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que l’on appelle le concédant, s’engage sur un territoire donné à ne vendre ses
produits qu’à un cocontractant, que l’on appelle le concessionnaire. En contrepartie,
le concessionnaire s’engage à distribuer les produits concédés, et uniquement ces
produits, en respectant la politique commerciale définie par le concédant. Autrement
dit, le producteur (ou fournisseur) confère à un commerçant indépendant le droit de
commercialiser ses produits en son nom et pour son compte.
Le mot concession est un terme générique qui regroupe toute une série de figures
commerciales au sein desquelles la concession commerciale prend place .Une
distinction donc s’impose entre les concessions sans clause territoriale, celles
comportant cette clause et celles pour lesquelles le seul critère déterminant est la
communication d’un savoir faire.
Pour les premières, elles sont de deux catégories : contrat sans exclusivité
d’approvisionnement (c'est-à-dire que le contrat ne comporte aucune exclusivité au
profit du distributeur ou du producteur, ils restent libres .Le fabriquant peut
approvisionner d’autres commerçants et le distributeur peut fournir la ou il veut.
c’est ce qu’on appelle : le contrat de distribution agrée ou distribution sélective) ; et
les contrats avec exclusivité d’approvisionnement qui sont de deux types distincts.
Dans les uns un distributeur s’engage exclusivement à se fournir chez un producteur
(contrat de fourniture), dans les autres, il y a relation entre grossistes et détaillants
de la même branche professionnelle et c’est ce qu’on appelle : contrat de
redistribution simple.
Pour les seconds, la stipulation d’un territoire exclusif est une condition de validité et
critère d’existence, ce sont les concessions commerciales au sens strict.
Pour les concessions dont la communication d’un savoir faire, est nécessaire, c’est le
contrat de franchise .Il comporte souvent une clause territoriale et une exclusivité
réciproque mais qui n’est pas dans son essence. Le critère permettant de le
distinguer de la concession commerciale réside en ce que le franchisage repose sur
un système identifié, substantiel, fondé sur un savoir faire.
Le contrat de concession commerciale est une création de la pratique
contractuelle .En droit Marocain, aucune disposition particulière ne règle le régime
juridique de l’opération, elle est régit par le droit commun des contrats voire les
appuis jurisprudentiels qui apportent une protection certaine aux concessionnaires
en se basant sur les règles classiques de formation et exécution des contrats. En droit
communautaire, il n’en va pas de même .Deux règlements d’exemption intéressent ce
contrat .Le premier en date du 22 décembre 1999 est applicable à tous les contrats
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de distribution et le second en date du 28 juin 1995, est spécifique au contrat de
concession automobile .De surcroît, le contrat de concession est soumis au droit de la
concurrence du fait qu’il comprend des clauses portant atteinte à la libre compétition
sur le marché. Quels sont les aspects du contrat de distribution exclusive ? Comment
ce contrat se concrétise dans la pratique et quelles relations entretient- elle avec les
dispositions du droit de la concurrence ?
En réponse a ces interrogations et pour des raisons de méthodes nous traiterons tout
d’abord les conditions de formation et d’exécution du contrat de concession
commerciale puis la rupture du contrat et enfin nous étudierons ses relations avec le
droit de la concurrence.
a- Conditions de validité
Le contrat de concession est soumis aux règles communes du droit des contrats. Il
doit à ce titre respecter la liberté de consentement des contractants, à défaut le
contrat de concession pourra être annulé. Les conditions de capacité du droit
commun s’appliquent aussi au contrat de concession. Concernant l’objet du contrat, il
faut que les marchandises faisant l’objet de l’exclusivité soient déterminées ou
suffisamment déterminables.
-La nécessité d’un écrit: Le contrat de concession est un contrat-cadre qui organise la
conclusion éventuelle de contrats ultérieurs dont il arrête d'ores et déjà les
modalités de conclusion et la teneur, un contrat sur des futurs contrats en somme. Le
contrat-cadre est un contenant, une enveloppe, dont le contenu est composé d'autres
contrats, dits d'application. A l'origine ce contrat commercial n'était soumis à aucune
règle de forme en particulier. Cependant, il a fallu se rendre à l'évidence, son objet
étant de régir des relations d'affaires plus ou moins longues, dont on sait que le
monde des affaires est souvent cruel, la nécessité d'établir un écrit s'est fait
rapidement ressentir. Dés lors, la rédaction d'un écrit est devenue la règle,
notamment pour répondre aux exigences du droit de la concurrence.
En plus des règles de droit commun auxquels sont soumis le contrat de concession ;
un mouvement de protection du distributeur par rapport au producteur intervient.
La loi Doubin exige que soit fourni au concessionnaire une information
précontractuelle permettant a celui-ci de s’engager en connaissance de cause.
Le concédant donc a pour obligation de remettre au concessionnaire un document
écrit précisant l’ancienneté et l’expérience de l’entreprise, l’état et les perspectives
de développement du marché concerné, l’importance du réseau d’exploitation, la
durée du contrat, les conditions de renouvellement, de résiliation et de cessation du
contrat et le champ des exclusivités. Si le concédant n’est pas en accord avec l’une de
ces informations le contrat est susceptible d’être annulé. En cas de publicité
mensongère de sa part, il risque une sanction d’ordre pénale.
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Le contrat de concession commerciale présente des spécificités qui lui sont propres
quant à son essence, qu'est l'exclusivité, à la liberté des partenaires, qu'est
l'indépendance, et à la soumission, qu'est l'interdépendance.
D’autre part, le concessionnaire doit respecter les limites du territoire qui lui a été
concédé et ne pas empiéter sur la zone des autres concessionnaires du même réseau,
en revanche, le concédant dispose d'une certaine liberté dans la vente de ses
produits.
Concernant l'arrivée du terme, un contrat n'ayant pas à poursuivre ses effets au-delà
du terme convenu par les parties, il est donc logique que le concessionnaire n'ait
aucun droit à son renouvellement.
Lorsqu'il s'agit entre autre de la circulation du contrat, la clause d' « intuitu-personae
» prévue au contrat empêche généralement la cession de celui-ci. En effet,
l'expression signifie que, dans la conclusion du contrat, les qualités du cocontractant
sont surtout prises en considération.
Par conséquent, le contrat de concession ne pourra pas être cédé ni transféré par le
concessionnaire.
Cependant si le concessionnaire obtient l'accord exprès du concédant, le contrat
pourra être cédé.
En outre, le concédant peut résilier le contrat en cas de faute du concessionnaire tel
que la violation de la clause d'exclusivité territoriale, de la clause d'exclusivité
réciproque ou encore de la clause d' « intuitu-personae» et ce, avec ou sans préavis .
Enfin, on peut assister aussi à des situations où le concédant a manqué à ses
obligations envers le concessionnaire. En effet, au même titre que le concessionnaire,
le concédant est obligé de respecter la délimitation du territoire concédé ainsi que
l'exclusivité qui y est rattachée ; par conséquent il se rendra coupable d'une faute en
cas de violation directe ou indirecte de cette obligation. De plus, commet une faute le
concédant qui livre à son cocontractant des produits défectueux ou contrefaits, qui
multiplie les retards de livraison, qui ne respecte les conditions générales de vente
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établies.
Dés lors, le concessionnaire disposera d'une action en résolution de son contrat et
pourra bénéficier d'une indemnité par rapport au préjudice qu'il aura subi, à partir
du moment où il rapporte la preuve du comportement blâmable du concédant.
LES ENTENTES :
Pour qu'une entente soit constituée, il faut une concertation entre plusieurs
entreprises, ainsi qu’une atteinte portée au marché.
L'entente n'est pas en soi prohibée. car elle ne sera sanctionnée que si elle a un effet
anticoncurrentiel. Plus précisément, il faut que l'entente ait un objet ou un effet
susceptible de fausser le jeu de la concurrence. En ce qui concerne le contrat de
concession, l'entente revêt traditionnellement deux formes. L’entente sur les prix et
celle instituant des barrières à l'entrée sur un marché:
Entente sur les prix:Toute entente limitant artificiellement la liberté de fixation des
prix est automatiquement anticoncurrentielle.
La pratique n'est considérée comme licite que si elle porte sur des prix maxima. En
effet, l'imposition de prix minima dans un contrat de distribution est strictement
interdite, elle est considérée comme « clause noire ». Le concédant va en général
utiliser la technique des prix conseillés. Ainsi, le fournisseur peut licitement publier
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ses prix publics de vente dans des catalogues, et l'élément qui fait la différence est
que le distributeur n'est pas obligé de les respecter.
Dans cette perspective, la clause de quota peut également poser problème dans la
mesure où elle met, parfois, à la charge du distributeur une obligation de résultat,
dont la sanction sera, la résiliation ou le non renouvellement du contrat. La
jurisprudence estime que « le concessionnaire peut être tenu de réaliser un certain
nombre de ventes dès lors que celui-ci est déterminé objectivement et appliqué sans
discrimination. »
De la même façon, la clause d'approvisionnement exclusif peut être constitutive d'un
abus si elle est imposée par une entreprise dominante. En effet, en interdisant à ses
clients de commercialiser des produits concurrents, le fournisseur verrouille l'accès
au marché.