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CHAPITRE III 

: LA DISSOLUTION DE LIEN MATRIMONIAL

Aux termes de l’article 324 du CPF : « Le mariage se dissout soit par le divorce, soit par le
décès de l'un des époux ». De l’analyse de cet article, il s’agira de la dissolution du mariage
par divorce (Section I) d’une part et de celle par décès (Section II) d’autre part.

Section I : La dissolution du mariage par le divorce

Le législateur malien s’est inspiré de son homologue sénégalais en la matière. Le divorce peut
être prononcé soit par consentement mutuel, soit pour rupture de la vie commune, soit pour
faute.

Paragraphe I : Le divorce sur consentement mutuel

Par parallélisme, cette forme de divorce rappelle le mariage constaté par l'officier de l'état
civil. Seulement à la différence du mariage constaté où la coutume avait droit de cité, le
divorce constaté n'est pas un divorce coutumier ou répudiation. Dans la politique législation
du Mali, à l’instar du Sénégal, la coutume fait le lien matrimonial mais ne saurait le défaire.

Le divorce constaté par le juge doit résulter du consentement mutuel des époux. D'où la
nécessité d'envisager le rôle des parties (les époux) (A) et le pouvoir du juge en la matière
(B).

A- Le rôle des époux

Selon l’article 337 du CPF, « Les deux époux, lorsqu’ils demandent conjointement le divorce,
n’ont pas à en faire connaître la cause ; ils doivent seulement soumettre à l’approbation du
juge un projet de convention qui en règle les conséquences ».

Paradoxalement, il est exigé un accord sur un point qui fait l'objet d'un désaccord. Le
consentement ne sera valable que s'il émane d'une volonté libre, éclairée et exempte de
vice.

L'objet du consentement est double : d'un côté il doit porter sur la dissolution du lien
matrimonial,    les époux doivent se mettre d'accord pour se démarier ; d'un autre côté, le
consentement doit porter sur les effets de la rupture du lien conjugal aux plans patrimonial
et extrapatrimonial, dans leurs rapports entre eux et vis-à-vis de leurs enfants.

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Les époux doivent respecter l'ordre public et les bonnes mœurs dans l'expression de leur
consentement au divorce.

Cependant, une demande est nécessairement introduite par les deux époux qui doivent
comparaître personnellement et ensemble devant le juge.

B - Le pouvoir du juge

Le tribunal compétent, en matière de divorce, est celui du dernier domicile commun des
époux ou celui de l’époux défendeur. Le juge doit contrôler l'accord des époux avant de
rendre son jugement constatant le divorce par lequel le lien matrimonial est dissout.

Suite à l'introduction de la demande, les époux comparaissent personnellement devant le


juge assisté du greffier. Le juge leur fait les observations qu'il estime convenables puis
s'assurer de l'existence de leur consentement et de leur intégrité. Si les conditions exigées
par la loi ne sont pas respectées, la demande est rejetée.

Par ailleurs, deux hypothèses peuvent alors se présenter : ou bien la demande est régulière,
le juge rend sur le champ un jugement constatant le divorce ; ou bien il y a irrégularité et le
juge renvoie les parties à une audience ultérieure à moins qu'elles se rendent à ses
observations et modifient leur accord auquel cas le juge rend aussitôt son jugement.

Le jugement de divorce produit un double effet : celui de dissoudre le lien matrimonial et


celui de rendre exécutoires les conventions des époux quant à leurs biens et leurs enfants
(art. 164).

Paragraphe II : Le divorce pour rupture de vie commune

Selon l’article    348 du CPF : « Un époux peut demander le divorce, en raison d’une rupture
prolongée de la vie commune lorsqu’ils vivent séparés de fait, depuis trois ans ou en cas
d’impossibilité de l’un de satisfaire à ses obligations conjugales ».

Il en est de même lorsque les facultés mentales du conjoint se trouvent, depuis trois ans, si
gravement altérées qu’aucune communauté de vie ne subsiste entre les époux et ne pourra,
selon les prévisions les plus raisonnables, se reconstituer dans l’avenir.

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L’époux qui demande le divorce pour rupture de vie commune en supporte toutes les
charges.     

Si l’autre époux établit que le divorce aurait, soit pour lui, compte tenu de son âge et de la
durée du mariage, soit pour les enfants, des conséquences matérielles et morales d’une
exceptionnelle dureté, le juge rejette la demande. Le juge rejette la demande d’office,
lorsqu’il apparaît que le divorce aurait pour le conjoint des conséquences matérielles et
morales d’une extrême dureté dans le cas prévu à l’article 344 ci- dessus.

Paragraphe III : Le divorce pour faute (ou divorce prononcé par le juge)

Il est question ici de la dissolution unilatérale du lien conjugal. L'absence d'accord des époux
sur la rupture dicte l'intervention du juge qui a pour mission de résoudre le différend et
éventuellement de prononcer le divorce.

Quelles sont les causes que le conjoint peut invoquer pour divorcer ? Quelle procédure suivie
pour divorcer ? Quels sont les effets attachés au prononcé du divorce ?

A – Les causes du divorce contentieux

Les causes susceptibles d'être invoquées pour fonder une action en divorce sont
déterminées par la loi. Sur ce plan, les époux sont placés sur un pied d'égalité même si
certaines causes sont spécifiques au mari ou à la femme.

En retenant le comportement fautif de l'époux comme une cause de divorce, le législateur


consacre la conception du divorce sanction. Cela veut dire que le divorce constitue en tant
que telle une sanction de la violation de certaines obligations par le conjoint.

Selon l’article 353 du CPF, Un époux peut demander le divorce pour faute en cas :   

- d’adultère de l’autre ; - d’excès, sévices et injures graves de l’autre rendant la vie conjugale
impossible ; - de condamnation de l’autre à une peine afflictive et infamante ;    - d’alcoolisme
invétéré ou de toxicomanie ; - de manquement à un engagement substantiel.   

L’épouse peut demander le divorce lorsque le mari refuse de subvenir à ses besoins
essentiels : nourriture, logement, habillement et soins médicaux.

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B - La procédure de divorce

L’époux demandeur présente une requête écrite au juge ou à défaut au chef de la


circonscription administrative qui la transmet à la juridiction compétente.   

Le juge indique le jour, heure et lieu auxquels il sera procédé à la tentative de conciliation.
L’époux défendeur est cité à comparaître pour l’audience de la tentative de conciliation
suivant les formes prescrites par le code de procédure civile.   

Le juge peut s’entretenir aux fins de la conciliation, séparément avec chacun des époux,
avant de les réunir en sa présence.     

La tentative de conciliation peut être suspendue et reprise sans formalité ; il peut être
accordé aux époux un temps de réflexion qui ne peut excéder six mois. Des mesures
urgentes peuvent être ordonnées par le juge. S’il autorise la femme à résider séparément, il
indique la maison dans laquelle elle sera tenue de résider, lui accorde une provision
alimentaire si la situation le rend nécessaire.     

La conciliation est constatée par un procès-verbal. A défaut de conciliation, il est fait mention
dans le procès-verbal de tentative de conciliation. Le juge autorise, dans ce cas, l’époux
demandeur à faire citer l’autre à comparaître devant le tribunal.   

Toutefois, lorsque le juge est saisi à la fois d'une demande de divorce par l'un des époux et
d'une demande en séparation de corps par l'autre, il statue en premier lieu sur la demande
en séparation de corps. La demande de divorce est, en tout état de cause, convertible en
demande de séparation de corps. Elle peut avoir lieu même devant la Cour d’Appel.   

La demande reconventionnelle en divorce peut être introduite par conclusions.


Elle est irrecevable lorsque la demande principale a pour objet la séparation de corps. Elle
peut être présentée devant la Cour d’Appel pour la première fois sans être considérée
comme demande nouvelle. Le retrait de la demande principale en divorce n'affecte pas le
sort de la demande reconventionnelle en divorce ou en séparation de corps qui demeure
recevable.       

Le tiers peut intervenir et assister aux débats dans la limite de son intérêt.   

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C : Les effets du divorce   

La décision qui prononce le divorce dissout le mariage à la date à laquelle elle prend force de
chose jugée.     

Elle libère les époux de leurs    obligations.   

Néanmoins, les enfants issus du lien dissous conservent tous les droits et privilèges qu’ils
tiennent des lois ou des conventions matrimoniales de leurs parents.   

Section II : La dissolution du mariage par le décès   

Selon l’article 372 du CPF, le décès de l’un des époux dissout le mariage à la date du décès.   

La veuve ne peut contracter un nouveau    mariage avant un délai de quatre mois et dix jours
à compter du décès de son mari. Lorsqu’elle est enceinte, elle ne peut contracter mariage
qu’après l’accouchement.   

Si l’accouchement    intervient pendant ce temps, elle n’est plus tenue d’achever la durée
prescrite à l’alinéa précédent.     

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