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La rupture des pourparlers et ses conséquences

Cass. com., 18 janvier 2011

La Ccass rejette le pourvoi. Relève que la faute commise était la seule à l’origine de la
faute abusive, donc il y a bien eu rupture abusive des pourparlers.

Question de droit :

Ce qui est important dans cette décision : elle réunit tous les critères utilisés par la
jurisprudence afin d’engager la responsabilité de l’auteur de la rupture.

 Ces critères sont : « Rompre sans raison légitime, brutalement et


unilatéralement des pourparlers avancés ».
 Notion de caducité : est frappé de caducité un acte juridique valablement formé ;
mais attendant encore de l’avenir pour sa pleine efficacité un élément de
perfection. L’acte perd toute valeur sous le coup d’un évènement ultérieur, car cet
évènement, au lieu d’apporter l’élément attendu, en marque la défaillance.

Le fondement de la décision  art 1382 (ancien) Cc au sens commun de faute en


matière de responsabilité extracontractuelle.

Cass. 3ème civ., 7 janvier 2009

La société assigne la SCI pour obtenir réparation du préjudice subi, lié au défaut
d’exploitation du local, et préjudice du fait de l’impossibilité d’ouvrir le commerce.

Arrêt cassé et annulé par la CCass :

Question de droit : Les gains espérés de la conclusion du contrat envisagé peuvent-


ils être inclus dans la réparation d’une rupture abusive des pourparlers ?

 Non, car

En rompant les pourparlers, le cocontractant prive l’autre de la chance de poursuivre les


négociations, qui peut-être auraient été concluantes. La Ccass n’a pas voulu retenir la
chance d’ouvrir son commerce et de la génération de chiffres d’arrêt, car on ne peut pas
savoir si les négociations auraient été concluantes ou si le commerce aurait été fructueux.

De plus, si on sanctionne les réparations des gains espérés, cela revient à une exécution
par équivalent.

 Perte de chance de poursuivre les négociations ; et dans une moindre mesure perte de
temps et de conclure avec quelqu’un d’autre.
L’offre et l’acceptation

 Offre : engagement unilatéral


o Pour former un contrat, il faut deux éléments : une offre et une acceptation.
L’acceptation doit réunir exactement les mêmes termes que ceux de l’offre,
sinon c’est une proposition.
o Si je vois un taxi garé dans la rue avec le voyant vert : est-ce que c’est une
offre ? Oui, c’est une offre tacite. Offre qui n’est pas manifestée par un acte
formel, mais par un comportement dont on peut déduire la volonté de
contracter.
 Ex : contrat de bail, le fait que je reste dans mon appartement permet
au bailleur de déduire que je souhaite reconduire le contrat.
 Contrat de taxi : contrat partiellement d’adhésion. On accepte le prix
fixé par le compteur, mais c’est nous qui décidons à quelle heure,
jusqu’où, etc.
 Lésion/contrat lésionnaire : contrat où les intérêts sont déséquilibrés sans que ce
déséquilibre ait été voulu.

Cass. 1ère civ., 7 mai 2008

Promesse d’achat le 24 juin et dépôt de garantie pour acheter un immeuble. Offre de la


part des potentiels acheteurs assortie d’un délai : type l’offre d’achat sera valable jusqu’au
27 juin. La personne qui voulait acheter a décidé de se retirer et envoie un courrier pour
annuler son offre. Or, les vendeurs font partir un courrier pour accepter l’offre.

Selon la CA, la rétractation de la dame était valable parce qu’elle avait été faite avant
l’émission de l’acceptation de l’offre.

Question de droit : Est-ce que le promettant avait le droit de rétracter leur offre
avant le délai déterminé ?

 La réponse est non. Quand une offre est faite avec délai, la rétractation de cette offre
est fautive et entraîne l’octroi de dommages et intérêts. Pourquoi on ne force pas à
acheter, puisque le promettant s’est engagé ? Pourquoi on ne force pas le contrat étant
donné l’engagement de volonté ? Parce qu’il n’y a pas eu de rencontres des volontés.

Cass. 1ère civ., 25 juin 2014

Question de droit : Quel est l’incidence du décès de l’offrant intervenu avant


l’acceptation sur l’offre faite à personne déterminée et non assortie d’un délai ?

 Le décès de l’offrant provoque la caducité de l’offre non assortie d’un délai. S’il y avait
eu un délai, l’offre aurait été valable malgré le décès car elle aurait été transmise aux
ayants-droits, qui aurait dû exercer la volonté de leur père.

Cass. soc., 21 septembre 2017

Est-ce qu’une promesse de contrat de travail vaut contrat de travail, et le salarié peut-il
prétendre aux indemnités pour rupture fautive du contrat de travail.

Il fallait savoir si c’était une offre de contrat de travail ou est-ce que c’est une promesse de
contrat de travail  la qualification est essentielle au regard des sommes perçues.

Club de rugby qui propose à un jour de l’embaucher, et retire sa proposition avant que le
joueur l’accepte. Le joueur considérait que la promesse de contrat de travail valait contrat
de travail, et estimait avoir droit aux indemnités pour rupture abusive de contrat de travail.

En faisant reconnaitre l’existence d’une promesse de contrat, l’ex futur salarié, sollicitait la
requalification de la rupture en licenciement sans cause réelle et sérieuse : obtient le
versement de dommages et intérêts et de diverses indemnités, voir le payement des
salaires qui auraient été versés en cas de CDI. Si uniquement offre, cela se serait résolu
en simple dommages et intérêts.

La CCass chambre sociale a décidé de retenir la promesse

Désormais, depuis 2016, l’offre et la promesse sont définis dans le Cc, et un régime précis
est prévu pour les 2.

 Cet arrêt permet à la CCass de modifier sa position. Elle indique qu’il y a promesse
d’embauche quand le salarié dispose d’un véritable droit d’opter pour la conclusion du
contrat ; et qu’à défaut, il ne s’agit que d’une offre de contrat. Une offre de contrat, dès lors
qu’elle est sans délai, est révocable par l’employeur jusqu’à l’acceptation. L’employeur qui
retire même une offre d’embauche sera sanctionné, mais moins.

L’offre est un acte unilatéral qui émane d’une partie : il faudra une acceptation pour former
le contrat. Une promesse unilatérale est un avant contrat. Pour que ce soit une promesse,
il faut que le droit d’opter soit clairement précisé et pour que ce soit une promesse il faut
que le destinataire fasse savoir sa volonté d’exercer éventuellement son droit d’opter. 
Accord de volonté qui dispose qu’une partie s’engage et que l’autre reste libre d’accepter
ou non.

Cette orientation réduit le risque de requalification, car ajd on dispose de définitions.

La CCass reproche à la CA d’avoir conclu à une promesse sans avoir démontré que le
document offrait un droit d’opter (en l’occurrence il n’y avait pas de droit d’opter) : la
CCass a donc tranché en disant que c’était une offre de contrat de travail et pas une
promesse de contrat de travail.

SANS CONSTATER = SANS AVOIR DÉMONTRÉ

Avant 2016 :

Après 2016 :

Question de droit : Une proposition qui n’offre pas à son destinataire le droit d’opter
pour la conclusion du contrat peut-elle être qualifié de promesse d’embauche dès
lors que les éléments essentiels du contrat sont déterminés, et qu’il ne manque
pour la formation dudit contrat que le consentement du bénéficiaire de l’offre ?

Pour la CCcass, le document litigieux n’avait pas valeur de contrat de travail


notamment parce qu’il manquait le droit d’opter et le consentement de son
destinataire (joueur). Abandon de la jurisprudence selon laquelle une promesse
d’embauche précisant date d’entrée en fonction + conditions d’emploi valait pour
contrat de travail  La CH sociale d’habitude très protectrice des employés aligne
sa jurisprudence sur l’ordonnance.

Le pacte de préférence et la promesse unilatérale

Cass. ch. mixte, 26 mai 2006

La CA a rejeté la substitution : pas étonnant car c’était la jurisprudence classique à


ce moment-là. Jurisprudence archi classique, alors que déjà très contestée. Le
pacte de préférence est un avant contrat, mais il répond au régime général des
contrats : question sur ce à quoi s’est engagé le débiteur du pacte de préférence. La
doctrine n’était pas d’accord sur ce qui était constitutif de l’obligation du débiteur :
deux théories.

 1ère théorie : le contenu du pacte de préférence implique que le débiteur s’engage


à ne pas vendre à un tiers pour un délai déterminé. S’il vendait, dommages et
intérêts. Rencontre des volontés pour dire que je m’engage à ne pas vendre à un
tiers. Pacte de préférence est un avant contrat indépendant de l’engagement de
vendre.
 2ème théorie : on change de regard sur le pacte de préférence, on considère que le
débiteur du pacte s’est engagé à ne pas vendre à un tiers, mais également à
vendre au créancier du pacte de préférence.  Conséquence : on passe de
dommages et intérêts à une substitution (à condition que le nouvel acquéreur avait
connaissance de l’existence du pacte de préférence préexistant). Si le nouvel
acquéreur avait connaissance, on peut forcer l’exécution de la substitution.
 Question de droit : La violation d’un pacte de préférence permet-elle au
bénéficiaire du pacte de préférence d’être substitué au nouvel acquéreur ?

La CCass a rejeté le pourvoi et confirmé l’interprétation de la CA, en faisant un arrêt de


principe

La CCass effectue un revirement et admet que le pacte de préférence violé par le


débiteur fasse l’objet d’une exécution forcée, par la substitution du débiteur du
pacte au tiers acquéreur, avec des conditions strictes (connaissance du nouvel
acquéreur de l’existence du pacte de préférence et la connaissance de l’intention du
titulaire du pacte de préférence de s’en prévaloir).

Polémique à la suite de cet arrêt : Les contrats ne valent que pour les parties l’ayant
conclu ensemble. Pas de contrat entre le bénéficiaire du pacte et le tiers ; pourtant on
sanctionne la mauvaise foi du tiers acquéreur vis-à-vis du bénéficiaire du pacte. 
Toutefois, si on ne faisait pas comme ça, le pacte de préférence n’aurait pas beaucoup
d’intérêt.

Incohérence dans l’arrêt : si on annule le contrat, alors on ne peut pas substituer


quelque chose qui n’a jamais existé  « Mais attendu que, si le bénéficiaire d’un pacte de
préférence est en droit d’exiger l’annulation du contrat passé avec un tiers en
méconnaissance de ses droits et d’obtenir sa substitution à l’acquéreur »

Cass. 3ème Chambre civ., 14 février 2007


Arrêt intéressant car il vient confirmer l’arrêt précédent. 3ème chambre civile qui se rallie à
l’interprétation de la Chambre Mixte. On a reproché à l’arrêt précédent que les
conditions étaient trop sévères et ne permettrait jamais son application. Cet arrêt
vient prouver que c’est faux.

Cass. 3ème civ., 29 juin 2010

 Question de droit :

On savait que le tiers acquéreur avait connaissance du pacte et a conclu quand même. Il
fallait interpréter le principe jurisprudentiel précédent ; et pour assouplir ces conditions, on
peut se dire que dès lors que le tiers acquéreur a connaissance de l’existence du pacte de
préférence, il est à sa charge de se renseigner quant à l’intention du bénéficiaire du pacte
de s’en prévaloir. Fait peser la responsabilité sur le tiers acquéreur.

Sur quel fondement on opposerait ça au tiers qui n’est pas parti au contrat de pacte
de préférence ?  Le fait d’avoir connaissance de l’existence d’un pacte de préférence et
de ne pas s’être renseigné pourrait se fonder sur la responsabilité délictuelle (puisqu’on
ne peut pas utiliser la responsabilité contractuelle car pas de contrat entre le tiers
acquéreur et le bénéficiaire du pacte) : toute faute qui cause dommage à autrui doit la
réparer.

On créerait une obligation de renseignement.  Cet arrêt refuse de créer une


obligation de renseignement sur le fondement de la responsabilité délictuelle en
disant que c’est trop lourd.

Cass. civ. 3ème, 4 mars 2021

La CCass réaffirme les 2 conditions permettant de substituer un pacte de préférence : « Il


incombe au bénéficiaire d'un droit de préférence et de préemption qui sollicite l'annulation
de la vente et sa substitution dans les droits du tiers acquéreur de rapporter la double
preuve de la connaissance, par celui-ci, de l'existence du pacte de préférence et de
l'intention du bénéficiaire de s'en prévaloir ».

 Arrêt intéressant car le principe s’applique même à des professionnels et des


grosses sociétés (ici Carrefour et Super U).

La promesse de vente

Cass. 3ème civ., 15 décembre 1993 (affaire Cruz)

Propriétaire qui consent à une promesse de vente avec un délai jusqu’au 1er septembre.
Quelques jours après la promesse, annonce son intention de ne plus vendre. Assigné la
dame à l’exécution forcée de la promesse de vente.
Question : quelle est la nature de l’obligation qui nait d’une promesse de vente ?

 Question de droit : Dans le cadre d’une promesse de vente, la levée d’option


postérieure à la rétractation du promettant mais dans le délai fixé peut-elle
entrainer la réalisation forcée de la vente ?

La CCass dispense la promettante de ses obligations, car elle n’était en vertu de la


promesse de vente que débitrice d’une obligation de faire.  Référence à l’art 1142 Cc :
« Toute obligation de faire ou de ne pas faire se résout en dommages et intérêts en cas
d’inexécution de la part du débiteur ». Pourquoi appliquer cet article ? La justification de
l’article dans le Code de 1804 était d’éviter la contrainte par corps. La loi ne tombe pas en
désuétude, le juge peut toujours aller le chercher.

On considère maintenant que dès l’envoi de la promesse de vente, le promettant


s’engage à vendre : 1124 Cc, maintenant peut amener à une exécution forcée.

Dans l’arrêt du 11 mai 2011, la Ccass maintient sa jurisprudence : ce qui a déçu


beaucoup de monde. Elle a changé le motif et abandonné l’article 1142 et s’est
fondée sur 1001 et 1034 Cc ; postérieurement à l’arrêt de 2006 (jurisprudence sur le
pacte de préférence).

Cass. civ. 3ème, 20 octobre 2021

Faits antérieurs à l’ordonnance de 2016.Promesse de vente ; promettant se rétracte avant


que les acheteurs aient levé l’option. Les acheteurs assignent en exécution forcée de la
vente.

Revirement de jurisprudence : avant, on considérait que la rencontre des


consentements des parties s’opère au moment de la levée de l’option. Maintenant,
la CCass retient que : l'engagement du promettant signataire d'une promesse
unilatérale de vente constitue une obligation définitive à vendre dès la conclusion
de l'avant-contrat, sans possibilité de rétractation, sauf stipulation contraire.

« Cependant, à la différence de la simple offre de vente, la promesse unilatérale de vente


est un avant-contrat qui contient, outre le consentement du vendeur, les éléments
essentiels du contrat définitif qui serviront à l'exercice de la faculté d'option du bénéficiaire
et à la date duquel s'apprécient les conditions de validité de la vente, notamment
s'agissant de la capacité du promettant à contracter et du pouvoir de disposer de son
bien ».

Arrêt intéressant car l’affaire est jugée sous le droit avant l’ordonnance car moment des
faits avant 2016 ; mais la CCass décide de s’aligner sur l’ordonnance même si elle n’est
pas applicable en l’espèce. On est dans le cadre de l’interprétation.

Cass. com., 15 mars 2023

Confirmation de la jurisprudence de 2021 face à des juges de fond qui avaient appliqué la
jurisprudence de 1993 (Affaire Cruz).

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