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Sujet 30 - Les conditions d’établissement du PACTE CIVIL DE SOLIDARITÉ

Définition – Le pacte civil de solidarité est un contrat conclu entre deux personnes physiques majeures, de sexe différent ou de
même sexe, pour organiser leur vie commune (C. civ., art. 515-1).

I° Conditions de fond

A ° Qui peut conclure un pacte ?


Le pacte civil de solidarité peut être conclu par deux personnes physiques majeures, de sexe différent ou de même sexe. Les
étrangers peuvent conclure un pacte dès lors qu'ils ont une résidence commune en France. S'ils résident à l'étranger, ils peuvent
faire la déclaration prévue par la loi auprès d'un agent diplomatique ou consulaire français, à condition que l'un d'eux soit français
(C. civ., art. 515-3, dernier al)

B ° Prohibitions
Parenté, alliance, mariage – Ne peuvent pas, à peine de nullité, conclure un pacte civil de solidarité les ascendants et
descendants en ligne directe, les alliés en ligne directe et les collatéraux jusqu'au troisième degré inclus. Le pacte civil de solidarité
ne peut pas être conclu par une personne qui est dans les liens du mariage. Le mariage de l'un des partenaires entraîne d'ailleurs
sa cessation immédiate. Il est également interdit à celui qui a déjà signé un autre pacte civil de solidarité. La justification doit en
être donnée lors de la déclaration du pacte
Sanction – Ces interdictions ont pour but d'éviter l'inceste et la bigamie. Si un pacte est conclu en violation de la règle, il est nul.
Cette nullité est absolue. Même si lors des débats parlementaires, le caractère de la nullité a pu donner lieu à des hésitations, il
est certain qu'il s'agit d'une nullité absolue. Le Conseil constitutionnel l'a confirmé sans ambiguïté :

C ° Mineur et majeur protégés


Mineur émancipé – Pour conclure un pacte, il faut être majeur. En principe, un mineur émancipé a la même capacité qu'un majeur
(C. civ., art. 413-6, ancien art. 506-1). Toutefois, le texte relatif au pacte, précise bien que les partenaires doivent être majeurs.
Le mineur émancipé ne peut donc conclure un pacte civil de solidarité (en ce sens, Circ. justice, n° 99/12, 10 nov. 1999 : JCP N
1999, n° 47, en bref).
Majeur sous tutelle – Avant la réforme de la protection des majeurs le majeur en tutelle ne pouvait pas conclure de pacte civil de
solidarité. En application de la règle nouvelle, une personne en tutelle peut être autorisée par le juge ou le conseil de famille à
conclure un pacte civil de solidarité (C. civ., art. 462)
La personne en tutelle est assistée de son tuteur lors de la signature de la convention par laquelle elle conclut un pacte civil de
solidarité. Aucune assistance ni représentation ne sont requises lors de la déclaration conjointe devant l'officier de l'état civil ou
devant le notaire instrumentaire prévue à l'article 515-3.
Les dispositions du premier alinéa de cet article sont applicables en cas de modification de la convention (C. civ., art. 462, réd. L.
n° 2019-222, 23 mars 2019, al. 1 et 2).
Majeur sous curatelle Le concours de son curateur devrait être nécessaire car un tel contrat a des conséquences patrimoniales
importantes. (C. civ., art. 461, réd. L. n° 2007-308, 5 mars 2007).

II ° Conditions de forme

A ° Contenu du contrat : Choix du régime et clauses de la convention

La loi du 23 juin 2006 a réformé le régime juridique des biens des partenaires. Dorénavant, les partenaires sont soumis de plein
droit au régime de séparation de biens. Ils restent ainsi propriétaires des biens qu'ils possèdent ou acquièrent pendant la durée
du pacte. Corollairement, sous réserve de l'article 515-4, alinéa 4 du Code civil, ils demeurent seuls responsables des dettes
personnelles qu'ils ont contractées avant ou pendant le pacte (C. civ., art. 515-5). Si aucun d'eux ne peut justifier de la propriété
exclusive d'un bien, ce dernier sera présumé indivis. Les créances éventuelles entre partenaires sont réévaluées comme en
matière matrimoniale.

Les partenaires peuvent choisir, initialement ou en cours de vie commune, le régime optionnel de l'indivision (C. civ., art. 515-5-
1). Tous les biens acquis, ensemble ou séparément, pendant la durée du pacte, sont alors réputés indivis par moitié ; réserve
faite par la loi de certains biens qui restent personnels à chacun des partenaires (C. civ., art. 515-5-2). Principalement, ce sont les
deniers perçus après la déclaration qui ne sont pas affectés à l'acquisition d'un bien, les biens présents, ceux reçus à titre gratuit,
ou encore lorsque le bien a été créé (ainsi que ses accessoires) par l'une des parties. Ce régime tire sa philosophie du régime
matrimonial de la communauté d'acquêts des époux.

B° Un acte SSP ou notarié


La convention peut être SSP ou notarié.
Si la convention est reçue par un notaire, la conservation de l'acte est assurée, ainsi que son contenu. Enfin, l'acte a date certaine
et la formalité de déclaration est faite directement auprès du notaire et non seulement après cette déclaration faite auprès de
l'officier de l'état civil lorsque la convention est sous seing privé ; toutefois, dans tous les cas, les effets sont reportés à l'égard des
tiers, au jour de la publicité (C. civ., art. 515-3-1). Lorsque le pacte civil de solidarité est reçu par un notaire, les formalités
d'enregistrement sont assurées par lui lors du pacte d'origine, de ses modifications et de la rupture (C. civ., art. 515-3 et 515-7)

C° Assortie d’une déclaration


La déclaration diffère selon le type d'acte :

Acte sous seing privé : Pour que le pacte prenne effet, les partenaires ayant établi un acte sous seing privé doivent faire une
déclaration conjointe devant l'officier de l'état civil de la commune dans laquelle elles fixent leur résidence commune ou, en cas
d'empêchement grave à la fixation de celle-ci, devant l'officier de l'état civil de la commune où se trouve la résidence de l'une des
parties (C. civ., art. 515-3). En cas d'empêchement grave, l'officier de l'état civil se transporte au domicile ou à la résidence de
l'une des parties pour enregistrer le pacte civil de solidarité. À peine d'irrecevabilité, les personnes qui concluent un pacte civil de
solidarité produisent la convention passée entre elles à l'officier de l'état civil, qui la vise avant de la leur restituer. L'officier de l'état
civil enregistre la déclaration et fait procéder aux formalités de publicité. Avant le 1re novembre 2017, l'enregistrement avait lieu
devant le greffe du tribunal judiciaire dans le ressort duquel les parties fixaient leur résidence commune.

Acte notarié : La loi du 28 mars 2011 de "modernisation des professions judiciaires ou juridiques et certaines professions
réglementées", a supprimé l'enregistrement par le greffe lorsque la convention est notariée. Auparavant, les parties lui présentaient
une expédition de l'acte. Pour les conventions conclues depuis le 30 mars 2011, le notaire instrumentaire recueille la déclaration
conjointe, procède à l'enregistrement du pacte et fait procéder aux formalités de publicité (C. civ., art. 515-3, al. 5) auprès des
autorités d'état civil compétentes. Le notaire n'est plus un simple auxiliaire de justice.

Le notaire doit donc tenir un registre spécial à cet effet sur lequel figure : nom, prénoms, date et lieu de naissance, le sexe de
chaque partenaire, date de l'acte, et numéro d'enregistrement (Voir à ce sujet la note du CSN du 10 mai 2011). C'est à compter
de cet enregistrement, que la convention prendra effet. Après avoir recueilli les consentements, le notaire procède aux formalités
de publicité près des registres d'état civil.

D°) Enregistrement à l'étranger

Agents diplomatiques et consulaires français – À l'étranger, l'enregistrement de la déclaration conjointe d'un pacte liant deux
partenaires dont l'un au moins est de nationalité française et les formalités prévues aux troisième et cinquième alinéas sont
assurés par les agents diplomatiques et consulaires français ainsi que celles requises en cas de modification du pacte.

Information sur la loi de résidence – Toutefois, dans le cas d'enregistrement par le consulat, en application de l'article 5 de la
convention de Vienne du 24 avril 1963 sur les relations consulaires, au titre de sa mission de protection consulaire des
ressortissants français, l'ambassadeur ou le chef de poste consulaire, une fois le pacte enregistré, met en garde les partenaires
contre le risque tiré des lois et règlements ou des usages sociaux de l'État de résidence et lié notamment à la vie commune. Cette
mise en garde prend la forme d'une notice rappelant la réglementation en vigueur dans l'État de résidence et dont les partenaires
accusent réception.
L'officier de l'état civil ou le notaire procède aux formalités de publicité qui consistent à mentionner en marge de l'acte de naissance
de chacun des partenaires la déclaration de pacte civil de solidarité, avec indication de l'identité de l'autre partenaire. Pour les
personnes de nationalité étrangère nées à l'étranger, cette information est portée sur un registre tenu au greffe du tribunal de
grande instance de Paris avant le 1er novembre 2017, puis au service central d'état civil du ministère des Affaires étrangères (C.
civ., art. 515-3-1, réd. L. n° 2016-1547, 18 nov. 2016).

Effets entre les partenaires et à l’égard des tiers – “Le pacte civil de solidarité ne prend effet entre les parties qu'à compter de
son enregistrement, qui lui confère date certaine” précise le texte (C. civ., art. 515-3-1, al. 2 ). En réalité, si l'acte est notarié, il a
date certaine dès la signature par le notaire mais ses effets entre les parties sont différés jusqu'à l'enregistrement. Le pacte civil
de solidarité est opposable aux tiers à compter du jour de la publicité qui en est faite et qui s'opère par une mention en marge de
l'acte de naissance de chacun des partenaires (C. civ., art. 515-3-1, al. 2).

III. - Modification de la convention

Lorsque les partenaires d'un Pacs entendent modifier ce dernier, ceux-ci ou l'un d'eux remettent ou adressent par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception, l'acte sous seing privé ou la copie authentique de l'acte notarié, portant
modification de la convention initiale à l'officier de l'état civil de la commune d'enregistrement du Pacs, en indiquant le numéro et
la date d'enregistrement de celui-ci.

À peine d'irrecevabilité, chaque partenaire remet ou joint à l'envoi la photocopie d'un document d'identité. L'officier de l'état civil
procède à l'enregistrement de la convention modificative. Il vise et date celle-ci. Il la restitue aux partenaires ou à celui qui la lui a
remise ou l'envoie à chacun d'eux par lettre recommandée avec demande d'avis de réception. La convention est accompagnée
d'un récépissé d'enregistrement (D. n° 2017-889, 6 mai 2017, art. 3).
En revanche, si la convention à modifier a été initialement dressée sous la forme notariée, que ce soit par un acte sous seing
privé ou par un acte notarié, la convention modificative doit être remise ou adressée au notaire instrumentaire de la convention
initiale, par un seul des partenaires. Après son enregistrement, le notaire remet ou adresse aux partenaires un récépissé
d'enregistrement.

Même si l'acte modificatif intervient après l'entrée en vigueur de la loi du 28 mars 2011 et qu'il est dressé par un notaire, si l'acte
initial est sous seing privé et a été signé avant cette loi, c'est bien au greffier du tribunal judiciaire du lieu d'enregistrement du
Pacs de procéder à cette formalité et non pas au notaire instrumentaire. Pour ce faire, il suffit de produire l'expédition de l'acte
authentique et le greffier enregistrera l'acte modificatif (D. n° 2006-1806, 23 déc. 2006, art.2).

Le greffier demeure compétent pour enregistrer les actes authentiques reçus avant l'entrée en vigueur de la loi du 28 mars 2011
(que les partenaires auraient omis de faire enregistrer à la suite de la conclusion du pacte) et, plus généralement, pour
enregistrer les modifications et la dissolution de ces mêmes conventions.

Mention au registre – L'officier de l'état civil ou le notaire qui reçoit la déclaration conjointe de modification procède à l'inscription
sur le registre où a été inscrit l'acte initial. L'officier de l'état civil vise et date les originaux de l'acte sous seing privé, et les restitue
aux partenaires. Si la déclaration a été faite par correspondance, l'officier de l'état civil retourne les pièces, par lettre recommandée
avec demande d'avis de réception.

Mention en marge de l'acte de naissance – Ensuite et sans délai, l'officier de l'état civil ou le notaire avise, de cette inscription,
l'officier de l'état civil du lieu de naissance de chacun des partenaires. En cas de naissance à l'étranger, l'information est portée
sur un registre tenu au service central d'état civil du ministère des Affaires étrangères, auparavant au greffe du tribunal de grande
instance de Paris.

Effets de l'acte modificatif – L'acte modificatif prend effet entre les parties à compter de son enregistrement et à l'égard des
tiers, à compter du jour où les formalités de publicité sont accomplies, c'est-à-dire la mention en marge de l'acte de naissance (C.
civ., art. 515-3-1).

Dissolution – L'officier de l'état civil du lieu de son enregistrement ou le notaire qui a enregistré le pacte enregistre la dissolution
et fait procéder aux formalités de publicité (C. civ., art. 515-7, al. 7 et 8).

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