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Passer un appel d’offres

Type Contenu pratique

Droit d'origine Maroc

Date de fraîcheur 19 juillet 2021

Thématique Contrats et marchés publics

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Table des matières


1. Aperçu rapide ............................................................................................................................................................................. 3
2. Définitions et abréviations ......................................................................................................................................................... 3
2.1. Définitions .................................................................................................................................................................. 3
2.2. Abréviations ................................................................................................................................................................ 3
3. Guidage pratique ........................................................................................................................................................................ 3
3.1. Dualité des procédures d'appel d'offres ....................................................................................................................... 3
3.2. Lancement de la procédure ......................................................................................................................................... 4
3.3. Examen des candidatures ............................................................................................................................................ 5
3.3.1. CAO ..................................................................................................................................................................................... 5
3.3.2. Admission des candidatures ................................................................................................................................................ 5
3.4. Examen des offres ....................................................................................................................................................... 6
3.5. Fin de la procédure ...................................................................................................................................................... 7
3.5.1. Désignation d’un attributaire .............................................................................................................................................. 8
3.5.2. Annulation de la procédure ................................................................................................................................................. 8
3.5.3. Procédure déclarée infructueuse ......................................................................................................................................... 9
3.5.4. Voies de réclamation et de recours ..................................................................................................................................... 9

4. Check-list ................................................................................................................................................................................... 9
5. Bibliographie .............................................................................................................................................................................. 9
5.1. Textes .......................................................................................................................................................................... 9
5.2. Rapports et avis ......................................................................................................................................................... 10
5.3. Décisions ................................................................................................................................................................... 10
5.4. Ressources LexisNexis ............................................................................................................................................... 10
Auteurs ........................................................................................................................................................................................ 11

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1. Aperçu rapide
Au Maroc, les marchés publics sont essentiellement régis par le décret n° 2-12-349 du 8 joumada I 1434 (20 mars 2013) relatif
aux marchés publics (BORM  n° 6140, 4 avr. 2013). Ce décret prévoit que les marchés sont passés en principe par appel d’offres,
les autres procédures prévues par ce texte (procédures négociées, concours, etc.) étant conçues comme des procédures
dérogatoires à l’obligation de recourir à l’appel d’offres.
L’appel d’offres est la procédure par laquelle l'acheteur choisit l'offre économiquement la plus avantageuse, sans négociation,
sur la base de critères objectifs préalablement portés à la connaissance des candidats.
À ce titre, le recours à la procédure d’appel d’offres remplit une double fonction. D’une part, s’assurer que le choix de l’
acheteur se portera sur le candidat ayant présenté la meilleure offre au regard des critères d’attribution, d’autre part, mettre
en œuvre les grands principes de la commande publique que sont les principes de liberté d’accès, d’égalité, de garantie des
droits et de transparence.
L’appel d’offres se décline en plusieurs catégories : ouvert, restreint, avec présélection, au rabais ou à majoration, et sur offre
de prix.
Le décret est applicable à l'État, aux collectivités territoriales et aux établissements publics figurant à l’annexe de l’Arrêté du
ministre de l’Économie et des Finances n° 3577-15 du 3 rabii I 1437 (15 décembre 2015) fixant la liste des établissements
publics devant appliquer la réglementation régissant les marchés publics (BORM n° 6436, 4 févr. 2016). Les entreprises
publiques et parapubliques qui ne figurent pas sur cette liste doivent édicter leurs propres règlements des marchés. Dans la
majorité des cas, ces règlements sont inspirés des dispositions du décret n° 2-12-349.
Le décret a subi de nombreuses modifications, dont la plus récente a été opérée par le décret n° 2-19-69 du 18 ramadan 1440
(24 mai 2019) modifiant et complétant le décret n° 2-12-349 du 8 joumada I 1434 (20 mars 2013) relatif aux marchés publics (
BORM n° 6836, 5 déc. 2019).
Notons qu’à la suite de la crise sanitaire, le Chef de Gouvernement a adopté les circulaires n°15-20-cab du 10 septembre 2020
et n° 19-20-cab du 25 novembre 2020, en vue de préciser les modalités d’application du dispositif de préférence nationale,
dans le cadre des appels d’offres relatifs à l’attribution des marchés d’études et de travaux.

2. Définitions et abréviations
2.1. Définitions

Appel d'offres ouvert : l’appel d’offres est dit ouvert lorsque tout concurrent peut obtenir le dossier de consultation et
présenter sa candidature.
Appel d’offres restreint : l’appel d’offres est dit restreint lorsque seuls peuvent remettre des offres, les concurrents
que le maître d’ouvrage a décidé de consulter.
Appel d’offres avec présélection : l’appel d’offres est dit avec présélection lorsque seuls sont autorisés à présenter
des offres, après avis d’une commission d’admission, les concurrents présentant les capacités suffisantes, notamment
du point de vue technique et financier.
Avis à manifestation d’intérêt : procédure qui permet au maître d'ouvrage d'identifier préalablement au lancement
d'un appel à la concurrence, les concurrents potentiels à même d’y répondre.
Commission d’appel d’offres : organisme collégial, à qui est dévolue la plupart des décisions importantes jalonnant
le déroulement de la procédure hormis la signature du marché. Elle a notamment la charge de l'examen des
candidatures, des offres et est chargée de désigner l’attributaire du marché.

2.2. Abréviations

AMI : appel à manifestation d’intérêt


CAO : commission d’appel d’offres 
CNCP : commission nationale de la commande publique
DAO : dossier d’appel d’offres

3. Guidage pratique
3.1. Dualité des procédures d'appel d'offres

S’il existe deux types de procédure d'appel d'offres, l’une ouverte et l’autre restreinte, elles sont soumises à une procédure
similaire, sauf exceptions. À ce titre, elles obéissent toutes les deux aux principes suivants :

un appel à la concurrence ;
l'ouverture des plis en séance publique ;
l'examen des offres par une CAO ;

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l'examen des offres par une CAO ;


le choix par la CAO de l'offre la plus avantageuse à proposer au maître d'ouvrage ;
l'obligation pour le maître d'ouvrage qui procède à l'appel d'offres de communiquer aux membres de la CAO le montant
de l'estimation des coûts, réalisée sur la base de la définition et de la consistance des prestations objet du marché et
des prix pratiqués sur le marché.

La différence entre les deux procédures résulte du fait qu’il ne peut être passé de marchés sur appel d'offres restreint que pour
les prestations qui ne peuvent être exécutées que par un nombre limité d'entrepreneurs, fournisseurs ou prestataires de
services, en raison de leur nature, de leur particularité, de l'importance des compétences et des ressources à mobiliser, des
moyens et de l'outillage à utiliser et dont le montant est inférieur à un seuil prédéterminé.
Dans ce cas, le maître d'ouvrage doit consulter au moins trois (3) concurrents susceptibles de répondre au mieux aux besoins à
satisfaire.
Le recours à l'appel d'offres restreint donne lieu à l'établissement d'un certificat administratif explicitant les raisons qui ont
conduit au choix de cette procédure.
La procédure d’appel d’offres avec présélection est soumise aux mêmes critères précités. Néanmoins, il n’y est recouru que
lorsque les prestations objet du marché nécessitent, en raison de leur complexité ou de leur nature particulière, une sélection
préalable des concurrents dans une première étape avant d'inviter ceux d'entre eux qui ont été admis à déposer des offres dans
une deuxième étape.

3.2. Lancement de la procédure

Conformément à l’article 5 du décret, préalablement au lancement de la procédure, le maître d’ouvrage doit « déterminer aussi
exactement que possible les besoins à satisfaire, les spécifications techniques et la consistance des prestations ».
Dans la détermination des spécifications techniques, le maître d’ouvrage doit faire référence à des normes marocaines
homologuées ou, à défaut, à des normes internationales. Les spécifications techniques doivent reposer sur des caractéristiques
portant notamment sur la performance, la capacité et la qualité requises. À ce titre, il existe un principe de prohibition de
références à une marque, « à moins qu'il n'y ait aucun autre moyen suffisamment précis et intelligible de décrire les
caractéristiques des prestations requises et à condition que l'appellation utilisée soit suivie des termes "ou son équivalent" ».
Le risque d’une telle mention est l’illégalité de la procédure, si la définition de ces spécifications crée des obstacles au libre jeu
de la concurrence. Notons que la CNCP n’hésite pas à diligenter des enquêtes, en réponse à des plaintes, sur ce sujet (V. Avis
n° 24/2018, 9 juill. 2018).

Attention
Le lancement de la procédure peut, dans certains cas, être précédé d’un AMI, permettant au maître d'ouvrage d'identifier
préalablement au lancement d'un appel à la concurrence, les concurrents potentiels. Il n'ouvre aucun droit aux concurrents
potentiels et ne saurait justifier le recours ni à la procédure négociée ni à l'appel d'offres restreint, à moins que les
conditions de recours à ces procédures soient remplies.

Le maître d’ouvrage établit, avant le lancement de la procédure, le DAO, qui comprend notamment le règlement de
consultation du marché. Les DAO sont téléchargeables à partir du portail des marchés publics. Un arrêté du ministre chargé
des finances établit les modèles des pièces composant le DAO, telles que l’acte d’engagement, l’avis de publicité, le cadre du
procès-verbal de la séance de l'appel d'offres (Arrêté du ministre de l’Économie et des Finances n° 1874-13 du 9 moharrem
1435 [13 novembre 2013] pris en application de l'article 160 du décret n° 2-12-349 du 8 joumada I 1434 [20 mars 2013] relatif
aux marchés publics : BORM n° 6214 du 19 décembre 2013).
Le maître d'ouvrage peut introduire des modifications dans le DAO sans changer l'objet du marché. Ces modifications sont
communiquées à tous les concurrents ayant retiré ou ayant téléchargé ledit dossier, et introduites dans les dossiers mis à la
disposition des autres concurrents.

Attention
Le DAO doit être communiqué aux membres de la CAO au moins huit (8) jours avant la publication de l'avis d'appel d'offres
dans le portail des marchés publics ou l'envoi dudit avis pour publication. Ceux-ci disposent d'un délai de huit (8) jours à
compter de la date de réception du DAO pour faire part au maître d'ouvrage de leurs observations éventuelles.

L’appel d’offres ouvert fait l’objet d’un avis d’appel d’offres, qui sera publié dans le portail des marchés publics et dans deux
(2) journaux à diffusion nationale au moins, dont l’un est en langue arabe et l’autre en langue étrangère. Le délai de publicité
est de vingt-et-un (21) jours au moins avant la date fixée pour la séance d’ouverture des plis. Il peut être porté à quarante (40)
jours, en considération du montant du marché.
L’avis doit comporter un ensemble d’informations permettant aux candidats de bien s’informer sur le marché. Il s’agit, en
particulier, de l’objet du marché, l’autorité qui procède à l’appel d’offres, le bureau du maître d’ouvrage où peut être retiré le

DAO et leurs dépôts, le lieu, le jour et l’heure d’ouverture des plis et les pièces justificatives à fournir. L’avis doit également

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DAO et leurs dépôts, le lieu, le jour et l’heure d’ouverture des plis et les pièces justificatives à fournir. L’avis doit également
mentionner le montant de l’estimation du coût des prestations établie par le maître d’ouvrage.
L’appel d’offres restreint fait l’objet d’une lettre circulaire adressée en recommandé avec accusé de réception, le même jour à
tous les concurrents. La lettre doit être envoyée au moins quinze (15) jours avant la date prévue pour la séance d’ouverture des
plis.
La lettre circulaire doit également comporter les informations qui permettent aux candidats de bien s’informer sur le marché.

3.3. Examen des candidatures

Les candidatures sont examinées par la CAO.

Attention
L’appréciation des candidatures relève de la compétence exclusive de la CAO. Dans son Avis n° 44/2020 du 21 juillet 2020,
la CNCP a eu l’occasion de le rappeler, et même pour les questions qui relèveraient de sa compétence : « Il est interdit à
quiconque d’intervenir, sous quelque forme que ce soit, dans la procédure de déroulement des travaux de la Commission d’
appel d’offres. Il incombe à la Commission d’appel d’offres et à elle seule de statuer sur les questions qui pourraient surgir
lors du déroulement de ses travaux. Si les questions objet de la demande de consultation, relèvent de la compétence de la
Commission nationale de la commande publique, il n’en demeure pas moins qu’elle ne peut en être saisie qu’après l’
affichage des résultats de l’appel d’offres. La Commission nationale de la commande publique ne saurait, sans méconnaitre
le caractère confidentiel de la procédure d’examen des dossiers administratifs et techniques des concurrents et sans
outrepasser ses compétences, se prononcer sur les questions qui lui sont soumises pour avis ».

3.3.1. CAO

Sa composition dépend de l’autorité compétente qui a procédé à l’appel d’offres. 


Pour les marchés de l'État, la CAO comprend obligatoirement les membres ci-après :

un représentant du maître d'ouvrage, président ;


deux autres représentants du maître d'ouvrage dont un au moins relève du service concerné par la prestation objet du
marché ;
un représentant de la Trésorerie générale du Royaume ;
un représentant du ministère chargé des Finances lorsque le montant estimé du marché est supérieur à cinquante
millions (50 000 000) de dirhams toutes taxes comprises.

L'ordonnateur, son délégué ou le sous ordonnateur désigne, par décision, soit nommément soit par leurs fonctions, le
président de la CAO et la personne chargée de le suppléer en cas d'absence ou d'empêchement et les deux autres représentants
du maître d'ouvrage ainsi que leurs suppléants.
Pour les marchés des établissements publics, la CAO comprend les membres ci-après énoncés et dont la présence est
obligatoire :

le directeur de l'établissement public ou la personne nommément désignée par lui à cet effet, président ;
deux représentants du maître d'ouvrage, désignés par le directeur de l'établissement public concerné, dont un au moins
relève du service concerné par la prestation objet du marché ;
le représentant du ministre chargé des Finances conformément à la législation relative au contrôle financier de l'État
applicable à l'organisme ;
le responsable du service des achats de l'établissement ou son représentant ;
le responsable du service financier de l'établissement ou son représentant.

Le maître d'ouvrage peut inviter, à titre consultatif, toute autre personne, expert ou technicien, dont la participation est jugée
utile.
Les membres de la commission sont convoqués à la diligence du maître d'ouvrage. La convocation et le DAO, tenant compte
des observations formulées par les membres de la commission le cas échéant, ainsi que tout document communiqué aux
concurrents, doivent être déposés dans les services des membres concernés de la CAO sept (7) jours au moins avant la date
fixée pour la séance d'ouverture des plis.
Les membres de la CAO peuvent se constituer en sous-commissions.
Sous peine de nullité des travaux des commissions, les membres des CAO, ainsi que des sous-commissions ou toute personne
appelée à participer aux travaux desdites commissions, sont tenus de ne pas intervenir directement ou indirectement dans la
procédure de passation des marchés publics, dès qu'ils ont un intérêt, soit personnellement, soit par personne interposée
auprès des concurrents.

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3.3.2. Admission des candidatures

Le décret détermine les conditions de participation à la procédure d’appel d’offres.


À ce titre, sont exclues de plein droit :

les personnes en liquidation judiciaire ;


les personnes en redressement judiciaire, sauf autorisation spéciale délivrée par l'autorité judiciaire compétente ;
les personnes ayant fait l'objet d'une exclusion temporaire ou définitive des marchés publics ;
les personnes visées à l'article 22 de la loi n° 78-00 portant charte communale (Dahir n° 1-02-297 du 25 rejeb 1423 [3
octobre 2002]) pour les marchés des communes ;
les personnes visées à l'article 24 de la loi n° 79-00 relative à l'organisation des collectivités préfectorales et
provinciales (Dahir n° 1-02-269 du 25 rejeb 1423 [3 octobre 2002]) pour les marchés des préfectures et provinces ;
les personnes qui représentent plus d'un concurrent dans une même procédure de passation de marchés.

Attention
Sur l’exclusion temporaire ou définitive des marchés publics, la CNCP a rappelé dans son Avis n° 93/2019 du 17 septembre
2019 que préalablement à la décision d’exclusion, le maître d’ouvrage doit recevoir les explications du concurrent
concerné, la décision doit être dûment motivée, notifiée à la société et publiée au Portail des marchés publics.

Sont admises à y participer les personnes physiques ou morales qui :

justifient des capacités juridiques, techniques et financières requises ;


sont en situation fiscale régulière, pour avoir souscrit leurs déclarations et réglé les sommes exigibles dûment
définitives ou, à défaut de règlement, constitué des garanties jugées suffisantes par le comptable chargé du
recouvrement et ce conformément à la législation en vigueur en matière de recouvrement ;
sont affiliées à la Caisse nationale de sécurité sociale ou à un régime particulier de prévoyance sociale, et souscrivent
de manière régulière leurs déclarations de salaires et sont en situation régulière auprès de ces organismes.

Le candidat doit pouvoir justifier de sa capacité et de ses qualités en fournissant des pièces justificatives, permettant d’évaluer
ses capacités techniques et professionnelles, économiques et financières.
Les membres de la CAO procèdent à l’évaluation des garanties professionnelles et techniques des candidats, sur la base des
pièces du dossier administratif, du dossier technique ainsi que du dossier additif, le cas échéant. Ce n’est qu’après cette étape,
que leur offre sera examinée.

Attention
En cas de constitution d’un groupement afin de présenter une offre unique, l’appréciation des capacités du groupement n’
est pas globale.  Dans le cadre du groupement conjoint, chaque membre du groupement doit justifier individuellement, des
capacités juridiques, techniques et financières requises pour la réalisation des prestations pour lesquelles il s'engage. Les
membres du groupement solidaire doivent seulement justifier individuellement des capacités juridiques exigées. Les
capacités financières et techniques sont jugées sur la base d'une mise en commun des moyens humains, techniques et
financiers de l'ensemble des membres.

3.4. Examen des offres

La CAO se réunit en séance publique pour ouvrir les offres, et les étudie à huis clos.
L'examen des offres techniques concerne les seuls concurrents admis à l'issue de l'examen des candidatures.
Les offres sont appréciées sur la base des critères fixés dans le règlement de consultation et de façon séquencée, de sorte que
dès l’examen des offres techniques, la CAO peut éliminer les concurrents qui ont présenté des offres non conformes aux
spécifications exigées par le règlement de consultation ou qui ne satisfont pas aux critères qui y sont prévus. Les concurrents
écartés sont prévenus séance tenante. Sur le critère de la conformité des offres financières, la CNCP a eu l’occasion de rappeler
que les cas dans lesquels la CAO doit écarter les offres des concurrents, lors de la phase d’examen des offres financières, sont
ceux mentionnés au §2 de l’article 40 du décret précité n° 2-12-349. Aussi, l’omission de l’inscription du RIB dans l’acte d’
engagement ne constitue pas, au regard des dispositions du §2 de l’article 40 précité, un motif fondé d’élimination des offres,
dans la mesure où elle n’affecte pas le libre jeu de la concurrence, ne porte pas atteinte à l’égalité de traitement des
concurrents et ne modifie pas l’objet du marché (CNCP, Avis n° 5/2018, 17 avr.  2018).
À l’examen de l'offre technique, succède l'examen de l'offre financière.

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La CAO dispose de la possibilité de demander par écrit aux concurrents des éclaircissements sur leurs offres techniques, sous
réserve que ces éclaircissements se limitent aux documents contenus dans lesdites offres. Ils doivent permettre de préciser les
offres, mais ne peuvent se transformer en négociations.

Conseil
La CAO peut, avant de se prononcer, consulter tout expert ou technicien ou constituer une sous-commission pour analyser
les offres présentées. Les conclusions de l'expert, du technicien ou de la sous-commission sont consignées dans des
rapports qu'ils établissent et signent.

Attention
Il est important de respecter le canevas des offres, tel que précisé dans le règlement de consultation. En effet, la CAO est
habilitée à écarter les concurrents dont les offres sont irrégulières : qu’elles ne soient pas conformes à l'objet du marché,
pas signées, qu’elles expriment des restrictions ou des réserves ou encore, qu’elles présentent des différences dans les
libellés des prix par rapport aux données prévues dans le descriptif technique.

Le critère principal de choix à la suite d’un appel d’offres est celui de l’offre la plus avantageuse.
Toutefois, l’appréciation de l’offre la plus avantageuse diffère selon la nature des prestations en cause.
Est considérée comme étant la plus avantageuse :
a) l'offre la moins-disante, pour :

les marchés de travaux ;


les marchés de fournitures ;
les marchés de services autres que les études.

b) l'offre ayant obtenu la meilleure note technico-financière, pour les marchés de services portant sur des prestations
d'études.
La CAO, dans l’analyse financière des offres, prête une attention particulière aux offres excessives et anormalement basses.
L’offre excessive est celle dont le prix est manifestement surévalué, par rapport à l’estimation du coût des prestations établies
par le maître d’ouvrage. Dans ce cas, elle est écartée par la CAO. Inversement, l’offre anormalement basse est celle dont le prix
est manifestement sous-évalué par rapport à l’estimation du coût des prestations établies par le maître d’ouvrage et de nature
à compromettre la bonne exécution du marché. Dans ce cas, la CAO demande par écrit au concurrent concerné les précisions
qu'elle juge opportunes. Après avoir vérifié les justifications fournies, la CAO est fondée à accepter ou à rejeter ladite offre.
Dans le cas où plusieurs offres jugées les plus avantageuses sont tenues pour équivalentes, tous éléments considérés, la
commission procède à un tirage au sort pour départager les concurrents. Il n’est pas organisé de tirage au sort si l'un d'entre
eux est une coopérative, une union de coopérative ou un auto-entrepreneur, car ils bénéficient d’un droit de préférence.
L’acheteur peut se fonder sur d’autres critères que le prix, à condition qu’ils soient justifiés par l’objet du marché ou ses
conditions d’exécution. Ainsi, il est admis que puissent être insérées des clauses de promotion de l'emploi local. Il existe
également des mesures d’incitation en faveur de la petite et moyenne entreprise, des coopératives, des unions de coopératives
et de l'auto-entrepreneur, puisque le maître d'ouvrage est tenu de leur réserver trente pour cent (30%) du montant
prévisionnel des marchés, qu'il compte lancer au titre de chaque année budgétaire.

Attention
Les autorités ont décidé d’accorder une préférence aux offres présentées par les entreprises marocaines, sur la base de l’
article 155 du décret, tel que modifié par le décret n° 2-19-69. Conformément à ce dernier et afin de surmonter les
difficultés économiques et sociales liées à la pandémie de Covid-19, et, en particulier, afin de renforcer la compétitivité des
entreprises nationales, les circulaires n° 15-20-cab et n° 19-20-cab rappellent que, dans le cadre des appels d’offres relatifs
à l’attribution des marchés d’études et de travaux, des pourcentages de majoration, ne pouvant excéder quinze pour cent
(15%), doivent être appliqués en fonction des montants des offres financières soumises par les entreprises étrangères.

Les critères d’évaluation ainsi que leur pondération ou leur hiérarchisation doivent être indiqués dans les documents de
consultation. En revanche, la méthode de notation des offres n'est pas soumise à cette obligation de publicité.
En fonction des dispositions du règlement de consultation, les candidats peuvent être autorisés à soumettre des offres
variantes, en sus ou en remplacement de la solution de base.  Est considérée comme variante une modification, à l'initiative
des candidats, des spécifications prévues dans la solution de base décrite dans les documents de la consultation (V. en droit
comparé : CE, 5 janv. 2011, n° 343206, Cne Bonneval-sur-Arc).

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3.5. Fin de la procédure


3.5.1. Désignation d’un attributaire

La CAO procède au classement des offres des concurrents retenus en vue de proposer au maître d'ouvrage l'offre la plus
avantageuse.
En dépit du fait que ce soit le maître d’ouvrage qui désignera le titulaire du marché, le choix arrêté par la CAO ne peut être
modifié par l'autorité compétente. Pour les collectivités territoriales, c’est le président du conseil, ou la personne déléguée par
lui à cet effet, qui approuve les marchés de travaux, de fournitures ou de services.
Le maître d'ouvrage informe le concurrent attributaire du marché de l'acceptation de son offre par tout moyen de
communication donnant date certaine, dans un délai qui ne peut dépasser cinq (05) jours à compter de la date d'achèvement
des travaux de la commission.

Attention
Le concurrent, désigné attributaire, ne peut se désister de son offre. Dans son Avis n° 53/2018 du 18 décembre 2018, relatif
à la saisie du cautionnement provisoire à la suite du désistement du concurrent le moins disant, la CNCP a rappelé que les
concurrents restent engagés par leurs offres pendant un délai de soixante-quinze (75) jours à compter de la date et de l’
heure de la séance d’ouverture des plis. Les « désistements » pendant ce délai ne sont pas permis et leurs auteurs sont
passibles de l’application des mesures coercitives à leur égard et de la confiscation du cautionnement provisoire qu’ils ont
déposé.
Par ailleurs, dans un autre avis sur la confiscation du cautionnement provisoire (CNCP, Avis n° 19/2020, 25 févr. 2020), la
CNCP, après avoir confirmé que le cautionnement provisoire restait acquis, en cas de retrait, par le concurrent, de son offre
pendant le délai de validité des offres, a indiqué que le retrait des offres ne se présume pas mais doit faire l’objet d’une
demande écrite adressée au maître d’ouvrage. Partant, et puisque l’article 40 du décret n° 2-12-349 ne prévoit nullement la
saisie du cautionnement provisoire du concurrent qui ne produit pas les pièces exigées du dossier administratif et/ou qui
ne justifie pas son offre jugée anormalement basse, ledit cautionnement ne doit pas faire l’objet de saisie, lorsque le
concurrent concerné ne produit pas les pièces exigées du dossier administratif ou ne justifie pas son offre qualifiée d’
anormalement basse.

Dans le même délai, le maître d'ouvrage avise également les concurrents éliminés du rejet de leurs offres, en leur indiquant les
motifs de leur éviction. Le rejet de l’offre n’ouvre droit à aucune indemnité.
Les marchés de travaux, de fournitures ou de services ne sont valables et définitifs qu'après leur approbation par l'autorité
compétente. L'approbation des marchés doit intervenir avant tout commencement d'exécution des prestations objet desdits
marchés.
L'approbation des marchés ne doit être apposée par l'autorité compétente qu'après expiration d'un délai de quinze (15)
premiers jours à compter de la date d'achèvement des travaux de la commission.
L'approbation des marchés doit être notifiée à l'attributaire dans un délai maximum de soixante-quinze (75) jours à compter de
la date d'ouverture des plis. Dans le cas où le délai de validité des offres est prorogé, le délai d'approbation est majoré d'autant
de jours acceptés par l'attributaire du marché. Si la notification de l'approbation n'est pas intervenue dans ce délai,
l'attributaire est libéré de son engagement vis-à-vis du maître d'ouvrage.

3.5.2. Annulation de la procédure

L'autorité compétente peut, sans de ce fait encourir aucune responsabilité à l'égard des concurrents et quel que soit le stade de
la procédure pour la conclusion du marché, annuler l'appel d'offres, dans les cas suivants :

lorsque les données économiques ou techniques des prestations objet de l'appel d'offres ont été fondamentalement
modifiées ;
lorsque des circonstances exceptionnelles ne permettent pas d'assurer l'exécution normale du marché ;
lorsque les offres reçues dépassent les crédits budgétaires alloués au marché ;
lorsqu'un vice de procédure a été décelé ;
en cas de réclamation fondée d'un concurrent.

L'annulation de l'appel d'offres fait l'objet d'une décision signée par l'autorité compétente mentionnant les motifs de ladite
annulation, adressée aux concurrents. Cette décision est publiée dans le portail des marchés publics.
L'annulation d'un appel d'offres ne justifie cependant pas le recours à la procédure négociée. De même, dans ce cas, les
concurrents ou l'attributaire du marché ne peuvent prétendre à indemnité.

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3.5.3. Procédure déclarée infructueuse

La fin de la procédure peut également résulter d’une déclaration d’infructuosité par la CAO. Elle est prononcée si :

aucune offre n'a été présentée ou déposée ;


aucun concurrent n'a été retenu à l'issue de l'examen des dossiers administratifs et techniques et du dossier additif, le
cas échéant ;
aucun concurrent n'a été retenu à l'issu de l'examen de l'offre technique ;
aucun concurrent n'a été retenu à l'issu de l'examen de l'offre financière ;
aucune des offres n'est jugée acceptable au regard des dispositions du décret sur les marchés publics et des critères
fixés au règlement de consultation.

Attention
La déclaration de l'appel d'offres infructueux pour le motif d’absence de présentation ou de dépôt d’offre ne peut justifier
le recours à la procédure négociée que dans le cas où cet appel d'offres a été lancé une deuxième fois et a été aussi déclaré
infructueux.

3.5.4. Voies de réclamation et de recours

Le chapitre XI du décret n° 2-12-349 susvisé est consacré aux réclamations et voies de recours permettant aux concurrents de
contester l’issue de la procédure d’appel d’offres. Les délais de recours sont relativement brefs : cinq (5) jours à compter de la
publication des résultats ou de la notification du rejet de l’offre selon les cas. La réclamation est portée devant le maître d’
ouvrage qui dispose d’un délai de cinq (5) jours pour se prononcer. Si le concurrent n’est pas satisfait de la réponse du maître d’
ouvrage, il peut saisir le ministre concerné pour les marchés de l’État, le ministre en charge de l’Intérieur pour les marchés des
collectivités locales, ou le président du conseil d’administration pour les marchés des établissements publics.
Le concurrent a également la possibilité de saisir la CNCP soit directement soit après avoir mis en œuvre la procédure de
réclamation susvisée.

4. Check-list
Déterminer, avant le lancement de la procédure, les besoins qui devront être satisfaits par le marché public ;
Constituer un DAO, contenant le règlement de consultation, sur la base duquel seront analysées les offres ;
Réunir une CAO, chargée de l’analyse des offres et de leur classement ;
Bien veiller à respecter le canevas des offres prévu dans le règlement de consultation pour éviter qu’elles soient
déclarées non conformes et écartées.

5. Bibliographie
5.1. Textes

Loi organique n° 111-14 relative aux régions (Dahir n° 1-15-83 du 20 ramadan 1436 [7 juillet 2015])
Loi organique n° 112-14 relative aux préfectures et aux provinces (Dahir n° 1-15-84 du 20 ramadan 1436 [7 juillet 2015])
Loi organique n° 113-14 relative aux communes (Dahir n°1-15-85 du 20 ramadan 1436 [7 juillet 2015])
Décret n° 2-12-349 du 8 joumada I 1434 (20 mars 2013) relatif aux marchés publics
Décret n° 2-19-69 du 18 ramadan 1440 (24 mai 2019) modifiant et complétant le décret n° 2-12-349 du 8 joumada I
1434 (20 mars 2013) relatif aux marchés publics
Arrêté du ministre de l’Économie et des Finances n° 1874-13 du 9 moharrem 1435 (13 novembre 2013) pris en
application de l'article 160 du décret n° 2-12-349 du 8 joumada I 1434 (20 mars 2013) relatif aux marchés publics
Arrêté du ministre de l’Économie et des Finances n° 3577-15 du 3 rabii I 1437 (15 décembre 2015) fixant la liste des
établissements publics devant appliquer la réglementation régissant les marchés publics
Circulaire n° 15-20-cab du 21 moharrem 1442 (10 septembre 2020) sur l’opérationnalisation de la préférence nationale
et à encourager les produits marocains, dans le cadre des marchés publics
Circulaire n° 19-20-cab du 9 rebia II (25 novembre 2020) relative à l’activation de la préférence nationale et l’
encouragement des produits marocains dans le cadre des marchés publics

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5.2. Rapports et avis

Mohamed Abdelmouhcine HANINE, « La procédure de passation des marchés publics au Maroc : étude analytique et
réflexions à la lumière du code français des marchés publics (et des directives européennes) et des directives de la
Banque Mondiale » : Mémoire de recherche pour l’obtention du diplôme de master en administration publique, session
2007/2008, École Nationale d’Administration, 104 p.
« Guide de bonnes pratiques en matière de marchés publics » : Ministère de l’Économie, de l’Industrie et du
Numérique, Direction des affaires juridiques, éd. 26 septembre 2014, 103 p.
CNCP, avis n° 5/2018, 17 avril 2018
CNCP, avis n° 24/2018, 9 juillet 2018
CNCP, avis n° 53/2018, 18 décembre 2018
CNCP, avis n° 93 /2019, 17 septembre 2019
CNCP, avis n°19/2020, 25 février 2020
CNCP, avis n° 44/2020, 21 juillet 2020

5.3. Décisions

CE, 5 janv. 2011, n° 343206, Cne Bonneval-sur-Arc

5.4. Ressources LexisNexis

Philippe ZAVOLI, « Appel d’offres » : JCl. Contrats et Marchés publics, Fasc. 61-10, 28 janv. 2020, 66 p.
Stéphane BRACONNIER, Emmanuel KALNINS, « Procédures de passation des marchés publics » : JCl. Contrats et
Marchés publics, 1er mai 2020, 34 p.

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Auteurs

Louis DUBOIS
Avocat au barreau de Paris - Associé - Asafo & Co.

Principaux domaines d'expertise

Droit public
Droit administratif
Partenariat public-privé
Droit de l’urbanisme
Droit immobilier
Énergie
Infrastructure
Télécommunications

Biographie
Louis Dubois a commencé sa carrière en 2004 dans le département droit public du cabinet UGGC.
En 2008, il a rejoint le bureau de Casablanca d'UGGC, puis le bureau de Dentons à Casablanca en 2014.
Depuis 2019 et la création d'Asafo & Co. à Casablanca, il est devenu associé.
Il exerce principalement dans le secteur des partenariats public-privé (PPP) et du financement de projet.
Louis conseille des pools bancaires, des institutions financières internationales ou encore des groupes d’emprunteurs dans le
cadre de transactions complexes relatives à l’immobilier, aux acquisitions et au financement de projet.
Il intervient principalement en France, au Maroc et en Afrique de l’Ouest dans le domaine des infrastructures, de l’énergie, de l’
immobilier et des télécommunications.

Guy-Fabrice HOLO
Docteur en droit - Avocat au barreau de Paris - Asafo & Co.

Principaux domaines d'expertise

Droit administratif
Droit constitutionnel
Partenariat public-privé
Énergie
Infrastructure
Télécommunications

Biographie

Guy-Fabrice Holo est docteur en droit public de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

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Guy-Fabrice Holo est docteur en droit public de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.


Avocat au barreau de Paris et collaborateur du cabinet Asafo & Co., sa pratique est orientée sur le droit public et les projets de
PPP.
Il conseille à la fois les promoteurs, les gouvernements, les entreprises publiques pour des projets couvrant un large éventail
de secteurs (infrastructures, transports, énergie, etc).
Son expérience comprend des projets en France et en Afrique francophone.
Guy-Fabrice est chargé de cours en droit public à l’Université Nationale du Bénin.

Bibliographie
« La démocratie électorale en Afrique : état des lieux et propositions », in Frédéric Joël Aivo, Jean du Bois de Gaudusson,
Christine Desouches, Joseph Maïla (dir.), L'amphithéâtre et le prétoire, au service des droits de l'homme et de la démocratie :
Mélanges en l'honneur du Président Robert Dossou, L’Harmattan, pp. 617-654, 2020

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