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DROIT DIPLOMATIQUE ET CONSULAIRE


RAPPORTS ENTRE RELATIONS DIPLOMATIQUES ET CONSULAIRES

A. Principes juridiques organisant les rapports entre relations diplomatiques et


relations consulaires

1. L’altérité1des relations diplomatiques et des relations consulaires


Dans les deux cas, il existe un point commun : l’établissement des relations diplomatiques ou
des relations consulaires se fait toujours par consentement mutuel des Etats concernés.
L’établissement des relations diplomatiques implique, sauf indications contraires, le
consentement à l’établissement des relations consulaires.
Comme il s’agit de deux types de relations distincts, deux Etats peuvent établir entre eux des
relations consulaires sans qu’ils entretiennent des relations diplomatiques.
De la même manière la rupture de relations diplomatiques n’entraîne pas la rupture des
relations consulaires (article 2§3).

La rupture des relations consulaires est moins fréquente que la rupture des relations
diplomatiques. En cas de rupture de relations diplomatiques, les relations consulaires se
poursuivent soit par les membres du corps consulaire soit par les sections d’intérêts ouvertes
dans les missions diplomatiques d’Etats tiers.

On peut aussi avoir des relations diplomatiques sans relations consulaires ou rupture de
relations consulaires avant la rupture de relations diplomatiques.

2. L’exercice des relations consulaires


L’article 3 de la Convention de Vienne sur les relations consulaires de 1963 dispose : « Les
fonctions consulaires sont exercées par des postes consulaires. Elles sont aussi exercées par
des missions diplomatiques conformément aux dispositions de la présente Convention ».
Il est donc possible d’avoir des relations consulaires par le biais d’une mission diplomatique.
Dans ce cas, le poste consulaire est ouvert dans la mission diplomatique et est placé sous
l’autorité de cette mission. Il n’est pas un poste consulaire au sens de l’article 1 de la
Convention de 1963 ; il s’appelle section consulaire ou chancellerie consulaire.
En d’autres termes, l’Etat accréditant peut installer une chancellerie consulaire rattachée à une
mission diplomatique sans demander l’autorisation de l’Etat accréditaire, mais celui-ci peut
s’y opposer.
Dans plusieurs pays, l’ambassadeur ou un autre diplomate est commissionné consul général :
il est alors porteur d’une commission consulaire ou lettre de provision. Dans d’autres pays,
des fonctions minimales sont exercées sans commission consulaire, uniquement sur la base de
l’article susmentionné.

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Distinction, différence
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Les relations consulaires sont normalement exercées par des agents de carrière épaulés par des
consuls honoraires ; on distingue donc les consuls de carrière et les consuls horaires. Les
premiers exercent exclusivement des fonctions consulaires et n’ont pas d’autres activités. Ils
sont appelés consuls effectifs ou consuls rétribués, car ils sont rémunérés. Les seconds sont
appelés consuls marchands ou consuls non rétribués. Ce sont généralement des commerçants
de la nationalité de l’Etat où ils exercent ces fonctions.
La distinction entre les deux types de consuls est difficile à établir faute de critères convenus
par les Etats ; mais une distinction idéale tournerait autour des critères suivants :
Consuls honoraires :
 Ne sont pas rémunérés
 Ne sont pas liés par un contrat de service
 Peuvent ne pas être de la nationalité de l’Etat d’envoi ; le plus souvent, ils sont
nationaux de l’Etat de résidence
 N’ont pas de formation consulaire spéciale
 Exercent en général une autre fonction (commerçants, banquiers, hommes de loi : les
avocats par exemple)
 Ont des fonctions relativement réduites
 Ne jouissent pas d’immunité sauf pour les actes de fonction.
Consuls de carrière
 Sont rétribués
 Sont liés par un contrat de service
 Possèdent la nationalité de l’Etat d’envoi
 Ont reçu une formation, une préparation technique
 Exercent des fonctions étendues
 Ne peuvent exercer une autre profession
 Jouissent d’immunités étendues.
L’Etat d’envoi peut faire régir la totalité du territoire de l’Etat de résidence par l’ambassadeur
ou bien simplement les parties du territoire qui ne sont pas couvertes par la circonscription de
postes consulaires. Le système sera le plus souvent mixte lorsque le pays de résidence est
important et géographiquement vaste.
3. Le régime juridique des relations consulaires exercées par la mission
diplomatique
La question qui se pose est quel est le régime qui l’emporte, celui de la Convention de Vienne
de 1963 ou celui de la Convention de Vienne de 1961 lorsque les relations consulaires sont
exercées par une mission diplomatique ?
La réponse se trouve dans l’article 70§1 de la Convention de Vienne de 1963 : « les
dispositions de la présente Convention s’appliquent également, dans la mesure où le contexte
le permet, à l’exerce de fonctions consulaires par une mission diplomatique ». Ceci signifie
que pour l’exercice d’une activité consulaire, il convient de se rapporter à l’article 5 de cette
Convention qui indique en quoi consistent les fonctions consulaires.
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Y a-t-il alors nécessité pour un diplomate d’avoir un Exequatur pour exercer de telles
fonctions consulaires ? La Convention est reste muette : certains pays l’exigent, d’autres ne le
font pas. Un problème peut se poser qui découle de l’existence de deux règles diamétralement
opposées quant au canal des relations avec les autorités locales. Le partenaire obligé pour un
diplomate est le MAE, alors que pour le consul, il ne peut entrer en contact qu’avec les
autorités locales de sa circonscription ou avec les autorités centrales compétentes de l’Etat de
résidence si et dans la mesure où cela est admis par les lois de l’Etat de résidence ou par les
accords internationaux en la matière (article 38 de la Convention de Vienne de 1963).

Là aussi, la Convention de Vienne a résolu le problème dans son article 70§3 (lire l’article).
Certains Etats exigent l’Exequatur pour que les missions diplomatiques puissent entrer en
contacts directe avec les autorités locales de la circonscription.
Pour les privilèges et immunités, c’est le régime diplomatique qui l’emporte puisqu’il s’agit
d’un diplomate qui exerce des fonctions consulaires. La solution est la même en ce qui
concerne les préséances (il est d’abord un diplomate avant d’être un consul général.

4. Le régime juridique des relations diplomatiques exercées par le poste


consulaire
La différence essentielle entre la fonction de consul de celle de l’agent diplomatique est que,
contrairement au second, le premier n’a pas un caractère représentatif et n’a aucune
attribution en matière politique. Le consul ne représente donc pas son Etat auprès de l’Etat
de résidence (le consul général du Burundi à Kigoma ne représente pas le Burundi en
Tanzanie par exemple); il n’est pas accrédité auprès des autorités de l’Etat de résidence. Ses
tâches ont un caractère de nature typiquement interne et administratif.
La conséquence de ce caractère non représentatif de la fonction de consul est que la fonction
n’est pas affectée par les soubresauts politiques qui peuvent troubler les relations
diplomatiques : changement de gouvernement, occupation ou annexion de territoire.
Bien plus, la nomination d’un consul n’implique pas la reconnaissance de l’Etat d’envoi, par
l’Etat de résidence si telle est l’intention de ce dernier.
Le maintien d’un consul (en cas d’installation d’un gouvernement qu’on ne reconnaît pas)
n’implique pas, par lui-même, la reconnaissance de l’autorité ayant l’effectivité du pouvoir
dans la circonscription.
Du fait du caractère non représentatif des consuls découle aussi le fait qu’ils ne sont pas
compétents pour recevoir des assignations dirigées contre leur Etat.
L’article 17§1 de la Convention de Vienne sur les relations consulaires de 1963 décrit de
manière précise les conditions dans lesquelles un fonctionnaire consulaire peut accomplir des
actes diplomatiques et le statut juridique qui en découle (lire l’article). La première condition
est que dans l’Etat de résidence, il n’y ait pas de mission diplomatique de l’Etat d’envoi. La
deuxième condition est que l’Etat d’envoi n’est pas représenté par un Etat tiers.

Ceci confère à l’intervention du consul un caractère essentiellement subsidiaire ; le consul ne


sera chargé que d’accomplir des actes politiques isolés. Dans ces cas, le consul est amené à
produire des rapports politiques sur la situation locale.
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Il reste bien entendu que le consul amené à accomplir des actes occasionnels diplomatiques
reste un consul et n’a droit qu’aux privilèges et immunités reliées à sa fonction. Il n’y aura
d’exception que s’il change de statut et devient un membre du corps diplomatique par
exemple un chargé d’affaires ou un membre d’une représentation permanente d’une
organisation internationale.
Un fonctionnaire consulaire peut être chargé de représenter l’Etat d’envoi auprès d’une
organisation intergouvernementale. L’article 17 §2 de la Convention de Vienne prend en
charge la matière.

B. Fonctions consulaires exercées par les agents diplomatiques


Les fonctions consulaires exercées par des agents diplomatiques peuvent varier selon diverses
circonstances : s’ils sont ou non commissionnés comme consuls, s’il existe une convention
consulaire liant l’Etat d’envoi et l’Etat de résidence/séjour ou d’autres conventions
spécifiques prévoyant leur ministère (ex : extradition, service militaire, transmissions d’actes,
etc.).
La double condition qui marque toute compétence consulaire est qu’elle doit être octroyée par
l’Etat d’envoi et que l’Etat de résidence ne s’oppose pas à l’exercice de ces fonctions sur son
territoire.
Certaines missions diplomatiques sont autorisées par la loi de l’Etat accréditant à organiser,
dans les locaux de la mission, des opérations électorales de cet Etat pour ses ressortissants se
trouvant sur le territoire de l’Etat de résidence. L’Etat accréditaire peut s’opposer
formellement à l’exécution sur son territoire de tels actes jugés incompatibles avec sa
souveraineté (cas de la Suisse par exemple).

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