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Mettre en œuvre une garantie autonome

Type Contenu pratique

Droit d'origine Maroc

Date de fraîcheur 28 septembre 2021

Thématique Sûretés - Général

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Mettre en œuvre une garantie autonome

Table des matières


1. Aperçu rapide ............................................................................................................................................................................. 3
1.1. Éléments clés ............................................................................................................................................................... 3
1.2. Textes .......................................................................................................................................................................... 3
1.3. Bibliothèque LexisNexis .............................................................................................................................................. 3
2. Préparation ................................................................................................................................................................................ 3
2.1. Informations préalables .............................................................................................................................................. 3
2.1.1. Impact des variétés des garanties autonomes sur la mise en œuvre ................................................................................... 3
2.1.2. Conséquences de l’absence du caractère accessoire ............................................................................................................ 3
2.1.3. Efficacité de la garantie autonome pendant les procédures collectives .............................................................................. 4
2.1.4. Aménagement conventionnel de la mise en œuvre de la garantie autonome ..................................................................... 4
2.1.5. Absence d’une cause d’extinction ....................................................................................................................................... 4
2.2. Inventaire des solutions et éléments de décision ........................................................................................................ 4
2.2.1. Exigibilité de la dette du garant .......................................................................................................................................... 4
2.2.2. Modalités de l’appel de garantie ........................................................................................................................................ 4
2.2.3. Paiement de la garantie à première demande pure et simple ............................................................................................. 5
2.2.4. Paiement de la garantie justifiée ou la garantie documentaire ........................................................................................... 5
2.2.5. Inopposabilité des exceptions ............................................................................................................................................. 5
2.2.6. Moyens de défense du donneur d’ordre .............................................................................................................................. 6
2.2.7. Mettre en œuvre une garantie autonome dans le cadre d’une procédure collective ........................................................... 6
2.2.8. L’appel de garantie irrégulier .............................................................................................................................................. 7
2.2.9. L’appel de garantie manifestement frauduleux ou abusif ................................................................................................... 7

3. Mise en œuvre ............................................................................................................................................................................ 7


3.1. Vérifier l’inexécution de l’obligation garantie ............................................................................................................ 7
3.2. Envoyer un appel de garantie au garant ...................................................................................................................... 7
3.3. Joindre à l’appel de garantie les documents exigés ..................................................................................................... 7
3.4. Accorder un délai de paiement le cas échéant ............................................................................................................. 7
3.5. Déclarer la créance si le garant est soumis à une procédure collective ....................................................................... 8
3.6. Informer le donneur d’ordre de la réception de l’appel de garantie ............................................................................ 8
3.7. S’opposer à l’appel de garantie s’il est manifestement abusif ou frauduleux .............................................................. 8
3.8. Payer le montant de la garantie autonome conformément aux modes prévus dans le contrat ................................... 8
4. Outils ......................................................................................................................................................................................... 8
4.1. Check-list .................................................................................................................................................................... 8
Auteur ............................................................................................................................................................................................ 9

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1. Aperçu rapide
1.1. Éléments clés

Les modalités de mise en œuvre des garanties autonomes diffèrent selon la typologie de celles-ci. Mais dans tous les cas, un
appel de la garantie est nécessaire manifestant la volonté ferme et non-équivoque du bénéficiaire et respectant les stipulations
contractuelles.
La garantie autonome n’est pas réglementée par le législateur. Aussi, les parties conservent une large marge de manœuvre
pour définir les modalités de sa mise en œuvre à condition de ne pas supprimer la caractéristique principale de cette garantie
personnelle à savoir l’autonomie de l’engagement du garant par rapport à l’obligation principale garantie.
L’efficacité de la garantie autonome, que ce soit dans le cas où le donneur d’ordre est in bonis ou dans le cas où il est soumis à
une procédure collective, se justifie par l’indépendance de la dette du garant. Ce dernier ne peut opposer au bénéficiaire ni les
exceptions tirées de ses relations avec le donneur d’ordre ni les exceptions tirées des relations de ce dernier avec le
bénéficiaire. Seul un abus ou une fraude permettent au garant, lorsqu’ils sont manifestes, de refuser le paiement.

1.2. Textes

DOC, art. 230, 231 et 1128


C. com., art. 559, 572, 686, 690, 692, 695, 719, 720, 721

1.3. Bibliothèque LexisNexis

M. Cabrillac, S. Cabrillac, Ch. Mouly, Ph. Pétel, Droit des sûretés : LexisNexis, 10e éd., 2015
P. Ancel, O. Gout, Droit des sûretés : LexisNexis, 8e éd., 2019
Ph. Simler, Cautionnement, garanties autonomes et garanties indemnitaires, LexisNexis, 5e éd., 2015
J. Rbii, Mettre en œuvre un cautionnement, Fiche pratique, LexisMa, 2020
J. Rbii, Former une garantie autonome, Fiche pratique, LexisMa, 2021
J. Rbii, Recours dans le cadre d’une garantie autonome, Fiche pratique, LexisMa, 2021

2. Préparation
2.1. Informations préalables
2.1.1. Impact des variétés des garanties autonomes sur la mise en œuvre

Les modalités de mise en œuvre de la garantie autonome dépendent de la variété concernée. Des exigences conventionnelles
sont parfois prévues pour réduire les risques des appels abusifs de garantie.
Si la garantie autonome payable à première demande ne nécessite généralement qu’un appel de garantie ferme et non-
équivoque selon les formes prévues par les parties, la garantie autonome à première demande justifiée nécessite une
motivation de l’appel de garantie. Mieux encore, l’appel des garanties documentaires est subordonné à la production d’un ou
plusieurs documents justifiant l’appel.
Il s’ensuit qu’avant la mise en œuvre de la garantie autonome, il faut examiner les clauses contractuelles dans la mesure où les
parties auraient pu prévoir des aménagements conventionnels en application du principe de la liberté contractuelle qui régit
cette sûreté personnelle.
Une prise en compte des usages bancaires est également nécessaire chaque fois que la garantie autonome est conclue dans le
cadre d’une opération bancaire. Dans ce sens, la Cour de cassation a décidé, sur le fondement de l’article 231 du DOC, que la
garantie autonome doit être exécutée de bonne foi, elle oblige le garant à tous les usages étant donné que cette sûreté non-
accessoire a été créée par les usages bancaires (C. Supr. 31 janv. 2001, arrêt n° 231).

2.1.2. Conséquences de l’absence du caractère accessoire

Plus qu’un simple critère de qualification de la garantie autonome, l’indépendance de l’engagement du garant gouverne toute
la mise en œuvre de celle-ci. Cette caractéristique est le facteur majeur de l’efficacité de cette sûreté personnelle par rapport
au cautionnement y compris lorsque le débiteur principal est soumis à une procédure collective.
Il en découle plusieurs conséquences. D’abord, le créancier-bénéficiaire n’a pas à informer le garant sur l’évolution de la dette
principale garantie puisque la dette du garant est nouvelle et indépendante par rapport à celle-ci.
Ensuite, puisque le garant s’engage à payer sa propre dette, l’article 1128 du DOC, selon lequel « le cautionnement ne peut
excéder ce qui est dû par le débiteur, sauf en ce qui concerne le terme », n’est pas applicable.

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Puis, les dispositions particulières qui protègent la caution qu’elles soient prévues par la loi n° 31-08 édictant des mesures de
protection du consommateur ou par le livre V du Code de commerce relatif aux procédures des difficultés de l’entreprise ne s’
appliquent pas au garant.
Enfin, le garant ne peut pas opposer au bénéficiaire les exceptions tirées de ses rapports avec le donneur d’ordre ni les
exceptions tirées des rapports de ce dernier avec le bénéficiaire.

2.1.3. Efficacité de la garantie autonome pendant les procédures collectives

L’efficacité de la garantie autonome se manifeste particulièrement lorsque le donneur d’ordre est soumis à une procédure
collective. Si le législateur a veillé à la protection de la caution notamment lorsqu’il s’agit d’une personne physique à travers
plusieurs dispositions du livre V du Code de commerce, il n’a pas réservé le même sort au garant. La raison en est simple : ce
dernier s’engage à payer sa propre dette, laquelle est nouvelle et indépendante par rapport à celle du donneur d’ordre. Cet
avantage précieux offert aux créanciers est un facteur majeur du développement des garanties autonomes notamment en droit
interne.

2.1.4. Aménagement conventionnel de la mise en œuvre de la garantie autonome

La formation d’une garantie autonome est soumise à la liberté contractuelle. Plusieurs aménagements peuvent être prévus par
les parties afin d’encadrer la mise en œuvre. Il est conseillé de choisir les clauses et de les rédiger avec clarté afin de prévenir
toute difficulté liée à l’exécution de la garantie.
Certes, il peut arriver que le donneur d’ordre tente d’obtenir l’insertion de certaines clauses que les établissements de crédit en
tant que garants ne souhaitent pas puisqu’elles peuvent entacher leur crédibilité. Il en est ainsi des clauses accordant un délai
au donneur d’ordre pour vérifier si l’appel de garantie n’est pas abusif ou celles qui conditionnent le paiement à la production
par le donneur d’ordre d’un document attestant qu’il n’existe aucun conflit en cours entre ce dernier et le bénéficiaire. Il n’en
demeure pas moins que ces clauses, une fois insérées, doivent être scrupuleusement respectées pour que la mise en œuvre de
la garantie soit régulière.
Certaines clauses au contraire sont dans l’intérêt du garant et touchent à la fois la question de la mise en œuvre et la question
de l’extinction. Il s’agit essentiellement de la clause d’extinction progressive, laquelle permet de réduire le montant de la
garantie au fur et à mesure de l’exécution du contrat principal.

2.1.5. Absence d’une cause d’extinction

Il va sans dire que, pour mettre en œuvre la garantie autonome, il faut que celle-ci ne soit pas éteinte. A la différence du
cautionnement, cette sûreté personnelle non-accessoire ne peut pas être éteinte par voie accessoire, autrement dit, suite à l’
extinction de l’obligation principale.
Les causes d’extinction mettent fin à la garantie autonome à titre principal. En tant que contrat, la garantie autonome prend
fin par toutes les causes communes aux contrats. Tel est le cas par exemple du paiement, de la remise de dette, de la novation,
de la prescription, etc. (titre sixième du DOC). Elle prend également fin par l’arrivée de l’échéance lorsqu’elle est à durée
déterminée.
Le bénéficiaire doit appeler la garantie avant l’arrivée du terme extinctif. En l’occurrence et à la différence du cautionnement,
il n’y a pas de distinction entre l’obligation de couverture et l’obligation de règlement.

2.2. Inventaire des solutions et éléments de décision


2.2.1. Exigibilité de la dette du garant

La garantie autonome est une sûreté. En tant que telle, elle ne peut être mise en œuvre que si la créance principale garantie
devient exigible et qu’elle n’est pas exécutée. Aussi, si le contrat de base est parfaitement exécuté selon les prévisions des
parties, aucune mise en œuvre de la garantie autonome ne sera envisageable. Au plus, le donneur d’ordre doit rémunérer le
garant lorsque celui-ci s’est engagé en contrepartie d’une somme d’argent. Il en sera ainsi généralement lorsque le garant est
un établissement de crédit.
A l’exception de cette conséquence pécuniaire, l’exécution du contrat principal entre le donneur d’ordre et le bénéficiaire fait
obstacle à la mise en œuvre de la garantie autonome. Autrement dit, la mise en œuvre nécessite l’inexécution ou la mauvaise
exécution du contrat de base sur lequel se greffe la garantie.
Si cette première condition est remplie, la dette du garant devient exigible suite au premier appel de la garantie (C. Cass, 13
oct. 2016, arrêt n° 402).

2.2.2. Modalités de l’appel de garantie

En principe, l’appel de la garantie n’est soumis à aucune formalité spécifique particulièrement s’il s’agit d’une garantie à
première demande. Ainsi, cet appel peut être fait par n’importe quel moyen à condition qu’il soit ferme et sans ambiguïté.

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En l’occurrence, il faut se méfier, si la garantie autonome est à durée déterminée, de l’appel fait dans l’objectif de proroger le
délai. La demande formulée par le bénéficiaire selon le modèle « prorogez ou payez » pourrait être analysée comme un appel
de la garantie dont la fermeté fait défaut.
Cependant, il peut arriver que la convention contienne des formalités et des modalités à respecter. Dans ce cas, l’appel de la
garantie ne sera valable et efficace qu’à la condition d’observer les dispositions conventionnelles. Il peut s’agir par exemple d’
une forme particulière de l’appel comme l’exigence d’une lettre recommandée avec accusé de réception. De même, la lettre de
garantie peut imposer la justification de l’appel fait par le bénéficiaire. Aussi, cet appel doit énoncer le motif. Dans le cadre de
la garantie documentaire, il faut fournir avec l’appel le ou les documents exigés.
L’appel de la garantie doit être fait par le bénéficiaire ou le représentant de ce dernier. Dans ce cas, le représentant doit
justifier son pouvoir auprès du garant.
Le garant n’est pas en principe tenu d’informer le donneur d’ordre. Il est seulement tenu, avant de payer, de vérifier si les
conditions de l’appel de la garantie sont remplies. Mais en pratique, souvent un certain délai est accordé au garant avant le
paiement, un délai lui permettant de vérifier les conditions de l’appel de la garantie et éventuellement d’informer le donneur d’
ordre. L’intérêt serait pour le donneur d’ordre de tenter de bloquer le paiement si l’appel de la garantie est manifestement
abusif ou frauduleux.
L’appel de la garantie doit être fait conformément aux stipulations du contrat de garantie au niveau notamment du montant. L’
absence du caractère accessoire de la garantie implique que le garant paye sa propre dette dont le montant est précisé dans le
contrat de garantie.

Attention
Si la garantie autonome est assortie d’une condition suspensive, il faut attendre la réalisation de celle-ci avant de pouvoir
appeler la garantie.

2.2.3. Paiement de la garantie à première demande pure et simple

Lorsqu’il s’agit d’une garantie autonome payable à première demande, le garant doit payer le bénéficiaire dès qu’il reçoit l’
appel de la garantie. Sa dette devient exigible dès le premier appel (C. Cass, 13 oct. 2016, arrêt n° 402). Il ne peut exiger ni
justification ni document.
Etant donné que son engagement est autonome, il n’est pas en droit de vérifier si le contrat de base a été ou non exécuté. Il
paye sa propre dette. Tout retard de la part du garant peut engager sa responsabilité et par conséquent l’expose au paiement
des dommages et intérêts. Cela dit, souvent en pratique, le contrat ou les usages prévoient un délai avant que le garant paye le
bénéficiaire.
Généralement, le contrat prévoit le mode et la monnaie de paiement (Par exemple, C. Cass, 13 oct. 2016, arrêt n° 402 : la
monnaie de paiement était le Dinar libyen et le Franc français). Aussi, le garant doit se conformer aux précisions contractuelles
quant au lieu et à la devise de paiement. Très souvent, ces questions se posent lorsque la garantie autonome est internationale.

2.2.4. Paiement de la garantie justifiée ou la garantie documentaire

Pour des raisons de protection du garant, le contrat prévoit parfois que l’appel de la garantie soit justifié ou accompagné d’un
ou de plusieurs documents. S’il en est ainsi, le bénéficiaire doit énoncer un motif ou présenter le ou les documents exigés.
Dans le premier cas, il suffit d’énoncer objectivement un motif. Certainement il ne s’agit pas de démontrer que le donneur d’
ordre n’a pas exécuté ses engagements. L’autonomie de l’engagement du garant par rapport au contrat principal fait obstacle à
une telle justification. Le garant n’a pas à vérifier la réalité et la véracité du motif énoncé. Bien qu’il ne soit pas exigé une
preuve de l’inexécution, l’énonciation d’un motif réduit le caractère discrétionnaire de l’appel de garantie et facilite
éventuellement un contentieux basé sur l’inexactitude du motif énoncé.
Dans le second cas, le bénéficiaire doit produire le ou les documents précisés librement dans le contrat de garantie. Ces
documents constituent des pièces justificatives de l’inexécution. Pour autant, le garant n’a pas le pouvoir d’en apprécier le
bien-fondé en raison du caractère autonome de son engagement. Néanmoins, si le bénéficiaire ne produit pas les documents
convenus, le garant a le droit de ne pas effectuer le paiement.

2.2.5. Inopposabilité des exceptions

Le caractère non-accessoire de la garantie autonome a pour conséquence majeure l’inopposabilité des exceptions au
bénéficiaire autres que celles tirées du contrat de garantie.
D’une part, le garant ne peut pas opposer au bénéficiaire les exceptions tirées de ses relations avec le donneur d’ordre. Ainsi
par exemple, le garant ne peut pas refuser le paiement parce que le donneur d’ordre ne lui a pas versé la rémunération prévue
ou parce qu’il n’a pas constitué les garanties de remboursement exigées.
D’autre part, le garant ne peut pas se prévaloir également des exceptions tirées des relations entre le donneur d’ordre et le
bénéficiaire (C. Cass, 13 oct. 2016, arrêt n° 402). A titre d’illustration, le garant ne peut refuser d’exécuter la garantie au motif
que le contrat principal est nul ou résilié, que l’inexécution par le donneur d’ordre trouve sa raison d’être dans la force
majeure, que le bénéficiaire a accordé une remise de dette au donneur d’ordre, etc.

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majeure, que le bénéficiaire a accordé une remise de dette au donneur d’ordre, etc.
Ce principe d’inopposabilité des exceptions a été consacré par l’arrêt n° 231 du 31 janvier 2001. Aux termes de ce dernier, le
garant n’a pas le droit de refuser le paiement pour les motifs inhérents à la relation entre le bénéficiaire et le donneur d’ordre,
ou à la relation de ce dernier et le garant (C. Supr. 31 janv. 2001, arrêt n° 231).

2.2.6. Moyens de défense du donneur d’ordre

Bien que le donneur d’ordre ne soit pas partie à la convention de garantie entre le garant et le bénéficiaire, la question s’est
posée de savoir s’il peut agir afin de s’opposer au paiement ou au moins obtenir un délai et suspendre provisoirement le
paiement.
Cette possibilité lui serait reconnue chaque fois qu’il démontre que le paiement du bénéficiaire lui cause un préjudice certain
et irréparable. Cette démonstration permettrait d’atténuer la rigueur de l’indépendance de la garantie autonome
particulièrement lorsqu’elle est payable à première demande.
Cependant, dans un contexte international, la crédibilité des établissements de crédit en tant que garants autonomes les
poussent à contester ces blocages et à préférer le paiement du bénéficiaire.
Cela dit, la convention des Nations-Unies sur les garanties indépendantes et les lettres de crédit Stand-by, dont le Maroc ne
fait pas partie, admet la possibilité des mesures provisoires et conservatoires s'il y a une forte probabilité, sur la base
d'éléments de preuve sérieux immédiatement disponibles, que l'appel de la garantie soit sans justification concevable.
Conformément à l’esprit de cette sûreté personnelle non-accessoire et à la lettre des clauses de la garantie autonome
notamment lorsqu’elle est payable à première demande, il serait difficile pour le donneur d’ordre de s’opposer au paiement du
bénéficiaire en dehors des cas de fraude ou d’abus manifestes, des appels de garantie prématurés ou tardifs et des appels ne
respectant pas les modalités convenues dans le contrat. En effet, dans la majorité des cas, le donneur d’ordre tente de s’
opposer au paiement en se fondant sur des exceptions tirées de ses rapports avec le bénéficiaire. Or, l’intérêt principal de la
garantie autonome est d’éviter de se prévaloir de ces exceptions.

Attention
le garant peut perdre le recours contre le donneur d’ordre, engager sa responsabilité et être condamné à des dommages et
intérêts en cas de refus injustifié de paiement. Il sera exonéré de toute responsabilité si son refus se fonde sur une décision
judiciaire lui ordonnant de ne pas payer. Encore faut-il obtenir une telle décision étant donné les objections selon
lesquelles la force obligatoire du contrat interdirait au juge d’ordonner l’inexécution du contrat à la demande d’une
personne qui n’a pas la qualité de partie.
D’ailleurs, l’un des fondements qui ont appuyé l’arrêt du 31 janvier 2001 est l’article 230 du DOC selon lequel les
obligations contractuelles valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites, et ne peuvent être révoquées
que de leur consentement mutuel ou dans les cas prévus par la loi (C. Supr. 31 janv. 2001, arrêt n° 231).

2.2.7. Mettre en œuvre une garantie autonome dans le cadre d’une procédure collective

Eu égard aux procédures collectives, les dispositions protectrices des cautions ne concernent pas les garants (C. com., art. 695
et suiv.) puisque le législateur vise spécifiquement le cautionnement et n’envisage pas la garantie autonome. La raison de
cette exclusion réside essentiellement dans l’absence du caractère accessoire dans la mesure où le garant s’engage, à la
différence de la caution, à payer sa propre dette.
Par conséquent, le garant d’un donneur d’ordre soumis à une procédure collective ne peut pas se prévaloir de l’accord amiable
conclu pendant la phase de conciliation (C. com., art. 559). Il ne bénéficie pas de la suspension des poursuites individuelles, de
l’arrêt ou la suspension des mesures d’exécution (C. com., art. 686) et de l’arrêt du cours des intérêts légaux et conventionnels (
C. com., art. 692). En outre, il ne peut se prévaloir des dispositions du plan de sauvegarde (C. com., art. 572) et du plan de
continuation (C. com., art. 695). Toutes ces dispositions sont réservées exclusivement aux cautions et ne visent pas les garants
autonomes.
Ces conséquences graves de l’autonomie de cette garantie personnelle limite largement l’efficacité des dispositions légales et
n’encouragent nullement les dirigeants-garants autonomes à déclencher rapidement les procédures de prévention et de
traitement des difficultés.
Cependant, la question qui se pose est de savoir si le créancier peut poursuivre le garant bien qu’il n’ait pas déclaré sa créance.
Pour le cautionnement, l’article 695 du Code de commerce est clair. Le recours contre les cautions ne peut être ouvert que
pour les créances déclarées. Cette solution est-elle transposable à la garantie autonome ? A cause de l’autonomie de cette
dernière, le garant ne peut opposer au bénéficiaire le défaut de déclaration. Par conséquent, une réponse négative à la
question s’impose.
Cela dit, lorsque le garant lui-même est soumis à une procédure collective, le créancier bénéficiaire d’une garantie autonome
doit, comme tous les créanciers, déclarer sa créance et ne pas attendre qu’il soit averti personnellement par le syndic pour
déclarer sa créance étant donné qu’il n’est pas titulaire d’une sûreté qui fait l’objet d’une publication. Le syndic n’est tenu d’
informer que les titulaires des sûretés ayant fait l’objet d’une publication et les créanciers qu’il connaît ainsi que ceux inscrits
sur la liste fournie par le débiteur (C. com., art. 719). Par ailleurs, le bénéficiaire subira tous les effets du jugement d’ouverture.

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2.2.8. L’appel de garantie irrégulier

Très souvent, la garantie autonome est renfermée dans une durée déterminée. L’appel de la garantie dans ce cas doit
intervenir pendant cette durée. Tout appel prématuré ou tardif peut conduire à un refus de paiement de la part du garant ou
une opposition de la part du donneur d’ordre. Il s’ensuit que l’appel de la garantie doit intervenir après l’entrée en vigueur de
la garantie autonome et avant son extinction.
Toutefois, le garant peut refuser de payer le bénéficiaire en lui imposant la nullité de la garantie. Cette exception tirée des
rapports personnels entre ces derniers est tout à fait recevable.

2.2.9. L’appel de garantie manifestement frauduleux ou abusif

Bien que l’appel de la garantie intervienne pendant la durée d’efficacité de la garantie autonome, il peut être entaché d’abus
ou de fraude. Cette situation correspond généralement aux appels de garantie animés par une mauvaise foi de la part du
bénéficiaire. Mais généralement, il est exigé que l’abus ou la fraude soit évident.
Il en sera ainsi si le bénéficiaire a rompu volontairement le contrat principal ou n’a pas délibérément exécuté ses obligations et
a néanmoins appelé la garantie. Au niveau international, l’abus est souvent constitué lorsque le bénéficiaire appelle la
garantie à cause des conflits entre son pays et le pays du débiteur.

Attention
Le garant qui paye le bénéficiaire alors qu’il ne pouvait pas ignorer le caractère manifestement abusif de l’appel de garantie
peut engager sa responsabilité. C’est le cas par exemple si le garant exécute une garantie périmée.

3. Mise en œuvre
3.1. Vérifier l’inexécution de l’obligation garantie

Malgré le caractère accessoire de la garantie autonome, celle-ci remplit la fonction d’une sûreté. Par voie de conséquence, le
bénéficiaire ne peut demander l’exécution de la garantie que si l’obligation principale n’a pas été ou a été mal exécutée. Aussi,
le bénéficiaire doit apprécier l’inexécution par le donneur d’ordre et s’abstenir d’appeler la garantie lorsque ce dernier a
intégralement et correctement exécuté ses engagements.

3.2. Envoyer un appel de garantie au garant

Après avoir vérifié que l’obligation garantie n’a pas été exécutée, le bénéficiaire doit appeler la garantie en respectant, le cas
échéant, la forme prévue par le contrat. Si aucune forme n’est prévue, il suffit d’envoyer au garant un appel de garantie ferme
et non-équivoque par courrier, par télex, par mail, etc.
Il est recommandé toutefois de préconstituer une preuve de l’envoi en adressant un courrier recommandé avec accusé de
réception. Cet appel de garantie doit être envoyé pendant la durée d’efficacité de la garantie autonome.
Dans le cas où l’appel de garantie doit être motivé, il est indispensable d’annoncer le motif de la mise en œuvre de la garantie
sans obligation de joindre les pièces justificatives.
L’appel en garantie doit être envoyé par le bénéficiaire lui-même ou par un mandataire qui peut justifier sa qualité et son
pouvoir par un mandat spécial.

3.3. Joindre à l’appel de garantie les documents exigés

A l’appel de garantie, il faut joindre les documents exigés dans le contrat de garantie s’il s’agit d’une garantie autonome
documentaire. Généralement, ce sont des documents qui attestent l’inexécution de ses engagements par le donneur d’ordre
comme par exemple une attestation d’un bureau d’études, rapport d’un expert, une mise en demeure adressée au donneur d’
ordre, etc.

3.4. Accorder un délai de paiement le cas échéant

Si le contrat de garantie impose d’accorder au garant un délai avant le paiement, il faut respecter ce délai. Dans le cas
contraire, le bénéficiaire peut toujours accorder un délai raisonnable pour que le garant puisse prendre ses dispositions avant
le paiement.

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3.5. Déclarer la créance si le garant est soumis à une procédure collective

En tant que créancier, le bénéficiaire doit déclarer sa créance si le garant est soumis à une procédure collective. Cette
déclaration doit être faite au syndic dans un délai de deux mois conformément aux dispositions de l’article 720 du Code de
commerce. La déclaration doit contenir les mentions obligatoires prévues par l’article 721 du même Code.

3.6. Informer le donneur d’ordre de la réception de l’appel de garantie

Bien que le garant ne soit pas obligé d’informer le donneur d’ordre, il est souhaitable que cette information soit réalisée
pendant le délai qui sépare éventuellement l’appel de garantie du paiement afin de permettre à ce dernier de s’opposer au
paiement si un abus manifeste ou une fraude entache l’appel de garantie. Toutefois, l’information ne signifie pas autorisation
du donneur d’ordre. Le garant doit payer sans attendre l’accord de ce dernier.

3.7. S’opposer à l’appel de garantie s’il est manifestement abusif ou frauduleux

Le garant ne peut pas s’opposer au paiement en se fondant sur des exceptions tirées de ses rapports avec le donneur d’ordre ou
sur les exceptions tirées des rapports de ce dernier avec le bénéficiaire.
Les seules possibilités ouvertes au garant pour refuser le paiement résident ou bien dans les exceptions tirées du contrat de
garantie ou bien dans le cas d’abus ou fraude manifeste. Généralement, lorsque le garant est en mesure de démontrer que l’
appel de garantie est manifestement abusif ou frauduleux, il peut refuser légitimement le paiement.

3.8. Payer le montant de la garantie autonome conformément aux modes prévus dans le contrat

Le garant doit payer le montant prévu dans la lettre de garantie sans délai. Tout retard peut engager sa responsabilité civile
contractuelle et la condamnation à des dommages et intérêts.
Le retard de paiement peut exposer le garant à des mesures conservatoires sollicitées par le bénéficiaire. Le paiement doit s’
effectuer conformément aux modes précisés dans le contrat notamment au niveau de la monnaie et du lieu de paiement.

4. Outils
4.1. Check-list

Vérifier l’inexécution de l’obligation garantie ;


Envoyer un appel de garantie au garant ;
Annoncer un motif de mise en œuvre de la garantie s’il s’agit d’une garantie payable à première demande justifiée ;
Joindre les documents exigés s’il s’agit d’une garantie autonome documentaire ;
Respecter un délai de paiement le cas échéant ;
Informer éventuellement le donneur d’ordre si vous êtes garant ;
Refuser le paiement si l’appel de garantie est manifestement abusif ou frauduleux ;
Payer le montant prévu dans le contrat de garantie selon les modes conventionnels si l’appel de garantie est régulier.

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Mettre en œuvre une garantie autonome

Auteur

Jamal RBII
Professeur de droit privé - Université Mohammed V de Rabat

Principaux domaines d'expertise

Droit des obligations


Droit du travail
Les principaux contrats de l’entreprise : le bail commercial, les sûretés, les contrats portant sur le fonds de commerce,
le contrat de société, les contrats de distribution, les contrats de consommation
Droits réels et droit foncier
Procédure civile

Formation
Docteur en droit privé de l’Université des Sciences Sociales Toulouse I Capitole

Expérience professionnelle

Depuis 2010 : professeur de droit privé à l’Université Mohammed V de Rabat


2008/2010 : attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER) à l’Université des Sciences Sociales Toulouse I
Capitole

Bibliographie

« L’obligation de motivation en droit des contrats », thèse de doctorat (Toulouse 1 Capitole) sous la direction de M.
Louis Rozès reproduite en microfiche (2009, 590 pages) : Réf ANRT : 61287
« L’acte unilatéral réceptice », in Métamorphoses de l’acte juridique, (sous dir.) M. Nicod : LGDJ 2011, p. 87
« Le plafonnement du loyer révisé en matière de bail commercial » : Revue marocaine de droit, numéro spécial 3, 2011,
p. 130
« La condition suspensive d’obtention d’un prêt dans les promesses de vente immobilière » : REMALD, n° 108, janv.-
févr. 2013, p. 113
« Le droit de rétractation dans la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur » : Ouvrage collectif
sous la direction de M. Riad Fakhri, Publication de la FSJES de Settat, Ennajah El Jadida, 2013, p. 5
« Le recours au contrat de travail à durée déterminée. À propos de l’arrêt de la chambre sociale du 15 septembre
2011 » : REMALD n° 111, juillet-août 2013, p. 193
« Le financement des projets de partenariat public-privé par le mécanisme de la cession de créance », in Vers un cadre
juridique des contrats de PPP au Maroc : éd. Bouregreg, 2014, p. 97
« Le sort de la démission signée par le salarié pendant sa garde à vue suite à une plainte de son employeur. À propos de
l’arrêt de la chambre sociale n° 1244 du 26 septembre 2013 » : REMALD, n° 119, nov.-déc. 2014, p. 341
« À quel moment faut-il se placer pour calculer le délai de 48 heures pour la notification du licenciement
disciplinaire ? » : REMALD, n° 122, 2015
« L’incidence de la maladie du salarié survenue pendant le congé annuel payé » : REMALD, n° 122, 2015
« La loi n° 78-12 modifiant et complétant la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes » : Revue Droit et stratégie des
affaires au Maroc, n° 5, sept. 2015, act. 12
« Le droit à l’exécution forcée en nature » : Revue marocaine de droit, d'économie et de gestion (revue de la FSJES de
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« L’abus de faiblesse et d’ignorance dans la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur », in La
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« Les banques participatives au Maroc » (avec le professeur A. Allali) : The MENA Business Law Review, n° 2, 2016

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Mettre en œuvre une garantie autonome

« Les banques participatives au Maroc » (avec le professeur A. Allali) : The MENA Business Law Review, n° 2, 2016
« L’Homme du DOC », in Les changements économiques et leurs impacts sur le dahir des obligations et des contrats :
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« Loi n° 19-12 fixant les conditions d’emploi et de travail des travailleurs domestiques » : Revue Droit et stratégie des
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« Le contrat de travail des salariés étrangers au Maroc » : The MENA Business Law Review, n° 2, 2017, p. 49
« La loi n° 98-15 : l'assurance maladie obligatoire (AMO) des travailleurs indépendants » : Revue Droit et stratégie des
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« La protection du consommateur par le délai de réflexion » : REMALD, n° 142, 2018, p. 17
« La protection du consommateur par le délai de réflexion » : REMALD, n° 142, 2018, p. 17

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