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MASTER

JURISTE D’AFFAIRES

MODULE :
INTRODUCTION EN BOURSE
DROIT FINANCIER

Travail de recherche sous le thème :

Un travail encadré par :


Pr. SLAMTI Miya

Réalisé par :
Amroun Nouhaila
Addal Yasser
Mohamed Sedik maskine
[NOM DE LA SOCIETE]
Introduction :

« La Bourse est une formidable école de rigueur, de positionnement dans la


stratégie et donc de remis en cause de certains aspects de l’entreprise »

Pascal Imbert

Dans un environnement caractérisé par l’intensité de la concurrence internationale et par la


très forte mobilité des capitaux, le financement des entreprises porteuses de projets,
d’emplois et de compétitivité est une question centrale qui alimente de nombreux débats1.

S'il est vrai que l'introduction en bourse est une technique financière, cela n'exclut en rien
qu'elle constitue une technique juridique. Au contraire, l'introduction en bourse n'est pas une
procédure financière ordinaire car la société va changer de branche du droit en passant du
statut de société fermée à celui de société cotée2.

L’introduction en bourse constitue un acte de première importance dans la vie d’une société.
C’est l’acte par lequel une entreprise devient « publique » avec toutes les opportunités que
cela représente. L’introduction en bourse offre en effet maints avantages aux sociétés et à
leurs actionnaires d’origine qui décident de vendre au public une partie des titres qu’ils
détiennent : à ces derniers l’introduction en bourse offre la possibilité de diversifier leur
fortune, qui souvent et jusqu’à ce jour, a été intégralement investie et réinvestie dans le
développement de la société.3

Au Maroc, avant le protectorat, il n’y avait pas de marché boursier, mais il y avait un marché
propre au droit musulman.

Par ailleurs, durant le protectorat et plus spécifiquement en 1929, les banques furent
instituées le premier marché d’échange et de négociation des valeurs mobilières, appelé
l’office de compensation des valeurs Mobilières.

1
Sandy Campart Jean Marc Moulin, L’introduction en bourse, édition afnor, P3
2
Muriel Goldberg-Darmon, Docteur en droit, Collection Droit – Fiscalité, le droit de l’introduction en bourse
1. 3 BERTRAND JACQUILLAT, Professeur à l'Université Paris-Dauphine et Associés en Finance,
introduction en bourse, Presses Universitaires de France, Deuxième édition mise à jour 9 mille, P3.

1
L’office avait pour mission essentielle la gestion des transactions de la clientèle des banques,
notamment les titres des sociétés privées et publiques appartenant, en général, à l’Etat
français.

Celui-ci a connu une transformation de sa dénomination en 1948 pour devenir l’office de


cotation des valeurs mobilières.

En 1967 après l’indépendance, l’autorégulation a démontré ses insuffisances ce qui a fait


l’objet d’une réglementation directe en 1967 (L’interventionnisme de L’état).

A partir de 1993, des mesures de grandes ampleurs ont vu le jour notamment :

 La création de la OPCVM
 La création du statut des sociétés en bourse
 La création de la CDVM
 La création de MAROCLEAR en 1996
 Le renforcement des pouvoirs de CDVM et L’élaboration de six textes

D’ailleurs, le marché boursier marocain a connu ces dix dernières années un essor
considérable, des changements importants qui se sont traduit par des émissions de titres et
des introductions de sociétés publiques et privées importantes4.

Or, si aujourd'hui si le Maroc est doté d'une bourse moderne, dont l'organisation et les règles
de fonctionnement convergent vers les meilleurs standards internationaux, elle souffre
toujours de son étroitesse à cause du faible nombre d'entreprises qui y sont cotées (76
sociétés en 2021)5

C’est dans ce cadre, que se situe notre problématique de recherche relative à


l’introduction d’une société en bourse. La question centrale qui va alors se poser est la
suivante :

Est-ce que Les conditions et les exigences d’introduction d’une


société en bourse sont adaptées à la société marocaine ?

4
Fiche technique « introduction en bourse » p 10 voir le site : https://www.casablanca-
bourse.com/BourseWeb/UserFiles/File/DP%20UBA%20VF.pdf
5
Rapport annuel de l’AMMC de 2021

2
Le plan :

Partie 1 : Aspects juridiques d’introduction en


bourse
Chapitre 1 : Les conditions d’introduction d’une société en
bourse

Chapitre 2 : Le déclenchement de l’introduction en bourse

Partie 2 : L’environnement financier et économique


de l’introduction en bourse

Chapitre 1 : Les avantages de l’introduction en bourse

Chapitre 2 : la faiblesse ses introduction à la Bourse de


Casablanca

3
Partie I : Aspects juridiques d’introduction en bourse
L’introduction en Bourse est une opération qui mobilise un certain nombre d’acteurs qui se
rassemblent pour une bonne réussite du projet de la société émettrice qui est la levée de fonds par le
recours public à l’épargne.

L’introduction en Bourse doit, toutes choses étant égales par ailleurs, se dérouler dans un climat de
confiance et de sérénité entre tous les intervenants, y compris entre l’émetteur et le souscripteur.

Chapitre 1 : Les conditions d’introduction d’une société en bourse

Les marchés de la bourse des valeurs se regroupent en marchés principaux (A,B,C,D,E), ainsi que des
marchés alternatifs (A,B,C).

Section 1 : Les conditions D’admission des marchés principaux

Paragraphe 1 : L’admission dans les compartiments A et B :

Seuls peuvent être admis à la cote de la Bourse des valeurs dans les compartiments «Principal A» et
«Principal B», les titres de capital négociables émis par les personnes morales qui remplissent les
conditions suivantes

 Disposer d'un capital social entièrement libéré ; diffuser dans le public des titres de capital
représentant au moins ;

 25 % du capital social si la capitalisation est inférieure à 5 milliards de dirhams ;

•20% du capital social si la capitalisation est égale ou supérieure à 5 milliards de dirhams et inférieure
à 10 milliards de dirhams ;

•15% du capital social si la capitalisation est égale ou supérieure à I0 milliards et inférieure à 40


milliards de dirhams

4
•10% du capital social si la capitalisation est égale ou supérieure à 40 milliards de dirhams.6

 Diffuser dans le public des titres de capital représentant un montant minimum de ;

 1,25 milliards de dirhams si la capitalisation est égale ou supérieure à 5 milliards et inférieure


à I0 milliards de dirhams;

 2 milliards de dirhams si la capitalisation est égale ou supérieure à I0 milliards et inférieure à


40 milliards de dirhams;

 6 milliards de dirhams si la capitalisation est égale ou supérieure à 40 milliards de dirhams.

Paragraphe 2 : L’admission dans les compartiments C

Seuls peuvent être admis à la cote de la Bourse des valeurs dans le compartiment «Principal C» les
titres négociables émis par des OPC.

La société gestionnaire peut exiger, par instruction et après avis de l'AMMC, que l'admission d'un type
de titres émis par les OPC soit accompagnée, pendant la durée de la cotation des titres, d'un :

 Contrat d'apport de liquidité, conclu entre la société gestionnaire et un apporteur de liquidité,


visant à garantir la liquidité de l'instrument financier admis à la cote; ou

 Contrat de liquidité visant à garantir la liquidité de l'instrument financier admis à la cote,


conclu entre l'émetteur dudit instrument et un apporteur de liquidité.7

Paragraphe 3 : L’admission dans les compartiments D

Seuls peuvent être admis à la cote de la Bourse des valeurs, dans le compartiment «Principal D», les
titres de créance négociables émis par les personnes morales qui remplissent les conditions suivantes*

 Disposer d'un capital social entièrement libéré ;

 Avoir établi et fait certifier les états de synthèse des deux derniers exercices précédant la date
de dépôt de la demande d'admission à la cote. En outre, les personnes morales qui contrôlent
d'autres sociétés au sens de l'article 144 de la loi précitée n°17-93, doivent présenter des
comptes annuels consolidés et certifiés, selon la législation en vigueur ou, à défaut, selon les
normes comptables internationales (IAS/IFRS).

Si la date d'admission prévisible intervient plus de neuf (9) mois après la clôture du dernier exercice,
l'émetteur doit également établir les états de synthèse précités au titre du premier semestre de

6
Article 2.2.2 du règlement général de l’AMMC
7
Article 2.2.3 du règlement général de l’AMMC

5
l'exercice en cours. Ces états doivent faire l'objet d'un examen limité par un ou des commissaires aux
comptes.8

Paragraphe 4 : L’admission dans les compartiments E

Seuls peuvent être admis à la cote de la Bourse des valeurs, dans le compartiment «Principal B», les
titres de capital et les titres de créance négociables, émis par les personnes morales qui remplissent
les conditions suivantes :

 Disposer d'un capital social entièrement libéré ;

 Avoir établi et fait certifier les états de synthèse du dernier exercice précédant la date de dépôt
de la demande d'admission à la cote. En outre, les personnes morales qui contrôlent d'autres
sociétés au sens de L'article144 de la loi précitée n°17-95 doivent présenter des comptes
annuels consolidés et certifiés, selon la législation en vigueur ou, à défaut, selon les normes
comptables internationales (IAS/IIRS).9

Section 2 : Les conditions D’admission des marchés alternatifs

Paragraphe 1 : L’admission dans les compartiments A

Seuls peuvent être admis à la cote de la Bourse des valeurs, dans le compartiment «Alternatif A», les
titres de capital négociables émis par les petites ou moyennes entreprises qui remplissent, outre les
conditions prévues à l'article 2.2,6 ci-dessus. les conditions suivantes:

 Disposer d'un capital social entièrement libéré ;

 Diffuser dans le public des titres de capital représentant au moins un montant de 5 millions de
dirhams ;

 Avoir établi et fait certifier les états de synthèse du dernier exercice précédant la date de dépôt
de la demande d'admission à la cote. En outre, les personnes morales qui contrôlent d'autres
sociales au sens de l'article 144 de la loi précitée n°17-95 doivent présenter des comptes annuels
consolides et certifiés, selon la législation en vigueur ou, à défaut, selon les normes comptables
internationales (lAS/IFRS).10

Paragraphe 2 : L’admission dans les compartiments B

8
Article 2.2.4 du règlement général de l’AMMC
9
Article 2.2.5 du règlement général de l’AMMC
10
Article 2.2.7 du règlement général de l’AMMC

6
Seuls peuvent être admis à la cote de la Bourse des valeurs, dans le compartiment « Alternatif B», les
titres de créance négociables émis par les petites ou moyennes entreprises qui remplissent, outre les
conditions prévues à l'article 2,2.6 ci-dessus, les conditions suivantes :

 Disposer d'un capital social entièrement libéré ;

 ÉMETTRE des titres de créance représentant au moins un montant total de 20 millions de


dirhams dont au moins un montant de 10 millions de dirhams par tranche de L'émission
admise à la cote de la Bourse des valeurs,

 Avoir établi et fait certifier les états de synthèse des deux derniers exercices précédant la
date de dépôt de la demande d'admission à la cote. En outre, les personnes morales qui
contrôlent d'autres sociétés au sens de l'article 144 de la loi précitée n°17-95 doivent
présenter des comptes annuels consolides et certifiés, selon

la législation en vigueur ou, à défaut, selon les normes comptables internationales (lAS/IFRS).11

Paragraphe 3 : L’admission dans les compartiments c

Seuls peuvent être admis à la cote de la Bourse des valeurs, dans le compartiment «Alternatif C», les
titres de capital et les titres de créance négociables, émis par les petites ou moyennes entreprises qui
remplissent, outre les conditions prévues à l'article 2.2, 6 ci-dessus, les conditions suivantes:

 Disposer d'un capital social entièrement libéré ;

 Avoir établi et fait certifier les états de synthèse du dernier exercice précédant la date de dépôt
de la demande d'admission des titres de capital à la colo .

 Des deux derniers exercices précédant la date de dépôt de la demande d'admission des titres
de créance à la cote.12

En plus de ces exigences, un dossier est présenté par le conseiller de l’émetteur dont le contenu est le
suivant :

 Une lettre par laquelle la société demande l’admission de ses titres sur l’un des trois
compartiments de la Bourse de Casablanca et s’engage à respecter les dispositions réglementaires
arrêtées au niveau du Règlement général ;

 Un procès-verbal de l’instance de décision ayant décidé l’introduction des titres en Bourse et leur
émission ;

 Un projet de note d’information établi conformément aux règles et circulaires de L’AMMC.

La politique d’information peut être conduite par les services de l’entreprise ou avec la collaboration
d’une agence spécialisée. Ainsi, toute introduction en Bourse nécessite la mise en œuvre d’une

11
ARTICLEE 2.2.8 du règlement général de l’AMMC
12
Article 2.2.9 du règlement général de l’AMMC

7
stratégie de communication financière destinée à faire connaître les atouts et le projet de l’entreprise
et à assurer la réussite du placement des actions.

La politique d’information revêt aussi sur le plan boursier des aspects obligatoires conformément aux
circulaires de l’AMMC et aux engagements pris par la société lors de son introduction. En effet,
l’entreprise cotée se trouve dans l’obligation de fournir des informations avant et après la réalisation
de l’introduction. En fait, Six éléments essentiels caractérisent la politique d’information de
l’entreprise cotée avant son introduction effective:

 La publication obligatoire d’une note d’information et des comptes ;

 La diffusion du dossier d’introduction à l’ensemble des investisseurs et des prescripteurs ;

 Le lancement éventuel d’une campagne de publicité financière ;

 L’organisation d’une réunion d’information financière ouverte aux analystes, aux investisseurs et
à la presse ;

 La présentation éventuelle de la société à l’étranger (road show) ;

 L’information du personnel.

Après l’introduction, la société cotée a l’obligation de procéder, tout au long de l’année, à une
information régulière et sincère concernant les éléments qui doivent faire l’objet d’une publication
officielle :

 Le chiffre d’affaires des trois derniers semestres ;

 Les bilans semestriels provisoires.

La société doit aussi porter à la connaissance du public tout événement de la vie de l’entreprise
susceptible d’avoir une incidence sur son cours en Bourse. Ceci dit, une politique d’information
régulière et pertinente, allant au-delà des obligations légales, est un élément fondamental pour
assurer, à long terme, une carrière boursière de qualité. En effet, la Bourse est par nature un marché
d’anticipation concurrentiel où les investisseurs prennent leurs décisions à partir de l’analyse des
informations disponibles et de la visibilité qui en découle. Si ces exigences doivent être impérativement
respectées, il n’en est pas de même pour les procédures d’introduction13.

13
Abdellatif El M’Kaddem, Abdelhamid El Bouhadi Université Mohamed Ben Abdellah, Fès, Université Cadi
Ayyad, Marrakech, Les introductions à la Bourse de Casablanca : procédures, coût et causes de leur
insuffisance, Critique économique n° 17 Hiver 2006, page 9

8
Chapitre 2 : Le déclenchement de l’introduction en bourse

L’opération d’introduction en Bourse d’une entreprise se déroule en sept grandes étapes, qui vont de
la préparation à la première cotation.

1- L’étape préliminaire :

C’est une phase importante dans le processus d’introduction en Bourse, la première étape consiste à
obtenir l'approbation des actionnaires sur le projet d'introduction.

2_ Entremise d'intermédiaires financiers :

Au sens de l’article 2 de la loi 44_12 relative à l’appel public à l’épargne, les intermédiaires financiers
sont les sociétés de bourse, les banques, les entreprises d'assurances et de réassurance ou tout autre
établissement dont l'objet est le placement ou le conseil en matière financière.14

Le but de ses intermédiaires c’est l’accompagnement de l’entreprise durant toutes les étapes de
l’opération et dans la rédaction de la note d’information.

Avec l'aide d'intermédiaires sélectionnés, l'entreprise va enclencher le processus d'introduction en


bourse. Elle peut commencer par des aménagements patrimoniaux, puis arrêter les modalités de
contrôle du capital, consolider ses comptes, se réorganiser sur les plans juridique, financier et
statutaire, déterminer le montant de l'opération, fixer la modalité d'introduction (augmentation ou
cession d'une part du capital) et la date souhaitée d'introduction.15

3_ L’obtention du visa auprès de l’AMMC :

Le dossier doit être déposé au conseil à l’AMMC au moins 2 mois avant la date prévue de l'introduction.
L’AMMC reçoit en premier le dossier d'introduction en bourse. Ce dossier comprend un ensemble de
documents, notamment, la note d'information.

L'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux, se charge d’instruction de l'opération en vérifiant que
celle-ci est conforme aux règles en vigueur.

14
L’article 02 n° 1-12-55 du 14 safar (28 décembre 2012) portant promulgation de la loi n° 44-12 relative à
l’appel public à l’épargne et aux informations exigées des personnes morales et organismes faisant appel public
à l’épargne.
15
https://www.championnat-bourse.ma/sites/default/files/fiche_introduction_bourse.pdf consulté le : 2 -11-
2023

9
À la fin de cette étape, l'AMMC donne son visa après l'approbation de la note d'information par la
Bourse de Casablanca. La Bourse de Casablanca doit également être informée à la même période, afin
de réserver une date sur son calendrier des opérations financières prévues.

La note d’information :

La note d'information constitue le document essentiel du dossier d'introduction. Toute personne


morale qui envisage de faire appel public à l'épargne, soit à l'occasion d'émission ou de la cession de
titres de capital, soit au moment de l'introduction de ses titres de capital en Bourse, est tenue d'établir
une note d'information. Cette dernière qui va être vérifiée par L’AMMC S'il constate que tout est
conforme à la réglementation en vigueur, il donne son visa.

En effet, la note de formation est établie par un conseiller financier spécialisé, conformément au
modèle-type arrêté par le CDVM. Elle doit être rédigée en arabe ou en français et présenter de façon
neutre l'opération financière et l'activité de l'émetteur à savoir :

 Les caractéristiques de l’opération : le nombre et la nature des titres offerts à la souscription,


le calendrier de l'opération et la date prévue de cotation des titres, la procédure
d'introduction.
 Les données sur le capital : répartition du capital et des droits de vote, évolution du capital
Stratégie Financière, Stratégie d’introduction en Bourse
 Les données générales sur l'organisation de l’entreprise : sa forme juridique, son Objet social,
ses statuts, son organigramme.
 Les données sur l'activité de l'entreprise et sur son secteur : historique, secteur d'activité,
environnement concurrentiel.
 La situation financière de l’entreprise : Bilan, compte de résultat et des annexes précisant le
périmètre et les méthodes de consolidation.
 Les facteurs de risque : pouvant avoir une incidence sensible sur l'activité.

4_ La demande d'admission auprès de la Bourse de Casablanca :

La Bourse de Casablanca donne son avis d'approbation trois à quatre semaines en moyenne
avant la date prévue d'introduction. Pour ce faire, elle s'assure du respect des conditions d'admission
à l'un des trois marchés actions conformément aux dispositions réglementaires, vérifie les modalités
d'introduction et le calendrier de l'opération.

La cotation ne peut se faire qu'à la Bourse de Casablanca. Il n'existe pas, à l'heure actuelle, d'autre
marché réglementé au Maroc.

En France, depuis l'ordonnance du 12 avril 2007 relative aux marchés d'instruments financiers qui a
transposé la directive européenne sur les marchés d'instruments financiers (MIF),il existe trois

10
marchés réglementés Euronext Paris, gérés par l'entreprise de marché Euronext: un marché d'actions
et deux marchés de produits directs16.

5- Dépôt du dossier d'admission :

En concertation avec le management de la société, le conseiller financier dépose à la Bourse de


Casablanca « un dossier d’admission ».

L’émetteur qui demande l’admission de ses titres à la cote de la Bourse des Valeurs doit adresser à la
Société Gestionnaire un dossier juridique qui comporte notamment les documents suivants :

 La demande d’admission à la cote de la Bourse des Valeurs, désignant le ou les conseillers


mandatés à cet effet ;
 les procès-verbaux des instances de décision ayant décidé l’opération, et défini les modalités
de sa réalisation ;
 le projet de la convention régissant les membres du syndicat de placement, le cas échéant ;
 le projet de calendrier d’inscription des titres concernés par l’opération d’admission ;
 L’attestation d’admission des titres aux opérations du Dépositaire Central ;17

6- L'offre et le placement des titres :

Après validation du dossier de l'opération, le conseiller financier désigne le syndicat de placement qui
se charge de placer les titres de l'entreprise auprès du public.

Le syndicat de placement est constitué :

_ D'un chef de file à l'image d'un chef d'orchestre.

_Des sociétés de bourse et/ou banques désignées pour collecter les souscriptions.

Durant la période de souscriptions, les membres du syndicat de placement collectent les bulletins de
souscription.

La Bourse de Casablanca centralise les souscriptions remises par les membres du syndicat de
placement et prépare les résultats techniques qui sont rendus publics.

Ces résultats présentent de manière globale et détaillée l'opération, notamment le nombre de


souscripteurs par type d'ordre, par catégorie de souscripteurs, par nationalité et par région.

7- Cotation des titres :

16
Mohamed El Mernissi, Professeur à la faculté de droit de Casablanca, Traité marocain de droit des sociétés,
lexisNexis, P : 341
17
GUIDE DES INTRODUCTIONS EN BOURSE DES SOCIETES, VERSION MISE A JOUR EN JUIN 2012, p20

11
Il s'agit de l'introduction effective de l'entreprise en bourse, appelée également premier jour de
cotation.

Après l'introduction effective de l'entreprise, la Bourse de Casablanca assure l'organisation de la


cotation des titres et la gestion des opérations sur titres.

En effet, Il existe 4 façons différentes de détermination de la première cotation ; elles sont l'offre à prix
ferme (OPF), l'offre à prix minimal (OPM), l'offre à prix ouvert (OPO) et la cotation directe. Les
différences majeures entre ces procédures résident dans le rôle joué par les différents acteurs de
l'émission.18

 L’offre à prix ferme : (OPF)

L'offre à prix ferme est une procédure d'introduction en bourse qui consiste à mettre à la disposition
du public une quantité de titres à un prix fixe. Les ordres présentés par les souscripteurs doivent être
stipulés à ce prix.

L'allocation des titres se fait en fonction de la demande et d'une méthode d'allocation préalablement
annoncée par la société gestionnaire de la bourse.

Cette procédure est la plus utilisée par les banques introductrices. Elle permet de répartir les
attributions de titres proportionnellement à la demande. Les ordres sont classés en deux catégories :

 Les ordres A, qui sont prioritaires et portent généralement sur un maximum de 100 titres.
(portent généralement sur un petit nombre de titres)
 Les ordres B, qui rassemblent le reste des titres demandés.

Cette classification vise à éviter que les ordres portant sur un faible nombre d'actions soient servis
d'autant moins bien que l'introduction remporte un franc succès.

Le taux de satisfaction des ordres A doit être au minimum de 0,8 % afin que la procédure d'introduction
soit recevable.

 L’offre à prix minimal : (OPM)

L'offre à prix minimal est une procédure d'introduction en bourse qui consiste à mettre à la disposition
du public une quantité de titres à un prix minimum. Les souscripteurs présentent leurs ordres à ce prix
ou à un prix supérieur.

Tous les ordres d'achat à cours limité sont recevables, à condition qu'ils soient situés dans une
fourchette de prix autour du prix minimal. Les ordres "au mieux" sont systématiquement annulés.

18
FRANÇOIS Derrien, « trois essais sur l’introduction en bourse », thèse de doctorat, École des hautes Études
Commerciales, 2002.page 18

12
Une fois le carnet d'ordre rempli, le premier cours coté est fixé à la limite inférieure de la dernière
tranche d'ordres servis. (c’est-à-dire une fois que tous les ordres ont été collectés, ils sont classés par
ordre de prix, du plus bas au plus élevé, cela signifie que le prix retenu est le prix le plus bas parmi les
ordres qui ont été acceptés.)

Cette procédure est utilisée principalement lors des périodes de forte demande. Le premier cours coté
ne peut excéder de plus de 50 % le prix d'offre.

 L’offre à prix ouvert : (OPO)

L'offre à prix ouvert est une procédure d'introduction en bourse qui consiste à mettre à la disposition
du public une quantité de titres dans une fourchette de prix. Les souscripteurs présentent leurs ordres
à un prix appartenant à cette fourchette, bornes incluses.

La fourchette de prix peut être modifiée par les établissements introducteurs. Le prix définitif n'est
alors fixé qu'après réception de la totalité des ordres. Seuls les ordres supérieurs ou égaux au prix
définitif fixé sont servis.

Dans le cadre de cette procédure, une partie des titres est réservée aux institutionnels. Les titres
restants peuvent être répartis de manière uniforme ou en privilégiant les ordres portant sur les
montants les plus faibles.

 La procédure de cotation directe :

La cotation directe est un processus par lequel une entreprise permet à ses actions d'être
négociées sur un marché boursier sans recourir à une offre publique initiale.

Avec l’accord de la société gestionnaire sur les conditions d’admission et le calendrier de l’opération,
et pour l’introduction des titres, a cotation directe peut comporter la mise à disposition du marché
d’une quantité de titres destinés à être cédés sur le marché le premier jour de cotation.

On peut remarquer, d’après ce nombre croissant de procédures, qu’il est primordial pour l’entreprise
désirant s’introduire de choisir la procédure adaptée à son activité et de mesurer les conséquences
futures d’une telle décision.19

19
Abdellatif El M’Kaddem, Abdelhamid El Bouhadi Université Mohamed Ben Abdellah, Fès, Université Cadi
Ayyad, Marrakech, Les introductions à la Bourse de Casablanca : procédures, coût et causes de leur
insuffisance, Critique économique n° 17 Hiver 2006, page.12

13
Partie 2 : L’environnement financier et économique de l’introduction
en bourse

Certes, l’introduction en bourse est une étape majeure dans la vie d'une entreprise et
présente plusieurs avantages pour cette dernière mais c’est aussi une décision non
négligeable qui peut chambouler le cours des choses tant pour la société elle-même, ses
partenaires et même le cours du marché.

Il en résulte que l’introduction en bourse n’implique pas forcément une opération simpliste
qui illustre un chemin bien tracé sans obstacles ni risques. Par une décision d’un telle ampleur
la société peut tout gagner comme elle peut tout perdre.

D’ailleurs le nombre de société cotées en bourse de Casablanca témoigne de la complexité et


de l’envergure de la manœuvre : seulement 76 sociétés marocaines qui sont actuellement
coté en bourse et qui sont généralement des sociétés de grande taille notamment, BMCI
AFRIQUIA GAZ, ATTIJARIWAFA BANK, LABEL VIE etc. …

Chapitre 1 : Les avantages de l’introduction en bourse

Être coté en Bourse procure des avantages à plusieurs niveaux. L’entreprise en bénéficie au
même titre que ses actionnaires, salariés et partenaires.

Événement exceptionnel dans la vie d’une entreprise, l’introduction en Bourse séduit de plus
en plus. Preuve en est : de 2004 à 2011, 35 entreprises ont rejoint la cote, pour un montant
total levé de 15,96 milliards de DH (4,62 par cession et 11,34 par augmentation de capital).
Toutefois, bien que ces chiffres soient en nette progression, le nombre d’introductions en
Bourse reste faible par rapport au potentiel de notre pays. Ceci est essentiellement dû au fait

14
que beaucoup d’entreprises marocaines n’ont qu’une vague idée des multiples avantages de
l’introduction en Bourse à savoir : 20

 Des considérations économiques et financières


 Des considérations d’ordre patrimonial
 Des considérations de marketing
 Des considérations d’ordre politique

 Des considérations économiques et financières

Le développement économique d’une société peut prendre une ampleur telle que la société
doit accroitre ses fonds propres pour un montant excédant les capacités financiers des
actionnaires d’origine.

L’introduction en Bourse permet de solliciter un actionnariat beaucoup plus diversifié et qui


pourra apporter à la société l’argent frais dont elle a besoin pour son financement pour un
montant beaucoup plus conséquent qu’elle n’aurait pu obtenir par un prêt bancaire, car des
ratios prudentiels limitent le canal bancaire.

La société qui fait appel à l’épargne publique, en procédant à une introduction en Bourse, aura
diverses solutions : l’émission d’obligations convertibles en action ou en obligations …

Parmi les raisons économiques, une société va d’introduire par une fusion ou une
concentration ; car dans le cas d’une OPE par exemple, il est indispensable que les titres soient
cotés afin d’être échangés.

 Des considérations d’ordre patrimonial

L'introduction en bourse permet d'assurer la mobilité du capital. Dès lors, Les actionnaires
peuvent procéder à la vente de tout ou partie de leurs participations et trouver acquéreur à
un prix de marché incontestable fixé en fonction de l'offre et de la demande. Subséquemment,
c’est une introduction par cession de titres.

En réalité, une telle flexibilité ne peut être offerte que par le marché boursier.

Cette mobilité du capital confère à la société des bienfaits sur plusieurs niveaux et à
différentes échelles. De plus, l’introduction en bourse peut conférer à une société d’ouvrir son

20
L’introduction en Bourse, fiche thématique, le championnat de bouse, page 8 , https://www.championnat-
bourse.ma/sites/default/files/fiche_introduction_bourse.pdf

15
capital afin d'y faire entrer de nouveaux investisseurs afin de permettre à ses actionnaires
actuels de sortir en tout ou partie de la société.

En effet, l’achat et la vente d’actions de sociétés non-cotées se heurtent à deux difficultés :


l’absence d’un prix incontestable et le manque de liquidité. L’introduction sur le marché
accorde à l’ensemble des actionnaires de la société (familiaux, financiers ou minoritaires) la
possibilité de céder leurs titres à tout moment et à un prix fidèle à l’opinion moyenne des
investisseurs quant à la valorisation de l’entreprise . 21

D’ailleurs, les actionnaires minoritaires leurs est accordée la possibilité de se désengager


rapidement sans pour autant compromettre la pérennité de l'entreprise. A contrario, le rachat
des titres des actionnaires lorsqu’il s’agit d’une société non cotée est généralement effectué
par les autres actionnaires de la société. Cette situation suppose un accord sur le prix ce qui
demande un temps non négligeable, en plus de la contrainte infligée à l’actionnaire qui vend
généralement la totalité de ses actions en une seule fois. A vrai dire, ces restrictions sont
levées uniquement par la cotation en bourse qui accorde à l'actionnaire minoritaire, primo,
de céder le nombre de titres qu'il souhaite à tout moment et, d'autre part, de bénéficier d'un
prix de marché objectivement constaté.

Deux cas peuvent se présenter :

Dans une entreprise familiale, lorsque les héritiers ne souhaitent pas conserver la
société en indivision la société en indivision lors de la succession, ils peuvent être conduits à
vendre les titres sur le marché.

Dans une société où les actionnaires minoritaires contestent la gestion du ou des


actionnaires majoritaires, l’introduction en Bourse facilite la cession de leurs titres.

Toujours dans le cadre de la mobilité du patrimoine, l’introduction en bourse est qualifiée


comme une démarche garantissant la pérennité de l’entreprise, familiale plus précisément 22.
En règle générale, L’introduction en Bourse facilite la transmission de l’entreprise quelle que
soit l’option retenue : la reprise familiale, la cession aux cadres, la sortie progressive du capital,
etc. La liquidité apportée par l’introduction en Bourse permet aux membres de la famille
d’éviter de devoir vendre la totalité des actifs de l’entreprise afin de régler les droits de
succession.

21
Campart, Sandy Moulin, Jean-Marc, L’introduction en Bourse, AFNOR, 2015, p48.
22
Abdellatif El M’Kaddem, Abdelhamid El Bouhadi Université Mohamed Ben Abdellah, Fès, Université Cadi
Ayyad, Marrakech, Les introductions à la Bourse de Casablanca : procédures, coût et causes de leur insuffisance,
Critique économique n° 17 Hiver 2006, page

16
Subséquemment, la cotation en bourse résout les problèmes de succession en
permettant la poursuite de l'activité de la société soit par la nouvelle génération, soit par des
actionnaires extérieurs en cas de cession d’action, lorsque les anciens dirigeants doivent céder
la place.

En outre, la réalisation de plus-values pour les anciens actionnaires, majoritaires ou


minoritaires, demeure plus facile. Au demeurant, la cotation en bourse permet à l'actionnaire
de céder uniquement la fraction d'actions qu'il désire, au moment où il le souhaite.

 Des considérations de marketing

Liée à l’image de marque, l’introduction en Bourse reste l’un des moyens les plus efficaces
pour affirmer la valeur d’une entreprise et c’est même la raison principale avant celle du
financement. De plus la présence d’une entreprise à la cote et la communication qu’elle
entraine lui assure une visibilité permanente, qui constitue une des formes les plus efficaces
de publicité. Une entreprise cotée fait également partie de meilleurs , elle est transparente ,
ses comptes sont certifiés, ce qui est en soi un label de qualité qui valorise son capital image
renforce son leadership et sa notoriété et lui donne une plus grande crédibilité vis-à-vis de ses
clients , ses fournisseurs, ses partenaires financiers et ses salariés . 23

De plus, la cotation des titres permet une appréciation constante de la valeur d’une société
introduite sur un marché boursier.

Il ne faut pas négliger l’impact publicitaire au niveau national et international d’une


introduction en Bourse réussie.

 Des considérations d’ordre politique

Lors des opérations de privatisation menées par l’État dans les années 1980, cela a permis à
celui-ci de lever des fonds en revendant une partie des sociétés privatisées dans lequel il avait
des participations majoritaires.

D’ailleurs, il existe encore plus d’avantages relatif à l’introduction en bourse a savoir :

 La valorisation des ressources humaines : La majorité des entreprises qui


s’introduisent en bourse réservent une partie de l’opération à leurs salariés et leur

23
L’introduction en Bourse, fiche thématique, le championnat de bouse, page 8 , https://www.championnat-
bourse.ma/sites/default/files/fiche_introduction_bourse.pdf
23

17
donnent ainsi la possibilité de devenir actionnaires. Ce système d’intéressement
permet une mobilisation et une motivation des ressources humaines qui ne se dément
pas. Il permet aussi à l’entreprise, de trouver et de garder à bon compte les personnes
essentielles à son management. Une entreprise cotée a généralement moins de mal à
attirer des collaborateurs de haut niveau.
 La présentation et la sauvegarde du contrôle des entreprises : L’introduction en
Bourse facilite également la pérennité de l’entreprise, en particulier dans le cas de
sociétés familiales lorsque se pose le problème de la succession. Aussi, elle protège le
contrôle de l’entreprise grâce à une ouverture limitée du capital ou au recours à des
produits financiers adéquats tels que les actions à dividendes prioritaires. Enfin,
l’introduction en Bourse apporte une mutation dans le système de « corporate
gouvernance »24 de l’entreprise qui implique une transparence des comptes et la mise
en place de systèmes modernes de contrôle interne. Ces mutations confortent à long
terme, la solidité de l’entreprise
 Le bénéfice de l’exonération fiscale : l’introduction en bourse d’une entreprise lui
permet de bénéficier d’un statu fiscal particulier et avantageux, d’ailleurs, Depuis
2001, une exonération fiscale de 25% à 50% de l’impôt sur les sociétés est accordée
aux entreprises qui s’introduisent en Bourse. La durée de cette exonération est de 3
années consécutive, à compter de l’exercice qui suit celui de leur introduction en
Bourse
 Offre exclusive PME : Aujourd’hui, la Bourse de Casablanca réserve aux PME, une offre
exclusive en octroyant à celles qui veulent s’introduire en bourse un montant de 500
000,00 dhs pour couvrir leurs frais.
 Accroitre le pouvoir de négociation avec les banques : il n’est pas rare qu’une
entreprise emprunte à des taux plus bas suite à l’opération lorsqu’elle est cotée en
bourse. en fait , l’entreprise peut obtenir un taux d’intérêt plus faible sur les emprunts
contractés auprès du système bancaire .

24
Le système de " corporate gouvernance " doit également se traduire par la mise en place de procédures
internes de travail et de contrôle ainsi que par la professionnalisation des instances d'administration et de
surveillance : autant de mutations vertueuses qui ne pourront que renforcer la solidité de l'entreprise.

18
Chapitre 2 : la faiblesse des introductions à la Bourse de Casablanca

L’une des caractéristiques les plus marquantes de la Bourse de Casablanca est la faiblesse des
introductions. En effet, pour que le marché soit fluide et liquide, il est nécessaire qu’il
s’alimente de temps à autre de nouvelles introductions qui lui permettront de couvrir la
nouvelle demande d’actions exprimée sur le marché. Cette demande émane des investisseurs,
nationaux en nombre important formés essentiellement d’institutionnels, de certains
spéculateurs et d’un nombre limité d’investisseurs nationaux en nombre important formé
essentiellement d’institutionnels, de certains spéculateurs et d’un nombre limité
d’investisseurs étrangers (institutionnels) intervenant pour l’achat des obligations et des bons
de privatisation.

Depuis la réforme boursière de 1993, on a remarqué une légère diminution des entreprises
cotées à la Bourse de Casablanca qui est due en particulier à des radiations. Cette diminution
n’a cessé de s’accentuer après la seconde réforme de 1997 et la mise en place de la cotation
électronique en 1998 ; la raison en est la vague des fusions-acquisitions. Le manque de papier
commercial, caractéristique intransigeante des marchés émergents de petite taille, a pour
causes à la fois les problèmes économiques et les problèmes extra-économiques se situant
aux niveaux technique et configurationnel, socioculturel, institutionnel, éthique et au niveau
de l’entreprise elle-même.

L’objectif de ce point sera de traiter les principales raisons du manque des introductions à la
Bourse de Casablanca. Nous les divisons en trois catégories : les raisons purement
économiques, les raisons socioculturelles et les raisons techniques et juridiques liées au
développement de la Bourse et à l’insuffisance de l’arsenal juridique et institutionnel 25

A : les raisons économiques :

Plusieurs raisons économiques expliquent cette situation. Tout d'abord, l'économie


marocaine se caractérise par une dualité entre un secteur informel sous-développé et un
secteur moderne basé sur l'exportation de produits tels que le phosphate, les produits
agricoles et textiles. Cette dualité crée des obstacles pour les entreprises, en particulier les

25
Abdellatif El M’Kaddem, Abdelhamid El Bouhadi Université Mohamed Ben Abdellah, Fès, Université Cadi
Ayyad, Marrakech, Les introductions à la Bourse de Casablanca : procédures, coût et causes de leur
insuffisance, Critique économique n° 17 Hiver 2006, page 15

19
petites et moyennes entreprises (PME), qui ont souvent du mal à satisfaire aux exigences de
la cotation en bourse en raison de leur manque de fonds propres.

De plus, de nombreuses PME marocaines souffrent d'un manque de solidité financière,


d'innovation technologique et d'organisation. La cotation en bourse exige une communication
financière transparente et la publication de rapports comptables, ce qui peut rendre l'IPO
risquée et contraignante pour ces entreprises.

L'épargne des ménages marocains est principalement orientée vers des dépôts à terme et
l'achat de bons du Trésor négociables, considérés comme des placements moins risqués que
les actions cotées en bourse. Cela signifie que l'argent des ménages n'est pas nécessairement
investi sur le marché boursier, limitant ainsi la demande d'actions lors des IPO.

Les privatisations d'entreprises publiques représentent une part importante de l'activité


boursière au Maroc. Une fois privatisées, ces entreprises deviennent des acteurs majeurs de
la Bourse de Casablanca, tandis que d'autres entreprises privées sont moins enclines à
s'introduire en bourse

En outre, les obligations émises ou garanties par l'État attirent une part importante de
l'épargne des ménages, réduisant ainsi l'activité boursière. Les obligations d'État sont
considérées comme moins risquées que les actions, ce qui diminue l'intérêt pour la cotation
en bourse.

Enfin, la faible croissance économique et la répartition inégale des bénéfices de cette


croissance entraînent une épargne insuffisante chez de nombreux ménages marocains, en
particulier les plus pauvres. Cette insuffisance limite les ressources disponibles pour investir
en bourse.

B : les raisons socioculturelles :

Plusieurs raisons socioculturelles contribuent au manque d'introductions à la Bourse de


Casablanca. Tout d'abord, le caractère familial des petites et moyennes entreprises au Maroc
a une influence significative sur leur volonté de s'ouvrir au capital étranger. Les entreprises
familiales marocaines ont des clauses statutaires, telles que les clauses d'agrément et de
préemption, qui sont courantes dans les sociétés fermées. Ces clauses peuvent rendre
l'introduction en bourse incompatible, car les entreprises familiales ont du mal à abandonner
le contrôle et à accepter l'actionnariat étranger.

20
De plus, le Maroc manque d'expérience en matière de transparence et de communication
financière. Lorsque de nouvelles règles de publication financière ont été introduites dans le
cadre de la réforme de la Bourse de Casablanca, de nombreuses entreprises ont préféré se
faire radier plutôt que de se conformer. Les entreprises marocaines considèrent souvent les
comptes de l'entreprise comme un secret de famille, ce qui rend l'ouverture du capital peu
attrayante.

Un autre facteur important est le lien entre l'investissement boursier, le risque et la dimension
socioculturelle. Les investisseurs marocains ont tendance à être réticents au risque et
préfèrent des placements à terme sûrs ainsi que la spéculation immobilière. De même, les
entreprises marocaines sont enclines à des projets à court terme et préfèrent un financement
de court terme principalement basé sur le crédit bancaire à petites sommes pour résoudre
leurs problèmes de trésorerie.

La structure organisationnelle des entreprises marocaines est souvent décrite comme quasi
féodale, ce qui les rend hostiles à l'innovation. Le manque de compétences, la non-
compétitivité et l'incapacité à surmonter les contradictions culturelles contribuent à
l'archaïsme de ces entreprises

C : Les raisons institutionnelles et techniques

L'exercice des fonctions des institutions liées à la Bourse de Casablanca est confronté à
plusieurs problèmes sur les plans institutionnel et technique. Le secteur boursier au Maroc
accuse un retard par rapport à d'autres pays émergents tels que la Thaïlande, l'Argentine ou
l'Afrique du Sud. Les instances de contrôle, telles que le Conseil Déontologique des Valeurs
Mobilières (CDVM) et la société gestionnaire de la Bourse de Casablanca, sont limitées dans
leurs moyens juridiques, financiers, humains et techniques pour assurer un contrôle efficace.

Une réforme institutionnelle est nécessaire, en particulier pour le CDVM, afin de lui conférer
plus d'autonomie sur les plans financier, réglementaire et décisionnel. La transparence et
l'équité dans le traitement des ordres, ainsi que leur centralisation obligatoire sur le marché,
sont des éléments essentiels pour encourager les entreprises marocaines à faire appel à
l'épargne publique en passant par la Bourse.

En parallèle de ces réformes liées au contrôle de l'information, des réformes structurelles,


notamment des ajustements fiscaux et des modifications du droit des sociétés pour les
entreprises cotées et non cotées, doivent être mises en œuvre. La réforme de la société
anonyme, initiée en 1995, est considérée comme insuffisante pour plusieurs raisons,
notamment le manque de précision sur des sujets tels que l'actionnariat (notamment les
stock-options), les modalités d'émission de titres négociables à la Bourse de Casablanca, et les
critères quantitatifs pour classifier une société anonyme faisant appel à l'épargne publique.

21
Il est donc nécessaire d'adopter des critères qualitatifs pour compléter les critères quantitatifs,
en mettant l'accent sur la qualité des actionnaires et l'apport de capitaux externes. Une
législation plus stricte devrait être instaurée pour le contrôle de ces types de sociétés,
notamment par le biais de la réforme du statut juridique du commissaire aux comptes.

En ce qui concerne la microstructure de la Bourse de Casablanca, des réformes


configurationnelles du système d'échange et du système des coûts de transaction sont
nécessaires. Cela implique une amélioration de la liquidité par le biais de réformes fiscales, de
réductions des coûts de transaction et de l'introduction de techniques modernes, telles que
les transactions en ligne. Les courtiers en ligne doivent être encouragés à participer au marché
pour augmenter le nombre d'ordres dans le carnet électronique.

L'homogénéisation des réformes des sociétés, la modification de la structure de la Bourse de


Casablanca et sa modernisation sont des préalables indispensables à l'efficacité
opérationnelle du marché. L'efficacité est étroitement liée à l'efficience informationnelle, qui
est également essentielle pour la dynamique du marché.26

26
Idem

22
Conclusion :
En clair, les risques sont associés à toutes les formes d’investissement. Si pour certains l’adage
: " Qui ne risque rien n'a rien" est chose courante dans leur prise de décision, à la bourse le
risque doit être réfléchi. Le choix des actions doit autant reposer sur une analyse économique,
financière et boursière des entreprises en vues pour faire face à la complexité et aux multiples
facettes de l’introduction en Bourse.

Aussi, l'introduction en bourse soulève de nombreux choix déterminants la réussite de


l’opération et conditionnant la vie de la valeur cotée. Subséquemment, Il est conseillé de bien
s’informer et de connaître le fonctionnement des actions et autres instruments cotés avant
d’investir en Bourse. Ceci dit, l’entreprise doit notamment s’interroger sur la nécessité de
l’opération, sur sa capacité à subvenir aux besoins de la cotation et sur son aptitude à attirer
les investisseurs. Généralement, un investissement à fort potentiel de rendement comporte
des risques plus importants. Certains investissements peuvent entraîner une perte totale des
capitaux investis, ou même, pour les investissements les plus spéculatifs, une perte supérieure
aux capitaux investis.

23
Bibliographie :

 Ouvrages
 Sandy Campart Jean Marc Moulin, L’introduction en bourse, édition afnor

 BERTRAND JACQUILLAT, Professeur à l'Université Paris-Dauphine et Associés en Finance,


introduction en bourse, Presses Universitaires de France, Deuxième édition mise à jour 9
mille,

 Article

 Abdellatif El MKaddem, Abdelhamid El Bouhadi, « Les introductions à la Bourse de


Casablanca : procédures, coût et causes de leur insuffisance, Critique économique » n° 17,
Hiver 2006 [en ligne], publié en 2006, [consulté le 24 octobre 2021], www.revues.imist.ma.

 Rapports et guide
 Rapport annuel de L’AMMC de 2021
 L’introduction en Bourse, fiche thématique, le championnat de bouse, voire le site :
https://www.casablanca-bourse.com/BourseWeb/UserFiles/File/DP%20UBA%20VF.pdf

 Textes de loi
 Dahir n° 1-12-55 du 14 Safar 1434 (28 décembre 2012) portant promulgation de la loi
N° 44-12 relative à l'appel public à l'épargne et aux informations exigées des
personnes morales et organismes faisant appel public à l'épargne modifiée et
complétée par la loi 19-14

24
 DAHIR N° 1-96-124 (14 RABII II 1417) PORTANT PROMULGATION DE LA LOI N° 17-95
RELATIVE AUX SOCIETES ANONYMES

25

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