le système des marchés publics au niveau d'un pays, du point de vue des
domaines juridique, économique et managérial, et de plus en plus en y intégrant aussi le
domaine du développement durable.
À titre d'exemple et du point de vue juridique, le régulateur des marchés publics aura comme
mandat d'identifier les faiblesses du système des marchés publics et de proposer, sous forme
d'avis, des recommandations ou des décisions, des mesures législatives ou réglementaires, de
nature à améliorer le système.
Du point de vue économique, le régulateur aura comme mandat de collecter et analyser les
données relatives aux aspects économiques des achats publics. Identifier des situations de
cartels, comparer les prix obtenus avec ceux existant sur le marché, collecter des informations
sur les contrats passés sans concurrence, comparer les performances économiques au niveau
des achats des différentes institutions publiques, etc.
L'autorité produira des rapports au Ministre chargé des marchés publics sur les aspects
économiques du système pour analyse et décision.
Dans un tel système, le régulateur des marchés publics ne peut pas logiquement être également
acheteur public, il serait juge et partie. Cependant le régulateur doit s'assurer que les Ministères,
Agences Publics, et autres institutions publiques soumises au système, possèdent les capacités
managériales pour effectuer leur travail et pour gérer la commande publique. Le régulateur du
système des marchés publics définira par exemple des politiques et des stratégies de formation
ciblant le renforcement des fonctionnaires responsables de la passation des marchés pour
s'assurer que ces derniers aient les connaissances, les outils et les capacités pour bien passer
les marchés et suivre leur exécution.
Récemment, les concepts du développement durable ont été incorporés au domaine des
marchés publics. Le régulateur des marchés publics doit en ce sens s'assurer que les aspects
sociaux, économiques et environnementaux soient pris en considération dans la commande
publique. Il pourra par exemple développer une stratégie d'achats « verts », proposer des
changements législatifs pour encourager ces achats, etc.
Au niveau du sens choisi, dans le cas présent pour l'expression« régulation», il faut noter que
l'autorité de régulation ne fait que réguler, elle ne règlemente pas. Elle conseille, informe et
propose aux acteurs politiques et législatifs des améliorations à la règlementation. L' autorité
de régulation, dans le sens présent et basé sur l'expérience des ARMP à la responsabilité de
surveiller et de contrôler le système pour s'assurer qu'il fonctionne bien et qu'il demeure en
équilibre.
LA GOUVERNANCE CONTEXTUALISEE AU DOMAINE DES MARCHES
PUBLIQUES

A) Qu'est-ce que la bonne gouvernance?

En général, la gouvernance peut être définie comme« l'action de gouverner» c'est à dire le
processus et les pratiques à travers lesquels les fonctions de l'État sont exécutées. Selon le
FMI, « la gouvernance est une vaste notion qui englobe tous les aspects de la gestion des
affaires d'un pays, notamment la politique économique, le cadre réglementaire et l'État de
droit ». 7

En revanche, la bonne gouvernance n'est pas simplement l'action de gouverner, mais bien
un mécanisme complexe qui s'intéresse à la manière de gouverner dans un contexte social,
politique et économique moderne. À l'an 2000, au niveau de l' Accord de Cotonou, la
8
Communauté Européenne et les pays ACP (Asie, Pacifique et Caraïbe) ont défini la bonne
gouvernance comme « la gestion transparente et responsable des ressources humaines,
naturelles, économiques et financières du pays en vue du développement équitable et durable.
Elle implique des procédures de prise de décision claires au niveau des pouvoirs publics, des
institutions transparentes et soumises à l'obligation de rendre compte, la primauté du droit
dans la gestion et la répartition des ressources, et le renforcement des capacités pour
l'élaboration et la mise en œuvre de mesures visant en particulier la prévention et la lutte
9
contre la corruption».

Comme le souligne aussi le FIDA 10, la bonne gouvernance est fondamentale pour prévenir la
corruption et pour lutter contre les abus de pouvoir en considérant les points de vue de tous
les groupes compris ceux des groupes sous-représentés dans les cercles du pouvoir ou
opprimés, notamment les femmes, les jeunes et les pauvres, qui doivent être entendus et pris
en compte par les instances dirigeantes parce que ce sont eux qui souffriront le plus en
Il est souvent question de bonne gouvernance lorsque la thématique des marchés publics est

7
FMI (2012)- Fiche technique « Le FMI et la Bonne Gouvernance"
8
http:ljwww .i mf .org/external/np/exr/facts/fre/govf .htm http://www. acp. int/f
9 Commission Européenne Pour La Démocratie Par Le Droit (2011) « Bilan sur Les Nations De« Bonne Gouvernance" et de« Bonne
Administration" Etude no 470 / 2008 - pp. 7 - (Article 9(3) de l'Accord de partenariat entre les membres du Groupe des Etats d'Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique, d'une part, et la Communauté européenne et ses Etats membres, d' autre part)

lO Fonds International pour le Développement Agricole(FIDA)


l'absence d'une bonne gouvernance. 11
énogçée. La gestion des interfaces entre le secteur public et privé (entre les budgets de l'État,
les décaissements et les paiements versés aux entreprises privées ; entre la réalisation
d'ouvrages, la prestation de services, la fourniture de biens par le privé et soumises à
l'acception par l' entité publique) expose le management des marchés publics à des risques de
corruption, de fraude et de collusion. Par conséquent, si les marchés publics sont bien
gouvernés, juridiquement encadrés et gérés, ils peuvent devenir l'un des piliers pour lutter
contre les problèmes de corruption et ainsi soutenir la bonne gouvernance aux niveaux des
décisions en matière de marchés publics.

La gestion des marchés publics, exécutée à l' intérieur d'un système légal et réglementaire
adéquat, permet de soutenir concrètement les sept principes fondamentaux caractéristiques de
la bonne gouvernance qui sont la reddition de compte : la transparence, la réceptivité, la
prospective, la primauté du droit, l'efficience et l'efficacité. Sept principes de base sur
lesquels la saine gestion des affaires d'un État, la bonne gouvernance, se construit.

B) les principes fondamentaux caractéristiques de la bonne gouvernance?

On peut distinguer sept principes fondamentaux qui caractérisent la bonne gouvernance ;

• L'obligation de rendre compte


• La Transparence
• L'efficience et l'efficacité
• La réceptivité ou réactivité
• La prospective

• La primauté du droit
• La participation

r ··········•······•·,
11
1 -n '
IFAD, http://www.ifad.org/operations/finance/french/governance.htm
L ..._r/
1.L'obligation de rendre compte 12 : Les administrations publiques doivent prendre
l'engagement et être en mesure de montrer en quoi leur action et les décisions qu'elles
prennent sont conformes aux objectifs précis et clairement énoncés.
Dans un contexte où le cadre juridique de l'Administration Publique et la régulation des
marchés publics le prévoit, l'obligation de rendre compte fait partie intégrante du système, de
ses règlements, de ses procédures et de ses processus administratifs encadrant les activités de
passation des marchés. Ce cadre juridique et administratif a pour conséquence de commander
à l'acheteur public de rendre compte de ses décisions et du résultat de ces dernières.
En guise d'illustration, dans le cadre des projets financés par les Institutions Financières
Internationales (IFI) tels que ceux financés par la Banque mondiale et la Banque Africaine de
Développement, l'Unité de Gestion de Projet (UGP) doit rendre compte de décisions
importantes relatives à la passation de marchés. Par exemple, UGP devra, avant de publier un
dossier d'appel d'offres (DAO) pour la réalisation d'un ouvrage important de génie civil,
rendre compte à la Banque en lui communiquant le DAO et son contenu. Si cette dernière
confirme que le DAO est constitué et rédigé en concordance avec les directives prévues, elle
donnera son feu vert par l'émission d'un« avis de non-objection ». Une fois cet avis reçu,
l'UGP pourra ensuite rendre le DAO public afin de solliciter des offres. Lorsque l'UGP aura
décidé d'attribuer le marché à l'un des soumissionnaires ayant proposé l'offre la plus
avantageuse, elle devra là-aussi rendre compte et justifier cette décision auprès de la Banque
afin d'obtenir un autre« avis de non objection», avant d'entreprendre la signature du contrat
avec ledit soumissionnaire. Finalement, au moment où le processus d'attribution du contrat
sera enclenché, l'UGP devra informer les autres soumissionnaires non retenus de leur rang en
rapport avec les autres soumissionnaires et du score qu'ils ont obtenu. Ces résultats seront
publiés ensuite via des médias ouverts et accessibles afin de rendre compte à la population en
générale de la décision d'avoir passé ce marché auprès du soumissionnaire gagnant.
L'acheteur public (UGP) dans cet exemple, rend des comptes sur ses décisions à la Banque,
aux soumissionnaires participants à l'appel d'offres et à la population en général.
La reddition de compte s ' exerce aussi au niveau de l'Administration Publique. Au niveau de

l'Administration Fédérale au Canada l'acheteur public doit par exemple rendre compte au

12 Les définitions sont extraites des documents suivants : AOMF {2007), « Les Médiateurs, Acteurs de la Banne Gouvernance», Etude

réalisée par M. Gérard FELLOUS, Expert, pour l'Association des Ombudsmans et Médiateurs de la Francophonie (AOMF) et Commission
Européenne Pour La Démocratie Par Le Droit {2011) « Bilan sur Les Notions De« Bonne Gouvernance» et de« Bonne Administration» Etude
no 470 / 2008- pp. 11
Secrétariat du Conseil du Trésor des cas où un dirigeant d'une administration dérogerait à la
règlementation des marchés publics. Par exemple lorsqu'un dirigeant de l'administration :13

• Conclut un contrat de nature confidentielle


• Conclut un contrat pour lequel un appel d'offres public ne servirait pas l'intérêt public
(gré-à-gré)
• Modifie un contrat qui occasionne une dépense supplémentaire supérieure à 10 % du
montant initialement prévu au contrat
• Conclut un contrat (ou un sous contrat) avec une entreprise inadmissible, etc.
Dans les cas ci-dessus mentionnés, le dirigeant canadien devra compléter des formulaires afin
de faire autoriser la dérogation par le Secrétariat du Conseil du Trésor (Régulateur). Le
Secrétariat devra ensuite rendre compte de l'ensemble des cas de dérogation au Parlement
(gouvernement et opposition) et à chaque trimestre lors du dépôt du rapport des comptes
publics.
L'audit périodique interne et externe des marchés publics et le travail de la Cour des comptes
(ou du vérificateur général) sont aussi des mécanismes qui soutiennent le principe de
l'obligation de rendre compte.
En bref, un système « de bonne gouvernance » qui intègre le principe fondamental de
l'obligation de reddition de compte incorporera une série de mécanismes et de mesures pour
s'assurer que le décideur et responsable des marchés publics ait l'obligation de démontrer que
les décisions prises l'ont été dans l'intérêt public et en conformité avec la règlementation.

2. La transparence : La transparence implique que les décisions sont prises et exécutées


conformément aux réglementations. Elle exige aussi que l'information sur les décisions
soit librement et directement accessible aux personnes qui seront affectées par leur mise
en œuvre. Elle exige enfin qu'une information suffisante soit fournie et qu'elle le soit selon
des formes et des moyens facilement compréhensibles Cet impératif de transparence fait
partie de la lutte contre la corruption.
La crise de la dette publique, la rareté des fonds, l'austérité et la perte de confiance dans les

f ,iq ;
13 Directive concernant la reddition de comptes, en gestion contractuelle des organismes publics, Loi sur les contrats des organismes L.__ [,?'"
publics (chapitre C-65 .1, a . 26)
institutions publiques ont récemment accru les exigences règlementaires et financières et les
revendications pour plus de transparence. Outre la pression contextuelle due à la situation
économique mondiale et au contexte politique actuel, l'évolution du contexte technologique
mondial et la dématérialisation des systèmes de gestion et des processus d'affaires de
l'Administration Publique ont permis de rendre l'information plus accessible aux citoyens
qu'auparavant. Ces derniers changements ont ainsi généré de nouvelles réalités et exigences en
ce qui concerne la transparence dans la prise de décision publique en général et dans la
commande publique en particulier. La passation des marchés publics, en tant que processus
administratif de prise de décision publique et canal financier principal de la dépense publique,
se retrouve exposée à des pressions accrues de transparence.
En ce qui concerne les achats publics, la transparence est mise de l'avant à travers une série de
pratiques. Plusieurs systèmes et cadres juridiques des marchés publics existants incorporent
des éléments pour renforcer la transparence, au niveau de ces systèmes les entités publiques
doivent par exemple :

• Publier à l'avance les plans de passation des marchés. L'acheteur annonce publiquement
ce qu'il compte se procurer au courant de la prochaine période.
Publier ouvertement au travers des journaux les avis d'appel d'offres, de passation des
marchés, de demande de manifestation d'intérêt, etc. Utiliser les médias ouverts et
accessibles permet de rejoindre plus facilement les soumissionnaires potentiels. Ces
avis sont les moyens par lesquels l'acheteur informe le secteur privé de son besoin. La
publication des avis d'appel d'offres doit permettre le libre accès à la commande
publique de l'ensemble des opérateurs économiques intéressés et éligibles et doit
garantir une véritable mise en concurrence. La publicité devrait être faite sans retard, le
plus largement possible et de la façon la plus transparente possible.
• Publier d'avance et avec précision les conditions d'éligibilité pour participer à l'appel
d'offres, les critères de sélection et d'attribution des contrats publics.
• Procéder à une ouverture publique des offres reçues (en présence des soumissionnaires)
et annoncer les prix en publics (pour les marchés qui permettent une telle procédure)
• Informer les soumissionnaires des résultats de l'appel d'offre et publier les résultats et
l'information concernant les contrats signés,

En résumé, mettre en œuvre la transparence au niveau d'un appel d'offres consiste à informer
le public en général et les soumissionnaires éligibles à propos du processus de passation de
marchés et à communiquer ultimement la décision d'attribution au public.
Les nouvelles technologies peuvent aussi jouer un rôle important dans la promotion de la
transparence. La multiplication des sites Web et la mise en place de systèmes d'achats
électroniques facilitent la mise en place de systèmes transparents à un moindre coût. De plus,
la mise en place d'un système électronique de marchés publics réduit par exemple l'interaction
humaine et, par conséquent, les opportunités de corruption et de collusion.

3. L'efficience et l'efficacité : La bonne gouvernance exige que les processus et les


institutions assurent l'obtention de résultats qui répondent aux besoins de la société en
utilisant de la meilleure manière possible les ressources disponibles. Le concept
d'efficience, en lien avec la bonne gouvernance, inclut également l'utilisation durable des
ressources naturelles et la protection de l'environnement.

L'efficience et d'efficacité dans la passation des marchés publics se réalisent à travers la mise
en place de procédures qui ont pour objectif d'optimiser les économies en cherchant l'obtention
des meilleurs prix par rapport à la qualité demandée. L'efficience et l'efficacité sous-entendent
aussi de maintenir la bureaucratie au niveau minimum nécessaire pour garantir l'équité et la
transparence des processus de passation de marché sans pour autant surcharger inutilement le
personnel de l'administration de tâches bureaucratiques.
L'objectif visé, en considérant l'efficience et l'efficacité, peut être défini comme la recherche
de la garantie que l'acheteur public se procure l'objet répondant aux besoins avec le juste
niveau de qualité, de prix, la bonne quantité et que cet objet soit produit et livré à l'endroit
voulu et au moment voulu.
Normalement, dans les Administrations publiques l'on attribue les marchés publics selon le
principe de « L'offre économiquement la plus avantageuse ». Ce principe ne signifie pas que
l'Administration, pour être efficace et efficiente, doit attribuer le marché à l'offre la plus
économique (la moins chère). L'attribution à l'offre économique la plus avantageuse prend en
compte plusieurs critères qui n'incluent effectivement pas que le prix.
Néanmoins ces critères ne doivent pas être discriminatoires, c'est-à-dire qu'ils n'avantagent
pas un soumissionnaire directement et qu'ils doivent demeurer pertinents à l'objet du marché.
Normalement, il peut s'agir entre autres:
• du prix,
• de la qualité,
• des caractéristiques fonctionnelles, esthétiques et de performance intrinsèques à l'objet
du marché
• des caractéristiques extrinsèques relatives à l'impact sur l'environnement économique,
social et sur l'écosystème de l'objet du marché,
• des coûts d'utilisation, de transaction et d'entretien,
• de la qualité des services connexes tels que le service après-vente,
• du calendrier de livraison ou d'exécution, etc.

En ce qui concerne l'attribution de marchés, qui sont en fait des projets complets et intégrés,
l'analyse économique des coûts et des avantages tout au long du cycle de vie peut être utilisée
pour identifier l'offre la plus avantageuse. Le calcul des taux de rendement, l'analyse
économique coûts avantages, l'analyse économique coût efficacité, le calcul de la valeur
actuelle nette sont des méthodes qui peuvent aussi parfois être utilisées pour sélectionner l'offre
la plus avantageuse et pour attribuer un marché.
En ce qui concerne cette idée de réaliser la passati?n avec le juste niveau de bureaucratie, le
choix de la méthode de passation des marchés et de la procédure la mieux adaptée à la taille et
la nature du marché sont des éléments importants à considérer.
Si une Administration achète de façon récurrente un produit standard telles que les feuilles
blanches utilisées au quotidien par le personnel de bureau, il peut être plus efficient de lancer
un appel d'offres afin de conclure un accord cadre pluriannuel plutôt que de lancer
régulièrement des procédures d'achats singuliers et répétitifs pour se procurer les feuilles
lorsqu'elles viennent à manquer. Le choix de la méthode et procédure doit se faire en
considérant la taille d'un marché, serait-il efficace et efficient de lancer un appel d'offres
international pour acheter deux ordinateurs portables ? Les coûts de transaction encourus par
l'acheteur et les soumissionnaires participant à l'appel d'offres international dépasseront
largement les coûts mêmes de l'objet du marché, le coût de deux ordinateurs portables.
Efficience et efficacité sous-entend économie. Dans le cas ou plusieurs Ministères doivent par
exemple acheter un même bien, guidés par ce souci d'efficience et d'efficacité, ces Ministères
pourraient être tentés de conclure un accord de coopération entre leurs administrations
respectives qui leur permettraient de mettre en commun leurs ressources financière afin de
regrouper leurs achats du même bien au niveau d'un seul et unique marché. (Lancer un seul et
unique appel d'offres pour tous les ministères). Dans ce cas, la réduction du nombre d'appel

1
47
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L...... _J7
d'offres permettrait de réduire l'effort et les coûts de transactions encourus par les
administrations et les soumissionnaires (moins de bureaucratie) mais aussi permettrait aux
administrations de se procurer le bien en question à un prix unitaire moindre compte tenu des
économies d'échelle engendrées.
Le concept d'efficience et d'efficacité dans la passation de marchés publics peut plus
simplement se résumer par la formule suivante :
1. Se procurer la bonne quantité
2. Avec le bon niveau de qualité
3. Au juste prix
4. Au moment voulu
s. Livré au bon endroit et aux bonnes personnes

4. La réceptivité ou réactivité : La bonne gouvernance exige que les institutions et les


processus s'emploient à servir toutes les parties prenantes dans des délais raisonnables.
Les autorités publiques se dotent des moyens et de la flexibilité voulus pour répondre
rapidement à l'évolution de la société. Elles tiennent compte des attentes de la société
civile lorsque celles-ci reflètent l'intérêt général. Elles sont prêtes à procéder à un examen
critique du rôle de l'Etat ;
Les Administrations publiques en charge des marchés publics doivent être vigilantes ce qui
signifie qu'elles doivent être réceptives aux exigences de la population et aux évolutions du
contexte dans lequel elles s'insèrent et elles doivent, par rapport à ces exigences, être à la fois
réactive.
Lorsque les administrations préparent les programmes, projets, plans d'activités et budgets,
desquels découlent les plans d'approvisionnement (ou plans de passation de marchés), elles
doivent tenir compte du fait que les besoins de la population évoluent et que des transformations
contextuelles s'opèrent : prévoir, planifier et préparer afin d'être plusréactif.
Dans des secteurs d'activités dont la vie humaine dépend fortement tels que la santé publique,
l'eau, l'agriculture ou la gestion des catastrophes naturelles, pour ne nommer que ceux-là, les
autorités responsables doivent être préparées et prêtes à réagir rapidement au besoin. Les
acheteurs publics doivent planifier en conséquence afin de garantir la réactivité de l'État. Les
responsables du Ministère du Développement Rural et de l' Agriculture dans un pays tel que le
Niger auraient intérêt à prévoir un ensemble de mesures et de stocks pouvant être déployés
rapidement en cas d' invasion du criquet pèlerin. Dans le cas où le Ministère n'aurait pas
planifié les achats de pesticides, d'équipements d'arrosage, d'avions d'épandage, la formation
du personnel, etc., une réaction lente face à une invasion rapide du criquet pourrait facilement
mener à une crise alimentaire nationale. Un gouvernement responsable, guidé par cet objectif
de réactivité, planifiera un ensemble de mesures de mitigation de risques et se procurera les
fournitures, équipements et personnels afin de pouvoir agir au moment opportun dans le but de
protéger l'intérêt général et la sécurité des populations.
Les règlements des marchés publics bien conçus prévoient toujours en ce sens des clauses
d'exceptions afin de permettre aux autorités de réagir rapidement dans le cas où des populations
seraient en danger. Le meilleur exemple en ce sens, est la clause inscrite dans plusieurs
règlements des marchés publics qui permette de déroger à l'appel à la concurrence et d'utiliser
le gré-a-gré afin de contracter avec une entreprise directement e! rapidement en situation
d'urgence.
« Les marchés passés par entente directe sont passés sans appel à concurrence, et cette
méthode peut être justifiée dans les cas suivants .... Dans des circonstances exceptionnelles,
par exemple et sans y être limitées, en réponse à des catastrophes naturelles ou à des
situations d'urgence déclarées par ['Emprunteur et reconnues par la Banque ... »14

La réceptivité et la réactivité comprennent aussi la notion d'écoute; être à l'écoute de l'opinion


publique. L'administration doit, s'y confrontée par un changement durable de l'opinion
publique, avoir la capacité de remettre en questions ses politiques, ses programmes et ses
projets afin de les orienter sur les évolutions récentes de la société et sur les besoins réels et
actuels de la population. Les évolutions technologiques en sont un bel exemple. Ces évolutions
résultent dans des changements de paradigmes qui ont des répercussions sur les besoins de la
population qui changeront à leur tour. Le Ministère de !'Éducation pourrait par exemple
remettre en cause des programmes et des approches afin d'introduire les tablettes électroniques
dans les écoles primaires et utiliser la formation en ligne et à distance pour certaines activités
d'apprentissage. Les acheteurs publics doivent donc être prêts à changer des habitudes et à
explorer de nouvelles solutions répondant mieux aux évolutions récentes de la société. Ils
doivent constamment suivre les évolutions sur le marché et écouter les usagers, les bénéficiaires
et autres parties prenantes pour qui ils achètent.

5.La prospective les autorités publiques doivent être en mesure d'anticiper les

. 14 Emprunteurs de la Banque mondiale dans le cadre des Prêts de la BIRD et des Crédits et Dons de l'AID : janvier 2011 1 44 i
1_____ y
problèmes qui se poseront à partir de nouvelles données disponibles et compte tenu des
tendances observées. Elles doivent être également capables d'élaborer des politiques qui
tiennent compte de l'évolution des coûts et des changements prévisibles, tels que
démographiques, économiques, environnementaux ou sociaux ;
L'acheteur public, tout comme le régulateur des systèmes des marchés publics, doivent
s'assurer de la pertinence des décisions prises en fonction des facteurs évolutifs, des données
disponibles et des dernières tendances observées. De nombreux exemples existent pour illustrer
le phénomène de la planification « à courte vue » dans le domaine des marchés publics.
La réalisation d'éléphants blancs est un exemple de ce manque de prospective. Un éléphant
blanc est une réalisation habituellement de très grande envergure et prestigieuse mais qui
s'avère plus coûteuse que bénéfique, et dont l'exploitation ou l'entretien à long terme devient
un fardeau financier pour le trésor public. Le palais du peuple à Bucarest 15 ou encore le Stade
Olympique de Montréal 16 en sont des exemples.
Il peut arriver que le système des marchés publics au niveau d'un État, d'une organisation ou
encore d'un département dérive vers des zones de non droit et que l'équilibre soit perdu. Dans
ces cas les autorités concernées, dotées des moyens et outils nécessaires doivent travailler à
reprendre le contrôle afin de s'assurer que l'équilibre du système soit rétabli et que le droit
reprenne sa place.
Les audits externes, les vérifications et audits internes, le travail de la Cour des Comptes ou du
vérificateur général, des citoyens, des parties politiques, des policiers, du système judiciaire
sont tous à leur façon des fonctions servant à assurer que la législation est respectée, mise en
œuvre et que le droit prime. Les autorités préalablement nommées, chacune à leur façon,
servent donc de« garde-fou» pour garantir la primauté du droit.

Parfois, le système et le cadre juridique des marchés publics dans son ensemble peuvent être
mis hors service par des réseaux œuvrant de manière collusoire dont les membres ont infiltré
la sphère politique, du secteur privé, des acheteurs publics et des institutions publics de
régulation et de vérification servant de garde-fou. Dans un tel cas, le Parlement, les médias et
la population demeurent le dernier rempart pour garantir la primauté du droit. Cela signifie que

15
http:ljfr.wikipedia.org/wiki/Palais du Parlement (Bucarest)

16 Les Canadiens et leur système de gouvernement - Eugene A. Forsey - Publication de la Bibliothèque du Parlement, Canada -8ème

édition page 33
malgré la mise en place d'agences de régulation, la réalisation de mission d'audit périodique,
la vérification interne de routine, sans la vitalité démocratique et la vigilance de la population,
la primauté du droit sera toujours menacée.
Il est déjà arrivé par le passé que des États aient dû lancer des commissions d'enquête publique
de grande envergure pour rétablir la primauté du droit perdu au niveau des systèmes des
marchés publics. Des commissions d'enquêtes ont été créées pour mettre à jour des systèmes
œuvrant dans l'ombre, pour les démanteler et pour tirer des leçons utiles pour l'avenir qui
serviront à améliorer le système et le cadre légal des marchés publics.
La Commission d'enquête parlementaire des Pays-Bas (2002) sur la fraude dans la construction
est un cas européen intéressant en ce sens. Plusieurs enquêtes menées par !'Exécutif, des
cabinets d'avocats, les autorités judiciaires néerlandaises, les autorités chargées des lois
antitrust et par les médias avaient tous démontré à leur façon que l'industrie hollandaise de la
construction œuvrait en collusion via des cartels bien organisés, fixant les prix, et proposant
des offres frauduleuses. La réputation de l'industrie hollandaise de la construction avait été
montrée du doigt par le grand public et par ses clients. Pour remédier à cette situation, la
Commission Parlementaire a adopté le principe directeur selon lequel la concurrence doit être
remise en place dans l'industrie et elle a insisté pour que soit rétabli le bon fonctionnement du
marché. La commission d'enquête parlementaire des Pays-Bas a finalement permis ce travail.
La Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la
construction au Québec, connue comme la « Commission Charbonneau » est un autre exemple
en cours. Cette commission créée en 2011 au Québec (Canada), est le résultat de révélations
produites par les medias sur des cas de collusion et corruption récurrents et sur l'exposition des
liens entre des organisations du crime organisé, (motards et mafia), l'industrie de la
construction québécoise, incluant les syndicats, l'administration publique et des lobbys
politiques. Suite à la pression populaire, le Parlement a mis en place la Commission
Charbonneau (nom de la juge en chef) qui a comme objectifs:

1. d'examiner l'existence de stratagèmes et, le cas échéant, de dresser un portrait de ceux-


ci qui impliqueraient de possibles activités de collusion et de corruption dans l'octroi et
la gestion de contrats publics dans l'industrie de la construction incluant, notamment,
les organismes et les entreprises du gouvernement et les municipalités, incluant des
liens possibles avec le financement des partis politiques;

2. de dresser un portrait de possibles activités d'infiltration de l'industrie de la


construction par le crime organisé;
3. d'examiner des pistes de solution et de faire des recommandations en vue d'établir des
mesures permettant d'identifier, d'enrayer et de prévenir la collusion et la corruption
dans l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction ainsi
17
que l' infiltration de celle-ci par le crime organisé.

La Commission Charbonneau a été formée pour établir des faits, découvrir la « vérité »
relativement à la corruption dans le système de la passation de marché publics du secteur de la
construction et pour proposer des recommandations pour faire face à des situations jugées
problématiques. La commission d'enquête est indépendante du gouvernement et agit comme
tel dans le cadre de son mandat. L'enquête n'est ni un procès criminel ni un procès civil. Elle
ne mène ni à un verdict de culpabilité ni à une détermination de responsabilité et à l'octroi de
dommages. Les commissaires enquêtent sur les faits pertinents à leur mandat et tirent des
conclusions factuelles de la preuve qui leur est présentée. Ils formulent dans leurs rapports des
opinions et des recommandations sur la base de ces constatations de même qu'en étudiant les
mémoires, les recherches et les avis des personnes intéressées aux sujets d'enquête qui se sont
exprimées spontanément ou à la demande de la Commission. Ces recommandations peuvent
viser des changements législatifs, réglementaires ou organisationnels. Elles peuvent même
proposer leur vision relativement à certains comportements sociaux.

Ces deux commissions présentent des exemples de situation où une intervention musclée a été
nécessaire pour rétablir la primauté du droit et la concurrence dans le système des marchés
publics d'un État. Un système fondé sur la bonne gouvernance des marchés publics doit donc
s'assurer qu'en cas de déviation mineure ou de déviations majeures et généralisées, au niveau
même d'un État, des garde-fous existent pour s'assurer que la primauté du droit soit garantie
ou puisse être rétablie. Ces gardes fous ne doivent pas seulement être institutionnels, ils doivent
trouver leur place au centre même de la sphère démocratique où se trouvent les citoyens
engagés et les médias.

7. La participation : la participation est un pilier essentiel de la bonne gouvernance. Elle

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47 •
17
https://www.ceic.qouv.qc.co/la-commission/mandat.html 1
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peut être directe ou s'exercer par le biais d'institutions ou de représentants légitimes. Il
convient de souligner que la démocratie représentative ne signifie pas nécessairement que
les préoccupations des catégories les plus défavorisées sont prises en considération dans
les processus décisionnels. La participation doit être informée et organisée. Il faut donc
d'une part que la liberté d'association et d'expression soit respectée et d'autre part qu'il
existe une société civile organisée.

Les administrations réalisent une grande partie des programmes et des projets d'investissement
publics au travers des marchés publics. Ces projets et programmes ont pour but de répondre
aux engagements du gouvernement pris par rapport aux besoins et aux attentes de la société.
Faire participer les bénéficiaires d'un projet à l'élaboration et à la mise en œuvre de celui-ci
permet de créer un sentiment d'appropriation, d'augmenter la transparence du processus et de
mieux définir les besoins et attentes que le projet cherche à satisfaire.

L'inclusion des usagers dans la phase de conception d'un dossier d'appel d'offres peut par
exemple permettre d'identifier des spécifications techniques définissant l'objet du marché
mieux adaptées aux utilisateurs du produit ou du service. Les usagers, et les autres parties
prenantes, ne perçoivent pas toujours le marché de la même perspective. Les audiences
publiques sont parfois organisées ou des groupes de consultation sont créés pour supporter
l'acheteur public dans la définition du projet, de ses spécifications et pour accompagner
l'autorité contractante dans la supervision de la mise en œuvre.
Au courant de la dernière décennie, la passation participative des marchés (participation des
communautés ou des bénéficiaires dans la passation de marchés) a été testée et mise de l'avant.
Certaines législations accordent même une place à la participation dans la passation des
marchés par la définition de procédures spécifiques qui ont pour objectifs de promouvoir la
participation. La participation peut être promue au niveau de la définition du marché, de la
passation du marché ou au niveau du suivi de l'exécution du contrat. La participation peut
effectivement avoir lieu au niveau de l'exécution lorsque des communautés sont appelés à

réaliser elles-mêmes un marché afin d'accroître les chances de succès durable du projet ou
d'atteindre des objectifs sociaux tels que le transfert de compétences, la création d'emploi,
l'intensification de l'utilisation des matériaux locaux, etc.

En résumé

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1...... . .
Les marchés publics ont un poids économique important et sont un instrument de
développement des pays. Si le système est bien gouverné et les marchés publics bien gérés, ils
sont alors un ingrédient important de la bonne gouvernance car ils permettent une utilisation
optimale des ressources publiques. Comme l'indique l'Organisation Mondiale du Commerce
(OMC), la gestion et la passation des marchés publics de fournitures, de services ou de travaux
« ... permettent aux gouvernements d'assurer les services publics et de remplir d'autres tâches.
Les systèmes de marchés publics ont donc une incidence significative sur l'efficience de
l'utilisation des fonds publics et, plus généralement, sur la confiance du public dans le
gouvernement et la bonne gestion des affaires publiques. » 18
De ce qui précède, il est évident de les marchés publics sont un instrument qui concourent de ce
fait au développement durable quand ils sont bien gérés.

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http://www.wto.org/french/tratop f/gproc f/overview f.htm L......____.f7
Budgétisation

Cahier
des charges
Contrôle des
engagements

Publication
Séance
d'ouverture

Evaluation
Proposition
d'attribution
Contrôle par
l'autorité
Conclusion

Exécution
Avenants

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