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Chapitre préliminaire: Les fiançailles

Objectifs spécifiques
• L’étudiant doit savoir que les fiançailles sont facultatives
• L’étudiant doit comprendre le caractère solennel des fiançailles
• L’étudiant doit comprendre les aspects contractuels des fiançailles

Comme le chapitre, les fiançailles constituent un préliminaire au mariage. Mais deux


principes gouvernent cette phase préparatoire au mariage : d'une part, les fiançailles ne sont
pas obligatoires. C'est-à-dire que l’on peut contracter mariage sans passer par les fiançailles ;
d'autre part, les fiançailles n'obligent pas les fiancés à se marier (art.102 CF).
C'est donc un apprentissage qui peut se révéler concluant ou pas. Pour faire cet
apprentissage, il faut établir une convention, c'est la convention de fiançailles (Sect. I). Et
lorsque l'apprentissage ne s'avère pas concluant, on peut rompre les fiançailles (Sect. II).

Section I : LA CONVENTION DE FIANÇAILLES

Aux termes de l’art. 101 CF : "Les fiançailles sont une convention solennelle par
laquelle un homme et une femme se promettent mutuellement le mariage". Les fiançailles
sont donc analysées comme un contrat de promesse synallagmatique de mariage. De ce point
de vue, les fiançailles ont des aspects contractuels, ils ont cependant des aspects
institutionnels comme le mariage d'ailleurs en raison de son importance au plan social. Deux
questions seront étudiées : les conditions (§I) et les effets de la convention (§II).

Paragraphe I - Les conditions de validité de la convention de fiançailles

Il y a des conditions de fond et des conditions de forme.

A- Les conditions de fond

Trois séries de conditions peuvent être identifiées :

1°) Les conditions de fond du mariage

Comme en droit des obligations, les contrats de promesse obéissent aux conditions de
validité des contrats projetés. Seulement ici, on ne peut pas prendre en compte toutes les

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conditions à l'aveuglette. On respectera les impératifs biologiques (différence de sexe),
sociologiques (interdiction) psychologiques (le consentement).

Deux précisions doivent être apportées :

• pour le consentement, chaque fiancé doit donner librement son consentement, indépendant
du consentement des parents nécessaire pour les mineurs.
• L'âge requis pour les fiançailles est inférieur d'un an à celui prévu pour pouvoir contracter
mariage. Son fondement découle de la deuxième condition.
2°) La durée des fiançailles

Elle ne peut excéder un an. Elle peut donc lui être inférieure. Le législateur estime
cette durée suffisante pour se préparer au mariage. Au-delà, cela risque d'engendrer des
problèmes. En effet, l'apprentissage cède la place à l'expérience et au manque de sérieux.

3°) Le don manuel

C'est symboliquement une sorte de dot. Il est facultatif. Il est versé par le fiancé à sa
fiancée ou à la famille de celle-ci conformément à l'usage.
La loi a fixé le maximum de ce don à 5000 F V. loi 24 février 1967 sur la répression
des dépenses excessives comme l'occasion des cérémonies familiales. En cas de violation, des
sanctions pénales sont prévues : amende de 20 000 à 100 000 F et en cas de récidive, 6 mois
de prison. La sanction touche celui qui donne ou celui qui sollicite ou accepte.

B – Les conditions de forme

Les fiançailles sont certes une convention solennelle mais la preuve peut être apportée
librement.

1°) Le caractère solennel des fiançailles

C'est une convention solennelle. On n'exige pas l'écrit mais il faut une certaine
solennité pour célébrer les fiançailles.1 En effet, la convention est passée en présence de deux
témoins au moins pour chaque fiancé et d'un représentant de chaque famille.2
Ce n'est donc pas une affaire individuelle et c’est justement la présence de ces deux
témoins pour chaque fiancé qui donne aux fiançailles leur caractère solennel. En effet, le

1
Article 104 CF.
2
Article 104 al. 1er .

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caractère solennel d’un acte juridique ne réside pas seulement dans le respect de la forme
écrite de l’acte ou le passage devant une autorité quelconque ou devant une autorité
ministérielle (officier d’état civil). La solennité réside uniquement dans l’obligation de
respecter une formalité pour la validité de l’acte.

2°) La preuve des fiançailles

Les fiançailles sont certes une convention solennelle. Mais puisque l'écrit n'est pas
exigé pour sa validité, la preuve est libre.
Le législateur a prévu expressément la preuve testimoniale puisqu'elle est en la
circonstance la plus appropriée en cas de contestation. En effet, conclu en présence de deux
témoins pour chacune des parties. En cas de contestation, ces témoins pourront rapporter la
preuve de la célébration des fiançailles.

Paragraphe II – Les effets de la convention de fiançailles

Il s’agit d’effets patrimoniaux (A) et d’effets extrapatrimoniaux (B).

A- Les effets extrapatrimoniaux

On peut les classer en effet entre les fiancés et les effets à l’égard des tiers.

1°) Les effets entre les fiancés

C'est le droit de visite. Le législateur dispose que les fiancés peuvent se rendre visite
réciproquement conformément aux usages. Mais que faut-il entendre par là ? C'est quoi les
usages en matière de visite ? Les heures, les jours etc. En tout état de cause, cela se limite à
des visites et rien qu'à des visites.3

2°) Les effets à l'égard des tiers

Envers les tiers, les effets des fiançailles se résument en une abstention qui est une
obligation de réserve. Ils doivent se conduire de manière réservée à l'égard des tiers. Les
fiancés doivent se comporter de manière réservée à l’égard des tiers. Ils ne doivent pas se

3
Article 105 al. 2. CF.

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comporter comme s’ils n’avaient pas promis de se marier. En d’autres termes, ils ne doivent
pas se comporter déjà comme mari et femme.

B – Les effets patrimoniaux

Il n'y a pas un seul. Une conséquence négative est cependant prévue par la loi :
pas d'obligation alimentaire entre les fiancés, ou vis-à-vis de leurs familles respectives.4

SECTION II - LA RUPTURE DES FIANCAILLES

Le législateur a prévu la possibilité de rupture et en a fait un droit réglementé (§ I) qui


peut donc conduire à des sanctions lorsque certaines conditions ne sont pas respectées (§II).

Paragraphe I - Le droit de rupture

Le droit de rupture est un droit unilatéral (A) qui doit s'exercer de manière légitime
(B).

A - Un droit de rupture unilatérale

Contrairement au droit des obligations où toute rupture unilatérale est exclue en


matière contractuelle sauf avec le versement de dommages-intérêts, le législateur prévoit le
droit de rupture unilatérale des fiançailles.
C’est lorsqu’un des fiancés est mineur, une certaine solennité est exigée lors de la
rupture. Son consentement à la rupture doit être exprimé en présence des témoins et des
représentants des deux familles : c’est ce que l’on appelle le parallélisme des formes. -Art.
107).

B - Un droit de rupture pour motifs légitimes

Plusieurs motifs sont considérés par le législateur comme légitimes5. Lorsque la durée
des fiançailles excède une année, en cas de violation de l'obligation de réserve, en cas de
violation de l'exercice du droit de visite.

4
Article 106 CF.
5
V. art. 105 in fine.

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En dehors de ces cas, d'autres motifs peuvent être invoqués et doivent être prouvés. En
cas de motifs illégitimes, la rupture est sanctionnée.

Paragraphe II – Les sanctions en cas de rupture pour motifs illégitimes

Le législateur n'a pas prévu des motifs illégitimes mais seulement les sanctions qui
sont au nombre de deux : les sanctions en nature et les sanctions pécuniaires.

A- Les sanctions en nature


La loi prévoit :

- La restitution du cadeau par la fiancée quand la rupture lui est imputable. Dans le cas
contraire pas de restitution;
- Possibilité de faire opposition un mariage de l'ancienne fiancée jusqu'à restitution du
cadeau. Est-ce intervenant pour 5000 F ?

B - Les sanctions pécuniaires

Lorsqu'un préjudice matériel ou moral a été causé du fait de la rupture, en application


des règles de la responsabilité civile, il est possible de réparer le préjudice de la victime à
condition de prouver une faute, un dommage et un lien de causalité entre la faute et le
dommage.6 Le législateur prévoit la responsabilité solidaire au paiement des dommages et
intérêts de toutes personnes ayant favorisé ou participé à la rupture des fiançailles.

6
V. art. 118 du Cocc.

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